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Tableau 1
0 1 2 3 4 5 6
rang de
la
personne
désinences personnelles
(variables selon la
conjugaison)
objet
direct
objet
indirect
objet indirect
sous
préposition
objet direct sous
préposition et objet
(indirect) prépositionnel
sujet
1 cânt, trec, vorbesc mă (î)mi mie mine eu
2 cânţi, treci, vorbeşti te (î)ţi ţie tine tu
3 m / n (î)l lui el
3f cântă, trece, vorbeşte o se (î)i (î)şi ei ea
4 cântăm, trecem, vorbim ne nouă noi
5 cântaţi, treceţi, vorbiţi vă vouă voi
6 m (î)i ei
6 f / n cântă, trec, vorbesc le se le (î)şi lor
prep. +
ele
personne intra-verbale
endo-morphologique
personne intra-verbale
exo-morphologique personne extra-verbale
pronom zéro pronom conjoint pronom disjoint
2) Par le même mécanisme d'incidence, le verbe acquiert la fonction de predicat. En d'autres mots,
la personne logique, c'est-à-dire ce dont on parle universellement, ce qui sert de support à tout
apport de signification, «involue» (le mot est de Guillaume) dans le plan du verbe roumain, comme
dans le plan du verbe français, la fonction de prédicat. De sorte qu'on observe dans le verbe
roumain, comme dans le verbe latin, une incidence de l'apport verbal à une personne logique dont
l'intitulé ordinal (1ère, 2e, 3e, etc.) varie sans variation aucune de la fonction prédicat. La
conjugaison du verbe roumain incorpore la personne (colonne 1 du tableau), présente
sémiologiquement sous les désinences personnelles qui sont aussi des désinences temporelles et
modales. Puisqu'il n'y a pas d'autre possibilité d'existence du verbe en dehors de la conjugaison
(sauf au mode quasi-nominal), on va appeler les désinences personnelle du verbe des réalisateurs de
la personne intra-verbale endo-morphologique. Elle est intra-verbale parce qu'on ne peut pas
concevoir le verbe comme pleinement fonctionnel (prédicatif) sans marques personnelles, elle est
endo-morphologique parce que le support personnel est marqué de par la morphologie verbale,
sans qu'un pronom fasse son apparition. Pourtant, le pronom est déjà là, par son absence même,
c'est un pronom zéro.
3) Dans la linguistique guillaumienne, la transitivité du verbe est vue aussi comme une incidence
du verbe, de l'apport verbal à un support qui est recherché dans le sens opposé à celui de l'incidence
du verbe à son sujet. Le verbe est vu en même temps comme incident à la personne logique, qui est
ce dont on parle, et à l'objet sur lequel l'apport verbal se pose. Ce qui rend en égale mesure l'objet
direct support du verbe. C'est pourquoi les pronoms personnels à fonction d'objet direct sont
considérés dans le Tableau 1, colonne 2 des marques de la personne intra-verbale, non plus endo-,
mais exo-morphologique. Le fait qu'ils peuvent apparaître dans des réalisations discursives du type
dusu-l-am, dusu-m-am, duce-m-aş, ducă-se à côté de l-am dus, m-am dus, m-aş duce, să se ducă
n'est que la preuve du fait que le verbe roumain incorpore en quelque sorte son objet. Il l'incorpore
en un degré moindre qu'il n'incorpore son sujet.
4) Il en est de même pour l'objet indirect: spusu-ţi-am, spune-ţi-aş, amintitu-mi-am, à côté de ţi-am
spus, ţi-aş spune, mi-am amintit (colonne 3).
5) Il n'en est plus de même avec les ainsi dites formes toniques ou accentuées des pronoms
personnels qui vont déserter le plan du verbe pour rejoindre le plan qui leur est propre en tant que
sémiologie de la personne, le plan du nom, où ils reconstruisent par réfection la personne ordinale.
C'est ainsi qu'elles apparaissent obligatoirement sous préposition pour ce qui est de l'objet direct
(pe mine) et de l'objet indirect (prenant pour support des prépositions telles graţie, datorită) et sous
déclinaison dans le cas de l'objet indirect (mie) (Tableau 1, colonnes 4 et 5). Il faut remarquer à ce
point que le pronom de troisième personne lui, ei, lor, le plus rapproché du plan nominal du fait
qu'il prend comme celui-ci son support dans la seule personne logique, ressemble de très près,
pourrait-on dire est identique même, à l'article de Génitif-Datif: băiatului, fetei, băieţilor, fetelor.