Jacques et son maître Documentation 120412

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Jacques et son maître
Présentation
Diderot, Kundera… L’intelligence et le plaisir. Le Bonheur à l’état pur. Bonheur d’un
texte en état de grâce, qui nous enchante et nous rend plus heureux. Intelligence de
deux pensées qui, à plusieurs siècles de distance, dialoguent, s’interrogent et
s’amusent, dans une lisibilité absolue qui nous fait croire à la vie. La liberté, le plaisir,
le bonheur, la nostalgie, l’ivresse et le naufrage : il y a tout cela dans "Jacques". Tout
ce qui est au cœur même de nos vies. Tout ce qui les traverse et les irradie. Cet
hommage au siècle des Lumières français nous rappelle à quel point le théâtre peutêtre ce moment de plaisir et d’intelligence limpide qui le rend si précieux.
Je voulais remonter cette pièce quinze ans après ma première version et retrouver
Yves Pignot, mon « maître ». Je voulais confronter nos personnages à l’épreuve du
temps, puisque ces deux-là sont sans âge. Je voulais nous, et vous faire plaisir, du
moins je l’espère, en replongeant dans ces aventures merveilleuses. C’est une belle et
formidable pièce. Légère et profonde, vive et grave. Elle nous fait respirer un peu plus
haut, un peu plus loin.
C’est un rêve de théâtre !
Nicolas Briançon, metteur en scène
Note de l'auteur
De toutes les adaptations je pense la même chose que le maître de Jacques quand il
s’exclame : « Que périssent tous ceux qui se permettent de réécrire ce qui a été écrit
! […] Qu’ils soient châtrés et qu’on leur coupe les oreilles ! ». Ma pièce n’est pas une
adaptation. C’est ma variation très libre sur un roman que j’adore, un hommage à son
auteur, à son humour, à sa liberté.
Déjà, en 1998, Nicolas Briançon a présenté une mise en scène de "Jacques et son
maître". Enchanté, j’ai alors vu le spectacle au moins quinze fois, heureux que le
metteur en scène ait été sensible à chaque phrase de mon texte, écrit en 1971, alors
que je vivais encore à Prague, aux pires moments de l’occupation russe. Dans ce trou
noir de notre siècle, j’avais eu besoin d’entrevoir un rayon de soleil venu du dixhuitième siècle français. D’où l’esprit de la pièce : le comique pénétré de mélancolie,
le rire qui pleure. Briançon revient aujourd’hui à "Jacques et son maître" et, encore
une fois, je suis enchanté. Il est toujours fidèle et à lui-même et à moi, à la simplicité
de la scène, à ses excellents acteurs (je suis heureux de les retrouver presque tous,
après quatorze ans) et à l’esprit d’un désespoir enjoué. Une petite remarque, le titre
dit : « …hommage à Denis Diderot en trois actes ». Pourtant, chez Briançon, il n’y a
aucun entracte. En effet, quelle barbarie que d’interrompre une œuvre d’art ! Je
pense aux sonates et aux symphonies ; elles sont toujours divisées en trois ou quatre
mouvements dont chacun est marqué par un tempo différent. Ce changement des
tempi donne à l’ensemble sa forme. Voici les tempi du "Jacques et son maître" de
Briançon : premier acte (le voyage commence) : allegro ; deuxième acte (l’arrêt à
l’auberge) : vivace d’un scherzo ; dernier acte (la fin du voyage) : lento.
Briançon est un musicien de la mise en scène.
Milan Kundera
Acte 2 - avril 2012
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Jacques et son maître
La presse :
1er février 2012
Tout ravit, la naïveté d'Yves Pignot (le Maître), la lucidité de Nicolas
Briançon (Jacques), le beauté de Nathalie Roussel (l'aubergiste), la fluidité de la
mise en scène, et surtout la pièce de Kundera, meilleure que celles de Diderot,
gâtées par le désir d'édifier. On se grise de bonne humeur.
Jacques Nerson
20 mars 2012
Jamais l'un sans l'autre.
Nicolas Briançon reprend - et peaufine - sa mise en scène du texte de
Milan Kundera. Une réussite.
