XIVième Conférence Internationale de Management Stratégique, Pays de la Loire, Angers 2005 – http://www.strategie-aims.com/
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Sur le plan analytique, les axes les plus saillants de discrimination consistent notamment à
différencier les approches de type prescriptives des approches de type processuelles
(MINTZBERG, 1990), qualifiées respectivement, sous une terminologie différente, d’écoles de
contenu et d’écoles du processus (NOËL, 1992). Aussi, si les premières s’attachent
essentiellement à élaborer des idéaux-types agissant comme un ensemble de prescription
opérationnelles cohérentes à destination des dirigeants, les secondes mettent l’emphase sur la
manière dont la stratégie est élaborée et mise en œuvre dans l’entreprise. Les écoles du
contenu sont donc avant tout normatives alors que les écoles du processus sont plutôt de
nature descriptive et analytique (CHANLAT, 1996). Cette discrimination amorcée par
MINTZBERG (1990) témoigne d’une forte exhaustivité dans la description des écoles de pensée
et dans l’identification de leurs principes et hypothèses sous-jacentes.
En revanche, le désir d’exhaustivité et la démarche de catégorisation du champ théorique sur
une base à dominante historique peuvent parfois occulter les dynamiques entre les différents
paradigmes. Certains travaux présentent d’ailleurs des lectures épistémologiques qui laissent
davantage place à une analyse des déplacements potentiels d’un paradigme à l’autre ou plus
exactement, d’un « attracteur » à l’autre : téléo-logique,éco-logique,idéo-logique et socio-
logique (MARTINET, 1993). Plus récemment, LAVILLE (DE) & MOUNOUD (2004) identifient
trois paradigmes stratégiques qui envisagent la stratégie comme une « décision », une
« négociation » et une « activité ». Représentés sous forme de « cercles » concentriques les
deux premiers paradigmes correspondent respectivement au modèle classique de la stratégie
qui est caractérisé par la rationalité et au modèle politique qui traite des relations entre
dirigeants et coalitions au sein de l’organisation. Le dernier paradigme, ou troisième cercle
traite de « la formation de la stratégie au fil des activités quotidiennes d’acteurs compétents »
et place les interactions sociales au cœur de l’activité stratégique.
Aussi, dans la mesure où l’objet de cet article ne consiste pas en une (re)lecture
épistémologique particulière de la littérature mais vise plutôt l’exploration de certaines
ruptures théoriques, il nous a semblé pertinent de s’attacher à décrire le corpus sur la base de
modèles relativement identifiés par l’ensemble de ces différents travaux et, à cet effet, de
reprendre la classification réalisée par ROULEAU & SÉGUIN (1995) qui identifient quatre
grandes formes de discours stratégiques : classique ; contingente ; socio-politique et socio-
cognitive. Au delà de sa clarté et de l’homogénéité des courants qui y sont associés, l’intérêt
de cette classification repose sur le fait qu’elle lie management stratégique et théorie des