Evaluation des effets physiologiques du tapis de stimulation nerveuse

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Evaluation des effets physiologiques du tapis de
stimulation nerveuse “Champ de Fleurs”
Avril-Mai 2014
Cette étude a été conduite par :
Indra Miķelsone
Docteur en biologie
Université de Lettonie
Institut de Médecine Clinique et Expérimentale
Ce rapport d’étude a été traduit de sa version originale qui est l’anglais. La
version originale est disponible sur demande à [email protected]
1
INTRODUCTION
Les tensions et les douleurs musculaires, dont principalement les douleurs au dos, sont
en passe de devenir un problème de santé majeur, conséquence de nos modes de vie
contemporains, marqués par le sédentarisme et un rythme de vie accéléré. Selon la définition
attribuée par l’Association Internationale de l’Étude de la Douleur (IASP), la douleur est une
expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire existante ou
potentielle, ou décrite dans ces termes. La douleur aiguë (qui dure plus de 3 mois) est
considérée comme étant un symptôme d’une maladie ou d’une détérioration, tandis que les
douleurs chroniques récurrentes sont considérées comme un problème spécifique, ou comme un
trouble douloureux en tant que tel. Les douleurs qui durent plus de 3 mois peuvent favoriser
l’apparition de changements psychosomatiques (personnalité et caractère).
Certaines méthodes de la médecine physique sont utilisées à titre préventif contre les
douleurs engendrées par les tensions musculaires, attribuant notamment un rôle majeur à la
massothérapie dans la prévention de ce type de douleur. Il existe plusieurs types de massage qui
ont chacun leurs indications et leurs spécificités respectives. Suivant le diagnostic établi, la
massothérapie peut être utilisée seule de façon indépendante, ou en complémentarité avec un
traitement médicamenteux ou une autre méthode de médecine physique.
Divers types de massage sont utilisés dans la pratique médicale pour améliorer la
circulation et le métabolisme dans les tissus et les organes, et pour prévenir la douleur. Les
paramètres biochimiques de l’organisme changent localement sous l’influence du massage. Il
en résulte une augmentation de l’intensité du flux sanguin au niveau de la peau, une
amélioration de l’élasticité des muscles, une augmentation du flux lymphatique, et une
réduction de la sécrétion des médiateurs de l’inflammation et de la nociception – ce qui
engendre au final une diminution de la douleur. Ces changements locaux peuvent
significativement affecter les activités neurales au niveau des segments de la colonne
vertébrale, et par conséquent, réduire l’activité des structures sous-corticales – ce qui a pour
effet de diminuer la sécrétion de cortisol et la perception de la douleur, mais aussi d’améliorer
les fonctions des systèmes immunitaire et neuroendocrinien. Par ailleurs, les effets du massage
ne limitent pas uniquement à un niveau physiologique puisqu’il engendre également des
changements sur le processus psycho-émotionnel – il réduit la sensation de fatigue, la colère, la
2
peur et la dépression, et améliore la qualité du sommeil (Field et al. 2005 ; Hernandez-Reif et
al. 2005 ; Kong et al. 2013).
Différentes études pilotes réalisées sur des sujets volontaires ont montré que des séances
de massages répétées engendrent des changements stables et durables à long terme sur les
paramètres des systèmes immunitaire et neuroendocrinien, dépendamment du nombre de
séances effectuées par semaine. On estime que les effets biologiques et psychologiques générés
par des séances de massage répétées (sous la forme d’un traitement) sont potentiellement
différents de ceux générés par une seule séance (Rapaport et al. 2010 ; Rapaport et al. 2012).
Les normes des paramètres physiologiques et biologiques se sont pas clairement
établies dans les publications scientifiques sur la massothérapie, dans la mesure où les types de
massage pratiqués, ainsi que la fréquence et la durée des séances de massage, diffèrent
significativement d’une étude à l’autre. Dans ce sens, plusieurs auteurs d’études ont souligné la
nécessité d’élargir le nombre des recherches cliniques sur les effets des différents types de
massage sur le processus physiologique et psycho-émotionnel de l’organisme.
De même, les données diffusées dans la littérature scientifique comportent très peu de
résultats cliniques concernant les changements physiologiques et biochimiques engendrés
spécifiquement par l’utilisation des tapis de massage sur les populations cibles. Dans cette
perspective, l’objectif de la présente étude est d’évaluer l’utilisation d’un tapis de massage, à
titre de méthode préventive et thérapeutique, efficace et commode, contre les douleurs
chroniques ou aiguës dues aux tensions musculaires accrues résultant de la vie quotidienne.
L’objectif de la présente étude consiste à déterminer l’influence des effets à court
terme et à long terme (pour un usage de 30 jours) du tapis sur l’intensité de la microcirculation
cutanée et du processus métabolique sur la peau de la zone épaule-thorax du dos, et sur la
concentration sérique de marqueurs biologiques (cytokines et neuropeptides) sur des sujets
sains et des sujets présentant une spondylose. Le diagnostic est caractérisé par des changements
sur la colonne cervico-thoracique et par des tensions musculaires au niveau des épaules, de la
nuque et des omoplates, accompagnées de douleurs périodiques.
3
4
LES SUJETS AYANT PARTICIPÉ À CETTE ÉTUDE, ET LES
ÉQUIPEMENTS ET LES MÉTHODES UTILISÉS
Protocole de recherche
I. Évaluation des effets à court terme du tapis Champ de Fleurs
(sur 40 patientes présentant une spondylose et 20 sujets pratiquement sains)
L’intensité de la microcirculation cutanée, les pressions partielles de l’oxygène et du gaz
carbonique (pO2/pCO2 mmHg), et la température cutanée sur le haut du dos (en particulier au
niveau du muscle trapèze) ont été mesurées, et des prélèvements sanguins par voie veineuse ont
été effectués sur les sujets allongés.
1. Le jour de la procédure de l’étude, avant qu’il ne s’allonge sur le tapis, chaque sujet a été
soumis à des examens préalables, incluant :
•
un prélèvement sanguin (à jeun), dans le but de déterminer les concentrations sériques
des biomarqueurs suivants : les facteurs de croissance EGF, FGF-2 et VEGF ; les
cytokines IL-7, IL-17, IFN-γ et MCP-1 ; la bêta-endorphine et l’ocytocine ;
•
un examen au Laser Doppler (LDI) en position de décubitus ventral pendant 10
minutes, afin de déterminer l’intensité du flux sanguin de la microcirculation cutanée
sur la région de la partie inférieure du muscle trapèze ;
•
des mesures simultanées des pO2/pCO2 pendant 10 minutes, afin d’évaluer le processus
métabolique des tissus cutanés au niveau de la partie inférieure du muscle trapèze ;
•
des mesures simultanées de la température de la peau pendant 10 minutes au niveau de
la partie inférieure du muscle trapèze.
2. Immédiatement après les examens sus-mentionnés, les sujets se sont retournés sur le dos
pour s’allonger sur le tapis de massage pendant 20 minutes, durant lesquelles les mesures
des pO2/pCO2 et de la température cutanée au niveau de la partie inférieure du muscle
trapèze ont été poursuivies.
3. Immédiatement après cette séance de 20 minutes, tous les examens mentionnés dans le
paragraphe 1 ont été à nouveau effectués.
5
Les concentrations sériques des biomarqueurs, l’intensité de la microcirculation cutanée du dos
(muscle trapèze), l’évolution des pO2/pCO2 et de la température cutanée, ont été mesurées
avant et après l’utilisation du tapis de massage Champ de Fleurs.
II. I. Évaluation des effets à long terme du tapis de massage Champ de Fleurs
(sur 40 patientes présentant une spondylose)
Après avoir été soumises aux évaluations des effets à court terme du tapis (voir Partie I), les
mêmes patientes présentant une spondylose ont suivi un traitement à domicile de 30 jours, qui
consiste à s’allonger quotidiennement pendant 20 minutes sur le tapis.
Au terme de ce traitement, les mesures citées dans la Partie I ont été à nouveau effectuées :
1. Le jour de la procédure de l’étude, avant qu’il ne s’allonge sur le tapis, chaque sujet a été
soumis à des examens préalables, incluant :
•
un prélèvement sanguin (à jeun), dans le but de déterminer les concentrations sériques
des biomarqueurs ;
•
un examen au Laser Doppler (LDI) en décubitus ventral pendant 10 minutes, afin de
déterminer l’intensité du flux sanguin au niveau de la microcirculation cutanée sur la
région de la partie inférieure du muscle trapèze ;
•
des mesures simultanées des pO2/pCO2 pendant 10 minutes, afin d’évaluer le processus
métabolique des tissus cutanés au niveau de la partie inférieure du muscle trapèze ;
•
des mesures simultanées de la température de la peau pendant 10 minutes au niveau de
la partie inférieure du muscle trapèze.
