Agronomie Africaine 18 (1) : 1 - 11 (2006)
2B. T. A. GOULA et al.
scientifiques, techniques et socio-économiques
pertinentes pour comprendre les bases
scientifiques du risque du changement
climatique anthropique, ses impacts possibles
et les options d’adaptation et d’atténuation. Ce
groupe indique dans son rapport (Houghton et
al., 2001) que la température moyenne à la
surface de la terre s’est élevée de 0,6 °C depuis
1861, époque où on a commencé à enregistrer
des observations fiables. Le projet ACACIA
(Action Concertée du Programme Environ-
nement de la Commission des Communautés
Européennes) signale qu’en Europe, la
température moyenne annuelle s’est élevée
d’environ 0,8 °C au cours du 20
e
siècle, la dernière
décennie (1990 - 1999) étant la plus chaude, à
la fois annuellement et en hiver (Parry, 2001).
Dans ce sens, les travaux de Gasse (2000) cité
par Legesse et al. (2004) ont contribué à la
connaissance de l’histoire du changement
hydrologique depuis l’ère glaciale et a indiqué
la modification survenue dans le siècle passé.
Tous les spécialistes s’accordent à
reconnaître, que les activités humaines en
sont responsables ; et les impacts du
changement climatique sont une réalité
quotidienne (IPCC, 2001), en particulier, les
opérateurs des services de l’eau et de
l’assainissement (Water UK, 2004).
Au cours de ces dernières années, de nombreux
scientifiques dont Leavesley et al. (1992) et
Leavesley (1994) ont présenté quelques aspects
des impacts du changement climatique sur les
ressources en eau par la modélisation. Au
Canada, les travaux de Morin et Slivitzky (1992),
Ouarda et al. (1999), et Cheng et al. (2003) ont
permis de mieux évaluer les effets escomptés.
Au niveau de l’Europe, les mêmes objectifs ont
été atteints, avec un exemple d’étude
comparative de la réponse des bassins en
Suisse et en Belgique (Gellen et Schädler,
1997). Enfin, il vient d’être constaté une
régression de la banquise au niveau de
l’Antarctique de 20 % en 30 ans et un
réchauffement deux fois plus vite qu’ailleurs.
En Afrique sub-saharienne, la part des travaux
scientifiques reste faible. Toutefois, on peut
signaler les travaux de Calder et al. (1995),
Gasse (2000), Burlando et al. (2002) cités par
Legesse et al. (2004) qui a particulièrement
mené une étude plus affinée en Ethiopie.
En Afrique de l’ouest, il a été observé d’une
part, une baisse de la pluviométrie et des
débits moyens de l’ordre de 10 % en zones
humides et sub-humides et de 30 % au sahel
d’une part. D’autre part, il a été remarqué un
rétrécissement des zones humides, une
dégradation de la qualité des eaux, une
baisse des écoulements, une élévation de la
température avec apparition des végétaux
envahissants suite à une eutrophisation
croissante, un déficit du remplissage des
retenues (cas de Ouagadougou) et des
inondations récurrentes, etc.
En Côte d’Ivoire, les effets du changement
climatique ont été étudiés à travers un vaste
programme dont une des composantes porte
sur les ressources en eau. C’est donc dans
ce cadre, qu’a été réalisée l’étude portant sur
les impacts de ce phénomène sur les
ressources en eau du bassin versant du
Bandama à la station de Marabadiassa en
amont du lac de Kossou.
MATERIEL ET METHODES
MATERIEL
Milieu d’étude
Le Bandama, composé de trois principaux
affluents (le Bandama Blanc, le Bandama
rouge ou la Marahoué, et le N’zi), a une
longueur de 1050 km (Figure 1). Son bassin
couvre une superficie totale de 97 000 km
2
et
comporte deux barrages hydro-électriques
(Kossou et Taabo). La savane au Nord (climat
tropical de transition ou soudanien), la zone
pré-forestière ou la savane arborée (climat
équatorial de transition atténué) au Centre,
et la forêt dense au Sud (climat équatorial de
transition) constituent les différents types de
végétation.