lement très importantes pour le développement de
la vie. Elles peuvent avoir apporté des éléments
essentiels tels que les molécules organiques, l’eau,
l’azote et le carbone, mais elles ont aussi proba-
blement perturbé sévèrement l’environnement pri-
mitif terrestre. L’enregistrement au cours du temps
de ce flux extraterrestre est effacé sur la Terre, mais
il est disponible à la surface de la Lune puisqu’il
existe dans les sols lunaires des minéraux ayant
été exposés il y a (ou pendant) plusieurs Milliards
d’années.
Le but de ce projet est d’identifier et de quanti-
fier les flux de matière extra-terrestre microscopi-
que déposée dans des sols lunaires exposés à plu-
sieurs époques depuis 4 Ga. Nous espérons de cette
façon reconstruire l’histoire de la contribution ex-
traterrestre diffuse en matière organique, ou, du
moins, en C et N à la surface de notre planète. Les
isotopes de l’N sont pour cela un très bon traceur.
En effet, nos études précédentes permettent d’éta-
blir que le N solaire représente le pôle léger de N
(δ15N de l’ordre de -250‰) et que les variations
isotopiques sont donc le résultat de la dilution de
ce pôle par une ou des composantes d’azote lourd
apportées par bombardement de matière exotique.
Il devient alors possible de quantifier ce bombar-
dement au cours du temps en combinant l’analyse
de δ15N dans des sols d’antiquités différentes et
l’analyse de δ15N dans des grains individuels dans
ces sols.
3 - Dynamique chimique et isotopique de la
nébuleuse solaire primitive
Les travaux récents sur les compositions chi-
miques et isotopiques des constituants minéralo-
giques des météorites primitives (CAI,
chondres,…) font apparaître une remarquable hé-
térogénéité du système solaire au moment de sa
formation. Toutefois, le manque de connaissance
des processus de fractionnement chimique et iso-
topique ayant eu lieu dans la nébuleuse empêche,
à l’heure actuelle, d’interpréter convenablement ces
hétérogénéités et en conséquence de proposer un
scénario cohérent pour la formation des objets les
plus primitifs du système solaire. Pour progresser
dans ce domaine, nous allons combiner (1) une
approche expérimentale nouvelle visant à simuler
les interactions gaz-solide ou gaz-silicate fondu
dans la nébuleuse protosolaire et (2) une approche
analytique visant à rechercher des anomalies iso-
topiques (radioactivités éteintes ou anomalies
nucléosynthétiques) nouvelles dans les composants
les plus primitifs des chondrites.
L’approche expérimentale sera conduite en uti-
lisant un dispositif expérimental, le «Nébulotron»
qui a été conçu pour établir une température ponc-
tuelle élevée (3000 K) dans un mélange gazeux
dont les pressions partielles, la température et le
degré d’ionisation sont contrôlés. Ce dispositif
autorise en plus la récupération des résidus solides
de l’évaporation et des produits de la condensa-
tion, nos techniques de micro-analyse permettant
de déterminer la nature, la cristallinité, la compo-
sition chimique et isotopiques de ces produits et
donc d’avoir accès à leur variabilité en fonction
des conditions imposées (T°C condensation, PO2,
Pt, rayonnement, …). Cette aprroche est originale
car la plupart des efforts de la communauté scien-
tifique ont porté jusqu’alors sur la compréhension
des fractionnements élémentaires lors des proces-
sus d’évaporation, et ont montré que des modèles
d’évolution en système ouvert peuvent expliquer
bons nombres des caractéristiques de ces objets
primitifs, notamment en ce qui concerne le
comportement des éléments volatils (S, Na, K,…)
ou de certains éléments majeurs (Mg et Si). Ce-
pendant, dans ces scénarii en système ouvert, les
processus de fractionnement liés à la condensation
et aux réactions gaz-solide ont été très peu abordés
même si les observations sur les météorites et les
quelques expériences existantes suggèrent que ces
processus peuvent jouer un rôle prépondérant.
L’approche de caractérisation d’objets naturels
sera conduite en utilisant et en développant la me-
sure in situ par sonde ionique de nouveaux systè-
mes isotopiques (e.g. 10Be-B) en association avec
l’analyse de systèmes plus classiques (e.g. 26Al ou
3 isotopes de l’O). Les compositions isotopiques
sont en fait des marqueurs de choix puisque la plu-
part des processus mis en cause dans l’évolution
du nuage moléculaire présolaire et de la nébuleuse
protosolaire peuvent créer des fractionnements iso-
topiques qui sont par leur ampleur ou par leur na-
ture absolument spécifiques de processus extra-ter-
restres. C’est le cas des phénomènes de nucléo-
synthèse présolaire, soit par collisions dans le nuage
moléculaire entre particules accélérées et gaz H et
He ambiants, soit dans les supernova qui précè-
dent l’individualisation de la nébuleuse
protosolaire. C’est aussi le cas de certaines réac-
tions entre solides et gaz lors de l’évolution chimi-
que de la nébuleuse solaire pendant l’irradiationpar
le Soleil jeune. Jusqu’à présent les cosmochimistes
se sont principalement consacrés à l’étude des ano-
malies isotopiques qui sont dues aux radioactivi-
tés éteintes (26Al, 41Ca, ...) pour essayer d’établir
des chronologies relatives de formation des pre-
miers solides dans la nébuleuse solaire. Le pro-
blème fondamental de toutes ces études est évi-
demment de relier ces informations chronologiques
aux informations sur la composition et l’origine
des différents composants mis en jeu dans le for-
mation des premiers solides. Ceci constitue l’ob-
jectif à long terme de ce projet.
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