Un partenariat pour la sauvegarde du patrimoine littoral de l’Afrique de l’Ouest 2015 Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) 1 Le développement et le climat de l’Afrique sont inextricablement liés : sans mesures adéquates, le changement et la variabilité climatique mettront en péril les progrès durement acquis du développement en Afrique et contrecarreront les ambitions africaines de croissance et de réduction de la pauvreté. L’érosion et les inondations côtières coûtent des vies et impactent la productivité en Afrique de l’Ouest. Elles sont les manifestations les plus visibles des changements globaux touchant le littoral de la région. La vulnérabilité des zones côtières, et sa dégradation, sont une source de préoccupation majeure. Contexte Le littoral de l’Afrique de l’Ouest abrite une abondance de ressources naturelles terrestres et marines, qui fournissent des services écosystémiques vitaux et contribuent à atténuer les épisodes météorologiques extrêmes. Elles jouent un rôle central dans la résilience économique et physique des régions côtières face aux défis actuels et futurs. Les zones côtières hébergent 31 % de la population ouest-africaine – un chiffre qui devrait encore augmenter. En Afrique subsaharienne, la croissance de la population urbaine est de 4 % par an, soit près du double de la moyenne mondiale de 2,1 %. En Afrique de l’Ouest, l’urbanisation rapide et la migration nette vers les zones côtières y accentuent la demande de terres, de ressources et de services fournis par les écosystèmes à la population. Les zones côtières produisent également 56 % du PIB de l’Afrique de l’Ouest. Elles hébergent d’importantes industries, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, la pêche, la prospection et l’exploitation pétrolière en mer, et le tourisme, ainsi que des résidences urbaines et littorales. Des choix peu judicieux de localisation des infrastructures et des brise-lames, une gouvernance environnementale relativement faible et la pollution causée par l’homme, combinés à la pression démographique et à la surexploitation des ressources naturelles, ont conduit à une rapide dégradation des écosystèmes côtiers. Celle-ci se manifeste sous la forme d’érosion d’inondations côtières, un épuisement des stocks halieutiques et de crises sanitaires. Le changement climatique exacerbera les pressions environnementales le long de la côte, accroissant ainsi la vulnérabilité socioéconomique des populations littorales, en particulier les plus pauvres, dont le bien-être et les moyens de subsistance dépendent de la qualité et de la quantité des ressources naturelles (figure 1). Des interventions sont indispensables à tous les niveaux de gouvernement et de la société pour réduire la vulnérabilité des plus pauvres dans les zones côtières d’Afrique de l’Ouest. Alertés et fortement concernés par les dégâts causés par l’érosion et les inondations, les pays d’Afrique de l’Ouest ont commencé à prendre des mesures. À elles seules, les actions entreprises au niveau national ne suffisent toutefois pas à enrayer ces phénomènes. Une approche régionale est indispensable, car les mesures de prévention de l’érosion prises dans un pays peuvent accentuer celle-ci chez ses voisins et parce que le financement nécessaire pour circonscrire l’érosion et les inondations est trop élevé pour qu’un pays le mobilise ou le gère à lui seul. Les pays doivent coordonner leurs efforts, au niveau tant politique que technique, et utiliser stratégiquement les ressources financières disponibles pour traiter en priorité les points chauds de l’érosion et de l’inondation. 2 Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) FIGURE 1 Liens entre les stress environnementaux et la vulnérabilité des populations pauvres Interaction entre le stress environnemental et l’accroissement des pressions sociétales sur les ressources naturelles Augmentation de la vulnérabilité des populations pauvres Stress environnemental Précarisation des moyens d’existence • Risques naturels (par ex. inondations, érosion) ; • Dégradation de l’environnement (par ex. pollution, baisse de la qualité de l’eau) ; • Variabilité des ressources environnementales (par ex. perte de biodiversité, épuisement des ressources naturelles) ; • Changement climatique (par ex. variabilité climatique, épisodes météorologiques extrêmes, hausse du niveau de la mer). Due à l’épuisement des ressources naturelles, physiques, financières et sociales ainsi que du capital humain, et à l’augmentation des déplacements de population Augmentation des risques sanitaires (par ex. malnutrition, choléra, typhoïde, dysenterie, dengue) Changements sociétaux Accroissement de la pression sur l’environnement dû : • à la dégradation de l’environnement ; • à la croissance démographique ; • aux conflits fonciers et pour les ressources ; • à l’urbanisation ; • à la volatilité des prix des marchés. Limitation des possibilités économiques Effets à court et long terme de l’érosion, des inondations, des chocs sur les marchés, des maladies et d’autres phénomènes extrêmes Source : Dow, K. (2005), Vulnerability Profile of West Africa, Stockholm Environment Institute, Stockholm. Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) 3 Le programme WACA : une approche régionale du développement littoral L e Programme d’assistance technique à la gestion du littoral de l’Afrique de l’Ouest (WACA – West Africa Coastal Areas) a été mis en place par la Banque mondiale en 2015 pour répondre à la demande des pays de la région d’un appui à la gestion de leurs problèmes croissants d’érosion et d’inondation côtières. Conscients que des investissements multisectoriels sont nécessaires – dans l’aménagement du territoire, les infrastructures, et la gestion des habitats naturels et de la pollution – ces pays ont demandé une assistance technique afin d’identifier les principaux facteurs aggravant la vulnérabilité de la population, des écosystèmes, et du patrimoine le long des côtes, et les rendant particulièrement sensibles aux conséquences des pressions dues au climat et à l’homme. Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal et le Togo participent d’ores et déjà au programme, et des discussions sont en cours avec d’autres pays. Le programme WACA est conçu pour améliorer les moyens d’existence des communautés littorales de l’Afrique de l’Ouest en réduisant la vulnérabilité des zones côtières et en favorisant une gestion des côtes intégrée et résiliente au climat. La combinaison d’assistance technique et d’investissements prévue par le programme vise à préserver et restaurer les ressources naturelles du littoral, dont dépendent les moyens d’existence ; à encourager le développement économique et à accroître le bien-être social ; et à soutenir le développement durable des principaux secteurs de croissance, notamment l’agroalimentaire, la pêche, la prospection et l’exploitation pétrolières en mer, et le tourisme. Le programme WACA constitue également une plateforme de rencontre où les pays peuvent trouver le financement et l’expertise dont ils ont besoin pour gérer leur littoral de manière durable. Il sert également de forum au sein duquel les pays et les régions peuvent partager les leçons tirées de leurs expériences. La Banque mondiale s’est engagée à soutenir les pays dans leur recherche d’une croissance à faible émission de carbone et résiliente au changement climatique, ainsi que dans leur lutte contre la pauvreté. Dans le cadre de la 17e Reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA), le Groupe de la Banque mondiale s’est engagé à appuyer un certain nombre de pays membres de l’IDA dans leurs efforts de préparation de plans d’investissements multisectoriels et de meilleure gestion des risques de catastrophe et des autres effets du changement climatique. WACA est l’expression de cette réponse pour le littoral de l’Afrique de l’Ouest. 4 Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) Le défi du développement Le développement non durable des infrastructures, la mauvaise gestion des ressources et habitats naturels, et la pollution menacent la productivité des écosystèmes côtiers en Afrique de l’Ouest. Les épisodes liés au changement climatique, tels que la hausse du niveau de la mer, les mouvements de terrain, les marées de tempête et les inondations côtières, exacerbent la vulnérabilité de la région. Comment les pays du littoral peuvent-ils gérer leurs paysages côtiers afin d’encourager la croissance économique et de réduire la pauvreté, tout en s’adaptant au changement climatique ? Interventions, actions et thèmes Les pays sont confrontés à des décisions difficiles dans l’élaboration de solutions aux défis du développement de leur littoral. Faire les bons choix nécessite des outils d’aide à la décision adaptés et des cadres juridiques et institutionnels adéquats. Le tableau 1 présente certaines solutions possibles et leur justification. TABLEAU 1 Interventions possibles de réduction des risques menaçant le littoral ouest-africain Urbanisation rapide Épuisement des stocks halieutiques