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SURVEILLANCE DE LA QUALITÉ ÉLECTRIQUE
TENSION, FLICKER,
TRANSITOIRES,
HARMONIQUES…
RESTONS AU COURANT
Connaître les sources de perturbations de la tension et du
courant, leurs conséquences sur les appareils connectés au
réseau, contrôler les paramètres électriques… Grâce aux analy-
seurs de la qualité du courant électrique, les utilisateurs peuvent
mieux maîtriser les coûts liés à la consommation et protéger
leurs équipements de production.
O
nduleur, imprimante laser, moteur
de puissance, variateur de vites-
se… Ces appareils se retrouvent
toujours plus nombreux connec-
tés aux réseaux de distribution électrique. Mais
plus il y en a, plus les risques de perturbations
(surtensions, coupures, harmoniques…) sont
importants avec des conséquences plus graves
pour tous les équipements.
Lorsqu’elles proviennent du réseau électrique
lui-même, ces perturbations sont alors de la
responsabilité d’EDF. Mais elles peuvent éga-
lement être induites par les utilisateurs et leurs
équipements de production. Ainsi, des
moteurs de forte puissance peuvent créer des
variations importantes de tension. Les
influences de telles variations sont parfois dra-
matiques pour le moteur lui-même, mais aus-
si pour tous les équipements connectés au
même niveau sur le réseau. Ces conséquences
augmentent considérablement lorsque de
nombreux utilisateurs sont connectés sur la
même branche. Dans ce cas-là, l’industriel est
le seul responsable.
En France, pour obtenir une bonne qualité du
réseau électrique (sans toutefois parvenir à
éliminer toutes les perturbations), EDF pro-
pose aux utilisateurs industriels des contrats
de type “Emeraude” (tarif Vert). EDF s’enga-
ge sur les creux et les coupures (en fonction
de la zone géographique), mais aussi les har-
moniques, le flicker, le déséquilibre, etc. (qui
font l’objet d’un contrat personnalisé avec le
client). L’industriel, quant à lui, s’engage à ne
pas dégrader la qualité du réseau électrique
sous peine de lourdes pénalités financières.
Pour négocier au plus juste les contrats, pour se
défendre en cas de litige, pour protéger ses
équipements de production, la vérification de
la qualité de la fourniture électrique est donc,
pour l’industriel, un enjeu économique. Bien
connaître le type de perturbations créées (varia-
tions de tension, harmoniques, etc.) permet
d’optimiser les corrections (filtrage, conden-
sateurs de compensation…) et ainsi d’assurer
la fiabilité du système complet de production.
Voici donc un rappel de différentes perturba-
tions à surveiller de près.
Variations de tension lentes et transitoires.
Lamplitude de la tension est un facteur cru-
cial pour la qualité de l’électricité. Elle consti-
tue généralement le premier engagement
contractuel du distributeur d’énergie. Asso-
ciée aux aléas de gestion des réseaux de trans-
port et de distribution (ajustements des cen-
trales, dispatching et systèmes de protections
automatiques), lamplitude de la tension subit
des variations anormales et peut même
seffondrer jusqu’à un niveau proche de zéro.
On distingue plusieurs types de phénomènes
à lorigine de ces variations de tension. Quand
celles-ci surviennent chez le producteur, ce
sont des phénomènes aléatoires comme la
foudre ou les courts-circuits accidentels
(défauts disolation, blessure de câble, pro-
jection de branches sur les lignes aériennes...)
qui sont responsables. Côté consommateur,
les causes proviennent essentiellement de lins-
tallation elle-même. Le branchement de fortes
charges peut provoquer des variations de ten-
sion si la puissance de court-circuit à un point
de livraison est sous dimensionnée. Des
moteurs de fortes puissances, des transfor-
mateurs et des assemblages de condensateurs
sont les charges qui créent le plus souvent des
variations de tension.
