Sous la direction de Gilles Pennequin et Antoine-Tristan Mocilnikar
L’atlas du développement
durable et responsable
Préfaces de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Yann Arthus-Bertrand
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© Groupe Eyrolles, 2011
ISBN : 978-2-212-54690-3
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Faire face au changement climatique
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L’évolution du climat
et les enjeux du changement climatique
Depuis des milliards d’années, le climat varie continuellement à cause de facteurs natu-
rels externes que je détaille ici. La singularité du climat récent est celle d’un réchauffe-
ment que le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)
qualifie de « sans équivoque », car cet accroissement des températures est maintenant
mis en évidence dans les observations des températures moyennes mondiales de l’at-
mosphère et de l’océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace, et l’élévation du
niveau moyen mondial de la mer.
Serge Planton est responsable du Groupe de recherche climatique
du Centre national de recherches météorologiques (CNRM) de Météo-France.
La problématique Pour en finir avec l’ambiguïté
La question du changement climatique anthropique exige de bien situer les
échelles de temps qui lui sont associées. Pour la mise en évidence du rôle des acti-
vités humaines sur le changement climatique passé, l’échelle pertinente est le
demi-siècle. Le mécanisme par lequel les activités humaines affectent le climat est
principalement l’émission de gaz dits à effet de serre, c’est-à-dire des gaz qui
réchauffent la surface de la Terre en raison de leurs propriétés radiatives. Parmi
lesquels le dioxyde de carbone (CO2) joue un rôle majeur parce qu’il s’agit du gaz,
émis directement par l’homme, qui pèse le plus dans le bilan radiatif de la planète,
et parce qu’il conserve une très longue durée de vie dans l’atmosphère. Selon le
Giec, l’essentiel de l’accroissement obsersur la température moyenne globale
depuis la seconde moitié du xxe siècle est très probablement dû à l’augmentation
observée des concentrations des gaz à effet de serre d’origine humaine. Une fluc-
tuation du climat moyen de la planète ou de celui de la France, sur une saison,
une année ou même une dizaine d’années, ne peut remettre en cause ce constat.
Quant au climat futur, les concentrations de gaz à effet de serre additionnelles
accumulées dans l’atmosphère et l’inertie de la réponse du climat font que cette
contribution anthropique à l’évolution climatique va se poursuivre au cours des
prochaines décennies à un rythme qui dépendra peu de nos émissions sur la
même période. En revanche, ces émissions sont déterminantes pour l’évolution
du climat à partir de la seconde moitié de ce siècle. Les générations actuelles et
futures sont par la force des choses confrontées à la fois à la nécessité de limiter
leurs émissions de gaz à effet de serre pour diminuer l’amplitude des évolutions
climatiques et de leurs conséquences futures, mais aussi à celle de s’adapter à la
part de ces évolutions qui est inévitable.
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Dossier 1 L’évolution du climat et les enjeux du changement climatique 5
Le cœur du sujet Le climat change
Depuis des milliards d’années, le climat varie continuellement, mais la singularité
du climat récent est celle d’un réchauffement que le Giec qualifie de « sans équi-
voque » tant il est maintenant établi, dans les observations de l’accroissement des
températures moyennes mondiales de l’atmosphère et de l’océan, la fonte généra-
lisée de la neige et de la glace, et l’élévation du niveau moyen mondial de la mer.
L’augmentation de température moyenne planétaire pourrait paraître modeste
(entre 0,6 et 0,9 degré en cent ans) mais elle devient significative si on la met en
rapport avec l’écart de température de « seulement » 4 à 7 degrés qui sépare une
période glaciaire, comme il y a 20 000 ans période au cours de laquelle la calotte
polaire recouvrait l’Écosse et une période interglaciaire, comme la période
actuelle. Le réchauffement climatique est aussi en partie visible par ses consé-
quences sur l’augmentation du niveau moyen des océans de 10 à 20 centimètres
au cours du xxe siècle, sur la réduction des surfaces enneigées au printemps depuis
une trentaine d’années (l’équivalent de la superficie de la France en moins tous les
dix ans). La fréquence de certains extrêmes climatiques, comme le nombre de
jours de fortes chaleurs, a en outre augmenté dans la plupart des régions. Mais
d’autres types d’événements extrêmes, comme le nombre de cyclones tropicaux,
restent dominés par une variabilité aux échelles de temps décennales ou multidé-
cennales et ne présentent pas de tendances marquées sur le dernier siècle.
Au cours du xxe siècle, la température moyenne de la France a aussi augmenté.
Cette augmentation est d’environ 0,1 degré par décennie et s’est accélérée à la fin
du siècle avant de se ralentir au début du xxie siècle. Le réchauffement est égale-
ment très sensible outre-mer typiquement à partir du début des années 1970.
Pour la France toujours, l’évolution des précipitations est plus contrastée mais
montre une augmentation sur les deux tiers nord du territoire avec des contrastes
saisonniers marqués : hausse en hiver et baisse en été. Sur la période 1951-2000,
on constate une diminution du nombre de jours de gel en hiver, une augmenta-
tion du nombre de jours où la température dépasse 25 degrés en été, et, générale-
ment, un allongement de la durée des sécheresses les plus longues. Sur cette même
période, on n’observe cependant pas de tendance à l’augmentation de la fréquence
ni de l’intensité des tempêtes ni du nombre d’épisodes de pluies diluviennes dans
les régions méditerranéennes françaises.
Le rôle de l’homme dans l’évolution du climat
Le climat change donc à toutes les échelles de temps, mais le chauffement récent
apparaît atypique. En outre, les mesures de la concentration du CO2 dans l’atmos-
phère montrent une augmentation rapide de cette concentration en raison des activi-
s humaines depuis le début de la période industrielle, mais elle s’acre depuis le
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6 Partie 1 Les grands enjeux Chapitre 1 Faire face au changement climatique
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milieu du xixe siècle. Cependant, ces observations
ne suffisent pas à apporter la preuve d’un lien de
cause à effet, pas plus que celles réalisées à par-
tir des carottages glaciaires montrant une forte
corlation entre lévolution de la concentration
du CO2 et celle de la température reconstruite sur
environ 800 000 ans. Ce n’est que relativement
cemment, à la suite d’un processus d’analyse qui
a pris près de quinze ans, que le Giec a conclu au
le prépondérant de l’homme sur le chauffe-
ment des cinquante dernières années, avec une
probabili estimée de plus de 90 %.
Les preuves sont basées sur la comparaison entre,
d’une part, les sultats de simulations du climat
Zoom
Les pionniers du CO2
Le principe de l’effet de serre est connu
depuis 1824, en particulier grâce aux travaux
du Français Joseph Fourier, mais ce n’est qu’à
la fin du xixe siècle que le scientifique suédois
Svante Arrhenius montre le lien entre la
concentration en CO2 dans l’atmosphère et
l’augmentation de la température moyenne de
la Terre. Les mesures mises en place à partir
de 1959 par Keeling et ses collaborateurs à
l’observatoire du Mauna Loa (Hawaï) ont mis
en évidence l’influence des activités humaines
dans l’augmentation du taux de CO2 atmos-
phérique.
Figure 1 – Comparaison entre les températures moyennes globales et de différentes
régions de la planète calculées à partir de différentes simulations climatiques
(plages gris foncé et gris clair) et les températures moyennes déduites des observations
météorologiques et marines (courbes noires). Ces figures montrent
que le réchauffement moyen des cinquante dernières années ne peut pas être simulé
sans prendre en compte les causes anthropiques des changements climatiques.
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