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Pharmactuel Vol. 44 N° 4 Octobre - Novembre - Décembre 2011
• que l’ajout du diazépam est probablement la cause
de ses chutes et des fractures;
• qu’elle a subi une cascade médicamenteuse;
• qu’elle a reçu des ordonnances potentiellement
inappropriées;
• et je pourrais continuer.
Alors, quelqu’un peut-il m’expliquer le pourquoi de la
prescription du diazépam à Mme Fragile? Cette prescrip-
tion a entraîné une CASCADE MÉDICAMENTEUSE
QUI A ENTRAÎNÉ DES EFFETS INDÉSIRABLES
ET UNE HOSPITALISATION.
Alors pourquoi?
Pourquoi, tous les jours, nos patients âgés sont admis
dans nos urgences avec des effets indésirables liés aux
médicaments? Depuis 25 ans, on parle « médicaments »
pour les personnes âgées. Pourquoi y a-t-il encore des
personnes âgées admises pour des conséquences graves
en relation avec leurs médicaments? Est-ce plus facile de
ne rien faire plutôt que d’aller « négocier » pour le bien-
être de nos patients? Est-ce que la solution consiste à
revoir nos méthodes pédagogiques pour former nos pro-
fessionnels de la santé? Pourquoi tous ces outils, si on a
encore des patients comme Mme F. qui sont hospitalisés
et qui décèdent des suites des effets indésirables liés aux
médicaments?
Lorsque je visite Mme F. à l’urgence pour effectuer son
histoire médicamenteuse, que je constate des chutes, les
fractures de 5 côtes outre le fait qu’elle ne pèse que 35 kg
et que je vois dans la liste des médicaments… du diazé-
pam, vous devriez me voir « monter sur mes grands che-
vaux ». Mme F. a été hospitalisée. Elle a développé une
pneumonie d’aspiration puis un Clostridium difficile et
elle est décédée à l’hôpital.
Références
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clinique : point de vue de pharmaciens évoluant dans un établissement
gériatrique. J Pharm Clin 2011;30:175-87.
Point de vue d’un pharmacien français
Les outils ont montré leur capacité à identifier les mé-
dicaments inappropriés et les médicaments dont le rap-
port avantages/risques a pu s’inverser avec le temps. Il
restera cependant à décrire les conséquences éven-
tuelles à long terme de l’arrêt des médicaments possé-
dant des propriétés préventives. Certains évoqueront
également que l’utilisation de ces outils est chronophage.
Quoi qu’il en soit, ces outils sont assurément pédago-
giques. Les formations initiales et continues des profes-
sionnels de la santé devraient intégrer leur présentation
et leur utilisation. Même s’ils ne sont pas utilisés au quoti-
dien, il faut en avoir la maîtrise afin que nous nous posions
les questions qu’ils soulèvent. En effet, nos patients âgés
sont particulièrement vulnérables, parfois ils évoluent
dans un équilibre précaire. Dès que cet équilibre est rom-
pu, les conséquences leur sont, hélas, souvent fatales.
C’est dans ce contexte que les formations et les congrès
consacrés à la pharmacie clinique se développent. Une
science nouvelle s’ouvre à nous; nous prenons conscience
que, malgré nos connaissances du médicament, il nous
faut continuer à approfondir et à utiliser celles relatives
aux méthodes, aux outils spécifiques à la pharmacie cli-
nique, à la pharmacothérapie, à la pharmacocinétique, à
la pharmacodynamie, à notre capacité d’adapter les don-
nées de la médecine factuelle à un patient particulier, le
tout en alliant des compétences en matière de sciences
humaines et sociales, dont une part revient à notre capa-
cité d’écoute et de compréhension du patient7.
Les professionnels de la santé doivent également se
poser une série de questions complémentaires lorsqu’il
s’agit de traiter un patient âgé8,9. Portés par l’empathie
que nous témoignons à nos patients, nous devrions en-
core gagner en opérationnalité et en efficience, simple-
ment pour le bien-être de nos patients.
Point de vue d’une pharmacienne québécoise
Mme Fragile, âgée de 92 ans, est hospitalisée pour des
chutes et pour 5 fractures des côtes. Elle prenait à la mai-
son les médicaments suivants : le donépézil dosé à 10 mg
une fois par jour, de la venlafaxine XL dosée à 37,5 mg une
fois par jour et du diazépam dosé à 2 mg trois fois par jour
à la suite de tremblements causés par l’ajout de la venla-
faxine. Mme Fragile pèse 35 kg et a une clairance à la créa-
tinine de 23 mL par minute. Une évaluation très sommaire
des médicaments de Mme Fragile nous indique :
• que la dose de donépézil est trop élevée pour
son poids;
• que la venlafaxine et le donépézil sont deux
substrats du CYP3A4;
• que les tremblements sont probablement des effets
indésirables de l’association de la venlafaxine et
du donépézil;