Oser la démonstration pour l`intégration de repères culturels

publicité
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Laboratoire d’introduction à l’optique
La camera obscura et l’évolution des « idées lumineuses »
Déroulement de la séance de laboratoire
Quatre stations sont situées à différents endroits dans le laboratoire. Visitez chacune d’entre
elles et réalisez les observations qui y sont suggérées. Prenez en note vos observations et
répondez aux différentes questions qui suivent.
Travail à remettre
Répondez à chacune des questions. Faites des schémas, lorsque nécessaire. Vous devrez
remettre votre travail lors de la prochaine séance de laboratoire.
Station 1 – le sténopé et la projection lumineuse
1. Décrivez vos observations relatives à l’image projetée en fonction de :
a) la distance de l’écran par rapport au sténopé;
b) la distance de l’objet par rapport au sténopé;
c) la taille du sténopé.
2. À l’aide d’un schéma illustrant la trajectoire de rayons lumineux, expliquez la
formation de l’image que vous avez observée? Quelle hypothèse fondamentale de
l’optique géométrique devez-vous poser afin de tracer votre schéma?
3. Déterminez une relation mathématique entre la hauteur de l’objet lumineux, la
hauteur de l’image projetée et leur distance respective par rapport au sténopé.
Testez votre relation dans la situation suivante :
Un grand sténoscope agrandit de 0,05 fois un arbre situé à 5,0 m de l’appareil.
Quelle est la distance entre l’arbre et l’écran?
Station 2 – L’expérience en chambre noire
1. Quelles sont les différences entre une image projetée, produite par un sténopé, et
une image optique, formée par une lentille?
2. Expliquez comment il serait possible d’estimer le diamètre du Soleil à partir de la
distance Terre-Soleil (149 597 870 km) et de mesures réalisées avec un des
montages du laboratoire.
3. Qu’est-ce que la couleur? D’où viennent les couleurs des objets que l’on observe?
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
1
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 3 – La camera obscura et la capture de l’image
1. Quelles sont les caractéristiques (nature, grandeur, sens) de l’image formée par la
réplique d’époque de camera obscura (celle en bois)?
2. Quelles sont les caractéristiques (nature, grandeur, sens) de l’image formée par la
camera lucida?
3. Faites un schéma représentant le parcours des rayons lumineux dans la camera
obscura.
4. Faites un schéma représentant le parcours des rayons lumineux dans la camera
lucida.
5. Déterminez expérimentalement la longueur focale de la lentille de la camera obscura
en bois en utilisant l’équation suivante :
1 1
1
+ =
p q
f
Station 4 – La camera obscura comme modèle de l’œil
1. Comment voit-on?
2. Pourquoi a-t-on longtemps comparé un œil à une camera obscura ou, de nos jours, à
un appareil photo? Associez les structures de l’œil à celles de l’appareil photo
représenté sur le schéma.
3. Quelles sont les caractéristiques (nature, grandeur, sens) des images qui se forment
sur la rétine de l’œil?
4. Faites un schéma expliquant pourquoi vous ne pouviez plus percevoir la croix à un
certain moment.
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
2
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Capsules historiques liées aux stations du laboratoire 5
Station 1 – le sténopé et la projection lumineuse
Un peu d’histoire sur les Grecs de l’Antiquité et leurs idées sur la perception de
l’image…
Empédocle (v. 490 à 435 av. J.-C.) et Platon (v. 423 à 347 av. J.-C.) ont
soutenu, comme plusieurs autres, la théorie du « feu visuel ». Selon cette
théorie, la lumière part de l’œil et y revient comme un feu intra-oculaire
qui jaillit et éclaire les objets. Plus particulièrement, l’œil émettrait des
quid allant « reconnaître » les objets et reviendraient ensuite vers nous
pour nous informer de ce qu’ils ont détecté. Cette théorie est dite
« extramissionniste ».
