Les néologismes d`origine slave en français au XXe siècle

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Les néologismes d'origine slave en français au XXe siècle
Extrait du Université Paris-Sorbonne
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Les néologismes d'origine
slave en français au XXe siècle
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Date de mise en ligne : mardi 21 novembre 2006
Date de parution : 2 décembre 2006
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Les néologismes d'origine slave en français au XXe siècle
Samedi 2 décembre 2006
9 heures
Maison de la Recherche, Salle D116
28, rue Serpente 75006 Paris
M. Nenad ZIVOJINOVIC soutient sa thèse de Doctorat :
Les néologismes d'origine slave en français au XXe siècle
En présence du jury :
M. POPOVIC (Université)
M. SOUTET (PARIS 4)
Mme STANOVOYA (Université)
M. THOMAS (PARIS 4)
Résumés :
Les néologismes d'origine slave entrés officiellement dans le vocabulaire français durant le XXème siècle suite aux
divers échanges entre la France et les pays slaves, appartiennent, du point de vue de leur formation, à quatre
catégories lexicales : emprunts, mots dérivés, calques et sigles. Tous ces termes sont classés en plusieurs groupes,
tout d'abord selon la langue dont ils tirent leur origine (russe, tchèque, polonais, bulgare, serbocroate et slavon) et
ensuite, dans le cadre de chaque langue, sémantiquement, selon les domaines dans lesquels ils sont employés. Les
recherches, ayant comme support la langue littéraire et celle de la presse française et francophone, témoignent de
la prépondérance des russismes. Chaque néologisme est analysé phonétiquement, morphologiquement,
sémantiquement et pragmatiquement ; un relevé des variations de sens, d'emploi et d'orthographe entre les deux
sources documentaires est dressé, permettant ainsi de saisir des usages que les dictionnaires ne reflètent pas
toujours. L'analyse du corpus de la presse permet également de noter l'apparition d'un nombre important de
néologismes non intégrés provenant des langues slaves, principalement dans le domaine politique et social, et qui,
malgré un usage confirmé, ne sont pas encore répertoriés dans les dictionnaires de référence.
Neologisms of Slavic origin which officially came into use in French vocabulary throughout the 20th century as a
result of various exchanges between France and the Slavic countries, as far as their formation is concerned, belong
to four lexical categories : borrowed words, derivatives, calques and acronyms. All of these terms are classified into
several groups, first of all according to their language of origin (Russian, Czech, Polish, Bulgarian, Serbo-Croatian,
and Slavonic) and then, within the framework of each language, semantically, according to the fields in which they
are used. Research, based on literary language and that of the French and French-speaking press, testifies to the
predominance of Russianisms. Each neologism is analyzed phonetically, morphologically, semantically and
pragmatically ; a list of the variations of meaning, usage and spelling between the two documentary sources is
established, thus allowing for an understanding of usages and interpretations that dictionaries do not always reflect.
The analysis of the body of the press also enables the recognition of the appearance of a considerable number of
unassimilated neologisms stemming from the Slavic languages, mainly in the political and social domain, which are
not yet listed in reference dictionaries.
Position de thèse :
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Les néologismes d'origine slave en français au XXe siècle
Les néologismes d'origine slave entrés en français durant le XXème siècle résultent des échanges dans les
domaines les plus variés entre la France et les pays slaves. L'étude de ces néologismes se veut linguistique (à la
fois étymologique et lexicologique) tout en incorporant des éléments socio-historiques à même d'expliquer l'origine
et le parcours de chacun de ces néologismes dans la langue française. Afin d'analyser d'un point de vue
linguistique les termes d'origine slave répertoriés dans les dictionnaires français, l'objet du travail a été de
rassembler le corpus exhaustif des néologismes répertoriés puis, par une méthodologie comparative, de mettre en
regard les définitions des ouvrages de référence et les usages (littéraires et journalistiques) que nous avons relevés
durant nos recherches. Cette confrontation nous permet de dresser un portrait précis des évolutions du lexique
d'origine slave en français au XXème siècle, nuançant ainsi, par endroits, l'image figée qui se dégage des
dictionnaires.
