Direction des Archives départementales de la Haute-Savoie. Service éducatif
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Le tramway hippomobile ou à moteur mécanique se développe ainsi énormément du fait de son intérêt public
et de son coût raisonnable. Les premières lignes, dans les années 1882-1892, sont construites par des
sociétés étrangères (souvent suisses).
La politique de mise en valeur touristique est un atout pour le développement des tramways ; ce sont ainsi
Annemasse, Étrembières, Saint-Julien, Douvaine, Collonges-sous-Salève qui sont desservies par tramway
à vapeur, ou encore Évian qui se dote de tramways électriques pour desservir les hôtels de luxe à la fin du
XIXe siècle. Les funiculaires, tractés par des câbles pour les pentes abruptes, apparaissent, comme à Thonon
vers Rives, Évian vers Neuvecelle pour les palaces, Chamonix vers la Mer de Glace, ou encore sur le Salève.
Il existait aussi des projets en direction de Boëge, Morzine et Sixt dans les années 1910, mais la Première
Guerre mondiale y a mis un terme.
Le tramway est un élément important de désenclavement des campagnes, comme pour le tramway reliant
Annecy à Thônes. En 1913, 93.000 passagers emprunteront cette ligne.
La ligne de chemin de fer Annemasse-Annecy
La décision de la ligne Annemasse-Annecy
C’est après de longues tergiversations que la ligne de chemin de fer Annemasse-Annecy a été construite. En
effet, dès 1857, le gouvernement piémontais décrète la construction d’un chemin de fer partant de la
Maurienne pour aller jusqu’à la frontière suisse près de Genève en passant par Albertville, Annecy, la Roche
et Annemasse. À la suite de quoi, une compagnie est formée, la compagnie de chemins de fer Victor-
Emmanuel ; elle effectue des études définitives qui valident l’utilité et la faisabilité de cette ligne.
Cependant, après la Réunion de la Savoie à la France, un décret impérial du 27 décembre 1860 concède un
chemin de fer de Thonon à Collonges (dans l’Ain), sans l’avis par enquête des Haut-Savoyards, et au détriment
de la ligne Annemasse-Annecy prévue ultérieurement.
En 1866-1867, le Conseil général demande la priorité d’exécution de la ligne de chemin de fer Annecy-
Annemasse-Genève. En février 1868, 200 communes signent un recours au Ministre des Travaux publics pour
obtenir l’exécution de cette même ligne afin de désenclaver les cantons. Un appel est ensuite fait à tous les
membres du Conseil général de la Haute-Savoie, aux présidents des Conseils d’arrondissement 1 et aux maires
des chefs-lieux de canton. Dans une assemblée qui se tient à Annecy le 7 mars 1868, il est constaté qu’en
tenant compte, soit de l’enquête, soit des vœux émis précédemment par les représentants des populations au
Conseil général, sur les 274.000 habitants du département, 230.000 sollicitent ou acceptent la substitution
du chemin de fer d’Annemasse-Annecy à celui d’Annemasse-Collonges ; 25.000 se déclarent désintéressés, et
19.000 persistent à réclamer l’exécution de la ligne Annemasse-Collonges.
Une députation est alors chargée de présenter à l’Empereur une adresse exprimant les vœux et les besoins
du département ; elle est reçue en audience le 22 mars 1868. Napoléon III reconnaît l’intérêt de la ligne
Annecy-Annemasse, qui relierait les arrondissements au chef-lieu. La loi est votée le 15 juin 1868, qui
concède le chemin de fer «
dans le cas où il serait reconnu, après l’accomplissement des formalités d’enquête
et après délibération du Conseil général du département, que l’exécution du dit chemin doit être préférée à
celle de la section du chemin de Thonon à Collonges, comprise entre Annemasse et Collonges »
.
Le Conseil général approuve donc la ligne par délibération du 26 août 1868 ; une enquête est menée auprès
des communes puis dépouillée à la Préfecture le 15 octobre 1868 : sur 310 communes, 299 approuvent la ligne
Annemasse-Annecy, contre 11 pour la ligne Annemasse-Collonges.
1 Les Conseils d’arrondissement avaient pour principale mission d’élire les sénateurs, de 1875 à 1919.