Pour Platon, la vision résulte donc de la rencontre entre l’émanation de
l’objet et le « corps simple et homogène », qui lui est formé par la fusion
de l’émanation oculaire et de la lumière du jour. À travers cette rencontre,
les « mouvements », produits par des particules de différentes tailles (que
Platon associe aux différentes couleurs) sont transmis à l’esprit et
produisent des sensations (la vue et la pensée). L’argument de base
repose sur le fait qu’on peut voir un objet lorsqu’on « pose » le regard sur
lui, autrement dit que c’est l’action de regarder qui fait voir. Pour ces
penseurs, ça semble être une évidence : les yeux fermés on ne voit rien
puisque les rayons (quid) ne peuvent plus sortir!
Platon
(v. 423-347 av. J.-C.)
Pour sa part, Aristote (v. 384 à 322 av. J.-C.) considère que l’œil
possède une double nature : comme corps physique, il accueille
les images sur la surface sensible que constitue la rétine. Comme
entité sensible, il transforme les effets colorés en impressions
sensorielles et visuelles, de la même façon que la cire prend
l’empreinte des objets sans être affectée. Pour combattre la
théorie rivale, soit que l’œil émettrait un quid, Aristote soutient
comme Démocrite que nous devrions voir la nuit. La théorie
d’Aristote est dite « intromissionniste » puisqu’il conçoit l’œil
comme « récepteur » et non comme « émetteur », ce qui ouvrira
la voie à la camera obscura des astronomes arabes…
Image tirée d’une fresque de
Raphaël, L’École d’Athènes.
Platon pointe le ciel, symbole de sa
croyance envers les idées et Aristote
pointe le sol avec sa main droite, une
représentation de sa croyance dans la
connaissance par le biais de
l’observation empirique et de
l’expérience.
L’attention que porte Aristote (v. 384 à 322 av. J.-C.) pour
l’optique n’est pas séparée de sa passion pour l’astronomie. Par
exemple, Aristote affirme qu’on pourra garder le dessin du Soleil
et de la Lune saisi à travers n’importe quel orifice. Il fait
d’ailleurs une allusion à ce phénomène au milieu de ses trentehuit livres des Problèmes : « Tout objet placé en face d’une boîte
entièrement fermée et percée d’un trou se reflète, renversé sur
le fond de cette boîte ». Aristote fait ici référence davantage au
sténopé (petit trou) qu’à la camera obscura. Il est fidèle à une
pensée fondée sur les données expérimentales, naturalistes, et
se distingue ainsi de son maître Platon, qui, sur le même sujet,
propose une vision mythique de la camera obscura comme
caverne.
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
3
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 2 – L’expérience en chambre noire
La camera obscura au Moyen-âge et l’apport du monde arabe
Même si les conditions théoriques de la
camera obscura étaient posées avec
Aristote et sa théorie de l’intromission, il
faut attendre le Ve siècle pour en voir
apparaître une utilisation concrète. En effet,
certains
décrivent
le
Moyen-Âge,
particulièrement en Europe, comme une
période de stagnation intellectuelle sur le
plan de l’optique, où domine une vision
théologique du monde qui divinise la
lumière.
Le monde arabe est toutefois plus actif sur
le plan scientifique. Par ses démonstrations
avec la camera obscura, Ibn al-Haytam
(v.965-1041), aussi connu sous le nom
d’Alhazen, balayera la théorie qui prévalait
à l’époque et qui accordait un sens tactile à l’œil, comme s’il était un bâton aveugle. Son meilleur
argument appuyant la théorie des philosophes de la nature est celui-ci : quand on regarde un point
très lumineux, comme le soleil, celui-ci brûle les yeux. La lumière part donc de l’objet extérieur pour se
réfléchir dans l’œil, qu’elle blesse.
La référence la plus explicite dans l’œuvre d’Alhazen à
la camera obscura se situe dans son Traité consacré à
l’éclipse, qui s’interroge sur les rayons lumineux. Il fut
le premier scientifique à faire l’observation d’une
éclipse du soleil et de la lune dans une chambre noire
munie d’une petite ouverture. Lors de son expérience,
il établit une relation proportionnelle entre le diamètre
de l’ouverture et l’objet observé : ce fut la première
formule du sténopé.
