Editorial RMC-2014-1 EDITORIAL Bonne année à tous! Et surtout bonne santé...si, si...je vous jure. Une revue « sans chichis », tout en rouge ! Des yeux rouges, des jambes rouges !!!!! Haie ! Haie ! Et si cela ne passe pas par l’œsophage du CSA ou si celui-ci fait un arrêt cardiorespiratoire à la lecture du sommaire, nous inviterons celui-ci à lire les deux très bons articles de synthèse sur le sujet! Un tout grand merci aux auteurs Docteur Olivier GILBERT, Rédacteur en Chef RMC Nœud papillon du réveillon 2013—2014 RMC-2014-1 1 Sommaire 2014-1 RMC numéro 2014-1 Au sommaire Ce qui ne passe pas au niveau de l’oesophage cervical… et ce qui passe !!! A. Dolimont*, A. Ouazzani*, S. Albisinni*, E. Guérin*, JC Lefebvre*, D. Blero**, P. Biston***, J. Dryjski*, M. Takieddine*, D. Pitot*, P. Vaneukem * *Service de chirurgie digestive, CHU de Charleroi **Service de gastroentérologie, CHU de Charleroi ***Service de soins intensifs, CHU de Charleroi Prise en charge des patients après arrêt cardiorespiratoire G. Simoens Service des Soins Intensifs QUIZZ OPHTALMOLOGIQUE O.GILBERT1, F.DEPASSE2 Service de Pneumologie1, Ophtalmologie2 CHU de Charleroi QUIZZ N°1 DERMATOLOGIQUE C. LEJEUNE Service de Dermatologie, CHU de Charleroi QUIZZ N°2 DERMATOLOGIQUE C. LEJEUNE Service de Dermatologie, CHU de Charleroi Symposium des soins intensifs Don et transplantation une histoire humaine avant tout 14 mars 2014 de 8h30 à 16h00 Hôpital A. Vésale, Auditoire R. De Cooman Rue de Gozée 706 6110 Montigny-Le-Tilleul RMC-2014- 1 1 Cas Clinique Ce qui ne passe pas au niveau de l’œsophage cervical… et ce qui passe !!! A. Dolimont*, A. Ouazzani*, S. Albisinni*, E. Guérin*, JC Lefebvre*, D. Blero**, P. Biston***, J. Dryjski*, M. Takieddine*, D. Pitot*, P. Vaneukem* *Service de chirurgie digestive, CHU de Charleroi **Service de gastroentérologie, CHU de Charleroi ***Service de soins intensifs, CHU de Charleroi MOTS CLÉS : PERFORATION OESOPHAGIENNE, LITHOPHAGIE RÉSUMÉ atient de 61ans, transféré pour perforation œsophagienne cervicale. Après mise au points, une intervention chirurgicale associant une cervicotomie gauche et une laparotomie médiane a permis l’extraction œsophagienne d’une vis papillon de 70 x 40mm et 100 corps étrangers intra-abdominal. P CAS CLINIQUE Un homme de 61ans, retardé mental, a été transféré à notre institution pour perforation œsophagienne cervicale après ingestion d’un corps étranger. L’anamnèse est rendu difficile en raison de l’état cognitif du patient et les personnes l’entourant ne savent pas préciser le moment de l’ingestion du corps étranger. Le patient est intubé, calme. L’examen cervical montre une induration à gauche et quelques crépitations neigeuses. Au niveau abdominal, on note un ballonnement et une distension intestinale. RMC-2014 1 1 Cas Clinique CAS CLINIQUE L’évaluation radiologique réalisée avant le transfert permet de visualiser le corps étranger cervical et une accumulation de matériel radio-opaque abdominal (Figures 1 et 2). Figure 1 Vis visualisée sur une radiographie cervicale Figure 2 Abdomen à blanc : multiples corps étrangers radio-opaques au niveau iléo-caecal RMC-2014 1 2 Cas Clinique Que feriez-vous ? U n CT scan cervico-thoraco-abdominal réalisé dans notre institution a montré la présence d’un corps étranger au niveau œsophagien supérieur. On visualise également en para-œsophagien gauche un abcès. Aucun signe de médiastinite n’est objectivé. De nombreux corps étrangers sont visibles dans le jéjunum, la jonction iléo-caecale et le colon ascendant avec occlusion intestinale mécanique. La biologie était dans les limites de la normale à l’exception d’une anémie normocytaire normochrome (Hb : 9,8g/dl) et une hyperleucocytose (15900 leucocytes /mm³). Le patient a été transféré en salle d’opération. Une œsophagoscopie préopératoire a permis la visualisation