Pour caractériser ces événements, on utilise
couramment deux paramètres (amplitude et
durée de la variation de la tension). Plusieurs
types de défauts
*
sont alors définis: la sur-
tension, le creux de tension, la coupure... La
plage de variation nominale de la tension du
réseau (plage dans laquelle toute variation de
la tension nest pas considérée comme anor-
male) est fixée par le distributeur d’énergie
en général à ±10% de la tension composée.
Les surtensions sont mesurées en amplitude
et en durée lorsque le seuil supérieur de la
plage nominale est dépassé et les creux de
tension lorsque la tension est inférieure au
seuil bas de la plage nominale. Le plus sou-
vent, ces variations durent moins de
0,2 seconde en Moyenne Tension (MT) et en
Haute Tension (HT). Le nombre de creux de
tension sur une année peut aller de quelques
dizaines à un millier. Les coupures brèves dans
les conditions normales peuvent varier de
quelques dizaines à plusieurs centaines par an
*
Les variations lentes ne sont mesurées que lorsque la tension élec-
trique reste dans la plage nominale.
Les industriels doivent se méfier des pertur-
bations qui risquent de déteriorer les équipe-
ments industriels et d’engendrer des coûts
importants. Pour éviter cela surveiller la qua-
lité du courant électrique est indispensable.
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et nexcèdent pas en durée 1 seconde.
Les surtensions transitoires, dune durée infé-
rieure à 10 ms, peuvent être provoquées par
des phénomènes dorigine atmosphérique
(foudre), mais, plus fréquemment, par les équi-
pements électriques eux-mêmes (commuta-
tions de charges plus ou moins inductives pro-
duisant des surtensions transitoires à haute fré-
quence). Ainsi, la commutation de deux thy-
ristors induit, entre les deux phases, un
court-circuit de très courte durée. Le temps de
montée peut varier de moins de quelques
microsecondes à plusieurs millisecondes. Ces
surtensions en Basse Tension (BT) sont géné-
ralement inférieures à 800 V, mais elles peu-
vent dépasser 1000 V suite à la fusion dun
fusible.
Pour mesurer la durée et lamplitude des varia-
tions de tension (lentes et rapides), lutilisateur
doit disposer dun analyseur de qualité du
réseau, dit triphasé, afin de contrôler les trois
phases simultanément. Surtout lorsquune varia-
tion apparaît sur les trois phases avec des durées
et des amplitudes différentes. Les analyseurs doi-
vent également posséder des spécifications en
terme de fréquence d’échantillonnage et de ban-
de passante compatibles avec lordre de gran-
deur des surtensions transitoires.
Fluctuations rapides de la tension ou flicker.
La mise en marche de charges variables com-
me des fours à arc, des imprimantes laser, des
micro-ondes ou des systèmes dair condition-
né provoque des variations rapides de tension
électrique. Ce phénomène est appelé papillote-
ment et il est quantifié par la valeur du flicker.
Celui-ci est en réalité un calcul statistique issu de
la mesure des variations rapides de tension et
défini par la norme EN 61000-4-15. En plus
de conséquences éventuelles sur les équipe-
ments industriels, ces variations peuvent entraî-
ner des effets négatifs sur lhomme (mal de tête,
irritabilité et parfois même épilepsie). Ces
troubles ressentis par le système visuel humain
et aux conséquences variées sont dus aux varia-
tions dintensité lumineuse de l’éclairage.
La méthode de mesure doit pouvoir quanti-
fier la gêne ressentie et prendre en compte les
mécanismes de la vision. Pour cela, le flicker
doit être évalué sur une période de temps suf-
fisamment longue. De plus, en raison de sa
nature aléatoire (car le papillotement est pro-
voqué uniquement par certaines charges), le
niveau instantané de flicker peut varier consi-
dérablement et de façon imprévisible pendant
cette période. Un intervalle de 10 minutes a
été jugé comme étant un bon compromis pour
évaluer ce qui est appelé le flicker courte
durée ou P
st
. Il est assez long pour éviter
daccorder trop dimportance à des variations
isolées de tensions. Il est également assez long
pour permettre à une personne non avertie de
remarquer la perturbation et sa persistance. La
période de 10 minutes sur laquelle a été basée
l’évaluation de la sévérité du flicker de courte
durée est valable pour lestimation des pertur-
bations causées par des sources individuelles
telles que les laminoirs, pompes à chaleur ou
appareils électrodomestiques.