2. Immédiatement après les examens mentionnés ci-dessus, les sujets se sont retournés sur le
dos pour s’allonger sur le tapis de massage pendant 20 minutes, durant lesquelles les
mesures des pO2/pCO2 et de la température cutanée au niveau de la partie inférieure du
muscle trapèze ont été poursuivies.
3. Immédiatement après cette séance de 20 minutes, tous les examens mentionnés dans le
paragraphe 1 ont été à nouveau effectués.
Au terme de ces 30 jours de traitement avec le tapis Champ de Fleurs, nous avons effectué des
comparaisons sur les changements des concentrations sériques des biomarqueurs, de l’intensité
de la microcirculation du dos, des pO2/pCO2 et de la température cutanée. Les changements
6
dynamiques sur les mesures sus-mentionnées avant et après les 30 jours de traitements ont été
évalués. De même, les données des mesures effectuées sur les patientes et les sujets
cliniquement sains ont été comparées.
prélèvement
___________
_________________ prélèvement
__________
de sang par 10 min.
20 min.
de sang par 10 min.
ponction
en
décubitus en décubitus dorsal
ponction
en
décubitus
veineuse
ventral
sur le tapis de veineuse
ventral
6 ml
LDI + TCM+t0
massage
6 ml
LDI + TCM+t0
(à jeun)
(à jeun)
Schéma 1 Représentation graphique des collectes de données au 1er et au 30e jours de l’étude.
Cette étude a reçu l’approbation de la Commission d’éthique de l’Institut de Médecine
Expérimentale et Clinique de l’Université de Lettonie.
Les sujets ayant participé à cette étude
Seules des femmes ont participé à cette étude – 40 patientes présentant des changements
spondylotiques au niveau des segments cervical et thoracique de la colonne vertébrale (M47),
âgées de 38 ± 6 ans. La conformité des patientes à cette étude a été évaluée à la base des
critères d’inclusion/exclusion d’un questionnaire patient. L’historique médical de chacune des
participantes a été détaillé dans ce questionnaire, et leur pression artérielle ainsi que leurs
paramètres anthropométrique (poids, taille, tour de taille, IMC= [poids(kg)/taille(m)2]) ont été
enregistrés. Les sujets présentant des troubles métaboliques, endocriniens, cardiovasculaires ou
auto-immunes, et des inflammations aiguës ou chroniques, ainsi que les fumeurs et les sujets
sous traitement analgésique ou hypotenseur, ont été exclus de cette étude.
20 femmes pratiquement en bonne santé (âgées de 36 ± 6 ans), ne présentant aucune
douleur au dos et répondant aux critères d’inclusion, ont été intégrées dans le groupe-contrôle.
Contrôle (n=20)
Patientes (n=40)
âge, ans
36 ± 6
38 ± 6
poids, kg
64.8 ± 8
63 ± 10.5
taille, m
1.7 ± 0.1
1.7 ± 0.1
IMC (kg/m2)
22.7 ± 2.3
22.4 ± 3
tour de taille, cm
77 ± 6
76 ± 6
7
Tableau 1 Paramètres anthropométriques des sujets de cette étude.
Analyses en laboratoire – prélèvements de sang par ponction veineuse afin d’évaluer les
concentrations de biomarqueurs spécifiques dans le sérum collecté. La quantité totale de sang
prélevé sur chaque sujet est de ~ 6 ml, – pour évaluer les cytokines, les facteurs de croissance,
la bêta-endorphine et l’ocytocine. L’analyseur de tests d’immunofluorescence Luminex-200,
basé sur la technologie de multiplexage xMAP, a été utilisé en association avec des kits de
réactifs pour déterminer la concentration sérique des biomarqueurs.
Les biomarqueurs suivants ont été mesurés :
1) facteurs de croissance (pg/ml) – facteur de croissance épidermique (EGF), facteur de
croissance des fibroblastes de type 2 (FGF-2), facteur de croissance de l’endothélium
vasculaire (VEGF);
2) cytokines (pg/ml) – interleukine 7 (IL-7), interleukine 17 (IL-17), interféron gamma (IFN-γ),
protéine chimioattractive monocytaire de type 1 (MCP-1);
3) neuropeptides (ng/ml) – bêta-endorphine (β-endorphin) et ocytocine.
Examens fonctionnels diagnostiques non-invasifs :
a) évaluation de l’intensité de la microcirculation cutanée sur le haut du dos (au niveau du
muscle trapèze) – par le biais de l’appareil d’imagerie Laser Doppler MoorLDI2 et de la sonde
thermostatique de température cutanée (Moor Instruments Ltd., Grande-Bretagne) ;
b) monitorage des pressions partielles de l’oxygène et du gaz carbonique (pO2/pCO2) sur les
tissus cutanés au niveau de la partie inférieure du muscle trapèze, et évaluation du processus
métabolique – avec l’appareil TCM4 et des électrodes/capteurs (Radiometer, Danemark).
Sondage
Au 30e jour de traitement avec le tapis, chaque patiente a été soumise à un questionnaire afin de comparer les changements physiologiques avant et après le traitement. Les conditions préalables suivantes ont été remplies avant la procédure des
examens :
8
1)
tous les examens ont été réalisés dans la matinée, entre 8h et 11h, la période la plus
propice en termes de précision à la réalisation des mesures sur la microcirculation
cutanée ; par ailleurs, il a demandé aux participantes de venir aux examens à jeun et
d’éviter de prendre des boissons contenant de la caféine ;
2)
les participantes ont eu 15 minutes pour s’acclimater à la pièce où les mesures ont été
réalisées ;
3)
une température ambiante de 23±0,50C et un éclairage stable ont été maintenus dans la
pièce où se sont déroulés les examens ;
4)
les participantes ont été préalablement informées de la procédure des examens et ont
chacune émis un consentement écrit pour leur participation à cette étude ;
5)
les parties de la peau étudiées lors de ces examens ont été soigneusement évaluées
avant l’application de la sonde du LDI et de l’électrode du TCM ; les mesures ont été
effectuées sur une peau sans altération visible, afin d’éviter de fausser les données des
mesures.
Évaluation du flux sanguin de la microcirculation cutanée du dos avec la méthode Laser
Doppler (LDI). Principes et description de la méthode LDI.
Cette méthode est basée sur les principes du Doppler, selon lequel un faisceau laser
ayant une longueur d’onde de 630 à 780 nm est dirigée vers les tissus ciblés, sur lesquels il se
disperse de manière diffuse. Une partie de la lumière laser est absorbée par les tissus, et l’autre
partie est réfléchie. Lorsque les particules de lumière entrent en contact avec les cellules
sanguines en mouvement, on observe des changements sur les longueurs d’ondes de la lumière,
communément appelés effets Doppler. Dans le même temps, si les particules de lumière entrent
en collision avec des objets statiques, aucun changement n’est observé. L’intensité et la
fréquence de ces changements dépendent directement du nombre de cellules sanguines en
mouvement et de la vitesse de leur mouvement, mais ne dépendent pas de la direction de leur
mouvement. La lumière réfléchie par les tissus est recueillie et convertie en signaux électriques,
puis traitée et analysée sous cette forme. Plusieurs indicateurs de différents types peuvent être
collectés par le biais de cette méthode (LDI) : la concentration des cellules sanguines en
mouvement, la vitesse de mouvement des cellules sanguines, et la perfusion (ou flux sanguin).
9
La perfusion se définit par la multiplication de la vitesse de mouvement des cellules du sang
par leur concentration sur un volume tissulaire donné. Les résultats de ces mesures sont
exprimés en Unités de Perfusion (PU).
La méthode de diagnostic par imagerie Laser Doppler permet de réaliser des évaluations
de la microcirculation cutanée sans contact direct avec la peau. La distance entre le scanner et
la zone à étudier se situe entre 30 à 40 cm. Les images sont acquises à travers un balayage des
tissus par un faisceau laser d’une longueur d’onde de 780 nm. Le mouvement des cellules du
sang modifie la longueur d’onde de la lumière réfléchie, qui est recueillie par un détecteur
d’image ; un traitement en aval des signaux reçus permet de créer un carte en couleurs de la
circulation sanguine. Les images acquises montrent l’évolution de la circulation sanguine sur
une zone spécifique de la peau. Un faisceau laser de faible intensité est dirigé de façon
répétitive sur la zone des tissus à étudier pendant 30 secondes, créant ainsi un cliché d’image en
couleurs. La méthode LDI permet de scanner des surfaces allant de 5 cm x 5 cm à 50 cm x 50
cm avec une résolution de 256 x 256 pixels.
