Analyse de l`évolution des métiers et compétences : le cas des

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Université des Sciences Sociales de Toulouse
Ecole Doctorale de Sciences de l’Entreprise
Mémoire de stage effectué au CarifOref Midi-Pyrénées
et présenté pour l’obtention du
DEA d’économie appliquée
« entreprises, compétences et territoires »
Analyse de l’évolution des métiers et
compétences :
le cas des activités liées à l’environnement
en Midi-Pyrénées
par
Aurélie Barrau
Sous la direction de
Françoise Dauty, ingénieur de recherche LIRHE
Françoise Larré, maître de conférences au LIRHE
Année universitaire 2002/2003
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS................................................................................................................ 3
INTRODUCTION .................................................................................................................... 4
CHAPITRE PRELIMINAIRE................................................................................................ 6
Présentation du CarifOref Midi-Pyrénées .............................................................. 6
Présentation du contexte du mémoire ..................................................................... 8
Contenu de l’étude................................................................................................... 9
1. CADRE GENERAL : DEFINITIONS ET CONCEPTS ................................................ 12
1.1 L’ENVIRONNEMENT A LA RECHERCHE D’UNE DEFINITION .............................................. 12
1.1.1 Le développement durable : un concept économique, social et
environnemental......................................................................................... 12
1.1.2 Le concept d’environnement...................................................................... 14
1.1.2.1 Une notion difficile à saisir........................................................... 14
1.1.2.2 L’environnement défini par l’activité environnementale ............. 16
1.1.3 Impact des préoccupations environnementales sur l’activité
économique et l’emploi : des résultats à nuancer ..................................... 18
1.2 METIER, QUALIFICATION ET COMPETENCE : DES NOTIONS QUI EVOLUENT ..................... 25
1.2.1 Métier et logiques professionnelles ........................................................... 25
1.2.2 L’approche par les compétences plus adaptée à un secteur en
évolution..................................................................................................... 28
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2. LES METIERS DE L’ENVIRONNEMENT : EMERGENCE DE NOUVEAUX
METIERS OU EVOLUTION VERS DE NOUVELLES LOGIQUES
PROFESSIONNELLES ? ................................................................................................. 36
2.1. L’EMPLOI ENVIRONNEMENTAL : PLUSIEURS APPROCHES POSSIBLES .............................. 36
1.2.3 Approche à partir des nomenclatures : des classifications incomplètes ... 38
1.2.4 Approche à partir des fiches métiers : de nombreux métiers non
renseignés .................................................................................................. 42
2.2. EVOLUTION DES METIERS ET FORMATIONS LIES A L’ENVIRONNEMENT ........................... 45
2.2.1. Des métiers et emplois pour l’environnement à différencier..................... 46
2.2.2. Exemples de métiers en évolution et nouveaux métiers............................. 49
2.2.3. Etat des lieux de la formation : une offre importante mais peu
structurée ................................................................................................... 51
3. ANALYSE SECTORIELLE ET REGIONALE............................................................. 55
3.1. TENDANCES DU SECTEUR DE L’ENVIRONNEMENT EN MIDI-PYRENEES ........................... 55
3.1.1 Monographie des principaux employeurs régionaux ................................. 55
3.1.2 Une offre de formation régionale sous-dimensionnée dans certains
domaines .................................................................................................... 68
3.2 LE DISPOSITIF EMPLOIS JEUNES EN MIDI-PYRENEES ...................................................... 70
3.2.1 Historique des emplois jeunes .................................................................... 70
3.2.2 Eléments de caractérisation : des emplois précaires au services des
collectivités ................................................................................................ 71
3.2.3 Professionnalisation des emplois jeunes : des pratiques de formation à
rapprocher du perfectionnement à l’environnement ................................. 78
CONCLUSION GENERALE................................................................................................ 83
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 86
ANNEXES………….. ............................................................................................................. 90
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Remerciements
Mes remerciements vont tout d’abord à la direction du CarifOref Midi-Pyrénées et
à ma responsable de stage, Françoise Pradeau, qui m’ont permis d’effectuer mon stage de
fin d’études au sein de leur équipe. Tous les moyens et documents dont j’avais besoin ont
été mis à ma disposition pour la réalisation de l’étude.
Je tiens également à remercier mes directrices de mémoire, Françoise Larré et
Françoise Dauty, pour le temps qu’elles m’ont consacré et leurs remarques et précieux
conseils ayant énormément contribué à l’avancement de mes travaux.
J’exprime aussi toute ma reconnaissance à Nadia Courtaban, chargée d’études au
sein de l’Oref, qui m’a encadrée dans mes recherches avec disponibilité et bonne humeur.
La qualité des conseils qu’elle m’a prodigués a considérablement influencé le contenu du
mémoire. Par ailleurs, sa détermination quant à la réussite de ce projet a fait que le stage
s’est déroulé dans de bonnes conditions.
Je souhaite dire enfin un grand merci à toute l’équipe du CarifOref Midi-Pyrénées
pour m’avoir accueilli, et auprès de laquelle j’ai trouvé une ambiance de travail
sympathique.
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Introduction
Depuis les années 1990, les préoccupations environnementales ne cessent de
croître : pollution de l’eau, réchauffement de la planète, problèmes d’élimination des
déchets, développement de l’énergie nucléaire, etc. Cette sensibilité écologique a émergé
sur un fond de croissance économique où les exigences pour la qualité de la vie et pour
l’état futur de la planète sont plus importantes. Cette prise de conscience de l’opinion
publique a entraîné des réglementations et a créé des opportunités de marchés pour les
acteurs économiques. En France, deux sociétés se sont imposées, issues des services aux
collectivités locales, Vivendi Environnement et Suez, qui contrôle aujourd’hui le tiers du
marché de l’environnement français.
Les préoccupations liées à l'environnement ont donc engendré l'émergence d'un
marché économique dont les effets se traduisent tant en termes de chiffre d'affaires qu'en
termes d'emploi. Cependant, l’impact de ces nouveaux marchés sur l’emploi est à ce jour
difficile à mesurer. En effet, l'environnement étant une activité transversale, donc présente
dans de nombreux secteurs, il n'est pas facile de délimiter clairement sa place et d’en
évaluer son importance dans l'économie.
Cependant, au vue de l’étude qui suit, nous pouvons penser que l’environnement
peut avoir des effets positifs sur le niveau de l'emploi soit directement, par la création de
postes spécifiques, soit indirectement à travers l'essor du secteur des technologies propres
et des activités liées à l'environnement. A ce titre, les éco-industries constituent un secteur
dynamique qui progresse dans l'industrie française, tant sur le marché intérieur qu'à
l'export. Malgré un contexte difficile, ce marché développe un gisement d'emplois
notamment dans la production des biens et des services visant à mesurer, prévenir, limiter,
corriger les dommages à l'environnement.
La majorité des éco-industries françaises, soit prés de 70%, se situe dans les secteurs de
l’eau et des déchets, domaines d’excellence, où l’investissement est dopé par le besoin
d’équipement des collectivités locales, la nécessité de moderniser les installations
existantes et le respect des directives européennes et nationales. Le secteur plus
emblématique de la gestion et de la protection de la nature ne représente que peu
d’emplois. Ce domaine ne peut pas encore s’appuyer sur une demande réellement
solvable, bien que la demande sociale d’espaces naturels de qualité se fasse sentir de plus
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en plus. Les autres domaines restent depuis longtemps marginaux, malgré les efforts
fournis pour les développer : surveillance accrue de la pollution de l’air, lutte contre les
nuisances sonores, réhabilitation des sites et sols pollués. La région Midi-Pyrénées,
comparativement à d’autres régions françaises, est en retard dans plusieurs domaines
d’activité de l’environnement et notamment dans la gestion des déchets. Des entretiens
menés auprès d’acteurs régionaux intervenant dans le secteur de l’environnement ont alors
permis de souligner certaines tendances concernant les caractéristiques et les besoins à
venir de l’emploi environnemental en Midi-Pyrénées. La démarche du CarifOref MidiPyrénées s’inscrit ainsi dans une optique de présentation des métiers de l’environnement
afin de fournir une information régionale plus riche sur un secteur fort peu étudié dans son
ensemble.
Face à ces nouveaux besoins, les compétences évoluent. Les métiers anciens de
l’environnement ont connu un essor de leur pratique et avec elle, de nouvelles méthodes
de travail à acquérir. Nous pouvons alors nous interroger sur la capacité d’adaptation de
savoir-faire anciens aux besoins réels constatés aujourd’hui dans le domaine de
l’environnement. De même, les nouvelles exigences de la réglementation font appel aux
compétences mises en œuvre dans d’autres secteurs d’activité. Le dispositif de formation
a certainement un rôle à jouer dans ce secteur, les compétences requises ne s’acquièrent
pas seulement en situation d’activité. En outre, étudier l’évolution des métiers de
l’environnement peut révéler une nouvelle voie d’orientation pour les jeunes attirés par le
secteur ou au contraire décourager ceux disposant de peu d’informations .
L’essor du secteur de l’environnement traduit-il l’émergence de « nouveaux » métiers ou
s’agit-il du remaniement de métiers existants ?
Dans un chapitre préliminaire, nous présenterons l’organisme et le contexte dans
lesquels a été effectué le stage de fin d’études et la démarche mise en œuvre pour la
réalisation de l’étude.
Il s’agira ensuite de définir les notions d’environnement et de métier, nécessaires à une
bonne compréhension de l’étude, en première partie. Nous étudierons en deuxième partie
l’emploi environnemental avec l’objectif de repérer ainsi les métiers de l’environnement
et d’analyser leur évolution. Enfin, nous tenterons de présenter les tendances principales
des activités liées à l’environnement en Midi-Pyrénées à partir des entretiens menés
auprès d’acteurs régionaux intervenant dans ce domaine, ainsi que le dispositif emplois
jeunes dans la région.
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Chapitre préliminaire
Présentation du CarifOref Midi-Pyrénées
L’Oref (Observatoire Régional Emploi-Formation) a été créé en octobre 1991 dans
le cadre du Contrat de Plan Etat/ Région. En janvier 1995, il a fusionné avec le Carif
Midi-Pyrénées (Centre d’Animation, de Ressources et d’Information sur la Formation), et
constitue depuis une seule et même association : le CarifOref Midi-Pyrénées.
Ce dernier constitue une réponse aux besoins d’information des acteurs de la
formation professionnelle continue et de l’emploi. Il est notamment chargé d’analyser
l’environnement économique de la formation pour y observer l’évolution des emplois, des
qualifications et des métiers afin de donner aux décideurs les moyens d’adapter les actions
de formation aux besoins de l’économie et aux débouchés du marché du travail.
Le fonctionnement de l’association
Le CarifOref Midi-Pyrénées est composé d’un Bureau et d’un Comité Collégial.
Le Bureau est l’organe de décision, composé du Président, du Secrétaire et du Trésorier
de l’association. Les autres membres sont soit des financeurs (l’Etat avec la DRTEFP et le
Rectorat, le Conseil Régional) soit des acteurs de la formation professionnelle. Le Bureau
se réunit au moins une fois par trimestre afin de prendre les décisions concernant le
fonctionnement de l’association.
Le Comité Collégial est un organe consultatif, composé des membres du Bureau et des
adhérents de l’association (environ 200 membres), qui se réunit une fois par an pour la
présentation du bilan de l’exercice.
La structure compte 23 salariés répartis sur les différentes missions assignées au CarifOref
Midi-Pyrénées.
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Le Carif (Centre d’Animation, de Ressources et d’Information sur la Formation)
Il assure pour le compte des pouvoirs publics (Etat/ Région) et des partenaires
sociaux la collecte, le traitement et la diffusion de l’information sur la formation
professionnelle auprès des acteurs de la formation et de l’orientation.
Ses missions consistent à :
ƒ
Traiter et diffuser l’information (édition de guides ou d’outils d’informations
spécifiques)
ƒ
Collecter, centraliser l’information et l’organiser en un centre régional de ressources
(droits et démarches sur la formation professionnelle continue, offre de formation)
ƒ
Décentraliser l’information (animer un réseau d’antennes et de correspondants, appui
technique aux structures locales d’information sur la formation et l’orientation)
L’Oref (Observatoire Régional Emploi-Formation)
L’Oref est une structure d’aide à la décision, de prospection et de diagnostic en
matière d’emploi et de formation. Pour cela, il collecte et sélectionne des informations
statistiques et qualitatives. Par ailleurs, il commandite des enquêtes ponctuelles qui font
l’objet d’un programme annuel et de publications.
Pour réaliser ses missions, l’Oref a mis en place la démarche ARGOS.
La démarche ARGOS en Midi-Pyrénées
ARGOS (Analyse Régionale pour les Grandes Orientations du Schéma des
formations) est un outil d’aide à la décision dans le domaine de la relation formation
emploi , présent dans plusieurs régions françaises. La réalisation de l’outil ARGOS a été
confiée au CarifOref Midi-Pyrénées. Les partenaires impliqués dans sa production en
Midi-Pyrénées sont sollicités par le CarifOref, avec l’appui de Guy Ourliac, concepteur de
l’outil, afin de mobiliser les sources d’information produites ou gérées au niveau régional.
Les données collectées sont traitées et codées en Groupes Formation Emploi (GFE) afin
d’être affectés dans une planche ARGOS. Les travaux menés tout au long de la démarche
ARGOS permettent alors de déboucher sur un état des lieux technique qui contribuera à
l’élaboration des grandes orientations régionales en matière d’éducation, de formation et
d’insertion professionnelle.
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Présentation du contexte du mémoire
Dés le début 2003, la direction du CarifOref Midi-Pyrénées a formulé le souhait de
voir son pôle « Oref- Information métiers »1 effectuer une étude régionale sur les métiers
de l’environnement, en réponse à une de ses principales missions qui est de fournir de
l’information sur les métiers. En effet, l’état des lieux relatifs aux dispositifs et outils
d’information sur les métiers en Midi-Pyrénées qui a été réalisé entre 2001 et 2002 par le
CarifOref Midi-Pyrénées a fait notamment apparaître un besoin non satisfait en
informations socio-économiques locales sur les différents supports de diffusion existants.
Ce projet s’est basé sur un travail déjà amorcé courant 2002 dans le cadre de
l’organisation d’un forum des métiers de l’environnement qui n’a pas abouti. Néanmoins,
le CarifOref Midi-Pyrénées avait réuni une documentation et une information riche
relative au domaine de l’environnement et encore non exploitée. L’idée a été de mettre en
œuvre une méthodologie transférable aux différents projets de l’Oref et pouvant aboutir
sur une publication. Ainsi, cette démarche s’est inscrite dans les missions des Oref à
savoir « mener des études prospectives portant sur les
besoins de qualifications
professionnelles par secteur d’activité et/ou groupes de métiers s’appuyant sur des
analyses documentaires et statistiques ainsi que sur l’exploitation d’enquêtes et d’entretien
auprès d’entreprises ».2
En ce qui me concerne, je souhaitais effectuer mon stage de fin d’études dans le domaine
de l’emploi-formation et j’avais à ce titre contacter plusieurs organismes. Après avoir été
reçu en entretien au CarifOref Midi-Pyrénées, il m’a été proposée d’intégrer le pôle OrefInformation métiers afin d’étudier les métiers de l’environnement sur une période de six
mois et de participer ainsi à la rédaction d’un document de synthèse socio-économique sur
le sujet.
Mes missions de recueil et de traitement de l’information ont été encadrées par une
chargée d’études de l’Oref, Nadia Courtaban, et effectuées en collaboration avec
Françoise Pradeau et François Jullien.
L’objet de mon stage a donc été de collaborer à cette étude tout en intégrant à la rédaction
du mémoire la problématique de l’émergence de nouveaux métiers liés à l’environnement.
1
2
Oref : Observatoire régional de l’emploi et de la formation
Cf. Fiches pratiques de la formation continue, Fiche 18-14, Centre Inffo, mai 2003
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Contenu de l’étude
Le pôle Oref- Information métiers a entrepris de réaliser une recherche
documentaire visant à recenser l’essentiel des métiers dits environnementaux. La
démarche a été dans un premier temps de relever les études déjà effectuées dans d’autres
régions au niveau des CARIF et des études plus spécifiques sur certains domaines
d’activité de l’environnement (eau, déchets, etc.). Il est apparu que cette question était
relativement peu étudiée dans son ensemble jusqu’à présent. La documentation reste en
effet assez fortement ciblée sur les métiers « traditionnels » de l’environnement, sans
proposer d’analyse transversale du secteur. L’information est riche en ce qui concerne les
domaines d’activité classiques mais beaucoup plus diffuse lorsqu’il s’agit de repérer les
activités récentes.
A partir des limites rencontrées par cette recherche documentaire, l’étude menée a
alors consisté en une recherche exploratoire visant à comprendre un phénomène émergent
et peu étudié. Nous avons donc cherché dans un second temps à repérer les métiers liés au
secteur de l’environnement par le biais des nomenclatures mais cette phase de cadrage
s’est heurtée à certaines limites des sources statistiques. Cette méthodologie poursuit donc
davantage un objectif d’état des lieux de la relation métier et environnement plutôt que
d’explication de celle-ci. Elle est souvent ainsi associée à un mode de traitement
d’informations plus qualitatives que quantitatives, visant à suivre un principe de saisie de
la diversité des informations recueillies plutôt que la stricte représentativité statistique de
celles-ci.
La phase suivante a eu pour objectif d’approfondir nos recherches sur les métiers
et de leurs évolutions à savoir quels éléments expliquent ces évolutions, quels sont les
acteurs qui recrutent et les emplois proposés et le système de formation répond-il aux
besoins.
Afin de compléter les données récoltées et dans un souci de rigueur, nous avons enfin opté
pour la réalisation d’entretiens auprès de personnes et d’organismes intervenant dans le
domaine étudié en Midi-Pyrénées. L’analyse du cadre juridique et institutionnel du
secteur de l’environnement nous a permis d’identifier ces acteurs concernés par les
évolutions actuelles des métiers et activités liées à l’environnement.
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Plusieurs remarques peuvent être faite à ce stade de l’étude :
1. S’il est difficile de dégager des données quantitatives quant au volume d’emplois dans
le domaine de l’environnement, il est néanmoins possible de repérer certaines
tendances globales.
2. Un premier constat indéniable est que les métiers de l’environnement ont connu un
essor important suite à la prise de conscience générale de la nécessité de protéger
l’environnement.
3. Un deuxième constat porte sur la redéfinition des « frontières » des activités liées à
l’environnement, dés lors que ce domaine d’activités n’est à l’heure actuelle toujours
pas délimité.
4. Un troisième constat est que le programme « nouveaux services-emplois jeunes » et
les emplois aidés en général, ont créé de nombreux emplois environnementaux en
réponse à de nouveaux besoins dans ce domaine.
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PREMIERE PARTIE
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1. Cadre général : définitions et concepts
1.1
L’environnement à la recherche d’une définition
Emile Durkheim dans « Les règles de la méthode sociologique », 1895, écrit : « ce
qui importe, ce n’est pas de distinguer les mots, c’est d’arriver à distinguer les choses qui
sont sous les mots ».
En effet, toute personne qui s’intéresse aux métiers de l’environnement est amenée à
s’interroger sur la signification du terme environnement fréquemment utilisé dans des
situations diverses. Selon la revue « Grand Air », l’environnement apparaît comme un
composite mêlant qualité des milieux, qualité des équipements publics et qualité des
politiques d’environnement urbain. Cette notion a été préférée aux termes ‘milieu’, ‘cadre
de vie’, ‘patrimoine’, ‘écologie’ ou encore ‘nature’. Après plus de vingt ans d’utilisation,
le concept d’environnement se prête à toutes les interprétations possibles et est
aujourd’hui souvent associé à celui de développement durable. La section suivante tentera
alors de définir ce concept, nécessaire à la compréhension du sujet du mémoire.
1.1.1 Le
développement
durable :
un
concept
économique,
social
et
environnemental
Dans les pays occidentaux, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le
développement a été associé à une simple augmentation de la quantité de richesses
produites mesurée par un indicateur de référence : le Produit Intérieur Brut (PIB)1. Ce
développement est ici simplement considéré comme de la croissance économique, définie
par un critère quantitatif. Cette croissance a permis une rapide augmentation du niveau de
vie des pays industrialisés au cours des ’30 glorieuses’ (1948-1978), mais s’est
accompagnée d’externalités négatives sur l’environnement et sur l’homme : exploitation
1
PIB= Somme des valeurs ajoutées de l’ensemble des branches de production (augmentée de la TVA
grevant les produits et les droits de douane). Il se compose du produit intérieur marchand (biens et services
échangés) et du produit intérieur brut non marchand (services fournis par les administrations publiques et
privées à titre gratuit ou quasi gratuit).
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et dégradation accélérée des ressources naturelles, risques planétaires liés à
l’augmentation
de
la
consommation
d’énergie
(effet
de
serre,
changements
climatiques,…), apparition de nouvelles inégalités ou tensions entre pays. Des
conceptions alternatives, plus qualitatives, sont aujourd’hui envisagées pour le
développement, incluant la notion de « bien-être » des communautés humaines.
Ainsi, dans la continuation des travaux de la Commission mondiale sur l’environnement
et le développement (Commission Brundtland, 1987), qui a introduit la notion de
« développement durable », le Comité interdépartemental de Rio (CIRio) en 1994
précise :
« Un développement est durable s’il garantit que les besoins de la génération actuelle de
tous les pays et groupes de populations sont satisfaits, sans porter préjudice à la faculté
des générations futures de satisfaire leurs propres besoins et ce, tout en maintenant la
biodiversité. ». D’un point de vue théorique, la notion de développement durable implique
une solidarité intergénérationnelle.
