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Florence BRONDEAU
Les grandes problématiques géo-environnementales
- Introduction générale.
Des ouvrages catastrophistes et des ouvrages polémiques
Conway E. Oreskes N. L’effondrement de la civilisation occidentale. Les liens qui libèrent.
2014.
Diamond J. Effondrement Gallimard 2006.
Allègre Cl LImposture climatique 2010
Des rapports réguliers du GIEC dont les résultats sont sans cesse plus préoccupants
Les accords de Paris signés à l’occasion de la COP 21et renouvelés par la Cop 22, mais
fragilisés par les nouvelles réticences des Etats Unis.
Parmi les conclusions du dernier rapport du GIEC. « L’influence de l’homme sur le système
climatique est claire et en augmentation, avec des incidences observées sur tous les
continents. Si on ne les maîtrise pas, les changements climatiques vont accroître le risque de
conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l’être humain et les écosystèmes ».
L’occasion est saisie ici de faire le point sur les grandes problématiques environnementales
qui conditionnent l’évolution de nos sociétés à court et moyen terme.
Introduction. Bienvenue dans l’Anthropocène
Thème 1. Le global change : Symptômes, mécanismes, risques et impacts
1- Le Global Change. Analyse des symptômes
2- Le global Change. Comprendre les mécanismes et les impacts potentiels
3- Elévation du niveau de la mer. Mécanismes et enjeux
4- La question des migrations climatiques
Thème 2. Des écosystèmes menacés
5- Les écosystèmes coralliens
6- Le point sur la déforestation.
7- La biodiversité en question
Thème 3. Nourrir la planète
8- Systèmes agricoles et environnement.
9- Nourrir les villes : Un enjeu majeur, analyse à différentes échelles.
10- Les IDE dans les Suds. « Accaparement des terres ou opportunités de
développement » ?
11-Le renouveau de l’agriculture urbaine. Quels enjeux ?
12- Cultiver autrement ?
Conclusion- L’urgence d’une éthique environnementale ?
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Séance 1 . Bienvenue dans l’Anthropocène.
I- L’Anthropocène : caractéristiques et pertinence d’une nouvelle ère qui fait
débat
Depuis l’entrée dans l’ère industrielle, les mutations des grands équilibres de la planète
engendrées par les activités humaines s’accélèrent , amplifiées par l’accroissement
démographique. La Terre serait rentrée dans un nouvelle ère géologique « l Anthropocène ».
1- Les caractéristiques de l’Anthropocène : les indicateurs majeur de l’avènement d’un
nouvelle ère
-Qu’appelle t on Anthropocène ? The human age. Définition.
Ce terme a été formulé pour la 1ère fois en février 2000 par Paul Crutzen à l’occasion d’un
colloque Géosphère-Biosphère au Mexique (chimiste de l’atmosphère et prix Nobel pour ses
travaux réalisés sur l’évolution de la couche d’ozone). « Nous ne sommes plus dans
l’Holocène mais dans l’Anthropocène ». Du Grec anthropos , « être humain » et kainos
« récent » « nouveau ».
Cruzen part du postulat que l’Homme est devenu une force géophysique à part entière, apte à
rivaliser avec les grands mécanismes naturels. L’augmentation de la concentration en CO2 et
autres gaz à effet e serre dans l’atmosphère en particulier (industrialisation, combustion
massive d’énergie fossile, déforestation, développement de l’élevage et de l’agriculture…).
Dans la revue « Nature » en 2002 , Crutzen développe sa proposition : il faut trouver un
nouvel âge à nos échelles stratigraphiques pour signaler que l’Homme est devenu une force
d’ampleur tellurique . Après le Pleistocène qui a buté le Quaternaire il y a 2,5 millions
d’années, et l’Holocène qui a débuté il y a 11 500 ans , Crutzen estime approprié de nommer
« anthropocène » l’époque géologique présente qui est l’’âge de l’Homme en quelque sorte.
« en deux cent ans, on a changé le système Terre pour des millions d’années (Fressoz, jean
Baptiste, historien des Sciences voir Bonneuil Fressoz. L’évènement anthropocène 2013
editions du Seuil)
-Un effet de serre renforcé: l’anthropocène est avant tout un thermocène.. Le cycle du carbone
au cœur des mécanismes du forçage radiatif
Pour des chimistes de l’atmosphère comme Paul Crutzen ou la plupart des climatologues,
c’est dans l’air que se trouve les éléments clés et en particulier les analyses chimiques de l’air
contenu dans la glace (carottes prélevées en Antarctique et au Groenland en particulier).
Depuis 1750, la teneur de l’air en méthane a augmenté de 150 %, le CO2 de 43%, N2O
protoxyde d’azote de 63%. Le niveau de concentration du CO2 est de 400 ppm (parties par
million) en 2013 contre 280 ppm au milieu du 18ème siècle. De nouveaux gaz sont entrés dans
la composition de l’atmosphère comme les CFC chlorofluorures qui ont contribué à la
destruction de la couche d’ozone stratosphérique.