Dans le cas où leffet combiné de plusieurs
charges perturbatrices fonctionnant de maniè-
re aléatoire (par exemple des postes de sou-
dure ou des moteurs) doit être pris en comp-
te ou quand il sagit de sources de flicker à
Les analyseurs suivent les normes
Que ce soit pour effectuer des relevés
ponctuels ou réaliser des campagnes de
mesures sur plusieurs jours, les analyseurs de
qualité du réseau électrique permettent l’étu-
de complète des paramètres électriques de la
qualité, un diagnostic et une évaluation des
problèmes observés sur le réseau. Ces outils
doivent également combiner performances
(acquisition de données, traitement du
signal…), facilité d’emploi (programmation
des configurations, affichage, interface de
communication…) et respect des normes.
Pour aider distributeurs et utilisateurs dans la
démarche de surveillance et d’amélioration
de la qualité des réseaux électriques, plu-
sieurs normes ont été publiées ou sont en
cours d’élaboration. La norme NF EN 50160 a
été définie afin de caractériser la qualité de la
tension fournie. Celle-ci présente les diffé-
rents types de perturbations de la tension
observés au point de livraison du client. Elle
prend en compte la forme d’onde, le niveau
de la tension, la fréquence et le déséquilibre
du système triphasé. La norme liste ainsi les
paramètres à surveiller et la durée de la sur-
veillance. La norme en préparation
CEI/EN 61000-4-30 définit les méthodes de
mesure de chaque paramètre, les conditions
et modalités de mesure. Les normes
CEI 61000-2-2 pour les réseaux Basse Tension
(BT) et CEI 61000-2-12 pour les réseaux
Moyenne Tension (MT) définissent les niveaux
acceptables dits “de compatibilité” pour
chaque paramètre en terme de statistiques.
Ce sont des références utilisées pour définir
les contrats entre utilisateurs et EDF.
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cycle de fonctionnement long ou variable
(four électrique à arc), il est nécessaire d’éva-
luer la perturbation ainsi créée sur une plus
longue durée. La durée de mesure est alors
définie à 2 heures, durée considérée comme
appropriée au cycle de fonctionnement de la
charge ou durée pendant laquelle un obser-
vateur peut être sensible au flicker longue
duréeou P
lt
.
Cet aspect normatif se retrouve dans les analy-
seurs de qualité de réseau sous la forme dune
fonctionnalité flicker. Elle permet de réaliser
directement les calculs selon la norme.
Harmoniques et inter-harmoniques. Mis à
part les variations en amplitude, la tension
subit des modifications au niveau de la fré-
quence. En effet, le courant consommé par
des charges connectées au réseau de distribu-
tion électrique présente assez souvent une for-
me qui nest plus une sinusoïde pure. Cette
distorsion en courant implique une distor-
sion de la tension dépendant également de
limpédance de source. Les perturbations
appelées harmoniques sont causées par lintro-
duction sur le réseau de charges non linéaires
comme les équipements intégrant de l’élec-
tronique de puissance (variateurs, onduleurs,
convertisseurs statiques, gradateurs de lumiè-
re, postes de soudure). Plus généralement tous
les matériaux incorporant des redresseurs et
des électroniques de découpage déforment les
courants et créent des fluctuations de tension
sur le réseau de distribution basse tension.
Cest la concentration de nombreuses sources
de pollution en harmoniques qui génère des
niveaux de perturbations sur le réseau sus-
ceptibles dentraîner des incidents.
