E
n 2016, la France compte
plus de 15 000 000 licenciés
et 116 000 postes salariés liés
au secteur sportif privé. La dépen-
se des ménages en biens et services
sportifs s’élève en 2012 à 15,9 mil-
liards d’euros. Entre bienfaits non
contestables, enjeux sanitaires, fi-
nanciers et philosophiques, la pra-
tique du sport - de la simple activi-
té physique aux exigences de haut
niveau – suscite passions, voca-
tions, investissements, dérives, et
interrogations.
Faut-il encore le rappeler, "le
sport, c’est bon pour la santé". Cer-
tes, mais quel sport ? Dans quelles
conditions ? Jusqu’à quel âge ? A
quel rythme ? D’après
l’organisation mondiale de la santé
(OMS), le "sport-santé" recouvre la
pratique d’activités physiques ou
sportives qui contribuent au
bien-être et à la santé du prati-
quant. Eric Berton, doyen de la fa-
culté des Sciences et du Sport de
l’Université d’Aix-Marseille préci-
se: "Plus que le sport, c’est l’activité
physique, même modérée, qui est
bonne pour la santé, ajoutant mê-
me à intensité faible, il y a des effets
bénéfiques et immédiats".
Physiquement, le sport aide à lut-
ter contre l’obésité, les maladies
cardiovasculaires, les cancers. Il ré-
duit le risque de diabète, stabilise
la pression artérielle, améliore le
sommeil, lutte contre le stress, la
dépression et l’anxiété. Si tout cela
ne suffisait pas, il améliore aussi le
processus de vieillissement et per-
met de conserver sa mobilité.
"Socialement, insiste Eric Ber-
ton, pratiquer une activité physi-
que est un véritable facteur
d’intégration permettant le fran-
chissement de certaines barrières
communicationnelles. Elle soigne
certaines phobies, participe au trai-
tement du handicap, et de
l’autisme. C’est aussi un moyen effi-
cace de retrouver une bonne estime
de soi". Avec de tels effets bénéfi-
ques, on comprend mieux pour-
quoi le marché du sport représente
environ 37 milliards d’euros en
France, soit près de 2 % du produit
intérieur brut (PIB) national.
D’après une étude publiée par la
Direction générale des Entreprises
(DGE), le sport est le loisir préféré
des Français. Plus d’une personne
sur quatre le classe en tête de ses
passe-temps favoris, devant la lec-
ture, la télévision ou encore la mu-
sique. On l’aura compris, lorsqu’il
n’est pas pratiqué à haut niveau, le
sport est vivement conseillé...voire
imposé ?
Vers une ère du sport ?
Plus aucun magazine dans les
kiosques qui ne prône le culte du
corps et du bien-être. Même le
monde entrepreneurial s’y met en
proposant des programmes de san-
té aux salariés. Vous êtes en
surpoids ? C’est que vous êtes pa-
resseux. Vous fumez ? Vous risquez
de ne pas être embauché. Dans no-
tre société, avoir une vie saine est
devenu un impératif moral. Dans
une économie où règne une
concurrence féroce, arborer un
corps svelte devient gage de dyna-
misme et d’efficacité.
Le sport comme structure totali-
taire ? A bien y regarder ses valeurs,
on s’y croirait: culte de la perfor-
mance, fanatisme de l’évaluation,
de la victoire, de la compétition,
sans oublier la légitimité de la tri-
cherie. Car même dans le milieu
amateur, le dopage permet de re-
pousser ses limites. Le sujet reste
largement tabou, mais selon une
étude de l’Académie nationale de
médecine, 5 % à 15 % des sportifs
amateurs, soit environ 900 000 à 2
700 000 pratiquants, y auraient re-
cours. La valorisation de l’image de
soi et l’esprit de compétition imprè-
gnent à ce point notre quotidien
que beaucoup se rêvent en "hu-
main augmenté". Toujours plus
connectés grâce aux techniques,
n’oublions pas de le rester avec le
plaisir !
