le changement climatique : les faits

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LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : LES FAITS
INTRO:
A l'heure où nous parlons, les menaces qui pèsent sur nous à cause du changement climatique
sont largement connues. Et il est répété que l'humanité a très peu de temps devant elle pour
changer le cours des choses.
Mais on peut se demander comment nous en sommes si surs? Qu'est-ce qu'exactement le
changement climatique, et pourquoi devons-nous être si inquiets? Si on ne connaît pas un peu
l'ABC de la science climatique, il est difficile de comprendre tout ça, et c'est ce à quoi nous
allons nous intéresser aujourd'hui.
TEXTE:
Le premier point, peut-être, est de comprendre la différence entre le climat et la
météo. On peut donner une première définition du climat, comme la moyenne des
phénomènes météo. Et ça peut apparaitre, d'une certaine façon, un peu contre-intuitif. En
effet, la météo est difficile à prédire de façon exacte. Combien de fois les prévisions du matin
s'avèrent fausses en cours de journée? Et donc, si les spécialistes de la météo ne peuvent pas
prévoir ce qui va se passer demain, et encore moins la semaine prochaine et le mois prochain,
comment les climatologues peuvent-ils prétendre savoir ce qui va se passer dans 50 ou 100
ans? La réponse, ce sont les statistiques. Pour revenir à notre définition du climat, en voici une
meilleure encore: le climat, ce sont les moyennes et extrêmes des différents phénomènes
météorologiques. Chaud et froid, humide et sec, chutes de neige et fonte des neiges, vents et
tempêtes. Le climat, c'est comment toutes ces dimensions évoluent avec le temps. Et pour être
significatifs, ces changements doivent être mesurés au minimum sur des décennies. Des siècles
et des millénaires, c'est encore mieux. Plus le cadre temporel est long, plus les conclusions
sont solides.
Mais encore faut-il disposer des bonnes données. Rassembler l'information brute a
toujours été un défi majeur pour la science climatique. Des chiffres fiables sur des aspects
aussi basiques que le niveau de la mer ou la température de l'air ne remontent qu'à un ou
deux siècles, au mieux. Et encore ils ne portent que sur des localisations géographiques
précises et sont sujets à erreurs. Ceci est l'une des raisons pour laquelle les scientifiques ont
choisi de mesurer le changement climatique de façon indirecte: Extraire des carottes de glace
dans l'Arctique par exemple permet d'obtenir des informations incroyablement précises sur les
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précipitations et les températures il y a des milliers d'années.
Mais mesurer directement est toujours mieux. C'est pourquoi s'il y a un graphique
relatif au changement climatique qu'il faut connaître, c'est celui-là: la courbe de Keeling.
En 1958, un scientifique américain du nom de Charles David Keeling décide de mesurer la
concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Et il le fait depuis l'observatoire de
Mauna Loa à Hawaï, loin des grandes industries et autres sources majeures de pollution. La
ligne rouge désigne la fluctuation annuelle entre hiver et été, la ligne noire est la courbe
ascendante vers la catastrophe. Nous y reviendrons dans une minute.
Car avant de parler du changement radical qui s'est opéré dans le cocktail de gaz qui
enveloppe le globe terrestre, il est crucial de rappeler combien l'atmosphère a été stable tout
au long de l'histoire de l'humanité. Depuis que la terre a émergé du dernier âge glaciaire il y a
quelque 12.000 ans, et depuis que l'homme est sorti de l'âge de pierre peu de temps après, la
planète a en gros connu une température moyenne très confortable de 15 degrés Celsius.
Mais si on se place sur le temps géologique, et si on regarde les quelques centaines de millions
d'années qui nous précèdent, et les variations de température, de l'insupportablement chaud
à l'atrocement froid, on retrouve les variations de concentration de CO2.
Sur les 11.000 dernières années, la période qu'on appelle l'holocène, la concentration de CO2
dans l'atmosphère est restée stable, à 285 parties par millions.
Mais comme on peut le voir sur la courbe de Keeling, ces jours sont derrière nous.
