THÈSE En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE Délivré par l'Université Toulouse III - Paul Sabatier Discipline ou spécialité : Sciences et Génie des Matériaux Présentée et soutenue par Jean-Fabien CAPSAL Le 23 Octobre 2008 Titre : ELABORATION ET ANALYSE DES PROPRIETES PHYSIQUES DE NANOCOMPOSITES HYBRIDES FERROELECTRIQUES JURY Dr. F. Bauer (Rapporteur) Dr. G. Seytre (Rapporteur) Dr. J-M. Bergerat (Examinateur) Pr. A. Soum (Examinateur) Pr. C. Lacabanne (Directeur de thèse) Dr. E. Dantras (Directeur de thèse) Ecole doctorale : Science de la matière Unité de recherche : CIRIMAT/Laboratoire de Physique des Polymères Directeur(s) de Thèse : Pr. C. Lacabanne, Dr. E. Dantras Rapporteurs : Dr. F. Bauer, Dr. G. Seytre Ce travail de thèse a été réalisé au Laboratoire de Physique des Polymères/CIRIMAT, Université Paul Sabatier/Toulouse. Il a bénéficié du support de la DGE et de la Région MidiPyrénées, dans le cadre du programme NACOMAT. Je tiens à remercier M. Alain Soum, Professeur à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie et Physique de Bordeaux qui m’a fait l’honneur de présider ce jury de thèse. M. Gérard Seytre, Directeur de recherche CNRS au Laboratoire des Matériaux Polymères et des Biomatériaux de l’Université Claude Bernard de Lyon, a accepté d’examiner et de juger ce travail de thèse. Je tiens à lui exprimer ma sincère reconnaissance. M. François Bauer, Docteur d’état et Président de Piezotech S.A., m’a fait l’honneur d’être rapporteur de ce travail de thèse, qu’il trouve ici l’expression de ma profonde reconnaissance. M. Jean-Michel Bergerat, Docteur, responsable Recherche Amont « Matériaux et ProcédésComposites » à Airbus, a coordonné les tâches « Détection de chocs » et « Dégivrage » du programme NACOMAT. Il m’est agréable de le remercier pour son efficacité et sa bienveillance tout au long de cette recherche. J’exprime mes remerciements au Professeur Colette Lacabanne et au Docteur Eric Dantras pour m’avoir accueilli dans leur groupe de recherche ainsi que pour leurs conseils avisés et leur disponibilité. Qu’ils trouvent ici ma profonde et sincère reconnaissance. Merci à Jany Dandurand, Sabastien Racagel, Mathieu Chevalier et Antoine Lonjon pour l’aide qu’ils m’ont apportée et les nombreuses discussions que nous avons échangées. Sommaire Introduction 1 Chapitre 1 : Synthèse Bibliographique 4 I. Introduction 5 II. Matériaux ferroélectriques 6 II.1. Matériaux inorganiques 6 II.2. Matériaux organiques 7 II.3. Protocoles de polarisation III. Propriétés physiques des composites hybrides 11 13 III.1. Connectivité 13 III.2. 14 Transition vitreuse III.3. Propriétés mécaniques 16 a) Résultats 16 b) Modélisation 18 Lois de mélanges 18 Méthodes d’homogénéisation 19 III.4. Propriétés diélectriques 20 a) Résultats 20 b) Modélisation 22 Modèle de milieu effectif 22 Modèle de Lichtnecker 24 III.5. a) b) Propriétés électroactives 24 Résultats 24 Effet piézoélectrique et pyroélectrique direct 24 Effet piézoélectrique inverse et électrostriction 28 Modélisation Modèle de Furukawa : composites de connectivité 0-3 29 29 Modèle de connectivité mixte ....................................................................................... 32 Sommaire Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes A. Matériaux I. Structure des matériaux constitutifs I.1. Polyamide 11 44 44 b) Stabilité chimique 45 c) Structure physique 45 46 a) Structure chimique 46 b) Stabilité chimique 46 c) Origine de la ferroélectricité des copolymères fluorés 46 47 a) Structure cristalline 47 b) Transition de phase cristalline 48 c) Synthèse et granulométrie 49 d) Structure cristalline des nanoparticules 50 Elaboration des nanocomposites II.1. Protocole d’élaboration 51 51 a) Matrice polyamide 11 51 b) Matrice P(VDF-TrFE) 52 II.2. Etude de la dispersion des n-BT 52 II.3. Détermination de la fraction volumique 56 II.4. Protocole de polarisation 59 a) Matrice passive : polyamide 11 60 b) Matrice active : P(VDF-TrFE) 60 Méthodes I. 44 Structure chimique I.3. Titanate de Baryum B. 44 a) I.2. Copolymères P(VDF-TrFE) II. 43 Analyse calorimétrique diatherme (ACD) I.1. Matériaux organiques 61 61 62 a) Polyamide 11 62 b) P(VDF-TrFE) 64 Sommaire I.2. Matériau inorganique : Titanate de Baryum II. Analyse mécanique II.1. Essais mécaniques en traction 65 66 66 a) Dispositif expérimental 67 b) Polyamide 11 67 II.2. Analyse mécanique dynamique (AMD) 68 a) Principe 69 b) Dispositif expérimental 69 c) Mise en œuvre des échantillons 71 d) Comportement dynamique mécanique du polyamide 11 71 III. Analyse diélectrique 72 III.1. Origine de la polarisation 72 a) Approche macroscopique 72 b) Approche microscopique 73 c) Origine des différentes polarisations 74 III.2. Phénomènes de relaxations 75 a) Equation de Debye 75 b) Equation d’Havriliak-Negami 76 III.3. Dépendance en température des temps de relaxation a) Comportement de type Arrhenius 77 77 i) Théorie des barrières 78 ii) Phénomène de compensation 79 iii) Critère de coopérativité de Starkweather b) Comportement de type Vogel-Tammann-Fulcher 80 81 i) Théorie du volume libre 82 ii) Théorie d’Adam-Gibbs 82 III.4. Spectroscopie diélectrique dynamique 83 a) Matériaux organiques : mobilité moléculaire i) 84 Polyamide 11 84 iii) P(VDF-TrFE) 88 iv) Conductivité et phénomènes inter-faciaux 90 b) Matériau inorganique i) Relaxations solides-solides des nano-BT 91 91 Sommaire III.5. Courants thermo stimulés (CTS) 94 a) Principe d’obtention d’un thermogramme complexe 94 b) Principe d’obtention d’un thermogramme élémentaire 95 c) Analyse des thermogrammes élémentaires 95 d) Dispositif expérimental 96 e) Matériaux organiques 96 IV. i) Polyamide 11 96 ii) P(VDF-TrFE) 101 Mesures des propriétés électroactives IV.1. Pyroélectricité 102 102 a) P(VDF-TrFE) 102 b) Titanate de baryum 103 IV.2. Piézoélectricité 104 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 112 A. Etude des nanocomposites P(VDF-TrFE) / BaTiO3 700 nm 113 I. Stabilité des nanocomposites 113 II. I.1. Stabilité chimique 113 I.2. Stabilité physique 114 a) Fusion et cristallisation 114 b) Transition de Curie 116 Propriétés diélectriques II.1. 120 Modes de relaxation isothermes 120 a) Influence du taux de charge sur la permittivité diélectrique 121 b) Influence du taux de charge sur la dynamique moléculaire de la matrice 124 Modes de relaxation anisothermes 132 Relaxations diélectriques basses températures 132 II.2. a) i) Thermogrammes CTS 132 ii) Structure fine 134 Sommaire b) Relaxations diélectriques hautes températures i) Thermogrammes complexes 137 137 B. Etude des nanocompsites PA11 / BaTiO3 700 nm 140 I. Stabilité des nanocomposites 140 II. I.1. Stabilité chimique 140 I.2. Stabilité physique 141 a) Transition vitreuse 141 b) Fusion et cristallisation 143 c) Transition de Curie 145 Propriétés mécaniques 145 II.1. Traction longitudinale 146 II.2. Cisaillement dynamique 147 III. Propriétés diélectriques III.1. Modes de relaxation isotherme 151 a) Influence du taux de charge sur la permittivité diélectrique 151 b) Influence du taux de charge sur la dynamique moléculaire de la matrice 155 III.2. Modes de relaxation anisothermes C. 151 159 a) Relaxations diélectriques à basses températures 159 b) Relaxations diélectriques à hautes températures 160 i) Thermogrammes complexes 161 ii) Structure fine 162 Discussion 164 Chapitre 4 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction la taille des nanoparticules 174 I. Observation de la dispersion 175 II. Stabilité des nanocomposites 177 II.1. Structure chimique 177 Sommaire II.2. Structure physique 178 a) Transition vitreuse 179 b) Fusion et cristallisation 180 c) Transition de Curie 182 III. Propriétés mécaniques III.1. Traction longitudinale 183 III.2. Cisaillement dynamique 184 IV. Propriétés diélectriques IV.1. Modes de relaxation isothermes 187 187 a) Influence de la taille des particules sur la permittivité diélectrique b) Influence de la taille des particules sur la dynamique moléculaire de la matrice 189 IV.2. Modes de relaxation anisothermes V. 183 187 192 a) Evolution de l’amplitude des phases amorphes souples et rigides 193 b) Résolution expérimentale des phases amorphes souples et rigides 197 Discussion Chapitre 5 :Propriétés électroactives 198 209 A. Etude des nanocomposites à matrice active P(VDF-TrFE) / BaTiO3 700 nm 210 I. Polarisation 210 II. Propriétés pyroélectriques 211 II.1. Dépendance en température des pyrocourants 212 II.2. Influence du taux de charge 215 II.3. Facteur de mérite pyroélectrique 216 III. Propriétés piézoélectriques B. 217 III.1. Influence du taux de charge 217 III.2. Facteur de mérite piézoélectrique 218 Etude des nanocomposites à matrice passive PA11 / BaTiO3 219 Sommaire I. II. Polarisation I.1. Champ appliqué et temps de polarisation 219 I.2. Température de polarisation 220 I.3. Mécanismes de polarisation 221 Propriétés pyroélectriques 222 II.1. Dépendance en température des pyrocourants 222 II.2. Facteur de mérite pyroélectrique 225 III. Propriétés piézoélectriques C. 219 226 III.1. Influence du taux de charge 226 III.2. Influence de la taille des particules 228 III.3. Facteur de mérite piézoélectrique 229 Discussion 230 Conclusions 240 Annexes 244 Introduction 1 Introduction Les matériaux piézo/pyroélectriques organiques sont couramment utilisés en tant que capteurs ou transducteurs mais ils souffrent, notamment, de faibles coefficients piézo/pyroélectriques et de conditions de polarisation particulièrement sévères. L’apport des nanocéramiques à haute permittivité diélectrique et fort cœfficient pallie à ces désavantages tout en maintenant une facilité de mise en œuvre. Le challenge est l’optimisation de la dispersion de nanocharges dans la matrice polymère afin d’assurer une synergie entre les propriétés physiques des phases organique et inorganique. Les domaines d’application des composites ferroélectriques sont larges : capteurs pyroélectriques et sensoriels, matériaux à haute permittivité diélectrique pour l’électronique et actuateurs piézo-électriques. Les premiers hybrides ferroélectriques à matrice organique sont réalisés à partir de particules microniques dès 1976. La nécessité de miniaturisation des composants électroniques requière l’utilisation de nanoparticules. Les nanocomposites électroactifs sont apparus à partir de 1998 mais les études relatives à ces matériaux se sont principalement axées sur les propriétés diélectriques. Par contre il n’y a pas à notre connaissance d’étude systématique de l’incidence des paramètres caractéristiques des nanocharges sur la dynamique relaxationnelle de la matrice et les propriétés électroactives des nanocomposites. Etudier la mobilité moléculaire de la matrice et identifier les différentes interactions entre la phase organique et inorganique devrait permettre d’associer efficacement les propriétés mécaniques de la matrice et électriques des charges. L’objectif de ce travail est de réaliser une étude comparative des nanocomposites hybrides ferroélectriques. Deux matrices thermoplastiques ont été choisies : le polyamide 11 et le poly(vinylidène fluoride trifluoroéthylène). Les nano-objets introduits sont des particules de titanate de baryum (BaTiO3). Nous nous intéresserons tout particulièrement à l’influence des nanoparticules sur les propriétés thermiques, mécaniques et diélectriques de la matrice en fonction de la fraction volumique de BaTiO3. Le paramètre taille des particules sera également suivi. L’évolution des propriétés électroactives des matériaux constitutifs ainsi que des nanocomposites en fonction du taux de charge et de la taille des particules sera discutée. Le caractère électroactif ou paraélectrique de la matrice sera abordé. 