plus son intransigeance. A partir des années 1870, alors que le néo-malthusianisme acquiert une certaine
popularité et agit sur les mœurs, on observe une lutte contre l’onanisme conjugal. Les prêtres vont
démarcher, avec l’image du curé ancien combattant. Les grandes campagnes comme l’ami du clergé 1898,
où l’on donne des conseils, des formules et une aide dans le vocabulaire employé, sont nombreuse. Mais
paradoxalement, contrairement à l’idée commune, la famille chrétienne type, celle qui se répète le plus
souvent et compose l’essentiel des effectifs, n’est ni une famille nombreuse ni une famille très réduite. Elle
oscille autour de deux à trois enfants par femme alors qu’un siècle plutôt, elle tournait autour de 5 ou 6
enfants environ. Mais si la majorité du peuple chrétien a adopté la famille du type moderne, DASSONVILLE
montre l’importance peu normale de familles très nombreuses qui correspond à un phénomène très
chrétien. Les catholiques entretiennent une relation étroite avec les valeurs du modèle bourgeois dominant.
Mais ce phénomène reste quand même peu nombreux : La pratique religieuse et la foi ne sont pas
parvenues à enrayer l’évolution démographique. A noter quand même, que la chute de la natalité chez les
catholiques n’a pas dépassé un certain minimum.
Autre évolution différente, reflétant la diversité sociale et politique de la France industrielle,
concerne la catégorie des paysans. En effet, la critique courante est celle de l'arriération paysanne, d’une
modernisation tardive des campagnes - qui tranche souvent avec les mutations nationales faites par le
chemin de fer, l'école de Ferry - et d'un contrôle précoce des naissances, lié au code Napoléon.
Au début du XIXe siècle, le monde paysan, marqué par une permanence des structures sociales et des
techniques agraires, occupe une grande place dans la société française. Même si son importance est
minimisée par sa place politique et sociale, la grande majorité des Français est alors composée de paysans.
La critique courante porte souvent sur l’arriération paysanne : Dans un siècle de mutations sociales,
politiques, et économiques majeures, les paysans passent en effet bien souvent, pour les figures d’un
archaïsme « qui colle aux sabots ». Les nouvelles de Maupassant font le portrait de paysans frustres, naïfs et
ignorants, cupides ou généreux, de bourgeois nantis ou d’ouvriers exploité.
La France rurale est en quelques sortes longtemps restée prisonnière de coutumes, de traditions, de cultures
routinières et de particularismes locaux. Paradoxalement à la modernisation que connait le pays grâce au
chemin de fer et à l’école Ferry, ce n'est qu'avec la IIIe République que la critique d’arriération des paysans
s’adoucit.
Ce qu’on ne saurait oublier, c’est que le monde paysan devient de plus en plus impliqué en politique au
cours du siècle. En France, en 1848, la proclamation du suffrage universel masculin est une heureuse victoire
pour les populations rurales. Elles ont pour la première fois, l’opportunité de revendiquer d’une manière
légitime, leurs aspirations profondes. Or, si beaucoup craignaient de voir cette masse populaire (touchée par
la pauvreté, illettrée, et donc facilement influençable par la propagation des « idées rouges »), chambouler
par le poids de leur vote, les structures établies de longues dates, il s’est avéré en fait, que les choix
électoraux de la paysannerie, se sont d’abord exercés dans un sens conservateur. Napoléon III lui, l’a bien
compris ; « son sacre », il ne saurait oublier qu’il le doit au soutien reçu des populations rurales.
Paradoxalement, la chute de la natalité dans le monde paysan se fait précocement avec un contrôle des
naissances lié au code Napoléon. Les paysans font le choix d’éviter le morcellement du domaine qui
reviendrait inexploitable s’il était partagé. On choisi aussi de réduire les naissances ou d’exporter ses enfants
là où il n’est pas besoin de capital (ce que croient les paysans) vers les villes : d’où la dénatalité et l’exode
rural.
On a pu imaginer la société rurale du XIX° siècle, profondément figée, enfermée dans son archaïsme, et donc
incapables de se moderniser. Or, à l’image du XIX° siècle dans son ensemble ; son histoire est longue et
complexe. A travers son évolution, s’est joué en fait l’un des enjeux fondamentaux du XIX° siècle. Et ce,
avant tout sur le plan démographique avec le basculement de sociétés à prédominance rurales vers des
civilisations urbaines ; grâce au passage d’une économie agricole à une économie industrielle.
Reflet des diversités d’évolution et de mutations avec les catholiques et les paysans que nous venons
de voir, se fait aussi l’évolution tardive mais réelle du monde ouvrier.
Les familles ouvrières sont encore très nombreuses au XIX° : En face du peuple « prolifique », les bourgeois
philanthropes accusent la fécondité excessive qui écrase l’enfant, lui interdit tout progrès social & moral ;
alors que la fécondité intervient comme une richesse pour les prolétaires, la seule dont ils pouvaient