Le concept de « développement durable » défini lors du Sommet de la Terre de Rio repose
sur un constat simple : le développement économique ne peut plus se fonder aujourd’hui
sur des politiques qui mettent en péril les écosystèmes dont dépendent pour survivre nos
générations et celles qui suivront. Le changement climatique et l’appauvrissement de la
couche d’ozone sont deux exemples pour lesquels les limites tolérables ont été dépassées.
Le développement durable et soutenable se fonde sur une approche globale et intégrée
exigeant la mise en œuvre d’une politique d’ensemble. Pour qu’un développement soit
durable, il faut qu’il réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à satisfaire leurs propres besoins. Il faut également que se vérifie une
triple compatibilité, à savoir une compatibilité environnementale, économique et sociale.
Ainsi, nos actions quotidiennes peuvent être examinées sous l’angle du développement
durable. A titre d’exemple, un projet de construction ou de production qui n’est examiné
que sous l’angle de la rentabilité économique, en négligeant les retombées sociales et
environnementales, n’est pas considéré comme durable. Toute action, toute décision peut
être examinée au travers de cette méthode d’analyse afin de déterminer si elle se place
dans l’optique du développement durable. En ce sens, le développement durable est un
concept opérationnel qui devient une référence indispensable d’aide à la décision, tant au
niveau individuel qu’au niveau des collectivités et des entreprises. Lors des entretiens
menés auprès des acteurs régionaux, nous avons pu nous rendre compte que le souci
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d’intégrer la notion de développement durable à leurs actions était bien réel. Le Conseil
Régional de Midi-Pyrénées et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
(ADEME) se sont par ailleurs fortement impliqués dans la gestion économe des
ressources en mettant en place le Programme REgional de LUtte contre l'effet de serre et
pour le Développement DurablE (PRELUDDE)1.
La tendance est aujourd’hui à la protection et à la préservation anticipée. Les
grands secteurs économiques (chimie, sidérurgie, énergie…) souhaitent prévenir les
problèmes que leurs activités peuvent engendrer en matière d’environnementale. Le coût
de leurs activités néfastes sur l’environnement s’est donc déplacé en amont. On
s’achemine de plus en plus vers l’intégration des problèmes liés à l’environnement dans la
conception et la mise en œuvre des politiques. Le respect de l’environnement est alors un
moyen d’aller vers le développement durable des sociétés. En ce sens, le concept
d’environnement est plus fin que celui de développement durable.
1.1.2 Le concept d’environnement
1.1.2.1 Une notion difficile à saisir
Le Département de l’intérieur, de l’agriculture, de l’environnement et de l’énergie
de l’Etat de Genève2 définit l’environnement de l’homme comme l’ensemble des milieux
naturels ou artificialisés où celui-ci s’est installé, qu’il exploite et aménage. Ces milieux
sont caractérisés :
-
d’une part, par leur configuration (étendue, limites, reliefs, etc.) et leurs composantes
physiques, chimiques, biologiques et humaines ainsi que par la répartition de ces
composantes dans l’espace ;
1
Ce programme mobilise des moyens humains et financiers pour aider les personnes physiques ou morales,
de droit public ou privé, dont les projets et actions correspondent aux objectifs de la politique régionale en
matière d’environnement, de maîtrise de l’énergie et de développement durable.
2
Département de l’intérieur, de l’agriculture, de l’environnement et de l’énergie de l’Etat de Genève,
rapport « Concept de protection de l’environnement », septembre 2001
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-
d’autre part, par les processus de transformation, les actions et interactions continues
auxquelles ces composantes sont soumises, subissant de leur fait des changements
dans l’espace et dans le temps.
En d’autres termes, l’environnement est constitué d’éléments naturels et sociaux en
interaction.
Le dictionnaire Petit Robert, 1993, fait remonter à 1964 son apparition dans le sens
écologique, dérivé de l’américain « environment ». Sa définition est : « ensemble des
conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques)
dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l’homme) se développent ». Cette
définition est englobante puisqu’elle inclut la double dimension naturelle et culturelle.
Dans la réalité scientifique toutefois, l’usage du terme environnement a été non pas
monopolisé mais en tout cas fortement dominé par l’utilisation faite par les sciences de la
nature jusqu’aux années 1980. Cette situation relevait de la domination, en termes
quantitatifs, des études environnementales dans les sciences de la nature, par rapport aux
sciences de l’homme et de la culture, mais cette situation est en train d’évoluer
favorablement pour les sciences de l’homme, les sciences sociales, politiques et le droit,
qui fournissent de plus en plus d’études environnementales.
Le terme environnement va se développer brutalement à partir des années 1960-1970.
L’« environnement » dans son sens écologique a connu un succès indiscutable – en une
quinzaine d’années, un terme quasiment inexistant va désigner des pôles de recherche et
des ministères. L’écologie, elle, se définit en tant que science qui étudie les relations entre
les organismes vivants et leurs milieux naturels. Récupérée par un mouvement politique,
elle est aujourd’hui plus ressentie comme une conscience politique, voire une idéologie.
La recherche conceptuelle sur l’environnement apparaît relativement pauvre dans
la mesure où c’est une notion délibérément plus «opératoire» que culturelle ou
philosophique. L’environnement a été défini ainsi par opposition au paysage par
A.Berque, « De paysage en outre-pays », 1991: « Le paysage n’est pas l’environnement.
L’environnement, c’est le côté factuel d’un milieu (i.e. de la relation d’une société à
l’espace et à la nature), le paysage, c’est le côté sensible de cette relation.».
La définition du terme environnement s’est précisée à mesure que celui-ci se
voyait employé dans l’actualité. Cependant, cette notion reste encore complexe à saisir et
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elle traduit bien souvent une idéologie, un idéal vers lequel il faut tendre. Pour analyser
les métiers de l’environnement, une définition plus concrète et à partir de laquelle nous
pourrions travailler était indispensable. Pour cette raison, l’analyse des activités liées à
l’environnement nous a paru être plus probante en termes de définition, dans la mesure où
elle facilitait au premier abord la délimitation du secteur de l’environnement.
1.1.2.2 L’environnement défini par l’activité environnementale
Afin d’identifier les métiers de l’environnement, il est utile au préalable de repérer
les activités génératrices d’emploi en environnement. Ceci nous a permis de fixer un
premier cadre d’étude. Nous nous sommes ainsi référés au système statistique public qui
présentait l’avantage d’avoir réaliser un panorama des activités environnementales. Nous
tenterons alors dans cette section de donner une définition des principales activités de
protection de l’environnement telles qu’elles sont identifiées par la Nomenclature
d’Activités Française (NAF).
Les nomenclatures d’activités et de produits ont été élaborées principalement en
vue de faciliter l’organisation de l’information économique et sociale. Leur finalité est
donc essentiellement statistique. La NAF, créée en 1993, est la nomenclature statistique
d’activités française. Elle présente l’ensemble des activités en reprenant tous les niveaux
de la NACE (Nomenclature d’Activités de la Communauté Européenne) et y ajoute un
niveau national pour tenir compte des spécificités et des habitudes nationales. Nous
retrouvons des activités de protection de l’environnement ou de gestion des ressources
naturelles répertoriées par les classes de NAF :
37
41
Récupération
37.1
Récupération de matières métalliques recyclables
37.2
Récupération de matières non métalliques recyclables
Captage, traitement et distribution d’eau
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51.5Q
Commerce de gros de déchets et débris
90
Assainissement, voirie et gestion des déchets
92.5E
90.0A
Epuration des eaux usées
90.0B
Enlèvement et traitement des ordures ménagères
90.0C
Elimination et traitement des autres déchets
Gestion du patrimoine naturel
La NAF présente néanmoins quelques limites : l’activité «Commerce de gros de
déchets et débris » ne concerne qu’un petit nombre d’établissements et l’activité « Gestion
du patrimoine naturel » ne permet pas d’identifier ce qui concerne la gestion des réserves
naturelles des services de zoos.
En outre, nous nous sommes rapidement confrontés au problème du repérage des
activités environnementales par le système statistique public.
En exemple, les services du domaine des « eaux usées » sont normalement assurés par des
entreprises du sous-secteur « épuration des eaux usées » (NAF 90.0A) du secteur de la
NAF 90 « assainissement, voirie et gestion des déchets ». Cependant, si ces activités sont
exercées à titre secondaire, elles ne sont repérables qu’en enquêtant au niveau des produits
pour les producteurs codés avec une autre activité principale. Un transporteur qui
acheminerait des déchets à titre exceptionnel serait classé en activité « transports
terrestres » (NAF 60) non considérée comme environnementale.
De même, si une usine possède sa propre station de traitement des eaux usées, les emplois
correspondant à ce traitement seront affectés à la production des produits vendus par
l’usine.
Les classes NAF ainsi identifiées sont forts limitées par rapport à la diversité des
activités liées à l’environnement. Les emplois relatifs à l’environnement au sein
d’entreprises appartenant à d’autres secteurs de production restent difficiles à connaître.
De même, cette classification ne comprend pas les activités intégrant une nouvelle
compétence environnementale telles que les activités juridiques spécialisées en
environnement, qui connaissent pourtant un essor important. Il conviendrait alors de
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réactualiser cette nomenclature afin de tenir compte des nombreuses évolutions du secteur
de l’environnement.
Nous avons donc fait le choix de baser notre étude sur la définition des activités
environnementales retenue par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable
puisque celle-ci émane d’un organe officiel et prend en compte les activités récentes du
secteur. Cette définition correspond aux 4 missions assignées au Ministère :
-
protection et gestion de la nature et des milieux,
agriculture, milieu naturel, sciences de la vie et de la terre
-
prévention et réduction des pollutions et des risques,
déchets, eau, hygiène-santé, risque-sécurité
-
aménagement des territoires et du cadre de vie,
espaces verts, bruit, maîtrise de l’énergie
- sensibilisation, éducation à l'environnement
animation, conseil, droit, communication
Le concept d’environnement reste difficile à appréhender dans son ensemble mais
sa définition par les activités environnementales nous a tout de même permis d’avoir une
vision relativement claire des domaines possibles d’activités. La question est désormais de
savoir si ce secteur en plein essor est réellement source d’emplois.
1.1.3 Impact des préoccupations environnementales sur l’activité économique et
l’emploi : des résultats à nuancer
Toute activité humaine, y compris l'activité commerciale et industrielle, exerce une
influence plus ou moins importante sur l’environnement. Or, il y a quelques années
encore, rares étaient les entreprises qui se souciaient du respect de l'environnement dans
lequel elles évoluaient. Aujourd'hui la situation a heureusement changé et nous pouvons
affirmer qu'une véritable prise de conscience a eu lieu chez une large majorité
d'entreprises. En effet, les raisons pouvant convaincre un chef d'entreprise d’intégrer
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l'environnement dans sa gestion quotidienne sont devenues de plus en plus apparentes.
Une enquête réalisée par l’Institut de sondage Lavialle (ISL) pour le compte de l’IFEN en
2000 montre que la pression réglementaire et l’amélioration de l’image sont les raisons les
plus largement citées par les employeurs. Mais chaque acteur a par ailleurs des
motivations spécifiques : la certification ISO 14 001 (norme internationale de
management environnemental) pour 52% des grandes entreprises, la demande et le besoin
d’information du public pour 51% des collectivités, la demande du marché et des clients
pour les bureaux d’études (46% et 49%). L’analyse des motivations des employeurs quant
à la prise en compte de l’environnement nous a montré qu’elle n’était pas toujours
synonyme de créations d’emplois. Aussi, nous dresserons un aperçu de ces principales
motivations, à partir des résultats de l’enquête citée plus haut, et leurs impacts sur
l’emploi.
Figure 1 : les principales motivations à la gestion de l’environnement
70
60
50
40
collectivités locales
bureaux d'études environnement
30
grandes entreprises
PME-PMI
20
10
0
réglementation
demande du amélioration de
besoin
développement
public/des clients
l'image
d'information du de nouveaux
public/des clients
marchés
volonté de
réaliser des
économies
certification
ISO 14 001
Source : IFEN-ISL
Le développement de l’activité économique est à distinguer de la création
d’emploi. Sur certains secteurs, nous pouvons noter une activité en essor ou une
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diversification, mais cela ne va pas forcément se traduire par la création nette d’emploi.
Une activité nouvelle peut donc émerger sans pour autant être génératrice de maind’œuvre, du fait notamment de la machinisation qui permet d’adapter le rendement aux
volumes à produire. L’entretien mené auprès de l’ADEME (Agence De l’Environnement
et de la Maîtrise de l’Energie) fait d’ailleurs remarquer que l’augmentation du nombre de
déchetteries dans le respect de la réglementation n’est pas toujours à l’origine de
nouveaux emplois puisque les postes sont généralement attribués à des membres du
personnel municipal suite à un reclassement professionnel.
Il ressort de l’enquête faite en 2000 que la réglementation, entre autres, explique dans de
nombreux cas l’attention portée par les employeurs au respect de l’environnement. Nous
avons tenu à étudier également l’influence de la fiscalité environnementale sur l’emploi
qui apparaît être aujourd’hui aussi un fort outil d’incitation pour les entreprises et
collectivités.
¾ la réglementation
Les contraintes législatives imposées aux entreprises se sont multipliées au cours des
dernières années. Aujourd'hui tous les pays industrialisés possèdent une législation en
matière d’environnement. Depuis début 2003, la législation oblige toutes les firmes cotées
en Bourse à accompagner leur traditionnel rapport financier d’un volet environnemental et
social. Les investisseurs ne les jugeront donc plus à l’aulne de leurs seules performances
financières. De plus en plus stricte, elle impose également aux entreprises et collectivités
de s’équiper en machines et matériels, ce qui crée un marché de biens et services et par
conséquent des emplois. Ainsi le secteur des déchets ménagers a évolué sous l’influence
de la pression sociale et de la réglementation, de l’abandon de la mise en décharge
sauvage au profit de l’enfouissement contrôlé et de l’émergence des pratiques de tri,
recyclage et valorisation.
Ce sont les pays qui ont les normes les plus strictes qui ont développé, dans le secteur de
l’environnement, les marchés et les industries les plus importants mais aussi les plus
avancés technologiquement. En effet, si l’industrie et les collectivités locales sont les plus
gros consommateurs de biens et services « verts », l’Etat reste néanmoins le principal
moteur de ce secteur. Une simple modification des règles en vigueur peut tout aussi
facilement créer des marchés nouveaux qu’elle peut en faire disparaître.
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L'Etat tient en effet une fonction centrale dans le développement des activités
environnementales. En effet, la réglementation dans ses exigences de qualité sur les biens
et les services et dans les processus de production industrielle, induit de nouveaux
marchés. De plus, les commandes publiques dans les domaines de l'eau et des déchets ont
une croissance soutenue. La réglementation dans d'autres secteurs tels que l'obligation
d'entretenir les cours d'eau ou de débroussailler qui pourrait être étendue à l'échelon
national permettrait de pérenniser les emplois verts trop souvent précaires.
L'entretien du patrimoine naturel (espaces verts, forêts, cours d'eau), la réhabilitation
d'habitats (haies, zones humides, espaces naturels urbains,...), le réaménagement de
friches industrielles, la mise en valeur de lieux et de produits locaux, les services de
proximité, l'animation de quartiers, sont autant de champs d'intervention dans lesquels
l'emploi de personnes, qualifiées ou non, peut être favorisé par la commune. Ces emplois
passent pour beaucoup par des Contrats Emploi Solidarité et par des emplois-jeunes, mais
aussi par des emplois pérennes qu'il faut donc espérer voir se développer.
¾ La fiscalité environnementale
L’OCDE appelle " fiscalité environnementale " les impôts, taxes et redevances dont
l'assiette est constituée par un polluant, ou plus généralement par un produit ou un service
qui détériore l'environnement ou qui se traduit par un prélèvement sur des ressources
naturelles renouvelables ou non renouvelables.
Aux côtés des politiques traditionnelles de réglementation ou de subventionnement
budgétaire, les politiques fiscales incitatives sont apparues comme un moyen efficace au
service de la préservation de l’environnement. Elles préservent en effet, la liberté de
décision des acteurs économiques et favorisent la prise en compte dans les décisions des
coûts et bénéfices induits pour l’économie et la société. D’un point de vue économique, la
fiscalité semble plus efficace que la réglementation. Les entreprises sont plus incitées à se
conformer aux normes et à internaliser le coût écologique dans leurs coûts de production.
Une écotaxe est une taxe qui, ayant comme assiette fiscale un produit lié à
l’environnement, a un impact sur le niveau d’utilisation des produits qu’elle vise et dès
lors, sur le niveau de protection de l’environnement. Un des avantages de l’écotaxe est
que son effet incitatif agit sur les décisions économiques tout au long du cycle du produit,
de la fabrication à la consommation. De plus, l’écotaxe a un effet incitateur également sur
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l’innovation. Les acteurs économiques sont incités à changer leurs méthodes de
consommation ou de production pour éviter de payer cette taxe. Par exemple, une taxe sur
les émissions de CO2 ou autres polluants atmosphériques incitera les industriels à investir
dans des technologies qui permettront de baisser leurs émissions.
La France connaît à la fois une dégradation importante de l’environnement et un fort
niveau de chômage. La dégradation de l’environnement est liée à une utilisation excessive
de ressources naturelles et de produits polluants, et à la pollution qui en découle. La
réforme environnementale de la fiscalité offre des opportunités considérables : protection
de l’environnement, financement des baisses de charges, baisse du coût du travail, axe
environnement-emploi …
Les pouvoirs publics ont crée un système de taxes et impôts (comme la taxe
générale sur les activités polluantes, TGAP) qui concrétise le principe de « pollueurpayeur » et son corollaire « qui dépollue est aidé ». Les collectivités et les entreprises qui
souhaitent s’équiper peuvent donc bénéficier d’aides, et des emplois se créent.
Par exemple, en matière d'utilisation rationnelle de l'énergie, des subsides peuvent être
octroyés pour des installations fonctionnant sur base d'énergie renouvelable (énergie
éolienne, biogaz, pompe-à-chaleur et énergie solaire) ou qui utilisent la technique de la
cogénération.
En France, les mesures fiscales liées à l’environnement existent depuis plusieurs
décennies, qu’il s’agisse des diverses taxes sur l’énergie et les transports, des redevances
dans le domaine de l’eau instituées par la loi sur l’eau de 1964, ou des taxes sur les
déchets et la pollution de l’air. Des taxes plus spécifiquement liées à un impact
environnemental on été créées en 2000 (sur les phosphates, granulats, phytosanitaires). En
2002, on dénombrait en France environ 40 taxes ou redevances et presque autant de
mesures d’exonération fiscale, favorables à l’environnement.
Une étude faite par le département économie de l’Université de Bath (Royaume-Uni)
à la demande de la Direction générale environnement de la Commission européenne, a
démontré que l’utilisation de taxes sur l’énergie en remplacement de taxes sur le travail
augmente le niveau d’emploi. Les auteurs proposent une approche méthodologique par
une modélisation « ascendante » afin de calculer les effets potentiels d’une proposition de
directive de la Commission européenne concernant la taxation des produits énergétiques.
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Pour la France, la réduction serait de plus de 430 000 tonnes de carbone, avec 6000
emplois créés, et 24 000 dans le cas d’une taxe utilisée pour réduire le coût du travail.
¾ la demande sociale
Les consommateurs sont aujourd'hui sensibles aux arguments de vente qui mettent en
avant les qualités environnementales ou de santé d'un produit. Un engagement
environnemental pour une meilleure protection de l'environnement est ainsi perçu de plus
en plus souvent par les entreprises qui sont au contact direct avec leurs clients comme une
opportunité de se distinguer de leurs concurrents et d'améliorer leur image de marque. Elle
s’exprime par exemple dans des produits plus respectueux de l’environnement, mais
également dans des espaces naturels protégés et gérés ou une diminution des nuisances
(bruit, pollution de l’air, etc.). Ceci développe des emplois dans les administrations, les
collectivités locales et les entreprises qui s’attachent à répondre aux souhaits du public et
des clients.
¾ la certification ISO 14 001
La norme ISO 14001, publiée en 1996, est une norme internationale qui s'applique à tous
les types d'organisations (entreprises industrielles, de services, etc.), quelles que soient
leurs tailles et leurs activités. Elle est fondée sur une approche connue sous le nom de roue
de Deming et qui peut être résumée de la façon suivante : Plan (planification des
objectifs), Do (mise en œuvre), Check (vérifier), Act (revue de direction). Le concept de
base de la norme ISO 14001 repose sur l'amélioration continue des performances
environnementales, même si elle n'établit pas d'exigences en matière de niveau des
performances.
Une étude intitulée « l’influence du système de management environnemental certifié ISO
14001 sur la politique et la vie sociale de l’entreprise » réalisée par l’ADEME et le
Cabinet Paul de Backer en 1998-1999 met en avant les résultats d’une enquête effectuée
auprès d’entreprises certifiées ISO 14001 à cette période-là. Il apparaît que la mise en
place d’une telle norme nécessite la création de postes supplémentaires et notamment de
celui de responsable environnement, que ce soit par embauche ou reconversion interne.