Suivant les propriétés optiques de la peau, la profondeur de pénétration du faisceau laser
dans les tissus atteint approximativement 2 à 3 mm. Les mesures Laser Doppler reflètent le flux
sanguin capillaire, et le flux sanguin des artérioles, des veinules et des plexus vasculaires.
Le logiciel utilisé – spécialement conçu pour réaliser des balayages répétés, permet
l’observation des réactions microvasculaires en dynamique. Suivant la sélection d’une zone
particulière de l’image, les paramètres de la moyenne de la perfusion peuvent être acquis sous
forme de graphiques ou de tableau.
Un des avantages de l’utilisation du scanner laser est la possibilité de répéter plusieurs
fois les mesures sur la même zone, ce qui permet d’évaluer les évolutions dans le temps de la
perfusion sur une zone particulière de la peau, et par conséquent, de tirer des conclusions sur
des réactions cutanées induites par diverses provocations.
Les mesures par imagerie Laser Doppler sont de plus en plus utilisées comme tests
diagnostiques pour la détection précoce de différentes maladies. Dans la mesure où la peau est
caractérisée par une évolution dynamique résultant des divers processus qui interviennent dans
l’organisme, et participe au maintien de l’homéostasie de l’organisme (ex : la régulation de la
température corporelle), elle peut servir de modèle pour l’étude de l’évolution de la
microcirculation dans le processus de développement de différentes pathologies.
10
Monitorage transcutané des pressions partielles d’oxygène et de gaz carbonique
(pO2/pCO2)
La mesure transcutanée des pO2/pCO2 est une méthode non-invasive, idéalement
appropriée à un monitorage à long terme. La capacité d’information de cette méthode permet
d’évaluer des lésions tissulaires de différents types, et de diagnostiquer les pathologies micro et
macrovasculaires difficilement détectables. Une diminution significative de la pO2 est le signe
évident d’une ischémie des capillaires cutanées. Comme le montrent les résultats de cette
recherche, la méthode d’évaluation transcutanée des pO2/pCO2 ne se limite pas à une détection
précise des changements de l’oxygénation de la peau qui peuvent être observés dans les cas
d’insuffisance veineuse chronique lorsque les changements affectent uniquement la peau,
puisqu’elle présente également un potentiel diagnostique suffisant sur les cas où ces
changements affectent à la fois la peau et les muscles.
Afin de permettre une vasodilatation maximale au niveau de la peau, et dans ce sens, de
faciliter la migration de l’oxygène et du gaz carbonique des tissus profonds vers les tissus
avoisinant la surface de la peau, une réchauffement local de la peau à une température de 42 à
45ºC a été effectué au cours de la procédure de ces mesures.
Le monitorage transcutané des pO2/pCO2 a été réalisé avec l’appareil TCM4 combiné
avec un logiciel et un électrode/capteur (Radiometer, Danemark). Les préparations suivantes
ont été effectuées avant de procéder aux évaluations :
• la zone de la peau à étudier a été nettoyée avec une compresse de coton imbibé d’alcool à
70%, et ensuite, complétement séchée à l’air libre ;
• installation sur la peau d’un anneau de fixation, destiné à empêcher l’air de s’introduire dans
l’électrode, au centre de laquelle 3 à 5 gouttes de liquide de contact ont été ensuite versées ;
• l’électrode a été fixée dans l’anneau de fixation ;
• attente de la stabilisation des indicateurs des pO2/pCO2 ;
• configuration du logiciel du TCM en mode d’enregistrement des mesures des pO2/pCO2, et
démarrage de l’enregistrement.
11
Le monitorage des pO2/pCO2 a été réalisé simultanément avec les mesures de la
perfusion de la microcirculation cutanée.
3 valeurs moyennes des pO2/pCO2 ont été calculées pour chaque participante, afin
d’être inclues dans les résultats. Elles ont été acquises respectivement : avant l’utilisation du
tapis de massage Champ de Fleurs – à titre de valeur de base (pendant 10 min) ; au cours de
l’utilisation du tapis de massage (20 min) ; et après l’utilisation du tapis de massage (10 min).
Préparation du sérum sanguin prélevé par ponction veineuse
Nous avons procédé à un prélèvement sanguin à jeun (12 heures après le dernier repas)
par ponction veineuse avec des systèmes Vacutainers sans anticoagulant, dans le but
d’effectuer des analyses. Les échantillons de sang ont été coagulés à température ambiante
pendant 20 minutes et ensuite, centrifugés pendant 10 minutes à une vitesse de 1200 rpm afin
de récupérer le sérum. Les échantillons de sérum ont été divisés par portions dans des tubes
Eppendorf en polypropylène et immédiatement congelés à une température de -80ºC. Les
échantillons hémolytiques et lipémiques n’ont pas été utilisés pour les analyses, au même titre
que les échantillons obtenus après le deuxième cycle de congélation/décongélation.
Détermination des biomarqueurs dans les échantillons de sérum
Les concentrations sériques des cytokines, des facteurs de croissance et des
neuropeptides ont été déterminées par le biais de l’analyseur de tests d’immunofluorescence
Luminex-200, basé sur la technologie de multiplexage xMAP et couplé au logiciel Luminex
200 v2.3. (Luminex Corporation, Étast-Unis), en combinaison avec des kits de réactifs
Millipore (États-Unis). Les préparations des échantillons et des analyses ont été effectuées
conformément aux protocoles fournis dans les kits de réactifs. Le coefficient de variation des
analyses (%CV) se situe entre 10 % et 25 %.
Traitement des données statistiques
Le traitement et l’analyse des données statistiques a été réalisé avec les logiciels
Microsoft Excel et GraphPadPrism 5.0 (GraphPad Software, Inc.). La normalité des données a
été vérifiée en utilisant le test de Kolgomorov-Smirnov : la méthode paramétrique de traitement
de données a été utilisée lorsque la probabilité (p-value) était supérieure à 0.05 (p˃0.05) ; la
12
méthode non-paramétrique de traitement de données a été utilisée lorsque la probabilité était à
inférieure à 0.05(p˂0.05).
Les mesures quantitatives dont la distribution est conforme à la norme, ont été décrites
par le biais d’une moyenne arithmétique et d’un écart-type (± SD). Pour les cas où la
distribution n’était pas conforme à la norme, les valeurs médianes, minimales et maximales
(min-max) ont été utilisées.
Les différences des indicateurs qui correspondent à une distribution normale ont été
déterminées par le biais du test t par séries appariées. Pour les indicateurs dont la distribution
diffère significativement de la norme, les différences entre les groupes ont été déterminées par
le biais du test post hoc de Mann-Whitney.
Les différences entre les groupes ont été considérées comme statistiquement
significatives si p<0.05 (*), p<0.005 (**) ou p<0.0005 (***).
13
RÉSULTATS
1. Effets à court terme du tapis Champ de Fleurs
1.1. L’intensité du flux de la microcirculation cutanée du dos (au niveau de la partie
inférieure du muscle trapèze)
En comparaison avec l’intensité de la microcirculation enregistrée avant que les
participantes ne s’allongent sur le tapis de massage, l’intensité de la microcirculation a
significativement augmenté (p< 0.0005) après qu’elles se soient allongées pendant 20 minutes
sur le tapis, dans le groupe-contrôle et dans le groupe des patientes au 1er et au 30e jours.
1500
***
***
LDI (PU)
1000
***
500
0
1x
2x
1x
2x
3x
4x
Contrôle, 1er jour. Patientes, 1er jour. Patientes, 30e jour.
Figure 1. Évolution de l’intensité de la microcirculation cutanée du dos (au niveau du muscle
trapèze) observée chez les sujets du groupe-contrôle et du groupe de patientes après qu’elles se
soient allongées pendant 20 minutes sur le tapis de massage Champ de Fleurs.
1.2. Les changements des pO2/pCO2 transcutanées au niveau du dos (muscle trapèze)
Les valeurs de la pO2 (mmHg) transcutanée après que les sujets se soient allongés sur le
tapis de massage pendant 20 minutes, en comparaison avec les valeurs enregistrées avant qu’ils
s’allongent sur le tapis, ont significativement augmentées chez le groupe-contrôle (p< 0.005) et
chez le groupe de patientes au 1er jour (p< 0.05) et au 30e jour (p< 0.0005) (Figure 2).