Tous ces gaz dits « à effet de serre » ont renforcé les radiations terrestres restant dans la basse
atmosphère entraînant ainsi une élévation des températures moyennes de quelques 0,6°C au
cours du 20 ème siècle. Le dernier rapport du GIEC fait état d’une hausse probable de 1,5 à 6
°C entre les températures de 1800 et 2100. Le seuil des 2°C est considéré comme la limite
maximum à ne pas dépasser, à partir de laquelle les mécanismes climatiques qui ne sont pas
linéaires pourraient vraiment s’emballer enregistrer des dysfonctionnements brutaux, très
aléatoires et imprévisibles.
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L’effondrement de la biodiversité
La dégradation généralisée de la biosphère est le 2ème argument justifiant l’hypothèse d’un
basculement dans l’Anthropocène.
-effondrement de la biodiversité
-fragmentation et destruction des différents écosystèmes.
Ces dernières décennies, le taux de disparition des espèces est de 100 à 1000fois plus élevé de
la « normale » géologique. D’aucuns parlent de 6ème extinction. Au rythme actuel 20% des
espèces auront disparu en 2030, sans compter celles qui sont méconnues et qui disparaissent
avant d’avoir été inventoriées.
Une perturbation profonde des autres cycle biogéochimiques
Les cycles de l’eau, de l’azote, du phosphate sont comme celui du carbone sont passés sous
emprise humaine.
Le cycle continental de l’eau est complètement artificialisé : 45 000 barrages de plus de 15 m
retiennent 15% de la totalité des eaux des fleuves et rivières du globe, perturbant les processus
de sédimentation et favorisant l’érosion de nombreuses côtes.
Le cycle de l’azote a été radicalement transformé. Les combustions industrielles libèrent des
oxydes d’azote. La fabrication d’engrais chimiques via le procédé Haber-Bosch (1913)
transforme l’azote atmosphérique en azote assimilable. Les flux d’azote dans la biosphère
sont deux fois plus importants que le flux naturel. Le monoxyde d’azote libéré par les engrais
est à haut effet de serre.
Le flux de phosphore est 8 fois supérieur au flux naturel. 320 millions d etonnes sont extraits
chaque jour dans la lithosphère, pour fabriquer des engrais. Le déversement d’une partie de
ces phosphates dans les cours d’eau et les océans contribue à l’effondrement de la teneur en
oxygène.
2- Aux origines de l’Anthopocène
-le produit de la discordance des temps : des mécanismes bio-géo-chimiques confrontés à
l’accélération des besoins de l’Humanité
L’anthropocène est né des mutations rapides de nos sociétés. consumérisme, mercantilisme,
guerre et progrès technologique rapides, capitalisme et communisme : des philosophies
économiques productivistes confronté aux temps longs des cycles bio-géo-chimiques et de
l’illusion du caractère inépuisable des ressources et immuable des grands mécanismes
environnementaux.Parmi les facteurs essentiels de l’augmentation fulgurante des besoins de
l’Humanité
Une hiérarchisation impossible à établir et des facteurs qui ont joué très différemment selon
les différentes régions du monde.
-Un accroissement démographique fulgurant mais attention au néo-malthusianisme
900 millions d’individus en 1800, plus de 7 milliards en 2015…. Les chiffres parlent d’eux-
mêmes. Les besoins des sociétés humaines ont augmenté de façon considérable , alimentaire
en particulier. …
Pour autant c est avant tout l’évolution des modes de vie, des modes de production et des
systèmes politiques et économiques qui expliquent l’accélération phénoménale de
l’exploitation des ressources.
-le poids des religions du livre.
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Dans les religions monothéistes abrahamiques, issues de la pensée biblique, la Nature n’est
pas Dieu : elle est la création de Dieu, au service de l’Homme (Rossi 2001).
Dieu a créé les cieux et la terre, et l’homme à son image, avec un corps visible et une âme
invisible, avec l’expérience de sa propre finitude mais aussi de la transcendance. La faute
d’Adam et Eve vient consacrer la rupture de l’Homme avec la Création. L’Homme a été mis
sur la Terre en ayant une mission « Yahvé prit l’Homme et la plaça dans le jardin d’Eden
pour le cultiver et le garder. » Il est donc un intermédiaire différent certes de Dieu mais aussi
du reste de la Création. « Que l’Homme domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du
ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la Terre. » (Genèse
I, 26) . Cette phrase très connue a une importance capitale dans l’évolution de la conception
de l’environnement par les sociétés occidentales et ceci pour des siècles et jusqu’à
aujourd’hui.