Une estimation a également été faite quant à l’évolution de la demande en cadres
environnement internes dans l’industrie sous l’hypothèse d’une évolution linéaire du
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nombre de certifications ISO 14001 entre 2000 et 2005. En chiffres arrondis, il y aurait un
besoin de jeunes cadres ingénieurs et spécialistes SME (système de management
environnemental) d’environ 3000 postes, sachant que pour presque trois quarts de ceux-ci,
il s’agirait d’une responsabilité à partager avec celles de la sécurité, de l’hygiène et/ou la
qualité. De plus, l’impact social de l’implantation du management environnemental dans
l’entreprise ne se limite pas à l’enceinte des sites certifiés. L’externalisation des services
considérés comme peu reliés au cœur de l’activité des entreprises, crée des emplois dans
les sociétés de services qu’il faut également comptabilisés.
Cette section est venue confirmer les premières impressions que nous avions en
débutant l’étude, à savoir que l’environnement n’était pas aussi créateur d’emplois que ce
que les revues et magazines spécialisés en orientation professionnelle laissaient penser. En
effet, l’activité environnementale est certes en développement mais les entreprises
réussissent bien souvent à présenter de meilleures performances environnementales en
modifiant simplement leur comportement. L’entreprise tout comme l’individu ont la
possibilité de produire plus propre en intégrant le concept d’environnement, dans la
mesure où ils prennent en considération tous les effets induits par une activité et son
impact sur le milieu.
Il est vrai que la réglementation et la fiscalité agissent comme des leviers favorables à la
création d’emplois puisqu’elles présentent un caractère obligatoire et répressif.
Néanmoins, l’étude révèle que ces nouveaux emplois sont fréquemment attribués à des
personnes déjà en poste au sein de l’entreprise, puisqu’ils nécessitent une certaine
connaissance de l’activité qu’un jeune diplômé ne maîtrise pas. Pour ce qui est de la mise
en place d’un programme de management environnemental, les cabinets d’études
impliqués dans ces démarches peuvent recruter quant à eux de jeunes diplômés de niveaux
I principalement.
L’essentiel des emplois environnementaux créés a jusqu’ici concerné le dispositif emplois
jeunes. Ces emplois restent précaires mais ont contribué à satisfaire des besoins
émergents, issus de la demande sociale essentiellement, et favoriser l’emploi des jeunes
en difficulté. La question de leur pérennisation est au cœur des débats et aura certainement
une influence importante à l’avenir sur le nombre de création d’emplois nécessaires en
remplacement des emplois jeunes.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
En termes de nouveaux métiers, l’assistance de plusieurs métiers émergents ou
récemment consolidés s’avère indispensable en ce qui concerne par exemple la
certification: formateur environnement, analyste d’impacts de projets, spécialiste en
commerce environnemental, etc. L’information délivrée auprès des jeunes concernant ces
nouveaux emplois s’avère très mince et ne reflète pas vraiment la réalité du secteur, ce qui
contribue à créer des tensions sur le marché de l’emploi. Il serait utile de faire connaître
ces nouveaux emplois alors qu’à l’heure actuelle, les structures compétentes
communiquent presque exclusivement sur les métiers phares du secteur de
l’environnement.
Nous verrons dans la suite du mémoire que les entretiens réalisés dans le cadre de l’étude
ont confirmé ces tendances.
Ces nouveaux emplois sont-ils à l’origine de nouveaux métiers ou font-ils appel à des
savoir-faire existants, telle est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans le
paragraphe suivant.
1.2
Métier, qualification et compétence : des notions qui évoluent
L’analyse bibliographique relative aux métiers de l’environnement menée montre
que le terme « nouveau » est fréquemment associé à celui de « métier ». Il nous est alors
paru nécessaire d’expliciter ce qu’est un métier, notion complexe à ne pas confondre avec
l’emploi.
1.2.1 Métier et logiques professionnelles
Un métier (de ministerium, service) se caractérise par une spécificité
professionnelle exigeant une formation, de l’expérience et entrant dans un cadre légal
d’application (Petit Larousse 2003).
Cette notion transversale à plusieurs emplois d’une même famille correspond à un corpus
cohérent articulant des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être faisant appel à un ou
plusieurs domaines structurés de connaissances et nécessaires à l’exercice de ces emplois.
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Un métier évolue en fonction du développement des sciences et des techniques, des
transformations de l’environnement (économique, social, culturel…). Un même métier
peut donc s’exercer en changeant d’emploi et en changeant d’entreprise.
Les innovations technologiques et organisationnelles transforment les logiques de
métiers préexistantes. Sur la question de l’émergence de nouveaux métiers, le
Commissariat Général du Plan1 (CGP) répond « les métiers totalement nouveaux sont
rares ». En effet, lorsqu’apparaît une nouvelle profession, elle naît le plus souvent de
« l’hybridation de compétences » relevant de champs professionnels initialement distincts.
Les « vieux » métiers résistent dans leurs identités à l’arrivée des nouveaux outils, ils
modifient certes les pratiques professionnelles mais ne disqualifient pas nécessairement
les savoirs de base du métier.
L’élargissement des compétences requises pour l’exercice d’un métier nécessite de
nouveaux concepts, de nouvelles qualifications. C’est pourquoi l’opposition entre
« anciens » et « nouveaux » métiers est réductrice. Au concept de « nouveaux métiers », le
LENTIC (Laboratoire d’Etudes sur les Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication, l’innovation et le changement, de l’Université de Liège) propose de
substituer celui de « nouvelles logiques professionnelles », entendues comme nouvelles
combinaisons de connaissances, de compétences exprimant de nouveaux rapports à
l’organisation et au marché du travail.
Dans la même optique, B. Cart et M. Lecoutre, «Nouveaux métiers, emplois de
demain, vieilles questions ? » soulignent que l’emploi d’expressions telles que « emplois
nouveaux » ou « métiers nouveaux » indiquent des domaines dans lesquels il peut y avoir
des transformations en cours plutôt que de véritables nouveautés. Les métiers
radicalement nouveaux n’existeraient donc pas.
De plus, comme le présente F. Piotet, «Nouveaux métiers, le grand malentendu » in Projet
n°259, septembre 1999, le nom de métier a une importance symbolique source de
reconnaissance et de valeur sociale pour l’individu. La désignation n’est alors pas anodine
et les emplois-jeunes de l’environnement en sont un bon exemple. De réels efforts
d’innovation sémantique ont été réalisés et nous retrouvons ainsi des intitulés
complètement inédits mais pas nécessairement caractéristiques du contenu du poste
correspondant : à savoir l’ambassadeur du tri (chargé d’optimiser la collecte sélective des
1
Commissariat Général du Plan, « Avenirs des métiers », rapport du groupe « Prospective des métiers et
qualifications », novembre 2002
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
déchets en favorisant l’adhésion de la population), l’agent d’amélioration du cadre de vie
urbain (chargé d’entretenir le mobilier urbain extérieur)...
Il est également possible de repérer derrière un nouveau métier un ancien toujours
présent : ainsi, l’éboueur est devenu ripeur. Le contenu a d’ailleurs dans ce cas moins
évolué que l’intitulé.
Dés le XVIIe siècle, des fermiers étaient affectés dans les grandes villes au
nettoiement de la voie publique et au déblayage des ordures. A la fin du XIXe siècle,
l’éboueur existe : il charge sur son tombereau les immondices de la ville, qu’elles soient
balayées à même la voie publique ou récupérées dans des sceaux à couvercle appelés
poubelles. Au départ, l’éboueur est donc un fermier, un habitant de la campagne qui vient
débarrasser les habitants de la ville de leurs déchets.
En intégrant le nettoyage urbain dans un grand secteur qui devient celui de la propreté, il a
paru nécessaire de changer l’appellation professionnelle de ceux qui y travaillent. C’est
ainsi que l’éboueur est devenu ripeur, tandis que le balayeur devenait technicien de
surface. En effet, il fallait pour modifier à la fois le recrutement et l’image du métier
changer un mot à trop forte connotation péjorative.
En outre, le mot de « ripeur » présente un double intérêt. En premier lieu, il n’appartient
pas au vocabulaire de la gestion des déchets, il fait donc disparaître le contenu (les
ordures) au profit de la manipulation du contenant. En second lieu, le verbe « riper » a
disparu du vocabulaire courant dés le XVIIe siècle pour passer exclusivement à une
acception technique. Non seulement, il fait oublier la gadoue mais il met en avant une
technique particulière, réservée aux initiés. C’est ainsi que désormais, le ripeur fait un
travail techniquement élaboré et quasiment propre.
Les évolutions techniques, les contextes changeants font que la question des
métiers nouveaux est sans fin. Le changement fait partie intégrante de l’activité
économique et donc de l’emploi. Ainsi, nous préférerons l’utilisation de l’expression
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« nouvelles logiques professionnelles » préconisées par le LENTIC à celle de « nouveau
métier » puisque plus à même de transcrire ces contextes professionnels en évolution.
Par conséquent lorsqu’il s’agit d’étudier les métiers de l’environnement dits
« nouveaux », l’intérêt de la question est de percevoir si ce métier est issu de savoirs de
base en évolution, auquel cas l’expression de « nouvelles logiques professionnelles » est
plus adéquate, ou s’il est réellement né de la création de nouveaux savoir-faire en réponse
à une demande nouvelle. Nous verrons en effet par la suite que les nouveaux métiers de
l’environnement ne sont pas aussi répandus que le laisse penser la littérature.
Le rôle de l’appareil de formation est considérable pour contribuer à
professionnaliser une activité naissante. Cela peut cependant aboutir à une sorte de
paradoxe : la création d’un nouveau diplôme peut tout à fait assurer la reconnaissance
d’un nouveau métier mais aller à l’encontre de l’objectif de professionnalisation des
individus concernés en élevant une barrière à l’entrée dans le métier. Cela peut être le cas
de certains emplois-jeunes en environnement détenus par des personnes peu ou pas
qualifiées qui pourraient s’en voir exclues par l’instauration d’un diplôme dont les
modalités d’obtention leur en réduiraient l’accès.
La notion de métier est indissociable d’autres notions telles que celles de qualification et
de compétence, indispensables à une bonne compréhension du contenu du poste
correspondant.
1.2.2 L’approche par les compétences plus adaptée à un secteur en évolution
L’exercice d’un métier implique l’obtention de qualifications issues du système de
formation ainsi que la maîtrise de certaines compétences acquises au travers de la
formation et de l’expérience professionnelle. En privilégiant l’expression de nouvelles
logiques professionnelles dans l’analyse des métiers de l’environnement, nous pouvons
faire l’hypothèse que l’évolution du secteur se base essentiellement sur l’évolution des
compétences requises.
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Le terme de qualification est attaché au modèle social des « trente glorieuses »
caractérisé par le développement de grandes firmes industrielles, une organisation
taylorienne du travail, un management centralisateur, des négociations salariales au
sommet, une gestion de la main-d’œuvre par l’ancienneté et un syndicalisme fort.
Le processus de qualification consiste en fait à mettre en rapport deux catégories de
qualité : celles qui sont acquises par les individus (par le biais de la formation et de
l’expérience) et celles qui sont requises par les postes de travail (en fonction de la division
sociale et technique du travail). La codification de qualifications repose sur une dimension
collective (on est qualifié par rapport à d’autres) et véhicule l’idée de gradation.
La compétence, quant à elle, se compose d’acquis structurés grâce à l’expérience
professionnelle, de savoirs, de conduites-types, et d’acquis mobilisables par la personne
pour réaliser une famille de tâches. Elle s’apprécie en situation d’activité professionnelle.
Les compétences requises pour une activité sont composées par l’articulation de savoirs
de différents ordres : les compétences professionnelles qui mobilisent différents types de
savoirs techniques et de savoirs d’expérience, les compétences techniques qui intègrent
des savoirs de la technologie et de la science, des compétences polyfonctionnelles
définissant la capacité à intervenir sur des activités à finalité différenciée (contrôle,
maintenance, environnement).
Les compétences semblent mettre l’accent plus sur le mérite personnel que sur un objectif
collectif.
Aujourd’hui, nous pouvons constater une absence de consensus sur la définition des
compétences.
Dans « Objectif compétence- Pour une nouvelle logique », 1999, Editions Liaisons, le
sociologue Philippe Zarifian souligne que le modèle taylorien1 subit aujourd’hui de
profondes mutations et il analyse les mutations de l’activité de travail à l’aide de trois
notions :
-
les événements
-
la communication
-
le service
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L’automatisation des gestes répétitifs dans l’industrie amène les entreprises à attacher un
prix tout particulier à la capacité des travailleurs à faire face à des événements non prévus
et en général non prévisibles. La qualité des diverses communications à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’entreprise devient essentielle à sa bonne marche. Enfin, l’entreprise
moderne apparaît comme génératrice de service, même lorsqu’elle produit des objets.
L’importance de la compétence émerge en même temps que l’importance de ces trois
notions. En résumé, la compétence est liée à l’aptitude du travailleur à faire face aux
événements, à communiquer et à comprendre la nature des services que l’entreprise à
laquelle il appartient rend à ses clients.
Le MEDEF (Mouvement des entrepreneurs de France) définit classiquement la
compétence professionnelle comme « une combinaison de connaissances, de savoir-faire,
expériences et comportement s’exerçant dans un contexte précis. Elle se constate lors de
sa mise en œuvre en situation professionnelle, à partir de laquelle elle est validable. C’est
donc à l’entreprise qu’il appartient de la repérer, de l’évaluer, de la valider et de la faire
évoluer.»
La position de Zarifian2 est telle que:
-
« la compétence est la prise d’initiative et de responsabilité de l’individu sur des
situations professionnelles auxquelles il est confronté » ;
- « la compétence est une intelligence pratique des situations qui s’appuie sur des
connaissances acquises et les transforme avec d’autant plus de force que la diversité des
situations augmente » ;
- « la compétence est la faculté à mobiliser des réseaux d’acteurs autour des mêmes
situations, à partager des enjeux, à assumer des domaines de co-responsabilité ».
En rapprochant les deux termes, celui de qualification renvoie à une représentation
collective permettant d’identifier un groupe d’individus mais également de servir de
repère pour un individu souhaitant appartenir à ce groupe. La notion de compétence
renvoie davantage à une dimension individualisée. Lorsqu’elle est utilisée pour désigner
1
L'organisation scientifique du travail (O.S.T.), notamment développée par Taylor au début du XXe siècle
repose sur un certain nombre de principes simples :
- La rationalisation du travail (travail parcellisé, mouvements imposés par le bureau des méthodes) ;
- La séparation nette des tâches d'exécution et des tâches intellectuelles ;
- Un système de salaires motivants (fonction de la quantité produite).
2
cf supra
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un autre concept que la performance, celle-ci se définit comme un ensemble des savoirfaire, des connaissances et des comportements mobilisés dans une action et adaptés aux
exigences d’une situation. La mise en œuvre de ces compétences n’est efficiente et
significative que du seul fait de l’individu qui les mobilise dans une organisation
déterminée. Ce concept se situe donc comme un élément fondamental de l’ensemble du
processus d’apprentissage et souvent l’indicateur principal de la désignation et de
l’attribution de la qualification.
Dans l’industrie, notamment pour les opérateurs et les techniciens, l’emprise du
cognitif et de l’informatif sur les systèmes de production rend quelque peu obsolète la
notion de qualification professionnelle et met au premier plan celle de compétence
personnelle. Inéluctablement le progrès technique modifie, en effet, les qualifications
requises par les nouveaux processus de production. Aux tâches purement physiques se
substituent des tâches de production plus intellectuelles, plus mentales, telles que la
commande des machines, leur maintenance, leur surveillance, et des tâches de conception,
d’étude, d’organisation, à mesure que les machines deviennent elles-mêmes plus
« intelligentes » et que le travail se « dématérialise ». Cette hausse des exigences en
matière de qualification, à tous les niveaux, a plusieurs origines. En ce qui concerne le
personnel d’exécution, à la juxtaposition des tâches prescrites et du travail parcellisé se
substitue souvent une organisation en « collectifs de travail » ou « groupes de projet », à
l’exemple des pratiques des entreprises japonaises. D’autre part, à l’interchangeabilité des
salariés succède la personnalisation des tâches. Les employeurs substituent de plus en plus
à la demande d’une qualification, encore trop imprégnée à leurs yeux de l’idée de savoirfaire matériel, la demande d’une compétence qui se présente comme une sorte de cocktail
propre à chaque individu, combinant la qualification au sens strict acquise par la
formation technique et professionnelle, le comportement social, l’aptitude au travail en
équipe, la faculté d’initiative, le goût du risque. Si l’on ajoute à ces nouvelles exigences la
demande d’un engagement personnel du travailleur, considéré comme acteur du
changement, il devient évident que des qualités très subjectives, innées ou acquises,
souvent dénommées « savoir-être » par les chefs d’entreprise, se mêlent aux savoirs et
savoir-faire pour composer la compétence requise. Parmi ces qualités, la capacité de
communiquer, de travailler avec les autres, de gérer et résoudre des conflits devient de
plus en plus importante. Cette tendance est amplifiée par le développement des activités
de services.
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Dans les années 1980, des changements importants surviennent dans le monde du
travail, parmi lesquels il faut évoquer la généralisation des technologies de l’information
et l’essor des politiques économiques néo-libérales. L’apparition des nouvelles
technologies implique la mise en valeur de compétences « nouvelles », dans le sens où
elles n’étaient pas codifiées dans le système industriel de qualification. C’est ainsi que
l’on assiste, pendant la seconde moitié de la décennie 1980 dans le domaine de la
recherche, à des tentatives de redéfinition du travail en termes de « compétences
mobilisées ». Le terme renvoie à trois catégories de savoirs : les savoirs au sens strict du
terme, les savoir-faire et les savoir-être.
Aujourd’hui, le monde de l’entreprise connaît des bouleversements dont les grandes
tendances sont la globalisation rapide de l’économie et de la concurrence et le
développement de nouvelles technologies, dont celles de l’information et de la
communication. Les entreprises se recentrent sur leur cœur de métier, de nouveaux
concepts dans la stratégie d’entreprise apparaissent : qualité, développement durable. Le
poids de la réglementation et des contrôles s’accroît, comme c’est le cas dans
l’environnement et le client devient de plus en plus exigeant.
Ces évolutions engendrent pour les ressources en hommes des entreprises de nouveaux
besoins qualitatifs. Or, en matière d’environnement, les compétences restent difficiles à
identifier. L’individu devra à la fois posséder des compétences techniques se rapportant
aux champs de connaissances nécessaires à l’exécution de certaines tâches, et des
compétences non techniques, importantes dans la mesure où elles permettent le
développement personnel et professionnel de l’employé. Ainsi, la réactivité rapide du
personnel est essentielle pour répondre aux exigences de la clientèle. Il doit comprendre et
maîtriser les nouvelles technologies de l’information et de la communication, être apte à
travailler en équipe pluridisciplinaire et la polyvalence devient une obligation. La mobilité
des emplois et l’internationalisation du personnel est également importante puisque les
individus peuvent être amenés à travailler dans des environnements pluri-culturels et de
nationalités variées. Les besoins de compétences techniques dans l’environnement
concernent plutôt l’évaluation des risques environnementaux, la familiarité avec les
systèmes de certification, la connaissances de la réglementation, etc.
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Dans le paragraphe précédent, nous constations que les métiers nouveaux de
l’environnement sont rares. Les savoirs de base ont évolué au rythme du changement
technique et de l’organisation du travail mais n’ont pas radicalement changé. Une
approche par les compétences laisse alors penser qu’il serait plus aisé de répondre aux
besoins d’un secteur en évolution. En effet, les individus se sont adaptés aux mutations du
travail plus qu’ils n’ont été formés à celles-ci, ils ont su mobilisés leurs compétences afin
de répondre à une demande nouvelle. Par là même, l’analyse des compétences nécessaires
à l’exercice du métier rendrait plus cohérent le choix du contenu de telle ou telle
formation puisqu’il s’appuierait sur un besoin réel. Par ailleurs, sur le total des emplois
environnementaux, une partie seulement concerne des postes requérant une véritable
qualification environnementale. L’environnement n’est pas un secteur figé, il évolue au
gré de la réglementation et du contexte économique. Par conséquent, les métiers qui le
composent doivent avant tout être flexibles et réactifs, qualités qui relèvent avant tout de
la compétence. Le rôle de la qualification ne doit pas être pour autant diminué puisque la
mise en place de filières de formation contribue à la reconnaissance d’un métier nouveau.
Ces compétences nouvelles mobilisées ont permis de définir en partie de nouveaux
métiers. En effet, des activités exercées autrefois en marge d’une activité principale ont
connu un important développement au point de constituer aujourd’hui une activité
principale. C’est le cas par exemple des métiers du conseil qui délivraient à leurs clients
des conseils supplémentaires en environnement et qui ont vu cette partie de leur activité
croître jusqu’à en devenir un métier nouveau: l’éco-conseil.
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Conclusion de la première partie
Le concept d’environnement, plus fin que celui de développement durable, se prête
à toutes les interprétations. Nous avons donc privilégié aux définitions classiques la
définition du secteur par l’activité environnementale. Celle du Ministère chargé de
l’environnement nous a semblé plus appropriée à l’analyse des métiers de
l’environnement puisqu’elle permet de suivre une classification officielle des activités.
