Jacques et son maître 
Acte 2 - avril 2012    Documentation - Page 1 sur 9 
Présentation 
 
Diderot, Kundera…  L’intelligence et le plaisir. Le Bonheur  à l’état pur.  Bonheur d’un 
texte en état de grâce, qui nous enchante et nous rend plus heureux. Intelligence de 
deux  pensées  qui,  à  plusieurs  siècles  de  distance,  dialoguent,  s’interrogent  et 
s’amusent, dans une lisibilité absolue qui nous fait croire à la vie. La liberté, le plaisir, 
le bonheur, la nostalgie, l’ivresse et le naufrage : il y a tout cela dans "Jacques". Tout 
ce  qui  est  au  cœur  même  de  nos  vies.  Tout  ce  qui  les  traverse  et  les  irradie.  Cet 
hommage au siècle des Lumières français nous rappelle à quel point le théâtre peut-
être ce moment de plaisir et d’intelligence limpide qui le rend si précieux. 
Je  voulais  remonter  cette  pièce  quinze  ans  après  ma  première  version  et  retrouver 
Yves Pignot, mon «  maître ». Je voulais confronter nos personnages à  l’épreuve du 
temps,  puisque  ces  deux-là  sont  sans âge.  Je  voulais  nous,  et  vous  faire  plaisir,  du 
moins je l’espère, en replongeant dans ces aventures merveilleuses. C’est une belle et 
formidable pièce. Légère et profonde, vive et grave. Elle nous fait respirer un peu plus 
haut, un peu plus loin. 
C’est un rêve de théâtre ! 
Nicolas Briançon, metteur en scène 
 
 
Note de l'auteur 
 
De toutes les adaptations je pense la même chose que le maître de Jacques quand il 
s’exclame : « Que périssent tous ceux qui se permettent de réécrire ce qui a été écrit 
! […] Qu’ils soient châtrés et qu’on leur coupe les oreilles ! ».  Ma pièce n’est pas une 
adaptation. C’est ma variation très libre sur un roman que j’adore, un hommage à son 
auteur, à son humour, à sa liberté.  
Déjà, en  1998,  Nicolas Briançon a  présenté  une mise  en scène  de "Jacques et  son 
maître".  Enchanté,  j’ai  alors  vu  le  spectacle  au  moins  quinze  fois,  heureux  que  le 
metteur en scène ait été sensible à chaque phrase de mon texte, écrit en 1971, alors 
que je vivais encore à Prague, aux pires moments de l’occupation russe. Dans ce trou 
noir  de  notre  siècle,  j’avais  eu  besoin  d’entrevoir  un  rayon  de  soleil  venu  du  dix-
huitième siècle français. D’où l’esprit de la pièce : le comique pénétré de mélancolie, 
le  rire  qui  pleure. Briançon  revient  aujourd’hui  à  "Jacques  et  son  maître"  et,  encore 
une fois, je suis enchanté. Il est toujours fidèle et à lui-même et à moi, à la simplicité 
de la scène, à ses excellents acteurs (je suis heureux de les retrouver presque tous, 
après quatorze ans) et à l’esprit d’un désespoir enjoué. Une petite remarque, le titre 
dit : « …hommage à Denis Diderot en trois actes ». Pourtant, chez Briançon, il n’y a 
aucun  entracte.  En  effet,  quelle  barbarie  que  d’interrompre  une  œuvre d’art  !  Je 
pense aux sonates et aux symphonies ; elles sont toujours divisées en trois ou quatre 
mouvements  dont  chacun  est  marqué par  un  tempo  différent.  Ce  changement  des 
tempi  donne  à  l’ensemble  sa  forme.  Voici  les  tempi  du  "Jacques  et  son  maître"  de 
Briançon  :  premier  acte  (le  voyage  commence)  :  allegro  ;  deuxième  acte  (l’arrêt  à 
l’auberge) : vivace d’un scherzo ; dernier acte (la fin du voyage) : lento.  
Briançon est un musicien de la mise en scène. 
Milan Kundera