Femme, œil, chevelure ou liberté ?
Après un voyage passionnant, de lecture et d’étude, consumé en bonne compagnie de la poésie arabo-
musulmane classique, moderne et melhoune, je me demande, en réalité cette question m’a toujours hanté
l’esprit, ceci perdure depuis mon enfance littéraire, depuis mes premières lectures: pour le poète, quelle est la
partie du corps féminin symbolisant le centre énergétique de la séduction et de la fascination? Le poète, le vrai
poète, est l’œil qui ne dort jamais. Ne rate point la magie de la beauté éveillée autour de lui, en lui ou dans la
langue.
À travers les quinze siècles de la littérature arabe, tantôt riche, tantôt controversée, le poète comme
l’enchanteur narrateur, ne cesse de nous confirmer sans ambiguïté aucune qu’aux yeux de l’homme arabo-
musulman “Al Ayne’, “l’œil” féminin est considéré comme l’organe corporel le plus séduisant. Le plus captivant.
Le plus troublant ! Regard attrayant! Et Satan, confrère de la fitna, préfère la beauté de l’œil féminin comme
demeure définitive! Mais si l’œil est la demeure du Satan, pourquoi est-ce que la femme musulmane, au nom de
la discrétion, au nom de la pudeur, au nom de la hachma, au nom d’une certaine religion cache ses cheveux ?
La littérature arabe, depuis el Mouallaqat, jusqu’au Nezar Kabani, en passant par les Mille et Une Nuits, Omar
Ibn Abi Rabia et Abou Nouas… n’a pas évoqué ou peu la chevelure comme facteur de séduction, de fitna ou
d’attirance ! Les cheveux d’une femme ne font pas bois pour un feu satanique ! Dans la littérature arabe, Satan
préfère habiter la beauté de l’œil féminin !!
L’œil féminin est le chemin du Satan ! Pour un arabo-musulman, l’œil est la source de tous les désirs charnels !
La sédition !! Les poètes arabes, en arabe classique ou en dialectes, ont chanté, à la folie, la couleur de l’œil de
leur bien-aimée : l’œil noir. L’œil bleu. L’œil vert. L’œil amande.
L’œil mielleux.
En folie exceptionnelle, ils ont chanté aussi la forme de cet œil, les cils et sourcils : large, incliné, courbé,
arrondi, gai, rieur, espiègle, ensommeillé… Mais rien n’a été dit sur la chevelure en tant que moteur de
séduction ou de fascination, ou presque ! Dans la logique morale ou moraliste la plus élémentaire, et afin de
chasser Satan, qui n’est que le regard assoiffé de l’homme, la femme musulmane devrait cacher ses yeux au
lieu de cacher sa chevelure. Paradoxe ! Mais en toute contradiction et dans l’illogique, la femme musulmane
cache sa tête, pour laisser Satan libre dans ses yeux ! Intelligence, rouerie ou ruse! La femme voilée, les
cheveux bien dissimulés, celés dans un foulard orné, n’hésite pas à mettre en valeur ses yeux en les maquillant
d’une façon spectaculaire ! Celle à laquelle le Bon Dieu n’a pas procuré une paire d’yeux avec une belle couleur,
ne recule pas devant un autre choix, celui de porter des lentilles aux couleurs sollicitées !!
Appel au Satan ! Satan habite les beaux yeux !! Et cela ne dérange en rien les gardiens de la
morale musulmane! Bizarre, n’est ce pas ! Et je continue mon voyage passionnant, en compagnie de la
poésie qui célèbre la femme libre, belle et rebelle!
A. Z.