Ces activités sont-elles génératrices d’emploi ? L’environnement ne génère que peu
d’emplois en entreprises, l’essentiel étant des emplois jeunes recrutés par les collectivités
et associations. La majorité des emplois suivent l’évolution de la réglementation, qui
détermine en grande partie les besoins en recrutement. Ces emplois ne constituent que peu
de nouveaux métiers, ce sont surtout des savoir-faire de base qui ont été redéployés en
fonction du contexte économique et législatif. Nous retiendrons alors la nécessité
d’analyser ces métiers par les compétences qu’ils mobilisent pour déterminer leur
caractère nouveau ou non.
Le terme de nouveau est dans la plupart des cas utilisé à tort et peut accentuer les
représentations fausses que les jeunes diplômés se font du secteur de l’environnement. Le
Ministère chargé de l’environnement a, à ce sujet, le mérite de s’être interrogé puisqu’il
parle lui-même de métiers reprofilés plutôt que de nouveaux métiers.
Cette partie nous donne une première idée de l’évolution connue par les métiers de
l’environnement, celle-ci doit être néanmoins confirmée au regard d’une analyse plus
précise.
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DEUXIEME PARTIE
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2. Les métiers de l’environnement : émergence de
nouveaux métiers ou évolution vers de nouvelles
logiques professionnelles ?
Afin de repérer les métiers de l’environnement et leurs caractéristiques, nous
avons étudié l’emploi environnemental selon différentes sources. L’objectif était de
délimiter les frontières du secteur et d’analyser les emplois proposés.
2.1.
L’emploi environnemental : plusieurs approches possibles
L’environnement ne constitue pas un secteur économique figé, regroupant des
activités déterminées, et repérable dans l’économie au même titre que l’agriculture ou le
bâtiment, mais s’intègre dans la plupart des branches d’activités. A l’heure actuelle, le
« noyau central » des activités environnementales est constitué de ce qui est appelé les
éco-industries. Ces industries regroupent l’ensemble des activités qui produisent des biens
et des services destinés à mesurer, prévenir, limiter ou corriger les atteintes à
l’environnement. L’institut français de l’environnement (IFEN) considérait en 2002 que
ces industries employaient en France environ 309 000 personnes, soit 1,6% de l’emploi
salarié.
Selon l’approche retenue pour définir le domaine de l’environnement, le nombre
d’emplois directs ou indirects est susceptible de varier de manière significative. Les
emplois environnementaux directs se situent dans les activités assurant directement la
protection de l’environnement. Les emplois environnementaux indirects correspondent
quant à eux à des emplois, industriels ou de services exercés dans des firmes qui
fournissent en biens et services les firmes directement engagées dans l’activité
environnementale.
Pour illustration, le champ de la gestion des déchets englobe une multitude d’activités qui
s’exercent au sein de familles extrêmement diverses de déchets et d’employeurs. Le cercle
des activités directes ou indirectes liées à la gestion des déchets facilite la visualisation de
cette tendance.
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Source ADAGE environnement, 2001
Le champ de l’environnement n’étant pas clairement défini, quels éléments
pouvons nous prendre en compte pour déterminer les emplois qui s’y rapportent ?
Une entrée par compétences, approche retenue dès la première partie, permet
d’identifier l’appartenance ou non d’un métier à l’environnement ; il s’agit de répondre à
la question : l’individu doit-il mettre en œuvre des compétences particulières ou
spécifiques à l’environnement pour occuper un poste ?
D’autres approches permettent de compléter celle de la compétence notamment
celles établies à partir des nomenclatures ou des fiches métiers (ONISEP, CIDJ) de
l’environnement.
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1.2.3 Approche à partir des nomenclatures : des classifications incomplètes
Par métiers environnementaux, la Commission des comptes et de l’économie de
l’environnement1 entend des métiers en lien direct avec l’environnement. Peu de métiers
relatifs à l’environnement sont identifiés dans les nomenclatures. Ils sont repérés tels
qu’ils sont décrits par les actifs occupés dans les enquêtes de ménages (enquête emploi de
l’INSEE) ou par les enquêtes menées auprès des recruteurs (sources ANPE et APEC).
Les enquêtes et le recensement de la population (INSEE) permettent une étude des
métiers environnementaux tels qu’ils sont définis par les personnes exerçant une activité
professionnelle. Une liste de 257 appellations correspondants à des professions de
l’environnement ou à des mots-clés s’y rapportant a ainsi été dressée. Elle a donné lieu à
des extractions des fichiers de l’enquête Emploi et du test 1997 du Recensement Général
de la Population de l’INSEE, et à leur analyse (étude de l’IFEN).
Ainsi,
dans
la
nouvelle
nomenclature
des
Professions
et
des
Catégories
Socioprofessionnelles (PCS 2003) qui remplace la PCS en vigueur depuis 1982, des
métiers de l’environnement sont mieux repérés mais les données correspondantes n’ont
pas encore été recueillies. Il est tout de même possible de parler désormais d’un « secteur
de l’environnement ».
La rénovation de la PCS, faite par l’INSEE en collaboration avec l’IFEN, a consisté en
partie à éclater des professions afin de tenir compte de l’apparition de nouveaux
emplois/métiers dans l’environnement entre autres :
Code PCS Intitulé des codes PCS 2003
Ingénieurs
3876
« ingénieurs et cadres de l’environnement »
Techniciens
4774
« techniciens de l’environnement et du traitement des
pollutions »
1
Créée par le décret 98-623 du 21 juillet 1998 ( J.O. du 23.07.98 ), la Commission des Comptes et de
l’Economie de l’Environnement (CCEE) a pour mission d’assurer le rassemblement, l’analyse et la
publication de données économiques décrivant :
- les activités concourant à la protection et à la mise en valeur de l’environnement ;
- les impacts sur l’environnement des activités des différents secteurs économiques ;
- les ressources et le patrimoine naturel.
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Gardiens de l’Etat
5332
« agents techniques forestiers, gardes des espaces naturels »
Ouvriers qualifiés
6285
« ouvriers qualifiés de l’assainissement et du traitement des
déchets »
Conducteurs
6441
« conducteurs de véhicules de ramassage des ordures
ménagères »
Ouvriers non qualifiés
6842
« ouvriers non qualifiés de l’assainissement et du traitement
des déchets »
Source : PCS, INSEE, version 2003
Les données une fois recueillies, courant 2004, devraient faciliter l’analyse du
secteur de l’environnement et de ces métiers. Toutefois, notre étude n’a pas pu en
bénéficier et nous n’avons pas souhaité utiliser l’ancienne version de la PCS qui niait
l’existence d’un secteur lié à l’environnement. Les intitulés de professions ne précisaient
pas si elles relevaient de l’environnement, ces professions transversales faisaient donc
l’objet de données globales quel que soit leur secteur d’activité. Ces données ne pouvant
pas être isolées les unes des autres, nous ne les avons pas traitées. A titre d’illustration,
dans l’ancienne version de la PCS, les ingénieurs et cadres de l’environnement étaient
comptabilisés dans la catégorie « ingénieurs et cadres techniques d’entreprises ».
Ingénieurs
Code PCS
Intitulé des codes PCS 1994
38
« ingénieurs et cadres techniques d’entreprises »
Cette catégorie relativement large comprend aussi bien des ingénieurs de recherche que
des cadres technico-commerciaux, tous secteurs d’activité confondus.
La nomenclature ROME (Répertoire opérationnel des métiers et des emplois) de
l’ANPE compte
466 « emplois/métiers » dont quatre postes ont été repérés comme
touchant directement l’environnement. Ils recouvrent de fait chacun un ensemble de
métiers et professions :
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Intitulé du code ROME
Code ROME
Agent de traitements dépolluants
45414
Technicien en environnement des industries de process
52234
Cadre technique de l’environnement
53131
Chargé de la protection du patrimoine naturel
61114
Le ROME ne regroupe donc pas encore au sein de codes spécifiques l’ensemble
des métiers liés à l’environnement, et notamment ceux touchant indirectement ce
domaine. Le cas du goûteur d’eau, métier pourtant à forte compétence environnementale,
est caractéristique puisque celui-ci appartient au code ROME « testeur sensoriel » non
considéré comme un métier de l’environnement. D’autres métiers tels que technicien de
rivière, agent de la qualité de l’air ou encore économe du flux sont eux, absents du
ROME. Par conséquent, bien que les données ANPE relatives aux différents codes
existent, nous ne pouvons pas analyser l’ensemble du marché du travail de
l’environnement.
De même, l’outil statistique ARGOS1 mis en place et utilisé au CarifOref MidiPyrénées se base sur une nomenclature des Groupes Formation Emploi (GFE) construite
sur les grands corps de savoirs. Le premier principe d’ARGOS, le fondement de la
méthode, c’est la mise en perspective, le rapprochement d’informations quantitatives et
qualitatives sur les systèmes de formation, d’emploi, et le fonctionnement du marché du
travail au sein de l’espace régional, en vue d’une analyse simultanée et d’un interprétation
d’ensemble. L’ensemble des savoirs est découpé selon 22 GFE autour de la vingtaine de
grands corps de savoirs technologiques traditionnels :
1
ARGOS : Analyse Régionale pour les Grandes Orientations du Schéma des formations
ARGOS est un outil d’aide à la décision dans le domaine de la relation formation emploi , présent dans
plusieurs régions françaises. La réalisation de l’outil ARGOS a été confiée au CarifOref Midi-Pyrénées. Les
partenaires impliqués dans sa production en Midi-Pyrénées sont sollicités par le CarifOref, avec l’appui de
Guy Ourliac, concepteur de l’outil, afin de mobiliser les sources d’information produites ou gérées au
niveau régional. Les données collectées sont traitées et codées en Groupes Formation Emploi (GFE) afin
d’être affectés dans une planche ARGOS. Les travaux menés tout au long de la démarche ARGOS
permettent alors de déboucher sur un état des lieux technique qui contribuera à l’élaboration des grandes
orientations régionales en matière d’éducation, de formation et d’insertion professionnelle.
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N° GFE
Intitulé du GFE
01
Agriculture
02
Pêche, mer
03
Bâtiment gros œuvre, génie civil, extraction
04
Bâtiment : équipements et finitions
05
Structures métalliques, travail des métaux, fonderie
06
Mécanique, automatismes
07
Electricité, électrotechnique, électronique
08
Travail des matériaux, industries de process, laboratoire
09
Production alimentaire, cuisine
10
Textile, habillement, cuir
11
Travail du bois
12
Industries graphiques
13
Transports, conduite, manutention, magasinage
14
Tertiaire de bureau, tertiaire spécialisé
15
Commerce et distribution
16
Paramédical, travail social, soins personnels
17
Hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs
18
Nettoyage, assainissement, environnement, sécurité
19
Techniques de la communication, média
20
Arts appliqués, spectacles
21
Formations générales, généralistes, développement personnel
22
Formations d’aide à l’insertion sociale et professionnelle
Source : ARGOS
Cette nomenclature n’est pas suffisante dans certains cas et en particulier pour
l’analyse de la relation emploi-formation dans le secteur de l’environnement. Les emplois
sont des constructions sociales complexes, hétérogènes, évolutives et ceci notamment
dans ce secteur. Le GFE 18 regroupe, en plus d’activités liées à l’environnement, les
activités nettoyage et sécurité. Il faut savoir que les données recueillies concernant ce
GFE ont été traitées conjointement, faisant parfois l’objet d’indicateurs communs. Il peut
alors être difficile d’isoler les seules données pouvant nous intéresser.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
En outre, le détail des activités assainissement et environnement comprend l’enlèvement
des ordures ménagères, l’assainissement, le traitement des eaux et des déchets industriels.
Le secteur environnement est donc ici très restreint et ne permet pas d’avoir une vue
d’ensemble sur les métiers de l’environnement présents en Midi-Pyrénées.
L’APEC, de son côté, identifie des métiers de « cadres environnement » qui
répondent à cinq types de missions fondamentales :
-
la prévention et la réduction des pollutions et des risques
-
l’aménagement durable des territoires et des cadres de vie de qualité
-
le suivi et la prévention des effets sur la santé de la qualité de l’environnement
-
la protection et la gestion de la nature et des milieux
-
la sensibilisation et la modification des comportements
Au regard de ces nomenclatures, nous pouvons nous apercevoir qu’aucune d’entre
elles n’est exhaustive. Les emplois indirects de l’environnement sont quasiment absents
des classifications alors que leur développement est considérable. Les rénovations ont
certes amené des précisions au niveau des intitulés mais ne sont pas suffisantes. L’outil
ARGOS doit à ce titre être actualisé afin de tenir compte de l’existence d’un secteur de
l’environnement.
1.2.4 Approche à partir des fiches métiers : de nombreux métiers non
renseignés
Face à la difficulté de cibler les métiers liés à l’environnement, nous avons
consulté les fiches métiers dont l’intérêt est de renseigner les personnes à la recherche
d’information et d’aide à l’orientation. Ces fiches (ONISEP, CIDJ) se limitent à un cadre
qualitatif et descriptif des métiers.
Selon le Ministère de l’écologie et du développement durable, tout métier de
l’environnement devrait avoir pour but de :
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
« protéger et gérer la nature et les milieux, tout en prévenant et réduisant les pollutions et
les risques, afin d’aménager harmonieusement et durablement les territoires et le cadre de
vie, notamment grâce à une sensibilisation et une modification des comportements ».
Cette définition reste très imprécise et ne met en avant aucun métier particulier.
L’Office National d’Information Sur les Enseignements et les Professions
(ONISEP), en réponse à sa mission d’information sur les enseignements et les
professions, a élaboré des fiches métiers classées par domaine d’activité. Le secteur
environnement a bien été pris en compte mais seuls quatre métiers sont présentés :
-
agent d’assainissement radioactif
-
urbaniste
-
ingénieur sanitaire
-
conseiller en environnement
En réalité, l’ONISEP présente sept fiches métiers qui pour trois d’entre elles contiennent
exactement les mêmes informations. En effet, les métiers de l’environnement ne font pas
l’objet d’intitulés stabilisés, c’est pourquoi nous avons été confrontés à des intitulés
différents pour caractériser un même poste (le chargé de mission environnement s’appelle
également animateur environnement selon la structure d’accueil). Néanmoins, l’ONISEP
se doit de fournir une information claire à son public et devrait donc actualiser ses fiches
métiers.
Par ailleurs, l’ONISEP a récemment publié un guide1 sur les métiers de
l’environnement qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur l’évolution du secteur.
Quelques métiers sont présentés en suivant une classification proche de celle retenue par
le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable :
-
protection et gestion des ressources naturelles
-
traitement des pollutions
-
aménagement et cadre de vie
Cette brochure a l’avantage, comparativement aux fiches métiers (ONISEP, CIDJ), de
présenter les métiers intégrant une compétence environnementale nouvelle (écoconseiller, juriste en environnement, etc.). Néanmoins, l’intérêt des fiches métiers est
1
« les métiers de la nature et de l’environnement », collection Parcours- ONISEP, mars 2003
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
d’établir un descriptif du métier et d’offrir une vision synthétique, d’où la nécessité pour
l’ONISEP d’étoffer son information sur un secteur qui offre un large choix de métiers.
Le Centre d’Information et de Documentation Jeunesse (CIDJ) réalise également
des dossiers sur les différents domaines d’activité. Les métiers de l’environnement ont fait
l’objet d’une présentation plus complète que celle des fiches métiers de l’ONISEP, ils ont
été divisés en métiers généralistes et spécialistes. Des métiers transverses à d’autres
secteurs d’activité apparaissent alors tels que le juriste spécialisé en droit de
l’environnement ou encore l’animateur en environnement.
Nous avons également eu l’occasion de naviguer sur des sites1 spécialisés dans
l’emploi en environnement. Ils offrent une palette importante de fiches métiers classées
généralement selon les domaines retenus par le Ministère chargé de l’environnement mais
certaines d’entre elles ne sont pas renseignées.
Nous retiendrons qu’une nomenclature est un outil qui ne peut pas toujours décrire
correctement une réalité complexe. De même, nous pouvons avancer l’idée selon laquelle
aucune source n’offre aujourd’hui un panorama complet des métiers de l’environnement.
En l’occurrence, l’absence de données statistiques régionales, la non prise en compte de
l’ensemble des métiers de l’environnement par les nomenclatures et les fiches métiers
nous amènent à retenir une approche par les compétences, qui loin d’être irréprochable
facilite néanmoins le choix de l’appartenance de tel ou tel métier à l’environnement.
1
Cf. bibliographie
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
2.2 Evolution des métiers et formations liés à l’environnement
Cette étude privilégie une vision large du secteur de l’environnement, ce qui nous
a permis d’analyser les nouvelles tendances de l’emploi. Ce cadrage ne justifierait donc
pas l’élaboration d’une liste de métiers qui n’apporterait aucune information pertinente.
C’est pourquoi, il semble plus approprié de présenter une classification des métiers qui
nous permettra de répondre à la question : quels sont les nouveaux métiers de
l’environnement ?
L’IFEN a défini les termes « emploi environnement » et « métier de
l’environnement » qu’il nous a paru utile de rappeler pour une bonne compréhension de
l’étude.
Emploi environnement : activité rétribuée située dans une entreprise ayant son activité
principale dans le domaine de l’environnement. Les qualifications demandées peuvent
être tout à fait éloignées du domaine de l’environnement (emplois administratifs,
techniques, commerciaux,…).
Métier/ Profession de l’environnement : activité rétribuée requérant une qualification
environnementale spécifique, acquise soit par une formation initiale ou continue, soit par
une expérience professionnelle significative. Cette activité peut se situer dans une
entreprise d’un secteur ne relevant pas directement de l’environnement. Alors que
l’emploi se situe sur le registre économique et social, les notions de métier et de
profession renvoient également au registre social, celui de la branche professionnelle mais
aussi celui de la reconnaissance par la population1.
1
Cf supra
45/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
2.2.1. Des métiers et emplois pour l’environnement à différencier
Les métiers et emplois pour l’environnement sont des activités professionnelles
(technique, ingénierie, communication, conseil,…) dont l’intention est de préserver et
d’améliorer la qualité de notre environnement. C’est donc l’ensemble des missions qui
visent à réduire les nuisances, les risques et les pollutions, à protéger et à gérer de façon
raisonnée les ressources et les espaces naturels, à améliorer le cadre de vie, à sensibiliser
les citoyens à la protection de l’environnement.
L’environnement ne regarde plus seulement les spécialistes de sciences de la nature :
écologues, botanistes, etc. Peu à peu, il doit devenir une préoccupation nouvelle et
incontournable de tous les acteurs économiques. L’environnement ne constitue pas un
secteur à part entière mais au contraire, tend à s’associer et à s’intégrer à tous les secteurs
économiques de notre société : agriculture, industrie, énergie, transport, aménagement du
territoire, urbanisme et construction, santé, etc. Cela apparaît comme une des conditions
nécessaires pour s’engager vers un développement durable de nos sociétés.
Sur le marché du travail, la DIFED1 (Dynamique Interuniversitaire de Formation sur
l’Environnement et le Développement) énonce quatre moyens de contribuer
professionnellement à la préservation de la qualité de l’environnement :
¾ les « métiers classiques de la nature »
Ce sont des métiers au contact direct avec la nature. Ils sont bien identifiés depuis des
décennies et parfois des siècles de par les tâches et les postes occupés. Les missions
concernent la gestion et la protection des espaces naturels.
Pour ces métiers, il existe des formations spécifiques répondant aux besoins de
compétences attendues par les employeurs.
Ex : garde-pêche, technicien forestier…
¾ les nouveaux métiers de l’environnement
Ils résultent d’une demande sociale en environnement croissante et d’une réglementation
environnementale nouvelle. Ces métiers nécessitent le plus souvent des qualifications de
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
niveau supérieur au BAC et des compétences diversifiées pour aborder des problèmes
environnementaux dans leur globalité, les diplômes sont reconnus ou en cours de
reconnaissance. Certains de ces professionnels de l’environnement sont regroupés en
association afin de promouvoir leur métier (Association Française des Ingénieurs
Ecologues, ECO-CONSEIL,…).
Ex : ingénieur écologue, éco-conseiller, rudologue…
¾ les nouveaux emplois pour l’environnement
Ils correspondent à des « embryons » de nouveaux métiers à la recherche encore d’une
identité professionnelle. Ce sont des professions mal définies qui émergent au cas par cas,
selon les problèmes environnementaux locaux et le niveau de prise de conscience par les
acteurs économiques. C’est une sorte de mise à l’épreuve de l’utilité et de la solvabilité
d’une activité nouvelle. Ces emplois se construisent et prennent forme au fur et à mesure
qu’ils répondent à une demande jusque là inexprimée. Le cas des emplois-jeunes2 illustre
parfaitement cette tendance. Ce sont de nouveaux emplois dont le but est de satisfaire des
besoins émergents ou insatisfaits suite à de nouvelles habitudes, de nouveaux
comportements et une réglementation changeante.
Ex : animateur de tri, informateur-relais environnement…
¾ les emplois intégrant une compétence « environnementale » nouvelle
les professionnels des divers secteurs d’activités économiques (industrie, agriculture,…)
intègrent de plus en plus dans leur activité les préoccupations environnementales, soit par
souci écologique, soit par souci « d’image » mais le plus souvent par contrainte juridique.
Cela peut se traduire par la création d’un service ou département « environnement »
spécifique au sein de l’entreprise, de l’industrie.
