Désormais intégrée au cœur du nouvel arsenal
thérapeutique, l’immunothérapie anti-tumorale
vise à forcer l’activation des cellules tueuses du
système immunitaire dirigées contre la tumeur.
Longtemps focalisée sur la seule composante
adaptative de l'immunité (anticorps
cytotoxiques, vaccins thérapeutiques…),
l’immunothérapie pourrait s’appuyer demain
sur les nouvelles classes de médicaments qui
potentialisent le compartiment inné du
système immunitaire.
Retour sur les acteurs, les mécanismes d’action
et les caractéristiques de deux compartiments
plus complémentaires qu’ils en ont l’air !
L’immunité adaptative, une réponse mémoire spécifique
L’immunité innée, une réponse immédiate et sélective
L’immunité innée est le premier système de défense apparu au cours de l’évolution et le seul présent aussi chez les Invertébrés, soit 95% des
espèces animales. Chez les mammifères, la réponse innée fait intervenir un ensemble de cellules qui sont mobilisées en quelques minutes :
Cette nouvelle rubrique, intitulée I2, vise à mettre en lumière la science et les développements d’Innate
Pharma. Nous commençons aujourd’hui par une rapide présentation du champ de l’immunité innée et
rentrerons, au fil des éditions de cette « Lettre aux actionnaires », dans le détail des compartiments ou
des mécanismes d’action associés aux nouvelles classes de candidat-médicaments développées par la
société. Nous entendons ainsi vous permettre de mieux appréhender les spécificités et les enjeux des
développements d’Innate Pharma.
I2: LA SCIENCE D’INNATE
L’immunité, de la science à l’immunothérapie des cancers
oLes cellules T γδ et Natural Killers, deux sous-populations de lymphocytes capables de tuer spontanément des cellules tumorales ou
infectées.
oLes cellules NKT, un sous-groupe de lymphocytes spécialisés.
oLes cellules dendritiques, des cellules présentatrices « professionnelles ».
oEnfin, les polynucléaires et les macrophages, la flotte de « camions poubelles » du système immunitaire (souvent classés à ce titre dans
l’immunité dite « naturelle »).
Suite à une agression, la réponse adaptative est assurée en
quelques jours par les lymphocytes B et T. Ces derniers
reconnaissent spécifiquement la cible à éliminer et dirigent leur
action contre elle et elle seule. Grâce à cet apprentissage, le
« profil » de l’intrus est gardé en mémoire dans l’organisme qui
est alors plus prompt à réagir lors d’une seconde rencontre avec
le même agent pathogène. C’est le principe sur lequel repose la
vaccination.
Ce système individualisé est fondé sur des récepteurs spécifiques
qui tapissent la surface des lymphocytes (les immunoglobulines -
ou anticorps - des lymphocytes B et le TCR des lymphocytes T).
Ceux-ci leur permettent de reconnaître l’antigène qui signe
l’agent à éliminer puis, une fois le contact établi, de s’activer,
proliférer et tuer les cellules tumorales exprimant cet antigène. Si
les lymphocytes B reconnaissent l’antigène à l’état « natif », celui-
ci doit être préalablement découpé avant d’être présenté aux
lymphocytes T. Chaque lymphocyte T ne reconnaît en effet
qu’un fragment de l'antigène à condition que celui-ci soit exposé
dans une « poche » constituée par des « molécules du soi »
situées à la surface de cellules présentatrices comme les
macrophages ou les cellules dendritiques (les molécules du
complexe majeur d’histocompatibilité ou CMH).
Ce système de haute précision s’est parfois révélé efficace,
comme dans la prise en charge du lymphome non hodgkinien
par le rituximab (commercialisé sous le nom de Rituxan®) : cet
anticorps cytotoxique dirigé contre un antigène de la tumeur
permet la lyse (ou l’élimination) de la cellule par la mobilisation
de cellules effectrices, NK principalement. Le traitement entraine
un très fort taux de rémission de la maladie et des effets
secondaires plus limités que les thérapies usuelles.
Reste que cette spécificité fine a certaines limites, en particulier la
faible immunogénicité des cellules tumorales (car souvent, bien
qu’anormales, elles sont reconnues comme des cellules du soi, ce
qui limite notamment l’efficacité des vaccins thérapeutiques) et
leur capacité à leurrer le système immunitaire (au cours de la
maladie, les cellules tumorales accumulent des
mutations modifiant l’antigène, qui n’est alors plus reconnu par
les lymphocytes B ou T, très spécifiques, ou encore perdent
l’expression des molécules du CMH ce qui les rend « invisibles »
aux yeux des lymphocytes T du système adaptatif).
D’autre part, la très faible fréquence de cellules reconnaissant un
antigène donné et le délai de mise en place de la réponse
facilitent la mise en place de ces mécanismes d’échappement.
5/7
Immunité naturelle Immunité innée Immunité adaptative
Macrophages Cellules
dendritiques
Cellules
NK
Cellules
T γδ
Cellules
NKT
Cellules
T
Cellules
B