difficultes d`acquisition de la negation en français pour les

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Bulletin UASVM, Horticulture 65(2)/2008
pISSN 1843-5254; eISSN 1843-5394
DIFFICULTES D'ACQUISITION DE LA NEGATION EN
FRANÇAIS POUR LES APPRENANTS ROUMAINS
Elvira OROIAN
University of Agricultural Sciences and Veterinary Medicine, Faculty of Animal Husbandry and
Biotechnologies, 3-5 Manastur Street, 400372 Cluj-Napoca, Romania
Abstract: The paper points out ways of expressing negation in French in a contrasive manner. (French-
Romanian). Negation presents several difficulties in French this is why we stress upon its acquisition by
Romanian speakers.
INTRODUCTION
Dans la perspective actuelle, lorsque la didactique des langues étrangères se propose
comme objectif fondamental la compétence de communication, l'apprentissage d'une langue
étrangère est considéré comme un processus actif dans lequel l'apprenant est impliqué tout le
temps par la construction et l'utilisation de certaines stratégies qui ne sont pas choisies au
hasard, mais en rapport avec son expérience linguistique antérieure représentée par la langue
maternelle, mais aussi avec ce qu'il connaît de la langue étrangère.
La pratique de l'enseignement des langues étrangères démontre le fait que
l'enseignement des langues étrangères dans une corrélation permanente avec la langue
maternelle crée indiscutablement une base linguistique solide dans la sémantisation du
matériel de langue, contribue à la prise de conscience de l'apprentissage, stimule en même
temps l'intensification du processus d'acquisition des faits de langue, constitue un moyen de
devenir conscient des différences de structure et de fonctionnement entre les deux langues en
contact.
En analysant les rapports entre la structure linguistique divergente et les difficultés que
l'apprenant rencontre lorsqu'il s'exprime dans une langue étrangère ; quand il n'a pas encore
réussi à se détacher des structures de sa langue maternelle, on peut fixer les lignes directrices
d'une stratégie fondamentale sur la comparaison des langues qui suppose essentiellement:
- L'établissement d'un inventaire du matériel de langue des domaines du lexique, de la
phonétique, de la morphologie, de la syntaxe, de l'ethnologie conformément à
l'analyse constrastive;
- La fixation par comparaison d'un certain ordre dans l'enseignement du matériel de
langue, inventorié en fonction de son degré de complexité;
- La nécessité de rapporter toujours les structures de la langue étudiée aux structures
de la langue maternelle afin d'établir une typologie de ces structures (selon des
critères linguistiques) à buts didactiques et relever leur degré de difficulté dans le
processus d'acquisition (d'assimilation);
- Choisir des techniques de présentation et de mantisation du matériel de langue
dans le cadre des cours de langue étrangère, qui ont le rôle de contribuer à la
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réalisation du mécanisme d'apprentissage de la langue étrangère comme activité
cognitive consciente;
- Créer des exercices destinés à former chez les apprenants des habitudes
d'assimilation et d'utilisation correcte des structures grammaticales oralement on par
écrit;
- Déterminer le caractère des difficultés au niveau de la langue étudiée, ainsi que de
trouver des modalités efficientes d'organisation et de présentation de celles-ci qui
permette la réduction au minimum des erreurs qui apparaissent dans le processus
d'apprentissage d'une langue étrangère. La comparaison préalable des structures au
niveau des langues en contact est indispensable à l'enseignant auquel revient la tâche
d'établir un inventaire de ces structures, ainsi qu'un ordre dans leur présentation en
fonction de leur degré de difficulté;
Choisir des techniques, matériels, moyens spéciaux qui aide l'enseignant dans la
prophylaxie et la thérapie des erreurs de toutes sortes; d'ailleurs les erreurs représentent une
source d'information sur les connaissances acquises par les apprenants à un moment donné,
sur le progrès enregistré, ainsi que sur les stratégies et les procédés qu'ils utilisent dans
l'apprentissage d'une langue étrangère;
- Trouver de nouveaux matériels qui contribuent à augmenter l'intérêt et la motivation
de ses apprenants. La variété et la nouveauté sont en général la clé du succès dans ce
sens.
Par conséquent, la théorie communicative dans la didactique des langues étrangères, en
mettant l'accent sur les fonctions communicatives de la langue, a déterminé l'approche
fonctionnelle non pas seulement dans l'enseignement, mais aussi dans la structuration du
matériel linguistique. La conception de tout le processus d'enseignement/apprentissage en tant
que modèle du processus de communication, l'introduction du langage de spécialité dans les
étapes avancées soulignent l'objectif central du programme d'instruction dans la langue
étrangère et impose une attention particulière qu'il faut accorder à l'augmentation de
l'efficience des techniques d'enseignement/apprentissage. Cela impose l'application du critère
différencié tant dans l'établissement de l'inventaire de langue, que dans la présentation et la
fixation de celui-ci. L'application de la méthode d'analyse contrastive suppose dans ce cas:
- relever par comparaison des difficultés sur la base de l'analyse des faits de langue au
niveau du système de la langue étudiée, c'est-à-dire sur la base de l'analyse
intralinguale;
- relever par comparaison les difficultés sur la base de l'analyse interlinguale, c'est-à-
dire sur la base de l'analyse qu niveau des deux systèmes linguistiques qui se
trouvent en contact (dans notre cas le français et le roumain).
