Chapitre 2.10.2. — Maladies animales à bunyavirus
Manuel terrestre de l’OIE 2005 1107
En zones d’enzootie, les anticorps élaborés par la mère empêchent l’infection de son foetus, mais le virus
Akabane peut infecter le placenta des bovins et ovins sensibles pendant longtemps. Cette infection se produit
entre le 30e et le 70e jour de gestation chez la brebis et entre le 30e et le 150e jour de gestation chez la vache. Le
virus Akabane montre une prédilection pour l’encéphale, la moelle épinière et les cellules musculaires, où la
nécrose non inflammatoire qu’il entraîne interfère avec la morphogenèse des tissus.
L’infection par le virus Akabane a fait l’objet d’études expérimentales chez les ovins et les caprins, au cours
desquelles il a été possible de reproduire arthrogrypose/hydrocépahlie, cyphose, scoliose, microcéphalie,
porocéphalie, mortinatalité et avortements (25). L’infection naturelle du fœtus ovin a été décrite en Australie, où
l’on observe souvent une mortalité périnatale des agneaux et des microcéphalies congénitales.
L’infection par le virus Akabane a fait l’objet d’études expérimentales chez la vache gestante, démontrant que le
type d’anomalie résultant de cette infection dépendait de l’âge du foetus, l’hydrocéphalie étant observée entre le
76e et le 104e jour de gestation et l’arthrogrypose entre le 103e et le 174e jour (19). Cette différence dans la date
d’apparition des anomalies est nette dans le cas du fœtus bovin, alors que chez les ovins, qui ont une durée de
gestation plus courte, lésions encéphaliques et squelettiques apparaissent simultanément sur le même fœtus. La
séquence des évènements survenant au cours d’une épizootie liée à une infection par le virus Akabane est
caractérisée par la naissance d’agneaux frappés d’incoordination motrice, puis de celle d’agneaux atteints
d’arthrogrypose et de dysplasie musculaire et enfin de celle d’agneaux frappés d’hydrocéphalie et autres lésions
graves du SNC. Ces évènements peuvent être précédés par une morti-natalité et des avortements (26). Le virus
Akabane est responsable de graves malformations des systèmes nerveux et musculaire, dont les lésions sont
caractérisées par une encéphalomyélite non purulente, une encéphalomyopathie dégénarative cérébrale
localisée, une porocéphalie, une microcéphalie, une hydrocéphale, une perte de neurones et d’axones moteurs
de la corne ventrale, une défaut de myélinisation des faisceaux de la moelle épinière, une nécrose et une
polymyosite des myotubules accompagnées d’une dégénérescence des muscles squelettiques. La scoliose est
l’une des conséquences d’une malformation de la moelle épinière, cyphose et arthrogrypose pouvant affecter
presque toutes les articulations.
• La maladie du mouton de Nairobi
La maladie du mouton de Nairobi est une affection des ovins et des caprins causée par un Nairovirus de la famille
des Bunyaviridae (8). Elle est caractérisée par un taux de mortalité variant de 40 à 90 %, et elle doit toujours être
suspectée chez des animaux récemment déplacés d’une zone indemne de maladie vers une zone d’enzootie.
Les foyers surviennent aussi après une incursion de tiques dans des zones qui en étaient auparavant indemnes,
notamment à la suite de pluies abondantes (9). Les symptômes de la maladie sont les mêmes chez les ovins et
les caprins, bien que certaines races ou souches soient plus sensibles que d’autres à l’infection par le virus de la
MMN. Certaines races indigènes ont tendance à être plus sensibles, alors que des races importées peuvent en
guérir après une longue maladie. Bovins et espèces gibier sont réfractaires à l’infection par le virus de la MMN
(30). Le temps d’incubation de la maladie varie de 2 à 5 jours, au cours desquels la température s’élève
à 41-42°C. La respiration accélérée du malade s’accompagne d’un profond abattement, d’anorexie et du refus de
se déplacer. Les animaux portent la tête basse, et présentent une conjonctivite et un jetage séro-sanguinolent.
Certains noeuds lymphatiques superficiels, tels que les pré-scapulaires et les précruraux deviennent palpables.
La diarrhée survient généralement 36 à 56 h après la réaction fébrile. Elle est d’abord profuse, aqueuse et
d’odeur fétide, puis devient hémorragique et muqueuse, accompagnée de coliques douloureuses et de ténesme.
L’avortement est une conséquence habituelle de l’infection. L’examen des sites de prédilection pour la fixation
des tiques, telles que les oreilles, la tête et le corps, révèlera probablement la présence d’un Ixodidé :
Rhipicephalus appendiculatus.
Dans les formes suraiguës de la maladie, la mort peut survenir en 12 h et à tout moment au cours de la réaction
fébrile lorsque l’animal est très malade. Dans les 3 à 7 jours suivants, d’autres morts surviennent après la chute
de la température corporelle, précédées par une diarrhée sévère et de la déshydratation.
Dans le cas de la MMN, l’examen anatomo-pathologique peut être décevant, car la plupart des morts risquent de
survenir durant la virémie, au cours de laquelle les seules lésions seront sans doute une lymphadénite
accompagnée de pétéchies et d’hémorragies de type ecchymotique visibles sur les séreuses de l’appareil
digestif, sur la rate, sur le cœur ou sur d’autres organes. Aucune de ces lésions ne permet de poser ou même de
proposer un diagnostic spécifique, car elles sont communes à beaucoup d’autres affections fébriles des ovins en
zones d’enzootie de MMN. Parmi les maladies avec lesquelles on peut confondre la MMN, il faut citer la fièvre de
la Vallée du Rift, la peste des petits ruminants, la peste bovine, la salmonellose et la cowdriose. Plus tard au
cours de la maladie, la gastro-entérite hémorragique devient plus évidente, accompagnée d’hémorragies de la
muqueuse du rumen, notamment le long des piliers, au niveau de la valvule iléo-caecale et plus souvent encore
au niveau du colon et du rectum. Ces derniers sont souvent couverts de zébrures. La vésicule biliaire est
généralement augmentée de taille et hémorragique. Des lésions inflammatoires hémorragiques sont visibles au
niveau du tractus génital des femelles après leur avortement. Toutefois, chez nombre d’animaux morts de MMN,
il peut n’y avoir aucune de ces lésions gastro-intestinales, et un diagnostic basé sur l’examen post mortem est