2
Changement climatique, agriculture et eau
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat et de nombreux organismes
publics des pays de l’OCDE prévoient que les régimes
hydrologiques vont se modifier et devenir variables
sous l’effet du changement climatique. En ce qui
concerne l’agriculture, cela suppose des changements
dans le calendrier saisonnier des précipitations et de
la fonte des neiges, ainsi qu’une multiplication et une
aggravation des inondations et des sécheresses.
Les approches de l’atténuation et de l’adaptation
appliquées dans l’agriculture devront être renforcées.
Elles seront probablement plus efficaces si elles
s’inscrivent dans des stratégies à long terme
étroitement liées aux réformes de la politique agricole,
à la politique de gestion des risques et aux démarches
économiques.
Politiques de l'eau et politiques de soutien à
l’agriculture
Dans la mesure où les prévisions font état d’une
hausse de la demande de produits alimentaires et
d’eau, et d’une aggravation des pressions liées au
changement climatique, l’agriculture sera une cible
déterminante de l’action publique car elle consomme à
peu près 70 % des volumes d’eau douce prélevés
dans le monde (45 % dans les pays de l’OCDE).
Les montants facturés aux exploitations agricoles pour
l’eau qui leur est fournie ont augmenté dans les pays
de l’OCDE. Souvent, néanmoins, les agriculteurs
n’acquittent que les coûts d’exploitation et de
maintenance de la fourniture de l’eau, et la part de
l’agriculture dans les coûts d’investissement dans les
infrastructures hydrauliques n’est récupérée qu’en
petite partie, voire pas du tout (cf. tableau ci-dessous).
Dans les pays où les agriculteurs paient désormais
l’eau plus cher, les données disponibles indiquent que
cela ne s’est pas traduit par une diminution de la
production agricole. Quoi qu’il en soit, les prix de l’eau
reflètent rarement la valeur de rareté et la valeur
sociale, ou bien les coûts et avantages
environnementaux.
La politique de gestion des eaux souterraines prévoit
en général un régime d’autorisations et d’autres
instruments réglementaires. Toutefois, les
prélèvements illégaux d’eau souterraine sont difficiles
à mesurer et à empêcher, et ils continuent de
représenter un obstacle majeur à la durabilité des
activités agricoles.
Les mesures de soutien à l’agriculture fondées sur la
production sont susceptibles d’encourager une
utilisation moins efficiente de l’eau, d’engendrer de la
pollution en dehors des exploitations et d'aggraver les
inondations. Cependant, il est difficile de mettre en
évidence et de chiffrer l’efficience économique et
l’efficacité environnementale globales du soutien
agricole du point de vue des ressources en eau, et des
analyses supplémentaires sur les relations de causes
à effets sont nécessaires.
Les pays de l’OCDE ont dans une certaine mesure
réduit le niveau du soutien et découplé celui-ci de la
production et de l’utilisation d’intrants (dont l’eau et
l’énergie). Ces réformes se traduisent par une
utilisation plus efficace de l’eau, une meilleure
adaptation à la rareté de l'eau et une diminution de la
pollution en dehors des exploitations.
Enjeux futurs
L’action publique axée sur la gestion des ressources
en eau en agriculture sera influencée à l’avenir par
des facteurs nombreux et variés. En ce qui concerne
les pays de l’OCDE, la gestion des exploitations et les
technologies agricoles, le changement climatique et la
variabilité du climat, de même que le coût du pompage
de l’eau imputable à l’énergie, seront particulièrement
importants.
Dans la publication Sustainable management of water
resources in agriculture, l’OCDE analyse les défis à
relever pour gérer les ressources en eau
rationnellement dans l’agriculture, répondre à la
hausse de la demande de produits alimentaires et
faire face aux répercussions du changement
climatique. Dans cet ouvrage, il est indiqué qu’il faudra
notamment que les responsables de l’action publique :
1. prennent acte de la complexité et de la diversité
de la gestion des ressources en eau dans
l’agriculture, compte tenu d’équilibres variables
entre l’offre et la demande d’eau aux échelles
régionale et nationale ;
2. renforcent les institutions et les droits de propriété
qui ont une incidence sur la gestion de l’eau en
agriculture ;
3. fassent en sorte que les factures acquittées par
les agriculteurs reflètent au moins les coûts de
fourniture dans leur totalité ;
4. améliorent l’intégration et la cohérence des
politiques de l’agriculture, de l’eau, de l’énergie et
de l’environnement ;
5. améliorent la capacité d’adaptation de l’agriculture
aux répercussions du changement climatique et
de la variabilité du climat ;
6. s’attaquent aux déficits de connaissance et
d’information dans l’optique de mieux étayer la
gestion des ressources en eau.