Jacques et son maître Présentation Diderot, Kundera… L’intelligence et le plaisir. Le Bonheur à l’état pur. Bonheur d’un texte en état de grâce, qui nous enchante et nous rend plus heureux. Intelligence de deux pensées qui, à plusieurs siècles de distance, dialoguent, s’interrogent et s’amusent, dans une lisibilité absolue qui nous fait croire à la vie. La liberté, le plaisir, le bonheur, la nostalgie, l’ivresse et le naufrage : il y a tout cela dans "Jacques". Tout ce qui est au cœur même de nos vies. Tout ce qui les traverse et les irradie. Cet hommage au siècle des Lumières français nous rappelle à quel point le théâtre peutêtre ce moment de plaisir et d’intelligence limpide qui le rend si précieux. Je voulais remonter cette pièce quinze ans après ma première version et retrouver Yves Pignot, mon « maître ». Je voulais confronter nos personnages à l’épreuve du temps, puisque ces deux-là sont sans âge. Je voulais nous, et vous faire plaisir, du moins je l’espère, en replongeant dans ces aventures merveilleuses. C’est une belle et formidable pièce. Légère et profonde, vive et grave. Elle nous fait respirer un peu plus haut, un peu plus loin. C’est un rêve de théâtre ! Nicolas Briançon, metteur en scène Note de l'auteur De toutes les adaptations je pense la même chose que le maître de Jacques quand il s’exclame : « Que périssent tous ceux qui se permettent de réécrire ce qui a été écrit ! […] Qu’ils soient châtrés et qu’on leur coupe les oreilles ! ». Ma pièce n’est pas une adaptation. C’est ma variation très libre sur un roman que j’adore, un hommage à son auteur, à son humour, à sa liberté. Déjà, en 1998, Nicolas Briançon a présenté une mise en scène de "Jacques et son maître". Enchanté, j’ai alors vu le spectacle au moins quinze fois, heureux que le metteur en scène ait été sensible à chaque phrase de mon texte, écrit en 1971, alors que je vivais encore à Prague, aux pires moments de l’occupation russe. Dans ce trou noir de notre siècle, j’avais eu besoin d’entrevoir un rayon de soleil venu du dixhuitième siècle français. D’où l’esprit de la pièce : le comique pénétré de mélancolie, le rire qui pleure. Briançon revient aujourd’hui à "Jacques et son maître" et, encore une fois, je suis enchanté. Il est toujours fidèle et à lui-même et à moi, à la simplicité de la scène, à ses excellents acteurs (je suis heureux de les retrouver presque tous, après quatorze ans) et à l’esprit d’un désespoir enjoué. Une petite remarque, le titre dit : « …hommage à Denis Diderot en trois actes ». Pourtant, chez Briançon, il n’y a aucun entracte. En effet, quelle barbarie que d’interrompre une œuvre d’art ! Je pense aux sonates et aux symphonies ; elles sont toujours divisées en trois ou quatre mouvements dont chacun est marqué par un tempo différent. Ce changement des tempi donne à l’ensemble sa forme. Voici les tempi du "Jacques et son maître" de Briançon : premier acte (le voyage commence) : allegro ; deuxième acte (l’arrêt à l’auberge) : vivace d’un scherzo ; dernier acte (la fin du voyage) : lento. Briançon est un musicien de la mise en scène. Milan Kundera Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 1 sur 9 Jacques et son maître La presse : 1er février 2012 Tout ravit, la naïveté d'Yves Pignot (le Maître), la lucidité de Nicolas Briançon (Jacques), le beauté de Nathalie Roussel (l'aubergiste), la fluidité de la mise en scène, et surtout la pièce de Kundera, meilleure que celles de Diderot, gâtées par le désir d'édifier. On se grise de bonne humeur. Jacques Nerson 20 mars 2012 Jamais l'un sans l'autre. Nicolas Briançon reprend - et peaufine - sa mise en scène du texte de Milan Kundera. Une réussite. Le regard fixé sur le public, Jacques demande à son maître: « Qu'ont-ils tous à nous regarder ? » Les spectateurs ne vont plus lâcher le tandem des yeux jusqu'à la dernière minute. Pour la troisième fois, Nicolas Briançon revient à cette « variation » libre de Milan Kundera sur les œuvres de Diderot. Et c'est une vraie réussite, dont la truculence n'a d'égale que la verve. Elle doit beaucoup à l'association