2 Introduction Ce mémoire est structuré en cinq chapitres : Dans le premier, les notions de base sur la ferroélectricité des polymères et des céramiques ainsi que les différents modèles décrivant les propriétés physiques des composites seront présentés. Le second chapitre est consacré à la présentation des différents matériaux et techniques expérimentales utilisés au cours de cette étude. Ces techniques expérimentales sont illustrées en choisissant comme exemples les matériaux constitutifs des composites. L’influence de la fraction volumique de BaTiO3 de 700 nm sur les propriétés des composites sera présentée dans le troisième chapitre. Une attention particulière est portée sur l’étude des transitions thermodynamiques, des relaxations diélectriques et mécaniques des composites à matrice polyamide d’une part et à base PVDF d’autre part. L’analyse de l’incidence de la granulométrie des particules de BaTiO3 pour les nanocomposites chargés à 12% en volume a fait l’objet du quatrième chapitre. L’évolution des phases amorphes souple et rigide a permis l’interprétation à l’échelle moléculaire des transitions et relaxations observées des nanocomposites. Le cinquième chapitre est consacré à l’étude des propriétés ferroélectriques des nanocomposites à matrice polyamide et à base PVDF en fonction du taux de charge et de la granulométrie du BaTiO3. Comprendre l’origine de l’évolution des propriétés électroactives avec la taille des nanoparticules implique une étude complète de la nanotexture des particules. 3 Chapitre 1 Synthèse bibliographique 4 Chapitre 1: Synthèse bibliographique I. Introduction Les composites ferroélectriques sont des matériaux bi phasiques composés d’une phase inorganique électroactive dispersée dans une matrice organique électriquement passive ou active. Ils sont une alternative aux matériaux électroactifs conventionnels en combinant les fortes propriétés piézoélectriques et pyroélectriques des céramiques aux propriétés mécaniques et à la mise en forme aisée des polymères. Leur facilité de mise en œuvre permet l’utilisation de ces composites pour diverses applications telles que la détection d’ondes ultrasoniques [1] (effet piézoélectrique) ou infrarouges [2] (effet pyroélectrique) par des films minces électroactifs. Afin de rendre le composite ferroélectrique à l’échelle macroscopique, il est nécessaire de polariser le matériau. Le challenge est d’orienter les dipôles des particules de céramiques à faible résistivité et haute permittivité diélectrique dispersées de manière aléatoire dans une matrice à forte résistivité et faible permittivité diélectrique sans générer un claquage électrique de la matrice. Pierre et Jacques Curie Sels de Rochelle 1880 1930 Furukawa Composite Epoxy PZT (µm) 1976 1980 Composite Polymère/nanoCeramique piezo/pyroélectrique 1998 Kawaï, Fukada Polymères piézoélectriques P(VDF), P(VDF-TrFE) BaTiO3, PZT figure I - 1 Chronologie des composites piézoélectriques céramique/polymère Chronologiquement, c’est en 1880 que les frères Pierre et Jacques Curie ont découvert le caractère piézoélectrique de certains matériaux comme les cristaux de quartz et de sel de Rochelle. Les coefficients piézoélectriques et pyroélectriques de ces matériaux étaient très faibles. L’élaboration de céramiques ferroélectriques [3] (pyroélectriques et piézoélectriques) à forts coefficients électroactifs et haute permittivité diélectrique a permis un saut technologique notable. Les premiers composites ferroélectriques ont été mis au point par Furukawa et al. [4] dès 1976 sur des systèmes de type époxy/PZT. Un exemple d’application 5 Chapitre 1: Synthèse bibliographique de peinture électroactive à base de PZT a été proposé dès 1989 par K.A. Hanner et al. [6], [7], [8]. La mise en évidence de la ferroélectricité de certains polymères, durant les années 1980 [5], a ouvert la voie à de nouveaux composites dans lesquels, les deux phases sont actives. Les premiers composites nano chargés sont apparus à la fin des années 1990 en parallèle à l’élaboration des premières nanoparticules ferroélectriques. II. Matériaux ferroélectriques Un matériau ferroélectrique présente en l’absence de champ électrique extérieur, une polarisation rémanente Pr (C.m2) qui peut être inversée par l’application d’un champ électrique E (V.m-1) supérieur à une valeur critique Ec appelé champ coercitif. Au-delà de Ec tous les dipôles intrinsèques au matériau seront orientés préférentiellement dans la direction de polarisation. Plusieurs types de matériaux inorganiques et organiques possèdent cette propriété. II.1. Matériaux inorganiques Certaines propriétés physiques des matériaux sont liées à leur structure cristalline. Parmi les 32 classes cristallines existantes, 20 classes qui ne possèdent pas de centre de symétrie sont piézoélectriques. Sur ces 20 classes, 10 sont polaires. Il existe un moment dipolaire instantané intrinsèque à la maille cristalline. Ces matériaux sont dits ferroélectriques. Ils sont à la fois piézoélectriques mais aussi pyroélectriques. figure I - 2 Représentation planaire du processus de polarisation dans une céramique. (Ep: champ polarisant et Pr: polarisation rémanente) extrait de [9] 6 Chapitre 1: Synthèse bibliographique La polarisation des matériaux ferroélectriques apparaît spontanément à l’échelle micronique, elle est liée à l’existence de domaines ferroélectriques. Cependant ces domaines sont orientés de manière aléatoire avec pour résultante une polarisation macroscopique nulle. L’application d’un champ électrique extérieur est nécessaire afin de donner une orientation préférentielle aux dipôles et ainsi obtenir une polarisation à l’échelle macroscopique (figure I - 2). figure I - 3 Cycle d’hystérésis caractéristique d’un matériau ferroélectrique extrait de[9] L’application d’un champ électrique alternatif d’amplitude E>Ec aux bornes d’un matériau ferroélectrique produit un cycle d’hystérésis entre le vecteur déplacement Di (C.m2) et le champ appliqué Ei : Di = ε 0 εE i + Pi équation I - 1 Avec 1<i<3 relatif à la direction de polarisation, ε la permittivité diélectrique du matériau. Sous l’effet de certaines contraintes (thermiques ou mécaniques), la polarisation rémanente varie. Ces matériaux sont dits pyroélectriques si Pr varie avec la température et piézoélectrique lors de la variation de Pr avec une contrainte mécanique. Cependant, certains matériaux tels que le quartz et le sel de Rochelle, ne sont que piézoélectriques. Les ferroélectriques apparaissent donc comme une sous-classe de la pyroélectriques. II.2. Matériaux organiques La ferroélectricité des polymères provient de la présence de dipôles permanents intrinsèques à l’unité constitutive. L’application d’un champ extérieur tend à orienter ces dipôles dans le 7 Chapitre 1: Synthèse bibliographique champ local, créé par l’ensemble des autres dipôles. Les polymères ferroélectriques sont donc des matériaux polaires tels que les polyamides impairs, le polymère fluoré P(VDF) ou le copolymère P(VDF-TrFE). L’origine de la polarisation dans les polymères fluorés ou les polyamides impairs a longtemps été controversée. Différents processus ont été proposés afin de rendre compte des propriétés électroactives de ces matériaux. Cependant la mise en évidence de cycles d’hystérésis et de réorientations dipolaires à l’intérieur des cristallites a permis d’attribuer la polarisation rémanente de ces matériaux aux zones cristallines. D’une manière générale, comme la ferroélectricité des polymères est principalement liée à la nature cristalline du matériau, l’amélioration de la polarisation macroscopique est réalisée par des procédés de traitements thermiques, d’étirement mécanique, afin d’augmenter le taux de cristallinité ou de donner une orientation préférentielle aux cristallites. figure I - 4 Définition des directions tensorielles pour un film de polymère semi-cristallin. Les flèches symbolisent la polarisation intrinsèque aux parties cristallines extrait de [10] L’effet piézoélectrique se manifeste par une variation de la polarisation macroscopique ΔP lors de l’application d’une contrainte Δσ sur l’échantillon. Dans un système d’axes orthogonaux (figure I - 4), la polarisation et la contrainte sont liées en notation matricielle par un tenseur de rang 2 appelé coefficient piézoélectrique dij: ΔPi = d i j Δσ j équation I - 2 Avec i =1, 2, 3 et j=1, 2, 3, 4, 5, 6 correspondant à l’axe de polarisation et d’application de la contrainte respectivement. 8 Chapitre 1: Synthèse bibliographique Dans le cas de polymère mono-étiré suivant l’axe 1 (figure I - 4) et polarisé suivant l’axe 3, le tenseur piézoélectrique se réduit à: ⎛ 0 ⎜ d =⎜ 0 ⎜d ⎝ 31 0 0 0 0 0 d 24 d15 0 d 32 d 33 0 0 0⎞ ⎟ 0⎟ 0 ⎟⎠ équation I - 3 Le coefficient piézoélectrique d33 représente le coefficient mesuré par application d’une contrainte dans la direction de polarisation de l’échantillon. L’expression générale du coefficient piézoélectrique est : ⎛ δP d ij = ⎜ i ⎜ δσ j ⎝ ⎞ ⎟ − Pi d ln V ⎟ dσ j ⎠V équation I - 4 Le coefficient piézoélectrique est composé de deux termes. Le premier effet est dit effet piézoélectrique primaire. Il s’agit de la variation directe du moment dipolaire avec la contrainte à volume constant. Le coefficient piézoélectrique lié à l’effet primaire est de signe positif. Le second terme, dit piézoélectrique secondaire, lie de manière linéaire la variation de polarisation avec la dilatation ou la contraction du polymère sous la contrainte. Le signe de d associé à l’effet piézoélectrique secondaire est négatif. De manière similaire, le coefficient pyroélectrique p, qui correspond à une variation de polarisation rémanente sous l’effet d’une variation en température peut être exprimé par la contribution d’un effet primaire (p>0) et d’un effet secondaire (p<0): d ln V ⎛ δP ⎞ p=⎜ ⎟ −P dT ⎝ δT ⎠V équation I - 5 L’effet primaire représentant la variation ΔP sous l’effet de la température et l’effet secondaire la variation selon la dilatation thermique du matériau. La piézoélectricité d et la pyroélectricité p des polymères sont principalement dues à des effets de variations de volume. Ils sont donc généralement négatifs et les équations constitutives peuvent être réduites à des relations linéaires entre ces coefficients et la polarisation : 9 Chapitre 1: Synthèse bibliographique d ij = s j Pi = − Pi d ln V dσ j p = −αP = − P d ln V dT équation I - 6 Et équation I - 7 Avec sj le coefficient de compressibilité isotherme et α le coefficient de dilatation thermique. Il est évident à partir de ces équations que plus les coefficients de compressibilité isotherme et de dilatation seront élevés et plus les propriétés électroactives de ces polymères seront importantes. Ec (MV/m) Pr (mC/m2) Tfp (°C) εr (à 20°C) TGS 1 28 49 50 BaTiO3 0,1-2 260 120 1200 PZT 2,5 140 200 500 PVDF 30-100 30-60 >100 10 P(VDFTrFE) 70-30 100 50-100 100 8 tableau I - 1 Champ coercitif, polarisation rémanente Pr, température de transition ferroélectrique/parélectrique, et permittivité diélectrique de matériaux ferroélectriques Les propriétés ferroélectriques de divers matériaux inorganiques (TGS, BaTiO3 PZT) et organiques (PVDF, PVDF-TrFE) sont présentées dans le tableau I - 1. Les matériaux inorganiques ont des propriétés électroactives supérieures à celles des polymères ferroélectriques. La polarisation rémanente des céramiques est deux à trois fois supérieure. Le faible champ coercitif associé aux hautes températures de transition ferro/paraélectrique des céramiques en font des matériaux plus performants que les polymères. Cependant dans certaines applications particulières, la forte permittivité diélectrique, la densité élevée et la fragilité du PZT ou du BaTiO3 limitent l’utilisation de ces matériaux. 