De la sorte, l'analyse constrastive peut être considérée, à vrai dire, comme une méthode
d'enseignement efficiente fondée sur l'exploitation didactique des éléments communs (des
ressemblances) et notamment des contrastes entre les deux langues trouvées en contact.
Relever des difficultés sur la base de l'analyse constrastive s'impose sur le fait que, si
elles ne sont pas prises en compte et assimilées correctement, elles peuvent mener
implicitement à l'apparition des fautes d'interférence.
MATERIEL ET MÉTHODES
Souvent, l'utilisation incorrecte des structures grammaticales de la langue française par
les apprenants est due pas nécessairement au fait qu'ils ne les connaissent pas du point de vue
théorique, sinon à l'interférence entre la grammaire du roumain et celle du français.
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Les structures négatives en français sont également soumises à l'interférence entre les
deux langues.
Il est bien connu le fait, que tant en français qu'en roumain, les phrases peuvent être
classifiées aussi selon l'aspect positif ou gatif du verbe, la dénomination de "phrase
positive" ou "négative" provenant des adjectifs latins "positivus" (qui expriment une
affirmation) et respectivement "negativus", ce dernier ayant à la base le verbe "negare", c'est-
à-dire, nier, dire "non".
En roumain aussi bien qu'en français on peut nier soit le prédicat, soit une autre partie
de proposition (sujet, nom prédicatif, attribut ou complément) ou la proposition entière.
Pour construire la forme négative du prédicat en roumain on utilise l'adverbe "non" qui
précède le verbe prédicatif ou le verbe copulatif.
Par conséquent, la transformation, en roumain, d'une phrase de type affirmatif dans une
phrase gative est relativement simple, en attachant l'adverbe "non" devant le verbe, peu
importe le type de verbe par lequel prédicat s'exprime.
En français la négation est double c'est-à-dire, dans une phrase négative les négations ne
pas encadrent le verbe, au moins aux temps simples.
Aux temps composés, ces deux négations encadrent le verbe auxiliaire:
Paul nu merge.
Paul ne va pas.
Elevii n-au sosit încă.
Les élèves ne sont pas encore arrivés.
Dans l'activité didactique, nous avons constaté que les débutants assimilent
correctement les structures négatives, pour qu'ensuite, au fur et à mesure qu'ils apprennent
d'autres structures, ils tendent à utiliser de plus en plus fréquemment la traduction mot-à-mot
des structures négatives du roumain.
Cela est du fait que les apprenants ne répondent plus mécaniquement aux stimules de
langue, mais ils formulent les propositions (réponses) d'abord en roumain et ils essaient de les
traduire mentalement, avant de les exprimer ou de les écrire.
Dans ce sens, aux temps composés, la difficulté qui apparaît c'est l'ordre des mots dans
la phrase, surtout lorsqu'il y a aussi un adverbe (cf. l'exemple précédent).
C'est le moment où, par l'intermédiaire des exercices, en graduant la difficulté,
l'enseignant doit consolider la structure grammaticale. Après les exercices de répétition, on
peut passer aux substitutions simples, puis aux substitutions complexes, en remplaçant le
verbe ou la personne, aux exercices d'invention qui fixent plus la structure grammaticale. En
passant aux exercices de transformation, on va demander aux apprenants d'utiliser les
structures affirmatives et négatives et puis la forme interrogative négative du verbe qui
constitue encore une difficulté pour les roumains à cause de l'ordre des mots dans la phrase:
De ce nu mi-ai telefonat încă?
Pourquoi ne m'as-tu pas encore téléphoné?
Un rôle important jouent les exercices de traduction, surtout ceux du roumain en
français, qui sollicitent l'attention des apprenants et ponctuent les différences entre les deux
langues.
Dans l'enseignement des temps verbaux composés qui contiennent un auxiliaire, les
exercices bien pensés et utilisés auront en vue de réactualiser tout le temps les autres
structures négatives acquises avant, parce que l'absence de leur réactualisation, mène souvent
à la structure négative maternelle, ou à la structure négative apprise récemment. Un rôle
important occupent ici les exercices de transformation (le passage de la structure gative
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d'un temps verbal à un autre, toujours à la forme négative et l'intégration de ce type
d'exercices dans le microdialogue.
A côté de l'enseignement/apprentissage de la forme négative des verbes aux différents
temps verbaux, il faut insister sur la construction de la forme négative d'une autre partie de
proposition (sujet, nom prédicatif, complément).
En roumain, la négation d'une autre partie de proposition que le prédicat se fait de la
même façon que la gation du prédicat, donc à l'aide de l'adverbe "non" placé devant la
partie de proposition qui va être niée:
Nu Ion ci Maria a scris scrisoarea asta.
Am auzit asta la televizor, nu la radio.
