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Sur la question de la quantification des impacts du changement climatique sur le cycle de
l'eau, la mobilisation des gestionnaires de l'eau est encore faible. L'enjeu est encore peu
traité dans les projets de Schémas Directeurs d'Aménagement et de Gestion des Eaux
(SDAGE). La mobilisation des comités de bassin sur le sujet impliquera de replacer le
changement climatique dans un ensemble d'enjeux auxquels ils sont d'ores et déjà
confrontés : déficit quantitatif des ressources en eau en Adour-Garonne, problèmes de
contamination par les toxiques des eaux superficielles et souterraines en Seine-
Normandie, pollutions agricoles en Bretagne, protection des milieux littoraux sur la
Méditerranée, etc.
Aujourd'hui, la plupart des stratégies engagées sont « sans regret », prioritaires et
concourront à réduire les effets du changement climatique. La capacité des acteurs de
l'eau à faire face aux enjeux de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE) est déjà un enjeu
majeur. La capacité à faire « plus » en raison du changement climatique constitue un défi
supplémentaire à relever.
Les premières projections en termes d'impacts sur la France métropolitaine montrent que
le travail à effectuer dans le cadre de la DCE est très important et que les premiers
programmes de mesures à adopter d'ici la fin de l'année 2009 risquent de ne pas être
suffisants pour faire face aux impacts du changement climatique. Une étude menée sur la
Seine montre par exemple que les effets positifs attendus d'une mutation de l'agriculture
conventionnelle vers une agriculture raisonnée ne permettraient que de maintenir la
qualité actuelle des eaux souterraines. Les premières projections indiquent qu'il est
nécessaire de réduire les incertitudes sur les modèles prévisionnels et d'élaborer un corps
d'hypothèses communes afin de pouvoir renforcer le dialogue entre les équipes de
recherche travaillant sur ces sujets. Ceci permettra en plus de comparer les résultats
obtenus dans différents bassins versants. Un pilotage centralisé de ces questions et la
coordination des actions locales apparaissent indispensables. Un outil tel qu'un GIP « eau
et climat » pourrait permettre de fédérer les différentes équipes de recherche.
De nombreux secteurs économiques seront impactés par une modification du cycle de
l'eau : l'agriculture, qu'il s'agisse des cultures sèches ou irriguées ; la production
d'énergie pour le refroidissement des unités de production ou les volumes turbinables ;
l'alimentation en eau potable ; l'alimentation des canaux, etc.
Les principaux impacts seraient :
• une augmentation de la demande en eau du fait de la hausse des températures :
besoin pour l'approvisionnement en eau potable des populations et en eau des
animaux, pour l'irrigation, pour le refroidissement des usines de production
d'énergie, pour les transports fluviaux, etc. ;
• une modification de la ressource disponible : diminution, voire disparition des
apports estivaux des glaciers et du stockage d'eau dans le manteau neigeux,
modification de la distribution spatiale et temporelle des pluies, modification du
débit des cours d'eau et de la recharge des aquifères, dégradation de la qualité
des eaux (diffus, ponctuels), etc. ;
• une augmentation de la vulnérabilité de certains écosystèmes du fait de
l'augmentation des températures et des modifications de répartition spatio-
temporelle des pluies (augmentation des assecs par exemple) ;
• une augmentation du coût d'accès à l'eau, des conflits d'usage, etc.
Une extrapolation de ces projections nous permet d'évaluer un déficit, par rapport à nos
besoins actuels de 2 milliards de m3. Les zones les plus touchées seraient les zones déjà
concernées par des déficits structurels. Le coût du déficit atteindrait plusieurs milliards
d'euros si les volumes d'eau devaient être complètement compensés et des traitements