Mardi 22 février 2011. Intervention de V. Reiffsteck : Galilée et l’interprétation de l’Ecriture.
§ 23, (début du §), p.346 : « Deux vérités ne peuvent se contredire. »
Cette conviction profonde, qui gouverne la pensée théologique de Galilée et sa lecture de
l’Ecriture, n’est pas une concession à ses adversaires, ni une ruse pour éviter de se
compromettre.
B- L’arrière-plan théologique :
Un seul et même Dieu (credo in unum deum) est Créateur et Sauveur : le Père crée la
terre et le ciel (factorem coeli et terrae) par le Fils (per quem omnia facta sunt), ce Fils fait
connaître aux hommes les choses de Dieu par son Incarnation, et l’Esprit Saint parle aux
hommes par les prophètes inspirés de l’Ecriture (credo in Spiritum sanctum ... qui locutus
est per Prophetas). La foi et la raison (métaphysique et science) ont donc une racine
commune en Dieu, ce qui explique que les vérités révélées et les vérités naturellement
acquises par la démonstration et l’expérience ne peuvent se contredire. Sur ce point
Galilée est fidèle au « credo » qui définit la conviction commune du monde catholique :
Extrait du « Credo », Symbole de Nicée-Constantinople (325) :
« Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem, factorem cœli et terræ, visibílium ómnium
et invisibílium. (Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la
terre, de l'univers visible et invisible).
Et in unum Dóminum Iesum Christum, Fílium Dei unigénitum. (Je crois en un seul
Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu). (...)
Génitum, non factum, consubstantiálem Patri per quem ómnia facta sunt. (Engendré non
pas créé, consubstantiel au Père, et par Lui tout a été fait).
Et in Spíritum Sanctum, Dóminum et vivificántem, qui ex Patre, Filióque procédit. (Je crois
en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie, Il procède du Père et du Fils.
Qui cum Patre, et Fílio simul ADORATUR, et conglorificátur : qui locútus est per
Prophétas. Avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire : Il a parlé par
les prophètes. (...) »
V° concile du Latran,
la bulle « Apostolici regiminis » de 1513 (Denzinger 1441)
Le V° concile du Latran (1512-1517), sous Léon X, affirme lors de sa 8° session de 1513,
la maxime : « la vérité ne peut être aucunement contraire à la vérité ».
A propos d’une querelle très éloignée de notre question, ce concile condamne la doctrine
dite de la « double vérité » : certains philosophes aristotéliciens séparaient radicalement
philosophie et théologie et soutenaient en philosophie des propositions contraire à la
théologie.
C- Son application herméneutique :
Galilée applique cette maxime aux relations entre Saintes Ecritures et philosophe
naturelle. Ce principe de l’univocité du vrai est essentiel, car il dirige toute l’herméneutique
de Galilée qui refuse une solution simple : la séparation hermétique entre science et
religion.
§ 20, p.346, lg 13-14 : « en effet, comme le vrai coïncide toujours avec le vrai, la vérité
des Saintes Lettres ne peut pas être contraire aux raisons vraies et aux expériences
apportées par les doctrines humaines » Citation extraite par Galilée d’une oeuvre de 1594
de Benito Pereira.