La Lettre Economique du Cameroun - N° 0029 fév.. 2015
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N° 0029 février 2015 Directeur de publication : NGANOU DJOUMESSI Emmanuel
:E D IT O RI AL
PETROLE, PRUDENCE ET AMBITION
Bien que comptant parmi les dix premiers producteurs de pétrole en
Afrique au Sud du Sahara, le Cameroun reste, somme toute, un
modeste producteur avec 30 millions de barils en 2014. A la fin des an-
nées 70, quand jaillissent des fonds marins les premiers barils camerounais,
le pétrole représente un enjeu stratégique planétaire. Dans l’imaginaire po-
pulaire et même dans la réalité des faits, les pays producteurs sont hissés au-
dessus de la mêlée, avec comme effets visibles : l’augmentation immédiate
du niveau de vie, l’accumulation facile des richesses, la multiplication des in-
frastructures de rêve… bref, pétrole rime avec paradis, dans une représenta-
tion inspirée des fastes des grands producteurs du golfe persique. C’est le
règne tout puissant des pétrodollars.
Le Cameroun, pour sa part, conscient des risques des dérives sociales et
économiques liés à cet engrenage chimérique et artificiel, a opté pour la pru-
dence : plutôt que de miser sur le « tout pétrole », en fondant son économie
sur cette matière première aux prix volatiles, le gouvernement a opté pour une
politique économique basée sur la diversification qui, à ce jour fait du Came-
roun une économie stable, performante et dynamique au sein de la Commu-
nauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Option courageuse, lucide et clairvoyante dans un contexte euphorique. Option
gagnante au final ; car même si le pétrole reste la première source de recettes
budgétaires au Cameroun (718 milliards de FCFA en 2014), l’instabilité des
cours mondiaux expose et fragilise les budgets des pays dépendants. Pour-
tant, a contrario, la baisse des cours observée depuis juin 2014 ne dégrade
pas de façon dommageable les comptes publics du Cameroun ; ce qui permet
de maintenir les investissements de l’Etat à des niveaux constants.
Certes, il existe au Cameroun, des indices sérieux de gisements importants.
En attendant, dans la mouvance de son développement économique et social,
le pays a entrepris d’optimiser son industrie pétrolière, en procédant à la mise
à niveau progressive des installations de la Société nationale de raffinage (So-
nara). Au terme de ce chantier structurant, le pays pourra traiter son brut lourd,
beaucoup moins cher que le brut léger importé et traité par la Sonara. Autres
suites bénéfiques attendues : la sécurisation des approvisionnements en pro-
duits pétroliers, l’augmentation des produits d’exportation, l’accroissement des
capacités de stockage… L’ambitieux projet de modernisation du schéma de
raffinage aura pour conséquences macroéconomiques : une baisse des coûts
de production entraînant des économies d’échelle, une réduction considérable
du déficit de la balance de paiement et de la balance commerciale; une amé-
lioration de la compétitivité; la création d’emplois. En somme, une contribution
notable à l’émergence économique du Cameroun.
La Rédaction
La Lettre
Economique du Cameroun
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Créée le 24 mars 1973 par décret présidentiel et inaugurée en 1981,
la Société nationale de raffinage (SONARA) basée à Limbé dans la
gion du Sud-ouest au Cameroun, est une entreprise parapublique.
