Séance 1 - moodle@paris

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Florence BRONDEAU
Les grandes problématiques géo-environnementales
- Introduction générale.
Des ouvrages catastrophistes et des ouvrages polémiques
Conway E. Oreskes N. L’effondrement de la civilisation occidentale. Les liens qui libèrent.
2014.
Diamond J. Effondrement Gallimard 2006.
Allègre Cl L’Imposture climatique 2010
Des rapports réguliers du GIEC dont les résultats sont sans cesse plus préoccupants
Les accords de Paris signés à l’occasion de la COP 21et renouvelés par la Cop 22, mais
fragilisés par les nouvelles réticences des Etats Unis.
Parmi les conclusions du dernier rapport du GIEC. « L’influence de l’homme sur le système
climatique est claire et en augmentation, avec des incidences observées sur tous les
continents. Si on ne les maîtrise pas, les changements climatiques vont accroître le risque de
conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l’être humain et les écosystèmes ».
L’occasion est saisie ici de faire le point sur les grandes problématiques environnementales
qui conditionnent l’évolution de nos sociétés à court et moyen terme.
Introduction. Bienvenue dans l’Anthropocène
Thème 1. Le global change : Symptômes, mécanismes, risques et impacts
1- Le Global Change. Analyse des symptômes
2- Le global Change. Comprendre les mécanismes et les impacts potentiels
3- Elévation du niveau de la mer. Mécanismes et enjeux
4- La question des migrations climatiques
Thème 2. Des écosystèmes menacés
5- Les écosystèmes coralliens
6- Le point sur la déforestation.
7- La biodiversité en question
Thème 3. Nourrir la planète
8- Systèmes agricoles et environnement.
9- Nourrir les villes : Un enjeu majeur, analyse à différentes échelles.
10- Les IDE dans les Suds. « Accaparement des terres ou opportunités de
développement » ?
11-Le renouveau de l’agriculture urbaine. Quels enjeux ?
12- Cultiver autrement ?
Conclusion- L’urgence d’une éthique environnementale ?
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Séance 1 . Bienvenue dans l’Anthropocène.
I- L’Anthropocène : caractéristiques et pertinence d’une nouvelle ère qui fait
débat
Depuis l’entrée dans l’ère industrielle, les mutations des grands équilibres de la planète
engendrées par les activités humaines s’accélèrent , amplifiées par l’accroissement
démographique. La Terre serait rentrée dans un nouvelle ère géologique « l Anthropocène ».
1- Les caractéristiques de l’Anthropocène : les indicateurs majeur de l’avènement d’un
nouvelle ère
-Qu’appelle t on Anthropocène ? The human age. Définition.
Ce terme a été formulé pour la 1ère fois en février 2000 par Paul Crutzen à l’occasion d’un
colloque Géosphère-Biosphère au Mexique (chimiste de l’atmosphère et prix Nobel pour ses
travaux réalisés sur l’évolution de la couche d’ozone). « Nous ne sommes plus dans
l’Holocène mais dans l’Anthropocène ». Du Grec anthropos , « être humain » et kainos
« récent » « nouveau ».
Cruzen part du postulat que l’Homme est devenu une force géophysique à part entière, apte à
rivaliser avec les grands mécanismes naturels. L’augmentation de la concentration en CO2 et
autres gaz à effet e serre dans l’atmosphère en particulier (industrialisation, combustion
massive d’énergie fossile, déforestation, développement de l’élevage et de l’agriculture…).
Dans la revue « Nature » en 2002 , Crutzen développe sa proposition : il faut trouver un
nouvel âge à nos échelles stratigraphiques pour signaler que l’Homme est devenu une force
d’ampleur tellurique . Après le Pleistocène qui a débuté le Quaternaire il y a 2,5 millions
d’années, et l’Holocène qui a débuté il y a 11 500 ans , Crutzen estime approprié de nommer
« anthropocène » l’époque géologique présente qui est l’’âge de l’Homme en quelque sorte.
« en deux cent ans, on a changé le système Terre pour des millions d’années (Fressoz, jean
Baptiste, historien des Sciences voir Bonneuil Fressoz. L’évènement anthropocène 2013
editions du Seuil)
-Un effet de serre renforcé: l’anthropocène est avant tout un thermocène.. Le cycle du carbone
au cœur des mécanismes du forçage radiatif
Pour des chimistes de l’atmosphère comme Paul Crutzen ou la plupart des climatologues,
c’est dans l’air que se trouve les éléments clés et en particulier les analyses chimiques de l’air
contenu dans la glace (carottes prélevées en Antarctique et au Groenland en particulier).
Depuis 1750, la teneur de l’air en méthane a augmenté de 150 %, le CO2 de 43%, N2O
protoxyde d’azote de 63%. Le niveau de concentration du CO2 est de 400 ppm (parties par
million) en 2013 contre 280 ppm au milieu du 18ème siècle. De nouveaux gaz sont entrés dans
la composition de l’atmosphère comme les CFC chlorofluorures qui ont contribué à la
destruction de la couche d’ozone stratosphérique.
Tous ces gaz dits « à effet de serre » ont renforcé les radiations terrestres restant dans la basse
atmosphère entraînant ainsi une élévation des températures moyennes de quelques 0,6°C au
cours du 20 ème siècle. Le dernier rapport du GIEC fait état d’une hausse probable de 1,5 à 6
°C entre les températures de 1800 et 2100. Le seuil des 2°C est considéré comme la limite
maximum à ne pas dépasser, à partir de laquelle les mécanismes climatiques qui ne sont pas
linéaires pourraient vraiment s’emballer … enregistrer des dysfonctionnements brutaux, très
aléatoires et imprévisibles.
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L’effondrement de la biodiversité
La dégradation généralisée de la biosphère est le 2ème argument justifiant l’hypothèse d’un
basculement dans l’Anthropocène.
-effondrement de la biodiversité
-fragmentation et destruction des différents écosystèmes.
Ces dernières décennies, le taux de disparition des espèces est de 100 à 1000fois plus élevé de
la « normale » géologique. D’aucuns parlent de 6ème extinction. Au rythme actuel 20% des
espèces auront disparu en 2030, sans compter celles qui sont méconnues et qui disparaissent
avant d’avoir été inventoriées.