Cela sous entend que l’Homme peut utiliser le reste de la Création comme il l’entend. Et à
partir de une définition de l’environnement qui deviendra quasi universelle peut se
concevoir : la nature est constituée par l’ensemble du milieu biologique et cosmique qui
constitue l’environnement de l’Homme.
La domination de l’Homme sur la nature doit se faire par le travail qui constitue la punition
attribuée à l’Homme à la suite du Péché originel. La Nature reste l’œuvre de Dieu et
représente l’exemple de sa sagesse. L’Homme doit s’attacher à dominer cette nature, la
comprendre, la faire fructifier conformément au dessein de Dieu. A ce titre le travail prend
dans ces sociétés une valeur éminente qui va servir de moteur à des siècles de mise en valeur,
de défrichements, de croissance agricole… de progrès.
Cette conception de la place de l’Homme restera centrale en Occident comme en témoigne la
célèbre phrase de Descartes extraite du « Discours de la Méthode » 1636: en « connaissant
mieux la force et les actions du feu, de l’eau , de l’air des astres, des cieux et de tous les
autres corps qui nous environnent », nous pourrions «nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la Nature ».
Cet anthropocentrisme se conjugue avec la conviction que l’essor des connaissances est
synonyme de progrès et d’amélioration de la condition humaine. Ce sera un des moteurs du
siècle des Lumières : la croyance dans les vertus de la connaissance, les convictions affirmées
visant à des améliorations possibles du politique…
-Des philosophies politiques productivistes longtemps en compétition : capitalisme et
communisme. Jusqu'au libéralisme triomphant.
Le capitalisme désigne un système économique qui s'appuie sur la propriété privée des
moyens de production. Il consiste à accumuler du capital de manière continue et régulière.
L'investissement est le maître mot du capitalisme, puisqu'il permet d'augmenter et de
renouveler le capital. Le communisme a de son côté érigé le productivisme comme outil de
propagande à l'époque stalienne (stakhanov) et dans un souci de compétition géopolitique
pendant la Guerre Froide (l'URSS devait être autarcique et rester dans les premières
économies mondiales...)
Depuis la révolution industrielle, le progs technique permet d'accroître la production de
façon considérable. Or dès lors que celui-ci est universellement considéré comme une fin en
soi, il est quasi sacralisé et cette sacralisation fait que tout système économique est
intrinsèquement un système productiviste. Ainsi, avant même la destruction du Mur de Berlin,
le productivisme a été accepté par l'ensemble des acteurs politiques, aussi bien dans les
pays communistes que dans les pays occidentaux, acquis au capitalisme. Partout sur le globe,
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une immensité d'individus ont vécu l'accroissement de la production comme un « progrès »,
une promesse de bonheur, la voie naturelle de l'Humanité. C'est pourquoi certains estiment
qu'une majorité d'humains, du simple citoyen au dirigeant, a érigé la croissance
économique au rang de dogme religieux.
L'augmentation exponentielle de la production pose le problème de son écoulement.
Le système publicitaire constitue un outil de propagande mis en place par les entreprises,
destiné à véhiculer auprès des individus l'illusion que les désirs vécus correspondent à
des besoins réels. Le productivisme conduit ainsi au développement du consumérisme.
-La première mondialisation : le colonialisme.
-Les progrès scientifiques et technologiques : des phases d’ accélérations fulgurantes
Des innovations nombreuses accélérées par les conflits et la compétition inter états. Des
applications généralisées.
-Le consumérisme
*comme idéal au lendemain de la 2ème guerre mondiale
* le matérialisme effréné des 30 glorieuses,
*la généralisation des modes de consommation occidentaux avec l'effondrement du
communisme.
Des étapes clés simplificatrices ?
Crutzen et les équipes à l’origine du débat sur cette nouvelle ère ainsi que des historiens de
l’environnement ont mis en exergue trois grandes étapes dans la construction de
l’anthropocène.
1ère étape du début de l’Anthropocène 1784, date symbolique du début de la révolution
industrielle jusqu à la seconde GM : le basculement dans l’Anthropocène avec la volution
thermo-industrilelle. Le CO2 passe de 277-280 ppm à 311 ppm sous l’effet de l’essor de
l’industrie associée au charbon. La synthèse chimique de l’azote contribue à la modification
de la composition de la basse atmosphère .
2ème étape . la grande accélération. : comme en témoignent les 24 indicateurs de l’activité
humaine.
3ème étape : la prise de conscience à partir de 1992 et le sommet de la Terre
3- Une nouvelle ère dont la pertinence fait débat : des questions en suspens
-Quand dater le début de l’Anthropocène ?
Crutzen propose de faire buter ce nouvel âge symboliquement en 1784 date du brevet de
James Watt sur la machine à vapeur, marquant le début de la révolution industrielle et donc de
la « carbonification » de notre atmosphère (par la combustion du charbon puis des autres
énergies fossiles contenues dans la lithosphère).
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