10 Chapitre 1: Synthèse bibliographique II.3. Protocoles de polarisation Il existe plusieurs types de protocole de polarisation de film de polymère ou de composite électroactif permettant de créer une polarisation macroscopique. figure I - 5 Diagramme schématique de la polarisation par effet Corona extrait de [14] Un type de polarisation adaptée au milieu industriel a été développé : la polarisation par effet Corona [14], [15], [16], [17]. Le dispositif (figure I - 5) est constitué d’une pointe portée à un potentiel élevé (~20kV) produisant une ionisation de l’air. Une grille de potentiel inférieur à la pointe (<10kV), permet une uniformisation des charges drainées entre la pointe et la surface de l’échantillon. Les charges s’accumulent sur la surface libre de l’échantillon créant une différence de potentiel entre la surface libre et la surface connectée à la masse. L’utilisation d’un plateau chauffant permet de contrôler la température de polarisation. Cette méthode permet la polarisation de grandes surfaces de composite mais aussi de s’affranchir des phénomènes de claquage électrique. La méthode de polarisation la plus couramment utilisée dans la littérature est dérivée du protocole de H. Kawai [5], [6], [11], [4]. Un champ alternatif souvent supérieur à 5MV/m est appliqué à haute température pendant un temps long (>500s). Une autre méthode développée par l’institut Franco-Allemand de Saint-Louis (ISL) [12] et utilisée par d’autres auteurs [13] consiste en l’application d’un champ alternatif basse fréquence sur l’échantillon préalablement métallisé. Le champ alternatif augmente progressivement à chaque cycle, et lorsque le champ appliqué devient supérieur au champ coercitif du composite, un cycle d’hystérésis apparaît entre la polarisation et le champ 11 Chapitre 1: Synthèse bibliographique électrique. Le champ est ramené à une valeur nulle, le composite possède une polarisation permanente stable. L’augmentation progressive du champ permet de limiter les phénomènes de claquage électrique. Ce type de polarisation est bien adapté aux polymères nécessitant un champ de polarisation important (>50kV/mm). Dans le cas de composites élaborés à partir de céramiques ferroélectriques dispersées dans une matrice non ferroélectrique, seule la composante inorganique pourra se polariser et sera donc responsable du caractère électroactif final du composite. Pour ce type de composites la polarisation par la méthode de H. Kawai sera privilégiée. Si la matrice est électroactive (PA impairs, PVDF, P(VDF-TrFE)), la polarisation se fera par cycles selon la méthode développée par l’institut Franco-Allemand de Saint-Louis. Le caractère électroactif sera fonction des propriétés de la partie organique et inorganique. Il a été reporté par plusieurs auteurs [18], [19], [20], [21] que l’application d’un champ électrique continu ou alternatif sur des composites dont la matrice est en cours de polymérisation permet une orientation des particules dans celle-ci. C. Park [22], [23] a mis en évidence une orientation des particules de céramique de titanate de baryum dans une matrice photo polymérisable (figure I - 6). (a) (b) figure I - 6 Microscopie électronique à balayage (MEB) de l’alignement de particules de titanate de baryum dans une matrice photo polymérisable (a) sans champ appliqué, (b) après 300s sous 0,27kV/mm ac extrait de [23] Un alignement a été démontré par Park après application d’un champ de faible amplitude (0,27 kV/mm). L’orientation des particules se fait dans la direction de polarisation du composite le long des lignes de champ. Une cinétique de 300 s est nécessaire à une orientation 12 Chapitre 1: Synthèse bibliographique totale des céramiques. L’utilisation d’un champ alternatif de faible fréquence (60 Hz) évite les phénomènes d’accumulation particulaire près des électrodes. L’alignement des particules dans la matrice peut modifier de manière significative les propriétés mécaniques et électroactives des composites [24]. III. Propriétés physiques des composites hybrides III.1. Connectivité Dans le but de rendre compte des relations inter spatiales dans un matériau multiphasique, Newnham et al. [25] ont proposé un concept basé sur la connectivité de chacune des phases constitutives. La connectivité est un paramètre primordial dans l’étude de tels matériaux puisqu’elle contrôle les diverses propriétés (mécaniques, électriques, thermiques) des systèmes multiphasiques. Dans un système bi phasique, chaque phase peut être connectée en une, deux ou trois dimensions. Ce concept est représenté par 2 nombres indiquant le degré de connectivité des particules et de la matrice respectivement. Il existe 10 combinaisons possibles de connectivité associée à ces systèmes: 0-0, 0-1, 0-2, 0-3, 1-1, 1-2, 1-3, 2-2, 2-3,3-3 (figure I - 7). Par exemples pour les composites réalisés à partir de particules dispersées de manière homogène dans une matrice, la notation sera 0-3. figure I - 7 Connectivité des constituants de composites céramique-polymère extrait de [25] 13 Chapitre 1: Synthèse bibliographique Il est à noter toutefois que cette classification ne rend pas compte de la direction de connectivité des phases, ni de la direction de polarisation des composites ferroélectriques mais seulement de la dimension de connection des phases entre elles. III.2. Transition vitreuse L’introduction de charges de tailles nanométriques dans des matrices polymères est susceptible de modifier les propriétés physiques de la matrice. Cependant, les résultats expérimentaux apparaissent souvent contradictoires. Plusieurs études montrent une augmentation de la température de transition vitreuse Tg suggérant ainsi une restriction de la mobilité moléculaire du polymère en présence de nanoparticules via la création de liaisons physiques. D’autres travaux reportent une diminution de Tg. Y. Sun et al. [26] ont réalisé une étude comparative par analyse calorimétrique diatherme de nanocomposites à matrice polyépoxy chargés par différents types de nanoparticules. Une diminution de la température de transition vitreuse avec le taux de charge a ainsi été mise en évidence dans le cas de nanocomposites polyépoxy/Silice alors que la Tg de composites élaborés à partir de particules microniques est invariante. Les auteurs expliquent cette diminution par une augmentation de volume libre à l’interface polymère-nanoparticule. Cette diminution de la température de transition vitreuse est souvent reportée dans le cas de composites présentant de faibles interactions entre la matrice et les particules. Fragiadakis et Pissis [27] n’ont reporté aucune influence sur Tg dans le cas de composite PDMS/Silice. Les effets d’augmentation et de diminution de Tg s’annulent simultanément [28]. Cependant, le saut de capacité calorifique associé à la transition vitreuse de nanocomposites PDMS/Silice décroît avec le taux de charge. La fraction de polymère participant à la transition viscoélastique diminue donc lors de l’introduction de particules dans la matrice. Cette diminution a été associée selon les auteurs à l’immobilisation du polymère sur la surface des nanoparticules créant une phase interfaciale amorphe de PDMS dont l’épaisseur est d’environ 2-3 nm. Rittigstein et Torkelson [29] ont reporté dans la littérature une synthèse des différentes évolutions de Tg en utilisant 3 matrices différentes (P2VP, PMMA, PS) chacune interagissant différemment avec des nanoparticules d’alumine (figure I - 8-a). 14 Chapitre 1: Synthèse bibliographique a) b) figure I - 8 Evolution de la température de transition vitreuse en fonction du taux de charge en alumine (a) pour des composites à matrice P2VP (carré), PS (triangle) et PMMA (rond) et (b) influence du solvant utilisé lors de l’élaboration de nanocomposites PMMA/nanoSilice : Méthyl éthyl kétone (rond) et Acide acétique (carré) extrait de [29] La matrice P2VP est connue pour établir des liaisons hydrogène avec les particules d’alumine. Les nanocomposites sont renforcés par ces interactions induisant une augmentation de Tg. A l’instar des travaux de Fragiadakis et Pissis [27], l’invariance de Tg des nanocomposites PS/alumine est attribuée par les auteurs à la présence d’une interface entre les particules et la matrice. Dans le cas des nanocomposites PMMA/Alumine, les faibles interactions et la création d’une surface libre à l’interface entre le polymère et les particules sont à l’origine de la diminution de Tg. L’influence des interactions sur la température de transition vitreuse a été mise en évidence par Fragiadakis et Pissis lors de l’étude du solvant utilisé pour l’élaboration du composite. La figure I - 8-b montre l’évolution de Tg pour des nanocomposites PMMA/Silice élaborés à partir de Méthyl éthyl kétone (cercle) et d’acide acétique (carré). Selon ces auteurs, le solvant modifie l’état de surface de la particule, créant ou inhibant selon le cas des liaisons hydrogène entre les groupements hydroxyles présents sur la surface des particules et le PMMA, ce qui induit une augmentation ou une diminution de Tg respectivement. 