Enseignement de Première Année
AgroParisTech
Cursus Ingénieur Agronome
Histoire et philosophie des sciences
Support du cours magistral
Année 2007
Intervenants :
Sylvie Allouche, Universités Paris 1 et Lyon 1
Catherine Dekeuwer, Université Lille 3
Denis Flick, AgroParisTech (Omip)
Fabrice Gzil, Université Paris 1 (IHPST, UMR 8590)
Marion Thomas, REHSEIS (CNRS/ Université Paris 7)
Responsable de l'enseignement :
Hélène Brives, AgroParisTech (SESG)
Ruptures et continuités en histoire des sciences
Catherine Dekeuwer
Spontanément, on se représente l’histoire d’une science comme un processus
régulier d’acquisition de connaissances. De nouvelles vérités sont établies
progressivement, étape par étape. Cette continuité semble pourtant être parfois
remise en question. Les historiens des sciences remarquent en effet qu’à travers les
âges, certaines théories scientifiques sont abandonnées tandis que d’autres
apparaissent. Un exemple très célèbre de ce type de discontinuité est l’abandon de
la théorie selon laquelle la terre est le centre de l’univers (géocentrisme) au profit de
la théorie héliocentrique de Copernic. La notion de volution scientifique peut alors
être convoquée pour penser ce changement radical.
Ce cours s’attache à montrer comment discontinuités et continuité peuvent être
articulées en histoire des sciences. Différentes manières de justifier la continuité de
l’histoire des sciences seront exposées. Puis le modèle de la scansion science
normale / révolution scientifique proposé par Thomas Kuhn (1922-1996) et le modèle
de la rupture proposé par Gaston Bachelard (1884-1962) seront analysés.
1. Continuité
Les sciences se développent par accumulation de vérités toujours plus précises.
Comment justifier cette thèse ? Quelles en sont les limites ?
1.1. La continuité est justifiée par la méthode et/ou l’objet de la science
La continuité structurale
La continuité ontologique
1.2. La continuité est justifiée par la nature de l’esprit humain
Auguste Comte (1798-1857)
1.3. Pierre Duhem (1861-1916) et Thomas Kuhn, deux chercheurs en histoire de
la physique
Description de deux attitudes différentes en histoire des sciences : chercher le
précurseur ou comprendre l’auteur. Le problème de l’illusion rétrospective.
2. Révolution
La discontinuité en histoire des sciences peut être pensée grâce à la notion de
révolution scientifique. Thomas Kuhn est l’un de ceux qui pensent que le
processus de développement de la science connaît de brusques
renversements (La structure des révolutions scientifiques, 1972) Quelles sont
les raisons qui l’amènent à poser cette thèse ? Quelles en sont les
conséquences ?
2.1. Le premier rythme de la science : la science normale
Le concept de paradigme. Les paradigmes sont « les découvertes
scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une
communauté de chercheurs, des problèmes types et des solutions ». T. Kuhn,
La structure des révolutions scientifiques (p.11).
2.2. Le second rythme de la science : la révolution scientifique
Au-delà de Kuhn, un exemple en biologie : du problème de la génération au
problème de la reproduction.
2.3. Les conséquences de la pensée de Kuhn
Pourquoi peut-on rester pendant des siècles dans l’erreur ?
« plus [les historiens des sciences] étudient de près par exemple la
dynamique aristotélicienne, la chimie du phlogistique* (…) plus ils ont la
certitude que ces conceptions de la nature qui furent courantes en leur temps
n’étaient, dans l’ensemble, ni moins scientifiques, ni davantage le produit de
l’idiosyncrasie humaine que celles qui sont courantes aujourd’hui » T. Kuhn,
La structure des révolutions scientifiques (p.19).
« phlogistique » : principe responsable de la combustion dans le cadre de la
théorie des quatre éments.
3. Rupture
Est-il possible d’échapper au relativisme auquel semble conduire la théorie de
Kuhn ?
Gaston Bachelard rapporte les discontinuités de l’histoire des sciences à une
rupture plus fondamentale entre connaissance commune et connaissance
scientifique.
3.1. La notion d’obstacle épistémologique
« C’est en termes d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance
scientifique », G. Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique (p. 13-14)
.
3.2. L’historicité des sciences
« C’est surtout en approfondissant la notion d’obstacle épistémologique qu’on donnera
sa pleine valeur spirituelle à l’histoire de la pensée scientifique », G. Bachelard, La
Formation de l’esprit scientifique.
Bibliographie
Cette bibliographie comprend les références étudiées en cours ainsi que des
ouvrages d’introduction à l’histoire des sciences et à l’épistémologie.
G. Bachelard, La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1993
G. Bachelard, Le rationalisme appliqué (1949), PUF, 1994
G. Bachelard, Le nouvel esprit scientifique (1934), PUF
A. Comte, Cours de philosophie positive (1830-1842), Hermann, 1990
M. Foucault, L’archéologie du savoir, Gallimard, 1969
C. Hempel, Eléments dépistémologie, Armand Colin, 1972
A. Koyré, Du monde clos à l’univers infini (1973), Gallimard 1993
A. Koyré, Etudes d’histoire de la pensée scientifique, Gallimard, 1973
T. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques (1972), Flammarion, 1983
M.-D. Popelard et D. Vernant, Les grands courants de la philosophie des sciences,
Seuil, 1997
J. Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française au XVIII siècle. La
génération des animaux de Descartes à lencyclopédie (1963), Albin Michel, 1993
L. Soler, Introduction à l’épistémologie, Ellipses, 2000
Qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?
Sylvie Allouche
L’époque moderne tient la science en haute estime, et beaucoup de disciplines
revendiquent le statut de science. Mais qu’est-ce qui assure à une théorie d’être
reconnue comme science? Est-ce le fait qu’elle propose un système d’énoncés
organisés de façon logique? Est-ce plutôt le fait qu’elle tire ses lois de l’expérience?
Je présenterai deux grandes théories de la science qui proposent chacune une
articulation spécifique entre le rôle de l’expérience et la formulation de théorie ; pour
commencer, l’inductivisme, qui remonte au moins au XVIIe siècle et qui considère
que la science est pour l’essentiel un savoir issu, “induit”, de l’expérience. Puis après
en avoir exposé les limites, je présenterai une deuxième grande théorie, le
falsificationisme, formulé par Popper au début du XXe. Je montrerai qu’il permet de
résoudre certaines apories de l’inductivisme, mais pas toutes.
I. L’inductivisme et ses limites
1. Les lois et théories scientifiques sont “induites” à partir des observations
1.1. Le passage des observations aux lois s’explique par le “principe de l’induction”
1.2. La capacité prédictive de la science trouve sa source dans la logique
2. Critique de l’inductivisme
2.1. Le principe de l’induction n’est pas rationnellement fondé
2.2. Les observations sont dépendantes de l’observateur
2.3. Les observations sont dépendantes de la théorie
II. Le falsificationisme et ses problèmes
1. Popper et le falsificationisme
1.1. La logique est en faveur du falsificationisme
1.2. La falsifiabilité sert de critère de définition pour les théories scientifiques
1.3. Le critère de falsifiabilité fait gagner les théories scientifiques en clarté et
précision
2. Critique du falsificationisme
2.1. Les falsifications sont faillibles
2.2. La falsifiabilité est difficile à appliquer dans les situations scientifiques réelles
2.3. Le déroulement effectif de l’histoire des sciences contredit le falsificationisme
Bibliographie
Chalmers, Qu’est-ce que la science ? (What is this Thing Called Science ?, 1976)
Popper, La logique de la découverte scientifique (Logik der Forschung, 1934)
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