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l’éducation puisque philosopher c’est, en particulier, questionner le rapport de
l’homme au savoir, prendre la mesure des dimensions éthique et politique de
l’existence humaine, penser l’être humain comme perfectible, ayant à devenir
humain, bref comme éducable.
2. La deuxième étape est le moment du pédagogique, avec des gens qui, sans
renier le moins du monde les penseurs qui les ont précédés puisqu’ils s’y
réfèrent très souvent de manière explicite, sont davantage des praticiens : les
pédagogues. Ce rapport dominant à l’éducation court sur plus d’un siècle, soit
en gros des années 1850 aux années 1960-1980. Cet « âge d’or » du
pédagogique, comme je le nomme volontiers, prend place dans une société où
le développement des écoles devient une affaire d’Etat, engage des choix
politiques, et concerne l’ensemble de la population. Dans ce contexte, Les
pédagogues donnent souvent l’image d’hommes engagés politiquement et/ou
syndicalement, porteurs d’une éthique c’est-à-dire d’un système de valeurs
qu’ils veulent promouvoir. Ces praticiens, ces artisans bricoleurs, se réfèrent à
la pensée philosophique, et à la psychologie à travers ce qu’elle dit du
développement de l’enfant et des apprentissages.
3. La troisième étape, celle que nous vivons aujourd’hui, s’inscrit dans le cadre
de l’idéologie dominante à caractère scientifique et technique. Là aussi, sans
pour autant renier les apports antérieurs, elle s’appuie sur les sciences
humaines, dont en particulier les Sciences de l’éducation. Dans cette 3e phase,
la pensée didactique produit le discours dominant, celui qui est le plus attendu
et entendu. On parle aussi aujourd’hui volontiers d’ingénierie pédagogique à
travers le développement des Sciences de l’éducation, des théories de
l’apprentissage, des techniques de formation et de management.
1.1.2. L’enseignant : héritier et passeur
- Que la philosophie de l’éducation ait une longue et riche histoire n’empêche
pas qu’elle soit toujours vivante, même si elle n’est pas toujours entendue eu
égard aux discours des sciences humaines :
o soit comme dimension de la réflexion philosophique,
o soit comme réflexion sur le sens des pratiques éducatives.
- Qu’à travers l’évocation du passé se joue une meilleure compréhension du
présent. S’appuyer sur une vision du passé pour se donner davantage de
moyens, d’éléments pour penser le présent, pour anticiper sur l’avenir.
C’est Bergson, un philosophe du début du XXe siècle, qui, parlant de la mémoire,
montre qu’elle n’est pas seulement la faculté de se souvenir, mais qu’elle est plus que
cela : une dimension de la conscience que tout individu a d’exister. Pour lui
« conscience signifie d’abord mémoire », c’est-à-dire capacité à rendre présent le
passé. Rendre présent le passé, non pour vivre le présent sous le signe du passé mais