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Le Gypaète au Bargy
Le Massif du Bargy est l’endroit idéal
pour l’observation du Gypaète et
d’un certain nombre d’espèces d’oi-
seaux et mammifères de moyenne
montagne.
Le Gypaète barbu, un vautour
inoffensif d’environ 2,60 mètres
d’envergure, fait l’objet d’une
réintroduction depuis 1986 dans les
Alpes : un immense programme avec
144 oiseaux relâchés de 1986 à 2006
en France, Italie, Suisse et Autriche
(LPO), dont 39 en Haute-Savoie de
1987 à 2005 (ASTERS). Leur repro-
duction naturelle a recommencé dès
1997 et le nombre de couples a aug-
menté à 16 en 2005.
Remarque : les chiffres donnés sont
des approximations de diverses
études et varient en fonction des
années, ils sont là pour donner un
aperçu.
Edmond Guscio
Une trompe pollinisatrice
Une musaraigne à trompe pollinise
des eurs de la famille des jacinthes.
Rares sont les eurs à être polli-
nisées par des mammifères non
volants. Petra Wester, de l’Univer-
sité de Stellenbosch, en Afrique
du Sud, vient de découvrir un nou-
veau cas. Elle s’est intéressée au
comportement alimentaire d’une
musaraigne à trompe (Elephantulus
edwardii) et a montré que l’animal,
pourtant insectivore, aspire le nec-
tar d’une eur (Whiteheadia bifolia)
de la famille des Hyacinthaceae,
celle des jacinthes.
Quatre nuits durant, elle a capturé
des musaraignes attirées dans des
pièges par une mixture de beurre de
cacahuètes et de ocons d’avoine.
La zoologiste a ensuite observé ces
animaux placés dans des terrariums
où étaient disposées des eurs. Ils
glissent leur trompe entre les eurs
de l’inorescence pour atteindre le
nectar qu’ils lapent avec leur langue.
Ce faisant, la trompe se couvre de
pollen qui fécondera une autre eur
lors d’une prochaine visite. Selon P.
Wester, d’autres espèces de musa-
raignes à trompe sont probablement
des pollinisateurs.
Loïc Mangin
Un baguage qui fausse les
études
Marqués à vie, les manchots trinquent
«Marqués à vie», les manchots por-
teurs d’une bague insérée dans
un aileron pour les reconnaître se
retrouvent pénalisés pour se nourrir
et se reproduire, ce qui peut fausser
les résultats des études, selon des
travaux d’une équipe franco-nor-
végienne publiés mercredi dans la
revue Nature.
Excellents indicateurs de l’état de
santé des écosystèmes marins, les
manchots des Terres australes per-
mettent de mieux connaître l’im-
pact du changement climatique sur
la biodiversité. Or, les manchots
bagués réagiraient différemment
aux modications du climat que
leurs congénères non bagués, afr-
ment les chercheurs.
Cette étude a suivi pendant dix ans
50 manchots royaux Aptenodytes
patagonicus porteurs d’une bague
métallique avec numéro d’identi-
cation xée à l’aileron en même
temps que 50 autres manchots non
bagués. Elle montre que les man-
chots bagués ont un taux de survie
de 16% inférieur à leurs congénères
non bagués et que cette bague réduit
de 39% leur succès reproducteur.
En retard pour convoler « Les
oiseaux les moins performants dis-
paraissent après cinq ans. Et la mor-
talité ensuite est la même pour les
oiseaux bagués et non bagués c’est-
à-dire que seuls les super-athlètes
bagués ont survécu », résume M. Le
Maho, du CNRS.
La bague xée à l’aileron entraî-
nerait une gêne hydrodynamique,
un surcroît de fatigue pour nager.
Les allers-retours en mer des man-
chots bagués pour chercher de la
nourriture pour eux-mêmes ou leur
progéniture sont plus longs. A la sai-
son des amours, ils arrivent jusqu’à
deux semaines en retard sur le lieu
de reproduction.
Un décalage « peu favorable, les
meilleures places étant déjà prises
dans la colonie », qui peut réduire
les chances de trouver un bon par-
tenaire et compromettre l’élevage
du poussin, explique Claire Saraux,
premier auteur de l’étude.
AFP janvier 2011