Une perturbation profonde des autres cycle biogéochimiques
Les cycles de l’eau, de l’azote, du phosphate sont comme celui du carbone sont passés sous
emprise humaine.
Le cycle continental de l’eau est complètement artificialisé : 45 000 barrages de plus de 15 m
retiennent 15% de la totalité des eaux des fleuves et rivières du globe, perturbant les processus
de sédimentation et favorisant l’érosion de nombreuses côtes.
Le cycle de l’azote a été radicalement transformé. Les combustions industrielles libèrent des
oxydes d’azote. La fabrication d’engrais chimiques via le procédé Haber-Bosch (1913)
transforme l’azote atmosphérique en azote assimilable. Les flux d’azote dans la biosphère
sont deux fois plus importants que le flux naturel. Le monoxyde d’azote libéré par les engrais
est à haut effet de serre.
Le flux de phosphore est 8 fois supérieur au flux naturel. 320 millions d etonnes sont extraits
chaque jour dans la lithosphère, pour fabriquer des engrais. Le déversement d’une partie de
ces phosphates dans les cours d’eau et les océans contribue à l’effondrement de la teneur en
oxygène.
2- Aux origines de l’Anthopocène
-le produit de la discordance des temps : des mécanismes bio-géo-chimiques confrontés à
l’accélération des besoins de l’Humanité
L’anthropocène est né des mutations rapides de nos sociétés. consumérisme, mercantilisme,
guerre et progrès technologique rapides, capitalisme et communisme : des philosophies
économiques productivistes confronté aux temps longs des cycles bio-géo-chimiques et de
l’illusion du caractère inépuisable des ressources et immuable des grands mécanismes
environnementaux.Parmi les facteurs essentiels de l’augmentation fulgurante des besoins de
l’Humanité
Une hiérarchisation impossible à établir et des facteurs qui ont joué très différemment selon
les différentes régions du monde.
-Un accroissement démographique fulgurant mais attention au néo-malthusianisme
900 millions d’individus en 1800, plus de 7 milliards en 2015…. Les chiffres parlent d’euxmêmes. Les besoins des sociétés humaines ont augmenté de façon considérable , alimentaire
en particulier. …
Pour autant c est avant tout l’évolution des modes de vie, des modes de production et des
systèmes politiques et économiques qui expliquent l’accélération phénoménale de
l’exploitation des ressources.
-le poids des religions du livre.
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Dans les religions monothéistes abrahamiques, issues de la pensée biblique, la Nature n’est
pas Dieu : elle est la création de Dieu, au service de l’Homme (Rossi 2001).
Dieu a créé les cieux et la terre, et l’homme à son image, avec un corps visible et une âme
invisible, avec l’expérience de sa propre finitude mais aussi de la transcendance. La faute
d’Adam et Eve vient consacrer la rupture de l’Homme avec la Création. L’Homme a été mis
sur la Terre en ayant une mission « Yahvé prit l’Homme et la plaça dans le jardin d’Eden
pour le cultiver et le garder. » Il est donc un intermédiaire différent certes de Dieu mais aussi
du reste de la Création. « Que l’Homme domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du
ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la Terre. » (Genèse
I, 26) . Cette phrase très connue a une importance capitale dans l’évolution de la conception
de l’environnement par les sociétés occidentales et ceci pour des siècles et jusqu’à
aujourd’hui.
Cela sous entend que l’Homme peut utiliser le reste de la Création comme il l’entend. Et à
partir de là une définition de l’environnement qui deviendra quasi universelle peut se
concevoir : la nature est constituée par l’ensemble du milieu biologique et cosmique qui
constitue l’environnement de l’Homme.
La domination de l’Homme sur la nature doit se faire par le travail qui constitue la punition
attribuée à l’Homme à la suite du Péché originel. La Nature reste l’œuvre de Dieu et
représente l’exemple de sa sagesse. L’Homme doit s’attacher à dominer cette nature, la
comprendre, la faire fructifier conformément au dessein de Dieu. A ce titre le travail prend
dans ces sociétés une valeur éminente qui va servir de moteur à des siècles de mise en valeur,
de défrichements, de croissance agricole… de progrès.
Cette conception de la place de l’Homme restera centrale en Occident comme en témoigne la
célèbre phrase de Descartes extraite du « Discours de la Méthode » 1636: en « connaissant
mieux la force et les actions du feu, de l’eau , de l’air des astres, des cieux et de tous les
autres corps qui nous environnent », nous pourrions «nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la Nature ».
Cet anthropocentrisme se conjugue avec la conviction que l’essor des connaissances est
synonyme de progrès et d’amélioration de la condition humaine. Ce sera un des moteurs du
siècle des Lumières : la croyance dans les vertus de la connaissance, les convictions affirmées
visant à des améliorations possibles du politique…
-Des philosophies politiques productivistes longtemps en compétition : capitalisme et
communisme. Jusqu'au libéralisme triomphant.
Le capitalisme désigne un système économique qui s'appuie sur la propriété privée des
moyens de production. Il consiste à accumuler du capital de manière continue et régulière.
L'investissement est le maître mot du capitalisme, puisqu'il permet d'augmenter et de
renouveler le capital. Le communisme a de son côté érigé le productivisme comme outil de
propagande à l'époque stalienne (stakhanov) et dans un souci de compétition géopolitique
pendant la Guerre Froide (l'URSS devait être autarcique et rester dans les premières
économies mondiales...)
Depuis la révolution industrielle, le progrès technique permet d'accroître la production de
façon considérable. Or dès lors que celui-ci est universellement considéré comme une fin en
soi, il est quasi sacralisé et cette sacralisation fait que tout système économique est
intrinsèquement un système productiviste. Ainsi, avant même la destruction du Mur de Berlin,
le productivisme a été accepté par l'ensemble des acteurs politiques, aussi bien dans les
pays communistes que dans les pays occidentaux, acquis au capitalisme. Partout sur le globe,
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une immensité d'individus ont vécu l'accroissement de la production comme un « progrès »,
une promesse de bonheur, la voie naturelle de l'Humanité. C'est pourquoi certains estiment
qu'une majorité d'humains, du simple citoyen au dirigeant, a érigé la croissance
économique au rang de dogme religieux.
L'augmentation exponentielle de la production pose le problème de son écoulement.
Le système publicitaire constitue un outil de propagande mis en place par les entreprises,
destiné à véhiculer auprès des individus l'illusion que les désirs vécus correspondent à
des besoins réels. Le productivisme conduit ainsi au développement du consumérisme.