de la perforation œsophagienne cervicale gauche à environ 1,5 cm sous le sphincter œsophagien supérieur. Malheureusement, les tentatives d’extractions endoscopiques ont échouées en raison une partie extra-œsophagienne. Nous avons donc procédé à une cervicotomie gauche. Le site de perforation a été visualisée (figure 3). Figure 3 Cervicotomie gauche avec visualisation de la perforation œsophagienne RMC-2014 1 3 Cas Clinique Le corps étranger a été identifié comme étant une vis papillon de 70 mm de longueur et 40 mm de largeur (figure 4). Figure 4 Extraction de la vis papillon de l’œsophage L a vis a été extraite et l'œsophage a été fermé avec un fil résorbable 4/0 après débridement. Un lambeau pédiculé du muscle sternocléidomastoïdien a renforcé la reconstruction (figure 5). L'incision cervicale a été fermée après mise en place d’un drain non aspiratif. Figure 5 Lambeau musculaire du sterno-cléido-mastoïdien renforçant la suture œsophagienne Nous avons procédé après à une laparotomie médiane suivie d'une colotomie au niveau caecal. Un total de 89 pierres, 7 spatules de cuillère à café cassée et de 4 pièces de monnaies ont été retirés (figure 6). Figure 6 Corps étrangers extraits: 89 pierres, 7 spatules de cuillère à café, 4 pièces de monnaie et la vis papillon RMC-2014 1 4 Cas Clinique Discussion L a lithophagie est un sous-type rare du syndrome de Pica. Nous rapportons le cas d’un patient avec un corps étranger œsophagien cervical responsable d’une perforation et 100 corps étrangers accumulés dans le caecum (89 pierres, 7 cuillères et 4 pièces de monnaies) conduisant à une occlusion intestinale mécanique. A notre connaissance, seuls quatre cas de lithophagie ont été rapportés dans la littérature. À ce jour, c'est le premier cas où la lithophagie est responsable d’une occlusion intestinale due à une impaction massive au niveau caecal. Altamini a publié une approche médicale avec succès à l'aide de lactulose per os chez un patient abritant plusieurs pierres au niveau du côlon. Shahverdian et al. ont rapporté une extraction endoscopique réussie de pierres caecales chez un patient souffrant de lithophagie, sans signe d'obstruction. Rappelons que la lithophagie est une maladie mentale chronique. Dés lors, ces patients doivent être suivis par un psychiatre afin de contrôler la maladie et prévenir d'autres événements mettant leur vie en danger. RMC-2014 1 5 Cas Clinique Références : 1. Altamimi. Lithophagia in Iron Deficient Celiac Disease Patient. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2013: Jan 21 2. E. Shahverdian, A. Mariyappa, D. Wisinger, J. Ravi, S. Verma and A. Nadir. Successful removal of cecal stones by using a colonoscope in an individual with repeated lithophagia. Gastrointest Endosc 2009;69: 1188-90 RMC-2014 1 6 Article de synthèse Prise en charge des patients après arrêt cardiorespiratoire Docteur Gaetan Simoens Service des Soins Intensifs L ’arrêt cardiorespiratoire est un problème de santé publique majeur dans nos sociétés. Parmi les patients hospitalisés, rares sont ceux qui survivent sans séquelles neurologiques majeures . En Europe, sur 100000 patients réanimés pour mort subite, seuls 20 % des patients survivent, dont plus de la moitié avec de graves troubles neurologiques dont l’état végétatif permanent ! Pour les patients découverts en asystolie, on approche les 100% de mortalité ! Statistiques nord américaines Mortalité ≈ 65 – 95 % L a raison essentielle en est l’anoxie cérébrale d’installation brutale avant qu’une réanimation permette de restaurer une circulation efficace. On considère en effet qu’après 3 à 5 minutes d’arrêt circulatoire, le cerveau souffre de dégâts irréversibles. RMC-2014 1 1 Article de synthèse L a fin du 20° siècle a vu l’amélioration spectaculaire des techniques de réanimation cardiopulmonaire mais le corolaire