de Nicolas Briançon, le valet, et Yves Pignot, son maître. Celui-ci exige que le premier lui conte son dépucelage dans les moindres détails, mais il ne peut s'empêcher d'y ajouter ses propres fantasmes érotiques. Le spectateur revit donc les péripéties canailles des deux coureurs de jupons, interrompus par d'autres saynètes jouées avec bonheur. Sous les traits débonnaires de Nicolas Briançon, Jacques est rusé, « fataliste » et généreux. De son côté, Yves Pignot compense ses faiblesses de cœur par une naïveté touchante. Comme Montaigne et La Boétie, les deux hommes pourraient affirmer: « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. » La mise en scène alerte est encadrée par des pans de bois mobiles sur un plateau rehaussé par Pierre-Yves Leprince. Un dispositif rustique mais astucieux qui permet le théâtre dans le théâtre. Nathalie Roussel, François Siener, Patrick Palmero ou Sophie Mercier complètent l'heureuse distribution. Kundera lui-même n'a pas manqué de la saluer à de nombreuses reprises. Nathalie Simon Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 2 sur 9 Jacques et son maître L'avis du Figaro : excellent. 26 février 2012 La plantureuse digression de Kundera Milan Kundera et Denis Diderot, une rencontre improbable? Découvrez Jacques et son maître sur scène. Une véritable gourmandise. C'était écrit : amoureux l'un et l'autre des culs plantureux, de l'art de la digression et de la philosophie, Denis Diderot et Milan Kundera devaient se rencontrer. La chose eut lieu grâce au second, qui composa sur l'oeuvre du premier une friandise théâtrale aux saveurs telles que ce gourmand de Nicolas Briançon la mit en scène avec le truculent Yves Pignot et toute une bande de joyeux compères. Cheminant donc avec son maître, Jacques le distrait en lui racontant la perte de son pucelage. Et quelle histoire ! Une histoire sans cesse interrompue par celles des autres, qui en ont de plus urgentes à raconter. Des vertes et des pas mûres, des juteuses et des salées. Une gourmandise à faire fondre la banquise. Laurence Liban 22 février 2012 Inspirée du roman de Diderot, la pièce de Milan Kundera reprend le dialogue insolent du philosophe. On y retrouve la liberté d'écriture, l'enchâssement des récits, notamment celui consacré à madame de La Pommeraye, qui se venge de son marquis volage en l'humiliant publiquement. De manière générale, la pièce est davantage centrée sur le libertinage, la liberté d'aimer et les pièges de la fidélité. Réalisée il y a déjà quinze ans, cette mise en scène de Nicolas Briançon n'a pas pris une ride. Elle est enjouée, fluide, vivante, parfois brillante. Nicolas Briançon luimême joue un Jacques (le valet) inattendu, finaud et beau garçon (...). On peut penser que Kundera réduit quelque peu le propos de Diderot, mais qu'importe, la soirée est bonne ! Sylviane Bernard-Gresh Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 3 sur 9 Jacques et son maître (…) Les réflexions de Jacques et de son maître, sur la vie, l'ordre des choses, le désordre de l'amour sont joyeuses, brillantes, éclatantes. Briançon fait une variation sur sa vision de l'œuvre, dont l'harmonie est l'amour du théâtre. Si le ton est devenu un peu plus grave, il en a quand même gardé une certaine légèreté, car Briançon est un optimiste. Dans le rôle du Maître, nous retrouvons Yves Pignot, et dans celui du valet, Nicolas Briançon. Leur complicité scénique et leur plaisir de jouter sont toujours aussi réjouissants. Ils peuvent s'appuyer sur l'excellence des comédiens qui les entourent. Ce remarquable travail nous a été présenté en juin 2007, au festival d'Anjou. Il aura fallu ce temps pour que le spectacle arrive à Paris. (…) « Jacques et son maître » est un bel hommage aux relations humaines et surtout au théâtre. Marie-Céline Nivière - janvier 2012 (…) Que Nicolas Briançon choisisse de reprendre ce spectacle est un bien beau cadeau. Il nous offre un vrai moment de liberté salvatrice, une gageure dont il serait bien idiot de se priver en ces temps plus que moroses… (…) Le spectacle mis en scène par