-La première mondialisation : le colonialisme.
-Les progrès scientifiques et technologiques : des phases d’ accélérations fulgurantes
Des innovations nombreuses accélérées par les conflits et la compétition inter états. Des
applications généralisées.
-Le consumérisme
*comme idéal au lendemain de la 2ème guerre mondiale
* le matérialisme effréné des 30 glorieuses,
*la généralisation des modes de consommation occidentaux avec l'effondrement du
communisme.
Des étapes clés simplificatrices ?
Crutzen et les équipes à l’origine du débat sur cette nouvelle ère ainsi que des historiens de
l’environnement ont mis en exergue trois grandes étapes dans la construction de
l’anthropocène.
1ère étape du début de l’Anthropocène 1784, date symbolique du début de la révolution
industrielle jusqu à la seconde GM : le basculement dans l’Anthropocène avec la révolution
thermo-industrilelle. Le CO2 passe de 277-280 ppm à 311 ppm sous l’effet de l’essor de
l’industrie associée au charbon. La synthèse chimique de l’azote contribue à la modification
de la composition de la basse atmosphère .
2ème étape . la grande accélération. : comme en témoignent les 24 indicateurs de l’activité
humaine.
3ème étape : la prise de conscience à partir de 1992 et le sommet de la Terre
3- Une nouvelle ère dont la pertinence fait débat : des questions en suspens
-Quand dater le début de l’Anthropocène ?
Crutzen propose de faire débuter ce nouvel âge symboliquement en 1784 date du brevet de
James Watt sur la machine à vapeur, marquant le début de la révolution industrielle et donc de
la « carbonification » de notre atmosphère (par la combustion du charbon puis des autres
énergies fossiles contenues dans la lithosphère).
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La question de savoir quel marqueur géologique (stratigraphique en particulier) sert de repère
pour établir la date de début de cet anthopocène. La définition de l’Holocène avait déjà posé
question à la Commission Internationale de Stratigraphie qui avait fini par définir une
signature chimique du réchauffement climatique dans les glaces du Groenland et dans les
sédiments lacustres et marins (isotopes Oxygène en particulier) .
Les modifications de la couche d’Ozone, l’augmentation de la teneur en CO2, l’acidification
des eaux océaniques…. De nombreux marqueurs incitent à suivre Crutzen et à dater le début
de l’Anthropocène avec la Révolution industrielle.
Car les stratigraphistes de ICS Commission internationale de stratigraphie qui a la
responsabilité de valider ou non cette nouvelle ère ont engagé un débat depuis la proposition
de Crutzen et n’ont pas tranché à ce jour. Pour accepter d’inscrire l’Anthropocène dans
l’échelle des temps géologiques, ils ne se contentent pas de modèles ou de prévisions
climatiques, il leur faut des indicateurs concrets, si ce n’est inscrits dans le roc comme pour
les autres ères (fossiles, sédiments, indices géomorphologiques, ruptures stratigraphiques…)
au moins perceptibles.
Parmi les argument avancés par les défenseurs de l’adoption de cette nouvelle ère.
-Les traces existent y compris au niveau stratigraphique : la composition de l’atmosphère
laisse des traces dans les bulles d’air de la glace, la composition de la flore sera inscrite dans
les pollens piégés dans les sédiments, les barrages, l’urbanisation… modifient à ce point la
sédimentation que cela constituera un signal stratigraphique….
-la rapidité à laquelle évolue le niveau de CO2 (pas d’égal depuis plus de 400 000 ans voire le
début du Pléistocène) et la biodiversité (brutalité équivalente aux 5 autres extinctions) ,
constitue une rupture à l’échelle géologique
-des substances nouvelles envahissent les écosystèmes (chimie organique de synthèse, chimie
des hydrocarbures, pesticides, gaz fluorés, radionucléides dispersés par les essais nucléaires…
et constituent une signature typique de l’Anthropocène dans les sédiments.
Mais d’autres chercheurs optent pour une autre chronologie. Certains estiment que
l’Anthropocène débute avec la révolution néolithique, c’est-à-dire le développement de
l’agriculture et de l’élevage il y a plus de 5000 ans. (déforestation, rizières, élevage…donc
émission de CO2)
Certains ont déterminé un marqueur correspondant à une diminution du CO2 dans la
troposphère datant de 1570 à 1620 correspondant à une reconquete massive de la forêt
tropicale suite à la mort de 50 millions d’indigènes sur le continent américain. La
mondialisation des modes de vie et de production via la colonisation est jugée comme une
phase déterminante dans l’accélération de l’anthropisation.
D’autres seraient favorables à une datation marquant le début de l’ère atomique entrez 1945
et 1963 dans la mesure où les explosions estimées à 500 ont durablement créé un niveau
sédimentaire radioactif. Qui correspond aussi au début de l’ère pétrochimique et
électronique….
Un groupe de travail réuni en janvier 2015( Monastersky 2015), auquel a participé Crutzen et
des stratigraphistes comme Zalasiewiczz optent pour le 6 août 1945 : L’après guerre
correspondant au début des Trente glorieuses marquant l’ accélération de toutes les formes de
productions et de consommation, et le 6 août 1945 correspondant à l’explosion de la première
bombe atomique.
-Une nouvelle ère géologique se justifie-t-elle ?
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Consacrer l’anthropocène c’est encore faire une place privilégiée à l’homme dans l’histoire de
notre planète. Les géologies habitués à travailler à l’échelle de 4,5 milliards d’années ne se
précipitent pas pour officialiser cette nouvelle ère. N’oublions pas que si l’on rapporte
l’histoire de notre planète, de 4,5 milliards d’années à 24h, Homo habilis est apparu il y a 2,5
millions d’années, c’est-à-dire dans la dernière minute… l’Holocène se situe dans le dernier
quart de seconde et la révolution industrielle dans les deux derniers millièmes de secondes.
L’épaisseur de la sédimentation correspondant aux 70 dernières années
Cet anthropocentrisme est déjà omniprésent dans la définition des dernières ères géologiques.
L’humanité a été considérée comme un marqueur géologique : le début du Quaternaire
correspond à l’apparition du genre Homo habilis il y a 2,5 millions d’années et l’Holocène
s’ouvre avec la fin de la dernière glaciation, mais aussi avec les débuts de l’agriculture.
