Qui décide ? Rarement les artistes, même si l’évidence mènerait à penser que le
choix doit « faire sens », autrement-dit doit déjà suggérer quelque chose à propos de
la création qui sera présentée. Inutile de préciser les désavantages de la prestation
en plein air sous nos latitudes, et en été, l’obscurité tombe tard : pauvres régisseurs
son et lumières… C’est le cas trop souvent dans les foires, lesquelles, de surcroît,
n’offrent que la possibilité d’une piste rectangulaire, avec un éclairage du type
poteaux d’angles. De plus, les déplacements sont fastidieux, onéreux et peu
écologiques. Frustrant encore.
En fin de compte, en l’état actuel, les troupes jouent dans des manèges mais… dans
cette formule, c’est l’énergie et les finances qui en pâtissent encore. En effet, le fonds
de roulement des artistes, c’est une activité de manège au sens courant : location de
box, cours et stages. C’est clair : pendant les préparatifs, il y a moins d’accès aux
pistes pour les propriétaires de chevaux, il y a aussi moins, voire pas, de cours, et il
faut suspendre éventuellement les stages. Conséquences : pertes de revenus et
mécontentement de certains propriétaires, au minimum. Une nécessité : renforcer le
personnel (bénévoles… et artistes – fatigués, souvent au mauvais moment)) pour
transporter et monter des décors, des gradins (chers et/ou difficiles à trouver), des
tables, des chaises, un bar ; courir pour les fournitures du bar et de la petite
restauration, les caisses, les tickets, les lots pour la tombola, les toilettes mobiles, etc.
Tout cela pour rentrer dans ses frais ou à peu près. Frustrrrrrration.
- Peu d’artistes ont la fibre administrative, et ils ont très peu de temps à accorder à la
communication. Peu de passionnés de l’art équestre aiment s’enfermer des heures
devant un écran et un clavier pour rédiger des dossiers : presse, demande de
subvention, recherche de sponsors ; de même pour la mise à jour d’un site, le suivi
du courrier, etc. Faire appel à un professionnel a un coût, alors, il arrive qu’ on laisse
faire les amis – bien intentionnés toujours mais parfois mauvais en orthographe ou
en expression… et vlan, la qualité et la crédibilité en prennent un coup : cela « ne se
fait » pas dans la cour des grands…
- Il existe un sentiment de communauté chez les artistes, mais cette communauté
reste mentale. Ils se connaissent, s’encouragent, s’entraident s’ils se trouvent sur le
même lieu de rencontre (un salon, un concours) mais ils restent très personnels voire
protectionnistes sur le plan du travail. Ce n’est pas de la rivalité, il se pourrait plutôt
que ce soit une attitude de défense typique de personnes qui attendent d’abord une
reconnaissance ; c’est compréhensible et légitime.
- Le spectacle équestre touche toutes les tranches d’âges, particulièrement les 15-45
qui désaffectent les théâtres et les musées, et particulièrement parce que le langage
y est universel : sans paroles, il suggère par le mouvement au sens large, et travaille
sur l’universalité des symboles. Pour le public, c’est donc une invitation à une
intériorisation à la fois personnelle et collective, facilitée par un vecteur de
sensations : le cheval.