Plecăm maine nu săptămana viitoare.
Ce n'est pas Jean, mais Marie qui a écrit cette lettre.
Ce n'est pas à la radio, mais à la télé que j'ai entendu ça.
Ce n'est pas la semaine prochaine, mais demain que nous partons.
En français, la négation des autres parties de proposition que le prédicat peut se faire pas
la mise en relief, comme l'on voit dans les exemples précédents, ou par l'utilisation de
l'adverbe de négation non suivi par pas:
J'ai entendu ça à la télé et non pas à la radio.
Nous partons demain et non pas la semaine prochaine.
En Roumain, autant qu'en français, la forme négative de certaines parties de proposition
implique l'utilisation de quelques adjectifs, pronoms, et adverbes négatifs comme par
exemple: aucun, e; pas un, une; nul, le, ni ni; personne, jamais, rien, guère, plus,
point, nullement, nulle part, aucunement.
En français, l'adverbe ne peut être renforcé par ces mots à sens négatif qui, dans ce cas,
remplacent "pas".
Il ne connaît personne ici.
Personne n'est venu le voir.
Rien ne l'intéresse.
Nul homme n'était venu le voir.
Elle ne fait jamais ce qu'elle veut.
Je ne pense nullement à vous.
Le vent ne souffle plus.
On ne voyait de nulles parts que la mer.
Ces mots à sens négatif ont leur correspondant dans une phrase affirmative: quelqu'un,
quelque chose, toujours, chacun, tout, partout etc.
Parfois, même si les apprenants font la différence de sens entre les mots à sens négatif et
ceux à sens affirmatif, ils ne sont pas tojours capables de les employer correctement.
Dans ce cas, il faut attirer leur attention que la tournure gative de la phrase est un
indice important, par exemple dans les exercices à trous:
On ne voyait; de (nulles) parts que la mer. (Aucun) étudiant ne s’est absenté a cet
examen où (toutes) les notes ont été excellentes.
Même si la forme est négative en français dans la première phrase, en roumain on peut
la traduire à la forme affirmative:
De pretutindeni se vedea doar marea.
La plus grande difficulté pour les apprenants roumains c'est de faire la différence entre
la négation totale du type:
Personne n'est arrivé.
Nimeni n-a venit.
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Nici unul n-a reuşit la examen.
Aucun n'est réussi à l'examen et la négation partielle:
Nu toti au venit.
Tous ne sont pas arrivés.
Nu oricine poate face acest lucru.
Tout le monde ne peut pas faire ça.
Il faut mentionner que dans ce cas la négation est déficitaire en français.
Ainsi il nous est arriver d'entendre des traductions en roumain:
ToŃi n-au venit.
Toată lumea nu poate face asta.
Il est bon d'élaborer et d'utiliser des exercices qui permettent aux élèves de comprendre
en quoi consiste la différence de sens entre les deux types de négations pour qu'ils puissent
utiliser ces structures gramaticales correctement:
La négation apparente – le cas du que restrictif.
La construction ne ... que a le même sens avec senlement lorsqu'il est placé après le
verbe:
Je ne pense qu'à lui = Je pense seulement à lui.
Il ne boit que de l'eau = Il boit seulement de l'eau.
Dans ce cas, il faut remarquer que ne n'apparaît pas à côté de seulement.
Au fil des années, dans la pratique pédagogique, nous avons remarqué que les
apprenants prennent la construction ne ... que pour une négation. Les choses se compliquent
lorsqu'on arrive aux exercices avec l'article partitif.
On sait bien que le partitif est ommis dans une phrase gative et remplacé par la
préposition de:
Il ne mange pas de pain.
Il ne mange que du pain.
Dans le premier exemple la négation est totale ; tandis que dans le deuxième il s'agit de
la négation apparente, c'est-à-dire on peut transformer la phrase à la forme affirmative:
Il mange seulement du pain.
La négation ne peut être utilisée seule, dans les cas suivants:
a) Dans certaines expressions et locutions consacrées: n'importe, n'empêche, ne vous
déplaise (nu vă fie cu supărare), n'avoir garde de et dans quelques proverbes.
Il n'est pire eau que l'eau qui dort.
b) Après que interrogatif, ayant le sens de: pourquoi?
Puisque ce live vous plaît, que ne le prenez-vous?
c) Le plus souvent, dans une proposition relative au subjonctif qui dépend d'une principale
interrogative ou négative:
Y a-t-il quelqu'un qui ne le sache?
Il n'y avait pas de fleur dont elle ne connût le nom.
Ne est employé parfois seul:
a) qvec les verbes cesser, oser, pouvoir et savoir, utilisés surtout aux temps simples et suivis
par un infinitif:
Il ne cesse de neiger.
Frédéric, malgré la faiblesse des orateurs n'osait se risquer.
b) Souvent après la conjonction si, avec un sens conditionnel:
Si je ne me trompe, c'est le livre que nous cherchons.
c) Après depuis que, lorsque le verbe qui suit se trouve à un temps composé:
Si mois se sont écoulés depuis que je ne l'ai vue.
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