L’Homme a donc déjà été utilisé comme marqueur pour définir le début de l’Holocène .
Certains estiment que dans ce cas, il faudrait remplacer l’Holocène par le terme
Anthropocène. D’autres estiment qu’il est trop tôt pour figer une nouvelle ère. La recherche
manque de recul … Mais le terme a été largement adopté.
Alors l’Anthropocène est-il surtout un outil de vulgarisation scientifique efficace ? Un outil de
sensibilisation et de prise de conscience ?
En 2012 un chercheur de la Société de Géologie aux Etats Unis demandait : Is the
Anthropocene an issue of stratigraphy or a pop culture ?
Quantité de publication , d’articles de revue, une large médiatisation : l’Anthropocène fait
recette… Permettra t il de faire prendre conscience au plus grand nombre et surtout aux
politiques la nécessité de freiner l’intervention des activités humaines dans les processus
atmosphériques en particulier ?
Un paléontologue convié aux débats en 2013 à Long Beach en Californie dans le cadre de la
Commision Internationale de Stratigraphie : « What you see here is, it’s become a political
statement. That’s what so many people wants… »
Les scientifiques sont invités à cautionner un concept qui a défaut de faire l’unanimité sur des
bases scientifiques, constitue un enjeu en matière de médiatisation et de sensibilisation…. Un
concept creux aussi galvaudé et finalement remis en question que le développement durable ?
L’adoption du concept d’anthropocène signifie que nous abandonnons la vision d’un monde
« comme des écosystèmes naturels perturbés par les humains », pour adopter une vision de la
biosphère comme « systèmes humains incorporant des écosystèmes naturels en leur sein »
(Erle Ellis 2011).
4-Une ère qui questionne et qui inquiète
-Des mécanismes médiatisés mais mal connus
Quelles manifestions réellement en cours et surtout à venir ? Beaucoup de questions en
suspens. Des dynamiques environnementales complexes, des controverses et des polémiques
sous un apparent consensus autour des résultats du GIEC en particulier. Imprécisions, erreurs
, sans doute lobbying politique entachent quelque peu les résultats des travaux du GIEC,
attaqués régulièrement par des critiques virulentes voire des accusations graves (CL Allègre
L’imposture climatique accuse le GIEC d’être soutenu au point que les travaux des chercheurs
sceptiques sont censurés ou privés de financement) .
Alors que la COP21 est annoncée comme un événement qui pourrait être majeur, les grandes
problématiques environnementales sont au cœur des médias depuis des mois plus que jamais.
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Les thèmes majeurs seront développés au fil des séances. Il s’agit surtout ici de faire le point
sur les mécanismes, les conséquences potentielles et les incertitudes qui caractérisent ces
grandes problématiques environnementales qui suscitent des inquiétudes tant dans les milieux
scientifiques, politiques que la société civile
Le Global Change ou changement climatique global est un terme préférable à celui de
réchauffement climatique. Si effectivement les températures moyennes de la planète ont
augmenté de 0°6C au cours du 20 ème siècle, toutes les régions de Globe ne connaissent pas
la même évolution. Le réchauffement est beaucoup plus rapide dans les régions arctiques en
particulier comme en témoigne le démantèlement des glaciers groenlandais et la diminution
rapide de la surface et de l’épaisseur de la banquise.
Quel sera le climat demain est une question récurrente. Plus chaud donc plus de canicule et
plus de sécheresse ? Plus chaud donc plus humide du fait de accélération des phénomènes
d’évaporation et e condensation ? Notre climat sera- t-il plus aléatoire et plus violent ? Subirat-on des tempêtes plus fréquentes et/ou plus violentes, des cyclones plus dévastateurs, Katrina
à la Nouvelle Orléans, Sandy l’ouragan qui a frappé New York en octobre 2012 à une latitude
inhabituelle, Xynthia en France il y a quelques années comme la série de cyclones très
puissants qui ont frappé le Sud Est asiatique ces dernières années posent question.
Corrélativement à ce réchauffement des températures globales le niveau des océans montent,
mm par mm mais inexorablement depuis des décennies. Pour l’essentiel cette élévation est
liée à la dilation due à l’élévation des tempéruatures, pour une part croissante elle est
alimentée par les eaux de fonte des glaciers continentaux. Les inlandsis antarctique et
groenlandais sont sous haute surveillance, dans la mesure des moyens techniques disponibles.
Comment évaluer cette élévation du niveau de la mer ?. comment protéger les zones côtières
et parfois la population de mégapoles de plusieurs millions de personnes voire d’états
entiers. ?
Erosion de la biodiversité, disparition d’espèces encore méconnues, mortalité aggravée des
barrières de corail, disparition des forêts tropicales … autant d’évolution de notre
environnement proche ou plus lointain qui inquiète et questionne nos sociétés.
Il s’agira dans cette série de conférences de faire le point sur des questions très médiatisées
mais néanmoins mal connues. Beaucoup de raccourcis, de fausses idées sont en effet
véhiculées.
-Vers un renforcement des inégalités ?
L’avenir des sociétés humaines dans ce monde qui semble aller à vau-l’eau constitue
finalement nos préoccupations majeures.
Des économies susceptibles d’être réorganisées dans un contexte de crise économique
mondiale seront-elles capables de maintenir le niveau de vie des populations des pays dits du
Nord. La vitesse à laquelle les économies émergentes développent leur croissance
économique est elle soutenable ? Quelles sont les responsabilités de chacun ? Les droits et les
devoirs ?
La question centrale de la vulnérabilité. Les conséquences des désajustements pressentis au
niveau climatique et associées à la montée des eaux seront très inégalement ressenties par les
populations et les sociétés que celles-ci seront plus vulnérables. En cindynique (science des
risques) la vulnérabilité est définie comme la probabilité d’occurrence de dégats physiques
des personnes et matériels dans un contexte particulier.
Il y a des grandes inégalités spatiales et socio-économiques en matière de vulnérabilité.
L’exposition au risque est un critère fondamental. Certains régions et certaines populations
sont donc plus directement vulnérables du fait de leur situation côtière, la position sur les
itinéraires cycloniques, la topographie (delta, vallées fluviales…).