15 Chapitre 1: Synthèse bibliographique Beaucoup de paramètres sont mis en jeu lors de l’étude de l’évolution des propriétés physiques de nanocomposites (facteur de forme des particules, épaisseur du composite, taux de dispersion, matrice, particules, confinement, etc.). Cependant la nature de l’interaction et l’augmentation de la surface spécifique semblent être les points primordiaux pour la compréhension de ces phénomènes. De manière générale une interaction forte par le biais de liaison hydrogène entre la partie organique et inorganique a pour conséquence une augmentation de Tg ; la création de liaisons faibles et l’augmentation de volume libre à l’interface polymère-particule diminue la température de transition vitreuse. III.3. Propriétés mécaniques a) Résultats La présence des particules modifie les propriétés mécaniques finales des composites. L’influence de diverses particules sur l’allongement maximal à la rupture est présentée sur la figure I - 9. figure I - 9 Elongation à la rupture pour des composites à matrice poly(époxy). Extrait de [30] Tsantzalis [30] a mis en évidence que l’introduction de charges dans la matrice diminue l’élongation à la rupture. Ces auteurs ont montré que pour seulement 1% en volume de particules inorganiques (PZT) l’allongement à la rupture du poly(époxy) passe de 3.5% à 2.7%. Cette diminution est encore plus importante dans le cas de nanofibres de carbone (CNF) où la diminution atteint près de 50% de la valeur initiale pour seulement 1% en volume. Le facteur de forme joue un rôle sur les propriétés mécaniques des composites. L’introduction de particules dans un polymère modifie les propriétés viscoélastiques du composite. Les charges inorganiques augmentent le module d’élasticité et de cisaillement du 16 Chapitre 1: Synthèse bibliographique composite [31], [32], [33]. Dans le cas d’un composite Polyépoxy/silice, Wong et al. [34] ont montré que le module d’élasticité est doublé pour un taux de 30% en volume de particules. Des résultats similaires ont été reportés sur d’autres composites. D. Tang et al. [35] ont étudié un composite dont la matrice est un réseau de polymère interpénétré (IPNs) polyuréthane/polyester dans lequel des nanoparticules inorganiques de BaTiO3 ont été dispersées. Les figure I - 10 a et b présentent la partie conservative du module en élongation E’ du composite et le module de perte E’’ en fonction du taux de charge. E’ augmente avec le taux de charge de 3 GPa à 4 GPa pour un composite chargé à 70% en masse soit 20% en volume environ. La relaxation viscoélastique principale de l’IPNs est décalée vers les hautes températures. Le module E’ n’augmente que sur le plateau vitreux, et reste inchangé quelle que soit la fraction volumique de BaTiO3 dans le domaine caoutchoutique. L’augmentation du module est attribuée par les auteurs aux interactions entre les particules et la matrice. Associée à cette augmentation, le module de perte mécanique E’’ augmente de manière significative. figure I - 10 (a) Module conservatif en élongation (E’) (b) module de perte E’’ pour l’IPNs pour des taux de charge de 2% et 70% en masse. Extrait de [35] En général, les modèles analytiques prédisant l’évolution du module mécanique avec le taux de charge sous estiment les données expérimentales. Cette déviation des modèles provient habituellement des hypothèses émises. Ces modèles prédisent une augmentation des propriétés dans le cas de dispersion sans agrégats de particules, pour des particules sphériques et ayant un parfait ancrage avec la matrice. Les pertes énergétiques sont souvent sousestimées car les modèles ne prennent généralement pas en compte les pertes mécaniques par friction entre les particules et le polymère. 17 Chapitre 1: Synthèse bibliographique b) Modélisation Dans tout ce qui suit, G, Gp et Gm désignent les modules de cisaillement du composite, des particules et de la matrice et φ est la fraction volumique de renfort. Lois de mélanges La technique la plus simple pour évaluer l’effet de la phase renforçante sur les propriétés mécaniques du composite est l’utilisation de différentes moyennes (lois de mélanges) pondérées par les fractions respectives des différentes phases. Une généralisation de ces lois est donnée par Nielsen [36]: G n = φG pn + (1 − φ )G mn équation I - 8 L’exposant n peut prendre les valeurs de -1 (loi série), 1 (loi parallèle): G n = φ log G pn + (1 − φ ) log Gmn équation I - 9 La loi série est basée sur l’hypothèse de l’uniformité des contraintes tandis que la loi parallèle sur l’uniformité des déformations. Dans le cas d’un fort contraste entre les modules des deux phases du composite, les lois série et parallèle représentent des bornes extrêmes pour le module de cisaillement : la loi série est la borne inférieure de Reuss et la loi parallèle la borne supérieure de Voigt. Un autre modèle a été mis en place lorsque les hypothèses de contrainte uniforme et de déformation uniforme ne sont pas vérifiées. Le composite peut alors être schématisé par un cube de côté 1 comprenant un cube renfort de côté λ (λ3 = Φ). Le module de l’ensemble est alors évalué par des associations en série ou en parallèle. G = (1 − λ2 )Gm + G = Gm * λ2 G p G m λGm + (1 − λ )G p Association parallèle λ2G p + (1 − λ2 )Gm (1 − λ )λ2GP + (1 − λ2 − λ3 )Gm 18 Association série équation I - 10 équation I - 11 Chapitre 1: Synthèse bibliographique Ces modèles sont bien suivis tant que le taux de renfort est faible. Méthodes d’homogénéisation A partir des travaux de Voigt et Reuss se sont développées des approches basées sur la mécanique des milieux continus. L’objectif est de lier les propriétés mécaniques de matériaux hétérogènes à celles des différents constituants et à leur morphologie. Ces méthodes, dites d’homogénéisation, visent à déterminer le milieu homogénéisé équivalent (MHE) au matériau hétérogène [37], [38]. Parmi les méthodes d’homogénéisation, les approches variationnelles donnent un encadrement des modules du composite. Les bornes les plus connues pour le module de cisaillement sont celles de Voigt et Reuss. Hashin et Shtrikman [39] ont donné un encadrement plus serré des modules élastiques des matériaux isotropes à partir de « l’assemblage composite des sphères » de Hashin [38]. Les bornes inférieures et supérieures sont calculées en considérant que le milieu de référence est respectivement le milieu le plus souple et le milieu le plus raide. G1 φ1G1 + (α 1 + φ2 )G2 φ G + (α 2 + φ1 )G1 ≤ G ≤ G2 2 2 (1 + α 1φ 2 )G1 + α 1φ1G2 (1 + α 2φ1 )G2 + α 2φ2G1 αi = 2(4 − 5ν i ) 7 − 5ν i équation I - 12 équation I - 13 Ces bornes restent malgré tout relativement éloignées lorsque le contraste entre phase est important ; elles ont alors un intérêt plus comparatif que prédictif. La méthode auto-cohérente permet d’obtenir une estimation des modules élastiques. Elle consiste à prendre comme milieu de référence le milieu homogène équivalent (MHE) que l’on cherche à déterminer. La solution est obtenue par une méthode itérative. Le modèle autocohérent à trois phases considère que l’inclusion est entourée de la matrice elle-même plongée dans le matériau homogénéisé. Ce modèle prévoit un comportement différent en fonction de la matrice et de l’inclusion (phase 1 ou 2) selon que la phase 1 ou 2 est l’inclusion. La première estimation des modules élastiques par un modèle à trois phases est due à Kerner [40]. 19 Chapitre 1: Synthèse bibliographique figure I - 11 Volume élémentaire représentatif à 3 phases utilisé dans l'approche autocohérente extrait de [40] En faisant l’hypothèse que le module de cisaillement de l’inclusion est supérieure à celui de la matrice l’expression du module de cisaillement est donnée par: φ 15 * (1 − ν m ) G' = 1+ * G 'm 1 − φ 8 − 10 *ν m équation I - 14 Avec G’ le module conservatif du composite et de la matrice, υm le coefficient de poisson de la matrice. Le module G’ correspond à la borne inférieure de Hashin et Shtrikman ; en effet le développement de Kerner repose sur l’hypothèse d’un cisaillement uniforme dans l’inclusion. Les modèles présentés ci-dessus supposent une distribution aléatoire des particules de renfort. Lors de la mise en forme des nanocomposites, la surface développée est si grande que les forces d’interaction ne sont plus négligeables devant les forces hydrodynamiques. Plusieurs études ont clairement mis en évidence que ce phénomène d’agrégation particulaire conduit à une augmentation du module en comparaison de celui estimé par les modèles théoriques [41], [42], [43]. III.4. Propriétés diélectriques a) Résultats Les polymères sont des matériaux à faible permittivité diélectrique (ε’ = 2-10) et ne satisfont pas aux exigences des applications de fortes capacités. Les céramiques inorganiques ont une permittivité diélectrique élevée souvent supérieure à ε’ = 500 mais la température de mise en œuvre de ces matériaux est élevée. Le besoin de miniaturisation des composants électroniques requièrt des couches sub-microniques difficilement réalisables à partir de matériaux inorganiques. La dispersion des phases inorganiques d’oxydes métalliques dans une matrice 20 Chapitre 1: Synthèse bibliographique polymère est une alternative technologique à l’élaboration de capacités hautes performances. En effet, les composites polymère/céramique ont une meilleure compatibilité avec les circuits imprimés constitués de matériaux organiques (polyimide ou polyépoxy). De plus l’utilisation de nanoparticules inférieures à 300 nm permet de diminuer l’épaisseur des films permettant l’élaboration de nanocomposites lisses, et sans défauts. Une dispersion homogène des nanoparticules est requise afin d’obtenir des propriétés homogènes et une permittivité diélectrique optimale. Xie et al. [44] ont étudié l’influence de nanoparticules de titanate de baryum (BT) de 100 nm sur les propriétés diélectriques d’un système composite BT/polyimide. Le titanate de baryum est une céramique utilisée généralement pour ses fortes propriétés diélectriques avec une permittivité ε’ égale à 1500 à 25°C. La permittivité diélectrique des nanocomposites augmente avec le taux de charge en titanate de baryum. Pour un composite chargé à 50% en volume de BT, la permittivité diélectrique du composite mesurée à 10 kHz augmente pour le polyimide de 3 à 35. N.G. Devaraju et al. [45] ont obtenu des résultats similaires en utilisant des nanoparticules de 240nm. La permittivité diélectrique maximale relevée par ces auteurs est de 125 pour un composite chargé à 90% en volume de titanate de baryum. La permittivité diélectrique relevée par H.I. Hsiang et al. [48] sur un système PVDF/BT est de 75 pour seulement 40% en volume de titanate de baryum. D’autres auteurs ont reporté une augmentation de la permittivité diélectrique avec la fraction volumique de particules introduites. Le tableau I - 2 récapitule les valeurs de la permittivité diélectrique de nanocomposites en fonction du type de particule, de la fraction volumique et du type de matrice utilisée par différents auteurs. 21 Chapitre 1: Synthèse bibliographique Nanocomposite Fraction Taille des Permittivité volumique particules Auteurs Ref. diélectrique (nm) ε’ BaTiO3/polyimide 90 240 125 Devaraju [45] Polyimide/BaTiO3 50 100 35 Xie [44] Poly(époxy)/BaTiO3 50 650 37 Ramajo [46] BaTiO3/Poly(epoxy) 67 400 65 Cho [47] PVDF/ BaTiO3 40 700 75 Hsiang [48] COC/ BST 32.5 < 200 10 Hu [49] P(VDFTrFE)/ PCLT 15 200 20 Zhang [50] P(VDF- 30 <1000 30 Lam [51] TrFE)/(BiNa)BaTiO3 tableau I - 2 Permittivité diélectrique de nanocomposites céramique/polymère en fonction de la fraction volumique et de la taille des particules Un composite à matrice poly(époxy) chargé à 67% en volume a une permittivité inférieure à un composite à matrice PVDF chargé à 40% en volume. Ceci provient de la permittivité diélectrique plus élevée de la matrice PVDF comparée à la matrice polyépoxy (PVDF ε’=8, polyépoxy ε’=2). L’augmentation avec le taux de charge sera d’autant plus importante que la permittivité diélectrique de la matrice sera élevée. Il est à noter toutefois que les taux de charge de ces composites sont très élevés. Ceci implique une difficulté de mise en œuvre et une dispersion inhomogène des renforts inorganiques dans la matrice et donc des changements de connectivité [52]. 