Le regard fixé sur le public, Jacques demande à son maître: « Qu'ont-ils tous à
nous regarder ? » Les spectateurs ne vont plus lâcher le tandem des yeux jusqu'à
la dernière minute. Pour la troisième fois, Nicolas Briançon revient à cette
« variation » libre de Milan Kundera sur les œuvres de Diderot. Et c'est une vraie
réussite, dont la truculence n'a d'égale que la verve. Elle doit beaucoup à
l'association de Nicolas Briançon, le valet, et Yves Pignot, son maître. Celui-ci exige
que le premier lui conte son dépucelage dans les moindres détails, mais il ne peut
s'empêcher d'y ajouter ses propres fantasmes érotiques.
Le spectateur revit donc les péripéties canailles des deux coureurs de jupons,
interrompus par d'autres saynètes jouées avec bonheur. Sous les traits
débonnaires de Nicolas Briançon, Jacques est rusé, « fataliste » et généreux. De
son côté, Yves Pignot compense ses faiblesses de cœur par une naïveté touchante.
Comme Montaigne et La Boétie, les deux hommes pourraient affirmer: « Parce que
c'était lui, parce que c'était moi. »
La mise en scène alerte est encadrée par des pans de bois mobiles sur un plateau
rehaussé par Pierre-Yves Leprince. Un dispositif rustique mais astucieux qui permet
le théâtre dans le théâtre. Nathalie Roussel, François Siener, Patrick Palmero ou
Sophie Mercier complètent l'heureuse distribution. Kundera lui-même n'a pas
manqué de la saluer à de nombreuses reprises.
Nathalie Simon
Acte 2 - avril 2012
Documentation - Page 2 sur 9
Jacques et son maître
L'avis du Figaro : excellent.
26 février 2012
La plantureuse digression de Kundera
Milan Kundera et Denis Diderot, une rencontre improbable? Découvrez
Jacques et son maître sur scène. Une véritable gourmandise.
C'était écrit : amoureux l'un et l'autre des culs plantureux, de l'art de la digression
et de la philosophie, Denis Diderot et Milan Kundera devaient se rencontrer. La
chose eut lieu grâce au second, qui composa sur l'oeuvre du premier une friandise
théâtrale aux saveurs telles que ce gourmand de Nicolas Briançon la mit en scène
avec le truculent Yves Pignot et toute une bande de joyeux compères. Cheminant
donc avec son maître, Jacques le distrait en lui racontant la perte de son pucelage.
Et quelle histoire ! Une histoire sans cesse interrompue par celles des autres, qui
en ont de plus urgentes à raconter. Des vertes et des pas mûres, des juteuses et
des salées. Une gourmandise à faire fondre la banquise.
Laurence Liban
22 février 2012
Inspirée du roman de Diderot, la pièce de Milan Kundera reprend le dialogue
insolent du philosophe. On y retrouve la liberté d'écriture, l'enchâssement des
récits, notamment celui consacré à madame de La Pommeraye, qui se venge de
son marquis volage en l'humiliant publiquement. De manière générale, la pièce est
davantage centrée sur le libertinage, la liberté d'aimer et les pièges de la fidélité.
Réalisée il y a déjà quinze ans, cette mise en scène de Nicolas Briançon n'a pas pris
une ride. Elle est enjouée, fluide, vivante, parfois brillante. Nicolas Briançon luimême joue un Jacques (le valet) inattendu, finaud et beau garçon (...). On peut
penser que Kundera réduit quelque peu le propos de Diderot, mais qu'importe, la
soirée est bonne !
Sylviane Bernard-Gresh
Acte 2 - avril 2012
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Jacques et son maître
(…) Les réflexions de Jacques et de son maître, sur la vie, l'ordre des choses, le
désordre de l'amour sont joyeuses, brillantes, éclatantes. Briançon fait une
variation sur sa vision de l'œuvre, dont l'harmonie est l'amour du théâtre. Si le ton
est devenu un peu plus grave, il en a quand même gardé une certaine légèreté,
car Briançon est un optimiste. Dans le rôle du Maître, nous retrouvons Yves Pignot,
et dans celui du valet, Nicolas Briançon. Leur complicité scénique et leur plaisir de
jouter sont toujours aussi réjouissants. Ils peuvent s'appuyer sur l'excellence des
comédiens qui les entourent. Ce remarquable travail nous a été présenté en juin
2007, au festival d'Anjou. Il aura fallu ce temps pour que le spectacle arrive à
Paris. (…) « Jacques et son maître » est un bel hommage aux relations humaines
et surtout au théâtre.