en a été l’augmentation progressive des comas permanents auxquels les intensivistes ont dû faire face dans leurs unités respectives. L’explication du pronostic aux familles incrédules au vue de la normalisation des fonctions cardiorespiratoires est une de leurs tâches les plus pénibles. C’est donc naturellement que parallèlement à la réanimation cardiopulmonaire s’est développé le concept de réanimation neurologique. La question essentielle était de savoir comment on pouvait protéger le cerveau des dégâts de l’anoxie. La littérature regorge de « case reports » de patients découverts en mort clinique qui sont en hypothermie et dont une réanimation même très prolongée parvient à restaurer ad integrum les fonctions supérieures. Il est d’ailleurs classique de dire qu’un mort froid n’est jamais mort tant qu’il n’est pas mort et chaud ! Larrey, chirurgien des campagnes napoléoniennes , disait déjà : RMC-2014 1 2 Article de synthèse L ’hypothermie comme traitement neurologique protecteur après arrêt cardiaque semblait une voie logique et prometteuse. Il a fallu attendre les années 90 pour voir des études animales montrer un net bénéfice de l’hypothermie modérée ( 32 à 34 ° C) en termes de pronostic neurologique après arrêt cardiaque provoqué. Les mécanismes protecteurs d’action sur le cerveau de l’hypothermie sont les suivants : 1. 2. 3. 4. 5. 6. Diminution du métabolisme cérébral de base. Diminution de la production des acides aminés neuroexcitateurs (dopamine, glutamate). Diminution de la production de radicaux libres oxygénés toxiques. Stabilisation membranaire avec baisse de l’entrée de Ca++ intracellulaire. Baisse de la production des médiateurs proinflammatoires. Diminution de la perméabilité vasculaire et de l’œdème. C’est en 2002 que deux études cliniques multicentriques randomisées prospectives (une européenne 1 et une australienne 2) ont démontré l’intérêt d’une hypothermie modérée durant 12 à 24 heures après arrêt cardiaque . La survie à 6 mois est significativement améliorée chez les patients réanimés dont le rythme initial est une fibrillation ventriculaire. Moins d’un an plus tard, les sociétés savantes internationales intégraient l’hypothermie modérée (32 à 34°C) dans les guidelines thérapeutiques dans cette indication. Elles suggéraient que ce traitement pouvait être également bénéfique pour les patients en arrêt cardiaque récupéré présentant un autre rythme initial comme l’asystolie ou la dissociation électromécanique bien qu’aucune preuve scientifique n’étayait cette hypothèse. A partir de ce moment, la plupart des services de soins intensifs ont mis en route un protocole de prise en charge et l’hypothermie faisait son entrée fracassante dans les unités. Notre service a élaboré également un protocole pratique tenant compte des recommandations de la littérature. Celui-ci se trouve intégralement dans le SIM pour guider les médecins de garde dans leur démarche thérapeutique. RMC-2014 1 3 Article de synthèse Sans rentrer dans les détails, les principes de base sont les suivants : A l’arrivée à l’hôpital, le patient en arrêt cardiaque réanimé et récupéré qui ne manifeste pas de signe d’éveil doit être refroidi le plus rapidement possible par des perfusions froides ( 4°C ) en flush si la situation hémodynamique le permet. Cela peut se faire aux urgences, en salle de coronarographie et/ou aux soins intensifs. Le but est d’obtenir rapidement une température corporelle entre 32 et 34°C. Aux Soins Intensifs, le patient recevra une sédation lourde doublée souvent d’une curarisation, en perfusion continue et l’hypothermie thérapeutique sera maintenue par un matelas réfrigérant doté d’un thermostat. Ce traitement sera maintenu 24 heures, après quoi un réchauffement passif sera entamé jusqu’à normalisation de la température corporelle . A ce moment, la sédation sera