Nicolas Briançon est étincelant d'intelligence gaillarde. Certes, il y a parfois des accents cruels mais c'est surtout la fraternité unissant Jacques et son maître, inséparables comme Don Quichotte et Sancho Panza, qui est ici célébrée et elle remplit le cœur. Les décors et les costumes de Pierre-Yves Leprince conjuguent l'élégance au mode de la simplicité. Tout est en place. Ne reste plus au fond qu'à dérouler une partition aussi agile qu'impeccablement réglée. Sur scène, Nicolas Briançon et Yves Pignot forment un duo de haute voltige. Difficile de dissimuler dans l'œil qui frise le plaisir qu'ils ont à jouer ensemble. Un plaisir qui entraîne autant la salle que le reste de la distribution. On citera notamment Nathalie Roussel, François Siener, Patrick Palmero et Philippe Beautier. Entre légèreté et profondeur, la soirée est délicieuse. Dimitri Denorme Acte 2 - avril 2012 – 8 février 2012 Documentation - Page 4 sur 9 Jacques et son maître janvier 2012 S’il fallait désigner le spectacle parfait pour donner envie d’aller au théâtre - et surtout d’y retourner - "Jacques et son maître" serait sans conteste celui qui viendrait en premier à l’esprit. Nicolas Briançon (Jacques) et son complice Yves Pignot (son maître) mènent la danse avec entrain et décontraction. Diderot, revu et finalement pas trop corrigé par Milan Kundera, leur fournit un canevas idéal pour passer un moment agréable sur scène et renvoyer aux spectateurs l’écho de leur bonheur de jouer des personnages truculents. Ils n’oublient pas de raconter de belles histoires propices à de nombreux bons mots, à une dose raisonnée de paillardises, sans oublier quelques leçons de bon sens philosophique dans lesquelles la philosophie n’est pas loin du boudoir ou du goulot de la bouteille. Rares sont les écrivains qui, comme ici Milan Kundera, ont l’humilité de rendre hommage à l’un de leurs glorieux devanciers sans montrer ce qu’ils leur apportent ou leur retranchent. On peut seulement noter que l’auteur de "La Plaisanterie" admire avant tout le romancier Diderot, l’auteur du "Neveu de Rameau" ou de "Jacques le Fataliste", canevas de ce "Jacques et son maître", et qu’il le transpose pour la scène dans un climat théâtral qui n’est pas loin d’un illustre contemporain du philosophe : Carlo Goldoni. Sur la scène se dessine un 18ème siècle dans lequel les libertins font des mœurs un enjeu pour la liberté. Kundera voit, à juste titre, en Diderot un auteur qui met la liberté de créer et de dire au-dessus de tout. Pas étonnant s’il a l’idée d’écrire "Jacques et son maître" après l’écrasement du Printemps de Prague. Mais, aujourd’hui, on est avant tout ici pour rire et pour écouter les comédiens se démener dans des histoires qui s’imbriquent les unes dans les autres. Les cinéphiles seront ainsi ravis de revoir sur scène le canevas des "Dames du Bois de Boulogne" de Robert Bresson, évidemment sans les dialogues de Jean Cocteau. Toute la troupe dirigée par Nicolas Briançon est à l’unisson dans un spectacle au tempo impeccable. Dans ce divertissement populaire réjouissant, qui fait toutefois confiance à la puissance des mots, on est garanti contre les temps morts et les baisses de régime Briançon ne trompe pas son monde quand il déclare : "C’est une belle et formidable pièce. Légère et profonde, vive et grave. Elle nous fait respirer un peu plus haut, un peu plus loin. C’est un rêve de théâtre !" Allez ! N’hésitez pas à venir y rêver à votre tour ! Philippe Person Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 5 sur 9 Jacques et son maître 5 mars 2012 « Jacques et son Maître n’est pas une adaptation ; c’est ma propre pièce … mon hommage à Diderot. » déclare Kundera. C’est tout à la fois trois rencontres : deux écrivains, deux siècles, deux genres roman /théâtre. De Diderot, il a gardé la forme libre du « roman-jeu » divertissant et sensuel. (…) Pas d’unité d’action mais trois histoires d’amour : celle du maître, celle de Jacques, celle de Mme de la Pommeraye racontées par Jacques et son maître, mais aussi par l’aubergiste, le Marquis des Arcis…. Histoires