Cela dit, un élément qui a échappé à Alhazen est
l’explication du renversement de l’image. C’est peutêtre qu’en tant qu’astronome, il se serait surtout
attardé à observer les astres, qui de par leur
« sphéricité » apparaissent identiques à l’envers ou à
l’endroit. Par des acrobaties théoriques, Alhazen fait se
former l’image sur le cristallin. Il néglige ainsi le problème de la réfraction, dont il n’a que des
connaissances approximatives, et le problème du renversement est ainsi évité.
Ci-contre, schéma des deux yeux
par Alhazen.
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
4
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Les expériences de Newton en chambre noire
Newton (1642-1727) était philosophe en plus d’être le physicien, mathématicien et astronome anglais
bien connu. Son Traité d’Optique (1704), sur la lumière et les couleurs, est purement expérimental.
Comme chez Alhazen, ses expériences en chambre noire sont récurrentes. Les expériences de Newton
sont par contre plus sophistiquées qu’au Moyen-Âge, car elles font intervenir prisme, télescope, deux
trous ou plus, et prennent en compte la diffraction.
Sur la question des couleurs, certaines idées
circulent depuis l’Antiquité : le blanc est associé à
la pureté, au Bien, à Dieu et le noir, aux ténèbres
et au mal. Il faudra attendre Newton pour que
cette conception des couleurs progresse vraiment
à cet égard. Et encore! Le « côté noir de la
Force » inspire toujours jeunes et moins jeunes!
Certains avaient déjà remarqué que la lumière qui
traverse un prisme se déploie en arc-en-ciel ce qui
portait à croire que la lumière s’altère, se dégrade
et s’affaiblit lorsqu’elle traverse un milieu
transparent comme le verre. Plus l’épaisseur du
verre traversé est grande, plus la lumière perd de
sa clarté et de son éclat. Le violet, par exemple,
est la couleur la plus déviée et est moins éclatant que le rouge, car l’épaisseur du verre traversée est
plus grande, du moins c’est ce qu’on croyait à l’époque jusqu’à ce que Newton soit « forcé » de faire
ses expériences en chambre noire.
Cette partie de l’histoire de Newton est d’ailleurs assez surprenante. En 1665, la peste éclate en
Europe. L’Université de Cambridge décide alors de renvoyer chez eux les professeurs et les étudiants,
dont le jeune Isaac Newton alors âgé de 23 ans. Celui-ci profite donc de ses vacances « forcées » pour
s’enfermer dans sa chambre dont les fenêtres étaient complètement obstruées, mais où la lumière
pouvait pénétrer que par une petite fente pratiquée dans un des volets. Newton va donc réaliser dans
sa « chambre noire », avec du matériel très simple, une série d’expériences sur la réfraction et la
dispersion de la lumière qui bouleverseront les idées de l’époque sur la lumière qui couraient depuis
1500 ans!
Parmi ces expériences, Newton décide d’isoler
à l’aide d’une fente un rayon bleu issu d’un
premier prisme et le dirige vers un second afin
de vérifier ce qui arrive à ce faisceau de
lumière d’une seule couleur. Selon la théorie de
l’époque,
la
couleur
bleue
aurait
dû
« s’affaiblir » au cours du passage dans le
deuxième prisme, pour se rapproche du violet
ou du noir. Cependant, ce n’est pas ce que
Newton observa : la couleur bleue est restée la
même. Il poursuivit donc ses expériences et fit
passer à travers un second prisme inversé par
rapport au premier tous les rayons dispersés. Il
se retrouva avec un faisceau de lumière
Dessin réalisé par Newton où il illustre le dispositif qu’il
blanche en recombinant de la lumière
a utilisé pour faire ses expériences.