Marie-Céline Nivière
- janvier 2012
(…) Que Nicolas Briançon choisisse de reprendre ce spectacle est un bien beau
cadeau. Il nous offre un vrai moment de liberté salvatrice, une gageure dont il
serait bien idiot de se priver en ces temps plus que moroses… (…) Le spectacle mis
en scène par Nicolas Briançon est étincelant d'intelligence gaillarde. Certes, il y a
parfois des accents cruels mais c'est surtout la fraternité unissant Jacques et son
maître, inséparables comme Don Quichotte et Sancho Panza, qui est ici célébrée et
elle remplit le cœur. Les décors et les costumes de Pierre-Yves Leprince conjuguent
l'élégance au mode de la simplicité. Tout est en place. Ne reste plus au fond qu'à
dérouler une partition aussi agile qu'impeccablement réglée. Sur scène, Nicolas
Briançon et Yves Pignot forment un duo de haute voltige. Difficile de dissimuler
dans l'œil qui frise le plaisir qu'ils ont à jouer ensemble. Un plaisir qui entraîne
autant la salle que le reste de la distribution. On citera notamment Nathalie
Roussel, François Siener, Patrick Palmero et Philippe Beautier. Entre légèreté et
profondeur, la soirée est délicieuse.
Dimitri Denorme
Acte 2 - avril 2012
– 8 février 2012
Documentation - Page 4 sur 9
Jacques et son maître
janvier 2012
S’il fallait désigner le spectacle parfait pour donner envie d’aller au théâtre - et
surtout d’y retourner - "Jacques et son maître" serait sans conteste celui qui
viendrait en premier à l’esprit.
Nicolas Briançon (Jacques) et son complice Yves Pignot (son maître) mènent la
danse avec entrain et décontraction. Diderot, revu et finalement pas trop corrigé
par Milan Kundera, leur fournit un canevas idéal pour passer un moment agréable
sur scène et renvoyer aux spectateurs l’écho de leur bonheur de jouer des
personnages truculents.
Ils n’oublient pas de raconter de belles histoires propices à de nombreux bons
mots, à une dose raisonnée de paillardises, sans oublier quelques leçons de bon
sens philosophique dans lesquelles la philosophie n’est pas loin du boudoir ou du
goulot de la bouteille.
Rares sont les écrivains qui, comme ici Milan Kundera, ont l’humilité de rendre
hommage à l’un de leurs glorieux devanciers sans montrer ce qu’ils leur apportent
ou leur retranchent. On peut seulement noter que l’auteur de "La Plaisanterie"
admire avant tout le romancier Diderot, l’auteur du "Neveu de Rameau" ou de
"Jacques le Fataliste", canevas de ce "Jacques et son maître", et qu’il le transpose
pour la scène dans un climat théâtral qui n’est pas loin d’un illustre contemporain
du philosophe : Carlo Goldoni.
Sur la scène se dessine un 18ème siècle dans lequel les libertins font des mœurs
un enjeu pour la liberté. Kundera voit, à juste titre, en Diderot un auteur qui met la
liberté de créer et de dire au-dessus de tout. Pas étonnant s’il a l’idée d’écrire
"Jacques et son maître" après l’écrasement du Printemps de Prague.
Mais, aujourd’hui, on est avant tout ici pour rire et pour écouter les comédiens se
démener dans des histoires qui s’imbriquent les unes dans les autres. Les
cinéphiles seront ainsi ravis de revoir sur scène le canevas des "Dames du Bois de
Boulogne" de Robert Bresson, évidemment sans les dialogues de Jean Cocteau.
Toute la troupe dirigée par Nicolas Briançon est à l’unisson dans un spectacle au
tempo impeccable. Dans ce divertissement populaire réjouissant, qui fait toutefois
confiance à la puissance des mots, on est garanti contre les temps morts et les
baisses de régime Briançon ne trompe pas son monde quand il déclare : "C’est une
belle et formidable pièce. Légère et profonde, vive et grave. Elle nous fait respirer
un peu plus haut, un peu plus loin. C’est un rêve de théâtre !"
Allez ! N’hésitez pas à venir y rêver à votre tour !
Philippe Person
Acte 2 - avril 2012
Documentation - Page 5 sur 9
Jacques et son maître
5 mars 2012
« Jacques et son Maître n’est pas une adaptation ; c’est ma propre pièce … mon
hommage à Diderot. » déclare Kundera. C’est tout à la fois trois rencontres : deux
écrivains, deux siècles, deux genres roman /théâtre. De Diderot, il a gardé la forme
libre du « roman-jeu » divertissant et sensuel.