arrêtée et place sera faite à l’évaluation neurologique clinique et paraclinique. Il est très important d’éviter ensuite les épisodes d’hyperthermie. Pendant toute la période initiale où le patient est refroidi, un monitorage invasif sera réalisé par un système de type PICCO ou Swan-Ganz, en plus du monitorage classique par voies centrale et artérielle. En effet, des troubles hémodynamiques graves peuvent survenir durant cette période et aggraver la perfusion des organes, notamment du cerveau, compromettant ainsi les chances de récupération. Ces troubles sont de trois ordres : 1. 2. 3. La cause initiale de l’arrêt cardiaque (cardiopathie ischémique, etc...). L’hypothermie même modérée peut causer une instabilité hémodynamique : bas débit cardiaque, hypovolémie par polyurie, hypotension artérielle, troubles du rythme, états septiques. Le syndrome post-réanimation ou syndrome d’ischémie – reperfusion qui peut être très redoutable. Celui-ci est une vraie maladie systémique faisant appel à des mécanismes physiopathologiques inflammatoires comme dans le sepsis. Il associe un bas débit cardiaque avec sidération myocardique, une vasoplégie avec syndrome de fuite capillaire et régulièrement une défaillance multiorganique d’intensité variable. Il est rare qu’un de ces patients échappe à la mise en route de traitement par amines vasoactives et/ ou d’un remplissage vasculaire agressif. Ce syndrome régresse dans la plupart des cas endéans les 72 heures. RMC-2014 1 4 Article de synthèse R écemment, une grande étude parue dans le New Eng J Med (3) a montré que le maintien d’une température corporelle à 33° n’avait pas plus d’avantage que le maintien à 36° chez les survivants inconscients après arrêt cardiaque extrahospitalier, mettant ainsi un peu à mal les concepts intégrés depuis une décennie. Des études ultérieures devront être réalisées pour mieux cibler la température idéale, sa durée d’utilisation et les groupes de patients à traiter. Il y a encore de trop nombreuses questions sans réponse. EN CONCLUSION A ux soins intensifs, notre prise en charge des patients admis après arrêt cardiaque a considérablement changé depuis 10 ans, intégrant l’hypothermie modérée comme pierre angulaire dans le traitement protecteur cérébral. Cependant, les avantages de celui-ci ne touchent qu’une partie des patients réanimés. Un grand nombre de patients sont réanimés bien trop tard par rapport à la syncope initiale pour espérer un avantage d’un quelconque traitement sur la récupération neurologique. Les statistiques en termes de décès et de coma végétatif restent effroyables. La prévention reste, à mon sens, comme dans la plupart des domaines médicaux, la piste la plus à creuser mais elle sort du propos actuel. La multiplication des sites pourvus de défibrillateurs le montre bien et l’éducation au massage cardiaque et aux premiers soins de réanimation s’intègre doucement dans la vie de la population. RMC-2014 1 5 QUIZZ QUIZZ Proposé par 1 les Docteurs Olivier GILBERT , Fanny DEPASSE2 Service de Pneumologie1, Ophtalmologie2 CHU de Charleroi Madame XX vient en oxygénothérapie…. Oeil « pique », voit brouillé « mais çà va d’aller, Docteur…. » RDV en Ophtalmo pris pour 4 mois plus tard Envoyée en Urgence en Ophtalmo Votre diagnostic RMC-2014 1 1 QUIZZ 1er diagnostic différentiel à évoquer face à un œil rouge c’est le glaucome aigu. D+, réflectique ? pas de réelle mydriase …. un aspect de petit chalazion de la paupière supérieure …. un aspect de ligne courbe à concavité vers l’angle interne de l’œil créant un effet de corps étranger transparent ... U ne patiente de 66 ans est envoyée en urgence début novembre par son pneumologue pour avis concernant son œil gauche. Elle a été hospitalisée du 27 juillet au 6 août dans le service de pneumologie pour une bronchopneumonie. E lle a remarqué une rougeur