A. Broisat, L. Riou, D. Fagret, C. Ghezzi
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°4 199
LES ÉVÈNEMENTS INITIAUX
AU DÉVELOPPEMENT DE
L’ATHÉROSCLÉROSE
La dysfonction endothéliale
!L’athérosclérose est une pathologie
inflammatoire chronique de la paroi
artérielle [1]. Elle se développe de
manière diffuse dans l’ensemble des
grosses artères à des sites privilégiés.
En effet, les lésions athérosclérotiques
apparaissent principalement au ni-
veau des bifurcations artérielles, sur
la paroi opposée au point de jonc-
tion. A ce niveau, les forces de cisaille-
ment très basses et oscillantes
(± 4.10-1 N.m-2 (+ 4 dynes/cm2))) sont
responsables de nombreuses modi-
fications dans l’expression génique,
le métabolisme et la morphologie
des cellules endothéliales qui prédis-
posent l’endothélium à l’inflamma-
tion en augmentant sa perméabilité
aux lipides ainsi que le recrutement
des leucocytes circulants.
Le rôle des lipoprotéines
de basse densité dans
l’athérosclérose
!Parmi les nombreux facteurs de ris-
que génétiques et environnementaux
impliqués dans l’athérosclérose, l’élé-
vation du taux de cholestérol est le
seul à pouvoir induire le développe-
ment de la plaque, même en l’absence
de cofacteurs [7]. La compréhension
des mécanismes moléculaires qui
contrôlent la synthèse et les taux plas-
matiques de cholestérol a permis le
développement d’une classe de mé-
dicaments hypocholestérolémiants,
les statines. Elles réduisent significa-
tive-ment les risques de mortalité liés
aux pathologies cardiovasculaires
chez des patients hypercholestéro-
lémiques, confirmant ainsi le rôle
prépondérant du cholestérol. Dans le
plasma, le cholestérol est transporté
par différentes lipoprotéines. Ce sont
les lipoprotéines de basse densité ou
Low Density Lipoproteins (LDL) qui
sont responsables sous leur forme
oxydée (LDLox) de l’initiation de l’in-
flammation lors de l’athérosclérose.
RÔLE DES MACROPHAGES
!En conditions normales, le recrute-
ment de monocytes au sein de la pa-
roi artérielle et leur différenciation en
macrophages est un phénomène pro-
tecteur qui permet l’élimination des
particules de LDL oxydées cytotoxi-
ques et pro-inflammatoires et des
cellules apoptotiques. Le recrutement
de ces monocytes est régulé par la
production de molécules chémo-
attractrices telles que la "Macrophage
Chemotactic Protein 1" (MCP-1) et
l’interleukine 8 (IL-8) et par des mo-
lécules d’adhésion endothéliales : E
et P-sélectines et immunoglobulines
(ICAM-1, VCAM-1, PECAM). L’expres-
sion de ces molécules aux sites de
dysfonction endothéliales et/ou en
présence de LDLox est responsable
de l’accumulation des macrophages
dans l’espace sous-endothélial lors de
l’athérogénèse [7,8,9]. L’accumulation
massive de cholestérol au sein de ces
macrophages aboutit à la formation
de cellules spumeuses. Les LDL nati-
ves ne peuvent pas induire la forma-
tion des cellules spumeuses car leur
captation par les macrophages est
lente, et parce qu’il existe une régu-
lation négative de leurs récepteurs en
réponse au cholestérol intracellulaire
qui empêche leur accumulation
intracytoplasmique. En revanche, les
LDL acétylées ou oxydées peuvent
induire la formation des cellules spu-
meuses. Leur captation est rapide et
leurs récepteurs ne sont pas régulés
négativement. Ces récepteurs, expri-
més par les macrophages en réponse
au M-CSF sont des récepteurs "Scaven-
ger". Le cholestérol des LDLox est
stocké au sein de lysosomes sous
forme de cholestérol libre. Si sa sor-
tie, essentiellement assurée par les
HDL, n’est pas suffisamment élevée,
le cholestérol libre est ré-estérifié et
s’accumule dans le cytoplasme sous
forme de gouttelettes lipidiques. Ce
sont ces cellules chargées de goutte-
lettes lipidiques que l’on nomme
cellules spumeuses. Les macrophages
et les cellules spumeuses prolifèrent
et sécrètent un grand nombre de fac-
teurs de croissance et de cytokines
qui vont amplifier la réponse inflam-
matoire, permettant ainsi la progres-
sion de l’athérosclérose [9].
LA PROGRESSION DE
L’ATHÉROSCLÉROSE
!Le développement de la plaque
d’athérome est caractérisé par l’am-
plification de la réponse inflamma-
toire. De nouveaux monocytes et des
lymphocytes sont recrutés. Les
macrophages sont des cellules pré-
sentatrices d’antigènes (CPA) capa-
bles d’activer les lymphocytes T re-
crutés en lymphocytes T "helper" 1
et 2 (Th1 et Th2) [1]. Les principaux
antigènes présentés résultent de
l’apprêtement des LDLox captées par
les macrophages. L’interaction entre
les macrophages et les lymphocytes
Th1 et Th2 engendre la production
d’un grand nombre de cytokines pro-
et anti-inflammatoires (interleukines,
interféron γ) qui vont moduler l’in-
flammation et agir sur de nombreu-
ses cellules au sein de la paroi arté-
rielle. Ces molécules vont notam-
ment stimuler la prolifération des
cellules musculaires lisses et leur
migration depuis la média vers l’in-
tima. Ces cellules musculaires lisses
intimales dégradent la matrice extra-
cellulaire afin de pouvoir proliférer
et captent les LDLox, participant ainsi
à la formation des cellules spumeu-
ses. Elles jouent également un rôle
stabilisateur de la plaque par la syn-
thèse de protéines de la matrice
extracellulaire - fibrinogène, colla-
gène et protéoglycanes - qui recou-
vrent la plaque d’athérome d’une cap-
sule fibreuse [1,7]. Par ailleurs, les
lymphocytes T, les cellules endothé-
liales, les macrophages et les cellu-
les musculaires lisses expriment tou-
tes CD40 et CD40L, or l’interaction
cellule-cellule par la liaison de la pro-
téine CD40 avec son récepteur CD40L
joue également un rôle important
dans le développement de la plaque
puisqu’elle induit la synthèse de nom-
breuses molécules pro-athérogéni-
ques. Ces facteurs pro-athérogéniques
incluent des cytokines inflammatoi-
res, des métalloprotéinases (MMPs)
qui dégradent la matrice extra-cellu-
laire et déstabilisent la plaque, et le