22 Chapitre 1: Synthèse bibliographique b) Modélisation Modèle de milieu effectif Les lois de mélange qui rendent compte de l’évolution de la permittivité diélectrique d’un système composé de deux corps à partir des propriétés diélectriques des constituants, sont les modèles de milieu effectif : nous rappelons ici la théorie de Maxwell-Garnett, et le modèle de Bruggeman. figure I - 12 La cellule unité représentative du milieu modélisé par la théorie de Maxwell-Garnett extrait de [53] La théorie de Maxwell-Garnett [54] est basée sur la polarisation induite par un champ uniforme sur des inclusions sphériques dispersées dans un matériau hôte (figure I - 12). L’ensemble des inclusions est équivalent à un dipôle unique, isolé dans la matrice, dont la polarisabilité est la somme des polarisabilités individuelles. Les inclusions sont supposées sans interactions. L’équation de Maxwell-Garnett lie la permittivité diélectrique effective du matériau εeff à la permittivité des inclusions εincl, à celle de la matrice εm et de la fraction volumique φ: ε eff − ε m ε −εm = φ incl ε eff + 2ε m ε incl + 2ε m équation I - 15 Il est admis que ce modèle n’est valable que pour des taux de charges inférieurs à 50% et de grandes distances inter particules [55]. 23 Chapitre 1: Synthèse bibliographique figure I - 13 Cellule unité de la théorie de Bruggeman. Elle est complexe et la matrice et les inclusions baignent dans le milieu moyen extrait de [53] Dans le modèle de Bruggeman [56] ou de « milieu effectif approximatif », l’hypothèse d’un milieu hôte n’est plus considérée. Les particules sphériques et la matrice « baignent » dans un milieu effectif de permittivité égale à la permittivité du mélange (figure I - 13). L’équation de Bruggeman est : (1 − φ ) ε m − ε eff ε incl − ε eff +φ =0 ε m + 2ε eff ε incl + 2ε eff équation I - 16 Pour de faibles fractions volumiques, les deux théories sont similaires, cependant le modèle du milieu effectif approximatif (EMA) assure une meilleure validité pour des fortes fractions volumiques. A partir de l’équation de Bruggeman une expression non symétrique introduisant le facteur de forme n des inclusions a été dérivée : ⎛ε ε incl − ε eff = (1 − φ )⎜ incl ⎜ε ε incl + ε m ⎝ eff ⎞ ⎟ ⎟ ⎠ 1 n équation I - 17 Modèle de Lichtnecker Contrairement aux modèles de Maxwell-Garnett et de Bruggeman, le modèle de Lichtenecker [57] prend en compte la nature statistique de la permittivité diélectrique du milieu. En effet, la polarisation du matériau dépend de la dispersion aléatoire et de l’orientation relative des inclusions dans le mélange. En tenant compte de cette distribution statistique des particules, Lichtenecker et Rother [58] ont établi une relation entre la permittivité diélectrique effective, la fraction volumique d’inclusion dans le mélange et la dispersion aléatoire des charges, la permittivité diélectrique de chacun des éléments constitutifs et du facteur de forme n des particules: 24 Chapitre 1: Synthèse bibliographique ε eff = F (ε incl , ε m , φ , n ) équation I - 18 En considérant la théorie des mélanges Lichtenecker et Rother ont déduit une loi logarithmique pour des particules sphériques donnée par la relation : log(ε eff ) = φ log(ε incl ) + (1 − φ ) log(ε m ) équation I - 19 La loi logarithmique de Lichtenecker rend bien compte des données expérimentales quelque soit la fraction volumique de particules. Tous les effets individuels relatifs aux particules ne sont pas pris en compte par la caractérisation stochastique résultante d’une dispersion aléatoire des inclusions dans la matrice. III.5. Propriétés électroactives a) Résultats Effet piézoélectrique et pyroélectrique direct L’application d’un champ électrique sur un matériau ferroélectrique tel qu’un composite à matrice polymère chargé en particules électroactives crée une polarisation macroscopique. Cette polarisation est responsable du caractère piézoélectrique et pyroélectrique du composite. Il est donc possible par introduction de particules soit de donner un caractère électroactif à une matrice dépourvue de propriétés ferroélectriques soit d’accroître le caractère piézoélectrique et pyroélectrique d’une matrice active électriquement. De nombreux auteurs [59], [60], [61] ont reporté l’influence des particules sur les propriétés ferroélectriques des polymères. Cependant peu de travaux concernent les propriétés électriques de composites nanochargés. K.H. Lam et H.L.W. Chan [62] ont étudié les propriétés ferroélectriques d’un composite à matrice active P(VDF-TrFE) dans lequel des nanoparticules de PMNPT (lead magnesium niobate-lead titanate) ont été dispersées. 25 Chapitre 1: Synthèse bibliographique figure I - 14 Effet de la procédure de polarisation sur les propriétés piézoélectriques et pyroélectriques de composites PMNPT/PVDF-TrFRE en fonction de la fraction volumique de charge extrait de [62] Les coefficients piézoélectriques et pyroélectriques des polymères, principalement dus à des effets de volume, sont de signes négatifs. Les coefficients pyroélectrique et piézoélectrique des céramiques sont positifs. Le protocole de polarisation joue un rôle primordial dans l’obtention de propriétés électriques. Dans le cas où la matrice est susceptible d’être ferroélectrique et les températures de transition de Curie de la phase organique et inorganique relativement différentes, il est possible d’obtenir soit un système particule active-polymère inerte, soit un composite particule active-polymère actif en polarisant les deux phases par variation des températures de polarisation. Les coefficients piézoélectriques et pyroélectriques reportés par K.H. Lam et H.L.W. Chan sont mesurés dans la direction de polarisation. La température de Curie des nanoparticules de PMNPT et du P(VDF-TrFE) sont de 120°C et 105°C respectivement. La figure I - 14 présente les propriétés électroactives. L’évolution des propriétés pyroélectriques et piézoélectriques se fait de manière quasi linéaire. Lorsque le composite est polarisé à 120°C, les propriétés ne sont dues qu’aux particules, le coefficient piézoélectrique atteint 15 pC/N pour 40% en volume de PMN-PT. Le cœfficient pyroélectrique vaut alors 5µC/m2K. La figure I - 14-a présente le coefficient piézoélectrique d33 des composites 0-3 en fonction des conditions de polarisation [62]. La ligne horizontale en pointillé représente le coefficient piézoélectrique du copolymère fluoré polarisé à température ambiante (25°C) sous un champ de 50 kV/mm. Lorsque le polymère et les particules sont polarisés dans la même direction, le coefficient d33 diminue à cause de la différence de signe des propriétés de la matrice et du renfort. Le 26 Chapitre 1: Synthèse bibliographique coefficient d33 s’annule dans ce cas pour un taux de charge de 30% en volume. Lorsque les deux phases sont polarisées avec des directions opposées, d33 augmente. La figure I - 14-b montre l’évolution du coefficient pyroélectrique du composite PMNPT/P(VDF-TrFE) en fonction du taux de charge. Les propriétés sont accrues par l’application d’une polarisation de même direction pour les deux phases constitutives du composite. Il est à noter toutefois que le coefficient pyroélectrique ne s’annule pas pour une polarisation de type anti-parallèle et quel que soit le type de polarisation appliqué, le coefficient pyroélectrique du composite augmente. Afin d’augmenter les propriétés ferroélectriques des composites à matrice inerte des particules conductrices peuvent être introduites dans le composite en dessous du seuil de percolation électrique. figure I - 15 Composite PVC/PZT/Graphite extrait de [63] Une étude réalisée par X. Liu et al. [63] sur un composite PZT-PVC-graphite montre une augmentation significative des propriétés piézoélectriques du composite après addition de particules conductrices. Le champ électrique nécessaire pour polariser le composite diminue de moitié par addition du graphite comparé à un composite PZT-PVC passant de 10 kV/mm à 5 kV/mm. 27 Chapitre 1: Synthèse bibliographique figure I - 16 Cœfficient piézoélectrique d’un composite PVC/PZT/Graphite en fonction de la fraction volumique de graphite extrait de [63] La figure I - 16 montre l’influence de la fraction volumique de graphite sur le coefficient piézoélectrique de composites PVC/PZT/Graphite. Lorsque la fraction volumique de graphite augmente, les propriétés piézoélectriques augmentent. L’agrégation des particules de graphite autour des particules de céramique induit un réseau facilitant la conduction électrique en reliant les céramiques entre elles (figure I - 15). Le coefficient atteint alors une valeur maximale pour une fraction volumique de 0,5% de graphite. Pour 0,5% de graphite, le coefficient piézoélectrique est augmenté de 45%. Au-delà de ce seuil, la conduction augmente et la percolation électrique du graphite rend le matériau conducteur éliminant toute les propriétés pour un taux de 1,5%. De manière générale, les coefficients électroactifs obtenus dans la littérature pour des composites base de PZT ou de céramiques dérivées du plomb sont les plus élevés. Cependant les besoins technologiques et environnementaux conduisent à se tourner vers des céramiques sans plomb dont le représentant le plus prometteur est le titanate de baryum. Effet piézoélectrique inverse et électrostriction L’électrostriction est la déformation d’un matériau lors de l’application d’un champ électrique. Elle se caractérise par une déformation proportionnelle au carré du champ appliqué. Il s’agit d’un effet intrinsèque à tout matériau diélectrique indépendamment de leur symétrie cristalline, donc présent dans les polymères. Les faibles déformations obtenues pour 28 Chapitre 1: Synthèse bibliographique les polymères (<0,01%) et les faibles énergies associées ne sont pas intéressantes pour des applications de type transducteur. Par contre la découverte de phénomène d’électrostriction avec des déformations supérieures à 3% dans certains polymères (polyuréthane, silicone, P(VDF-TrFE) irradié) ouvre la voie à de nouvelles applications. Il faut distinguer l’électrostriction de l’effet piézoélectrique inverse causé par une variation de structure cristalline sous l’application d’un champ extérieur. Les énergies de déformation obtenues par l’effet piézoélectrique inverse sont supérieures aux phénomènes électrostrictifs. Les forces électromécaniques générées par électrostriction ne sont donc pas compétitives comparées aux céramiques ferroélectriques. De fait, les composites céramique-polymère sont une bonne alternative. K.S. Lam et al. [64] ont reporté l’évolution de la déformation en fonction du champ appliqué pour le polyuréthane (PU) et des composites PZT/PU avec des fractions volumiques en particules allant de 5% à 30% (figure I - 17). figure I - 17 Electrostriction du PU et des composites PU/PZT en fonction du champ appliqué extrait de [64] La déformation du polyuréthane présente un caractère parabolique en fonction du champ appliqué. Le polymère se contracte quel que soit le signe du champ appliqué à ses bornes. Ce phénomène est typique d’un caractère purement électrostrictif. Lorsque le taux de charge en particules augmente, un cycle d’hystérésis en déformation apparaît avec une amplitude croissante. Ce cycle d’hystérésis est caractéristique d’un effet piézoélectrique inverse. Associée