de son œil gauche à peu près à cette période. Son médecin traitant puis le remplaçant lui ont conseillé d’instiller des larmes artificielles. Au niveau général, elle souffre d’une BPCO emphysémateuse, d’une sténose de la valve aortique, d’un « cœur pulmonaire chronique », d’une HTA. Elle est porteuse d’un pace maker (BAV 2d degré), et est ancienne consommatrice d’alcool en sevrage. Elle a donc été hospitalisée en été suite à une bronchopneumonie à Mycoplasme. Son traitement médical consiste en asaflow, zocor, tildiem retard, pantomed, xanthium, befact forte, seretide, medrol (pendant l’hospitalisation à doses dégressives stoppé actuellement), spiriva, duovent, oxygénothérapie, onbrez, burinex. RMC-2014 1 2 QUIZZ Quels sont les éléments anamnestiques importants à préciser devant l’aspect de l’œil ? (voir photo) Quelles structures peut-on observer à l’œil nu pour estimer la gravité de l’atteinte ? A l’anamnèse spécifique, il est important de préciser l’existence de : Présence et type de douleur au niveau de l’œil, sensation de corps étranger ? Trouble visuel associé Port de lentille de contact, circonstances de survenue (traumatisme) ? A l’examen externe (à la lampe de poche), on précise : L’unilatéralité ou la bilatéralité de l’atteinte La présence de lésions cutanées associées La localisation de la rougeur Le reflet de la cornée La pupille et son réflexe photomoteur On peut éventuellement cacher un œil et l’autre pour comparer qualitativement la vision. Notre patiente ne présente pas de douleur (elle se porte plutôt bien et est très souriante), se plaint de voir un peu plus trouble. Les circonstances d’apparition ne sont pas très précises. Il n’y a pas de notion de traumatisme. A l’examen externe, il n’y a pas de lésion cutanée. La rougeur est diffuse mais avec une localisation préférentielle autour de la cornée. L’œil droit n’est pas rouge. Le reflet de la cornée est très irrégulier et n’est plus tout-à-fait transparent. La pupille est réflectique et ronde. RMC-2014 1 3 QUIZZ Faut-il donc envoyer cette patiente en ophtalmologie de façon urgente ? Oui, l’atteinte cornéenne nécessite une prise en charge urgente en ophtalmologie ! L’EXAMEN DE L’OPHTALMOLOGUE L ’examen de l’ophtalmologue à la lampe à fente permet de préciser le niveau de l’atteinte. Chaque structure du segment antérieur de l’œil va être examinée et décrite. La tension de l’œil va être mesurée ainsi que l’acuité visuelle. L’ensemble du tableau clinique (les symptômes et les signes) permettent de déterminer l’étiologie (parfois confirmée par des examens paracliniques). L’acuité visuelle est 10/10 œil droit et <1/20 œil gauche (« compte les doigts » à 2m). L’examen à la lampe à fente confirme l’atteinte cornéenne (endothélite, ulcère géographique propre au centre à bords surélevés, kératite ponctuée superficielle diffuse). La perte de transparence cornéenne rend l’examen des structures plus profondes difficile. Une inflammation intraoculaire est suspectée. La sensibilité cornéenne est nulle à gauche. Le diagnostic de kératite herpétique avec uvéite antérieure probable est posé. Le traitement instauré consiste en zovirax 800mg po 5x/j, diamox 250 mg po ¼ co/ j, tropicol collyre 3x1goutte/j OG, terramycine onguent 3 à 5x/j OG. L’évolution est favorable. 4 jours plus tard, l’acuité est de 1/20. L’épithélium cornéen est fermé. On note un tyndall positif en chambre antérieure. L’examen du fond d’œil est trouble mais possible et ne montre pas de foyer infectieux. 