Pollution marine Érosion côtière et inondations Problème Solutions possibles Justification Étendre et préserver les zones hébergeant des infrastructures vertes ou naturelles (mangroves, dunes de sable, végétation, agrégats côtiers, forêts littorales, lagons et marais côtiers, plantes aquatiques) Les infrastructures naturelles fournissent des services écologiques qui doivent être préservés, notamment, la filtration des eaux, les habitats servant de refuge à la reproduction des poissons ou des oiseaux. Les infrastructures côtières offrent un protection complémentaire et permettent d’ancrer les systèmes naturels.. Fournir des solutions de remplacement durables aux activités contribuant à la dégradation continue du littoral (telles que l’extraction de sable) Identifier des solutions sous forme d’infrastructure adaptées et atténuer leur impact sur l’environnement Récolter des données sur les sources, le volume, et les effets de la pollution marine dans l’ensemble de la région, afin d’élaborer des mécanismes législatifs, réglementaires et de mise en application appropriés. Identifier des projets de nettoyage des déversements de pétrole, des rejets d’eaux usées non traitées, et des déchets solides La pollution marine est susceptible d’affecter les secteurs de la santé, de la pêche et du tourisme La capacité d’élaboration des règlementations et de mise en application de la législation doit être renforcée à tous les niveaux. Identifier et remettre en état les habitats naturels afin de préserver les écosystèmes productifs et d’accroître leur résilience Une approche holistique de la pêche, allant au-delà de la gouvernance et des chaînes de valeur traditionnelles du secteur, est nécessaire pour aborder les problèmes plus larges de la pollution terrestre et de la perte d’habitats. Planifier le développement durable et l’implantation du tourisme et de l’écotourisme sur le littoral Une planification urbaine participative et tournée vers l’avenir doit guider l’expansion urbaine tout en limitant l’étalement et en empêchant le développement urbain dans les zones côtières présentant un environnement fragile. Élaborer des politiques pour l’aménagement du territoire ainsi que des institutions pour renforcer les droits de propriété et lutter contre l’habitat informel Définir des mesures, telles que la protection du littoral, la réinstallation anticipée de la population et le logement, à travers un processus prévoyant des consultations avec les parties prenantes et le respect des garanties sociales Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) 5 Le WACA repose sur trois piliers : • Planification stratégique des investissements, notamment la formulation et la détermination des priorités de politiques et investissements sectoriels clés visant à favoriser l’adaptation au changement climatique et le renforcement de la résilience socioéconomique • Partage des connaissances et de l’information et renforcement des capacités, notamment des évaluations multirisques de la vulnérabilité dans certaines zones urbaines, des analyses coûts-avantages des options d’adaptation, et la création de systèmes nationaux d’information côtière plus performants • Engagement des pays et des régions et mobilisation des ressources, notamment l’analyse des rôles et responsabilités des parties prenantes, des études de l’économie politique, et l’identification des possibilités de financement. Le projet abordera également un certain nombre de thèmes transversaux essentiels pour le travail d’analyse : • Comptabilité du capital naturel : pour les services de protection des écosystèmes côtiers, en particulier les mangroves et les récifs coralliens, la comptabilisation des services côtiers pourrait s’appuyer sur le partenariat pour la comptabilisation de la richesse naturelle et la valorisation des services écosystémiques (WAVES – Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem Services). • Financement innovant : la valeur monétaire des services côtiers et de leurs avantages pourrait rester dans le pays et être réinvestie localement. • Gouvernance et planification participatives de la gestion des risques : les communautés locales devraient participer à la gestion des zones côtières et à la planification de la prévention des catastrophes. • Protection sociale des communautés côtières vulnérables : le programme devrait cibler les personnes les plus vulnérables, avec des moyens d’existence de remplacement, une protection sociale et des travaux publics à forte intensité de main d’œuvre. Parties prenantes