Nous avons voulu voir un semblable mouvement de descente dans le roman
Kamouraska. Nous avons remarqué que ce mouvement est également présent dans
d'autres romans, tels Les fous de Bassan ou Le Premier Jardin, mais nous nous sommes
attardés presque exclusivement au premier de ces romans.
Nous avons commencé l'analyse de ce concept par des interprétations de la
descente. Les personnages principaux sont moralement déchus; nous avons premièrement
donc une descente morale peinte en images et en symboles de la Bible et de la
mythologie. Nous avons voulu démontrer que ces symboles de gouffres,
d'ensevelissement et de noyade ne sont pas de simples illustrations, mais qu'elles portent
la narration et la descente toujours plus bas. Ces personnages dans le péché cherchent le
rachat, et les images, ainsi que dans le Nouveau Testament, sont souvent des images de
lavage purificateur.
Ce qui nous intéressait surtout était le chemin mental que suit Elisabeth dans sa
descente. Nous avons noté que pour cette descente que nous avons appelée
psychologique, Anne Hébert se retire, c'est-à-dire qu'elle ne permet pas à sa propre
« voix » d'auteur de trop percer, laissant ainsi libre cours à la voix du monologue
intérieur. Nous avons voulu comprendre ce qui poussait les personnages à la violence et
avons donc examiné les injustices sociales de l'époque et surtout les manques
psychologiques des personnages. Nous nous sommes surtout ici attardés sur une nostalgie
de l'enfance volée du personnage et son isolement. Il cherche un retour à l'innocence.
La douleur du personnage qui n'arrive pas à exprimer sa souffrance finit dans le
cri.
Ce cri en est un de douleur, mais aussi rattache le personnage à une essence d'avant
les temps, d'avant l'emprise des règles parfois étouffantes de la société. Nous avons