De même, les valeurs de la pCO2 (mmHg) transcutanée après que les sujets se soient
allongés sur le tapis de massage pendant 20 minutes, en comparaison avec les valeurs
enregsitrées avant qu’ils s’allongent sur le tapis, ont significativement augmentées (p< 0.0005)
chez le groupe-contrôle et le groupe des patientes au 1er et au 30e jours (Figure 3).
14
150
80
*
***
***
***
60
pCO2 mmHg
pO2 mmHg
**
100
***
40
50
20
0
0
1x
2x
1x
2x
3x
4x
e
Contrôle, 1er jour. Patientes, 1er jour. Patientes, 30 jour.
Figure 2. Changements de la pO2 (mmHg)
sur la peau du dos (au niveau du muscle
trapèze), observés sur la groupe-contrôle et
sur le groupe de patientes, après qu’elles se
soient allongées sur le tapis Champ de Fleurs
pendant 20 minutes.
1x
2x
1x
2x
3x
4x
Contrôle, 1er jour. Patientes, 1er jour. Patientes, 30e jour.
Figure 3. Changements de la pCO2 (mmHg)
sur la peau du dos (au niveau du muscle
trapèze), observés sur le groupe-contrôle et sur
le groupe de patientes, après qu’elles se soient
allongées sur le tapis Champ de Fleurs
pendant 20 minutes.
1.3. Les changements sur les concentrations sériques des facteurs de croissance et
cytokines
Lors de la comparaison des concentrations sériques des facteurs de croissance – incluant
le facteur de croissance épidermique (EGF), le facteur de croissance des fibroblastes de type 2
(FGF-2), et le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) – avant et après que
les sujets se soient allongés sur le tapis pendant 20 minutes, des changements immédiats
considérables ont été observés pour les biomarqueurs suivants :
La concentration du EGF après la séance de 20 minutes sur le tapis a significativement
augmenté dans le groupe-contrôle (p< 0.005), et a eu tendance à augmenter dans le groupe de
patientes le 1er jour (p= 0.057) (Figure 4) ;
La concentration du FGF-2 après la séance de 20 minutes sur le tapis a
significativement diminué dans le groupe de patientes le 30e jour (p< 0.05), et a eu tendance à
diminuer dans le groupe de patientes au 1er jour (p= 0.056) (Figure 5) ;
La concentration du VEGF après la séance de 20 minutes sur le tapis a
significativement augmenté dans le groupe-contrôle (p< 0.05), et dans le groupe de patientes au
1er jour (p= 0.005) (Figure 6).
15
60
100
FGF-2 (pg/ml)
EGF (pg/ml)
80
*
40
60
**
40
20
20
0
0
1x
2x
Control, day 1.
1x
2x
3x
1x
4x
Patients, day 1. Patients, day 30.
Figure 4. Changements de la concentration
sérique d’EGF (pg/ml) observés sur le
groupe-contrôle et sur le groupe de patientes
après qu’elles se soient allongées sur le tapis
Champ de Fleurs 20 minutes.
2x
1x
2x
Control, day 1. Patients, day 1.
3x
4x
Patients, day 30.
Figure 5. Changements de la concentration
de FGF-2 (pg/ml) observés sur le groupecontrôle et sur le groupe de patientes après
qu’elles se soient allongées sur le tapis
Champ de Fleurs 20 minutes.
VEGF (pg/ml)
800
**
600
400
200
*
0
1x
2x
1x
2x
3x
4x
Contrôle, 1er jour.Patientes, 1er jour.Patientes, 30e jour.
Figure 6. Changements de la concentration sérique du VEGF (pg/ml), observés sur le
groupe-contrôle et sur le groupe de patientes après qu’elles se soient allongées sur le tapis
Champ de Fleurs pendant 20 minutes.
La concentration sérique des cytokines liées au processus d’inflammation (interleukine
7 (IL-7), interleukine 17 (IL-17), interféron gamma (IFN-γ), protéine chimioattractive
monocytaire de type (MCP-1)) n’a pas présenté de changement statistiquement significatif dans
16
les deux groupes d’études (Figures 7, 8, 9 et 10) immédiatement après que les sujets se soient
allongés pendant 20 minutes sur le tapis.
80
IL-17 (pg/ml)
10
8
IL-7 (pg/ml)
60
40
20
6
4
2
0
0
1x
2x
1x
2x
3x
4x
1x
1x
2x
3x
4x
er
Patientes,
1
jour..
Patientes,
30e jour.
Contrôle, 1 jour.
Contrôle, 1er jour. Patientes, 1er jour. Patientes, 30e jour.
Figure 7. Changements de la concentration
sérique de l’IL-17 (pg/ml), observés sur le
groupe-contrôle et sur le groupe de patientes
après qu’elles se soient allongées sur le tapis
Champ de Fleurs pendant 20 minutes.
2x
er
Figure 8. Changements de la concentration
sérique de l’IL-7 (pg/ml), observés sur le
groupe-contrôle et sur le groupe de
patientes après qu’elles se soient allongées
sur le tapis Champ de Fleurs pendant 20
minutes.
80
MCP-1 (pg/ml)
800
IFN γ (pg/ml)
60
40
20
600
400
200
0
0
1x
2x
1x
2x
3x
4x
Control, day 1. Patients, day 1. Patients, day 30.
Figure 9. Changements sur la concentration
sérique de l’IFN-γ (pg/ml), observés chez les
sujets du groupe-contrôle et du groupe de
patientes après qu’elles se soient allongées
sur le tapis Champ de Fleurs 20 minutes.
1x
2x
1x
2x
3x
4x
Control, day 1. Patients, day 1. Patients, day30.
Figure
10.
Changements
sur
la
concentration sérique de MCP-1 (pg/ml),
observés chez les sujets du groupe-contrôle
et du groupe de patientes après qu’elles se
soient allongées sur le tapis Champ de
Fleurs 20 minutes.
17
1.4. Changements de la concentration sérique en bêta-endorphine et en ocytocine
Les concentrations de β-endorphine et d’ocytocine n’ont pas été évaluées sur le groupecontrôle. Elles ont été mesurées uniquement sur les patientes au 1er et au 30e jours de l’étude.
Les résultats obtenus ont montré une augmentation significative de la concentration de βendorphine a (p<0.05) au 1er jour, après que les patientes se soient allongées sur le tapis
pendant 20 minutes, tandis qu’aucun changement n’a été observé au 30e jour (Figure 11).
La concentration d’ocytocine relevée après que les patientes se soient allongées sur le
tapis pendant 20 minutes, est restée inchangée au 1er et 30e jours de l’étude (Figure 12).
150
*
15
Oxytocin (ng/ml)
Endorphin (ng/ml)
20
100
10
5
0
50
0
1x
2x
er
Patientes, 1 jour
3x
4x
Patientes, 30e jour.
Figure 11. Changements de la concentration
sérique de bêta-endorphine (ng/ml), observés
sur les patientes après qu’elles se soient
allongées sur le tapis Champ de Fleurs
pendant 20 minutes.
1x
2x
Patientes, 1er jour
3x
4x
Patientes, 30e jour.
Figure
12.
Changements
de
la
concentration sérique de l’ocytine (ng/ml),
observés sur les patientes après qu’elles se
soient allongées sur le tapis Champ de
Fleurs pendant 20 minutes.
1.5. Changements sur la température cutanée
La température cutanée du dos (partie supérieure du muscle the trapèze) a été mesurée
durant cette étude en utilisant une sonde réceptrice de température (Moor Instruments, SH02).
Au cours de la séance de massage avec le tapis , la température de la peau a augmenté en
moyenne de 20C dans les deux groupes. Ces changements sont probablement dus en grande
partie à l’influence de facteurs exogènes – c-à-d : lorsque le sujet est allongé sur le dos sur le
tapis, les éléments de massage du tapis exercent une pression sur la sonde réceptrice vers la
peau, ce qui engendre un effet thermique additionnel. Cela étant, nous devons tenir compte du
18
fait que le flux de la microcirculation cutanée augmente lorsque le sujet est allongé sur le tapis,
ce qui engendre une hyperhémie active. Cela se manifeste par une dilatation des capillaires et
une irradiation plus rapide de chaleur corporelle à travers la peau. Ainsi, au cours d’une séance
sur le tapis, les tissus sous-cutanés se chauffent, bien que la sonde existante ne permette pas de
déterminer cette augmentation de température de façon précise.