(…) Pas d’unité d’action mais trois histoires d’amour : celle du maître, celle de
Jacques, celle de Mme de la Pommeraye racontées par Jacques et son maître, mais
aussi par l’aubergiste, le Marquis des Arcis…. Histoires entremêlées, sans lien
chronologique. De plus, les personnages-narrateurs s’interrompent, digressent à
l’infini et devisent avec naturel et malice.
C’est cette fantaisie et cette liberté d’écriture, de ton et surtout d’esprit qui ont plu
à Kundera chez Diderot, philosophe des Lumières qui, seul, a osé, une fois,
transgresser les conventions du genre romanesque. Ainsi, nul réalisme ni étude
psychologique (d’où l’anonymat des personnages), non plus qu’un contexte défini.
Les hommes décrivent les femmes comme des objets de plaisir avec amoralité et
sexisme, dirait-on, aujourd’hui, mais rien n’est à prendre au sérieux : infidélités,
mensonges, complots, sont écrits et joués sur un mode comique. Il règne un
érotisme débridé pour l’époque, gratuit parce que non justifié par les sentiments.
Jacques avec son franc-parler populaire titille le désir de son maître « elle avait un
de ces culs ! », dit-il avec une gestuelle suggestive pour en révéler le charnu tant
aimé.
On s’amuse beaucoup dans les chassés-croisés. Le spectateur suit avec complicité
les récits truculents, sans cesse entrecoupés par le jeu plein de gouaille de
l’aubergiste (une femme appétissante pour le maître) qui est aussi Mme de la
Pommeraye ; du fils Bigre trompé par Justine et son meilleur ami ; le jeu de Des
Arcis qui « roule » son ami le maître, ayant tous deux la même maîtresse. Malgré
ce beau désordre, la structure d’ensemble est cohérente, et sur ce point la mise en
scène a évité le risque de perdre les spectateurs : c’est clair et on suit le fil. Le
rythme, le ton, les gestes sont ceux de la comédie légère. (…)
Les comédiens [ont] le verbe haut, très assurés dans leurs déplacements et les
dialogues à la langue populaire savoureuse, ils content leurs facéties avec une
délectation communicative. Sur le plateau on crie, on festoie, on intrigue… (…)
Une trouvaille dans la mise en scène : l’accordéoniste sur scène, qui rythme les
différentes aventures, apporte une note encore plus festive, avec des élans
nostalgiques.
(…) Rappelons que sa réécriture de Jacques le Fataliste est née, comme une
libération de l’esprit et de la parole, en 1970, malgré et à cause de l’obscurité
communiste russe survenue en Tchécoslovaquie en 1968. Les traces que cette nuit
a laissées en cet écrivain, ajoutées à celles des guerres mondiales, lui font dire :
« Trente ans après, le maître et le valet de fin de partie, de Beckett, se trouvent
déjà seuls sur la scène vide du monde. Le voyage est terminé. »
Anne-Marie Watelet
Acte 2 - avril 2012
Documentation - Page 6 sur 9
Jacques et son maître
29 janvier 2012
Attention, divertissement brillant du côté de la Pépinière Théâtre avec l’adaptation
de la pièce de Milan Kundera « Jacques et son maître » par Nicolas Briançon !
(…) si vous avez le goût du rire intelligent et subtil, si vous voulez passer une
soirée stimulante où les mots et les idées s’enchainent sans fausse note, ne
manquez pas cette pièce ! « Jacques et son maître » est un hommage du
romancier tchèque à Diderot, il est aussi une réflexion dynamique et maligne sur le
théâtre et donne la part belle au procédé de mise en abyme, à la représentation
dans la représentation ici, en outre. Et, c’est pour le metteur en scène un challenge
majeur que de parvenir à donner à forme à ces histoires dans l’histoire. Nicolas
Briançon, qui incarne également Jacques, y prend vraisemblablement un sacré
plaisir et réussit ce tour de force avec énergie et sagacité. Ainsi donc, Jacques, le
serviteur, qui répète que « Tout est écrit là haut » – et ce là-haut c’est ici
davantage le lieu au balcon où se place historiquement l’auteur durant la
représentation, et son maître. Ils marchent vers on ne sait où et s’occupent en se
racontant les histoires de leurs amours passées. C’est l’occasion de multiples
saynètes où le serviteur et son maître vont s’incarner plus jeunes et dans d’autres
contextes en interaction avec des amis et des amantes d’antan. En chemin, ils
s’arrêteront dans une auberge, où la patronne – l’actrice utilisant le même procédé
de narration, contera à son tour le récit d’un amour contrarié et malheureux suivi
d’une vengeance. Rapidement, les deux hommes comprendront les similarités
entre les situations. C’est l’image du manège qui s’impose à Jacques. Alors, malgré
l’humour et la dérision qui maintiennent cette architecture complexe, émerge une
vision franchement désabusée des relations amoureuses et amicales : il y a
toujours un manipulateur, un manipulé et un personnage objet au centre, et une
souffrance. Maligne, la pièce suggère cette posture et ne nous intime pas à
l’adopter.