à ce phénomène, une diminution du champ critique et une 29 Chapitre 1: Synthèse bibliographique augmentation de la déformation avec le taux de charge sont observées. Comme le PZT est la seule phase ferroélectrique du composite, cette variation de déformation non quadratique est attribuée à l’inversion de polarisation des inclusions. Il a été démontré par K.H. Lam que l’électrostriction dans les composites est la résultante d’une compétition entre la contraction du PU et l’effet piézoélectrique inverse des céramiques de PZT. Cependant il est clair que les inclusions jouent un rôle dominant dans la réponse électromécanique des composites. b) Modélisation Modèle de Furukawa : composites de connectivité 0-3 T. Furukawa et al. [59] ont étudié un système bi phasique composé de PZT dispersé dans une matrice polymère. Leurs données expérimentales sont comparées avec un modèle dans lequel les particules sont dispersées dans une matrice et le tout est ‘’recouvert’’ par un milieu homogène ayant les propriétés moyennes du composite (figure I - 18). A partir de cette hypothèse, les auteurs prévoient l’évolution des propriétés électriques (diélectriques, piézoélectriques et pyroélectriques) et mécaniques en fonction de la fraction volumique d’inclusions et des propriétés intrinsèques de la matrice et des particules. Composite Polymère Particule Eincl,εincl Em,εm Eeff,εeff figure I - 18 Représentation du système composite du modèle de Furukawa extrait de [4] La permittivité εeff et le module de Young Eeff des composites sont donnés par : ε eff = 2ε m + ε incl − 2φ (ε m − ε incl ) εm 2ε m + ε incl + φ (ε m − ε incl ) 30 équation I - 20 Chapitre 1: Synthèse bibliographique Et Eeff = 3Em + 2 Eincl − 3φ ( Em − Eincl ) Em 3Em + 2 Eincl + 2φ ( Em − Eincl ) équation I - 21 A partir de ces équations, Furukawa a exprimé le cœfficient piézoélectrique en fonction du coefficient ferroélectrique des céramiques, de la fraction volumique et des champs locaux, électriques LE et mécaniques LX à partir de l’équation : d33 = φLX LE d33incl équation I - 22 Où d33 est le coefficient piézoélectrique mesuré dans la direction de polarisation du composite. Le champ local électrique représente le rapport entre le champ appliqué aux bornes de l’échantillon et le champ réellement appliqué sur les inclusions. A l’instar du champ local électrique, le champ local mécanique représente le rapport entre la force exercée sur l’échantillon et la force réellement subie par les particules. Les expressions des champs locaux ont été dérivées par Furukawa et al. dans le cas d’un système à deux phases et reliées aux propriétés de la matrice et des particules : 3ε m (2 + φ )ε m + (1 − φ )ε incl équation I - 23 5 Eincl ( 2 + 3φ ) Eincl + 3(1 − φ )ε m équation I - 24 LE = Et LX = En utilisant ce formalisme, les auteurs ont comparé les données expérimentales aux coefficients piézoélectriques obtenus à partir de ce modèle pour des composites chargés en PZT dans une matrice poly(époxy). Ils ont mis en évidence que ce modèle ne rendait compte de l’évolution des propriétés piézoélectriques que pour de faibles fractions volumiques. Afin de rendre compte des déviations par rapport au modèle pour des taux de charge élevés, L. Pardo et al. [65] et plus récemment F. Levassort et al [66] ont proposé une approche basée sur un changement de connectivité dans le composite (figure I - 19, figure I - 20). En effet, comme nous l’avons vu plus haut, pour les fortes fractions volumiques en particules, l’apparition d’amas percolants induit un changement de connectivité. Le composite n’est alors 31 Chapitre 1: Synthèse bibliographique plus de type 0-3 mais un mélange de phase en connectivités 0-3 et 1-3 ou 0-3 et 3-3. Le coefficient piézoélectrique d33 du composite est alors fonction du coefficient piézoélectrique des céramiques, des champs locaux et des fractions volumiques de phase de connectivité 0-3, φ0-3 et de connectivité 1-3, φ1-3 et de α le cœfficient de polarisation des céramiques: d33 = (φ1−3 + φ0−3αLE ) LX d 33incl équation I - 25 figure I - 19 Cellule unité pour un composite en connectivité 0-3 (a) et 3-3 (b) extrait de [65] figure I - 20 Composite à connectivité mixte (0-3 noir, 3-3 gris) extrait de [65] Modèle de connectivité mixte Parmi les modèles mis au point pour décrire l’évolution des propriétés électroactives et mécaniques des composites ferroélectriques avec la fraction volumique de charge, certains auteurs [67], [68] ont proposé comme hypothèse une connectivité mixte des phases dans le mélange. 32 Chapitre 1: Synthèse bibliographique figure I - 21 Connectivité en parallèle et en série pour les composites de types 2-2 extrait de [69] figure I - 22 Modèles de connectivité de Pauer (a), Banno (b), et Dias (c) extrait de [69] Pour un système constitué de deux phases, comme dans le cas des composites 0-3, le polymère et les particules peuvent être connectés soit en série soit en parallèle (figure I - 21) formant ainsi des blocs de connectivité 2-2 selon la classification de Newnham. Ces blocs élémentaires forment la base pour la compréhension des propriétés des composites de types 03. Dans le modèle de Pauer [70], la fraction volumique de particules est représentée par un cube de dimension m dans une cellule unité représentant le volume total du composite (figure I - 22-a). Les différentes propriétés du composite ne sont alors fonction que de la fraction volumique et de la dimension m de la cellule représentative des particules. Le modèle ne permet de décrire les propriétés des composites en connectivité 0-3 que pour les faibles fractions volumiques. Une modification du modèle du cube de Pauer a été apportée par H. Banno [71], [72]. Dans son approche, Banno ne considère plus la cellule représentative des céramiques comme cubique mais comme rectangulaire (figure I - 22-b). Deux dimensions permettent alors de 33 Chapitre 1: Synthèse bibliographique décrire les différentes fractions volumiques, la dimension de la base m et la hauteur n. Toutes les propriétés électromécaniques ne sont alors décrites que par les dimensions m et n du rectangle élémentaire. Dans les modèles de Pauer et Banno, les particules sont en connectivité série ou parallèle mais ces deux connectivités ne coexistent pas. Ils ne sont donc plus valables lorsque la valeur de n est proche de 1 c'est-à-dire lorsque la connectivité passe de 0-3 à 1-3. C.J. Dias [11] a proposé un modèle basé sur une connectivité mixte c'est-à-dire que les connectivités série et parallèle coexistent formant un système tri phasique composé de connectivité 0-3 et 1-3 (figure I - 22-c). Les fractions volumiques des inclusions sont données par les équations suivantes : φ c = m3 + (nm) 2 (1 − m) équation I - 26 φser c = m équation I - 27 φ par c = (mn) 2 équation I - 28 φser = m2 (1 − n2 ) équation I - 29 Avec φcpar la fraction volumique de particules en connectivité parallèle (1-3). Dias et Das-Gupta ont déduit les valeurs de la permittivité diélectrique et du cœfficient piézoélectrique d33 à partir de ces paramètres. A partir des équations déduites par Dias et des données expérimentales, il est possible de représenter l’évolution des propriétés électromécaniques du composite en fonction des paramètres n et m et d’en déduire le pourcentage de phase en connectivité 1-3 et donc l’état de la dispersion (figure I - 23). Afin d’illustrer ce modèle, un exemple d’étude réalisée par P. Martin-Franch et al. [73] sur la partie réelle de la permittivité d’un composite PTCa/PEEK est présenté. La figure I - 23 représente le contour de la permittivité diélectrique en fonction des paramètres n et m du modèle de connectivité mixte et des valeurs expérimentales. Dans le cas d’un composite PTCa/PEEK chargé à 50% en volume, la permittivité diélectrique est mesurée expérimentalement et vaut ε’=25. En reportant la valeur expérimentale sur le profil de ε’ calculé par le modèle de Dias et Das-Gupta, Martin-Franch en déduit les paramètres associés : n=0,31 et m=0,78 ce qui correspond à une fraction volumique de connectivité 1-3 de 12%. 34 Chapitre 1: Synthèse bibliographique figure I - 23 Contour de la permittivité diélectrique pour un composite PTCa/PEEK en fonction des paramètres n et m du modèle de connevtivité mixte extrait de [73] 35 Chapitre 1:Références Chapitre 1: Références [1] M.P. Wenger, P.L. Almeida, P. Blanas, R.J. Shuford, D.K. Das-Gupta, “The ferroelectric properties of piezoelectric ceramic polymer composites for acoustic emission sensors”, Polymer engineering and science, Volume 39 (3), 1999, p. 483-490 [2] L. Jinhua, Y. Ningyi, H.L.W. Chan, “Preparation of PLCT/P(VDF-TrFE) pyroelectric sensor based on plastic film substrate”, Sensors and actuators A, Volume 100, 2002, p. 231235 [3] J.P. 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Pour un polyamide 11 le motif élémentaire est : [-CO- (CH2)10- NH-]n La structure chimique des polyamides est très proche de celle des polyéthylènes linéaires composés d’un enchaînement de séquences méthylène (-CH2-) apolaires. La différence provient de la présence des groupements N-H et C=O répartis régulièrement le long de la chaîne. Les groupements amide sont polaires ; la différence d’électro-négativité des atomes constitutifs de cette molécule crée une forte délocalisation du nuage électronique avec un moment dipolaire µ=3.7 Debye [1] quand ce groupement est isolé. Cependant d’un point de vue expérimental, le moment effectif du PA 11 n’est que de 1 Debye. En effet, la délocalisation du nuage électronique est modifiée par les interactions physiques entre les groupements amide et leur environnement ; la dissymétrie initiale entre les atomes en est fortement diminuée [2], [3]. Les interactions électrostatiques intermoléculaires existantes entre les groupements amide sont à l’origine de la formation de liaisons hydrogène entre les chaînes adjacentes. Ces liaisons fortes jouent un rôle primordial dans la stabilité des zones cristallines ainsi que dans la cohésion de la phase amorphe. Il est communément admis que le taux de liaisons hydrogène non formées est de l’ordre de 1% [4], et donc que la grande majorité des groupements amide sont liés à un voisin. 44 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes b) Stabilité chimique L’analyse thermogravimétrique (A. 2. 