Dans les religions monothéistes abrahamiques, issues de la pensée biblique, la Nature n’est
pas Dieu : elle est la création de Dieu, au service de l’Homme (Rossi 2001).
Dieu a créé les cieux et la terre, et l’homme à son image, avec un corps visible et une âme
invisible, avec l’expérience de sa propre finitude mais aussi de la transcendance. La faute
d’Adam et Eve vient consacrer la rupture de l’Homme avec la Création. L’Homme a été mis
sur la Terre en ayant une mission « Yahvé prit l’Homme et la plaça dans le jardin d’Eden
pour le cultiver et le garder. » Il est donc un intermédiaire différent certes de Dieu mais aussi
du reste de la Création. « Que l’Homme domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du
ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la Terre. » (Genèse
I, 26) . Cette phrase très connue a une importance capitale dans l’évolution de la conception
de l’environnement par les sociétés occidentales et ceci pour des siècles et jusqu’à
aujourd’hui.
Cela sous entend que l’Homme peut utiliser le reste de la Création comme il l’entend. Et à
partir de là une définition de l’environnement qui deviendra quasi universelle peut se
concevoir : la nature est constituée par l’ensemble du milieu biologique et cosmique qui
constitue l’environnement de l’Homme.
La domination de l’Homme sur la nature doit se faire par le travail qui constitue la punition
attribuée à l’Homme à la suite du Péché originel. La Nature reste l’œuvre de Dieu et
représente l’exemple de sa sagesse. L’Homme doit s’attacher à dominer cette nature, la
comprendre, la faire fructifier conformément au dessein de Dieu. A ce titre le travail prend
dans ces sociétés une valeur éminente qui va servir de moteur à des siècles de mise en valeur,
de défrichements, de croissance agricole… de progrès.
Cette conception de la place de l’Homme restera centrale en Occident comme en témoigne la
célèbre phrase de Descartes extraite du « Discours de la Méthode » 1636: en « connaissant
mieux la force et les actions du feu, de l’eau , de l’air des astres, des cieux et de tous les
autres corps qui nous environnent », nous pourrions «nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la Nature ».
Cet anthropocentrisme se conjugue avec la conviction que l’essor des connaissances est
synonyme de progrès et d’amélioration de la condition humaine. Ce sera un des moteurs du
siècle des Lumières : la croyance dans les vertus de la connaissance, les convictions affirmées
visant à des améliorations possibles du politique…
-Des philosophies politiques productivistes longtemps en compétition : capitalisme et
communisme. Jusqu'au libéralisme triomphant.
Le capitalisme désigne un système économique qui s'appuie sur la propriété privée des
moyens de production. Il consiste à accumuler du capital de manière continue et régulière.
L'investissement est le maître mot du capitalisme, puisqu'il permet d'augmenter et de
renouveler le capital. Le communisme a de son côté érigé le productivisme comme outil de
propagande à l'époque stalienne (stakhanov) et dans un souci de compétition géopolitique
pendant la Guerre Froide (l'URSS devait être autarcique et rester dans les premières
économies mondiales...)
Depuis la révolution industrielle, le progrès technique permet d'accroître la production de
façon considérable. Or dès lors que celui-ci est universellement considéré comme une fin en
soi, il est quasi sacralisé et cette sacralisation fait que tout système économique est
intrinsèquement un système productiviste. Ainsi, avant même la destruction du Mur de Berlin,
le productivisme a été accepté par l'ensemble des acteurs politiques, aussi bien dans les
pays communistes que dans les pays occidentaux, acquis au capitalisme. Partout sur le globe,