Briançon et l’épatante troupe d’acteurs ne cèdent jamais aux écueils de grivoiserie
ou de simplification que pourrait engendrer le texte et parviennent à construire
ensemble un excellent et spirituel moment de théâtre.
Comique, tendre, pertinent et grand public, c’est suffisamment rare pour ne pas
passer à côté !
Laure Dasinières - NotForTourist - 29/01/2012
Une variation de Milan Kundera sur le roman de Diderot "Jacques le Fataliste" :
trois histoires, une pièce, dix comédiens, et deux pensées qui dialoguent de la
liberté, du plaisir et de la vie... Une justesse de jeu chez les comédiens qui convie
a un très bon spectacle à la fois léger et profond, teinté d’humour.
Acte 2 - avril 2012
Documentation - Page 7 sur 9
Jacques et son maître
(...) Librement adaptée de "Jacques le fataliste" de Diderot, la pièce de Kundera
est surtout l’occasion de célébrer l’amitié philosophique virile, savant mélange
d’esprit et de chaleur humaine. Pour interpréter ces deux copains comme cochons,
Yves Pignot et Nicolas Briançon s’en donnent à cœur joie. Déployant un énergique
théâtre de tréteaux, Jacques et son maître est un spectacle simple et couillon. En
un mot : intelligent – les femmes en moins. Un récit tout en digressions et en
histoires dans l’histoire de Diderot : du pain bénit pour le théâtre ! La célèbre
structure dramaturgique du roman est ici l’occasion idéale de ramener le théâtre à
ses qualités les plus ludiques. Un claquement de pied et le récit change de
narrateur, de lieux, de personnages. Grâce à un décor transformable simple et à
quelques tréteaux, Jacques et son maître affiche sa volonté d’un théâtre convivial
qui annule toute frontière entre les spectateurs et les comédiens. Bienvenu dans le
monde de la farce médiévale et du siècle des Lumières. Le plaisir de jouer se mêle
ici au plaisir de penser. Et comme à une querelle de bistro, la réflexion se nourrit
de philosophie plus ou moins consistante à mesure que les bouteilles se vident.
I want to break free Entre deux saynètes, Kundera a la malice de proposer une
réflexion sur la liberté. Soumis au bon vouloir de leur créateur (l’auteur/Dieu/le
metteur en scène), les personnages s’en remettent à lui. Ce qui a été écrit sera réécrit.
La répétition se veut éternelle. Pourtant, l’auteur franco-tchèque propose une autre
alternative à cette fatalité. Sur le point d’être pendu, Jacques supplie son auteurcréateur de le sauver. Et c’est ce qui arrive. La créature se libère de ses chaînes.
Derrière l’humour de la situation se cache un propos bien plus subtil : la liberté est
donnée à celui qui la prend. Et voilà l’humanisme résumé en une scène. (...)
Gwendoline Soublin
Rebaptisée "Jacques et son maître", Milan Kundera a fait de cette merveille à lire
un plaisir à voir. Comme un hommage à Denis Diderot et à ses deux voyageurs en
trois actes, Nicolas Briançon, le metteur en scène, a décidé de reprendre ce
spectacle qu'il comptait à son répertoire il y a de ça, plus de dix ans. Plus qu'une
reprise, c'est une re-création. Car "Jacques le Fataliste" est un texte que l'on ne lit
pas avec la même vigueur, selon les âges. Dix ans ont passé, et Briançon ne voit
plus Jacques comme il le voyait jadis. C'est tout là, la magie de cet écrit. C'est
ainsi, grâce à la maturité, qu'il confronte de nouveau ses personnages, et qu'il
nous plonge, de nouveau, dans cette fabuleuse histoire qu'est celle du voyage de
"Jacques et de son maître", en quête de liberté, de savoir, de sagesse.
Acte 2 - avril 2012
Documentation - Page 8 sur 9
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