entremêlées, sans lien chronologique. De plus, les personnages-narrateurs s’interrompent, digressent à l’infini et devisent avec naturel et malice. C’est cette fantaisie et cette liberté d’écriture, de ton et surtout d’esprit qui ont plu à Kundera chez Diderot, philosophe des Lumières qui, seul, a osé, une fois, transgresser les conventions du genre romanesque. Ainsi, nul réalisme ni étude psychologique (d’où l’anonymat des personnages), non plus qu’un contexte défini. Les hommes décrivent les femmes comme des objets de plaisir avec amoralité et sexisme, dirait-on, aujourd’hui, mais rien n’est à prendre au sérieux : infidélités, mensonges, complots, sont écrits et joués sur un mode comique. Il règne un érotisme débridé pour l’époque, gratuit parce que non justifié par les sentiments. Jacques avec son franc-parler populaire titille le désir de son maître « elle avait un de ces culs ! », dit-il avec une gestuelle suggestive pour en révéler le charnu tant aimé. On s’amuse beaucoup dans les chassés-croisés. Le spectateur suit avec complicité les récits truculents, sans cesse entrecoupés par le jeu plein de gouaille de l’aubergiste (une femme appétissante pour le maître) qui est aussi Mme de la Pommeraye ; du fils Bigre trompé par Justine et son meilleur ami ; le jeu de Des Arcis qui « roule » son ami le maître, ayant tous deux la même maîtresse. Malgré ce beau désordre, la structure d’ensemble est cohérente, et sur ce point la mise en scène a évité le risque de perdre les spectateurs : c’est clair et on suit le fil. Le rythme, le ton, les gestes sont ceux de la comédie légère. (…) Les comédiens [ont] le verbe haut, très assurés dans leurs déplacements et les dialogues à la langue populaire savoureuse, ils content leurs facéties avec une délectation communicative. Sur le plateau on crie, on festoie, on intrigue… (…) Une trouvaille dans la mise en scène : l’accordéoniste sur scène, qui rythme les différentes aventures, apporte une note encore plus festive, avec des élans nostalgiques. (…) Rappelons que sa réécriture de Jacques le Fataliste est née, comme une libération de l’esprit et de la parole, en 1970, malgré et à cause de l’obscurité communiste russe survenue en Tchécoslovaquie en 1968. Les traces que cette nuit a laissées en cet écrivain, ajoutées à celles des guerres mondiales, lui font dire : « Trente ans après, le maître et le valet de fin de partie, de Beckett, se trouvent déjà seuls sur la scène vide du monde. Le voyage est terminé. » Anne-Marie Watelet Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 6 sur 9 Jacques et son maître 29 janvier 2012 Attention, divertissement brillant du côté de la Pépinière Théâtre avec l’adaptation de la pièce de Milan Kundera « Jacques et son maître » par Nicolas Briançon ! (…) si vous avez le goût du rire intelligent et subtil, si vous voulez passer une soirée stimulante où les mots et les idées s’enchainent sans fausse note, ne manquez pas cette pièce ! « Jacques et son maître » est un hommage du romancier tchèque à Diderot, il est aussi une réflexion dynamique et maligne sur le théâtre et donne la part belle au procédé de mise en abyme, à la représentation dans la représentation ici, en outre. Et, c’est pour le metteur en scène un challenge majeur que de parvenir à donner à forme à ces histoires dans l’histoire. Nicolas Briançon, qui incarne également Jacques, y prend vraisemblablement un sacré plaisir et réussit ce tour de force avec énergie et sagacité. Ainsi donc, Jacques, le serviteur, qui répète que « Tout est écrit là haut » – et ce là-haut c’est ici davantage le lieu au balcon où se place historiquement l’auteur durant la représentation, et son maître. Ils marchent vers on ne sait où et s’occupent en se racontant les histoires de leurs amours passées. C’est l’occasion de multiples saynètes où le serviteur et son maître vont s’incarner plus jeunes et dans d’autres contextes en interaction avec des amis et des amantes d’antan. En chemin, ils s’arrêteront dans une auberge, où la patronne – l’actrice utilisant le même procédé de narration, contera