Il y a de nombreux facteurs qui influencent le climat: l'orbite de la terre, la distance par
rapport au soleil, les courants océaniques et les vents, la capacité des plantes et des océans à
absorber le CO2. Ce qui décide si notre planète est une serre, un frigo, ou un jardin d'Eden,
c'est l'énergie solaire. Tout au cours de l'holocène, les radiations solaires entrant et sortant de
l'atmosphère sont restées équilibrées. Ce que la courbe de Keeling nous dit, c'est que
l'extraordinaire développement industriel de l'homme, en particulier depuis la 2e guerre
mondiale, s'est accompagné de rejets massifs de CO2 dans l'atmosphère. Et ce que la science
climatique nous dit, c'est que cette pollution a rompu ce fragile équilibre, et a engendré ce
qu'on appelle le réchauffement climatique.
D'une certaine façon, l'effet de serre est injustement désigné à la vindicte, car sans lui,
l'atmosphère de la terre ressemblerait assez à celle de la lune. Parce que notre planète est
entourée d'une couche invisible de nitrogène, d'oxygène, et dans une moindre proportion de
C02 et d'autres gaz, une partie de l'énergie solaire qui rebondit sur la surface de la terre reste
prisonnière ou est absorbée. Sans cet effet de serre, la température à la surface de la planète
serait, en moyenne, de -18 degrés Celsius.
Sauf que lorsque la concentration de CO2 dans l'air passe de 285 à 400 parties par millions, ce
qui est le cas aujourd'hui, notre atmosphère emprisonne encore plus de chaleur, et devient
comme une couverture, de trop.
Et c'est là que ça empire. Comme la température grimpe, en particulier aux pôles, la quantité
de surface recouverte de neige et de glace diminue. Dommage, car ce sont précisément ces
surfaces, parce qu'elle agissent comme des miroirs, qui aident à refléter les radiations solaires.
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A la place, on se retrouve avec de vastes étendues de mer bleue qui, au contraire, absorbe la
chaleur. D'où ce cercle vicieux: plus de chaleur donc moins de glace, moins de glace donc plus
de chaleur. C'est ce qu'on appelle une rétroaction positive.
A plusieurs reprises dans l'histoire de la planète, 4,6 milliards d'années, le CO2 rejeté
dans l'atmosphère a fait grimper le mercure, entraînant la hausse du niveau des mers de
dizaines de mètres et effaçant toute forme de vie dans les eaux comme sur les terres. Cela
s'appelle le changement climatique, et c'est ce qui se passe aujourd'hui, avec deux différences
notables. Un, c'est la première fois que de tels changements sont imputables à une espèce.
Deux, dans le passé, ils ont eu lieu sur des centaines de milliers d'années, quand ce n'est pas
plus. Cette fois, l'homme a réussi à le faire en quelques centaines d'années.
CONSEILS :
1- La science climatique est complexe et il n'y a pas de honte à demander à un scientifique de
préciser sa pensée. Ils sont en général ravis de voir qu'on s'intéresse à leurs travaux et ils
seront vraiment disposés à vous aider à les comprendre.
2- Quand on réalise un article scientifique, il faut tout de suite dire quelle est la portée de l'info
qu'on donne. Et après, les détails.
3 - La plupart des journalistes qui couvrent le climat ne sont pas des scientifiques. Nous
dépendons des grandes revues scientifiques, à comité de lecture, comme Science et Nature.
C'est là qu'il faut puiser ses infos. Si elles publient quelque chose, ceci signifie, à minima, que
c'est nouveau et crédible. A vous de voir si ça vaut une colonne dans votre journal.
POINTS À RETENIR:
- L'effet de serre n'est pas un mal en soi. Sans lui, la terre serait inhabitable.
- Le climat, c'est le temps moyen ou plus précisément, les moyennes et les extrêmes des
différents phénomènes météorologiques.
Le principal facteur de changement c'est la concentration de dioxyde de carbone dans
l'atmosphère. Sur la plus grande partie des 10.000 dernières années, la concentration de CO2
est restée stable à 285 parties par millions. En moins de 100 ans, elle a grimpé à 400 PPM.
- « Rétroaction positive » est un processus qui amplifie le changement climatique. Par
exemple, moins de couverture glaciaire signifie plus de chaleur absorbée, et plus de chaleur,
signifie moins de couverture glaciaire
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INTERVIEW:
Jim Williams, expert énergie – E3 consultants
A l'origine du changement climatique, il y a les combustibles fossiles qui émettent du CO2, et
d'autres gaz à effet de serre comme le méthane et le protoxyde d'azote. On modifie également
l'équilibre entre le rayonnement solaire qui arrive sur la terre et les infrarouges thermiques émis
par le sol, en émettant des aérosols. Ce sont des particules de suie ou de sulfate qu'émet par
exemple une centrale à charbon. On modifie le climat aussi en changeant les surfaces
réfléchissantes à la surface du globe. Les scientifiques appellent cela l'albedo, qui est la fraction
d'énergie solaire réfléchie vers l'espace. La neige et la glace ont un grand pouvoir réfléchissant
mais si elles fondent, il ne reste à la place que de la terre sombre, ou une mer bleue. Et soudain,
le rayonnement solaire qui auparavant était réfléchi se retrouve absorbé. Tout ceci change le
bilan radiatif de la terre. Le changement climatique, le réchauffement -- tout ceci renvoie au
bilan radiatif de la terre. Et nous le bouleversons avec ce type d'activités.
2/ Q: Quand on regarde le changement climatique et ses impacts supposés, comment peut-on
être sûr qu'il s'agit du résultat des activités humaines et non d'un processus naturel?
A: Il y a deux façons de répondre à cela. Premièrement, l'observation directe des effets. Prenons
comme exemple l'une des théories centrales des climato-sceptiques. Ils disent : "nous assistons
en fait à une modification de l'activité solaire. Le soleil diffuse plus d'énergie". Ceux qui disent ça
reconnaissent qu'il y a eu un changement récent dans la température moyenne à la surface du
globe, mais assurent qu'il n'est pas imputable à l'homme. Mais alors pourquoi le groupe
d'experts du Giec, dont les avis reflètent un consensus parmi la vaste majorité des scientifiques
du climat, assure lui que l'homme en est à l'origine?
Le fait est que si c'était lié à la radiation solaire directe, alors le réchauffement devrait être plus
élevé là où le rayonnement est le plus fort. Et c'est au niveau des tropiques que le réchauffement
devrait être le plus élevé. Or, le réchauffement le plus important a lieu au niveau des pôles et
quiconque s'est rendu dans ces régions ces dernières années le sait, comme il sait que le
permafrost fond et que la banquise fond en Arctique. C'est vraiment très net. Et c'est cohérent
avec le principe du réchauffement climatique, qui suppose que l'atmosphère piège encore plus
d'infrarouges thermiques. Tous les modèles de bases établissent que cela se produit davantage
aux pôles qu'au niveau de l'Equateur. Et c'est exactement ce à quoi nous assistons.
L'autre moyen de le savoir, c'est grâce aux modèles, qui sont des représentations
mathématiques du système terrestre. Nous avons besoin de modèles parce que nous savons
qu'il y a un réchauffement climatique d'origine anthropique en cours, mais nous voulons aussi
connaître l'avenir. Et nous devons savoir quelle quantité de gaz à effet de serre nous devons nous
abstenir d'émettre si nous voulons éviter des conséquences dangereuses. Donc, nous avons
besoin d'outils, d'un modèle qui nous permette de dire : "si je fais X, le résultat sera Y".
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Mais comment savons-nous que nous pouvons faire confiance à ces modèles? En vérifiant avec
des données de terrain la validité des prédictions. Nous avons découvert que si nous disposons
d'un modèle qui ne prend en compte que les phénomènes naturels du système climatique, et il y
en a beaucoup: les relations astronomiques de la terre, l'inclinaison de l'axe de la terre et
l'excentricité orbitale, la distance moyenne du soleil, les courants atmosphériques, la circulation
des océans, les éruptions volcaniques... tous ces phénomènes naturels ont un effet sur le climat.
Mais si on ne prend uniquement en compte que l'impact de ces phénomènes naturels sur
l'équilibre énergétique de la terre, ce qu'on appelle le forçage radiatif, on ne peut pas expliquer
la hausse des températures à laquelle on assiste globalement et aussi à un niveau régional, à des
dizaines d'endroits du globe. En aucun cas, le forçage naturel ne fait apparaître dans les
différents types de modèles cette hausse des températures. Mais si on intègre aussi le forçage
anthropique, dû aux activités humaines, alors les modèles prédisent ces changements. Les deux
vont ensemble. Les facteurs anthropiques seuls ne suffisent pas à tout expliquer, mais les
facteurs naturels sont sans aucun doute insuffisants. Mais quand on associe ces deux
dimensions, on peut expliquer la hausse de la température sur le siècle dernier. Cela nous
permet d'être confiants sur le fait que nous comprenons le phénomène, mais aussi sur le fait que
notre modèle de prévision est un bon guide pour savoir comment le système terrestre va réagir à
ce que nous lui faisons subir.
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