ELEMENTS SUR L’ART « ARABO-ISLAMIQUE »
Définition
Peut-on parler d’un art islamique, alors que la civilisation née de l’islam s’étend sur quatorze siècles et
sur un espace qui va de l’Atlantique au Pacifique, du Maroc jusqu’à l’Indonésie, et que cette civilisation a
poussé des ramifications un peu partout dans le monde, aussi bien en Chine qu’au Brésil ? […] Cette
terminologie abusivement unificatrice vient non seulement de notre européocentrisme, mais aussi du fait
que l’islam n’a jamais vraiment séparé monde spirituel et monde temporel. […] Cela explique que la
notion d’« art islamique » n’est pas réservée aux seules expressions artistiques liées à la religion –
comme l’architecture des mosquées et leur mobilier ou encore les objets de dévotion privée –, mais
qu’elle couvre l’ensemble des créations émanant du monde musulman : palais, caravansérails, objets
décoratifs.
[…]
L’expression « art islamique » n’a donc plus que de très lointaines connotations religieuses et
correspond à l’« art d’une civilisation où l’islam est la religion dominante » ou même, dans certains cas,
« où l’islam est la religion de la classe dominante ».
Histoire
Les débuts de l’art islamique sont liés à la civilisation de la péninsule arabique du VIe siècle et du début
du VIIe, dans laquelle des apports classiques et méditerranéens se superposent à un fonds
vernaculaire. Mahomet ne manifestait guère de goût pour l’art, mais le jeune État musulman, dans sa
vitalité conquérante, éprouva vite, dans un souci d’auto-affirmation, le besoin d’un art et d’une
architecture.
[…]
S’il est tout à fait faux de vouloir assimiler art islamique et art arabe et de limiter l’art islamique à la
civilisation arabo-islamique (en oubliant l’impact persan et turc, par exemple), le fait arabe reste
cependant un facteur essentiel de l’esthétique islamique. […] Par-delà la diversité des styles dans le
temps et dans l’espace, une certaine unicité de l’art islamique est indubitable ; elle est due peut-être au
fait religieux et au caractère arabe de sa genèse ; elle s’explique en tout cas aussi par le traditionalisme
inhérent à la civilisation islamique dans toutes ses manifestations.
Les principaux domaines de la créativité artistique
• Architecture
Mosquée et palais avec une place importante au décor architectural : polychrome, sculpté en bas relief,
la plupart du temps envahissant, en général épigraphique, géométrique ou végétal, et mélangeant le
plus souvent les trois ordres, le décor architectural du monde islamique n’est que rarement figuratif.
[…]
L’iconophobie de l’art religieux islamique, héritage antéislamique, sémitique et proche-oriental, s’oppose
à l’utilisation de scènes figuratives à des fins didactiques ; les frises épigraphiques se substituent à elles
d’autant plus facilement que l’écriture est infiniment valorisée dans le monde islamique par le seul fait
que la religion est fondée sur un texte, sur une parole divine ; en outre, le Coran dit explicitement que
l’art d’écrire est d’essence divine (sourate 96, 4).
• Livre
Les arts du livre ont pris leur essor très tôt avec Le Livre, qui à l’origine était une « récitation ». L’art
d’écrire était considéré comme un art enseigné par Dieu à l’homme, et recopier le Coran était une œuvre
pieuse dont s’acquittaient les humbles comme les princes.
Dans l’art islamique, on réserve le terme de miniature aux illustrations figurées et celui d’enluminure aux
décors abstraits.
• Objets
Tissus, tapis, meubles, objets du quotidien…
Extrait de « Islam - art et architecture » de Marianne Barrucand - Encyclopaedia Universalis