prétendument dégradée. Le faisceau avait
retrouvé sa pureté initiale, autrement dit
Newton a mélangé de l’impur pour obtenir de la pureté ! À 23 ans, Newton n’est pas encore le grand
NEWTON et il était risqué pour lui de contester les théories sur les couleurs ayant cours depuis des
siècles… Newton attendra donc plus de six ans avant d’en divulguer les résultats dans sa
correspondance avec Oldenburg (1672), et ce, même si ses travaux apportent des éclaircissements
majeurs sur le comportement et la composition de la lumière. Il ne publiera ses découvertes qu’en
1704, dans son fameux traité Optiks. À 23 ans, Newton n’est pas encore le grand NEWTON et il était
risqué pour lui de contester les théories sur les couleurs ayant cours depuis des siècles…
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
5
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 3 – La camera obscura et la capture de l’image
La camera obscura et l’art hollandais au XVIIe siècle
Si les Italiens sont les « inventeurs » de la perspective
dans leurs peintures, il est intéressant de savoir que, à la
suite de Kepler, la camera obscura est devenue l’appareil
de la peinture hollandaise. La « peinture » de la camera
obscura a la particularité d’être beaucoup plus mouvante
et souple que celle des « perspectivistes ». Plus on
recule, plus on voit de « gros plans » et inversement. On
peut donc naviguer et s’arrêter sur des détails, un mode
de vision qui semble davantage s’approcher de « la vision
naturelle », qui est plus mobile.
Au XXe siècle, avec l’avènement de la photographie,
beaucoup de commentateurs compareront la peinture de
Vermeer (1632-1675) avec une image photographique.
Camera obscura portative pour dessin, 1868
L’usage de la camera obscura chez Vermeer n’est pas
totalement prouvé, mais certains effets de sa peinture
nous permettent d’émettre de sérieuses hypothèses quant à son utilisation. Deux tableaux de Vermeer
représentent bien le « paradigme de la chambre noire cartésienne » (J. Crary, 1994). L’Astronome et
le Géographe semblent tous les deux absorbés dans de savantes recherches solitaires dans la
pénombre d’une pièce rectangulaire qui semble percée que d’une seule fenêtre. L’astronome étudie
une sphère céleste où sont dessinées les constellations, le géographe a sous les yeux une carte
nautique. Tous deux détournent le regard de l’ouverture qui donne sur le dehors. Ils ne connaissent
pas le monde extérieur par une observation immédiate, mais par l’examen mental de sa
représentation, et ce, sans sortir de la pièce.
Johannes Vermeer, L’astronome, 1668
Johannes Vermeer, Le géographe, 1668
La camera lucida, un autre exemple d’instrument
optique utilisé dans la peinture
La camera lucida est un prisme fixé à une tige, qui crée l’illusion,
sur le papier placé dessous, de l’image de ce qui se trouve devant
nous. Cette image n’est pas réelle, car elle n’est pas effectivement
projetée sur le papier, mais elle semble être là. Contrairement à
une projection dans une camera obscura, ici seul l’artiste placé
dans la bonne position peut voir l’image.
Ci-contre, William Hyde Wallaston, Camera lucida, 1806
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
6
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 4 – La camera obscura comme modèle de l’œil
L’œil comme camera obscura à la Renaissance
Léonard de Vinci (1452-1519), parfois décrit comme le symbole de l’homme de la Renaissance, a eu
une contribution significative dans le domaine de l’optique, notamment sur la compréhension de l’œil
et de la vision. Il s’est notamment intéressé à l’anatomie de l’œil et en aurait d’ailleurs fait la première
« empreinte » grâce à du blanc d’œuf coulé à l’intérieur et devenu solide à la chaleur. Grâce à ses
travaux sur la pupille, il entrevoit, le rôle du cristallin dans la dilatation et la contraction de la pupille
par rapport à la quantité de lumière reçue, et ce, bien avant Galilée. Il étudiera l’œil jusque dans ses
troubles de réfraction, en insistant sur la presbytie et l’utilisation de lunette.