2. Les changements dynamiques engendrés par le tapis Champ de Fleurs
Afin d’évaluer les effets de l’utilisation à long terme (30 jours) du tapis sur l’intensité
de la microcirculation cutanée, sur les pO2/pCO2 transcutanées du dos et sur les concentrations
sériques des facteurs de croissance, des cytokines et des neuropeptides, les paramètres suivants
des deux groupes ont été mutuellement comparés – groupe contrôle au 1er jour, groupe de
patientes au 1er et au 30e jours :
1) les valeurs de base des mesures sus-mentionnées, acquises avant que les sujets se soient
allongés sur le tapis ;
2) les valeurs des mesures sus-mentionnées acquises immédiatement après que les sujets
se soient allongés sur le tapis pendant 20 minutes.
2.1. L’intensité du flux de la microcirculation cutanée au niveau du dos (partie inférieure
du muscle trapèze)
Aucune différence n’a été observée sur le flux de la microcirculation cutanée du dos
lors de la comparaison entre les deux groupes au 1er jour, que ce soit avant ou après la séance
de massage sur le tapis. Cependant, une réduction significative du flux de la microcirculation a
été observée le 30e jour sur le groupe de patientes après une séance de 20 minutes sur le tapis,
comparativement aux valeurs obtenues sur les deux groupes au 1er jour (Figure 13). Ce résultat
peut s’expliquer par l’adaptation des récepteurs cutanés à la stimulation mécanique.
19
Figure 13. Changements dynamiques de l’intensité de la microcirculation cutanée du dos (au
niveau du muscle trapèze) observés sur le groupe de patientes avant et après la séance de
massage de 20 minutes avec le tapis Champ de Fleurs.
2.2. Changements sur les pO2/pCO2 transcutanées du dos (au niveau du muscle trapèze)
La valeur moyenne de la pO2 transcutanée est statistiquement significativement plus
élevée chez les patientes au 30e jour, comparativement au 1er jour, que ce soit avant ou après la
séance de massage de 20 minutes sur le tapis (Figure 14). Dans le même temps, la valeur
moyenne de la pCO2 est statistiquement significativement plus élevée chez les patientes au 30e
jour, comparativement à celle du groupe-contrôle au 1er jour après une séance de 20 minutes
sur le tapis (Figure 15). Cela révèle un métabolisme cellulaire plus intensif (processus de
respiration mitochondriale) chez le groupe de patientes au 30e jour.
Figure 14. Les changements dynamiques de
la pO2 (mmHg) transcutanée du dos (au
niveau du muscle trapèze) observés sur le
Figure 15. Les changements dynamiques de la
pCO2 (mmHg) transcutanée du dos (au niveau
du muscle trapèze) observés sur le groupe de
20
groupe de patientes avant et après une séance
de 20 minutes sur le tapis de Champ de
Fleurs.
patientes avant et après une séance de 20
minutes sur le tapis de Champ de Fleurs.
2.3. Changements sur les concentrations sériques des facteurs de croissance et des
cytokines
Les résultats de l’étude montrent que les concentrations sériques du facteur de
croissance épidermiques (EGF), du facteur de croissance des fibroblastes de type 2 (FGF-2) et
du facteur de croissance de l’entholélium vasculaire (VEGF), sont statistiquement
significativement plus élevées chez le groupe de patientes au 1er jour, comparativement au 30e
jour chez le même groupe et au 1er jour chez le groupe-contrôle, que ce soit avant ou après la
séance de massage de 20 minutes avec tapis (Figures 16, 17 et 18).
Compartivement, les concentrations sériques des facteurs de croissances relevées sur le groupecontrôle sont statistiquement nettement moins élevées que celles relevées sur le groupe de
patientes au 1er et au 30e jours :
1) avant de s’allonger sur le tapis – les valeurs de base ;
2) après s’être allongé pendant 20 minutes sur le tapis.
L’augmentation de la concentration des facteurs de croissance observée chez les
patientes au 1er jour (valeurs de base) – significative comparée au valeurs obtenues au 30e jour
sur le même groupe et au 1er jour sur le groupe-contrôle – peut s’expliquer par des mécanismes
de compensation au niveau des tissus musculaires dont l’approvisionnement en oxygène et en
nutriments a été réduit par la présence de tensions et de douleurs. Afin d’assurer leur
approvisonnement, le VEGF facilite l’angiogénèse (développement de nouveaux capillaires).
Par ailleurs, l’EGF et le FGF-2 jouent un rôle majeur dans la prolifération (multiplication), la
différenciation et la migration de différents types de cellules – dont les endothéliocytes.
21
Figure 16. Les changements dynamiques de
la concentration sérique d’EGF (pg/ml)
observés sur le groupe des patientes avant et
après une séance de 20 minutes sur le tapis
Champ de Fleurs.
Figure 17. Les changements dynamiques
de la concentration sérique d’FGF-2
(pg/ml) observés sur le groupe des patientes
avant et après une séance de 20 minutes sur
le tapis Champ de Fleurs.
Figure 18. Les changements dynamiques de la concentration sérique de VEGF (pg/ml),
observés sur le groupe des patientes avant et après une séance de 20 minutes sur le tapis
Champ de Fleurs.
Les résultats de l’étude ont montré que les concentrations sériques des cytokines
impliquées dans le processus inflammatoire [incluant l’interleukine 7 (IL-7), l’interleukine 17
(IL-17), l’interféron gamma (IFN-γ), et la protéine chimioattractive monocytaire de type 1
(MCP-1)] sont statistiquement significativement plus élevées chez les patientes au 1er jour,
comparativement au 30e jour chez le même groupe et au 1er jour chez le groupe-contrôle
(Figures 19, 20, 21 et 22).
22
Les changements les plus dynamiques sur les concentrations de cytokines ont été
observés sur les deux groupes (au 1er jour pour le groupe-contrôle ; et au 1er et au 30e jour pour
le groupe des patientes) avant que les sujets ne soient allongés sur le tapis. De fait, une
augmentation considérable des concentrations sériques d’IL-7, d’IL-17 et d’IFN-γ a été
observée chez les patientes qui présentaient des douleurs chroniques au dos au début de l’étude
(au 1er jour), en comparaison avec le groupe-contrôle au 1er jour. Cependant, les concentrations
sériques
d’IL-7, d’IL-17, d’IFN-γ et de MCP-1 ont considérablement diminué chez les
patientes au 30e jour comparativement au 1er jour chez le même groupe. Cela indique que
l’utilisation du tapis pendant une période plus longue (dans la présente étude, un mois) peut
réduire le processus inflammatoire lié aux douleurs dorsales chroniques (dans la présente étude,
la spondylose).
Figure 19. Les changements dynamiques de la
concentration sérique d’IL-17 (pg/ml), observés
sur le groupe des patientes avant et après une
séance de 20 minutes sur le tapis Champ de
Fleurs.
Figure 20. Les changements dynamiques de
la concentration sérique d’IL-7 (pg/ml),
observés sur le groupe des patientes avant et
après une séance de 20 minutes sur le tapis
Champ de Fleurs.
23
Figure 21. Les changements dynamiques de la
concentration sériques d’IFN-γ (pg/ml),
observés sur le groupe des patientes avant et
après une séance de 20 minutes sur le tapis
Champ de Fleurs.
Figure 22. Les changements dynamiques de
la concentration sérique de MCP-1 (pg/ml)
observés sur le groupe des patientes avant et
après une séance de 20 minutes sur le tapis
Champ de Fleurs.
2.4. Les changements sur les concentrations sériques de β-endorphine et d’ocytocine
Les concentrations sériques des neuropeptides (β-endorphine et ocytocine) n’ont été
évaluées que sur le groupe de patientes au 1er et 30e jour de l’étude. Aucun changement n’a été
observé sur la concentration d’ocytocine que ce soit au 1er ou 30e jour (Figure 24), tandis que la
concentration de β-endorphin était significativement faible au 30e jour comparativement au 1er
jour, après que les patientes se soient allongées pendant 20 minutes sur le tapis. Cela indique
qu’avec une utilisation à long terme (dans la présente étude, un mois), les éléments pointus de
massage du tapis n’engendrent pas de stimulation intensive au niveau des récepteurs cutanés,
comparativement à la stimulation observée le 1er jour.