10 jours plus tard, l’acuité est de 2/10. La tension intraoculaire est mesurée et normale. Le tyndall diminue et on voit des précipités rétrodescemétiques. Le fond d’œil est normal. La patiente commence à avoir mal. On arrête le diamox, le zovirax est diminué à 3x/j et on change la terramycine pour terracortril 3x/j. 15 jours plus tard, l’acuité est de 4/10. Les précipités rétrodescemétiques sont bruns. Le tyndall est négatif. RMC-2014 1 4 QUIZZ L exique : Ulcère cornéen géographique : ulcération des couches superficielles et de proche en proche vers les couches plus profondes de la cornée, avec un périmètre irrégulier, comme une forme de continent sur une carte géographique. Endothélite : inflammation de la couche la plus profonde de la cornée (l’endothélium) qui entraîne une formation de plissements ou un engorgement liquidien de la cornée. Kératite ponctuée superficielle : atteinte superficielle de l’épithélium cornéen donnant un aspect de petits points colorés à l’instillation de fluorescéine. Effet tyndall : visualisation des cellules inflammatoires et infectieuses dans la chambre antérieure de l’œil, flottant dans l’humeur aqueuse, comme de la poussière dans un rai de lumière. Précipités rétrodescemétiques : amas de cellules inflammatoires, collées contre la face interne de la cornée. Fluorescéine : colorant orange instillé dans les larmes, qui s’accroche sur les zones de cornée désépithélialisées, révélé par une lumière bleue fluorescente. Trouble de la sensibilité cornéenne : diminution de la réaction trijéminale à la présence d’un stimulus. La sensibilité est testée en évaluant la réponse à la mise en contact d’un corps étranger (coin de mouchoir propre par exemple) avec la cornée, comparativement entre les 2 yeux. Après lecture de l’histoire de cette patiente, pouvez-vous répondre aux questions suivantes ? RMC-2014 1 5 QUIZZ En ophtalmologie, une faible rougeur de l’œil est-elle moins grave qu’une forte rougeur ? L’absence de plaintes d’un patient est-elle de bon pronostic ? Parmi les traitements reçus par la patiente, y en a-t-il qui présentent un risque pour l’œil ? Quel est le pronostic pour l’œil de la patiente ? Il n’y a pas de corrélation entre l’importance de la rougeur de l’œil et la gravité de l’atteinte. Certaines affections ophtalmologiques (comme une hémorragie sous-conjonctivale) entraînent une forte rougeur et sont sans gravité pour l’œil. La localisation de la rougeur peut permettre une orientation diagnostic. Ainsi, la rougeur périkératique ou périlimbique (autour du limbe) oriente vers la présence d’une atteinte cornéenne ou une uvéite antérieure. L’absence de plaintes de la patiente, dans ce cas, n’est pas un élément de bon pronostic. L’herpès entraîne une anesthésie cornéenne par atteinte du trijumeau. La lésion cornéenne n’est pas ressentie et progresse insidieusement. L’absence de douleur est un élément d’orientation diagnostic. En effet, les autres causes d’atteinte cornéenne sont généralement douloureuses, de même que les autres causes de rougeur à localisation périlimbique (comme le glaucome aigu par fermeture de l’angle, l’uvéite antérieure,…). La conjonctivite se présente généralement avec une rougeur diffuse, une gêne généralement douloureuse et devient bilatérale (asymétrique) dans la plupart des cas. Le Medrol reçu durant l’hospitalisation, comme tous les médicaments à base de cortisone, peut engendrer des effets secondaires au niveau ophtalmologique : cataracte, glaucome. Plus spécifiquement chez notre patiente, un traitement à base de cortisone avec kératite herpétique non traitée par antiviral fait « flamber » l’herpès cornéen. RMC-2014 1 6 QUIZZ L ’atteinte cornéenne habituelle, la kératite dite « dendritique », qui dessine une sorte d’arborescence en feuille de fougère sur la cornée s’élargit et s’approfondit en ulcère géographique dans ce cas. Il est donc formellement contre-indiqué d’instiller des collyres à base de cortisone sur un œil rouge avant d’avoir exclu une atteinte herpétique par un examen ophtalmologique. Un traitement topique cortisoné est parfois introduit par l’ophtalmologue dans un second temps pour diminuer la réaction inflammatoire, toujours