Les artistes
Les différents artistes qui se partagent la scène se répartissent entre les acteurs, les musiciens et le chœur. Ce
sont exclusivement des hommes.
Le chœur constitué d’une dizaine de chanteurs se place à droite de la scène. Comme l’acteur principal, il
exprime les émotions et les sentiments. Les musiciens prennent place au fond de la scène et forment un petit
orchestre. Les instruments utilisés sont une flûte traversière en bambou et des tambours. La musique contribue
à créer l’atmosphère de la pièce.
Les acteurs sont peu nombreux et sont là pour mettre en valeur l’acteur principal, appelé shite. C’est lui qui
incarne le personnage principal en endossant presque toujours le masque qui lui est consacré. Le waki est
l’acteur qui introduit le shite, en l’appelant et en le questionnant. Le waki joue sans masque et seul le costume
indique de quel personnage il s’agit (toujours un personnage humain et masculin). Lorsque le shite est en scène,
le waki se retire près d’un pilier de la scène. Les autres acteurs sont des personnages secondaires qui n’ont
pas de nom. Ils jouent les serviteurs ou sont des chanteurs qui accompagnent de leurs voix le shite ou le waki.
Les pièces
Les pièces de nô peuvent être réparties en deux grands types :
– les nôs d’apparition,
– les nôs « réalistes » dans lesquelles le shite est un être réel. La représentation se fait en deux temps.
La première phase expose la situation et la seconde est réservée à l’action.
L’ensemble du répertoire est subdivisé en cinq catégories : les « pièces de divinités » , les « pièces de
guerriers », les « pièces de femmes », les « pièces de femmes folles », les « pièces de démons ».
Une représentation de type classique comporte ces cinq catégories de pièces entre lesquelles on intercale
des farces, ou kyogen. Aujourd’hui, les représentations qui représente la formule d’un nô avec un kyogen sont
les plus courantes.
L’histoire de Kokaji
Vers l’an 1000, il advint que l’empereur (Ichijo), sous l’inspiration d’un
songe prémonitoire, dépéchât un messager chez Munechika Kokaiji
(le « petit forgeron ») pour lui ordonner de forger un sabre.
« Sans paroles me laisse l’importance de ce qui m’est donné ! En
pareille entreprise il n’est, je crois, de recours qu’en la puissance divine.
Et puisque le dieu de mon clan est le dieu Inari, sur l’heure, je m’en vais
à Inari adresser mes prières ». Conformément aux règles du nô en deux
actes, qui veut que l’apparition de la divinité soit masquée dans le
premier acte (avant d’être révélée dans le second), un jouvenceau
apparaît qui refuse de dévoiler son identité et qui célèbre en chantant
les vertus des sabres célèbres du passé. Après l’interlude, le shite
rejoint Muneshika dans la forge. Il révèle sa nature divine : Inari, le kami
des céréales, qui a pour messager le renard blanc. Le shite porte
l’image d’un renard immaculé en cimier, juché sur une petite couronne.
Elle indique conventionnellement dans le nô, la nature surnaturelle du
personnage. Le « bijou », qui la surmonte précise cette nature.
Lors, le dieu et le petit forgeron battent le fer ensemble et lorsque la lame est achevée, Munechika frappe
sur l’avers du sabre son nom, sur le revers Inari grave la marque : kokitsune, « petit renard ».
Cette pièce appartient à la cinquième catégorie (« pièce de démons »), bien qu’il s’agisse d’une manifes-
tation d’une divinité, elle n’appartient pas à la première catégorie car les kitsune, messagers d’Inari peuvent
être bénéfique ou maléfique comme un démon.
Catalogue de l'exposition Albert Kahn et le Japon, Confluences, collectif, Espace Albert Kahn, Bpilogne -Billancourt, 1991.
Acteur incarnant le rôle d’Inari dans le nô
Kokaji, Kyôto. Stéphane Passet,
août (?) 1912. Inv. A 6 590
Lexique :
*Samouraï : voir fiche n°3, « Au temps des samouraïs et des châteaux-forts »
*Shôgun : voir fiche n°3, « Au temps des samouraïs et des châteaux-forts »
*Kami : voir fiche n°8, « La voie des dieux, le shintô »