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La densité des populations exposées constitue un facteur de vulnérabilité supplémentaire :
mégapoles ou zones densément peuplées à évacuer ponctuellement en prévention ou
définitivement…
Par ailleurs le niveau de développement économique et social d’une société est un critère de
vulnérabilité essentiel. Les populations et les économies pauvres apparaissent comme les plus
vulnérables. Et ceci à différentes échelles dans la mesure où il existe des territoires et des
populations très vulnérables et ceci au Nord comme dans les Suds.
En cela les crises environnementales pressenties ou envisagées seront sans doute un facteur
d’aggravation des inégalités. Le concept de justice et donc d’injustice environnementale
commence à questionner les géographes en particulier.
Parmi les préoccupations majeures : la question des réfugiés environnementaux et des
déplacements de population. A l’heure où l’Europe s’affole sous la pression d’arrivées
massives de quelques centaines de milliers de réfugiés Syriens et Irakiens en particuliers en
transit ou attendus dans les mois à venir, comment nos sociétés seront-elles capables de gérer
des déplacements internes mais aussi des arrivées massives de réfugiés environnementaux ? Il
s’agira de plusieurs dizaines de millions de Bengladais pour prendre un des exemples les plus
souvent évoqués , mais également de millions de citadins de Shanghai ou de New york…
II- L’ère des remises en question de fond ? …
1- une révolution conceptuelle enfin décisive ?
-nature versus culture : la fin d’une dualité artificielle ?
Le concept d’anthropocène si on le prend au sérieux, politiquement et intellectuellement, met
à bas cette séparation entre nature et culture, et elle remet en question la conviction de pouvoir
perpétuer notre système économique, nos modes de production , de consommation, de vie …
en modifiant à la marge .
Selon le philosophe Bruno Latour « l’anthropocène est le concept philosophique , religieux,
anthropologique et politique , le plus décisif jamais produit comme alternative aux idées de
modernité » (Latour 2013). L’écologie systémique avait il y a presque un demi siècle, inscrit
les activités humaines dans une analyse du fonctionnement des écosystèmes et de la
biosphère. L’idée d’anthropocène franchit une étape supplémentaire en annulant la coupure
entre nature et culture. De Buffon à Darwin, biologie et géologie étaient étudiées sur des pas
de temps très longs créant un cadre quasi immobile à l’échelle humaine, apparemment
extérieur à l’homme, et indifférent aux tribulations humaines. Les Lumières bourgeoise s et
industrielles valorisèrent l’Homme , le sujet moderne, comme agent autonome agissant
consciemment sur son histoire et domptant la nature. Cette coupure entre Nature et Culture
s’est creusée tout au long du 19 ème et 20 ème siècle à mesure que la technologie nous
émancipait des contraintes naturelles. De Descartes à Sartre e passant par Michelet, nous
avons pensé notre liberté comme un arrachement à la nature. Luc Ferry répète que l’homme
est un être « anti-nature » et suit cette voie de la liberté acquise par l’arrachement , le
déracinement à la nature, et donc prône l’innovation toujours plus loin comme voie
d’émancipation… Pourtant dès lors qu’il n’est plus possible de s’abstraire de la nature , il
s’agit de penser avec. Une des tâches majeures de la philosophie contemporaine est sans doute
de repenser la liberté autrement que comme cet arrachement aux déterminations naturelles.
D’explorer ce qui peut être enrichissant et émancipateur dans ces attachements qui nous lient
à la Terre et aux êtres. Il nous faut « penser comme une montagne « disait Aldo Léopold dans
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son « almanach du comté des sables » , il nous faudra penser avec Gaïa » nous annonce
Callicott (2010 Ethique de la terre)
Le retour de Gaia :
-la démonstration de notre ignorance ?
Au lieu de notre environnement (ce qui entoure l’Homme…) il y a le système Terre ;
Nous faisons face à l’intrusion de Gaïa (la déesse grecque de la Terre). Au lieu de « Maître et
possesseur de la nature », nous voici chaque jour emberlificotés dans les immenses et
complexes boucles de rétro-actions du système terre. Les processus bio-géo-chimiques que
nous avons perturbés font irruption sans que nous sachions comment ils vont évoluer. Nous
voici au cœur du Chaos (de la théorie du chaos d’Edward Lorentz et de sa phrase devenue
célèbre sur l’ effet Papillon : « un battement d’aile au Brésil entraine t il une tornade au
Texas ? » )
-vivre avec Gaïa : la question d 'une éthique environnementale émerge
Un champ très dynamique de la philosophie émerge et s’attache à repenser les fondements des
règles morales organisant les rapports entre les humains et les non-humains. Trois ethiques
constituent d’ores et déjà la base la réflexion. Anthropocentrée (gére durablement la Terre
pour l’Homme), biocentrée (respecter le droit intrinsèque à l’existence de tout être sur terre) et
écocentrée (adapter les activités humaines en fonction des capacités de résilience des
écosystèmes) Tout un champ de la philosophie, du droit, des sciences politiques explorent la
question du droit de l’environnement, des droits de la nature et des rapports entre nature et
souveraineté.
Le développement durable : l’opportunité d’en finir avec un concept obsolète et ses
déclinaisons multiples?
Un oxymore ? développement a toujours été associé ici à croissance. Or une croissance
perpétuelle peut elle être durable ? et à quelle échelle de temps.
Le développement durable dérive de la notion de « rendement soutenu maximal » conçue par
des écologistes des années 1950. C’est un dérivé de « la gestion soutenable » déjà évoquée par
les sciences forestières allemandes du 18ème siècle… rien de révolutionnaire en soi en 1992 …
une formule consensuelle, confortable pour tous et déclinables à souhait en toute circonstance
et à toute les échelles. Devenue finalement un excellent slogan marketting…
Ce concept de développement durable contribue à alimenter l'idée d'une possible
croissance inexorable
D’abord, il laissait croire à la possibilité de perpétuer une croissance économique moyennant
un peu plus de « conservation » de l’environnement. Les travaux polémiques des années 1970
sur l’impossibilité d’une croissance indéfinie furent peu relayés et jugés catastrophistes (club
de Rome, 1972, Rapport Meadows 1968) . Nés du développement durable : des systèmes de
marchandisation des services écosystémiques, marchés du carbone, mécanismes de
développement propres…
Ensuite cela sous entend une maîtrise des équilibres … sur des bases scientifique inconnues
car la part d’imprédictibilité, d’effets de seuil, d’évolution non linéaire ne permet pas de
planifier ces équilibres.