Son capital est pasde 400 millions de FCFA en 1978 à 23 milliards
de FCFA actuellement, avec comme actionnaires : la République du
Cameroun et certaines sociétés trolières étrangères (Total Outre
Mer et Elf Aquitaine) qui disposent respectivement 82% et 18% des
parts. Cette raffinerie de type « topping reforming » c’est-à-dire
simple, couvre une superficie de 54 hectares, avec une capacité
annuelle de production estimée à 2,1 millions de tonnes. Elle dis-
pose d’une capacité de stockage de 488 000 m3 repartie entre les
différents produits mis à la disposition du marché, à savoir le bu-
tane, l’essence super, le jet, le pétrole lampant, le gasoil, le fuel
oil…
Pour son alimentation en énergie électrique, la SONARA est
connectée au réseau Eneo-Cameroun, mais elle possède 3
groupes électrogènes de 3.000 KW chacun, qui lui permet d’être
autonome en cas de coupure d’énergie. La raffinerie produit
elle-même de l’eau, la vapeur, l’air comprimé et les combustibles
nécessaires à son fonctionnement. Depuis le démarrage de cette
raffinerie, la SONARA dessert non seulement la sous-région Afrique
centrale, mais également d’autres pays africains (Ghana, Nigéria,
Togo, RDC), européens, et américains. Cette entreprise a été
conçue au départ pour traiter du brut léger. Mais, le Cameroun ne
produit pour le moment que du brut lourd et il apparaît une inadé-
quation entre l’outil existant à la raffinerie et les bruts disponibles.
Face à cette situation préjudiciable à l’économie du pays, le
gouvernement a élaboré et met en œuvre un ambitieux programme
d’extension et de modernisation de la structure. Ce projet d’enver-
gure adossé sur un triple objectif à la fois stratégique, économique
et marketing, vise à doter la SONARA des capacités à la mesure
de son implication névralgique dans l’économie nationale. Il
consiste à porter sa capacité́ de production terme à 3,5 millions
de tonnes par an, et partant, permettre à cette raffinerie de rehaus-
ser sa place dans le Golfe de guinée.
Le Cameroun a une économie
qui repose en grande partie
sur le pétrole. La Société na-
tionale de raffinerie est un
maillon essentiel du circuit pé-
trolier camerounais. Le
pétrole assure aujourd'hui 41,5
% des recettes d'exportations
du pays. Le secteur pétrolier
continue de tenir une place de
choix pour les finances pu-
bliques et l’équilibre des
comptes au Cameroun. Les
récentes perspectives de
hausse de la production de 2,1
millions de tonnes 3,5 mil-
lions de tonnes l’année avec
le projet d’extension et de mo-
dernisation en cours la SO-
NARA permettent cette so-
ciété d’affirmer davantage sa
place dans l’économie natio-
nale. Toutefois, l’enjeu majeur
du Cameroun demeure la mise
en place d’un régime de crois-
sance « post pétrolier » vi-
sant notamment à diversifier
davantage l’économie pour lui
permettre d’asseoir une crois-
sance sur une trajectoire plus
soutenue. Depuis la dévalua-
tion du FCFA de 1994, le Ca-
meroun se trouve sur une
trajectoire de croissance assez
molle, qui reflète notamment
l’épuisement progressif de ses
ressources pétrolières.
Plus que jamais, la SONARA
est au centre de l’conomie,
d’o le programme ambitieux
d’extension et de modernisa-
tion de son outil de production
avec, terme, la satisfaction
d’une demande en produits
pétroliers sans cesse en pro-
gression. Le cœur de l’écono-
mie camerounaise bat donc
au rythme de la SONARA, sur-
tout lorsque l’on sait que tout
dysfonctionnement dans la
production entrainerait des
conséquences tous les ni-
veaux de l’activité́ écono-
mique, de l’industrie au
transport, en passant par le
commerce et les services.
SOCIÉTÉ NATIONALE DE RAFFINAGE (SONARA)
LA RENAISSANCE
LA SONARA : LE COEUR DE L’ECONOMIE CAMEROUNAISE
Le Cameroun a entrepris depuis 2010, une profonde restructuration technique et financre de la Société nationale de raffinage (Sonara).