Figure 23. Les changements dynamiques de
Figure 24. Les changements dynamiques
24
la concentration sérique de β-endorphin
(ng/ml) observés sur le groupe des patientes
avant et après une séance de 20 minutes sur le
tapis Champ de Fleurs.
de la concentration sérique d’ocytocine
(ng/ml) observés sur le groupe des patientes
avant et après une séance de 20 minutes sur
le tapis Champ de Fleurs.
25
DISCUSSION
Les changements engendrés par le tapis Champ de Fleurs
1. L’intensité du flux de microcirculation cutanée du dos (au niveau de la partie inférieure
du muscle trapèze)
Le peau est l’un des organes les mieux irrigués du corps. Le sang arrive dans la peau par
les muscles et les organes internes, car les vaisseaux sanguins s’orientent uniquement de façon
perpendiculaire jusqu’à la couche papillaire du derme (stratum papillarae), créant ainsi les
plexus vasculaires superficiel et profond. La peau est innervée par des terminaisons nerveuses
cérébrospinales qui proviennent de la corne postérieure de la moelle épinière. Les trois couches
de la peau (l’épiderme, le derme et l’hypoderme) contiennent une grande quantité de récepteurs
de différent types qui permettent à la peau de détecter différents stimuli – la douleur, les
démangaisons, le toucher, les vibrations, les pressions profondes, et la température.
Au moment où l’on s’allonge sur le tapis, une sensation de douleur apparaît sur les
parties de la peau qui entrent en contact avec les pointes de massage du tapis. De par ses
caractéristiques et la localisation de son origine, cette douleur est classée parmi les douleurs
somatiques – à la fois superficielle (irritation de la peau) et profonde (irritation au niveau des
muscles, des tissus conjonctifs, des os et des articulations). Les éléments massants du tapis
engendrent une douleur immédiate – une douleur primaire, aiguë et bien localisée, qui est
ensuite suivie d’une douleur secondaire – moins intense et assez diffuse.
Les résultats de l’étude montrent qu’après une utilisation de 20 minutes du tapis,
l’intensité du flux sanguin dans les petits vaisseaux sanguins augmente considérablement chez
les deux groupes de l’étude. Un mécansime neurogénique de vasodilatation intervient sur les
parties pileuses du corps (qui incluent également le dos). Ce mécanisme est provoqué par un
fort stimulus des terminaisons nerveuses libres des fibres nerveuses afférentes. Les éléments de
massage du tapis exercent également une stimulation mécanique sur les récepteurs de la peau.
Initialement, la vasodilatation est facilitée par la réduction du tonus sympathique, qui sera
suivie par la sécrétion de différentes substances biologiquement actives
(ex : l’ATP, la
capsaïcine, la substance P, le CGRP, la neurokinine A, etc.) par les terminaisons nerveuses ; ce
26
qui résulte en un accroissement de l’intensité de la vasodilatation (Clapham et al. 2005 ;
Munce, Kenney 2003).
Dans les études qu’ils ont publiées en 2000, Sato et al. rapportent également que la
stimulation des fibres afférentes C non myélinisées engendre la sécrétion de CGRP, un puissant
vasodilatateur – ce qui augmente l’intensité du flux sanguin. Ils ont notamment indiqués que
l’utilisation de la
physiothérapie (par exemple, l’acupuncture) dans les milieux cliniques
améliore le flux sanguin des muscles squelettiques (Sato et al. 2000).
Les informations sensorielles sont tranférées via les fibres A delta et C, depuis les
récepteurs cutanés (qui constituent les afférents sensoriels primaires) vers les structures
supérieures du cerveau (le thalamus et le cortex somatosensoriel) en passant par la corne
postérieure de la moelle épinière. Le thalamus assure le lien avec les structures limbiques qui
sont responsables de l’état émotionnel d’un individu. Cela explique les sensations et l’attitude
émotionnelle respectives de chacune des participantes de cette étude, au moment où elles
étaient allongées sur le tapis.
Le flux intensif de la circulation sanguine, qui a été observé immédiatement après la
séance de 20 minutes sur le tapis, est appelé hyperhémie. Lorsque les tissus de l’organisme
deviennent très actifs (ex : les muscles constricteurs, les glandes lors d’une hpypersécrétion, ou
le cerveau pendant une activité mentale rapide), la vitesse du flux sanguin augmente au niveau
de ces tissus. Le processus métabolique de ces tissus augmente, leurs cellules consomment les
nutriments apportés par les fluides très rapidement et libèrent une grande quantité de substances
vasodilatatrices. Ces mécanismes ont pour but de dilater les vaisseaux sanguins locaux, et de
fait, d’augmenter le flux sanguin local. Les tissus reçoivent ainsi les nutriments
supplémentaires nécessaires au maintien de leur fonction à ce nouveau degré (Clapham et al.
2005 ; Munce, Kenney 2003).
Les mécanismes de régulation locale du système circulatoire s’adaptent aux besoins des
tissus et des organes suivant leurs activités. Ils sont déterminés par une régulation immédiate ou
à long terme. Au cours de l’utilisation du tapis, une régulation immédiate intervient, se
manifestant par une augmentation rapide (en l’espace de quelques secondes ou quelques
minutes) de la vasodilatation locale des artérioles, des métartérioles et des sphincters
précapillaires, ce qui assure le maintien d’un flux sanguin approprié au niveau des tissus.
27
Les changements dynamiques des effets du tapis sur la microcirculation – après un
usage à long terme de 30 jours, ont été évalués uniquement sur les patientes. Les résultats
obtenus au 30e jour ont montré que l’intensité du flux de la microcirculation cutanée du dos a
augmenté après que les patientes se soient allongées sur le tapis pendant 20 minutes, mais elle
est significativement inférieure à celle du 1er jour de l’étude. Cela peut s’expliquer par
l’adaptation des récepteurs de la peau et muscles.
Certains types de terminaisons nerveuses sont irrités au cours d’une stimulation
appliquée sur une longue période. Il s’agit des récepteurs toniques, à adaptation lente (par
exemple, les terminaisons nerveuses libres). Cela étant, d’autres récepteurs, les récepteurs
phasiques, peuvent être également irrités mais uniquement lors des changements de l’intensité
des stimulations. De ce fait, la sensibilité des récepteurs phasiques diminue dans le temps lors
des stimulations, ce qui signifie qu’ils s’adaptent. Les réponses données par les patientes lors
du questionnaire viennent corroborer cette théorie, puisqu’au terme de cette étude, elles ont
affirmé ne plus avoir ressenti de picotements, de démangeaisons ou de douleurs intenses après
s’être allongées sur le tapis. Cela ne signifie pas pour autant que la microcirculation et
l’approvisionnement des tissus en oxygène et en nutriments ont été dégradés. Il est possible que
l’intensité du flux sanguin soit plus élevé au niveau des tissus des muscles squelettiques et des
tissus profonds. Les limites de la portée de cette étude ne nous ont pas permis de mesurer ce
fait.
Selon les explications d’Hohmann et al. (2012) qui ont utilisés un tapis similaire au
cours de leurs recherches, l’influence du tapis de massage augmente l’irritabilité des nerfs
pendant plusieurs heures chaque jour, ce qui pourrait affecter les champs récepteurs des
neurones spinaux au niveau des tissus affectés. Ce type de thérapie induit une influence
spécifique sur les champs de projection somato-cutanés ou viscéro-somatiques. Les résultats de
leur étude ont confirmé que le seuil de douleur à une forte pression a augmenté chez les
patients présentant des douleurs cervicales et des lombaires, ce qui indique que l’utilisation
quotidienne d’un tapis de massage réduit au moins localement l’hyperalgésie (sensibilité
excessive à la douleur) et la pression qui engendre la douleur. La réduction de la douleur
musculaire prouve que l’usage d’un tapis de massage influence l’activité des nocicepteurs au
niveau du système nerveux central, et particulièrement au niveau du faisceau spino-thalamique.
Par ailleurs, au cours de leurs recherches, Hohmann et al. (2012) ont permis aux patients
28
d’utiliser le tapis de massage plusieurs fois par jour, au besoin lorsqu’ils ressentent des
douleurs au dos. Jusqu’à ce jour, aucune recherche n’a été menée concernant la fréquence
journalière et la durée de traitement à appliquer pour ce type de thérapie afin d’obtenir les
meilleurs effets thérapeutiques. Les auteurs de cette étude ont émis un doute sur l’existence
d’un lien précis entre la dose et les effets, néanmoins, il est plus probable que la dose optimale
se rapporte individuellement aux conditions de chaque patient (Hohmann et al. 2012).