Selon leur formation, tous ce termes sont répartis en quatre catégories lexicales : les emprunts (chronologiquement
les premiers néologismes de cette origine), les mots dérivés, les calques et ensuite les sigles. Six langues slaves
ont servi au siècle dernier de base d'enrichissement du français par une ou plusieurs de ces voies : le russe (langue
slave de l'Est), le tchèque et le polonais (langues slaves de l'Ouest), le bulgare et le serbo-croate (langues slaves
du Sud) ainsi que le vieux slavon (langue réservée à l'office religieux). Afin de procéder à l'analyse méthodique de
chaque terme de notre corpus, les néologismes traités sont donc classés d'abord selon leur langue d'origine. Dans
le cadre de chaque langue, les néologismes figurent dans différents groupes sémantiques, suivant le domaine dans
lequel les mots en question sont employés. Chaque entrée est ensuite analysée à partir de plusieurs critères
linguistiques. La forme actuelle du terme en français (trouvée dans un des dictionnaires de référence), donnée avec
sa transcription phonétique et l'année de l'attestation, est suivie d'une explication étymologique et historique du mot.
Le terme d'origine (s'il s'agit d'un emprunt) est cité dans l'alphabet original (en cyrillique si c'est un mot russe,
bulgare ou serbo-croate) et suivi des acceptions qu'on lie à ce mot dans la langue prêteuse. Si le néologisme en
question est un mot qui possède plus d'une fonction syntaxique, ces fonctions sont énumérées et expliquées. Nous
comparons ensuite les sens que l'emprunt a gardés dans la langue emprunteuse (français) et qu'il a éventuellement
acquis lors du passage du mot d'une langue à l'autre. En effet, la comparaison nous a permis de mettre en évidence
des processus à l'oeuvre dans tout emprunt, ainsi que les lexicologues l'ont déjà démontré de façon générale : la
langue d'adoption conserve parfois seulement une des acceptions d'un terme, ou encore développe en son sein des
sens supplémentaires ou modifiés. Cette analyse sémantique précède l'autre, d'ordre morphologique. Toutes les
modifications phonétiques et graphiques que le terme a subies après être emprunté sont soigneusement étudiées et
une explication de leur avènement, basée sur les critères linguistiques, est donnée à la fin. S'il s'agit de mots
dérivés en français ou de calques, il n'y a pas de comparaison morphologique, bien qu'une analyse sémantique
entre le mot d'origine et le terme en français soit effectuée. Le même procédé analytique est appliqué au sujet de
tous les néologismes, quelle que soit leur nature lexicale. Après cette analyse plutôt « théorique » du terme, une
autre, plus pragmatique, explique son emploi et son fonctionnement dans la langue française contemporaine. Cette
partie de l'étude du néologisme est fondée sur deux sources du français : la langue littéraire (basée sur Frantext
ainsi que sur les ouvrages scientifiques spécialisés) puis celle de la presse (basée sur la presse française et
francophone suisse, belge et canadienne). On étudie l'emploi pratique du néologisme étudié pour voir quelles sont
sa place et son importance actuelles dans le français contemporain et dans quelle mesure il est intégré dans le
vocabulaire. La comparaison entre les emplois du néologisme dans ces deux domaines de la langue s'impose. Les
exemples cités témoignent souvent de différences évidentes d'usage. Tandis que la langue littéraire illustre un
emploi qui reprend le plus souvent exclusivement les graphies et les acceptions que nous trouvons dans les
dictionnaires, la langue de presse jouit d'une liberté d'expression plus considérable. Les emprunts et les dérivés y
ont souvent plus d'une version graphique et plus de sens et d'emplois que n'en citent les dictionnaires consultés. A
côté de la forme répertoriée dans les dictionnaires (et qui est souvent celle employée dans la langue littéraire), un
terme possède souvent dans l'usage journalistique d'autres graphies, dues à des divergences de transcription et
d'adaptation. On constate donc qu'il n'y a pas de règle fixe qui permette de définir de façon systématique la graphie
répertoriée dans les dictionnaires, ainsi qu'ont pu le déplorer les partisans de la nouvelle orthographe. La presse
francophone européenne et américaine témoigne également, quelques fois, d'usages typiques pour le milieu du
pays, des usages acquis avec le passage du mot dans cette variété du français (ces cas restant néanmoins peu
fréquents). L'entrée se termine toujours par un court commentaire résumant le statut du néologisme dans le français
contemporain.
Chaque terme ainsi analysé n'est pas traité isolément. Il fait partie d'un ensemble plus vaste, où la langue et le
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domaine sémantique ont leurs particularités. La langue qui a le plus enrichi le français est assurément le russe.