sous couverture d’un antiviral. Le pronostic de notre patiente est une guérison de l’atteinte cornéenne active, mais au prix d’un traitement long et délicat, qui nécessitera des contrôles réguliers et une diminution progressive du traitement. D’autre part, des séquelles sont possibles : taie cornéenne, kératite stromale (opacification du stroma de la cornée), kératite dite neurotrophique (sécheresse chronique de la surface, par diminution de la sécrétion lacrymale régulée par le rijumeau), récidives. La cornée restera donc fragile. RMC-2014 1 7 QUIZZ QUIZZ Proposé par Caroline LEJEUNE Service de Dermatologie, CHU de Charleroi U ne patiente âgée de 58 ans se présente aux urgences avec un œdème, un érythème et une douleur au niveau du membre inférieur gauche. Ces symptômes sont apparus brutalement il y a 48h. On note la présence de phlyctènes sur le mollet. Quel est votre diagnostic Que faire devant « une grosse jambe rouge » RMC-2014 1 1 QUIZZ Il s’agit d’un érysipèle de la jambe Le germe retrouvé lors du frottis est le streptocoque beta hémolytique du groupe A. La patiente présente un intertrigo sévère au niveau des orteils, ce qui constitue probablement la porte d’entrée de l’infection bactérienne. Diagnostic différentiel à faire avec un eczéma de contact, une dermohypodermite inflammatoire de stase veineuse. Examens complémentaires : Biologie, Hémocultures, Frottis de toute effraction cutanée. Si suspicion TVP : écho-doppler. Un traitement antibiotique a été instauré en ambulatoire vu que la patiente ne présentait pas d’autre co-morbidité et que la compliance semblait bonne. Elle a donc reçu de la flucloxacilline 500mg 4x/j pendant 10 j. Traitement adjuvant : Surélévation des jambes, application de Myk-1 crème entre les orteils afin d’éradiquer la mycose, Paracetamol 1g 4x/j, phlyctènes percées et antiseptique local. RMC-2014 1 2 QUIZZ QUIZZ Proposé par Caroline LEJEUNE Service de Dermatologie, CHU de Charleroi Auriez-vous eu la même attitude devant cette jambe ? Quel est votre diagnostic Que faire devant un autre type de « une grosse jambe rouge » RMC-2014 1 1 QUIZZ Il s’agit dans ce cas d’une dermite de stase et non d’une infection. Le traitement consiste uniquement en l’application locale d’une crème hydratante. RMC-2014 1 2 Symposium des soins intensifs Don et transplantation une histoire humaine avant tout 14 mars 2014 de 8h30 à 16h00 Hôpital A. Vésale, Auditoire R. De Cooman - Rue de Gozée 706 - 6110 Montigny-Le-Tilleul 08h30 : Accueil Modérateurs : Mme C. Piccinin et Dr Kimbimbi Modérateurs : Mme F. Bardiau et Dr P. Biston 09h00 : Introduction Mme C. Piccinin, CHU de Charleroi 13h30 : La coordination locale au quotidien Mme A. Joosten, CHU de Charleroi 09h10 : Les débuts d’un projet qui dure Mme B. Van Haelewijck, Dr M. Daune CHU de Charleroi 13h55 : Paroles à l’équipe du bloc opératoire Mme M. Delière, CHU de Charleroi 09h30 : Le don d’organe vu par l’intensiviste Dr P. Biston, CHU de Charleroi 09h50 : Avancées législatives Mme I. Sénépart, SPF Santé publique 10h10 : Les coordinateurs de transplantation de Belgique : Qui sont-ils Mme M-H Delbouille, CHU Liège 10h30 : Pause 14h15 : Les familles : un partenaire indispensable Mmes I. Ducarmois et L. Montini, CHU de Charleroi 14h40 : eCPR et donneurs potentiels Dr D. De Backer, ULB Erasme 15h00 : Clinique de la transplantation du CHU de Charleroi Dr B. Guillaume, Mme A-M La Greca, CHU de Charleroi 11h00 : Définition de la mort et prélèvement d’organes Pr P. Kinnaert, ULB Erasme 15h20 : Paroles au centre de transplantation partenaire depuis 20 ans Mme E. Angenon, ULB Erasme 11h30 : La recherche en transplantation Dr Alain Le Moine, ULB Erasme 15h50 : Clôture Mme F. Bardiau, CHU de Charleroi 12h00 : Question et réponse 12h30 : Pause Places limitées Inscription obligatoire : [email protected] ou via intranet