Ainsi, des métiers existants s’ouvrent peu à peu aux nouvelles exigences
environnementales. Bon nombre d’activités traditionnelles sont pratiquées avec un nouvel
état d’esprit et une autre vision de leur filière, d’où un élargissement du champ d’action et
l’intégration de nouvelles compétences environnementales
Ex :
juriste en droit de l’environnement, architecte spécialisé en bioclimatique,
technicien en énergies renouvelables…
1
2
Association DIFED, Université Montpellier II, Jérôme Valina, 1999
l’historique du dispositif emplois jeunes sera rappeler dans la section 3.2.1
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Ce dernier type d’emploi constitue sans doute un réservoir d’emplois important. Il
concernera des diplômés spécialisés dans une filière (chimie, agronomie, droit,
aménagement, construction...) ayant acquis une compétence environnementale nouvelle
lors d’un module ou d’une année de spécialisation.
Cette classification a l’avantage de présenter les différents types de métiers de
façon claire et construite, elle resitue correctement l’essentiel des informations recueillies
dans la littérature. L’évolution connue par le secteur apparaît et les métiers nouveaux sont
bien identifiés.
Les métiers nouveaux répondent essentiellement à trois critères. Il doit y avoir
création de savoir-faire et non réadaptation de pratiques anciennes, l’identité
professionnelle doit être forte et la formation doit déboucher sur des diplômes reconnus.
En dehors de ces critères, nous parlerons plutôt de nouvelles logiques professionnelles.
Si l’on s’attache à une approche purement sémantique, on peut dire qu’il y a peu
de nouveaux métiers proprement dit. En dehors de certains secteurs en développement liés
à la recherche, comme la rudologie, ou la gestion globale de l’environnement, comme le
conseil en environnement, les métiers de l’environnement sont surtout des métiers
classiques dont on a redéfini une part des fonctions ou intégré une option environnement.
Autrement dit, un grand nombre de métiers classiques peuvent se transformer en métiers
de l’environnement dans la mesure où ils prennent en considération tous les effets induits
par une activité et son impact sur le milieu. Par conséquent, dire que les emplois jeunes de
l’environnement sont de nouveaux métiers revient à ne pas tenir compte du fait qu’il
n’existe pas encore de formations et donc de réelle reconnaissance professionnelle. Ce
sont avant tout des activités récentes mises en place, certes pour répondre à une demande,
mais dont on ne connaît pas l’issue de façon certaine.
Au regard de la difficulté à délimiter le secteur de l’environnement, nous ne
tenterons pas de réaliser un inventaire des métiers puisqu’il ne refléterait pas la
complexité des réponses possibles. Une approche par filière, par exemple la filière
déchets, ou plus sectorielle permettrait une analyse plus fine des classifications mais ne
serait également qu’une réponse parmi d’autres.
Nous prendrons l’exemple de métiers classiques caractéristiques de ces nouvelles logiques
professionnelles, souvent confondus avec de nouveaux métiers, et ayant évolué de par les
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compétences nécessaires à leur exercice. Nous présenterons ensuite le métier d’écoconseiller, un métier lui nouveau.
2.2.2. Exemples de métiers en évolution et nouveaux métiers
Certains métiers « classiques » de l’environnement existent depuis très longtemps
et ont vu soit leurs fonctions évoluer soit ont disparu pour quelques uns face aux nouvelles
exigences environnementales. C’est par exemple le cas du chiffonnier.
Les chiffonniers apparus au XIIIe siècle ont au cours des siècles récupéré les vieux
tissus, les cornes d'animaux, les soies de porc, les crins, les vieux cordages. Puis entre les
deux guerres, la ferraille de récupération devient la matière principale dans l’élaboration
des aciers spéciaux. La ferraille devenue matière première fait alors l’objet d’une collecte
organisée, nécessitant la mise en œuvre de connaissances techniques et de moyens de tri et
de préparation adaptés. Le négoce de ferrailles est passé d'une activité de main d'œuvre
(transport, tri, stockage) à une industrie d'investissements lourds et coûteux faisant appel à
des métiers de plus en plus qualifiés. Aujourd’hui la gestion des déchets qu’ils soient
ménagers industriels ou agricoles recouvre les activités de collecte, transport, tri,
stockage, traitement, valorisation qui font appel à une grande diversité de savoir-faire, de
compétences, de connaissances et de métiers.
Un autre exemple d’évolution d’un métier dit «classique» est celui de gardechampêtre. Les gardes-champêtres furent créés en 1369 par Charles V pour conserver les
récoltes. Ils deviennent en 1791 les « gardes messiers » puis les « sergents de verdure ».
Aujourd’hui, les 3 800 gardes champêtres en activité interviennent en matière de police
rurale : police de la chasse, de la pêche, de la circulation, contraventions au règlement
sanitaire départemental, etc. L’impossibilité de recruter des gardes champêtres
intercommunaux vient d’être levée par la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de
proximité. Les établissements publics de coopération intercommunale peuvent désormais
s’en doter, ce qui devrait marquer le renouveau de ce métier.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Il existait une exception dans les collectivités où le droit d’Alsace-Moselle1
s’applique. Par exemple, les 56 gardes de la brigade Verte du syndicat mixte des gardes
champêtres intercommunaux du Haut-Rhin patrouillent à cheval sur le territoire de 264
communes. Ils constituent une véritable brigade d’éco-gardes, métier en pleine
développement dans les collectivités territoriales. Au delà de leurs modes de
déplacements (cheval, VTT, motos, motoneiges…), ils ont tous en commun des fonctions
d’observation, de surveillance des milieux et des activités humaines, de soutien aux
techniciens et d’accueil du public.
En termes de nouveaux métiers, le métier d’éco-conseiller a fait son apparition
depuis quelques années afin de répondre à de nouveaux besoins. En effet, la
préoccupation environnementale a fait apparaître de plus en plus un besoin de
rapprochement entre les citoyens, les acteurs socio-économiques, les scientifiques et le
monde politique. C’est pour tenter de répondre à ce besoin que s’est développé le métier
d’éco-conseiller; celui-ci a connu son véritable essor en 1987 et 1988, à l’occasion de
l’année européenne de l’Environnement. Si d’autres fonctions comme conseiller en
environnement lui sont proches, l’appellation éco-conseiller signifie que la personne a été
formée par l’Institut européen des Eco-conseillers de Strasbourg.
L’éco-conseiller est un généraliste de haut niveau qui dispose d’une formation en
environnement et en communication. L’éco-conseiller se veut une aide à la décision, un
médiateur et un agent de changement. Il favorise le dialogue et la mise en réseau des
différents acteurs de l’environnement et participe au changement des structures et des
mentalités. Il est aussi un modérateur. L’éco-conseiller est l’agent transversal par
excellence puisque ses actions nécessitent la collaboration et les compétences des autres
départements.
1
A l'issue de la première guerre mondiale, les départements du haut Rhin, du bas Rhin et de la Moselle
furent restitués par l'Allemagne à la France.
Ils étaient alors régis par le droit allemand dont la technicité fut jugée plus performante à certains égards par
l'Etat français qui décida par la loi du 1er juin 1924 de maintenir en vigueur en Alsace-Moselle diverses
dispositions.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Si la résolution d’un problème environnemental ne crée pas forcément de
nouveaux métiers, le développement du secteur de l’environnement s’est fortement
appuyé sur des compétences nouvelles. Ces compétences s’acquièrent par l’expérience
professionnelle mais également par la formation qui assure ainsi en partie la
reconnaissance d’un nouveau métier.
2.2.3. Etat des lieux de la formation : une offre importante mais peu structurée
Au niveau national, nous constatons aujourd'hui un décalage important entre la
demande de formation des étudiants, les demandes d’emplois et les réalités économiques
du secteur de l’environnement. Beaucoup de jeunes sont plutôt attirés par l'idée de
protéger des espèces menacées ou des milieux naturels fragiles, mais la réalité de l'emploi
est parfois toute autre et demande de toute façon des connaissances scientifiques et
techniques précises, souvent de haut niveau.
Par ailleurs, il n’existe pas vraiment de cursus type pour travailler dans le domaine
de l’environnement, mis à part quelques métiers qui nécessitent un diplôme bien précis
tels que forestier, acousticien, paysagiste, etc. Ainsi, diverses formations peuvent mener à
un même type d’emploi et réciproquement, une même formation peut aboutir à différents
emplois. De par la complexité et la diversité des questions d’environnement, il est donc
nécessaire d’acquérir une sorte de « polyvalence spécialisée » selon le Ministère de
l’Ecologie et du Développement Durable ; c’est à dire suivre une formation approfondie
de base (physique, biologie, droit, économie…) et développer en complément une
spécialité environnement dans ce domaine.
Dès 2000, l’Institut Français de l’Environnement (IFEN) avait attiré l’attention sur
la différence de structure entre un marché de l’emploi dominé par des offres des
entreprises qui se rapportaient au traitement des pollutions et des nuisances et des
formations initiales supérieures surtout centrées sur la gestion et la protection du
patrimoine naturel.
On compte aujourd’hui environ 690 formations initiales en environnement sur
l’ensemble du territoire français, du CAP au mastère spécialisé (bac+6), dont 30%
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orientées vers la gestion et la protection de la nature. Les formations les plus nombreuses
se situent à bac+5 dans les universités : les seuls DEA et DESS représentent plus d’une
centaine de formations. Suivent les BTS agricole qui sont près de 80, puis les licences et
les maîtrises (respectivement 60 et 55 formations dispensées). L’offre de formation
semble donc très importante en volume au niveau national par rapport au marché de
l’emploi. Par ailleurs, ce dispositif de formation est très orienté vers la gestion et la
protection de la nature, alors que les offres d’emploi tendent à se concentrer sur la gestion
et le traitement des pollutions.
Les formations initiales supérieures en environnement sont de mieux en mieux
reconnues. Le problème de la relation formation-emploi semble donc se situer davantage
dans le volume d’étudiants formés et dans la répartition des spécialités enseignées que
dans la qualité des formations. Par ailleurs, lors de son dernier colloque en mars 2002, le
Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France a travaillé sur le thème du
développement durable. Il en est venu à la conclusion que le concept de développement
durable doit être intégrer à tous les enseignements pour que les ingénieurs, quelle que soit
leur spécialité, ne puissent en ignorer les fondements.
Le constat selon lequel les formations initiales supérieures sont généralement de qualité
est appuyé par les propos de Sylvie Brosson, secrétaire générale et responsable des
ressources humaines au Cabinet d’études IDE environnement à Toulouse. Elle se dit en
effet très satisfaite du niveau des jeunes diplômés accueillis en stage. Ces jeunes
ingénieurs, avec de solides connaissances techniques, se montrent autonomes et
s’adaptent rapidement aux situations de travail sur le terrain.
La formation continue est plus difficile à identifier et à recenser que les formations
initiales, du fait de sa grande disparité en durée et en contenu. Il faut cependant signaler la
création en juillet 2001 de l’Institut de FORmation à l’Environnement (Ifore) au sein du
Ministère chargé de l’Environnement. La filière environnementale entre ainsi au sein de la
fonction publique d’Etat, avec des formations spécifiques pour les fonctionnaires issus de
corps extérieurs à l’environnement.
En effet, le développement de la formation continue des décideurs locaux et notamment
des élus est une condition de la reconnaissance des nouveaux emplois.
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Conclusion de la deuxième partie
En première partie, nous sommes arrivés à la conclusion que les métiers nouveaux
sont rares. Nous pouvons désormais affirmés que ceci est d’autant plus vrai en ce qui
concerne les métiers de l’environnement. Au regard des exemples cités, nous nous
apercevons que les anciens métiers se sont adaptés aux nouvelles exigences du secteur. En
ce sens, nous parlerons alors plutôt d’évolution vers de nouvelles logiques
professionnelles.
Cependant, nous pouvons reconnaître les nouveaux métiers de l’environnement à la mise
en pratique de nouveaux savoir-faire et à la naissance d’une forte identité professionnelle,
comme c’est le cas des ingénieurs écologues regroupés en association. Mais il convient
d’admettre que bon nombre de métiers ne connaissent pas une telle cohésion.
La formation accélère à ce titre le processus de reconnaissance d’une profession mais dans
l’environnement, les étudiants ont tendance à se diriger vers des domaines d’activité
surpeuplés. En effet, la plupart des offres d’emploi concernent à ce jour le traitement des
déchets et des eaux alors que la gestion du patrimoine naturel attire la majorité des
étudiants en formation et plus tard en recherche d’emploi. Ce domaine se caractérise
pourtant par un renouvellement proche de zéro, au sein d’une population plutôt jeune. Les
fiches métiers élaborées par l’ONISEP et le CIDJ ont à ce propos le mérite d’inclure un
paragraphe sur la tension du marché de l’emploi afin de fournir une information
supplémentaire aux étudiants désireux de travailler dans l’environnement.
Nous avons souhaité vérifier si les tendances générales relevées concernant le secteur de
l’environnement s’appliquaient aussi à la région Midi-Pyrénées. Plusieurs entretiens
auprès de personnes impliquées dans l’environnement nous ont permis d’avoir une vue
d’ensemble de l’activité en région.
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TROISIEME PARTIE
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3. Analyse sectorielle et régionale
3.1.
Tendances du secteur de l’environnement en Midi-Pyrénées
3.1.1 Monographie des principaux employeurs régionaux
Au niveau régional comme au niveau national, l’environnement constitue une
activité en développement. Les informations disponibles au niveau régional sur l’emploi
concernent essentiellement le secteur public (emplois jeunes). Les chiffres liés aux
effectifs générés par le secteur privé restent malheureusement très dispersés. Une façon
d’obtenir alors des données sur l’emploi et les métiers de l’environnement en MidiPyrénées était de mener des entretiens. Les principaux employeurs de la région nous ont
paru être les plus à même de décrypter ce marché de l’emploi voire de nous fournir des
données quantitatives. La délimitation retenue du secteur de l’environnement étant large,
nous nous en sommes tenus aux domaines d’activités classiques à savoir ceux retenus par
le Ministère chargé de l’environnement (protection et gestion de la nature et des milieux,
prévention et réduction des pollutions et risques, aménagement des territoires et du cadre
de vie, éducation à l'environnement). Nous avons donc sélectionné pour chaque catégorie
d’employeurs et par domaines d’activité ceux qui étaient les plus représentatifs en termes
d’effectifs et/ ou d’implication dans le secteur. Sur l’ensemble des personnes contactées1,
certaines n’ont pas pu ou n’ont pas souhaité nous rencontrer, souvent par manque de
temps ou par crainte de ne pouvoir fournir l’information que nous attendions. Néanmoins,
un guide d’entretien2 avait été établi de façon à pouvoir diriger l’entretien sur tel ou tel
sujet en fonction des structures visitées. Une grande place a été laissée à l’expression libre
de nos interlocuteurs. Les questions formulées ont eu essentiellement pour objectif de
mettre en avant des tendances en Midi-Pyrénées en ce qui concerne l’emploi et ses
perspectives d’évolution, les métiers et leur contenu ainsi que la formation. Il est apparu
rapidement que les employeurs n’étaient pas en mesure de nous fournir des données
chiffrées, par conséquent nous avons redirigé les entretiens sur les aspects qualitatifs de
1
Une liste des personnes contactées se trouve en annexes
2
cf. annexes
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l’emploi en environnement. En effet, seuls les emplois jeunes bénéficient aujourd’hui
d’un suivi dans le domaine de l’environnement.
Les entretiens terminés et les comptes-rendus rédigés, leur analyse a montré que certains
n’avaient pas fait émerger d’informations nouvelles et nous pouvions également avoir
l’impression de quelques répétitions. Pour la rédaction de cette partie, un tri a été effectué
au vue de l’intérêt des informations.
Nous présenterons une typologie des principaux employeurs en Midi-Pyrénées
(monographie) d’une part, et d’autre part, nous analyserons plus en détail le dispositif
« nouveaux services-emplois jeunes ».
¾ les entreprises et les bureaux d’études et d’ingénierie
Le secteur privé est le principal pourvoyeur des emplois en environnement toutes
qualifications confondues. Les grands groupes en particulier, ont rapidement saisi
l’ampleur des enjeux : l’évolution de la demande du consommateur ouvre des
perspectives de marché nouvelles. L’environnement devient aussi un outil stratégique
intrinsèque à l’image de marque d’un groupe. Le champ des PME-PMI reste par contre
très mal connu et relativement difficile à appréhender en raison de son étendue et de sa
très grande diversité. Les PME-PMI recrutent ainsi une faible part de professionnels
issus de formations spécifiques mais plutôt des techniciens spécialisés.
Les emplois « verts » en entreprises sont très rarement confiés à des jeunes diplômés
puisqu’ils exigent de maîtriser le process et les contraintes de production et de
fonctionnement de l’entreprise avant d’instaurer un dispositif antipollution viable
économiquement. Autrement dit, les entreprises misent sur les compétences d’un
ingénieur pour qu’il appréhende rapidement les enjeux de l’environnement au sein d’un
site ou d’un groupe industriel. C’est pourquoi, les postes de « responsable
environnement » dans les entreprises sont attribués à des ingénieurs qui ont déjà une
longue expérience dans la société. En revanche, les éco-industries qui conçoivent des
dispositifs antipollution sont elles plus ouvertes aux ingénieurs débutants pour faire
face à l’expansion de leurs marchés.
Enfin, les sociétés de services et de conseils en environnement ont connu un
développement florissant à partir de la fin des années 1980. Ces bureaux d’ingénierie et
cabinets d’écologues recrutent souvent un personnel hautement qualifié du type
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ingénieur ou universitaire bien que le développement de ces structures durant ces
dernières années a permis à certains jeunes diplômés d’acquérir une première
expérience intéressante.
ECO-EMBALLAGES
Présentation de la société
La société Eco-emballages est née en même temps que la collecte sélective en
France. Le décret « emballages ménagers » du 1er avril 1992 obligeait tout
conditionneur de produits de consommation à participer à l’élimination des déchets
d’emballages issus de ses produits soit par la consigne, soit par une collecte sélective
organisée par ses soins, soit par une adhésion à un organisme agréé (Eco-emballages,
Adelphe et Cyclamed). Cette société unique en France assure un service public à partir
de capitaux privés. Eco-emballages a été créée à l’initiative d’industriels de la grande
consommation et agréée par les pouvoirs publics. Sa mission est d’installer, organiser,
superviser et financer la collecte sélective, le tri et le recyclage des emballages
ménagers en France. Sa clientèle se compose en priorité des collectivités locales.
Midi-Pyrénées devrait être entièrement couvert par le tri sélectif dès 2004 et l’activité
de la structure interviewée, limitée à la récupération et au tri des emballages ménagers
a atteint son seuil maximal de développement.
Perspectives
Les embauches se sont jusqu’ici faites essentiellement dans la collecte (ripeurs) et
dans les centres de tri pour le traitement. Odile Cassède, chargée de mission, avance le
chiffre d’environ un emploi pour 30 000 habitants. Selon elle, travailler dans
l’environnement implique de partager des valeurs telles que la citoyenneté, la
pédagogie et la passion pour mener à bien ses missions.
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SAUR
Présentation de la société et de ses métiers
Dans le domaine de l’assainissement et de la gestion de l’eau, nous avons pu nous
entretenir avec Madame Alquier, responsable environnement à la SAUR. SAUR est
une filiale du groupe Bouygues dont l’activité principale est de gérer, distribuer et
traiter l’eau. Elle fait partie des trois grands groupes français avec La Générale des
Eaux et La Lyonnaise des Eaux. La société SAUR Sud-Ouest rassemble 890
collaborateurs pour 1500 communes clientes, 330 sites de production d’eau potable,
228 stations d’épuration et 34 000 km de réseaux d’eau potable.
Il existe trois principaux métiers à SAUR France. En ce qui concerne la production
de l’eau (stations de pompage et stations d’épuration), le personnel recruté est composé
principalement de techniciens recrutés au niveau Bac et de techniciens supérieurs
recrutés au niveau Bac+2 en électrotechnique, chimie, biologie option traitement de
l’eau. Ces métiers sont en pleine évolution. Le personnel recruté pour la distribution de
l’eau est quant à lui composé d’ouvriers de niveau BEP, Bac Pro Plombier ou
conducteur d’engins de travaux publics. Ces métiers sont également en évolution. Le
dernier métier lié au service rendu à la clientèle (gestion des compteurs d’eau) est
exercé par des personnes qui ont débuté leur carrière dans la production ou la
distribution et ces emplois ne sont aujourd’hui plus évolutifs.
Ces métiers restent sensibles à la réglementation et aux normes sur la qualité de l’eau.
Ils sont globalement exercés par 80% d’hommes et 20% de femmes avec une moyenne
d’âge de 40 ans.
Qualité des formations
La SAUR les trouvent satisfaisantes bien qu’elle apporte des compléments dans le
cadre de la formation continue. SAUR France dispense elle-même dans son centre
national des formations aux métiers de l’eau, de la qualité, de la sécurité, de la
clientèle, du management, de l’informatique et de l’administratif. Par ailleurs, la
société a négocié avec l’Education Nationale la création d’une spécialité « métiers de
l’eau » complémentaire d’un Bac Pro.
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Dans la filiale Sud-Ouest, les personnes embauchées ont été formées en majorité dans
des écoles spécialisées dans les métiers de l’eau (ENSHEIT, EMAC) ou possèdent un
BTS électrotechnique. Pour ces derniers, il existe cependant un problème d’adaptation
à la réalité de l’emploi auquel la société remédie par des compléments de formation.