Léonard de Vinci, L’œil est une camera obscura, v.1492
De Vinci compare l’œil à une chambre noire, plus particulièrement c’est l’image de l’œil qui est
comparé à la camera obscura. Il serait le premier, v. 1490, à avoir construit un œil artificiel, en verre
et en métal, sur le modèle de la camera obscura. Si l’anatomie de l’œil qu’il proposa est assez
primitive, il n’en demeure pas moins que le fait d’assimiler l’œil à une chambre noire (comme système
optique) représente une innovation technique importante.
Le rapprochement entre l’œil et la camera obscura est somme toute
génial, mais de Vinci se buttera tout de même, comme plusieurs autres,
sur le problème du renversement de l’image. Celui-ci refuse l’idée de
l’image renversée sur la rétine, car il veut respecter la rectitude de
l’image et l’absolutisme des lois physiques. Il n’imagine à aucun moment
que le cerveau soit capable de redresser les images, ce qui est
surprenant quand on sait qu’il écrivait « à l’envers », de la droite vers la
gauche, sans probablement utiliser de miroir pour se relire !
Il faudra attendre jusqu’en 1604 pour que Kepler impose l’idée que
l’image se forme renversée sur la rétine. Pour Kepler, la seule solution à
ce problème du renversement de l’image serait son redressement dans
le cerveau (conscience). Kepler élabora cette théorie rétinienne,
fondatrice de l’optique physiologique moderne, qu’il n’illustre pas (c’est
dommage) de dessins. Cependant, la figure de La Dioptrie de Descartes,
publiée trente ans après, rend bien compte de cette théorie. On peut
supposer qu’ayant passé des heures innombrables à observer des
images renversées dans une camera obscura, Kepler ait « accepté » que
notre rétine reçoive de la même façon les images à l’envers. Pour la
première fois dans l’histoire, on trouve une vraie « image optique » dans
l’œil, image dont l’existence est indépendante de l’observateur,
simplement formée par la convergence de rayons lumineux sur une
surface.
« L’image se forme sur la rétine, l’âme
l’interprète ». René Descartes, La Dioptrie,
illustration de la théorie rétinienne, 1637
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
7
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Pour en savoir plus…
Sur les références historiques :
Bubb, Martine. (2010). La camera obscura : philosophie d'un appareil. Éditions L’Harmattan, Paris.
Crary, Jonathan. (1994). Traduit de l'anglais par Frédéric Maurin. Art de l'observateur : vision et
modernité au XIXe siècle. Éditions Jacqueline Chambon, Paris.
Bessy, Maurice. (1990). Le mystère de la chambre noire : histoire de la projection animée. Éditions
Pygmalion, Paris.
Changeux, Jean-Pierre. (2005). La lumière au Siècle des lumières & aujourd'hui : art et science.
Éditions Odile Jacob, Paris.
Sur la physiologie de l’œil :
Le Cerveau à tous les niveaux!
http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_02/d_02_cr/d_02_cr_vis/d_02_cr_vis.html [consulté le 10
décembre 2013].
Sur le sténopé et la photographie :
Paul Kopff, Le site français de la photographie haute-résolution, http://www.galeriephoto.com/stenope-cercle-image-theorie.html. [consulté le 10 décembre 2013].
Service camera pro, http://www.servicecamerapro.com/f-lens.html. [consulté le 10 décembre 2013].
Worldwide pinhole photography day. http://www.pinholeday.org/support/. [consulté le 19 février].
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
8
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 1 : Le sténopé et la projection lumineuse
Observations et mesures
À cette station, vous êtes invités à observer les caractéristiques de l’image projetée sur
l’écran, en faisant varier :
•
•
•
le diamètre du sténopé (trous 1, 2, 3) ;
la distance entre l’écran et le sténopé ;
la distance entre l’objet lumineux « Batman » et le sténopé.
Pour répondre aux questions associées à cette station, observez le schéma ci-dessous, qui
vous permettra de comprendre certaines caractéristiques de l’image projetée.
Image des cônes de diffusion
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 2 : L’expérience en chambre noire
À cette station, vous êtes invités à entrer, une personne à la fois, dans la chambre noire
pour vivre « l’expérience » d’enfermement.