Croissance verte, économie verte, transition énergétique : de nouveaux termes qui ne
remettent pas en question le dogme de la croissance
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Aujourd’hui croissance verte ou économie verte ne remettent pas en question la croissance et
la posent comme compatible avec la conservation de l’environnement, réduction des gaz à
effet de serre, maintien de la biodiversité, qualité de l’eau…
La transition énergétique ne remet pas question la croissance de l’énergie consommée. En
fait la part d’énergie renouvelable peut augmenter, pour autant le volume de charbon et de
pétrôle consommé ne cesse d’augmenter.
Ces réflexions sont influencées par notre foi indéfectible en la technologie et dans sa capacité
à régler les problèmes associés aux pollutions par exemple. Or, on peut se demander si ce qui
peut nous aider à construire nos sociétés dans l’ Anthropocène c’est comme le disait déjà
Holling dans les années 1970 « ce n’est pas la présomption d’un savoir suffisant, mais la
reconnaissance de notre ignorance ».
L’anthropocène ne semble pas représenter l’apothéose de la maîtrise technique de l’Homme
mais plutôt nous signifier notre impuissance partielle et incalculable et nous inciter à
l’humilité et à la prudence.
La question émergente de la justice environnementale.
-Des responsabilités très inégales
Régulièrement la question des responsabilités alimente le débat quant à la part inégale des
différenets régions du monde dans la modification des mécanismes environnementaux.
Les responsabilités du monde occidental et industrialisé (au sens large) sont avancées par les
Suds. Une des causes de l 'échec de Copenhague réside dans l'incapacité des principaux
responsables à assumer la plus grande part des efforts financiers en particulier.
Et le terme anthropocène comme son histoire simplifiée en quelques étapes fait oublier que
l’Humanité prise comme un tout n’existe pas. Si la biologie unifie l’espèce humaine,
l’écologie, les relations économiques et les décisions politiques….la fragmentent en une
multitudes de groupes dont les activités ont un impact très différencié sur l’environnement.
Un « anglocène » ? D’aucuns estiment chiffres à l’appui que l’Anthropocène est en fait avant
tout un Anglocène. 65% des émissions cumulées de CO2 dans l’atmosphère étaient
imputables aux Etats Unis et à la Grande Bretagne. 50% encore en 1980…
Un américain moyen consomme 32 fois plus d’énergie qu’un kenyan…
Cette différenciation des responsabilités et des incidences entre les peuples, les classes, les
sexes…. Est masquée par la catégorie d’ »espèce humaine ». Cela n’est pas sans effets sur le
type de solutions à apporter aux problèmes écologiques . Les enjeux d’équité doivent être au
cœur de la réflexion.
Les conséquences ressenties par les différentes régions du monde seront également très
inégales. L'élévation du niveau de la mer et la submersion envisagée de régions côtières
entières sera une absolue catastrophe pour les pays les moins riches comme le Bangladesh
souvent cité comme exemple et les pays voisins qui devront absorber les flux de migrants. On
peut penser que le déplacements de villes entières aux Pays Bas ou de quartiers de Manhattan
sera moins dramatiquement vécu...
Les défis de l’Anthropocène exigent sans doute une vision différenciée de l’Humanité. Non
seulement dans un souci de vérité historique et d’établissement d’une hiérarchie des
responsabilités mais dans celui de mettre en œuvre des politiques plus justes et donc plus
efficaces.
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Culpabiliser les personnes ordinaires sans punir les crimes écologiques des grandes
compagnies… ne pas tenir compte des minorités du fait de leur nombre (populations
insulaires) ou de leur culture (chasseur cueilleur …) …
2- D’autres voix et d’autres voies….
-Controverses et réserves scientifiques
D'autres théories scientifiques sont avancées et remettent en question l'origine essentiellement
anthropique du Global Change ou relativise la vitesse des évolutions en cours... ou encore la
fiabilité des modèles utilisés par le GIEC
La théorie des tâches solaires
En 2007, Habibullo Abdussamatov, qui dirige l'observatoire astronomique de St. Pétersbourg,
doute que l'activité humaine soit responsable du réchauffement de la Terre en avançant
comme argument que le même phénomène est également observable sur Mars, ce qui peut
conduire à penser que la même cause, due au Soleil, est à l'origine des deux observations.
Cette hypothèse est cependant réfutée par le fait que dans ce cas, on devrait observer
également un réchauffement des autres planètes. Selon les climatologues, les causes du
réchauffement de Mars sont propres à cette planète, et en aucun cas liées à une origine
extérieure, notamment solaire, qui serait partagée avec la Terre
un constat préalable
Durant le Petit Age Glaciaire au Moyen Age (1550-1850), le minimum enregistré entre 1645
et 1715 correspond à une période durant laquelle le nombre de tâches solaires et donc le
champ magnétique du Soleil étaient significativement plus faible qu'aujourd'hui.
En 1997, les physiciens danois Eigil Friis-Christensen et Hensik Svensmark annoncent avoir
établi une corrélation entre les variations passées du climat, la couverture nuageuse et
l'activité solaire. Selon eux, une faible activité solaire entraînerait une diminution du flux des
rayons cosmiques d'origine galactique, réduisant l'ionisation de l'atmosphère et entraînant une
moindre formation des noyaux de gel et de condensation. La couverture nuageuse se réduirait,
diminuant l'albédo de la planète et permettant ainsi un réchauffement Les travaux de l'équipe
de Svensmark ont trouvé de nombreux échos dans la communauté scientifique.
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Mais peu de temps après l'exposé de la théorie de Friis-Christensen et Svensmark, l'américain
Paul Damon et le danois Peter Laut dirent avoir trouvé des erreurs dans les données citées
pour soutenir leur hypothèse. En outre, une réduction de la couverture nuageuse diminue
certes l'albédo, mais diminue également l'impact de l'effet de serre et il est plus difficile de
déterminer si le bilan final entraîne un réchauffement ou un refroidissement de l'atmosphère.
Enfin, le rôle des rayons cosmiques dans la création des noyaux de condensation est discuté,
en particulier dans les basses couches de l'atmosphère où les aérosols semblent jouer un rôle
prédominant. Par ailleurs, Eigil Friis-Christensen a publié en 2002 que la corrélation climatactivité solaire ne s'observait plus depuis les années 1980.