Métiers d’avenir
Deux grands types de métiers sont en émergence au sein de la société. Il s’agit du
métier de dessinateur-projeteur sur plan des stations d’épuration, des canalisations
chargé d’établir la cartographie des réseaux. Les niveaux de qualification demandés
sont les niveaux IV et III mais ces personnes restent difficiles à trouver sur le marché
de l’emploi. Par contre, les métiers de la chimie et de la biologie sont en pleine
expansion et bénéficient d’un nombre important d’étudiants.
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ANTEA
Présentation de la société
Nous avons rencontré Monsieur Maille, directeur commercial d’ANTEA, société
d’ingénierie et de conseil. Les principales missions de cette société consistent à assurer
et optimiser les alimentations en eau, prévoir et gérer tous les aspects environnement
des projets d’aménagement et des sites industriels et gérer les dossiers réglementaires
relatifs aux installations classées. ANTEA rassemble un effectif de 400 personnes
réparties sur 23 agences régionales. L’agence de Midi-Pyrénées est forte de 11
ingénieurs, 2 techniciens, 2 secrétaires administratives ainsi que d’ingénieurs
commerciaux ayant une double compétence technique. Ses ingénieurs sont des
généralistes en environnement avec une spécialité en géologie ou hydrologie.
Perspectives
De nouveaux métiers peuvent aujourd’hui encore émerger dans ce secteur, qu’ils
concernent les études de danger, les risques industriels ou qu’ils soient liés à
l’évolution de la réglementation et à la prise de conscience de l’opinion publique.
ANTEA recrute des ingénieurs issus des écoles d’ingénieurs géologues de Nancy
et Grenoble, de formations universitaires de niveau Bac+5 en hydrogéologie, géologie,
environnement ou encore de formation Bac+4 en IUP. A court terme cependant, la
société ne prévoit aucun recrutement puisque les agences du groupe se complètent
mutuellement.
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¾ Les pouvoirs publics et collectivités locales
Les administrations de l’Etat, les offices ou agences parapubliques mettent en
œuvre les décisions institutionnelles et surveillent le bon respect de la réglementation
élaborée en grande partie à l’échelon européen. Ces effectifs se composent d’agents
attachés à la gestion de l’eau, des espaces naturels, des paysages, des sites et des
installations classées, et de personnes ayant plus des missions transversales de
coordination et de planification en poste dans les Directions régionales de l’Industrie,
de la Recherche et de l’Environnement. Il faut aussi mentionner les personnels des
établissements publics qui sont sous tutelle du Ministère de l'Environnement : Parcs
nationaux, Agence de l’eau, ADEME, Conservatoire du Littoral, Office National des
Forêts, Office National de la Chasse et Conseil Supérieur de la Pêche.
Les collectivités locales constituent un terrain beaucoup plus fertile à l’emploi. La
décentralisation a renforcé le pouvoir des élus dans ce domaine. Ainsi, l’article 1 de la
loi de décentralisation du 7 janvier 1983 précise que les « communes, départements et
régions concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire […]
ainsi qu’à la protection de l’environnement ». Ces services environnement sont en
général associés aux services techniques de la commune.
A l’échelle locale, le département n’a pas de compétences particulières en matière
d’environnement. Il en va de même pour les régions qui n’ont pas non plus de rôle
défini par la loi dans ce domaine. Elles ont néanmoins la responsabilité des parcs
naturels régionaux et de manière générale, œuvrent pour la mise en valeur de leurs
paysages. Pourtant, les départements et les régions ont défini des priorités et aident les
communes à les réaliser par le biais de subventions, de contrats de plans, etc. De plus,
la loi relative aux déchets de 1992, en prévoyant que chaque département doit se doter
d’un plan concernant la collecte et le traitement des déchets, a impliqué de tous les
acteurs des collectivités territoriales.
Sur le plan de l’emploi, l’essentiel des recrutements concerne des postes peu
qualifiés liés aux domaines de la collecte des déchets, du traitement des pollutions et de
l’entretien de l’espace. Par ailleurs, les résultats de l’enquête Ecoloc de 1999 (enquête
annuelle financée par l’ADEME, le BIPE et la Caisse des dépôts et consignations et
réalisée depuis 1992 auprès des communes et groupements de communes de plus 700
habitants) révélait que « 70% des collectivités locales estiment pouvoir créer au moins
un emploi environnement à l’horizon 2003 ».
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ADEME
Présentation de l’organisme
Pour avoir une vision d’ensemble des recrutements en Midi-Pyrénées, nous avons
rencontré Gérard Bardou, ingénieur à l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise
de l’Energie (ADEME). L’ADEME est un établissement public national à caractère
industriel et commercial sous la tutelle des ministres chargés de la recherche, de
l’écologie et de l’énergie. Ses champs d’intervention sont les suivants :
- préserver la qualité de l’air en développant la surveillance et la prévention des
émissions polluantes
- réduire la quantité de déchets ménagers et industriels en favorisant notamment le
recyclage et la valorisation
- maîtriser la consommation énergétique en développant les techniques sobres en
énergie.
- développer le management environnemental dans les entreprises et les collectivités
- réhabiliter les sites pollués
- favoriser l’utilisation d’énergies renouvelables
- lutter contre le bruit grâce à l’isolation des bâtiments, etc.
Perspectives
L’entretien s’est centré sur l’analyse d’un métier phare en environnement à savoir
celui de responsable environnement. Il révèle que seules les grandes entreprises
possèdent des responsables environnement qui sont pour la grande majorité d’entre eux
également responsable qualité et sécurité. Il y a donc peu de perspectives de création
d’emploi par rapport aux nombreuses demandes, sauf à posséder une double
compétence dans un domaine technique et à postuler dans de grandes entreprises. En
Midi-Pyrénées, les responsables environnement n’échappent pas à ce constat, ils
exercent dans la pharmacie (Laboratoires Fabre, Sanofi), la métallurgie (Péchiney),
l’électronique (Motorola), les carrières (Talc de Luzenac), l’aéronautique (Airbus
Industrie). Le titulaire du poste peut également avoir à se partager entre plusieurs
entreprises.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
A court ou moyen terme, il apparaît par contre que les besoins en responsables
environnement des syndicats et fédérations professionnelles pourraient augmenter.
Lorsqu’il s’agit de la mise en place des normes ISO, le métier est le plus souvent
exercé par des femmes sans que l’on puisse réellement expliquer cette tendance.
Qualité des formations
Selon Gérard Bardou, il semblerait qu’il y ait un déficit de personnes formées au
niveau III au contraire des ingénieurs. Par ailleurs, Midi-Pyrénées offre une qualité de
formation en adéquation avec la demande des employeurs, certaines formations sont
d’ailleurs reconnues par la profession : MERIS à la Chambre de commerce et
d’industrie de Rodez, l’Ecole des Mines d’Albi-Carmaux, le CESI à Decazeville, etc.
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CONSEIL GENERAL DE L’ARIEGE
Présentation de l’organisme
Pour analyser les emplois proposés par les institutions publiques, nous avons
demandé un entretien auprès du Conseil Général de l’Ariège, département représentatif
de l’importance des espaces naturels en Midi-Pyrénées.
Dans les Conseils généraux, il n’existe pas de profils spécifiquement liés à
l’environnement. Ce sont des personnes issues de la filière administration par exemple
qui passent des concours leur permettant d’accéder à la filière technique. A partir de là,
le Conseil général raisonne en termes de corps de métiers : agriculture, aménagement
foncier, eau, assainissement, eau potable, randonnée, activités de pleine nature,
patrimoine et espaces naturels, rivières, énergies renouvelables, bruit, déchets. Dix
personnes sont actuellement employées au Conseil Général de l’Ariège pour traiter les
questions d’environnement. En ce qui concerne les rivières, une convention a été
passée entre l’Agence de l’eau Adour-Garonne et les Conseils généraux. Il s’agit de
créer des postes d’animateurs rivières au niveau de chaque département dans le cadre
d’une Cellule d’Assistance Technique d’Entretien des Rivières (CATER). Ces
techniciens représentent des fonctions nouvelles et ne seront pas recrutés dans la
fonction publique puisque la durée effective des chantiers n’est pas connue. Les
techniciens de rivière, employés sous statut emploi jeune, n’ont pas de réelle possibilité
de pérennisation à un poste correspondant sans passer de concours de la fonction
publique territoriale. Ils sont aujourd’hui recrutés au niveau BTS Gestion et protection
des espaces naturels ou DESS/ DEA Gestion des écosystèmes/ développement
territorial/ hydraulique.
Perspectives
Il peut y avoir une évolution de ces missions vers des interventions davantage
axées sur la faune et la flore, le conseil aux propriétaires sur l’entretien des berges ou la
protection des inondations. Monsieur Rummens, ingénieur en chef au Conseil général
de l’Ariège, regrette néanmoins que les communes n’aient pas de « culture
environnement ». Selon lui, les emplois jeunes employés par les communautés de
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
communes effectuent des tâches trop globales qui n’utilisent pas la totalité de leurs
compétences.
Les créations de postes à venir devraient surtout avoir lieu dans le domaine de l’eau et
de l’assainissement mais en règle générale cela devraient plutôt être des
remplacements.
¾ Le milieu associatif
Les associations sont surtout présentes dans le domaine de la protection de la
nature et la sensibilisation à l’environnement, mais se trouvent en général confrontées à
un problème de pérennisation des emplois qu’elles proposent. Le programme
« nouveaux services-emplois jeunes » donne aujourd’hui un nouveau dynamisme à la
création d’emploi dans le secteur associatif.
Les associations étant les principaux employeurs des emplois jeunes, nous avons
souhaité connaître leur opinion sur les métiers de l’environnement et leur évolution.
Monsieur Rondet, chargé de mission au Centre Permanent d'Initiatives pour
l'Environnement (CPIE) nous a reçu à Bagnères de Bigorre.
CPIE BAGNERES DE BIGORRE
Présentation de l’organisme
Un CPIE a trois missions :
- Chercher des solutions à des problèmes environnementaux, étudier scientifiquement
quelques uns des multiples sujets qu’apporte la nature.
- Développer la région d'accueil du C.P.I.E. : la faire connaître, la faire vivre dans
l'optique d'un développement durable tel que l'a prôné la conférence de Rio en 1992.
- Transmettre les connaissances acquises aux jeunes générations et aux moins jeunes,
leur apprendre à vivre en accord avec leur environnement
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En Midi-Pyrénées, les CPIE compte 28 salariés dont la moyenne d’âge est comprise
entre 35 et 40 ans. Les femmes se concentrent essentiellement sur des activités
d’animation alors que la gestion des milieux naturels concerne plutôt les hommes. Les
CPIE regroupent trois grands types de métiers : les chargés d’études environnement,
les chargés d’études animation et procédure et les chargés de mission insertion.
Profils de poste
Il apparaît que dans le domaine de l’animation, ce sont surtout les associations et
les collectivités locales qui recrutent tandis que les Syndicats Intercommunaux de
Valorisation des Ordures Ménagères (SIVOM), Communautés de communes ou
d’agglomération s’intéressent plutôt au domaine de la gestion des espaces naturels. Les
profils de postes des CPIE sont sensiblement les mêmes que ceux des associations. Ce
sont des métiers jeunes où il y a peu d’évolution de carrière et certains salariés après un
bilan de compétences, se tournent vers l’enseignement. Les recrutements se font au
niveau BEATEP (Brevet d'Etat d'Animateur Technicien de l'Education Populaire et de
la jeunesse, niveau IV), BTS ou MST bien que les BTS Animation et Gestion de la
nature soient les plus adaptés aux besoins. Pour tous, l’environnement représente à
l’origine une réelle passion.
Apport des emplois jeunes
Pour les CPIE, l’apport des emplois jeunes a été considérable. Dans le champ de
l’insertion de publics en difficulté, le CPIE de Bagnères de Bigorre a participé à la
création d’une « brigade verte » de dix personnes sous contrat CES. Le paradoxe de ces
emplois est que les jeunes embauchés ont des niveaux de formation et des compétences
élevées pour des salaires relativement faibles. Au CPIE Bigorre, les emplois jeunes ont
été pérennisés.
Qualité des formations
Au niveau des CPIE, il y a une bonne adéquation entre les formations proposées et
le marché de l’emploi. Il existe cependant un problème d’orientation vers les
formations agricoles qui sont parfois suivies sans que l’élève ne connaisse réellement
les contours du métier. Les sortants de BTS peuvent présenter parfois des lacunes dans
le domaine naturaliste d’où la nécessité de compléter ces formations par quelques
connaissances en botanique par exemple. Des spécialités post-BTS se mettent
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aujourd’hui en place afin de délivrer des connaissances plus pointues, il s’agit des
Spécialités d’Initiative Locale (SIL Aménagement milieu montagnard, valorisation du
patrimoine rural, animateur projet).
Perspectives
Les perspectives d’emploi dans les CPIE se situent plutôt sur des postes d’animateur
nature, avec un développement des activités liées à l’éco-tourisme. Des débouchés
existent aussi dans la création d’expositions, dans la conception d’outils pédagogiques.
Monsieur Rondet note un problème d’information sur les aspects pratiques des métiers
de l’environnement. Il lui semblerait important que les jeunes rencontrent des
professionnels du secteur pour obtenir des informations sur les compétences, l’activité
telle qu’elle est effectivement.
Nous constatons que Midi-Pyrénées présente les mêmes caractéristiques de
l’emploi en environnement que le reste de la France. Il nous a été confirmé que les
secteurs employant le plus était ceux de l’eau et des déchets, généralement en
entreprises et bureau d’études pour les jeunes diplômés. L’avenir dans ces structures
reste fortement dépendant de la réglementation. Les collectivités locales emploient
surtout des emplois jeunes mais les recrutements à venir devraient consister
essentiellement en des remplacements plutôt qu’en de réelles créations de postes. De
même, bien que la qualité des milieux naturels façonnent l’identité de Midi-Pyrénées,
le domaine de la protection de la nature et des ressources naturelles ne génère pas la
création de nombreux emplois mais devrait conduire à un élargissement de l’activité du
personnel déjà en place.
Certains acteurs parlent d’un besoin de main d’œuvre en Midi-Pyrénées en ce qui
concerne les faibles niveaux de qualification. Nous ne disposons pas de données
chiffrées mais il nous a semblé intéressant d’approfondir ces remarques en étudiant
l’offre de formation de la région en matière d’environnement.
67/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
3.1.2
Une offre de formation régionale sous-dimensionnée dans certains
domaines
Cette analyse de l’offre de formation s’appuie essentiellement sur les derniers
travaux réalisés sur le sujet et ne prétend pas se baser sur une liste exhaustive des
formations environnementales en Midi-Pyrénées. En effet, la définition retenue du terme
environnement s’est voulue large puisque les guides utilisés n’ont pas sélectionné
seulement des formations à visée spécifiquement écologique mais aussi celles ayant un
contenu plus industriel ou technologique. Ainsi, l’Association Française des Ingénieurs
Ecologues (AFIE) a publié un guide1 recensant 693 formations initiales accessibles après
l’obtention du Baccalauréat et répertoriées par région. Cependant, par souci de rigueur,
nous compléterons ces informations par les formations initiales de niveau inférieur au
Baccalauréat issues du répertoire2 régional des formations en environnement.
Les formations ont été classées par domaines d’activité afin de mettre en avant les
éventuels besoins de la région. Certaines disparités apparaissent tout d’abord au niveau
des qualifications puisque l’essentiel des formations proposées se situent aux niveaux V,
II et I. Ensuite, selon la spécialité, l’offre de formation s’avère très disparate.
En Midi-Pyrénées, la qualité de l'environnement fait partie du patrimoine régional et
constitue un facteur essentiel de son attractivité. C’est certainement ce qui explique que la
majorité des diplômes environnementaux délivrés dans la région soit liée à ce domaine.
En effet, plus de 28 formations de niveau V et IV sont disponibles dans la gestion des
espaces naturels. Nous remarquons cependant que cette spécialité ne bénéficie pas de
formation de niveau supérieur, les compétences nécessaires à l’exercice de ces métiers ne
le nécessitant pas. Nous pouvons alors nous poser la question des débouchés de ces
formations puisque nous savons désormais qu’en Midi-Pyrénées, ce domaine d’activité ne
génère que peu de créations d’emplois sinon des remplacements. Une autre spécialité
offrant une large palette de formations est l’aménagement de l’espace urbain. Une dizaine
de formations de niveau IV sont proposées ainsi qu’un diplôme d’ingénieur. Nous
retrouvons là le constat selon lequel les jeunes se font souvent une idée fausse du secteur
de l’environnement à savoir que l’essentiel des métiers s’exercerait en pleine nature. Par
1
2
« guide des formations en environnement », éditions Victoires, mai 2003
« répertoire des formations environnement en Midi-Pyrénées », URCPIE Midi-Pyrénées, juin 2000
68/101
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conséquent, les orientations souhaitées par les jeunes expliquent certainement en partie
l’existence de ces formations.
A l’opposé, des domaines d’activité porteurs d’emplois dans la région tels que
l’eau et les déchets ne génèrent que peu de formations. Seules 4 formations dans la
gestion de l’eau sont censées fournir un nombre d’étudiants suffisant au développement
de cette activité et par ailleurs, nous n’avons relevé qu’une licence professionnelle pour ce
qui concerne les déchets. Nous pouvons imaginer que les jeunes sont peu demandeurs de
formations dans des secteurs souvent connotés négativement de par la matière exploitée
(ordures, boues…). Il est également vrai que les métiers de la gestion des déchets à faible
niveau de qualification s’apprennent fréquemment sur le tas avec tout au plus un module
de formation fourni au sein de l’entreprise d’accueil. De même, l’énergie est également un
domaine pour lequel il est à l’heure actuelle encore difficile de se former en MidiPyrénées alors même que les institutions publiques soulignent les nombreux bénéfices de
cette activité sur la protection de l’environnement. La gestion sociétale de
l’environnement (éducation, animation, droit, conseil, communication) ne délivre, quant à
elle, que peu de diplômes bien que les emplois lui étant liés présentent de bonnes
perspectives d’évolution, que ce soit du côté de la réglementation ou d’une demande
sociale toujours plus présente.
Les formations de niveaux II et I à dominante environnement, relativement nombreuses,
concernent essentiellement l’étude des sciences de la vie et débouchent sur des métiers
liés à la recherche fondamentale appliquée.
L’analyse de l’offre de formation en Midi-Pyrénées nous amène à constater que
celle-ci s’avère faible sur des secteurs porteurs d’emplois tels que ceux de l’eau et des
déchets. Par ailleurs, les effectifs générés par les formations en gestion du patrimoine et
des espaces naturels nous laissent envisager des tensions à venir importantes sur le marché
du travail au regard de débouchés limités dans ce domaine. Une question s’impose alors :
l’information relative à l’orientation professionnelle en environnement en Midi-Pyrénées
s’avère t-elle adéquate avec les besoins réels?
L’arrivée sur le marché du travail de ces jeunes diplômés s’avère difficile, d’autant plus
que les emplois occupés dans le domaine de la gestion du patrimoine et des espaces
naturels le sont essentiellement par des emplois jeunes dont nous ne connaissons pas
l’issue.
69/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
3.2 Le dispositif emplois jeunes en Midi-Pyrénées
Cinq ans après le début du dispositif « nouveaux services-emplois jeunes », se
termine la phase de recrutement des jeunes salariés. Désormais, il n’y aura plus de
création de postes et les nouvelles entrées ne se feront plus que dans le cadre de
conventions déjà conclues et pour remplacer les jeunes qui auraient quitté leur emploi par
anticipation. A cette étape transitoire du dispositif, il est utile de rappeler l’historique du
programme avant de présenter une vision d’ensemble de la situation en Midi-Pyrénées, ce
qui nous permettra d’étudier la possible émergence de nouveaux métiers à travers la
professionnalisation des jeunes.
3.2.1 Historique des emplois jeunes
Le 16 octobre 1997, la loi n° 97-940 relative au développement d’activités pour les
jeunes est votée par le parlement. Présentée par Martine Aubry, ancien ministre de
l’Emploi et de la Solidarité, cette loi devient applicable par le décret n° 97-954 du 17
octobre 1997 qui sera complété le 24 octobre 1997 par la circulaire d’application CDE
n°97/25.
A travers cette circulaire, les pouvoirs publics ont affiché la volonté de promouvoir « un
nouveau modèle de développement plus riche en emplois de nature à faire reculer
durablement le chômage ». « Ce programme conduira à l’émergence de nouveaux
secteurs d’activités et de nouvelles filières professionnelles pour lesquels il faudra bâtir
progressivement des actions de professionnalisation des métiers en émergence et des
jeunes. ». Les pouvoirs publics avançaient dès le début du dispositif l’idée d’aider à
l’émergence de nouveaux métiers.
Relancer la croissance, réduire le temps de travail, imaginer les métiers de demain ont été
les trois axes forts retenus pour tenter d’atteindre cet objectif. Le programme « nouveaux
services- nouveaux emplois » (NS-NE) s’est inscrit au cœur de ce dernier axe. Son
objectif était d’impulser la création des 350 000 emplois durables, socialement utiles, qui
répondent à des besoins locaux émergents ou non satisfaits, et permettent à des jeunes de
18 à 25 ans d’entrer dans la vie active et de se professionnaliser dans les métiers
correspondants.