2. Les changements sur les pO2/pCO2 transcutanées du dos (muscle trapèze)
Au regard de l’évaluation des changements à court terme sur les pO2/pCO2 (mmHg)
transcutanées, le fait que les valeurs de la pO2 et de la pCO2 ont augmenté après les séances de
massage sur le tapis chez tous les groupes de l’étude (au 1er jour chez le groupe-contrôle, au 1er
et au 30e jour chez le groupe de patientes), nous invite à la réflexion.
La pression partielle de l’oxyène (pO2) reflète la quantité de l’oxygène dilué dans le
plasma sanguin. L’hémoglobine contenue dans les érythrocytes se lie à l’oxygène et le
transporte à travers le flux sanguin vers les tissus ayant une faible pression partielle en
oxygène. La vitessse de diffusion de l’oxygène depuis les érythrocytes vers les tissus se définit
principalement par la différence de la pO2 dans le plasma et dans les cellules. Etant donné que
les cellules consomment l’oxygène, la pO2 dans les cellules est très faible. L’oxygène
provenant du plasma traverse l’endothélium des capillaires, se diffuse à travers les espaces
intercellulaires, et pénètre dans les cellules et leurs mitochondries. Les mitochondries sont des
organites intracellulaires qui consomment de l’oxygène afin de produire de l’énergie sous
forme d’adénosine triphosphate (ATP). Lorsque le métabolisme oxydatif des tissus augmente,
les mitochondries doivent produire plus d’ATP et de fait, consomment plus d’oxygène.
Dans le cas d’une forte activité tissulaire, lorsque la respiration cellulaire et par
conséquent, la consommation en O2 augmentent, il est nécessaire de fournir une quantité
suffisante d’énergie (ATP) aux cellules ; il en résulte une augmentation de la capacité de liaison
de l’hémoglobine à l’oxygène et une accélération du flux sanguin. La capacité de liaison de
l’hémoglobine à l’oxygène est déterminée par la pO2. Plus le taux d’oxygène lié à
l’hémoglobine augmente, plus son taux de diffusion dans les cellules est élevé.
29
La comparaison des changements dynamiques sur la pO2 chez les patientes montrent que les
valeurs de pO2 obtenues au 30e jour sont significativement plus élevées que celles obtenues au
1er jour, que ce soit avant ou après la séance de massage sur le tapis. Cela signifie que
l’oxygénation des tissus a considérablement augmenté au cours de ces 30 jours
Par ailleurs, au même titre que l’hémoglobine contenue dans les érythrocytes,
l’hémoglobine contenue dans les cellules des muscles squelettiques est également capable de se
lier à l’oxygène. Pour la accélérer la diffusion de l’oxygène, les cellules musculaires utilisent la
myoglobine, qui leur permet de stocker l’oxygène localement lors des périodes de respiration
cellulaire intensive. L’oxygène qui est lié à l’hémoglobine (HbO2) est également utilisée
comme un stock. Cela pourrait expliquer l’augmentation des valeurs de la pO2 sur les patientes
au 30e jour de l’étude, comparativment au 1er jour avant la séance avec le tapis.
Autrement, au même titre que l’oxygène, le CO2 – qui est le produit terminal du
métabolisme – se lie également à l’hémoglobine, ce qui assure son élimination des tissus actifs
et son transport vers les poumons. Les résultats de cette étude ont montré que l’influence du
tapis a généré des processus métaboliques actifs, dans la mesure où les valeurs de la pO2, et de
la pCO2 ont considérablement augmenté à court terme chez le groupe-contrôle et chez le
groupe de patientes après qu’elles se soient allongées sur la tapis pendant 20 minutes. Dans le
même temps, la comparaison des valeurs de la pCO2 obtenues le 1er jour et le 30e jour chez les
patientes n’a pas révélé de changement dynamique significatif.
1.3. Les changements sur les concentrations sériques des facteurs de croissance et des
cytokines
Les résultats obtenus lors de cette étude montrent que les concentrations sériques des
facteurs de croissance EGF, FGF-2 et VEGF ont considérablement diminué chez le groupecontrôle en comparaison aux mêmes indicateurs chez le groupe de patientes au 1er et au 30e
jours. Cependant, les résultats de l’évaluation des changements dynamiques sur ces
concentrations montrent une diminution significative des concentrations sériques des facteurs
de croissance sus-mentionnés au 30e jour comparativement aux valeurs obtenues le 1er jour.
L’évaluation des effets à court terme du tapis montre que les changements des
concentrations sériques des facteurs de croissance n’ont été significatifs que sur certains
30
groupes. Les concentrations d’EGF et de VEGF ont augmenté chez le groupe-contrôle
immédiatement après l’utilisation du tapis. Un augmentation significative du VEGF a été
observée sur les patientes le 1er jour, immédiatement après l’utilisation du tapis, cependant ce
résultat est resté inchangé au 30e jour.
Cela prouve que la production des facteurs de croissance sanguins VEGF, FGF et EGF
est stimulée dans les tissus présentant une déficience en approvisionnement sanguin, et de ce
fait, en oxygène et en nutriments.
Les lésions des muscles squelettiques et l’insuffisance de flux sanguin génèrent des
processus mutuellement coordonnés de dégénérescence, d’inflammation, de régénération et de
fibrose. De nombreuses études ont montré que le VEGF augmente le processus de régénération
des muscles squelettiques, en stimulant l’angiogénèse et en réduisant la fibrose dans le temps.
Suite aux recherches qu’ils ont effectuées en 2013, Best et al. ont rapporté que la gymnastique,
l’électrostimulation neuromusculaire (NMES) et diverses thérapies de massage – qui favorisent
l’angiogénèse, affectent positivement le processus de régénération des muscles squelettiques
(Best et al. 2013). Par contre, il a été démontré que l’usage des anti-inflammatoires
pharmaceutiques qui inhibent la cyclooxyénase de type 2 (COX-2), supprime le processus de
régénération des muscles squelettiques (Gharaibeh et al. 2012).
Le VEGF est un facteur de croissance majeur. Ces principales fonctions incluent la
facilitation de l’angiogénèse par l’amélioration de la vitalité des cellules, et l’augmentation de
leur proliferation (multiplication) et de leur migration. Plusieurs études ont prouvé que que le
VEGF affecte non seulement les fonctions endothéliales des cellules, mais aussi la survie des
cardiomyocytes, des myoblastes et des cellules souches hématopoïétiques, ainsi que la
neurogénèse et la régénération des muscles squelettiques. Cela étant, une concentration
excessivement élevée de VEGF peut engendrer une angiogénèse et une prolifération cellulaire
incontrôlées. La pression mécanique constistue une méthode alternative pour activer de façon
optimale (physiologiquement normale) la sécrétion de VEGF (Beckman et al. 2013). Dans ce
sens, l’action exercée par un tapis de massage peut également être considérée comme une
stimulation mécanique des tissus.
Le FGF et le VEGF sont sécrétés par les macrophages, les plaquettes sanguines et les
fibroblastes. Concernant la pression mécanique en particulier – ce qui est également valable
pour l’action d’un tapis, les fibroblastes servent de capteurs de pression et d’effecteurs
31
d’étirements (c-à-d qu’ils créent une réaction pour l’étirement approprié des tissus). Les
fibroblastes réagissent aux stimuli mécaniques en initiant des modifications moléculaires et
cellulaires spécifiques à l’environnement biomécanique. De récentes études rapportent que les
fibroblastes sont impliqués dans les réponses immunitaires. Les fibroblastes activés en réaction
à une lésion sécrètent rapidement des cytokines, des facteurs de croissance, et des facteurs
chimiotactiques qui régulent l’activité des cellules hématopoïétiques. Les résultats de certaines
études indiquent que la stimulation biomécanique affecte l’expression génétique des cytokines
et des facteurs de croissance sécrétés par les fibroblastes, en fonction de l’intensité et de la
durée du stimulus (Cao et al. 2013).
Bien que les concentrations relevées dans la présente étude sur les deux groupes soient
significativement différentes, cela n’indique pas de déviation pathologique par rapport à la
norme sur ces deux groupes. Les concentrations des facteurs de croissance ont des intervalles
de référence assez larges en fonction des résultats des études cliniques et expérimentales. Nous
supposons que la moyenne des valeurs relevées dans cette étude se situe dans les limites de la
normale.