Laurence BRÉAU
❚Marseille capitale européenne du Sport en
2017, le meilleur moyen de rallier le sport à la
santé ?
"Aujourd’hui dans la ville, des milliers de Mar-
seillais font du sport. Il y a 1500 clubs, 220 000
pratiquants, 150 000 licenciés. Marseille n’a
pas besoin en elle-même d’un focus. Si focus
il y a, c’est que nous avons un objectif, une
stratégie politique, qui va accroître le dévelop-
pement du territoire. Il y a eu 2013 et l’année
européenne de la Culture, le Mondial de rug-
by, l’Euro 2016, et des événements ponctuels,
sur une année, comme la capitale du Sport
l’an prochain. Tous les ans, nous avons
l’Open 13, Marseille-Cassis, le Running Mar-
seille. L’institution publique, dans le cadre de
ses politiques, a bien perçu le fait que pour la
santé et le bien-être, facteurs d’attractivité de
notre territoire, il était important de dévelop-
per la pratique sportive.
❚Qu’avez-vous programmé pour 2017 ?
2017, ça ne peut pas être que quelques événe-
ments à voir. Il y aura bien sûr des ren-
dez-vous prestigieux, comme la journée
d’inauguration, très surprenante, le 14 jan-
vier sur le Vieux-Port, qui sera suivie d’un feu
d’artifice ; ou encore les demi-finales du Top
14 de rugby sans oublier le contre-la-montre
final du Tour de France 2017. Il y aura aussi
une exposition au Mucem, fin octobre, sur les
supporters dans le monde. À côté de ça,
auront lieu une quinzaine de championnats,
de France, d’Europe et du Monde, comme le
tennis de table, le squash, et des séries olympi-
ques de voile. Le XV de France devrait aussi
venir au Vélodrome pour sa tournée
d’automne 2017.
❚Qu’est-il prévu pour Marseille, si Paris
2024 est désignée ville-hôte des Jeux Olympi-
ques, en octobre
prochain ?
Il est prévu la rénova-
tion totale du Cercle
Municipal de Voile
pour correspondre
aux normes de voile
olympiques. Il y aura
aussi la construction
d’un village olympi-
que pour les athlètes,
qui serait transformé
en hôtel. On parle de le bâtir près de la Foire
au Parc Chanot. Le fait que le site olympique
de voile soit à 7 minutes en voiture du poten-
tiel village olympique, c’est un vrai atout. À
Marseille, tout est sur place. Au niveau des in-
frastructures, l’emplacement est idéal".
Propos recueillis par Alexandre BOERO
et Fabien CASSAR
RICHARD MIRON, ADJOINT AU SPORT À LA VILLE DE MARSEILLE
VIVEZ SPORT
Le monde du sport :
démocratie ou dictature ?
Avec plus d’un million de licences,
la région Provence-Alpes-Cô-
te-d’Azur est la troisième plus acti-
ve de France, derrière
l’Ile-de-France et Rhône-Alpes. Il
faut dire que l’ensoleillement et
les sites exceptionnels dont nous
disposons incitent à l’évasion, à la
nage, à la marche, au jogging.
Contre toute attente, le football ne
représente que 12,1% de toutes
les licences de la région, en des-
sous de la moyenne nationale !
Ainsi, Marseille ne se résume pas
seulement à l’OM, surtout depuis
sa désignation comme "capitale
européenne du sport" pour 2017.
Le sport plus que jamais vecteur
d’intégration, défenseur d’une cer-
taine idée d’éthique, protecteur
de la santé physique et psychologi-
que, c’est bien là le message lancé
par la ville. Une nouvelle occasion
pour chacun d’être sensible aux
arguments qui soutiennent
l’importance d’une activité physi-
que régulière pour avoir une vie
saine. Et pourquoi pas de décou-
vrir de nombreux sites dédiés à la
pratique du sport près de chez soi.
/PHOTO V.VREL
"Capitale européenne du Sport pour accroître le développement du territoire"
ÉDITION SPÉCIALE
1 MILLION DE
LICENCIÉS EN PACA!
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www.laprovence.com