Lorsqu'un individu est infecté par un virus ou une bactérie, le plus souvent il en
guérit. Il se trouve alors immunisé contre l'agent infectant. Si une deuxième
infection a lieu, elle ne peut se développer. L'individu développe une réponse
immunitaire rapide et de grande ampleur. Le premier contact a permis la mise
en place d'une mémoire immunitaire.
La vaccination utilise cette capacité de l'organisme à conserver la mémoire des
antigènes auxquels il a été confronté.
1. La mémoire immunitaire
Lorsque l'on injecte à un animal un antigène, on observe une réponse
immunitaire primaire. Si l'on suit la quantité d'anticorps que produit l'animal
suite à l'injection, on observe un délai de quelques jours avant que des anticorps
anti-antigènes injectés ne soient détectés. Pendant ce délai, certains clones de
lymphocytes ont été sélectionnés, amplifiés et différenciés en lymphocytes T
auxiliaires sécréteurs d'interleukines et en plasmocytes sécréteurs d'anticorps. La
quantité d'anticorps sécrétés passe par un maximum puis diminue. Les
plasmocytes ont une durée de vie limitée, comme les anticorps qu'ils sécrètent.
Si l'on injecte le même antigène à l'animal quelques semaines plus tard, on
observe une réponse immunitaire secondaire. Le taux d'anticorps anti-antigènes
injectés augmente beaucoup plus rapidement, plus fortement et plus
durablement que lors de la réponse primaire. L'organisme de l'animal a donc
gardé la mémoire du premier contact et répond plus efficacement lors du
second contact. Il est immunisé.
Ce qui est valable pour l'animal, l'est aussi pour l'Homme. Suite à des infections
diverses, l'Homme se retrouve immunisé et ne peut développer à nouveau une
infection par un agent pathogène dont il a déjà été guéri.
La mémoire immunitaire repose sur des cellules à longue durée de vie. Lors de
l’amplification qui suit la sélection des clones spécifiques de l'agent infectieux,
certains lymphocytes ne se différencient pas selon la voie habituelle mais sont
transformés en lymphocytes mémoire. Ces lymphocytes expriment les mêmes
récepteurs membranaires (anticorps et TCR) que les clones dont ils sont issus
mais en densité beaucoup plus importante. Ces lymphocytes ont une durée de
vie très longue et sont très nombreux, beaucoup plus nombreux que les clones
dont ils sont issus. Ces trois caractéristiques font que lors d'un deuxième contact
avec le même antigène, la réponse immunitaire est beaucoup plus rapide.
Au sein des lymphocytes, la mise en mémoire est permise par les lymphocytes B
et les lymphocytes T4, T8.
Aussi, lors d'un deuxième contact avec un antigène, ces lymphocytes B mémoire,
en coopération avec les lymphocytes T4 mémoire, permettent une production
très rapide de plasmocytes sécréteurs d'anticorps. L'agent infectieux est
rapidement neutralisé et phagocyté.
Les lymphocytes T8 mémoire en coopération avec les lymphocytes T4 mémoire
permettent une production plus rapide de lymphocytes T cytotoxiques et donc
une réponse immunitaire plus rapide contre les cellules infectées.
L'immunisation conférée par la présence des lymphocytes mémoire peut durer
toute la vie de l'individu contre de nombreux agents pathogènes.
2. La vaccination : application de la mémoire immunitaire
Le principe des vaccins
Le principe de la vaccination consiste donc à injecter un antigène, non
pathogène, à un sujet. Les antigènes injectés présentent la même spécificité que
des agents pathogènes.
Suite à l'injection, l'individu développe une réponse immunitaire primaire
spécifique et produit des lymphocytes mémoire. De ce fait, si l'individu vacciné
est en contact avec l'agent pathogène, son immunisation le protège contre
l'infection.
Les vaccins sont divers. L'injection peut être réalisée avec différents constituants :
- micro-organismes atténués : les manipulations génétiques permettent de faire
perdre leur caractère pathogène à ces micro-organismes, mais leurs marqueurs
moléculaires antigéniques spécifiques demeurent présents ;
- micro-organismes inactivés : les micro-organismes sont détruits par la chaleur,
mais conservent leurs marqueurs moléculaires antigéniques ;
- marqueurs moléculaires purifiés ou synthétisés au laboratoire ;
- toxines inactivées : certaines bactéries infectent l'organisme en produisant des
toxines, l'inactivation de ces toxines par la chaleur ne leur fait pas perdre leur
caractère antigénique.
Selon les vaccins, une injection suffit ou bien il est nécessaire de réaliser plusieurs
rappels.
Les virus étant des micro-organismes qui mutent très rapidement, la vaccination
peut être difficile à mettre en œuvre.
- Il est nécessaire de pratiquer une vaccination contre la grippe chaque année, car
ce virus n'est jamais le même d'une année sur l ' autre.
- A ce jour, un vaccin à effet durable contre le VIH n'a pas été encore trouvé.