"Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur"

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Dimanche 1er janvier 2012
Sainte Marie, Mère de Dieu
« Marie retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur »
L
’Évangile que nous recevons en cette célébration de
Marie, Mère de Dieu, au tout premier jour de la nouvelle
année qui commence, évoque bien notre propre calendrier liturgique : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait
donné avant sa conception. » Le « huitième jour », nous y sommes.
Dans la tradition évangélique et chrétienne, ce chiffre suggère
qu’une nouvelle création commence, puisque nous nous trouvons au premier jour de la semaine (et donc de l’année, pour
faire plus faste au début de 2012).
Une nouvelle année commence, avec son lot d’espoirs et
d’incertitudes. Pour mieux l’affronter, sans doute convient-il
d’adopter l’attitude même de Marie, telle que l’évangile selon
saint Luc la décrit : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » Une traduction plus proche
du texte grec dirait : « De son côté, Marie gardait avec soin toutes
les choses dites et les confrontait [les agitait, les jetait l’une contre
l’autre, en débattait] dans son cœur. »
Cette attitude invite à un regard sur les événements vécus.
C’est un trait de sagesse dont parle l’Évangile par ailleurs –
« Ainsi tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est
semblable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de
l’ancien » (Mt 13, 52) – c’est un trait de sagesse de savoir en
quelque sorte tirer des leçons de ce que nous avons vécu pour
pouvoir affronter ce qui nous attend. Mais il convient aussi de
s’attarder un peu sur trois petits détails dans ce texte.
1. Le mot « événements » employé dans la traduction en usage
pour la liturgie traduit un mot grec qui évoque des « choses
dites ». En d’autres termes, il s’agit d’un récit. Cela nous invite à réaliser un « récit » de notre propre vie, de nos propres
découvertes. Raconter est à la portée du plus grand nombre,
sans qu’il soit besoin de se perdre en explications inutiles…
2. Marie « retenait tous ces événements » devient dans certaines
traductions : « Marie gardait avec soin toutes les choses dites. »
La précision « avec soin » est importante. Le verbe grec employé ici s’applique aussi à l’observation de la Loi, à la façon
de la conserver et de la mettre en pratique. Les paroles que
Marie garde ainsi dans son cœur sont en quelque sorte des
traces même de la Parole de Dieu… Il faut l’écouter, la
recevoir, la garder et la mettre en pratique (cf. Lc 8, 21).
3. Marie « méditait [tous ces événements] dans son cœur ». Ici, le
verbe grec est encore plus suggestif, d’autant qu’il présente
différents sens qui s’enrichissent les uns les autres. Ce que
veut rendre (avec beaucoup de platitude) le verbe « méditer » en français est bien plus profond : Marie « agite » ces
événements dans son cœur, elle les compare, les évalue, en
débat… La richesse du verbe grec sumballô (συμβάλλω), qui
veut dire dans un premier sens « jeter ensemble », nous renvoie au « Symbole », ce signe de reconnaissance qui, dans la
foi chrétienne est devenu ce qu’on appelle en latin le Credo,
ou le Je crois en Dieu en français et en d’autres termes la
« règle de la foi » (une sorte d’étalon, de référence). En regardant bien dans les missels ou les livrets mis à notre disposition, nous trouvons parfois cette indication « Symbole des
Apôtres » ou « Symbole de Nicée-Constantinople ». La « méditation de Marie » est d’abord et avant tout un acte de foi, un
acte de discernement.
En commençant une nouvelle année, il est utile de faire
preuve de discernement. Par exemple, celui auquel nous invite
l’apôtre Paul : le Seigneur fait de nous des fls, « et voici la
preuve que vous êtes des fls : envoyé de Dieu, l’Esprit de son Fils est
dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l’appelant “Abba”. Ainsi, tu
n’es plus esclave, mais fls, et comme fls, tu es héritier par la grâce de
Dieu. » Alors, dans de telles dispositions, nous pouvons recevoir la bénédiction du Seigneur telle que la présente le livre
des Nombres :
« Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche sur toi !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! »
Existe-t-il une meilleure manière de nous adresser des vœux
véritables et sincères au début d’une nouvelle année ?
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