L’inflammation constitue une réponse physiologique majeure aux lésions tissulaires et
au processus de régénération. Il a été prouvé que des thérapies manuelles de différents types
influent efficacement sur les inflammations systémiques et les inflammations aiguës localisées
(Cao et al. 2013). Les résultats de la présente étude ont montré que les concentrations sériques
des cytokines pro-inflammatoires (IL-7, IL-17, IFN-γ et MCP-1) étaient significativement plus
faibles chez le groupe-contrôle par rapport à celles enregistrées sur les patientes au 1er jour.
Cependant, les différences entre les résultats du groupe-contrôle et ceux des patientes au 30e,
après une utilisation immédiate du tapis, étaient minimes. Et même avant l’utilisation du tapis,
les résultats des concentrations de MCP-1 et d’IL-7 enregistrées sur le groupe-contrôle et sur le
groupe de patientes au 30e jour ne révèlent pas de différences significatives.
L’utilisation à court terme du tapis n’a pas engendré de changement sur les
concentrations de cytokine dans ces deux groupes. Cela étant, les changements dynamiques
montrent que les concentrations des cytokines pro-inflammatoires ont considérablement
diminué au 30e jour sur les patientes comparativement au 1er jour, et sont par la suite restées
inchangées. L’étude menée par Rapaport et al. (2010) a également montré une diminution des
cytokines pro-inflammatoire, incluant l’IL-1β, l’IL-6 et l’IFN-γ (Rapaport et al. 2010).
32
L’IL-17 est une cytokine pro-inflammatoire, dont les récepteurs sont exprimés par
différents types de cellules dans tout l’organisme. L’interleukine 17 est sécrétée par les cellules
du système immunitaire inné et adaptatif. Plusieurs études ont montré que l’IL-17 déclenche la
sécrétion des cytokines et des chimiokines pro-inflammatoires par les fibroblastes et les cellules
épitheliales, afin de recruter des neutrophiles et des monocytes sur un site inflammatoire. Par
ailleurs, en combinaison avec l’ IFN-gamma, l’IL-17 déclenche la sécrétion de cytokines proinflammatoires afin de recruter des monocytes et des macrophages sur les sites des lésions
athéroscléreuses. Il s’est également avéré qu’au-delà des pathologies liées à l’inflammation,
l’IL-17 est impliquée dans le processus des maladies cardiovasculaires, des lésions cérébrales
ishémiques et de la formation des tumeurs, associé à l’inflammation des cellules immunitaires
actives et aux micro-inflammations. En outre, l’activation excessive des cellules immunitaires
peut favoriser le développement de maladies auto-immunes. (Hirota et al. 2012).
La concentration sérique de la MCP-1 peut être utilisée comme un marqueur biologique
diagnostique pour l’évaluation des réponses inflammatoires. Les endothéliocytes et les
leucocytes présents dans la circulation expriment et sécrètent des chimiokines, dont la MCP-1.
Les chimiokines sont également impliquées dans l’activation des plaquettes sanguines. Les
plaquettes activées sécrètent des facteurs de croissance de différents types et des médiateurs de
l’inflammation, incluant les chimiokines (Braunersreuther et al. 2007).
Les résultats de la présente étude ont démontrés que la concentration de MCP-1 ne
change pas immédiatement après l’utilisation du tapis dans les deux groupes cibles. D’autre
part, l’appréciation dynamique des concentrations de MCP-1 montre que la concentration de
MCP-1 était significativement faible chez les patientes avant qu’elles ne s’allongent sur le tapis
au 30e jour, comparativement au 1er jour. Cela démontre que les réponses inflammatoires des
patientes ont diminué au cours des 30 jours d’utilisation régulière du tapis.
33
1.4. Les changements sur les concentrations sériques d’ocytocine et de β-endorphine
Différentes études ont prouvé que les cellules immunitaires présentes sur les sites
inflammatoires (incluant les lymphocytes T, les lymphocytes B, les monocytes et les
macrophages) contiennent l’ARNm de la proopiomélanocortine (POMC), qui est un précurseur
de la β-endorphine. Lors d’une exposition à un facteur irritant qui engendre du stress
(intervention chirurgicale, stress physique et émotionnel, lésion tissulaire, inflammation, etc.)
les cellules libèrent la β-endorphine contenue dans leurs granules de sécrétion. La β-endorphine
se lie par la suite aux récepteurs opioïdes périphériques pour inhiber la douleur (Mousa et al.
2004 ; Sprouse-Blum et al. 2010). La β-endorphine assure un effet analgésique sur le système
nerveux périphérique. Lorsqu’elle est fixée à ses récepteurs, une cascade de transduction de
signaux se déclenche, ce qui a pour effet d’inhiber la sécrétion de tachykinines, incluant la
substance P (une protéine qui joue un rôle majeur dans la transmission de la douleur). Les
récepteurs opioïdes périphériques sont localisés sur les fibres des nerfs sensoriels, les
terminaisons centrales des neurones primaires afférents et les ganglions spinaux de la moelle
épinière (Stein, 1995 ; Stein & Machelska 2011).
Au cours de la présente étude, la concentration de β-endorphine a considérablement
augmenté chez les patientes au 1er jour, immédiatement après qu’elles se soient allongées sur le
tapis. Toutefois, au 30e jour de l’étude, la concentration de β-endorphine est restée
constamment stable même après que les patientes se soient allongées sur le tapis. De même,
après comparaison, aucun changement n’a été observé sur les concentrations enregistrées avant
l’utilisation du tapis au 1er et au 30e. L’augmentation significative de la concentration de βendorphine observée le 1er jour peut s’expliquer par une réaction excessive de stress à l’action
des pointe de massage du tapis sur les récepteurs de la peau. Les patientes ont également noté
l’apparition de différentes perceptions sensorielles lorsqu’elles se sont allongées pour la
première fois sur le tapis – démangeaisons, picotements et douleurs.
L’ocytocine est connue non seulement pour son action en tant que neuropeptide du
système nerveux central, mais aussi pour son activité fonctionnelle au niveau périphérique, et
au niveau des sécrétions. L’ocytocine module les réactions inflammatoires en réduisant la
sécrétion de certaines cytokines. Des études ont prouvé que les réactions de stress sont atténués
34
sous l’influence de l’ocytocine, et que la sensation de bien-être et de sérénité ainsi que la
qualité des relations interpersonnelles s’en trouvent améliorées (Gouin et al. 2010).
Aucun changement significatif de la concentration d’ocytocine n’a été observé lors du
1er et du 30e jour de l’étude, que ce soit avant ou après l’utilisation du tapis.
35
LIMITATIONS
1. Cette étude n’a porté que sur des femmes, aucune mesure n’a été effectué sur des hommes.
2. Les résultats de cette étude ne concernent qu’une tranche d’âge particulière.
3. Le nombre des sujets du groupe-contrôle est 2 fois inférieur à celui de groupe de patients.
Pour des études ultérieures, il est recommandé de recruter un nombre égal de patients et de
sujets sains.
4. Dans la mesure où toutes les patientes présentaient des douleurs chronique au dos, mais que
certaines d’entre elles (50 %) n’ont pas éprouvé de douleurs au moment des mesures, des
concentrations sériques des facteurs de croissances et de cytokines différentes auraient pu être
détectées pour ces patientes.
5. Cette étude a été réalisée au cours de la saison automne-hiver, période où le risque de
contracter des infections respiratoires virales aiguës est plus élevé. Cela pourrait se refléter sur
les résultats du 30e jour de l’étude sous la forme de concentrations sériques des cytokines proinflammatoires plus élevées.
6. Les résultats de la présente étude ne concernent que le 30e jour d’une longue période
d’utilisation.
7. Dans la mesure où la littérature scientifique ne fournit pas d’intervalles de référence sur les
concentrations sériques de différents biomarqueurs – incluant les cytokines, les facteurs de
croissance et les neuropeptides, il est impossible de comparer les concentrations des
biomarqueurs enregistrées au cours de cette étude avec les normes physiologiques. Nous avons
effectué des comparaisons entre les deux groupes.
CONCLUSIONS
La stimulation mécanique de la peau avec des éléments de massage :
1) augmente significativement l’intensité de la microcirculation cutanée de manière
localisée ;
2) augmente localement le processus métabolique des tissus par l’approvisionnement
active en oxygène et l’élimation du dioxide de carbone ;
36
3) réduit les concentrations sériques des facteurs de croissance et des cytokines proinflammatoires, et engendre une stabilité constante de ces concentrations sur les
changements dynamiques (après 30 jours d’utilisation régulière).
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