L 'astrophysicien Peter Thejll, complétant l'étude de 1991 avec de nouvelles données, conclut
que bien que le cycle solaire puisse expliquer environ la moitié de l'accroissement en
température observé depuis 1900, il ne pouvait en aucune manière expliquer l'accroissement
de 0,4 °C depuis 1980
Le projet CLOUD (Cosmic Leaving OUtdoor Droplets)qui utilisera l'installation le
synchrotron à protons du CERN, devrait aider à la compréhension de l'interaction des rayons
cosmiques avec l'atmosphère. Hypothèse reprise par la NASA ces derniers mois suite à
l'affaiblissement ds tâches solaires : un refroissement dans les 40 ans à venir ?
Début 2008, Ferenc Miskolczi, physicien hongrois, publie un article dans une revue
scientifique de Hongrie, Son étude, qui est encore discutée, aboutit d'une part à la conclusion
que l'influence des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique est surestimée par le
GIEC et qu'il faut rechercher d'autres causes à ce réchauffement; d' autre part que l'effet de
serre terrestre est « saturé», qu'il ne peut ni augmenter ni diminuer et que l'augmentation de la
contribution d'un composant atmosphérique à cet effet est compensé par une diminution de
celle d'un autre composant : une augmentation du CO2 serait ainsi compensée par une
diminution de l'humidité relative ….
Les réserves de scientifiques sur les travaux du GIEC
Controverse sur l'erreur des glaciers de l'Himalaya dans le rapport GIEC 2007
Une erreur concernant la date de fonte des glaciers de l'Himalaya s'est glissée dans le rapport
de 900 pages Georg Kaser, de l'Institut de glaciologie d'Innsbrück, déclarait avoir averti le
GIEC dès 2006 de cette erreur publiée dans le rapport de 2007
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En 2010, le GIEC a reconnu l'erreur, déclarant que le paragraphe en question « se réfère à des
estimations peu fondées sur la vitesse du recul des glaciers de l'Himalaya et la date de leur
disparition ». Il s'est avéré en effet que l'affirmation selon laquelle les glaciers de l'Himalaya
auraient fondu en 2035 selon une probabilité « très haute » n'était fondée que sur une
interview d'un scientifique indien « de second plan », Syed Hasnain, dans New Scientist,
reprise ensuite par le WWF. Selon Julian Dowdeswell, directeur du Scott Polar Research
Institute de Cambridge, la prévision du GIEC était « irréaliste » De plus l'analyse des
conséquences de cette fonte était elle aussi « irréaliste »93. Murari Lal, qui a supervisé le
chapitre sur les glaciers, devait reconnaître lui-même qu'il n'était pas expert en glaciers. Pour
Fred Pearce, auteur de l'entretien du New Scientist, la confiance placée par le GIEC dans les
données indiquées par le WWF était « extrêmement paresseuse »91.
Le GIEC a reconnu que ces erreurs sur les glaciers de l'Himalaya provenaient d'un nonrespect des procédures de validation, mais que cette seule erreur dans un rapport de plus de
900 pages ne remettait pas en cause ses conclusions principales.
La question de la fiabilité des données . Exemple du calcul des températures moyennes à
l'échelle du Globe.
Selon Claude Allègre : impossible à calculer de façon suffisamment fiable.
-maillage des stations et des données insuffisants : inexistant dans certaines régions
-techniques de relevés différentes surtout entre les séries statistiques anciennes et les récentes
-particularité de chaque station, circulation atmosphérique aléatoire, ….
Des imprécisions
Dans Géographies en mouvement
Des cartes et pas Descartes par Martine Tabeaud 6 février 2015
Critique de la conception et l'utilisation des cartes dans les rapports du GIEC à partir de la
cartographie de différentes modélisations établissant l'évolution des rendements agricoles en
Europe en fonction des scenarii envisageables.
-manque de lisibilité des légendes (scenerio non explicité , il faut aller voir dans le texte,
adaptation ? On ne sait pas non plus de quoi il s'agit sans aller dans le texte)
-carte muette : aucun repère
-des résultats parfois contradictoires , des lectures peu convaincantes et surtout peu utilisables
tant les écarts sont grands entre les modèles.
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Des controverses plus politiques et plus virulentes
Pressions au sein de la communauté scientifique ?
En 2006, le physicien Richard Lindzen, connu pour dénoncer les positions alarmistes
concernant les changements climatiques, déclare « que des pressions s'exerçent sur les
climato-sceptiques.
Il décrit les tentatives d'hommes politiques tel que Al Gore pour « intimider les scientifiques
dissidents. C'est un des arguments utilisés par Claude Allègre pour discréditer les travaux du
GIEC : les climato-sceptiques seraient peu entendus car muselés et privés de crédits de
recherche.
À l'inverse, une étude d'un groupe de surveillance nommé Union of Concerned Scientists
publiée par New Scientist en 2007 tendait à démontrer qu'une fraction importante des
scientifiques américains aurait subi des pressions destinées à la pousser à remettre en cause le
réchauffement climatique de la part notamment de la Maison Blanche sous la mandature
Bush.
En 2011, l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS) rapporte
publiquement l'existence d'attaques personnelles, de harcèlements et même de menaces de
mort contre des climatologues, principalement en Australie et aux Etats Unis.
En 2014, le professeur Lennart Bengtsson , météorologue suédois réputé, lauréat du prix 2006
de l'Organisation Météorologique Internationale pour ses contributions à la modélisation
climatique adhère à la Global Warming Policy Foundation , un laboratoire d'idées (think tank)
anglais de tendance climato-sceptique, fondé à la suite du Climategate. En mai 2014, moins
d'un mois après son adhésion, il démissionne en raison de ce qu'il décrit comme « une
pression de groupe énorme » dans un climat rappelant le maccarthysme.
Le consensus des scientifiques sur l'origine anthropique du réchauffement climatique est
remis en question par certains climato-sceptiques comme Claude Allègre. La composition du
GIEC est sévèrement critiquée dans « l'imposture climatique » : les rapports les plus diffusés
seraient finalement rédigés ^par un petit groupe de scientifiques non représentatifs, et tirant
des conclusions peu scientifiques à partir d'études très morcelées et parfois abusivement
interprétées. Le calcul de l'évolution des moyennes de températures à l'échelle de la planète
serait ainsi une véritable imposture du fait de la dispersion des données, de leurs lacunes dans
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de vastes régions océaniques en particulier et du manque de recul par rapport à des séries trop
courtes dans le temps pour être révélatrices d'une évolution à long terme.
