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précipitations et les températures il y a des milliers d'années.
Mais mesurer directement est toujours mieux. C'est pourquoi s'il y a un graphique
relatif au changement climatique qu'il faut connaître, c'est celui-là: la courbe de Keeling.
En 1958, un scientifique américain du nom de Charles David Keeling décide de mesurer la
concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Et il le fait depuis l'observatoire de
Mauna Loa à Hawaï, loin des grandes industries et autres sources majeures de pollution. La
ligne rouge désigne la fluctuation annuelle entre hiver et été, la ligne noire est la courbe
ascendante vers la catastrophe. Nous y reviendrons dans une minute.
Car avant de parler du changement radical qui s'est opéré dans le cocktail de gaz qui
enveloppe le globe terrestre, il est crucial de rappeler combien l'atmosphère a été stable tout
au long de l'histoire de l'humanité. Depuis que la terre a émergé du dernier âge glaciaire il y a
quelque 12.000 ans, et depuis que l'homme est sorti de l'âge de pierre peu de temps après, la
planète a en gros connu une température moyenne très confortable de 15 degrés Celsius.
Mais si on se place sur le temps géologique, et si on regarde les quelques centaines de millions
d'années qui nous précèdent, et les variations de température, de l'insupportablement chaud
à l'atrocement froid, on retrouve les variations de concentration de CO2.
Sur les 11.000 dernières années, la période qu'on appelle l'holocène, la concentration de CO2
dans l'atmosphère est restée stable, à 285 parties par millions.
Mais comme on peut le voir sur la courbe de Keeling, ces jours sont derrière nous.
Il y a de nombreux facteurs qui influencent le climat: l'orbite de la terre, la distance par
rapport au soleil, les courants océaniques et les vents, la capacité des plantes et des océans à
absorber le CO2. Ce qui décide si notre planète est une serre, un frigo, ou un jardin d'Eden,
c'est l'énergie solaire. Tout au cours de l'holocène, les radiations solaires entrant et sortant de
l'atmosphère sont restées équilibrées. Ce que la courbe de Keeling nous dit, c'est que
l'extraordinaire développement industriel de l'homme, en particulier depuis la 2
e
guerre
mondiale, s'est accompagné de rejets massifs de CO2 dans l'atmosphère. Et ce que la science
climatique nous dit, c'est que cette pollution a rompu ce fragile équilibre, et a engendré ce
qu'on appelle le réchauffement climatique.
D'une certaine façon, l'effet de serre est injustement désigné à la vindicte, car sans lui,
l'atmosphère de la terre ressemblerait assez à celle de la lune. Parce que notre planète est
entourée d'une couche invisible de nitrogène, d'oxygène, et dans une moindre proportion de
C02 et d'autres gaz, une partie de l'énergie solaire qui rebondit sur la surface de la terre reste
prisonnière ou est absorbée. Sans cet effet de serre, la température à la surface de la planète
serait, en moyenne, de -18 degrés Celsius.
Sauf que lorsque la concentration de CO2 dans l'air passe de 285 à 400 parties par millions, ce
qui est le cas aujourd'hui, notre atmosphère emprisonne encore plus de chaleur, et devient
comme une couverture, de trop.
Et c'est là que ça empire. Comme la température grimpe, en particulier aux pôles, la quantité
de surface recouverte de neige et de glace diminue. Dommage, car ce sont précisément ces
surfaces, parce qu'elle agissent comme des miroirs, qui aident à refléter les radiations solaires.