70/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Le vivier des employeurs éligibles au programme était constitué des associations, des
collectivités locales et des personnes morales de droit public ou chargées de la gestion
des services publics, des établissements scolaires et de la Police nationale.
Au plan national, le secteur de l'environnement et de l'aménagement du territoire se
situe au deuxième rang des créations d'emplois-jeunes par secteur d'activité après les
services sociaux (il correspond à 14,2% du programme). 12 609 jeunes avaient été
embauchés dans les métiers de l'environnement en mai 1999 et recrutés en majorité par les
collectivités locales (et plus particulièrement les communes). 6 058 conventions ont par
ailleurs été signées entre l'Etat et les porteurs de projets (collectivités territoriales,
établissements publics et associations principalement) prévoyant au total dans les 8 mois à
venir plus de 32 000 embauches. Ces emplois-jeunes d'ores et déjà créés et qui ont pour
vocation de mettre en évidence des gisements d'activités rémunératrices à l'échelle rurale,
concernent quatre filières professionnelles: les conseillers et animateurs environnement
(32% des emplois), les agents d'entretien des espaces naturels (23%), les animateurs de
développement local (16%) et les agents de traitement des pollutions (8%).
Dans ces nouveaux profils, on voit apparaître nettement l’avenir des métiers de
l’environnement vers davantage de médiation entre réalités techniques et dimensions
humaines des problèmes.
3.2.2
Eléments de caractérisation : des emplois précaires au services des
collectivités
La plate-forme régionale de professionnalisation1 des emplois jeunes, sur laquelle
nous appuierons notre présentation, considère l’environnement dans sa définition la plus
large, comme l’ensemble des conditions naturelles, physiques, chimiques, biologiques et
culturelles susceptibles d’agir sur les organismes vivants et les activités humaines. Par
ailleurs, la volonté de produire un état des lieux du dispositif « nouveaux services1
Les plates-formes régionales de professionnalisation ont été mises en place afin de sensibiliser et
d'accompagner les démarches de professionnalisation des jeunes, des emplois et des structures et préparer
ainsi la consolidation durable des nouveaux services.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
emplois jeunes » où le champ de l’environnement est distingué des autres champs, mais
pouvant être rapproché des données plus larges de l’économie régionale de
l’environnement, les a conduit à produire une nomenclature de rapprochement entre les
domaines de l’environnement (nomenclature IFEN) et les services créés dans le cadre du
dispositif en fonction de leur finalité.
Finalité du service
Domaines
Nomenclature
Appellation de métiers,
retenue pour
intitulé d’emplois
caractériser les
NSEJ en MP
Gestion durable
-
Déchets
des ressources
-
Eau potable
- conseiller en gestion de
-
Assainissement
déchets
-
Amélioration des
Déchets
Assainissement
- ambassadeur du tri
-
pratiques et réduction
contrôleur des réseaux
d’assainissement
des pollutions
d’origine agricole
-
Eau potable
-
économe de flux
Energie
-
agent de qualité de l’air
-
conseiller énergie
Economie des flux et
développement des
énergies
renouvelables
renouvelable
Agriculture
-
conseiller en agriculture
durable
-
technicien en agriculture
biologique
Protection, entretien, Aménités
- conseiller en gestion des
valorisation
remise en état des
milieux
d’aménités et d’un
espaces et des lieux
- éco-garde
cadre de vie de
de vie
- chef d’équipe ou de chantier
Valorisation et
- agent d’entretien des milieux
aménagement des
- technicien de rivière
Production et
qualité,
valorisation du
-
-
72/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
patrimoine
-
espaces et des lieux
- coordinateur de bassin versant
de vie
- agent technique
Valorisation,
- animateur en environnement
promotion des
urbain
patrimoines naturels,
- agent de promotion et
urbains, industriels,
valorisation du patrimoine
culturels d’un
territoire
-
Gestion et animation
du développement
territorial
Sensibilisation et
-
éducation au
développement
-
Sensibilisation et
Education
- animateur environnement
éducation
- coordonnateur pédagogique
Formation et conseil
- conseiller éducateur
durable
Source : Cellule Ingénierie de formation- DRAF Midi-Pyrénées
Les caractéristiques des emplois jeunes en Midi-Pyrénées sont issues de la base
CNASEA1 au 31 décembre 2002, recodée par la Cellule Ingénierie de Formation de la
Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt (DRAF), ainsi que des bilans réalisés
par la plate-forme de professionnalisation et la Direction Régionale du Travail, de
l’Emploi et de la Formation Professionnelle (DRTEFP).
L’environnement représente 1907 salariés qui ont bénéficié d’un contrat emploi
jeune, soit 12,5% de l’ensemble du dispositif depuis son origine. Au 31 décembre 2002,
1189 jeunes travaillent chez 680 employeurs. Il y a donc 718 jeunes qui ont interrompu
leur contrat avant terme, soit un taux moyen de rupture de 37,6% pour la région MidiPyrénées. La base CNASEA ne permet pas d’identifier les motifs qui ont occasionné cette
rupture anticipée (renvoi, obtention d’un concours de la Fonction Publique Territoriale,
titularisation,
promotion
professionnelle…)
ni
la
poursuite
de
leur
carrière
1
CNASEA : Centre National pour l'Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles
Le CNASEA est un organisme payeur de prestations dans le domaine de l'emploi, de la formation
professionnelle et de l'agriculture.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
professionnelle. Il nous est alors impossible d’étudier en détail le devenir des emplois
jeunes et de discuter en l’occurrence de l’émergence de nouveaux métiers. Un emploi
jeune peut néanmoins être un tremplin vers un métier de l’environnement par le biais de la
promotion professionnelle.
Excepté pour la Haute-Garonne où les métiers de l’environnement ne représentent
que 8% des salariés emplois jeunes, tous les autres départements ont entre 13 et 17% de
leur effectif salarial emplois jeunes dans le champ de l’environnement (Aveyron 17%,
Ariège et Hautes-Pyrénées 16%). En effet, la situation géographique des postes fait
apparaître une meilleure répartition régionale liée à une plus forte implication des
territoires ruraux.
Les activités développées dans le domaine de l’environnement sont importantes et
démontrent les besoins de la population auxquels répondent les activités créées, dans une
région à dominante rurale comme Midi-Pyrénées. Près d’une convention sur deux
concerne la production et la gestion des aménités, l’information et l’éducation constitue le
second secteur, les déchets et l’agriculture viennent ensuite alors que l’eau et l’énergie
sont peu représentées.
Figure 2: répartition des conventions1 par domaine
5%
2%
16%
aménités
énergie
48%
agriculture
eau
déchets
14%
éducation
4%
10%
1%
assainissement
sans objet
Source : Cellule Ingénierie de formation- DRAF Midi-Pyrénées
1
Aucune embauche sous contrat emplois jeunes ne peut intervenir sans la signature d'une convention avec
le préfet.
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La diversité des intitulés de postes confirme la transversalité des métiers de
l’environnement et les liens avec les champs de l’animation, du patrimoine et du
développement local, néanmoins 1/3 concernent des conseillers animateurs en
environnement, 1/5 des agents d’entretien, 1/10 des agents de traitement des pollutions.
Figure 3: intitulé des postes
14%
19%
1%
3%
1%
6%
11%
1%
2%
1%
7%
2%
32%
agent d'entretien
conseiller et animateur environnement
agent de valorisation et promotion du patrimoine
animateur socio-culturel
autre animateur ou éducateur
animateur du développement local
autres
agent de traitement des pollutions
agent d'entretien et de maintenance du patrimoine
assistant informatique et nouvelles technologies
animateur sportif
médiateur local ou familial
aide à la gestion associative
Source : Cellule Ingénierie de formation- DRAF Midi-Pyrénées
Alors que les femmes sont majoritaires dans l’ensemble du dispositif, le secteur de
l’environnement emploie principalement des hommes: 2/3 sont des hommes et 1/3 des
femmes. La majorité des femmes occupe une fonction de conseiller et animateur
environnement mais elles n’interviennent quasiment pas dans les domaines de la sécurité
ou des transports.
L’environnement emploie des jeunes plus diplômés que dans l’ensemble du dispositif
notamment au niveau V (10% de plus) et au niveau I (deux fois plus). Néanmoins, la
plupart des jeunes à l’embauche était en recherche d’emploi.
75/101
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Figure 4: niveau de formation des jeunes
11%
4%
10%
28%
scolarité obligatoire
BEP ou CAP
Baccalauréat
24%
BAC+2
BAC+3/4
23%
3ème cycle
Source : Cellule Ingénierie de formation- DRAF Midi-Pyrénées
Au niveau des employeurs, les 2/3 sont des collectivités alors que les associations sont les
premiers employeurs sur l’ensemble du dispositif. Les femmes travaillent le plus souvent
dans les établissements publics et les associations ; par contre, les hommes sont
majoritaires dans les collectivités territoriales. Cette forte implication des collectivités
territoriales s’explique par le développement des missions qu’elles ont à assumer dans le
domaine de l’environnement : gestion des déchets, de l’eau et des espaces.
Principaux employeurs des emplois jeunes
TOTAL
En %
Communes
427
38
Autres collectivités territoriales
271
24
Etablissements publics administratifs
75
7
et 25
2
Etablissements
publics
industriels
commerciaux
Associations, fondations
289
26
Autres personnes morales
8
1
Etablissements d’enseignement
3
0
Etablissements publics sanitaires
5
0
76/101
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Autres
20
2
TOTAL
1123
100
Source : Cellule Ingénierie de formation- DRAF Midi-Pyrénées
Selon les domaines, la répartition des employeurs varie considérablement. Ainsi, les
communes sont essentiellement impliquées dans les aménités et l’éducation alors que des
domaines tels que l’eau et les déchets sont dominés par les autres collectivités
territoriales. L’agriculture quant à elle est servie en grande majorité par les associations.
Figure 5: répartition des employeurs selon les domaines
60
50
40
30
20
10
dé
ch
et
s
éd
uc
as
at
sa
io
n
in
is
se
m
en
t
sa
ns
ob
je
t
ea
u
am
én
ité
s
én
er
gi
e
ag
ric
ul
tu
re
0
commune
autre collectivité territoriale
association
Source : Cellule Ingénierie de formation- DRAF Midi-Pyrénées
Le taux d’embauche en CDI est inférieur à la moyenne générale du dispositif qui est de
30%. En effet, dans le champ de l’environnement 18% sont en CDI et 82% en CDD. Ce
résultat est à rapprocher du fait qu’ils travaillent plus souvent pour des collectivités
locales qui, d’après les règles de la fonction publique territoriale, ne peuvent proposer que
des CDD.
77/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Les emplois jeunes de l’environnement restent actuellement des emplois précaires
sans avenir certain. Ils ont néanmoins répondu à une demande récente de la part de la
population et ont favorisé le développement de compétences environnementales. Les
employeurs ont cependant souvent profité d’une main-d’œuvre motivée par un secteur
attractif, à moindre coût pour satisfaire la demande. L’aide financière de l’Etat prenant fin,
nous ne sommes pas en mesure de savoir si ces emplois nouveaux, dont le travail est
souvent apprécié par la population, deviendront des métiers nouveaux. Aujourd’hui, nous
ne pouvons cependant pas présenter les emplois jeunes comme étant des métiers
nouveaux puisque, bien qu’ils génèrent des compétences nouvelles, il n’existe pas de
réelle identité professionnelle entre leurs titulaires ni de cursus de formation reconnu.
A l’heure actuelle, la préparation de l’avenir professionnel des jeunes est au cœur des
réflexions des collectivités locales impliquées dans le dispositif emplois jeunes.
3.2.3
Professionnalisation des emplois jeunes : des pratiques de formation à
rapprocher du perfectionnement à l’environnement
La démarche de professionnalisation des emplois est un processus qui permet de
passer d'activités nouvelles à des emplois identifiés dans un système de classification.
Cette démarche est bâtie au niveau régional et local.
La circulaire du 24 octobre 1997 relative au développement d’activités pour les emplois
jeunes précise :
« S’agissant de la professionnalisation des jeunes, celle-ci pourra se traduire, en fonction
des acquis et des besoins identifiés, par la construction progressive d’actions de
formations, de bilans de compétences ou de démarches de validation des acquis. La mise
en œuvre de ces actions relève avant tout de la responsabilité de chaque employeur.
Toutefois, il conviendra avec le Conseil Régional et en fonction de la qualité du projet de
professionnalisation proposé, de conjuguer les moyens permettant d’accompagner l’effort
de formation de l’employeur. »
En règle générale, les collectivités locales instaurent des procédures d’aide à
l’élaboration de projets professionnels. Ces procédures se déroulent en amont des
78/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
formations devant permettre aux jeunes de préparer leur devenir professionnel. Mais ces
formations dépendent aussi de l’évaluation des activités créées et des décisions politiques
qui en résultent. Ainsi, dans la perspective où l’activité est pérennisée sous la forme d’un
nouveau métier, il convient de proposer aux jeunes qui veulent en faire leur projet des
formations d’approfondissement à leur poste. Dans le cas contraire, il s’agit de leur
proposer des formations, telles que des préparations aux concours ou des formations
diplômantes, devant les aider à envisager une mobilité interne au sein de la Fonction
publique territoriale ou externe sur le marché du travail.
En Midi-Pyrénées, les données relatives à la professionnalisation des jeunes ont
été recueillies à partir de l’utilisation faite aux mois d’avril et d’octobre 2002 des chèques
avenir1 par les emplois jeunes et également à partir des dossiers de professionnalisation
analysés par l’AFPA en décembre 2001. Néanmoins, compte tenu de la complexité du
sujet, les sources notamment statistiques sont à l’évidence insuffisantes pour dresser une
analyse exhaustive.
En avril 2002, les bénéficiaires du chèque avenir représentaient 43% des emplois jeunes
environnement se rapprochant de la moyenne générale du dispositif de 50%. Même si
nous considérons que toute demande de chèque a donné lieu à un financement, ce dernier
ne traduit que partiellement la pratique de formation des emplois jeunes. En effet, les
fiches de professionnalisation contenues dans les dossiers de professionnalisation
demandés aux employeurs indiquaient que près de 85% des structures avaient souhaité
recourir à la formation. Ce constat de l’écart entre l’intention et la pratique de formation
conduit à penser que la pratique de formation passe par de nombreux leviers au-delà du
stage conventionnel et de la contribution du chèque avenir. Aujourd’hui, nous ne sommes
pas encore en mesure d’expliquer cette tendance.
Comme dans l’ensemble des secteurs, le chèque avenir a majoritairement (80%) contribué
à la préparation à l’emploi des jeunes de l’environnement. Les jeunes de niveau 1 et 2
n’ont pas ou peu suivi de formation diplômante ou qualifiante contrairement aux niveaux
3, 4 et 5.
1
Le chèque avenir est une aide financière du Conseil Régional Midi-Pyrénées sur le financement des
formations des emplois jeunes.
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Compte tenu du fait que les emplois jeunes en poste dans les collectivités sont plus
nombreux dans le secteur de l’environnement, nous pouvions faire l’hypothèse que la
préparation aux concours de la Fonction publique territoriale représenterait une part
importante des actions de préparation à l’emploi. Cependant, nous pouvons noter que ce
sont les formations comprenant les corps de savoirs spécifiques de l’environnement qui
sont à plus de 95% demandées par des emplois jeunes embauchés par des collectivités
publiques ou leurs groupements (EPCI) et les établissements publics. De façon générale,
la pratique de formation se rapproche donc du perfectionnement, notamment d’un public
déjà qualifié par une formation initiale avant l’emploi. Dans l’environnement, le champ de
perfectionnement est particulièrement large. Entre l’adaptation au poste de travail qui
repose à la fois sur le profil au recrutement et la professionnalisation de l’activité, le projet
professionnel du jeune et la formation résulte le plus souvent d’un compromis qu’il est
difficile à pondérer.
Certes la répartition des domaines de formation ne peut pas être rapprochée de
celles des domaines d’activités des jeunes selon la nomenclature initiale mais nous
percevons cependant certaines tendances. Le choix de formations est aussi varié que le
sont les activités entrant dans le champ de l’environnement, ce qui confirme la dispersion
des compétences recherchées par les jeunes. Des formations techniques spécifiques de
l’environnement (machinisme agricole, gestion et aménagement des milieux naturels,
reconnaissance des traces d’animaux…) cohabitent avec des formations non spécifiques
(perfectionnement informatique, BAFA, brevets d’Etat d’éducateur spécialisé…), ceci
permet aux jeunes d’acquérir une polyvalence indispensable à l’emploi dans
l’environnement.
Au niveau de l’offre de formation, des pôles de compétences ont été
particulièrement sollicités tels que les établissements dépendant du Ministère de
l’agriculture (CFPPA,CFAA…). Le dispositif emplois jeunes a introduit, aux côtés de
pratiques traditionnelles de demande et d’offre de formation, des dynamiques nouvelles
liées à la professionnalisation. Des démarches spécifiques sont ainsi apparues comme par
exemple les formations liées au Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC).
L’assainissement non collectif consiste à traiter les eaux usées des habitations
conformément notamment à la loi sur l’eau de 1992. Les communes ont l’obligation de
mettre en place un service chargé d’assurer le contrôle des installations d’assainissement
80/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
non collectif. Dans un certain nombre de cas, la mise en place du SPANC s’est appuyé sur
le dispositif emplois jeunes pour développer les missions d’information, de conseil et de
contrôle. L’Agence de l’eau Adour Garonne estime que plus de 300 jeunes exercent des
fonctions liées à l’assainissement sur le bassin dont une part importante est impliquée
dans un SPANC. Face à ce besoin nouveau, la Délégation de Toulouse de l’Agence
conduit actuellement une action d’ingénierie visant à la mise en place d’une formation
spécifique en région Midi-Pyrénées, répondant aux besoins des emplois jeunes mais
ouvert à un public plus large. Cette exemple illustre qu’un nouveau besoin émergeant
dans le cadre du dispositif emplois jeunes permet de développer une offre de formation
qui répondra à un public plus diversifié au-delà du dispositif. Un nouveau métier se
dessine alors dans ce domaine puisque la formation s’ouvre à des personnes hors
dispositif emplois jeunes. Le programme « nouveaux services- emplois jeunes » a en ce
sens permis de faire avancer la cause environnementale et au-delà d’explorer des besoins
locaux en nouvelles compétences.
Les dynamiques internes au dispositif restent difficiles à appréhender et l’étude a
mis en avant une réflexion plus centrée sur le projet de départ des jeunes que sur l’avenir à
moyen terme. Des questions demeurent par ailleurs sur les perspectives d’insertion
professionnelle des jeunes à l’issue du dispositif et sur les effets de ce dispositif sur
l’emploi et la formation professionnelle dans le secteur de l’environnement.
Néanmoins, certaines activités ont une portée très innovante à l’instar de celles
développées dans l’animation et l’éducation à l’environnement. Dans ces domaines, le
dispositif emplois jeunes a permis de créer des services qui n’étaient pas jusqu’ici assurés
par la collectivité locale. Il a également permis de répondre à une forte demande sociale
en matière d’environnement de proximité : entretien, surveillance et préservation des
espaces de proximité…
La majorité de ces nouveaux emplois du secteur de l’environnement a permis de
développer des services publics. Nous ne pouvons pas parler pour autant dans ce cas
d’essor de nouveaux métiers puisque la pérennisation de ces activités doit se justifier au
regard de leur utilité sociale et environnementale, or, très peu d’éléments sont disponibles
à ce sujet.
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Conclusion de la troisième partie
Les emplois du secteur de l’environnement font référence aux emplois créés dans
le cadre du dispositif « nouveaux services- nouveaux emplois » et aux emplois proposés
par les entreprises et collectivités territoriales. Nous avons tenu compte dans notre analyse
régionale de ces deux types d’emplois, avec chacun leurs caractéristiques propres.
Hors emplois jeunes, le secteur privé est le principal employeur en Midi-Pyrénées.
Cependant, les jeunes diplômés auront plus d’opportunités au sein des bureaux d’études
que des entreprises, qui recherchent une certaine expérience du processus de production.
Les emplois jeunes sont à l’inverse employés par les collectivités territoriales et les
associations pour remplir généralement des missions nouvellement mises en place de
sensibilisation et de gestion des espaces naturels. Le devenir de ces derniers emplois reste
encore incertain, la question de la professionnalisation des emplois jeunes étant
actuellement au cœur des débats.
Néanmoins, le rôle de la formation peut être un élément de réponse à ces discussions. En
effet, dans le cas où des activités récentes seraient pérennisées, la formation permet
d’approfondir les connaissances nécessaires à la tenue du poste. Par ailleurs, les
formations nombreuses en Midi-Pyrénées concernant la gestion des espaces naturels
permettent aux titulaires d’emplois jeunes de rester dans la région. Ceux qui
souhaiteraient se former à la gestion de l’eau ou des déchets risquent par contre de
rencontrer certaines difficultés au regard d’une offre de formation sous-dimensionnée
dans ces domaines.
Les résultats des débats sur la professionnalisation permettront certainement de se
positionner sur l’émergence de nouveaux métiers issus du dispositif emplois jeunes. En
effet, un emploi jeune pérennisé implique une reconnaissance des compétences utilisées et
laisse présager l’émergence d’un nouveau métier.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Conclusion générale
Arrivés au terme de l’exposé de l’analyse, il nous est à présent possible de retracer
les principaux enseignements de notre recherche. Nous commencerons par exposer les
principales conclusions qui ressortent de notre étude. Nous dégagerons ensuite les
quelques enjeux qui en résultent, tant pour les acteurs privés que publics. Nous
évoquerons enfin les prolongements possibles pour de futures activités d’étude dans ce
domaine.