1) réalisée sur un film thermoformé de polyamide 11 conservé à température ambiante met en évidence deux phénomènes de dégradations chimiques. La première zone se situe aux alentours de 70°C ; elle est attribuée à la désorption d’eau présente dans le polyamide 11. L’absorption d’eau est de 1,2% en masse. Les polyamides aliphatiques possèdent un fort caractère hydrophile. La quantité maximale d’eau absorbée sous humidité relative de 100% est proportionnelle à la densité de groupements amide [5]. Certains auteurs [6], [7] ont reportés un taux d’hydratation maximal de 1,5% pour le polyamide 11 et de 6% pour le polyamide 6. Les propriétés physiques (température de transition vitreuse, propriétés diélectriques et mécaniques) sont affectées par la quantité d’eau absorbée. Les molécules d’eau ne diffusant pas dans la partie cristalline du polymère, seules les propriétés physiques de la phase amorphe seront affectées par les molécules d’eau. La zone de dégradation majoritaire se situe aux alentours de 400°C et est attribuée à la dégradation de la macromolécule. La faible quantité de résidus présents au-delà de 500°C (<0,1%), montre une dégradation totale du polyamide 11. c) Structure physique La structure cristalline des polyamides aliphatiques a déjà fait l’objet de nombreuses études [9], [10], [11], [12]. En 1959, W.P. Slichter [8] a proposé un modèle d’arrangement des chaînes moléculaires dans la phase cristalline des polyamides. La structure la plus favorable, en raison des liaisons hydrogène entre les chaînes adjacentes, est de type zig-zag planaire. Pour chaque type de polyamide deux types de structures sont alors possible : une structure parallèle et une structure anti-parallèle. Le polyamide 11 existe en majorité sous forme α, la maille est triclinique avec un arrangement parallèle des chaînes. Cette structure est la plus favorable car le taux de liaisons hydrogène formées est maximal. Les liaisons hydrogène entre les groupements carbonyles et amides assurent la cohésion de l’édifice cristallin. Les propriétés ferroélectriques des polyamides impairs proviennent de l’alignement de l’ensemble des dipôles de la chaîne dans une structure parallèle. 45 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes I.2. Copolymères P(VDF-TrFE) a) Structure chimique Le poly(Fluorure de Vinylidène-Trifluoroéthylène) ou P(VDF-TrFE) est un copolymère thermoplastique semi-cristallin composé d’un arrangement statistique de groupements VDF et TrFE. Du point de vue de la structure chimique ou des propriétés électroactives, ce polymère est très similaire à l’homopolymère poly(Vinylidène Fluoride) ou PVDF [-CH2-CF2-]n. Le P(VDF-TrFE) est obtenu par l’introduction de groupements trifluoroéthylène -CF2-CFH- lors de la synthèse du PVDF ; un certain nombre d’atomes d’hydrogène du PVDF sont remplacés par un atome de fluor. Le P (VDF-TrFE) utilisé pour cette étude est le copolymère 70-30 composé de 30% (en pourcentage molaire) d’entités trifluoroéthylène. Une configuration macromoléculaire de type « all-trans » a été proposée pour le P(VDF-TrFE) [13], [14], [15]. Cette configuration permet une cristallisation spontannée en phase β ferroélectrique pour des concentrations en monomères comprises entre 17 et 50% [16]. b) Stabilité chimique L’analyse thermogravimétrique d’un échantillon de P (VDF-TrFE) 70-30 conservé à température ambiante est représentée dans l’annexe A. 2. 2. Une seule zone de dégradation est mise en évidence. Ce copolymère fluoré est un matériau très stable avec une dégradation thermique à 500°C. La masse résiduelle après dégradation est inférieure à 3% de la masse initiale. Un grandissement de la zone en température précédant la dégradation ne montre aucune dégradation secondaire. Le P(VDF-TrFE) est donc exempt de tout solvant et n’a pas absorbé d’eau au cours de sa conservation à température ambiante. c) Origine de la ferroélectricité des copolymères fluorés L’origine moléculaire de la ferroélectricité des matériaux polymères réside dans l’existence de dipôles permanents intrinsèques à la macromolécule [17]. Une polarisation sous un fort champ électrique (> 50 kV/mm) permet de créer une polarisation macroscopique dans le polymère par le biais d’une orientation dipolaire coopérative. Cette polarisation permanente est à l’origine du caractère ferroélectrique du matériau, mis en évidence par un cycle d’hystérésis. 46 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes La polarisation résultante P d’un élément de volume dv s’écrit : → → ∑ μ = P dv → équation II - 1 → μ = qd équation II - 2 Avec d la distance séparant deux charges ponctuelles +q et –q. La mise en évidence de cycle d’hystérésis et de réorientations dipolaires dans les cristallites a permis d’attribuer l’origine moléculaire de la polarisation macroscopique aux zones cristallines. I.3. Titanate de Baryum Le titanate de baryum (BT) est un matériau ferroélectrique dont les propriétés diélectriques sont étudiées depuis les années 50 [18], [19], [20]. Il est stable chimiquement et peut être fabriqué sous forme monocristalline ou poly cristalline (céramique). Le BaTiO3, reste toujours, malgré les nombreuses études déjà parues, un matériau très étudié en partie pour l’augmentation de ses propriétés diélectriques par dopage ou substitution [21], [22], [23]. a) Structure cristalline Le métatitanate de baryum, couramment appelé titanate de baryum, est un matériau de structure perovskite décrite par la formule ABO3. Avec A et B représentant les cations Ba2+ et Ti4+ respectivement. Au-delà de la température de transition de Curie (130°C pour un monocristal et 120°C pour une céramique), le titanate de baryum est de structure cubique. La figure II - 1 représente la configuration de la maille prerovskite cubique. figure II - 1 Configuration de la maille perovskite cubique 47 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes La maille perovskite cubique peut être représentée par un cube dont les sommets sont occupés par les cations Ba2+, le centre des faces par l’ion oxygène et le centre de la maille par l’ion titanate. Cette structure cubique peut donc être décrite par un empilement d’octaèdres TiO6 où le baryum occuperait les cavités délimitées par les atomes d’oxygènes. En dessous de la température de transition de Curie du BaTiO3, la maille perovskite n’est plus cubique mais distordue car l’atome de titane dispose d’un espace légèrement plus grand que lui-même dans l’octaèdre d’oxygène (facteur de Goldshmidt du BaTiO3 : t=1.02). Cet ion est donc susceptible de se déplacer légèrement dans l’octaèdre. Le barycentre des charges négatives ne coïncide plus avec le barycentre des charges positives créant ainsi un dipôle intrinsèque à la maille responsable du caractère ferroélectrique du titanate de baryum. b) Transition de phase cristalline Formes cristallines Domaine en température (°C) Paramètres de maille (Å) a b c Cubique > 120 3,99 3,99 3,99 Quadratique 0 < T < 120 3,995 3,995 4,034 Orthorhombique - 90 < T < 0 4,0185 3,968 4,016 Rhomboédrique T < -90 4,0024 4,0028 4,002 tableau II - 1 Température de transition solide/solide et valeurs des paramètres de maille du titanate de baryum Le tableau II - 1 représente l’évolution des paramètres de maille au cours des différentes transitions de structure cristalline du titanate de baryum en fonction de la température. A température ambiante, le titanate de baryum possède une structure de type quadratique avec une tétrogonalité ou rapport c/a=1.01. Cette structure cristalline est stable de 10°C à 120°C pour un monocristal. Au-delà de 120°C, le BaTiO3 passe d’un état non-centrosymétrique vers un état centrosymétrique. Il s’agit de la transition de Curie. A basse température, deux transitions de structure cristalline sont présentes. La transition rhombohédrique/orthorhombique à -100°C et la transition orthorhombique/quadratique à 10°C. Comme le montre le tableau II - 1, ces structures cristallines basses températures tout comme la structure quadratique sont non-centrosymétriques. Le rapport de tétragonalité c/a 48 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes étant différent de 1. Le titanate de baryum est donc susceptible d’être ferroélectrique dans une gamme de température qui s’étend de -100°C à 120°C (figure II - 2). figure II - 2 Dipôle intrinsèque à la maille cristalline c) Synthèse et granulométrie Il existe plusieurs méthodes d’élaboration des nanoparticules de titanate de baryum, nous présentons ici les méthodes les plus citées dans la littérature. R-F plasma CVD [24]: R-F plasma CVD est une technique de dépôt chimique en phase vapeur, où le substrat est en contact avec une décharge. Il faut générer un plasma argonoxygène (Ar-O2). Les réactifs utilisés pour élaborer des poudres de BaTiO3 sont (Ti(OiPr)4) et (Ba(DPM)2). Ti(OiPr)4 est chauffé entre 33 et 53°C. Ba(DPM)2 est maintenu à 250°C. Tous les gaz sont maintenus à une température inférieure à 523K pour éviter la précipitation des réactifs. Le mélange Ba(DPM)2\(Ti(OiPr)4) est introduit dans la flamme du plasma. Les réactifs se décomposent en ions et atomes. La croissance de nanocristaux se fait sur la queue du plasma. Enfin, ce plasma se condense sur un récipient en un dépôt formant les poudres de BaTiO3. HGRP [25]: (High-Gravity Reactive Precipitation) est une méthode de synthèse par précipitation sous haute pression. La réaction typique consiste à faire réagir un excès de BaCl2 avec du Ti(OH)4 . La solution formée mélangée à de la soude très concentrée à 95°C sous vide donne un précipité pulvérulent blanc et sphérique de céramique (BaTiO3). La méthode des précurseurs [26]: Le principe général de cette méthode est de synthétiser un précurseur puis de le calciner pour obtenir l'oxyde. Dans le cas du BaTiO3 le précurseur est BaTiO(C2O4)2,4H2O. Sa calcination s'effectue en deux étapes à 500 °C pendant 1h sous air puis de 600°C à 1000°C sous vide. 49 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes La voie hydrothermale [27], [28]: C'est une méthode de synthèse à basse température (150 < T < 250°C). A l'intérieur de l'autoclave, le mélange réactionnel du chlorure de baryum hydraté (BaCl2,2H2O) avec du chlorure de titane (TiCl3) en milieu basique forme une solution avec des particules en suspension. Cette solution soumise à une pression comprise entre 5 et 39 bars fournit les nanoparticules de BaTiO3. Les nanoparticules utilisées pour cette étude sont élaborées selon cette méthode. Les nanoparticules de titanate de baryum ont été fournies par la société Inframat Materials (USA). Afin de réaliser une étude complète, différentes tailles de particules ont été utilisées : 50 nm, 100 nm, 300 nm et 700 nm. Ces nanoparticules sont fournies sous forme de poudre blanche. d) Structure cristalline des nanoparticules La littérature souligne l’influence de la taille des particules sur les propriétés ferroélectriques du BaTiO3. Des études de diffraction des rayons X (DRX), microscopie électronique à balayage (MEB), Raman, ont montré l’influence de la taille des nanoparticules de BaTiO3 sur la structure cristallographique. T. Yan [25] a reporté l’évolution des paramètres de maille (c et a) de nanoparticules de titanate de baryum mesurés à température ambiante en fonction de la température (figure II - 3). Pour des tailles de particules supérieures à 120 nm, le titanate de baryum possède une structure cristalline quadratique. En dessous de 100 nm, une zone intermédiaire appelée zone de transition diffuse est visible : cette zone correspond à une décroissance partielle du rapport c/a. En dessous de 60 nm, la structure cristalline des nanoparticules est cubique à température ambiante. Plusieurs auteurs ont suggéré l’existence d’un gradient de quadraticité dans une particule de BaTiO3 afin d’expliquer la zone de transition diffuse des paramètres de maille des nanoparticules de titanate de baryum. Il est à noter toutefois que le cristallinité du titanate de baryum est dépendante du protocole d’élaboration des nanoparticules de titanate de baryum [29], [30], [31]. 