Transformateur triphasé 1e année EEA 1 Dans les réseaux électriques triphasés, on pourrait parfaitement envisager d'utiliser trois transformateurs, un par phase. Dans la pratique, l'utilisation de transformateurs triphasés (un seul appareil regroupe les trois phases) est généralisée : cette solution permet la conception de transformateurs bien moins coûteux, avec en particulier des économies au niveau du circuit magnétique. Les transformateurs monophasés ne sont en fait guère utilisés, sauf pour de très grosses puissances apparentes (typiquement supérieures à 500 MVA), où le transport d'un gros transformateur triphasé est problématique et incite à l'utilisation de trois unités physiquement indépendantes. 1 Constitution Un transformateur triphasé est constitué, au départ, de l'association de trois transformateurs monophasés dont les trois primaires et les trois secondaires sont connectés soit en étoile, soit en triangle. On trouve donc les possibilités suivantes : - primaire en étoile, secondaire en étoile primaire en étoile, secondaire en triangle primaire en triangle, secondaire en étoile primaire en triangle, secondaire en triangle. Les trois primaires sont alimentés par une source de tension alternative triphasée équilibrée. Par conséquent, les trois courants magnétisants et donc les trois flux dans les trois noyaux forment eux aussi un système triphasé équilibré dont la somme est nulle. Si on réunit les trois circuits magnétiques, le montant commun aux trois circuits est donc parcouru par un flux nul et il peut être supprimé (tout comme le fil neutre dans les circuits triphasés équilibrés connectés en étoile-étoile, figures 1, 2 et 3). Pour des raisons de facilité de construction et d'encombrement, on ramène généralement les trois montants subsistants dans un même plan, il s’agit du transformateur « à flux liés » (figure 4). Cette disposition introduit une dissymétrie en ce qui concerne la colonne centrale car, correspondant à un chemin magnétique plus court que les deux autres, sa force magnétomotrice est plus petite. Il en résulte que le courant magnétisant de la phase bobinée sur cette colonne est plus petit. On peut aussi envisager un transformateur à 5 colonnes où la présence des deux colonnes latérales non bobinées permet d’y faire circuler le flux global de mode commun. Pour cela, ce type sera dit "à flux libres". Complément de cours Mme D. Namane 1e année EEA Transformateur triphasé 2 Figure1 Figure4 Figure2 Figure3 Figure5 2 Schéma équivalent Dans ce qui suit nous supposerons l’équilibre parfait des phases, en tensions et courants. Comme dans tous les systèmes triphasés, on prend comme schéma équivalent d'un transformateur triphasé le schéma équivalent d'une phase d'un transformateur étoile-étoile constitué de trois transformateurs monophasés distincts. On peut donc simplement établir le schéma équivalent par phase, en prenant pour grandeurs électriques uniquement les tensions et courants simples. Le bilan énergétique est alors multiplié par trois. Le raisonnement est analogue à celui du transformateur monophasé (chaque colonne constitue un transformateur monophasé) et on aura : ⋅ les résistances r1 et r2 des bobinages primaire et secondaire par phase ⋅ les inductances de fuite ℓ 1 et ℓ 2 associées aux flux de fuite primaire et secondaire par phase ⋅ les pertes fer et puissances magnétisante par phase illustrés par les résistance et inductance Rµp (vue du primaire) et Lµp (vue du primaire). Le même raisonnement peut se faire au secondaire, on aurait Rµs (vue du secondaire) et Lµs (vue du secondaire). ⋅ Le rapport de transformation peut être aussi défini comme étant le rapport des nombres de spires primaire/secondaire, par colonne : n k= 1 n2 Complément de cours Mme D. Namane 1e année EEA Transformateur triphasé On obtient le schéma équivalent par phase: 3 Avec : rp = r1 + r '2 , ℓ p = ℓ 1 + ℓ '2 et rs = r '1 + r2 , ℓ s = ℓ '1 + ℓ 2 3 Détermination expérimentale des éléments du schéma équivalent On procède aux essais à puissance réduite notamment à vide et en court-circuit. Des essais en charge peuvent aussi être effectués si le matériel le permet, la même approche est donc effectuée que pour le transformateur monophasé : • Essai à vide Le secondaire étant ouvert, on alimente le primaire sous la tension simple nominale V1, on relève alors la puissance P10 et le courant J10 absorbés à vide ainsi que la tension induite V20 au secondaire. En s’appuyant sur le schéma équivalent en Γ on obtient : k= n1 V ≃ 1 n 2 V20 P1o = • 3V1 2 3V20 2 = R µp R µs 3V1 2 R = µp P1o ⇒ 2 R = 3V20 µs P1o et Q 1o = ( 3V1 J10 ) 2 − P1o 2 3V1 2 X = µp Q 1o ⇒ 2 X = 3V20 µs Q 1o Essai en court-circuit L’essai en court-circuit ne pouvant pas se faire à la tension nominale sous peine de griller le transformateur, on relève, sous la tension V1cc (V1cc<<V1), la puissance absorbée P1cc, les courants J1cc et J2cc qui ne doivent pas dépasser les courants nominaux prévus en charge par le constructeur. On déduit : n J k = 1 ≃ 2cc n 2 J1cc P1cc = 3rp J1cc 2 = 3rs J 2cc 2 Complément de cours P1cc rp = 3J 2 1cc ⇒ r = P1cc s 3J 2cc 2 et Q 1cc = ( 3V1cc J1cc ) 2 − P1cc 2 Q1cc x p = 3J 2 1cc ⇒ x = Q1cc s 3J 2cc 2 Mme D. Namane Transformateur triphasé 1e année EEA 2 Couplage des enroulements et indice horaire 4 Le fait d'effectuer les connexions en étoile ou en triangle, de permuter ou non les phases, d'inverser ou non le sens des enroulements permet d'introduire un retard des grandeurs secondaires par rapport aux grandeurs primaires qui peut être n'importe quel multiple de 30°. Comme il y a 12 positions possibles (figure6), on a l'habitude en électrotechnique d'indiquer ce déphasage sous la forme d'un "indice horaire". Par exemple, un indice horaire de 2 correspond à un retard des grandeurs secondaires de 60°. On peut montrer que, moyennant des règles de bonne connexion, on peut toujours ramener le déphasage entre grandeurs correspondantes primaires et secondaires à 0°, 30° ou 60°. La détermination de l’indice horaire est nécessaire, notamment lorsqu’il s’agit de procéder au couplage des transformateurs, c'est-à-dire la mise en parallèle des primaires et secondaires. Le couplage est souvent indispensable lorsque le récepteur devient trop puissant par rapport à un transformateur unique. Le deuxième transformateur, choisi convenablement, permet de fournir la puissance complémentaire. Complément de cours Mme D. Namane