La question d’emplois et de métiers de l’environnement suscite depuis longtemps
espoirs et controverses. Le secteur de l’environnement n’est pas clairement délimité et
seule une vision large des activités environnementales pouvait nous permettre d’analyser
ses tendances majeures. En effet, le marché « environnement » est toujours en phase de
structuration et rend par conséquent plus difficile toute tentative d’état des lieux. La
création d’emplois s’inscrit dans la durée et les préoccupations environnementales
semblent avoir trouvé leur place sur le marché de l’emploi.
L’essai d’une approche qualitative nous a conduit prioritairement à quatre réflexions :
L’évolution des métiers de l’environnement consiste davantage en une adaptation
à de nouvelles techniques et à de nouveaux champs d’action mais le travail de base reste
souvent le même. Les professionnels doivent ainsi s’adapter à de nouveaux outils, se tenir
informé des réglementations et actualiser leurs connaissances, mais fondamentalement les
compétences et qualités demandées sont stables. Les métiers nouveaux existent, ils sont
relativement rares, et nous retiendrons alors l’expression de « nouvelles logiques
professionnelles » pour caractériser les mutations subies par les métiers de
l’environnement.
L’engouement pour la « vague verte » agit aujourd’hui plus sur la mise en place de
formations nouvelles que sur la création nette d’emplois. L’analyse des postes occupés
montre souvent une surqualification et une inadéquation de certaines filières d’études avec
les besoins réels sur le terrain. Pour illustration, le domaine des déchets ne trouvent en
Midi-Pyrénées qu’un nombre très restreint de formations le concernant. La grande
majorité des étudiants se dirigent vers des formations en gestion du patrimoine naturel
bien que ce domaine soit relativement peu porteur d’emplois. Il semblerait que la
83/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
tendance actuelle soit d’intégrer l’environnement dans toutes les formations existantes
plutôt que de former de véritables spécialistes.
La création de nouveaux emplois pour répondre à des besoins qui ne peuvent être
assurés par le secteur marchand a donné lieu à de nombreuses mesures expérimentales.
Elle semblerait avoir trouvé aujourd’hui assise dans le cadre du programme emplois
jeunes dont la pérennité posera le problème de leur financement. De nombreux besoins
ont été couverts par ce dispositif et par ailleurs, de nouvelles compétences
environnementales ont pu être développées. Sous ces nouveaux emplois, de nouveaux
métiers peuvent se profiler par le biais de la professionnalisation des emplois jeunes. Il
semble que la gestion locale de l’environnement pourrait y contribuer.
L’intégration de l’environnement tend à développer les adaptations nécessaires des
modes de production, de consommation et même d’aménagement du territoire. C’est en
cela qu’il est sûrement un facteur de modernisation et donc un moteur de nouvelles
structures d’emplois. L’environnement n’est donc pas un domaine improductif et encore
moins une contrainte, mais il représente une ouverture à un marché de l’emploi,
nécessitant cependant des compétences reconnues.
Enjeux
En ce qui concerne les enjeux relatifs aux outils d’observation du marché du
travail, il conviendrait dans un premier temps de redéfinir les modes d’analyse
traditionnels du marché du travail dans le domaine de l’environnement. Les parcours
professionnels dans le domaine de l’environnement sont marqués par une grande diversité
de situations (formation initiale, formation continue, promotion interne, etc.). Il convient
donc de se doter d’outils d’analyse plus fins, notamment sur le plan statistique, prenant en
compte à la fois les variables professionnelles, organisationnelles et le marché du travail.
Dans un second temps, il conviendrait de revoir la manière dont sont considérées
les nomenclatures existantes relatives aux emplois liés à l’environnement. Nous avons vu
combien les nouvelles logiques professionnelles étaient marquées par l’incertitude du
champ professionnel de référence. Ceci implique une difficulté à se référer à un champ
particulier. Les nouveaux modes d’analyse et de recensement devraient permettre de
définir les nomenclatures de manière plus fine et mieux adaptée à la diversité des
situations rencontrées.
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Les nouvelles logiques professionnelles dégagées semblent principalement le fait
de personnes provenant de secteurs d’activité autres que l’environnement. En matière de
politique de formation, il s’agirait donc plus, pour les pouvoirs publics soucieux d’agir en
la matière, de compléter les autres cursus par des formations complémentaires dans le
domaine de l’environnement
plutôt que de renforcer les formations initiales en
environnement. A l’exception cependant des domaines d’activité pour lesquels les
formations initiales sont insuffisantes (gestion de l’eau et des déchets, maîtrise de
l’énergie en Midi-Pyrénées par exemple).
Plutôt que de créer de nouveaux métiers de l'environnement, il faudrait "mettre de
l'environnement dans tous les métiers" (Ministère de l’écologie et du développement
durable).
Suggestions en matière d’études futures
La méthodologie qualitative d’étude utilisée a comme principal avantage de
permettre l’appréhension d’une grande diversité de situations, et comme principal
inconvénient de ne pouvoir prétendre ni à l’exhaustivité ni à la représentativité des
résultats. Les conclusions et les enjeux dégagés par l’étude doivent donc être lus avec
cette considération à l’esprit.
Si cette méthodologie a bel et bien permis d’appréhender l’émergence de nouvelles
logiques professionnelles, il n’en demeure pas moins que les principales conclusions
mériteraient d’être confirmées par des recherches complémentaires.
A ce titre, des recherches pourraient être utilement menées sur les emplois liés à
l’environnement dans les entreprises non spécialisées. De même, il serait intéressant
d’étendre ce type d’étude à l’émergence de nouvelles logiques professionnelles dans
d’autres secteurs d’activité.
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Bibliographie
‰
Ouvrages
Institut Français de l’Environnement (IFEN), Les emplois et les métiers de
l’environnement, in L’environnement en France, éditions La Découverte et IFEN, 2002,
p.507-522
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LATRONCHE Bérangère, Les métiers de la nature et de l’environnement, Editions
Jeunes, 1998, 196 p.
ZARIFIAN Philippe, Objectif compétence- Pour une nouvelle logique , éditions Liaisons,
mars 1999, 229 p.
PIOTET Françoise, La révolution des métiers, éditions PUF, janvier 2002, 362 p.
DESCOLONGES Michèle, Qu’est-ce qu’un métier ?, éditions PUF, Paris, 1996, 264 p.
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Rapports, études
IFEN, L’environnement à la recherche d’une définition, Notes de méthodes n°1, IFEN,
juin 1993
IFEN, Premier bilan du programme ‘nouveaux services emplois jeunes’ dans
l’environnement, IFEN, juin 1999
NIRASCOU Françoise, Acquis et lacunes de l’information
l’environnement, Notes de Méthode n°10, IFEN, septembre 1998, 75 p
statistique
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ROCH Jérôme, Emplois environnement : des stratégies différentes selon les employeurs,
in Les données de l’environnement, n°64, IFEN, mars 2001, 4 p
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l’emploi, des métiers et des qualifications de Midi-Pyrénées, juillet 1994, 44 p
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<http://www.industrie.gouv.fr/observat/bilans/etude_lentic.htm>
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URCPIE Midi-Pyrénées, Répertoire Métiers Formations Insertion Environnement en
Midi-Pyrénées, juin 2000, 207 p
89/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
ANNEXES
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
SOMMAIRE
LES ACTEURS RENCONTRES .................................................................................92
GUIDE D’ENTRETIEN ...............................................................................................94
EXEMPLES DE METIERS ET NIVEAUX DE FORMATION..................................97
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LES ACTEURS RENCONTRES
Identification des contacts externes
Nom du contact
Domaines
ADEME
Gérard BARDOU
Véronique MATHEVON
Véronique TATRY
Déchets
AFIDEL
M. VILLETTE
Insertion par
l’environnement
M. THEVENET
Forêt
Mme MARTY
Conseil
environnemental
Générale des Eaux
M. VIGNOLES
Eau, Assainissement
Pechiney
Mme DECOUL
Pollution, Risques
M. MAILHES
Déchets
Centre Régional de la Propriété Forestière
de Midi-Pyrénées
CRCI Midi-Pyrénées
PSI
DRIRE
Mairie de St Orens
ARCE
ANTEA
Chambre des Métiers de HauteGaronne
IDE environnement
Laurent MIDRIER
M. DIGNAC
Environnement
industriel
Conseil
environnemental
M. SEPELLIADES
Conseil
M. MAILLE
Conseil
M. BOURY- ESNAULT
Pollution, Conseil
Mme BROSSON
Cabinet d’études
Bernard BONNEFOY
Pollution, déchets
Damien CHAMAYOU
Espaces naturels
M. PICAMOLES
Environnement
industriel
M. VIUDEZ
Emploi
Odile CASSEDE
Récupération
déchets
Agence Régionale Pour l’Environnement
NORISKO
DIREN
ECO-EMBALLAGES
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Identification des contacts externes
URCPIE
Union Nationale des Entreprises de Déchets
UMINATE
Agence de l’eau Adour-Garonne (AEAG)
Conseil Régional de Midi-Pyrénées
(délégation Environnement)
Conseil Général de l’Ariège
Ecole des Mines d’Albi
LEGTA d’Albi
Nom du contact
Domaines
Jean RONDET
Nature
M. GOUZE
M. PENSO
Déchets
Michel HENRY
Conseil, éducation à
l’environnement
Alain DUTEMPS
Gestion ressource
eau, traitement eau
Dominique RONDI
Généraliste
M. RUMMENS
Généraliste
Christine ARENCET
Formation
M. BARBESSOU
Formation
Aménagement des
espaces verts
Aménagement et
amélioration du
cadre de vie
SICOVAL
Mme LESOIN
SOLAGRO
Mme CHARRU
SAUR
Mme ALQUIER
Eau, Assainissement
M. FABRE
Déchets
Mme ROQUE
Aménagement des
espaces verts
Amélie VILLOTE
Généraliste
SOPAVE
GEIQ Vert (groupement d’employeurs)
DRAF
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
GUIDE D’ENTRETIEN
I. CADRAGE
Q1/
Comment
les
acteurs
de
l’environnement
déterminent-ils
l’appartenance d’une activité au domaine de l’environnement ?
ƒ Utilisez-vous une classification particulière et/ou une nomenclature
pour
délimiter
les
champs
d’activités
dans
le
domaine
de
l’environnement ?
II. SECTEURS D’ACTIVITES
Il s’agit de faire un point sur l’activité et l’emploi dans le domaine de
l’environnement dans son ensemble et/ou sur le sous-secteur traité…
Q2.1/ Evaluation et évolution de l’activité en termes de :
Pour chacun des indicateurs demander la tendance depuis X années et
évoquer les raisons de ce développement (ou récession)
ƒ Chiffre d’affaires
ƒ D’investissements/dépenses liées à l’environnement publics ou privés.
ƒ Aides ou subventions
Informations liées au secteur privé
ƒ Quelle est la taille des établissements entrant dans ce champ d’activité
ƒ Ces entreprises ont-elles une activité spécifiquement ou partiellement
liée à l’environnement ?
94/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
ƒ Est-ce un marché concurrentiel ou est-il en phase de le devenir ?
Q2.2/ Evaluation et évolution de l’emploi
Pour chacun des indicateurs demander la tendance depuis X années et
évoquer les raisons de ce développement (ou récession)
ƒ Les effectifs : emplois directs et indirects
ƒ Identifier les sous-domaines créateurs d’emploi
ƒ Décryptage des caractéristiques de l’emploi :
Age
Sexe
Qualification
Statut (type de contrat)
Q2.3/ Y a t-il des particularités dans l’historique du développement
qu’ont connu les activités liées à l’environnement en Midi-Pyrénées ?
III. Emploi - Métiers
Q3.1/ Quels sont les acteurs qui recrutent en Midi-Pyrénées (domaines,
activités, type d’employeurs : public, privé) ?
Q3.2/ Quels sont les emplois proposés (profils de poste, compétences,
qualifications, formations demandées) ?
Q3.3/ Evolution des métiers:
ƒ Quelles
évolutions
ont
connu
les
métiers
parallèlement
au
développement des activités liées à l’environnement ?
ƒ Quels sont les facteurs susceptibles de faire évoluer les métiers ?
ƒ Comment s’est effectuée cette évolution ?
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Q3.4/
Quel
a
été
l’impact
du
dispositif
emplois
aidés
sur
le
développement des métiers de l’environnement ?
Q3.5/ S’il y a des métiers de l’environnement à mettre en avant en MidiPyrénées, quels sont-ils et pourquoi ?
IV. Formation
Q4.1/ Y a-t-il une bonne adéquation entre l’offre de formation en MidiPyrénées et les besoins des recruteurs ?
-
Si oui quels sont les atouts (qualité de la formation par rapport au marché du
travail) des jeunes diplômés sur le marché du travail ?
-
Si non quels sont les formations qu’il conviendrait de mettre en
place pour répondre aux besoins actuels ou à venir des
entreprises en matière de compétences ?
V. Perspectives
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EXEMPLES DE METIERS ET NIVEAUX DE
FORMATION
Protection de la nature et gestion des ressources naturelles
Milieux naturels
Agent technique forestier (garde forestier)
Technicien forestier
Ingénieur forestier
BEPA Aménag. espace ou BTSA travaux forestiers
STAE ou BTSA "production forestière"
Diplôme "FIF-ENGREF" (3 ans) après concours
d'entrée qui se prépare en 2 ans dans des écoles
spécialisées.
Ingénieur du génie rural des eaux et des forêts Diplôme "IGREF" de l'Ecole Nationale du Génie
Rural, des Eaux et Forêts (réservé aux élèves de
l'INA et de l'école Polytechnique)
Agent technique de parc national
BEPA
Technicien des parcs nationaux
BEPA à Bac S
Chargé de mission dans un parc naturel
Bac + 5 (génie rural, eau et forêt, etc.)
régional
Garde-chasse
- Concours Office National de la Chasse ou garde
privé
- BTA ou BTSA gestion de la faune sauvage
Garde-pêche
- Concours Ministère Agriculture ou garde privé
- BEPA à priori mais formation supérieure bien
souvent
Agent d'entretien de l'espace rural
CAPA
Gestion ressources eau
Goûteur d'eau
Hydrobiologiste
Hydrogéologie
Hydraulicien
Fontainier
Responsable d'un système d'exploitation de
l'eau
Conseiller en hydraulique agricole
Agent d'entretien de rivière
Technicien de rivière
Agriculture
Agriculteur biologique
Pas de niveau mais aptitude physique
DEA ou DESS, après écoles ingénieurs, maîtrise ou
MST
Ingénieur + DEA
Ingénieur : hydraulique + informatique
CAP ou BEP électromécanicien
CAP Agent de la qualité de l'eau
BTSA gestion et maîtrise de l'eau
BTSA gestion et maîtrise de l'eau
CAPA à BEPA
DUT à BTSA, en principe
BTA + option biologie ou formation professionnelle
continue
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
Conseiller en agriculture biologique
Sciences de la vie
Biotechnologie
Technicien en biotechnologie
Géologue
Géophysicien
Pédologue
Océanologue
Technicien de la météorologie
Ingénieur des travaux de la météorologie
Biologiste (recherche fondamentale)
Botaniste
Zoologiste
BTSA + expérience concrète agriculture biologique
Recherche : universitaire ou ingénieur titulaires d'une
thèse
Fabrication : ingénieur, expérience recherche
développement.
BTS biotechnologie,
BTA industries agro-alimentaires et biotechnologies,
DUT génie chimique, option bio-industries
Doctorat après cursus universitaire ou école ingénieur
Doctorat après cursus universitaire ou école ingénieur
DEA de pédologie, soit après géologie, soit après
ingénieur agronome
Doctorat (spécialisation en maîtrise)
Concours niveau Bac S, E, F2 + 2 ans d'école (ENM)
Ou sur concours, ou sur titre
Doctorat
Doctorat
Doctorat
Prévention et traitement des pollutions et des risques
Traitement de l'eau
Conducteur d'appareils de traitement des eaux BEP conducteur d'appareil option B traitement et
épuration des eaux
Agent de la qualité de l'eau
CAP agent de la qualité de l'eau complété par BEP
industrie chimique et traitement des eaux
Responsable d'une station de traitement des Ingénieur (hydraulique + biologie + informatique)
eaux
Egoutier
Pas de niveau. Formation professionnelle continue
sécurité
Technicien de contrôle des réseaux
BEP électromécanicien, Bac pro et BTS
Responsable de réseaux d'assainissement ou Ingénieur (hydraulique + informatique)
d'eau
Métiers des déchets
Récupérateur
Gardien de déchetterie/valoriste
du DUT ou BTS, au diplôme d'ingénieur
Souvent sans qualification, sauf sécurité
CAP gestion des déchets et propreté urbaine
Technicien de traitement des déchets
DUT ou BTS chimie ou biochimie
Responsable de site de traitement des déchets soit Bac + 4, soit ingénieur école de chimie
- usine d'incinération
soit école option environnement industriel
- centre d'enfouissement
soit MST + expérience professionnelle
pour usine compostage : ingénieur agronome
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Eboueur
Prévention des pollutions
Technicien de mesures de la pollution
Agent de laboratoire en chimie (aidechimiste)
Technicien chimiste
Ingénieur chimiste
Technicien biologiste
Biologiste (en biologie appliquée)
Ecotoxicologue
Ingénieur environnement sur un site industriel
Responsable environnement dans une
entreprise
Technicien de l'industrie et des mines
Souvent sans qualification, sauf sécurité
CAP agent traitement déchets et propreté urbaine
DUT mesures physiques, BTS chimie
Bac F6
BTS ou DUT chimie
Ingénieur école de chimie
BTS analyses biologiques, DUT biologie
DESS, DEA ou école ingénieur spécialisée
Pharmacien ou ingénieur chimiste + DEA toxicologie
Diplôme éco-conseiller, ingénieur environnement
soit DESS ou DEA environnement
soit ingénieur environnement
FPC interne actuellement
Concours (DRIRE) au niveau Bac
Prévention des risques - Sécurité
Responsable de la sécurité dans une entreprise Souvent formation interne dans l'entreprise
Ingénieur + expérience professionnelle
Inspecteur des installations classées
Ingénieur, option environnement industriel
Technicien en sécurité - radioprotection
BTS "contrôle des rayonnements ionisants et
application des techniques de protection"
ou Bac + 2 + formation interne
Ingénieur spécialisé en radioprotection
ingénieur + DEA radiobiologie
Sapeur-pompier
Concours CAP ou BEP
DUT ou licence pour les officiers
Volcanologue
Doctorat ès sciences, après études géologie ou
géographie
Hygiène - Santé
Technicien du génie sanitaire
Ingénieur du génie sanitaire
Agent d'hygiène et de décontamination
Technicien du nettoiement et de
l'assainissement
Responsable hygiène et propreté dans une
municipalité
BTS ou DUT
Ingénieur Ecole Nationale Santé Publique, entre
autres
BEP bioservices
BEP bioservices ou Bac pro "hygiène et
environnement"
Suivant service, Bac + 2 ou ingénieur
Aménagement et cadre de vie
Conseil - Communication
Conseiller en environnement ou éco-
DEA, DESS ou écoles d'ingénieurs (éco-conseiller de
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DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
conseiller
Strasbourg, école des métiers de l'environnement,
etc.)
Juriste spécialisé en droit de l'environnement DESS ou DEA spécialisé après une maîtrise de droit
Spécialiste de la communication en
Maîtrise de sciences ou écoles d'ingénieurs + 3ème
environnement
cycle en communication
Aménagement - Espaces verts
Paysagiste
Adjoint technique paysagiste
Urbaniste
Technicien du génie rural
Agent d'entretien des espaces verts
Ingénieur du génie urbain
Assistant d'études en environnement
Cadre de vie - Bruit
Architecte
Acousticien
Maîtrise de l'énergie
Technicien thermicien
Ingénieur thermicien
Animation
Animateur - nature
Concepteur - réalisateur de loisirs verts
Bac + 6 à l'Ecole nationale supérieur du paysage de
Versailles
BTSA horticulture
3ème cycle après formations initiales diverses
(architecture, géographie, droit, arts plastiques, IEP,
écoles d'ingénieur, etc.)
concours Bac S ou STAE
CAPA Aménagement. de l'espace option travaux
paysagers
Diplôme ingénieur, DEA, DESS
Bac + 3
DPLG, ESA, ENSAIS
DEA d'acoustique ou diplôme d'ingénieur (/ex
Université de Compiègne, filière AVI)
BTS équipement thermique énergie
DUT génie thermique et énergie
DUT génie civil
Option génie thermique ou équivalent (énergéticien)
BTS Gestion et protection de la nature (+BAFA)
BEATEP
Pas de diplôme type.
Connaissances de terrains et bonne formation à la
gestion
divers
Elagueur doux
CAPA ou BEPA + spécialisation
Technicien-animateur agro-environnement
BTSA + Formation continue
Technicien en génie climatique
Bac ou Bac + 2
Rudologue
DESS minimum
Ingénieur contrôle du bruit
Bac + 5
Coordinateur de Bassin Versant
DESS environnement ou Ing. agro. génie envir
Source : Ministère de l’Ecologie et du Développement durable
100/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
101/101
DEA d’économie appliquée- Université des sciences sociales de Toulouse- 2003
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