Les principales parties prenantes du programme sont ses bénéficiaires finaux, à savoir la population vivant le long du littoral ouest-africain et dont les moyens d’existence et la prospérité en dépendent. Le programme collaborera avec les décideurs politiques nationaux, notamment les ministères responsables des finances, de la planification, de l’économie, de l’environnement, de l’agriculture, des transports, de l’énergie et autres, ainsi qu’avec la société civile. Les universités, instituts de recherche et organisations non gouvernementales nationaux et internationaux seront impliqués, le cas échéant, dans les études et projets. Les organisations régionales et sous-régionales, le secteur privé et les donateurs fourniront un appui financier et technique. 6 Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) Partenaires Le projet WACA repose sur les mécanismes de collaboration convenus entre les donateurs et les partenaires, notamment l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Fonds nordique de développement (NDF) et le Fonds fiduciaire multidonateurs de l’Africa Climate Investment Readiness Partnership (le partenariat en faveur de la volonté d’investissement dans le climat en Afrique). • L’UEMOA a financé et préparé l’étude régionale de suivi du rivage et le plan de gestion pour le littoral ouest-africain. Elle cofinance actuellement le projet de lutte contre l’érosion et d’adaptation au changement climatique dans les zones côtières d’Afrique de l’Ouest. • Le NDF finance le projet de lutte contre l’érosion et d’adaptation au changement climatique dans les zones côtières d’Afrique de l’Ouest, qui concerne le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. Ce projet vise à renforcer la gouvernance régionale et nationale dans les pays ciblés et à améliorer leur connaissance de l’érosion côtière, des inondations et autres dangers liés au changement climatique. Il constitue le premier jalon du programme d’assistance technique et d’investissement dans la zone côtière de l’Afrique de l’Ouest. • L’Africa Climate Investment Readiness Partnership finance un programme régional d’assistance technique au renforcement de la résilience au changement climatique des zones côtières ouest-africaines, qui travaille avec des pays de la région à l’élaboration de plans de développement et d’investissement intégrés et résilients au changement climatique dans les zones côtières, au renforcement des capacités au niveau national et régional, et à l’accroissement de la volonté d’investissement. Les pays participants sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, et le Togo. Le Groupe de la Banque mondiale dialogue également avec d’autres partenaires et bailleurs de fonds. Prochaine étape : un programme d’investissement national et régional WACA est le fondement stratégique de l’engagement à long terme du Groupe de la Banque mondiale dans les zones côtières de l’Afrique de l’Ouest. Il vise à travailler avec les pays à la création d’initiatives pluriannuelles et multinationales de gestion du littoral, destinées à être mises en œuvre en plusieurs étapes, en collaboration avec d’autres partenaires au développement. Il permettra l’extension d’activités clés de partage des connaissances et de renforcement des capacités et aidera à préparer la conception et la mise en œuvre d’investissements prioritaires dans les infrastructures. En appui au processus de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), la Banque mondiale a élaboré un plan d’action 2015-2018 pour le climat en Afrique, « Stepping up Support for Africa’s Climate-Resilient and Low-Carbon Development » (intensifier l’appui à un développement de l’Afrique résilient au changement climatique et à faible émission de carbone). WACA fait partie de ce plan, qui prévoit un milliard de dollars (US$) d’investissements et d’assistance technique pour renforcer la résilience des zones côtières. Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA) 7 Programme de gestion du littoral ouest Africain POUR PLUS D’INFORMATION Benoit Bosquet Responsable de pratique Pratique mondiale Environnement et Ressources naturelles [email protected] Dahlia Lotayef Spécialiste principale en environnement Pratique mondiale Environnement et Ressources naturelles [email protected] Peter Kristensen Spécialiste principal en environnement Pratique mondiale Environnement et Ressources naturelles [email protected] www.worldbank.org/programs/westafricacoastalareas 2015 8 Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA)