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De la complexité aux perturbations des systèmes complexes
La biosphère, les écosystèmes, les sociétés, les personnes et les systèmes biologiques sont des
systèmes complexes en interaction multi-échelles verticales et horizontales, présentant une
certaine résilience mais aussi une vulnérabilité intrinsèque. La biosphère et ses sous systèmes
présentant des milliards d’entités dans un espace grand mais pourtant limité (contexte de
finitude), avec des milliers de processus les mettant en interaction par des boucles de
régulations, sont trop complexes pour qu'il soit possible de prédire l'ensemble des réactions en
réponse aux activités humaines et notamment aux technologies nouvelles. Des phénomènes
aléatoires, des restrictions et l’historicité guident l’organisation globale des systèmes vivants
pour aboutir à une fonctionnalité cohérente. La perte d’organisation des systèmes complexes
au cours de perturbations et/ou de leur vieillissement, associée à la perte de fonctionnalité du
système (perte de résilience) représente un problème pour les différents niveaux d’échelles.
Relier les connaissances et la culture scientifiques, de la biologie, à la culture des sociétés et
de l’humanité demande de traverser les échelles de temps et d’espace et de faire abstraction
des entités en tant que telles pour se pencher davantage sur les processus évolutifs des
systèmes, de leur diversité, de leur contexte et des interactions dynamiques qui les lient. Des
processus locaux microscopiques (typiquement une épidémie par un agent infectieux),
peuvent influencer par percolation les décisions humaines, sociétales et économiques, dont les
décisions peuvent aussi influencer la biodiversité, nos modes de vies, notre stress, notre
métabolisme, notre santé et notre longévité. La relation entre biologie et humanisme est donc
directe bien que souvent les sciences traitant des aspects biologiques, écologiques, sociaux et
sociétaux soient séparées. Le système immunitaire occupe une place déterminante par la
complexité de son organisation et de ses relations, à la frontière de chaque « organisme »,
pour la décision et l’action de l’homme en tant qu’individu, et agit également au niveau
sociétal. S’il est difficile d’étudier les macrosystèmes tels que la biosphère ou les systèmes
écologiques ou sociaux, les systèmes biologiques microscopiques complexes et multi-
échelles, tels que le système immunitaire, peuvent représenter un objet d’étude approprié.
D’autre part comprendre la complexité de ce système vivant critique et chaotique (Thomas-
Vaslin, 2015) peut permettre d’approcher la complexité à d’autres niveaux, par exemple sur la
résilience des systèmes (Thomas-Vaslin, 2014). Les approches de la trace humaine et de la
trace du corps ont permis récemment d’aborder la trace du système immunitaire chez
l’humain (Thomas-Vaslin, 2017), à la fois issu de trace et constructeur de traces (Galinon-