HAUTE-GARONNE
L’infi rmière cherche à créer un climat de confi ance avec le
patient; elle prend le temps de comprendre ce qui se passe,
questionne beaucoup, consigne par écrit les réponses. Elle
essaie de rechercher le consentement quant aux soins et une
alliance thérapeutique pour inscrire la nécessité de soins dans
la durée… Elle se fait une opinion de la situation psychique du
patient qu’elle essaie de rassurer. Elle explique au psychiatre
ou à l’interne, son point de vue ; le psychiatre rencontre à son
tour le patient, croise éventuellement les réponses qu’il en-
tend avec le compte rendu de l’infi rmière. L’équipe soignante
se réunit à nouveau pour « prendre une décision », après dis-
cussion : approche du diagnostic, orientation possible, hospi-
talisation ou non.
Là commencent les diffi cultés et c’est une véritable « course au
lit » si la décision est l’hospitalisation. Le manque de lit est fl a-
grant, y compris en faisant appel aux possibilités des cliniques
. Beaucoup de temps est consacré par le tandem infi rmière /
psychiatre ou interne pour chercher un point de chute : télé-
phone, Minitel, Internet, Pages jaunes, y compris pour retrouver
trace d’un médecin traitant…
Si ce moment de consultation est très positif, force est de
constater que deux types de questions se posent :
• est-ce bien le travail des soignants de participer à la « course
aux lits », au risque de voir la logique même de l’organisation
des urgences remise en cause, en ne consacrant pas la quasi
totalité de leur temps aux soins ?
• le patient va être orienté vers un lieu de soins, choisi ou plutôt
« non choisi », en fonction des opportunités de lits vacants et
non en fonction du service le plus approprié à son cas. N’est-ce
pas un facteur de perte d’effi cacité dans le suivi de ses soins ?
■ L’orientation vers :
L’Unité d’Hospitalisation de Courte durée (UHCD) et Accueil
Médico-Chirurgical (AMC)
• L’hospitalisation en UHCD ou AMC
Les patients sous l’emprise de toxiques, très agités ou délirants
sont orientés directement vers le premier étage à l’AMC . Pour
les intoxications graves, il sont acheminés vers le service de
« déchoquage ». L’AMC reçoit les personnes qui ont besoin,
outre les soins psychiatriques de soins au plan somatique.
Après « l’épreuve » du déshabillage, les patients sont achemi-
nés vers un des 16 lits du service ou laissés sur un chariot, dans
le… couloir ! Dans ce dernier cas on peut s’interroger sur les
conditions de respect de la confi dentialité ! Des examens mé-
dicaux sont faits systématiquement selon 5 critères (formule
numérique sanguine, bilan coagulation, glycémie, tests hépa-
tiques, ECG).
Dès que cela est rendu possible - patient sorti de l’emprise de
substances, par exemple -, une nouvelle évaluation au plan
psychiatrique est faite par l’équipe du service. Les données
essentielles qui vont suivre le patient (nom, âge, date arrivée,
diagnostic apparent, addiction éventuelle, soins, orientation)
sont consignées sur le tableau du bureau médical. Les options
possibles de départ y sont notées par souci de transferts rapi-
des. Est noté également le cadre légal de l’hospitalisation HDT
(l’infi rmière devra constituer le dossier) ou HL. Est codé aussi le
« niveau éthylique » du patient.
L’UHCD propose 4 lits pour des patients psychiatriques en si-
tuation de crise (par exemple des tentatives de suicide) pour
lesquels une hospitalisation de 24 ou 48 h peut permettre la
mise en place de soins en partenariat avec l’entourage.
• L’hospitalisation en AUP (Accueil des Urgences Psychiatri-
ques)
L’unité AUP située à l’extérieur des urgences dans un bâtiment
très proche est un nouveau service ouvert à Purpan en juillet
2008, comprenant 8 lits dont 2 en chambres d’isolement. Il s’est
substitué au SIAP, mis en place en 2001, lors du transfert des
urgences psychiatriques de l’hôpital Marchant au CHU Purpan.
Il accueille des patients ayant des antécédents psychiatriques
nécessitant une hospitalisation urgente sans qu’ils soient sous
l’emprise de substances toxiques. Ne sont pas pris en AUP, les
patients faisant un premier épisode délirant. Sont mis en AUP,
les personnes hospitalisées sans leur consentement (HDT et
HO). Les patients sont constamment surveillés par un système
vidéo qui permet d’ajuster la surveillance notamment pour ceux
qui sont dans une chambre d’isolement. Le poste de soin est
fermé à clef ; c’est le lieu des soignants d’où les écrans sont vus
constamment.
Tous les patients de l’AUP reçoivent la visite quotidienne du psy-
chiatre qui prescrit le traitement et évalue son effet. La plupart
des infi rmiers sont nouveaux dans les services et assez jeunes
dans la profession ; ils apprennent « in situ ». L’AUP est un ser-
vice fermé ; la salle d’attente pour les visiteurs est située à l’ex-
térieur.
■ La sortie des urgences :
La Durée moyenne du séjour en urgence est inférieure à 60
heures ; certains patients regagnent directement leur domicile,
mais d’autres ont besoin d’un suivi médical plus lourd. Pour
eux, la sortie se fait souvent vers le secteur public, Hôpital G.
Marchant et CHU Casselardit, mais aussi vers quelques clini-
ques. Des conventions entre l’hôpital Marchant et ces cliniques,
notamment Beaupuy et éventuellement Marigny permettent de
trouver des conditions de soins appropriées.
De grosses diffi cultés existent car les patients sont rarement
conduits vers leur lieux de soins habituels, où ils sont connus.
De fait, ils sont accueillis « là où il y a une place ». Ceci n’est pas
satisfaisant car le circuit de soins du patient est rompu et une
perte d’effi cacité dans son traitement est à craindre. De nom-
breux retours aux urgences se produisent et un certain nombre
de patients reviennent régulièrement. On peut dès lors s’inter-
roger sur le suivi médical et médico-social qui est proposé à ces
patients dans la cité.
Ceci étant, depuis notre visite aux urgences, des améliorations
sensibles sont à noter. L’hôpital Marchant a mené une réfl exion
qui a conduit à nommer un coordinateur, interlocuteur privilégié
du CHU, pour tenter de placer le patient à recevoir dans l’unité
la mieux appropriée pour lui. Par ailleurs, si autrefois, seul le
pavillon Dide de Marchant accueillait des patients en post-ur-
gence, ce sont aujourd’hui tous les pavillons qui sont suscepti-
bles de les accueillir.
Autre innovation récente : depuis juin dernier, à l’initiative du