parvenir à une analyse claire du champ de la recherche contemporaine en matière
d’études cosmopolitiques, ainsi qu’à une mise en perspective des principales questions
que nous croiserons dans la suite du travail.
P
ARTIE
II. – Une fois ce travail de définition historique et normative accompli, il m’a
semblé nécessaire d’articuler la possibilité du cosmopolitisme politique avec la réalité
du processus de cosmopolitisation qui caractérise notre modernité. Cette articulation
n’était pour l’instant pas réalisée de manière systématique dans la perspective du
cosmopolitisme politique : c’est l’objet de la deuxième partie d’essayer de la mener à
bien. Le processus de cosmopolitisation doit être entendu comme le processus par
lequel le cosmopolitisme devient commun et pénètre de plus en plus la réalité de la vie
contemporaine. Il ne s’agit cependant pas de comprendre cette cosmopolitisation
uniquement en un sens sociologique, c'est-à-dire comme caractérisant la vie quotidienne
des individus. La cosmopolitisation présente deux versants que l’on peut distinguer de la
manière suivante : un versant subjectif (qui renvoie à l’émergence et au développement
de la conscience cosmopolitique) qui sera l’objet de notre chapitre III ; et un versant
objectif, au sens où il y a des éléments de cosmopolitisation qui ne dépendent pas des
représentations personnelles des individus (ou du degré de développement de leur
« conscience cosmopolitique »), mais qui contribuent à faire en sorte que nous soyons
dans une situation de cosmopolitisme de fait. Cette cosmopolitisation objective se
traduit d’abord par la remise en cause politique, économique et juridique du paradigme
classique des relations internationales (chapitre IV), puis par la situation contemporaine
de risques globaux (chapitre V). Ces deux aspects de la cosmopolitisation objective
correspondent, dans l’économie générale de notre travail, au fondement du
cosmopolitisme politique dans la mesure où ils peuvent être vus comme la manifestation
d’une sorte d’« impératif cosmopolitique » (selon les mots d’Ulrich Beck) – la
cosmopolitisation subjective pouvant, elle, être vue comme le développement de sa
« base de légitimation » (pour reprendre la formule de Jürgen Habermas que nous
commenterons).
P
ARTIE
III.
– Une fois fourni cet effort pour fonder le cosmopolitisme politique, il faut en
entreprendre une analyse systématique, c’est l’objet de notre troisième partie dans
laquelle j’entends distinguer, au sein du champ du cosmopolitisme politique, le
cosmopolitisme politique non-institutionnel et le cosmopolitisme politique