Environ 80% des néologismes d'origine slave tirent leur origine de la plus grande langue slave. Dans le cadre de
cette langue, les néologismes sont donc classés d'après le domaine dans lequel ils sont utilisés. Le premier groupe
analysé et l'un des plus nombreux est celui des termes relevant de la terminologie révolutionnaire, communiste et
idéologique russe. Dans cette partie, les mots en question concernent la période d'après 1917 et la plupart d'entre
eux, même s'ils continuent d'être présents dans l'usage, sont aujourd'hui considérés comme historiquement datés et
n'évoluent plus. Le groupe de termes socio-politico-économiques prend également une place quantitativement
importante dans le corpus des néologismes russes ou d'origine russe. Néanmoins, à la différence de l'ensemble
précédent, celui-ci contient un nombre plus grand de mots qui, malgré leur origine soviétique, restent toujours
actuels dans l'usage français. Parmi ces derniers, les uns continuent à être utilisés dans leurs acceptions primaires
tandis que certains en ont même développé de nouvelles, s'adaptant ainsi à une réalité sociale différente de celle
qui a conditionné leur apparition. La contribution russe dans le domaine de la science et de la technique au siècle
dernier est illustrée à travers le groupe de néologismes qui relèvent de cette catégorie. A cause du caractère
universel et intemporel de la science, cette classe de néologismes est une des plus vivantes et des plus actuelles.
Même si ces termes sont souvent réservés aux contextes très spécifiques et spécialisés, ce qui les rend plutôt mal
connus ou inconnus d'un plus large public, ils s'utilisent plus ou moins régulièrement aujourd'hui dans les milieux
scientifiques. Les ouvrages spécialisés ainsi que la presse en sont témoins. Certains ont développé des sens
secondaires et se sont adaptés aux nouveaux milieux, confirmant ainsi leur universalisme. Dans le cadre de ce
groupe, les néologismes sont classés d'après le domaine de la science ou de la technique dont ils relèvent. Mis à
part les sciences naturelles (biologie (quelques espèces de flore et de faune), chimie, géologie, podologie) et
humaines (quelques mots très rares), cette catégorie de néologismes est marquée par les termes provenant des
domaines dans lesquels les Soviétiques ont atteint de très bons résultats -celui de l'aéronautique et de l'armée.
L'industrie et la production forment un sous-ensemble particulier constitué de termes qui restent très connus et
souvent utilisés dans la langue. Les néologismes qui relèvent du domaine artistique remontent au premier quart du
siècle dernier, lorsque les Russes font beaucoup d'innovations qui se répercutent sur la scène artistique française et
occidentale. Ce sont particulièrement les beaux-arts et la littérature qui sont directement concernés par cette
catégorie de termes. Bien que la plupart d'entre eux appartiennent aujourd'hui au contexte de l'histoire de l'art,
certains ont réussi, grâce à leur caractère universel, à s'intégrer dans l'époque moderne.
La cuisine traditionnelle russe reste peu connue des francophones, les noms des plats attestés restant très
hermétiques. Il s'agit de néologismes entrés plus ou moins récemment dans le vocabulaire français. Les six termes
sont officiellement attestés et leur emploi s'avère très rare. Tous ces néologismes sont directement empruntés au
russe et leur forme phonétique a été respectée lors de leur passage en français : la transcription a été bien effectuée
et les termes gardent dans leur langue d'adoption la forme authentique.
Les xénismes sont la dernière catégorie des néologismes d'origine russe. De même que les termes culinaires, les
xénismes sont tous directement empruntés à la langue d'origine. Ces termes font indissociablement partie de la vie
quotidienne russe et leur emploi peut être réalisé uniquement dans ce contexte particulier. Ils servent à la
description d'une image typique de la vie russe. On a répertorié trois termes de ce type attestés et intégrés au
XXème siècle. Leur forme graphique et l'authenticité de leur prononciation sauvegardées suggèrent leur origine. La
deuxième langue slave traitée dans le mémoire est le tchèque. Présente avec trois groupes sémantiques de
néologismes, cette langue prend quantitativement une place bien plus modeste par rapport au nombre de mots
d'origine russe ; les termes sont toutefois (pour la plupart d'entre eux) très bien intégrés dans l'usage, ainsi qu'en
témoignent le nombre d'occurrences et l'importance des domaines dont ceux-ci relèvent.