à son tour le récit d’un amour contrarié et malheureux suivi d’une vengeance. Rapidement, les deux hommes comprendront les similarités entre les situations. C’est l’image du manège qui s’impose à Jacques. Alors, malgré l’humour et la dérision qui maintiennent cette architecture complexe, émerge une vision franchement désabusée des relations amoureuses et amicales : il y a toujours un manipulateur, un manipulé et un personnage objet au centre, et une souffrance. Maligne, la pièce suggère cette posture et ne nous intime pas à l’adopter. Briançon et l’épatante troupe d’acteurs ne cèdent jamais aux écueils de grivoiserie ou de simplification que pourrait engendrer le texte et parviennent à construire ensemble un excellent et spirituel moment de théâtre. Comique, tendre, pertinent et grand public, c’est suffisamment rare pour ne pas passer à côté ! Laure Dasinières - NotForTourist - 29/01/2012 Une variation de Milan Kundera sur le roman de Diderot "Jacques le Fataliste" : trois histoires, une pièce, dix comédiens, et deux pensées qui dialoguent de la liberté, du plaisir et de la vie... Une justesse de jeu chez les comédiens qui convie a un très bon spectacle à la fois léger et profond, teinté d’humour. Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 7 sur 9 Jacques et son maître (...) Librement adaptée de "Jacques le fataliste" de Diderot, la pièce de Kundera est surtout l’occasion de célébrer l’amitié philosophique virile, savant mélange d’esprit et de chaleur humaine. Pour interpréter ces deux copains comme cochons, Yves Pignot et Nicolas Briançon s’en donnent à cœur joie. Déployant un énergique théâtre de tréteaux, Jacques et son maître est un spectacle simple et couillon. En un mot : intelligent – les femmes en moins. Un récit tout en digressions et en histoires dans l’histoire de Diderot : du pain bénit pour le théâtre ! La célèbre structure dramaturgique du roman est ici l’occasion idéale de ramener le théâtre à ses qualités les plus ludiques. Un claquement de pied et le récit change de narrateur, de lieux, de personnages. Grâce à un décor transformable simple et à quelques tréteaux, Jacques et son maître affiche sa volonté d’un théâtre convivial qui annule toute frontière entre les spectateurs et les comédiens. Bienvenu dans le monde de la farce médiévale et du siècle des Lumières. Le plaisir de jouer se mêle ici au plaisir de penser. Et comme à une querelle de bistro, la réflexion se nourrit de philosophie plus ou moins consistante à mesure que les bouteilles se vident. I want to break free Entre deux saynètes, Kundera a la malice de proposer une réflexion sur la liberté. Soumis au bon vouloir de leur créateur (l’auteur/Dieu/le metteur en scène), les personnages s’en remettent à lui. Ce qui a été écrit sera réécrit. La répétition se veut éternelle. Pourtant, l’auteur franco-tchèque propose une autre alternative à cette fatalité. Sur le point d’être pendu, Jacques supplie son auteurcréateur de le sauver. Et c’est ce qui arrive. La créature se libère de ses chaînes. Derrière l’humour de la situation se cache un propos bien plus subtil : la liberté est donnée à celui qui la prend. Et voilà l’humanisme résumé en une scène. (...) Gwendoline Soublin Rebaptisée "Jacques et son maître", Milan Kundera a fait de cette merveille à lire un plaisir à voir. Comme un hommage à Denis Diderot et à ses deux voyageurs en trois actes, Nicolas Briançon, le metteur en scène, a décidé de reprendre ce spectacle qu'il comptait à son répertoire il y a de ça, plus de dix ans. Plus qu'une reprise, c'est une re-création. Car "Jacques le Fataliste" est un texte que l'on ne lit pas avec la même vigueur, selon les âges. Dix ans ont passé, et Briançon ne voit plus Jacques comme il le voyait jadis. C'est tout là, la magie de cet écrit. C'est ainsi, grâce à la maturité, qu'il confronte de nouveau ses personnages, et qu'il nous plonge, de nouveau, dans cette fabuleuse histoire qu'est celle du voyage de "Jacques et de son maître", en quête de liberté, de savoir, de sagesse. Acte 2 - avril 2012 Documentation - Page 8 sur 9