Anthropologie et développement : Essai en Socio-Anthropologie
du changement social
J-P. Olivier de Sardan, Ed. Karthala, Paris, 1995
Il y a quatre propriétés principales que l’on peut attribuer aux processus de changement social
et de développement :
La confrontation d’éléments hétérogènes, divergents, dissemblables, contradictoires,
est au cœur de l’anthropologie du changement social et du développement. Celle-ci
doit s’intéresser non seulement aux « communautés locales », aux « populations
cibles », mais tout autant aux dispositifs d’intervention, aux médiateurs et courtiers,
aux agents extérieurs,…
Les processus de changement social et de développement mobilisent des structures
« intermédiaires », « informelles », transversales : des « réseaux », des affinités, des
clientèles, des sociabilités locales, professionnelles, familiales,…
Les processus de changement social et de développement sont par définition
diachroniques, et cette dimension là est trop souvent oubliée par les écoles
anthropologiques classiques.
Les processus de changement social et de développement se situent à l’interface entre
Anthropologie et Sociologie « macro » d’un côté, et ethnographie et sociographie de
l’autre. Autrement dit entre les pesanteurs structurelles et l’action des agents sociaux.
c. Deux « points de vue heuristiques »
Holisme méthodologique :
L’Anthropologie semble apporter son appui au holisme (prend pour objet la société globale)
par ses méthodes de terrain spécifique.
L’Anthropologie du changement social et du développement montre qu’il faut prendre en
compte de manière simultanée les registres divers de la réalité sociale, telle que
l’appréhendent les cultures, sous-cultures et acteurs sociaux. Pratiques et représentation sont
toujours à la fois d’ordre économique, social, politique, idéologique, symbolique.
Holisme idéologique :
Mais par contre, l’anthropologie du changement social doit rompre avec un autre type de
holisme : celui qui considère la société comme un tout homogène et cohérent, quelles que
soient les propriétés qui affectent ce tout.
Nous voici donc en présence de deux types de holismes : l’un point de vue de la transversalité
et de la multidimensionnalité, l’autre une hypertrophie du tout, de l’ensemble, du système, de
la structure.
Individualisme méthodologique :
L’Anthropologie du changement social et du développement et du développement est « actor
oriented » en privilégiant les points de vue des acteurs de base et des « consommateurs » de
développement.
Elle tend donc à mettre en évidence leurs stratégies, aussi contraintes soient-elles, leurs
marges de manœuvre, aussi faibles soient-elles, leur « agencéité ». Car les acteurs « réels »,
individuels ou collectifs, « circulent entre plusieurs logiques, choisissent entre diverses