Les conséquences peuvent être instantanées sur
certains appareils électroniques: troubles fonc-
tionnels (synchronisation, commutation), dis-
jonctions intempestives, erreurs de mesure sur
des compteurs d’énergie Les échauffements
supplémentaires induits peuvent, à moyen ter-
me, diminuer la durée de vie des machines tour-
nantes, des condensateurs, des transformateurs
de puissance et des conducteurs de neutre.
Dun point de vue plus théorique, on appel-
le harmonique une superposition sur londe
fondamentale à 50 Hz dondes également
sinusoïdales mais de fréquences multiples de
celle du fondamental. Lorsque le signal pos-
sède des composantes superposées à londe
fondamentale (50 Hz) qui ne sont pas mul-
tiples de la fondamentale (par exemple
175 Hz), ce sont des inter-harmoniques. Le
niveau de ces inter-harmoniques est égale-
ment en augmentation en raison du dévelop-
pement des convertisseurs de puissance et des
variateurs de vitesse et autres équipements
similaires de contrôle-commande. Toutes ces
harmoniques peuvent être additionnées: la
résultante en est le THD (Total Harmonics Distor-
tion). Le domaine des fréquences qui corres-
pond à l’étude des harmoniques est généra-
lement compris entre 100 et 2000 Hz, soit
entre lharmonique de rang 2 jusqu’à celle de
rang 40. Les niveaux maximums, rang par
rang, sont définis dans les normes
CEI 61000-2-2 pour la BT et CEI 61000-2-12
pour la MT.
Afin de mesurer les harmoniques courant ou
tension, on utilise la transformée de Fourier
permettant de décomposer un signal pério-
dique en une somme de signaux sinusoïdaux
multiples de la fréquence fondamentale. Les
instruments de mesure actuels doivent être
capables deffectuer cette analyse dharmo-
nique rang par rang et également au niveau
global (THD) afin deffectuer avec finesse un
diagnostic de linstallation.
Marie-Aude Massin
Chef de produits Puissance Energie Perturbation
Pôle Test & Mesure - Chauvin Arnoux
Chauvin Arnoux
190, rue championnet - 75876 Paris Cedex 18
Tél. : 01 44 85 44 85 - Fax : 01 46 27 73 89
Les variations de tension sont des perturbations bien connues et aux conséquences parfois graves sur les équipements industriels.
On distingue les variations lentes et les variations rapides. Les premières sont caractérisées par une chute d’amplitude variant entre 10 %
et 100 % (c’est-à-dire une valeur nulle) de la tension nominale. La durée de ces variations lentes est supérieure à 10 ms.
Les variations rapides ou transitoires présentent une durée bien plus faible (de l’ordre de la centaine de microsecondes jusqu’à quelques
millisecondes). Ces “pics” de tension peuvent atteindre près de 1 000 V d’amplitude.
Les perturbations de la tension (ou du courant) par des harmoniques sont dues à la superposition sur l’onde fondamentale à 50 Hz d’ondes
également sinusoïdales mais de fréquences multiples (100 Hz, 150 Hz,…, 500 Hz…). La représentation en fréquence (schéma de droite)
montre rapidement le niveau de puissance pour chaque harmonique ou rang (rang 3, 5, 11, 13, 15…).
Alors que la tension se présente normalement sous la forme d’une sinusoïde pure, on peut parfois
observer des variations très rapides. Celles-ci provoquent un effet de scintillement ou papillotement
de la lumière appelé flicker. Il se caractérise par deux paramètres selon la durée de mesure :
le flicker courte durée Pst (intervalle de temps de 10 minutes) et le flicker longue durée Plt
(intervalle de temps de 2 heures).
ÉÉ
HARMONIQUES
Variations rapides de la tension (Flicker)
VARIATIONS DE LA TENSION
VISUALISATION DE DIFFÉRENTES PERTURBATIONS
Variations lentes Variations rapides
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