DÉRÈGLEMENTS CLIMATIQUES ET
SÉCURITÉ INTERNATIONALE
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Les défis liés aux changements climatiques ne relèvent pas uniquement
de la gestion de crises humanitaires comportant d’importantes consé-
quences géopolitiques. Si tous les États sont menacés, la révolte des
populations pauvres pourrait entraîner des répercussions mondiales.
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LEFI CLIMATIQUE COMME FACTEUR D’INSTABILITÉ
DE LA SCÈNE INTERNATIONALE
Pour la première fois de son histoire, en avril2007, le Conseil de sécurité des Nations
unies a consacré une ance au changement climatique.
Longtemps minimisé ou ignoré, ce phénomène est aujourd’hui pleinement consiré
comme un facteur de déstabilisation du système de sécurité collective, même si dimpor-
tantes sistances demeurent.
Trois membres permanents du Conseil, la Chine, la Russie et les États-Unis ont refusé
à cette occasion que cette question soit traitée devant le Conseil, niant cette com-
tence à lorgane exécutif des Nations unies.
La « nouvelle donne écologique » présentée comme inévitable entrnera d’impor-
tantes conséquences tant à l’inrieur des États que sur la scène internationale.
En mars 2008, le Haut Repsentant de l’Union européenne pour la politique étran-
gère et de sécurité commune, Javier Solana, a, au nom de la Commission européenne,
remis aux chefs d’État et/ou de gouvernement des 27, un rapport soulignant le lien étroit
existant entre changement climatique et sécurité internationale.
Selon le diplomate euroen, les
changements climatiques constituent un
« multiplicateur de risques » aggravant
les tensions existantes ou en cant de
nouvelles.
Les changements climatiques font
ressentir leurs effets en priorité auprès
des populations les plus fragiles (et, ce, à
l’intérieur même des pays riches). Lors
du passage de l’ouragan Katrina aux
États-Unis, les populations les plus tou-
chées se sont retrouvées dans les
franges les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans, les familles disposant de moyens finan-
ciers suffisants ayant évacué la zone avant la catastrophe.
De même les pauvres sont les premiers frappés par la hausse des prix des matières
premières comme les premiers vis par les déplacements de populations en raison de
phénomènes environnementaux (au printemps 2008 les révoltes de la faim se sont multi-
ples en Guinée, au Burkina Faso, en Égypte…)
Lancien prix Nobel de la paix 1984, le Sud-africain Desmond Tutu clarait après
réception d’un rapport sur les conséquences des changements climatiques, « la
Les dimensions de la menace
Les menaces pour la curité internatio-
nale provenant des bouleversements cli-
matiques recouvrent différentes dimen-
sions : une multiplication des crises de
ressources, une explosion des migra-
tions environnementales, une extension
des zones de tensions alimentaires.
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crise conduira au sespoir, à la colère, et fera planer des menaces sur la curité
collective».
De nombreuses régions du monde, en Asie et en Afrique notamment, ont été forte-
ment frappées par la diminution des surfaces arables disponibles, menaes par les
pénuries deau ou la baisse des stocks alimentaires, fragilies par l’augmentation du
nombre des inondations et des riodes prolongées de sécheresse.
Afin de prévenir ces menaces, États et
organisations internationales se mobili-
sent à l’instar de lUnion européenne.
LE PROJET EUROPÉEN
EN MATIÈRE DE SÉCURI
CLIMATIQUE
Le Haut Repsentant de l’Union
euroenne pour la politique étrangère
et de curi commune a propoen
2008 que l’Union adopte des vraies
mesures volontaristes destinées à limiter
les facteurs d’instabili provoqués par
les bouleversements climatiques.
Cette initiative sarticule autour de
trois grands axes:
augmentation des capacités de
l’Union euroenne tant en matre de
surveillance que de préventions des
conflits avec comme finali de la doter
d’une véritable capacité de réaction
rapide permettant déviter quune situa-
tion de tension ne dénère en crise ou
conflit ouverts;
mise en place dune « diplomatie du
carbone » permettant de « déterminer
les futurs points sensibles en termes de
sécurité » et devant déboucher sur
ladoption de politiques publiques com-
munes dans ce domaine;
réforme du droit international de
lenvironnement afin de mieux prendre
en compte les effets de la « nouvelle
donne climatique».
Le Haut Repsentant de l’Union européenne en appelle à lengagement de négocia-
tions sur les revendications territoriales, liées aux changements climatiques, dans les
domaines notamment des zones économiques exclusives ou encore de laccès aux nou-
velles voies commerciales.
La fonte de l’Arctique
Entre 2005 et 2007, la banquise
dans l’océan Arctique est passée de
5,3 millions de km2à 4,2 millions
de km2, en perdant 1,1 million en deux
ans (soit deux fois la superficie de la
France métropolitaine).
Si la fonte de la banquise estivale devait
se poursuivre à ce rythme, elle pour-
rait avoir totalement disparu à l’orée
des années 2020, alors que jusqu’à
présent les modèles climatiques
fixaient 2050 comme écance d’un
pôle Nord en eau libre pendant la sai-
son estivale.
Le réchauffement climatique a eu comme
conséquence pendant l’été 2007 d’ou-
vrir le passage du Nord-Ouest, entre
l’Atlantique et le Pacifique.
Aussitôt les revendications territoriales
se sont multipliées entre les puis-
sances riveraines de l’Arctique : les
États-Unis (avec l’Alaska), la Russie, le
Canada, la Norvège et le Danemark
(avec le Groënland) avec comme objec-
tif les richesses pétrolières se trouvant
dans cette région.
En août 2007, un sous-marin russe a
symboliquement déposé un drapeau à la
verticale du pôle Nord pour matérialiser
sa souveraineté et assurer ses revendi-
cations juridiques en Arctique.
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