Le climategate : une tentative de discréditation du GIEC à la veille du sommet de
Conpenhague ?
L'incident des e-mails du Climatic Research Unit, plus souvent appelé Climategate, est une
affaire résultant de la divulgation, en novembre 2009, d'un ensemble de courriels et de
fichiers, datés entre 1996 et le 12 novembre 2009, attribués à des responsables du Climatic
Research Unit(CRU) de l'Université d'East Anglia et à leurs correspondants1.
Ce centre de recherche est l'un des plus influents et nombre des correspondants concernés
font partie du GIEC. La divulgation des fichiers a eu lieu deux semaines avant le début du
sommet de Copenhague
Le Climategate est décrit par les uns comme un des plus grands scandales scientifiques de
notre temps et par les autres comme un évènement de peu d'importance. Pour les premiers,
les courriels et fichiers du Climategate suggèreraient que les scientifiques du climat les plus
influents dans le monde de la climatologie et du GIEC auraient été coupables de graves
dérives déontologiques, agissant de concert pour afficher un consensus de façade, manipuler
les données ou leur présentation et ainsi exagérer le réchauffement climatique ou son
interprétation, faire de la rétention d'information, interférer dans le processus d'évaluation par
leurs pairs afin d'empêcher la publication d'articles divergents et détruire des courriels et des
données brutes pour empêcher les auditsindépendants. Courriels évoquant des biais visant à
minimiser l'optimum climatique médiéval , courriels et fichiers logiciels évoquant des
« astuces » pour « cacher le déclin » c'est à dire une pause dans le réchauffement...
Les scientifiques mis en cause répondent que ces éléments, cités hors contexte, seraient en
réalité bénins. De nombreux scientifique3 réaffirment leur soutien à la thèse
du réchauffement climatique anthropique défendu par le GIEC.
« Cette interprétation paranoïaque serait risible si ce n'était son utilisation
probable l'année prochaine par les politiciens obstructionnistes du Sénat américain
comme excuse pour renforcer leur opposition à la loi vraiment nécessaire sur le
climat» Nature éditorial du 3 décembre 2009
L'affaire prend rapidement une ampleur importante sur Internet. Ainsi, la recherche du
néologisme « Climategate » sur Google atteint pendant la dernière semaine de novembre 2009
une popularité correspondant à 40 % de celle de « global warming » (« réchauffement
climatique ») . Affaire qui a été peu relayée en France.
Des polémiques qui sont manipulées pour alimenter le doute.... ?
Ainsi, en 2013 le Commissariat général au développement durable (CGDD) a publié en 2013
un sondage selon lequel 35% des Français seraient climato-sceptiques (soit niant le
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réchauffement climatique dans sa globalité, soit niant son origine anthropique2. Parmi ceuxci, plus de la moitié seraient sans diplômes, et 48% âgés de plus de 70 ans .
Ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux avancés par des sondages aux États-Unis,
lesquels montrent à quel point la controverse sur le réchauffement climatique est un marqueur
d'identité politique. Ainsi, un sondage de 2014 du Pew Research Center indiquait que, sur un
peu plus de 2 000 personnes interrogées, 80% des individus s'identifiant
comme démocrates (libéraux au sens américain) reconnaissaient l'origine anthropique du
changement climatique, mais que cette proportion descendait à seulement 10% chez
les Républicains conservateurs . 57% des conservateurs pensent même qu'il n'y a pas de
preuve solide du réchauffement climatique (contre à peine 10% des libéraux) .
-La foi en la technologie : l'ingénierie climatique : voir les apprentis sorciers du climat.
(Hamilton Clive 2013)
-Capturer les rejets de CO2 et les stocker dans les profondeurs océaniques à l'aide de tuyaux
-stimuler la pompe biologique : le phytoplancton absorbe le CO2 et en mourant entraîne celui
ci au fond des océans ; il est aussi consommé en partie par d'autres niveaux de la chaîne
alimentaire. Au fond circule dans les eaux profondes très froides, ou se dépose au fond et
participe à la sédimentation : diagénèse de roches carbonatées. Un ensemencement en fer,
stimule le développement du phytoplancton et donc de la pompe biologique.
Mais conséquences inconnues des modifications de la chaîne alimentaire (verdissement des
océans?)
Se protéger du rayonnement solaire : chape chimique
-émission de sulfates dans la basse atmosphère
-développement de nuages blancs de façon à développer un albédo au niveau de la couche
supérieure des nuages et diminuer la rayonnement solaire qui parvient dans la basse
atmosphère....
Voir Hamilton C Les apprentis sorciers du climat Raisons et déraisons de la géo-ingénierie.
Deuil collection Anthopocène. 2013
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Bibliographie.
Ouvrages scientifiques
Bonneuil C., Fressoz JB L’évenement Anthropocène. La Terre, l’Histoire et Nous. Seil Coll.
Anthropocène. 2013.
Cihan Aykut S., Dahan A. Gouverner le climat ? 20 ans de négociations internationales.
Presses de Sciences PO. 2015
Conway E. Oreskes N. L’effondrement de la civilisation occidentale. Les liens qui libèrent.
2014.
Diamond J. Effondrement Gallimard 2006.
Hamilton C Les apprentis sorciers du climat Raisons et déraisons de la géo-ingénierie. Deuil
collection Anthopocène. 2013
Articles scientifiques
Crutzen P. The anthropocene : the current human-dominated geological area. Paths of
discovery. Pontifical Academy of Sciences Acta 18. Vatican city 2006. ( en ligne sur moodle)
Monarstersky R. The human age. Nature vol 519. 12 mars 2015 ( en ligne sur moodle)
Zalasiewicz et al. Are we now living in the Anthropocène? GSA Today vol 18. n° 2. février
2008 ( en ligne sur moodle)
Revue de vulgarisation
Les Cahiers de Sciences et vie. Quand le climat écrit l’Histoire. Mars 2015
Rapports
K Pachauri R., Meyer L. CLIMATE CHANGE 2014 Synthesis Report Summary for
Policymakers IPCC Fifth Assessment Synthesis Report. 35 p (en ligne sur moodle)
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