Le premier groupe de mots d'origine tchèque (constitué d'un paradigme comportant un emprunt et six mots dérivés
à partir de ce dernier, il relève du domaine scientifique et technique) et le deuxième (dérivé en français à partir d'un
patronyme tchèque, le seul terme de ce groupe trouve sa place dans le domaine littéraire) restent très connus et
souvent utilisés. La valeur sémantique de certains d'entre eux s'est universalisée avec le temps et justifie l'emploi
de ces termes dans les domaines les plus variés. Le dernier groupe appartient à la sphère socio-historique de la
période de l'ex-Tchécoslovaquie. Il se compose de deux emprunts dont l'emploi reste limité à un contexte
chronologiquement révolu. Le polonais, une autre langue slave de l'Ouest, a moins contribué à l'enrichissement du
vocabulaire français au siècle dernier. Il a donné au français trois emprunts au XXème siècle. Ces néologismes
restent très peu connus du large public et leur emploi est limité à des contextes très spécifiques. Le bulgare est la
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langue qui a prêté le plus petit nombre de néologisme de toutes les langues slaves : sa contribution se réduit en
effet à seulement deux emprunts. Comme les néologismes d'origine polonaise, les termes bulgares sont très peu
utilisés et restent limités aux domaines dont ils relèvent, sans perspective d'élargissement sémantique ou
contextuel. La seconde langue slave du Sud -le serbo-croate - a donné au français de nouveaux termes relevant de
la sphère socio-historique, scientifique et culinaire. Les termes du domaine socio-historique sont pour la plupart
aujourd'hui considérés comme historiquement datés ; seuls certains d'entre eux ont réussi à s'adapter et à élargir
leurs acceptions, faisant ainsi preuve d'évolution lexicale. Les néologismes relevant du domaine scientifique
proviennent de la géologie et de la physique. Ils sont principalement dérivés et s'emploient dans les contextes
spécialisés. Un seul terme constitue la terminologie culinaire et son sens reste aussi hermétique que celui des
termes culinaires des autres langues déjà citées. Le vieux slavon (ou le vieux slave) est la langue médiévale des
peuples slaves qui n'existe plus aujourd'hui que dans les offices de l'Eglise orthodoxe. Néanmoins, cette langue
continue à enrichir les langues vivantes. Les trois termes dérivés d'un mot de cette langue sont attestés en français
au siècle dernier. Leur sens est plutôt connu, les morphèmes qui entrent dans leur structure existant dans un grand
nombre de mots français.
Les calques forment une catégorie particulière des néologismes d'origine slave en français. Ces mots sont traités
séparément des mots empruntés et dérivés et constituent un sous-chapitre. Ce dernier est organisé d'après le
même principe que la partie précédente du mémoire : les calques sont répartis d'après les langues dont ils tirent leur
origine. Trois langues slaves ont donné des calques au XXème siècle : le russe, le polonais et le serbo-croate. Le
premier a donné le plus grand nombre de calques, mais ces termes restent liés à des contextes spéciaux et ne sont
pas souvent utilisés dans la langue (il s'agit du domaine des beaux-arts et de la politique). Le polonais a contribué
au développement de la linguistique et ses trois calques existent uniquement dans cet emploi. Le serbo-croate a,
quant à lui, fourni dans les années quatre-vingt-dix un calque qui existe aujourd'hui sous trois versions
parallèlement utilisées. Créée dans le contexte de la guerre civile yougoslave, cette expression trouve vite l'accès
vers d'autres espaces géographiques et s'universalise. Les sigles, la dernière catégorie de néologismes traités dans
ce chapitre, sont tous regroupés autour de la seule langue qui les a fournis au français - le russe. On n'en a relevé
que trois, dont un a servi de base de dérivation en français. Il s'agit de noms d'institutions de l'Etat soviétique dont
l'emploi s'était généralisé à un moment de l'histoire en leur donnant un caractère plutôt commun. Ces néologismes
(traités malgré leur origine comme des noms communs) relèvent du domaine politique soviétique et sont, en tant
que tels, aujourd'hui principalement considérés comme historiquement datés. Le dernier chapitre dresse le bilan de
l'analyse des néologismes d'origine slave étudiés dans le chapitre précédent (central) de la thèse. Est synthétisé le
bilan de leur présence dans les différents domaines de l'usage. Dans cette partie, on donne les caractéristiques
morphologiques, phonétiques et pragmatiques communes des termes étudiés, avec pour finalité l'établissement de
points communs entre tous ces termes. Les graphiques illustrent les pourcentages déterminant la place quantitative
