L'adaptation.
Le texte du spectacle est une adaptation libre du roman
de Boulgakov. En partant du texte original, nous avons
tout d'abord cherché à resserrer l'intrigue autour de
l'action représentant le siège de l'appartement. Nous
avons, ensuite, construit le récit autour des
problématiques relatives à l'émergence d'une pensée
totalitaires aussi bien chez le professeur que chez les
révolutionnaires.
Deux figures antagonistes, traversent le récit : le
professeur et Shwonder. Shwonder, c'est le responsable
d'immeuble. Obscur prolétaire, il est l'homme du
ressentiment que la convulsion révolutionnaire à révélé,
en donnant un terrain d'expression à sa haine de lui même
et des autres. Le professeur, c'est le bourgeois arrogant,
pour qui l'être humain est tout au plus une combinaison
énigmatique d'atomes, sur laquelle exercer son
intelligence. Les deux, dans leur exaltation narcissique
partagent finalement un même rêve : l'avènement d'un homme
nouveau. Ils sont animés par le même désir de pureté.
Qu'il porte sur le corps social ou sur le corps physique,
ce sont une seule et même vision totalitaire de la
société, l'homme y est tout au plus perçu comme un moyen,
et c'est de ces deux postures que va naître un monstre à
l'image de leur démesure.
Dans le huis clos qui a pour cadre l'appartement du
professeur, la mutation de Médor en Médorov devient une
projection allégorique du processus révolutionnaire. A
l'intérieur de l'appartement, la petite société du
professeur se renferme sur elle même et se révèle
incapable de comprendre la marche de l'Histoire. Elle se
croit à l'abri des menaces extérieures et ne voit pas que
la véritable menace grandit à côté d'elle. Cette véritable
menace n'est pas l'aspiration égalitaire d'un Schwonder,
qui même détestable aux yeux du professeur, reste
l'expression d'une construction intellectuelle. La
véritable menace, c'est l'absence de toute volonté, de
toute aspiration, c'est Médorov, le dernier homme, qui
grandit dans l'interstice de deux mondes, qui ne veut rien
d’autre que jouir et survivre. La pièce se présente, ainsi
comme ce duel à distance qui terrasserait ses
protagonistes, si Boulgakov, désabusé, ne respectait pas
le sens profond du mot révolution : Un mouvement qui
revient toujours à son point de départ.