Votre coéquipier pourra tourner la roulette fixée à la chambre noire pour que vous puissiez
observer « en dedans ce qu’il y a en dehors », en partant du plus grand sténopé jusqu’au
plus petit. Observer en quoi cela influence l’image projetée.
L’écran se déplace, mais délicatement. Vous pouvez observer en quoi la position de l’écran
influence l’image projetée par le sténopé. Si la journée est ensoleillée, trouvez une façon
d’estimer le diamètre du Soleil.
Ensuite, mettez en place la lentille en tournant la roulette. Trouvez une façon pour observer
une image. Une fois que vous y êtes parvenus, demandez à votre coéquipier de boucher
avec son doigt une partie de la lentille et regardez de quelle manière cela interfère dans
l’image optique.
Dans la chambre noire ou devant une fenêtre, utilisez un ou des prismes pour décomposer la
lumière blanche et prenez une minute pour vous imaginer Newton enfermé dans sa
chambre…
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 3 : L’expérience en chambre noire
À cette station, vous êtes invités à utiliser le rétroprojecteur, en tant que camera obscura,
pour dessiner un sujet de votre choix et ainsi vivre une « expérience artistique » digne du
XVIIIe siècle.
Tentez ensuite de faire un portrait de votre coéquipier avec une réplique de camera lucida.
Utilisez enfin la réplique d’époque d’une camera obscura pour observer quelques objets
situés à des distances différentes. Prenez les mesures nécessaires afin d’estimer la longueur
focale de la lentille.
Camera obscura du 19e siècle, tiré de « The Museum
of Science and Art » par Dionysis Larder, 1855.
William Hyde Wallaston, Camera lucida,
1806.
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
Ondes et physique moderne
203-NYC-05
Station 4 : La camera obscura comme modèle de l’oeil
À cette station, vous êtes invités à manipuler une camera obscura construite à partir de
deux boîtes glissant l’une dans l’autre, à observer le modèle « pédagogique » de l’œil ainsi
que les différents schémas qui s’y trouvent.
Regardez ensuite la figure avec un point et une croix en la tenant à bout de bras, en prenant
soin de placer le point à gauche et la croix à droite. Fermez ensuite l’œil gauche et
rapprochez lentement la feuille de votre visage tout en fixant sans arrêt le disque noir. Sans
quitter le disque des yeux, portez attention à ce qui arrive à la croix. Que ce passe-t-il?
Comment pourriez-vous expliquer ce phénomène?
Refaites l’expérience avec la même figure, mais traversée de lignes horizontales. Que
remarquez-vous?
Vous pouvez ensuite tenter l’expérience suivante. Appliquez une légère pression sur le côté
gauche de votre œil gauche. Vous devriez remarquer un décalage entre les images perçues
par chacun de vos yeux. De quel côté se produit ce décalage ? Que pouvez-vous en
déduire ?
Observez l’écran éclairé par le rétroprojecteur à travers le petit trou fait dans le carton.
Tenez le carton à environ 5 cm de votre œil. En observant attentivement, vous devriez voir
apparaître diverses formes qui semblent être en mouvement. Il s’agit d’opacités situées à
l’intérieur de l’humeur vitrée de votre œil que l’on nomme « corps flottants ». Maintenant,
agitez vivement par petits coups le trou devant votre œil. Vous serez en mesure d’observer
les vaisseaux sanguins de votre rétine, que vous ne pouvez pas percevoir normalement
puisque le cerveau interprète l’image et « supprime » les vaisseaux sanguins.
Comparaison de l’œil avec la chambre noire,
début du 18e siècle.
© Isabelle Arseneau, Centre de démonstration en sciences physiques, Mathieu Riopel, Cégep Garneau.
Document réalisé dans le cadre du Projet de collaboration université-collège (2013-2015) : Modules de démonstration pour
l’intégration de repères culturels en enseignement des sciences.
Téléchargement