des néologismes attestés russes, tchèques ou bulgares dans le vocabulaire du français contemporain. La synthèse,
les caractéristiques et les graphiques suivis des statistiques sont établis pour toutes les langues observées dans
cette recherche. De la même manière que dans le chapitre central, le bilan synthétique des calques et des sigles
est effectué à part, à la fin de la première partie de ce chapitre. Le bilan permet également de comparer l'usage
littéraire et l'usage journalistique, au regard des notices des dictionnaires : l'extrême variété des usages de la presse
est mise en relief, dressant une vision plus complexe de cette partie du lexique. Loin d'aller de soi, les définitions
des ouvrages de référence semblent saisir une grande partie de la réalité mouvante et évolutive des usages mais
laisser de côté des graphies, des sens et des fonctions qui paraissent quelques fois aussi importants et utiles que
ceux retenus. La seconde partie du dernier chapitre est entièrement consacrée au phénomène des néologismes
non intégrés, classés dans une catégorie à part pour pouvoir être mieux observés. En effet, l'emprunt, de même que
la néologie, ne s'arrête jamais. La langue a toujours besoin de nouveaux mots qui permettent la description de la
réalité sociale qui évolue sans cesse. La néologie par emprunt et par dérivation aux langues slaves note ainsi
l'entrée d'un nombre de nouveaux mots qui ne sont pas encore officiellement attestés dans les dictionnaires de
référence mais qui, et les sources journalistiques en sont témoins, s'utilisent plus ou moins souvent dans la langue.
Ces mots ne figurent donc pas dans les dictionnaires et c'est ce fait-ci qui explique leur statut quasi-clandestin. Dans
cette partie du mémoire, nous les avons classés d'après le même principe que les mots officiels (critères
étymologique puis sémantique) en donnant leur sens et, plus loin, les exemples des occurrences trouvées pendant
notre recherche. Il faut souligner surtout que cette liste de néologismes d'origine slave n'est pas aussi détaillée que
celle des mots attestés. Elle n'est pas, non plus, exhaustive. Les néologismes qui la constituent ont été relevés
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pendant les recherches des occurrences dans la presse des mots officiels du corpus principal. Les néologismes
détectés témoignent d'une certaine liberté d'expression de la presse qui introduit de nouveaux éléments plus
facilement que les autres sources, notamment par dérivation patronymique. Ceci permet encore une fois de
comparer l'usage littéraire -où ces termes n'apparaissent pas -et l'usage de la presse, qui est une source potentielle
de nouveaux mots à répertorier dans les dictionnaires. Trois langues donnent au français des termes non intégrés :
le russe, le serbo-croate et le vieux slavon. Comme on peut le supposer, c'est avant tout le domaine politique qui est
le plus vivant, notamment pour la néologie d'origine russe. Les termes d'origine patronymique qui illustrent l'actuelle
scène politique russe sont les plus nombreux et les plus fréquents. Presque tous les quotidiens les emploient dans
les articles consacrés à ce pays. Les néologismes relevant du domaine politique, social et administratif occupent
une place moins importante que les précédents. Les termes culinaires arrivent, comme les xénismes, directement
avec ce qu'ils nomment. Ouverte aux nouveautés, la cuisine française accepte certains plats russes qui, le plus
souvent, restent un mystère pour les consommateurs. Les néologismes d'origine serbo-croate sont tous arrivés à
l'époque de la crise yougoslave. Ils reflètent une période de conflits médiatique et militaire qui ont,
malheureusement, laissé des traces dans la langue. Les deux termes d'origine slavonne relevés appartiennent au
vocabulaire spécialisé et ne sont utilisés que dans des contextes spécifiques. Ces trois sources (langues) sont
citées justement pour confirmer que le processus de passage des mots entre le français et les langues slaves n'est
pas terminé, et que la langue de presse, française et francophone, a un rôle de passeur essentiel. Les échanges
entre la France et les pays de langues slaves se poursuivant sous de nouveaux aspects sociaux, politiques et
linguistiques, la langue française a donc encore de nombreux emprunts à intégrer, et les néologismes du XXème
siècle peuvent toujours développer de nouveaux sens et de nouveaux emplois. Ceux-ci pourront peut-être, à terme,
être répertoriés dans les dictionnaires qui sont encore loin de recenser tous les usages et toutes les formes utilisés
au quotidien.
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