Opération longue, ardue et couteuse, mais ô combien nécessaire à l’équilibre financier de l’entreprise, à ses performances techniques
et partant à l’économie nationale. A la fin de ce chantier structurant, l’un des plus importants pour l’économie du pays, on verra sur le
plan macroéconomique, les évolutions en termes de: gain de compétitivité, réduction du déficit de la balance commerciale, augmen-
tation des stocks disponibles des produits pétroliers,
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est une publication mensuelle du Ministère de
lEconomie, de la Planification et de l’Anagement
du Territoire du Cameroun (MINEPAT)
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Directeur de Publication
NGANOU DJOUMESSI Emmanuel
Conseiller à la daction
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Comi éditorial
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BONDOMA YOKOMO, Charles ASSAMBA ONGODO,
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Directeur de la Rédaction
Christian ABOLO MBITA
Rédacteur en Chef
Emmanuel YENGA
Secrétariat de daction et Technique
Engelbert MBOA
Rédaction
Emmanuel YENGA, Engelbert MBOA, Augustine NGO
NYUNG KANNA, Anne Lyse-otteKOANKO, ABONDO
Adonis, MBOU’OU Jocelyne Marthe
La LEC est disponible en version électronique et imprimée
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:ZOOM
La convention de crédit-relais de 143,5 milliards de
francs CFA signée le 10 fevrier 2015 sera adossé sur
une émission obligation internationale et marque la
finition de la première recommandation formulée par le
conseil financier (BGFI Bank Cameroun) retenu par l’Etat
du Cameroun pour identifier et mettre en place les méca-
nismes devant permettre le refinancement de la Sonara.
La banque a été retenue au terme d’un appel d’offres res-
treint lancé en décembre 2013 par l’Etat du Cameroun.
L’opération de refinancement en question vise à améliorer
la situation financière de l’entreprise, regagner la confiance
des banques et des fournisseurs de pétrole brut, accélérer
la réalisation de la phase 2 du programme de modernisa-
tion de la raffinerie et proposer à l’Etat du Cameroun toutes
solutions permettant à terme de diminuer significativement
le manque à gagner dû à la Sonara.
Pour rappel, les axes retenus dans le cadre de la mission
du conseil financier comprennent entre autres, l’apurement
des créances de l’Etat vis-à-vis de la Sonara (400 milliards
de F), le remboursement de la dette fournisseurs de la
Sonara (500 milliards de F), le financement de la phase 2
du Programme d’investissement (400 milliards de FCFA)
et le financement du besoin en fonds de roulement (150
milliards de FCFA).
Les 143,5 milliards de F mis à la disposition de la Sonara
à la faveur de la convention de crédit-relais, sont apportés
par une syndication de banques locales ayant pour
arrangeur BGFI Bank Cameroun, Société général Came-
roun, Afriland First Bank et Ecobank Cameroun. Les direc-
teurs généraux de ces établissements de crédits ont signé
la convention de crédit-relais avec le ministre des finances.
Occasion pour Edgard Anon, DG de BGFI Bank, de faire
le point sur la mise en œuvre des autres solutions retenues
dans le schéma global de refinancement.
Outre la convention de crédit-relais, le conseil financier
avait suggéré l’utilisation d’une technique financière
particulière pour relever la compétitivité de la Sonara, la
restructuration de la dette bancaire (200 milliards de
FCFA), pour soulager la trésorerie de l’entreprise et aug-
menter le fond de roulement. «La résolution du problème
de fond de roulement par le préfinancement export est déjà
acquis. La Sonara a néficié de 50 milliards de F au
niveau de la première tranche. 25 milliards de F ont été
décaissés il y a un mois déjà et la Sonara va bénéficier dès
la semaine prochaine de 25 autres milliards de F », a
expliqué Edgard Anon. La restructuration de la dette de la
Sonara à long terme à travers la BGFI et Afriland, porte sur
près de 70 milliards de F, ce qui permet à la Sonara de
bénéficier d’un cash-flow de 50 milliards sur deux ans. Les
négociations avec les partenaires internationaux pour le fi-
nancement de l’hydrocrackeur de 400 milliards de F ont
déjà été entamées. « Il s’agit d’un ensemble de solutions
qui ont commencé à être mis en œuvre, ce qui veut dire
qu’aujourd’hui, la restructuration de la Sonara est sur la
voie indiquée par le conseil financier », a conclut le Dg de
BGFI Bank Cameroun.
LE REFINANCEMENT SUR LA BONNE VOIE
La Lettre Economique du Cameroun - N° 0029 fév.. 2015 4
:PAROLE A...
IBRAHIM TALBA MALLA
Directeur Général de la Société Nationale de Raffinage
(SONARA)
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