Un certain nombre de travaux portant sur la rééducation des troubles de l’attention chez des
patients cérébrolésés adultes ont conduit, ces dernières années, à des résultats positifs. Sturm
et al. avaient montré l’intérêt d’une rééducation spécifique des composantes de l’attention
chez des patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux et de traumatismes crâniens. De
même, des études récentes (Couillet, 2002) ont montré l’efficacité de techniques de réédu-
cation de l’attention divisée, qui est une des fonctions classiquement attribuées à l’adminis-
trateur central de la mémoire de travail.
Une des premières études publiées concernant la rééducation de la mémoire de travail après
traumatisme crânien est celle de Cicerone (2002). Cette étude a porté sur un groupe de
quatre patients traumatisés crâniens légers en phase subaiguë (plus de trois mois après l’ac-
cident). Les patients étaient sélectionnés sur la base de plaintes subjectives et d’un échec à au
moins deux tests attentionnels sur six. Ils étaient comparés à un groupe de contrôle de pa-
tients non rééduqués (car domiciliés trop loin du centre) appariés en âge, sexe, durée d’édu-
cation, et délai depuis l’accident (8,25 vs. 7 mois). Le programme de rééducation était centré
sur les opérations d’allocation et de régulation des ressources attentionnelles. Les tâches vi-
suelles de type n-back (1-, 2-, et 3- back) étaient effectuées soit en tâche unique soit avec des
tâches interférentes de complexité variable : générations aléatoires ou tâches reproduisant des
situations de vie quotidienne individualisées (prise de notes, vérification d’inventaire…). La
rééducation était proposée au rythme d’une séance d’une heure par semaine, durant 11 à 27
semaines selon les cas. Les résultats montraient une amélioration sur 58,3% des mesures
pour les quatre patients traités (vs. 12,5% des mesures dans le groupe contrôle). Une amé-
lioration était constatée sur un test de mémoire de travail (Paced Auditory Serial Addition
Test, PASAT) et sur un test mesurant la vitesse de détection automatique ou contrôlée (Test
2 & 7), mais il n’existait pas d’effet sur la vitesse de traitement évaluée par le Trail Making
Test. Il faut cependant souligner que les déficits cognitifs étaient relativement peu importants
chez ces patients. Les auteurs montraient par ailleurs, une diminution des difficultés en vie
quotidienne évaluées avec l’échelle d’évaluation des comportements attentionnels, compara-
tivement au groupe de contrôle pour qui les difficultés restaient stables.
Coyette et al. ont décrit une rééducation de l’administrateur central chez un patient trauma-
tisé crânien grave en phase chronique, présentant un déficit électif de l’administrateur central
avec préservation des systèmes esclaves. Cette rééducation, basée sur des mécanismes de res-
tauration, était réalisée pendant 15 mois, à raison de deux séances hebdomadaires et propo-
sait des tâches au sein desquelles la charge en mémoire de travail augmentait progressivement.
Il s’agissait de tâches de mémorisation en situation d’interférence (type Brown Peterson), de
mémorisation avec charge mentale (impliquant un stockage et un traitement simultané) et de
simulation informatisée d’une activité professionnelle du patient (relevés de mesures topo-
graphiques). Les résultats post-thérapeutiques montraient une amélioration sensible dans des
tests de mémoire de travail mais avec une fluctuation des performances et des scores qui ne
s’étaient pas normalisés. A noter qu’en parallèle à cet entraînement, il était proposé au patient
une approche plus écologique ayant pour objectif de lui apprendre à pallier les difficultés de
mémoire de travail en situation de vie courante.
Plus récemment, un groupe italien a rapporté une étude de rééducation de l’administrateur cen-
tral de la mémoire de travail chez neuf patients traumatisés crâniens sévères . Les patients étaient
comparés à un groupe de contrôle de six patients appariés en âge et en sévérité du traumatisme,
présentant un ralentissement cognitif mais sans atteinte de l’administrateur central. La métho-
dologie utilisait une première mesure cognitive de ligne de base avant tout traitement, puis une
phase de pré-traitement, comprenant un « entraînement métacognitif » reposant sur un travail
de la conscience du trouble et l’anxiété. Une deuxième évaluation cognitive était alors réalisée
à la fin de cette phase, puis les patients recevaient l’entraînement cognitif proprement dit, repo-
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