50 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes figure II - 3 Relation entre les paramètres de maille et la taille des poudres de BaTiO3 extrait de [25] II. Elaboration des nanocomposites II.1. Protocole d’élaboration a) Matrice polyamide 11 Afin d’optimiser la dispersion des nanocharges de titanate de baryum dans la matrice polyamide, un protocole d’élaboration en voie solvant a été mis au point. Le polyamide est un matériau résistant aux attaques chimiques : le nombre de solvants organiques permettant de le dissoudre est limité. Le diméthylacétamide (DMAc) s’est avéré être le solvant le plus facile d’usage tout en permettant une dissolution totale du polyamide. Le protocole d’élaboration de nanocomposites PA11/BaTiO3 est décrit ci-dessous. Les nanoparticules de titanate de baryum sont dispersées dans le solvant organique puis sonifiées pendant 30 minutes à l’aide d’une canne à ultrasons. La suspension est alors chauffée à 145°C et le polyamide ajouté sous agitation magnétique. Cette température est la température nécessaire à la dissolution du polyamide dans le DMAc. La solution est ensuite refroidie afin de faire prendre en masse le composite. Une étape de rinçage à l’eau distillée sous trompe à vide est ensuite réalisée afin d’éliminer toute trace du solvant organique. Enfin, le composite ainsi obtenu est séché pendant 20h à 110°C sous un vide primaire pour éliminer l’eau. Le composite obtenu se présente sous forme d’une poudre blanche. Les composites sont alors thermoformés dans une presse à chaud à 220°C pour former des films d’une centaine de microns d’épaisseur. 51 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes b) Matrice P(VDF-TrFE) A l’instar des composites PA11/BaTiO3, la voie solvant a été privilégiée pour la mise en œuvre des composites à matrice P(VDF-TrFE) 70/30 mol. Cette matrice est soluble dans l’acétone à température ambiante. La quantité de titanate de baryum souhaitée est ajoutée à l’acétone puis sonifiée pendant 30 minutes. La masse désirée de copolymère fluoré est alors incorporé sous agitation magnétique jusqu’à dissolution totale. Tout comme les composites base polyamide, un rinçage à l’eau distillée est réalisé afin d’éliminer toute trace d’acétone puis le résidu est séché à l’étuve à 110°C pendant 20 heures sous vide primaire. Les poudres obtenues sont alors pressés à une température de 175°C pour former des films de 100 à 200 µm d’épaisseur. II.2. Etude de la dispersion des n-BT Dans le but de valider le protocole expérimental de dispersion, une étude a été réalisée par microscopie électronique à balayage en électrons rétro diffusés (figure II - 4 et figure II - 5). Le profil de films préparés par cryofracture pour des composites chargés en particules de titanate de baryum de 700nm a été observé. L’utilisation des électrons rétro diffusés permet une résolution maximale due à la grande différence de densité entre la céramique et le polymère. 52 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes a) b) c) d) figure II - 4 Microscopie électronique à balayage des composites de PA11/BaTiO3 700 nm chargés en volume à 12% (a), 24% (b), 45% (c), 58% (d) a) b) c) d) Particules en contact Particules individualisée figure II - 5 MEB des composites de PA11/BaTiO3 700 nm pour φ = 12% (a), 24% (b), 45% (c), 58% (d) 53 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes A L’échelle micronique, des mesures par fluorescence X (EDX) (figure II - 6) sur les zones sombres ne mettent en évidence que les éléments constitutifs de la matrice, les zones claires étant constituées de baryum et de titane et donc assimilables aux particules. Une densification importante est observée lorsque l’on augmente le taux en nanoparticules. Bien que la densité en nanoparticule devienne très importante à des taux supérieurs à 24% en volume, l’absence d’agrégat est à souligner. La dispersion est donc bien contrôlée jusqu’à un taux de 58% en volume. Afin d’allier les fortes propriétés électroactives des particules aux propriétés mécaniques de la matrice, sans fragiliser cette dernière, une dispersion homogène à l’échelle nanométrique est nécessaire. Un zoom sur les cryofractures étudiées précédemment est représenté sur la figure II - 5. A l’échelle nanométrique, nous pouvons remarquer que les particules sont individualisées jusqu’ à un taux de charges de 45% en volume. Il faut noter toutefois la forte densification en BaTiO3 d’un composite chargé à 45% en volume. Pour un taux supérieur, 58% en volume, nous observons des zones où les particules sont en contact les unes avec les autres. L’apparition d’amas percolants a pour conséquence la création de zones de fragilité mécanique élevée dans la matrice ainsi qu’un changement de connectivité des particules. Ces composites ne peuvent plus être considérer comme de connectivité 0-3 mais plutôt 1-3. 54 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes E (keV) E (keV) figure II - 6 MEB des composites de PA11/BaTiO3 700nm chargés à 3% (a), et mesures EDX associées aux parties sombres et lumineuses Ce taux de 60% est proche du taux de percolation théorique pour un système tridimensionnel donné par l’équation de Nan [32]: φvol ( percolation ) = 0.7 n équation II - 3 Où φvol est la fraction volumique de charge à la percolation et n le facteur de forme de la particule. Cette équation donne une fraction volumique à la percolation de 70% pour des particules sphériques. Cependant, le facteur de forme des nanoparticules de titanate de baryum n’est pas réellement égal à 1. En effet, la structure cristalline du BaTiO3 rend ces particules facettées. La différence entre le taux de charge théorique (70%, [32]) et expérimental (60% par MEB) peut être expliquée par une légère différence du facteur de forme des nanoparticules comparé à 55 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes celui d’une sphère (nBaTiO3>nsphère). Le facteur de forme déduit des images MEB et de l’équation de Nan pour les nanoparticules de titanate de baryum est n=1.16. a) b) c) d) figure II - 7 Simulation du remplissage d’un carré par des particules sphériques pour des taux surfaciques de 10% (a), 20% (b), 40% (c), 60% (d) Des simulations du remplissage d’un cube par des particules sphériques pour des taux surfaciques de 10%, 20%, 40%, 62% sont représentées sur la figure II - 7. Un amas percolant (particules claires) apparaît à partir de 62% en volume, valeur légèrement inférieure à la valeur théorique proposée par C. Nan pour un système tridimensionnel. Les particules peuvent, en première approximation, être considérées comme sphériques. A l’échelle nanométrique, la dispersion des nanoparticules dans la matrice thermoplastique est homogène jusqu’à 45% en volume. II.3. Détermination de la fraction volumique De par la forte différence de masse volumique entre les matériaux organiques (~ 1,05 g.cm-3 pour le PA11) et les céramiques inorganiques (~ 5,85 g.cm-3 pour le titanate de baryum), la fraction massique ne permet pas de rendre compte des proportions de chaque élément dans le composite. Il faut définir la fraction volumique de corps A (inorganique) dans un corps B 56 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes (organique). Il existe deux méthodes pour déterminer la fraction volumique d’un système à deux corps. Loi de mélange La première méthode repose sur la déduction de la fraction volumique à partir de la fraction massique de particules introduites dans la matrice lors de l’élaboration et de la masse volumique de chaque entité : φvol = VBT VBT mBT / ρ BT = + Vmatrice mBT / ρ BT + mmatrice / ρ matrice équation II - 4 Avec φvol la fraction volumique, VBT mBT et ρBT le volume, la masse, et la masse volumique du titanate de baryum incorporé et Vmatrice , mmatrice et ρmatrice de la matrice. En introduisant la fraction massique: φmassique = mBT mBT + mmatrice équation II - 5 On exprime ainsi φvol en fonction de φmassique : φvol = ρ matrice mBT ⎛ ρ (1 − φmassique ) ⎞ ⎟ mBT ⎜ ρ matrice + BT ⎟ ⎜ φ massique ⎠ ⎝ équation II - 6 La figure II - 8 représente la fraction volumique en fonction de la fraction massique pour les composites base polyamide 11. 57 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes 0,6 0,5 φvol 0,4 0,3 0,2 0,1 0,0 0,0 0,2 0,4 φmassique 0,6 0,8 figure II - 8 Fraction volumique en fonction de la fraction massique pour un composite à matrice polyamide 11 chargé en titanate de baryum. A partir de la fraction massique déduite du résidu obtenu par analyse thermo gravimétrique et de l’équation II - 6, on peut déduire la fraction volumique de BT dans la matrice. Les annexes A. 2. 3 et A. 2. 4 présentent la perte de masse en fonction du taux de charge pour les composites à matrice polyamide 11 et P(VDF-TrFE) respectivement. Pour les deux types de matrice, la fraction massique de nanoparticules incorporées est de 20%, 50%, 70%, 87.5%. L’étude des résidus par TGA sur la matrice polyamide (A. 2. 3) montre une bonne reproductibilité des mesures même pour des fractions massiques élevées. En effet, pour un taux de charge de 87.5% masse, la dispersion sur la mesure des résidus est de moins de 3%. La dispersion dans la matrice est donc uniforme à l’échelle macroscopique. Des fractions massiques équivalentes ont été obtenues pour des composites à matrice fluorée. L’annexe A. 2. 5 récapitule les fractions volumiques obtenues pour les deux types de matrice par la méthode d’analyse thermo gravimétrique. Mesure de la masse volumique La deuxième méthode de détermination de la fraction volumique de BT dans la matrice consiste à mesurer la masse volumique de chacun des nanocomposites (figure II - 9) et à comparer la valeur mesurée à celle obtenue par une loi de mélange classique: 58 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes ρ composite = φvol ρ BT + (1 − φvol ) ρ matrice équation II - 7 densité (théorique loi de mélange) 5,0 Densité mesurée 4 3 2 1 0,2 0,4 0,6 0,8 fraction massique du composite (a) 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,0 1,0 (b) 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 fraction volumique du composite figure II - 9 (a) Densité mesurée pour les composites et (b) densité théorique pour les composites PA11/nanoBaTiO3 Nous reportons sur l’annexe A. 2. 6 les masses volumiques mesurées par cette méthode. L’écart maximal mesuré entre les 2 méthodes est de 4% en volume. Cependant, nous remarquons sur la figure II - 8 que lorsque le taux devient très important, une incertitude sur la mesure du résidu en TGA conduit à une incertitude plus importante sur la détermination de la fraction volumique donnée par l’équation II - 6. La détermination de la fraction volumique par la méthode de la loi de mélange sur la masse volumique des composites à donc été choisie. II.4. Protocole de polarisation Les matériaux ferroélectriques nécessitent d’être polarisés. Ce processus expérimental permet d’orienter les dipôles du matériau pour obtenir une polarisation macroscopique permanente responsable du caractère électroactif (pyroélectricité et piézoélectricité). Le protocole de polarisation utilisé étant différent selon que la matrice est passive ou active, un banc de polarisation évolutif a été mis au point. Le signal électrique de + - 10 V (alternatif ou continu) est généré par un générateur basses fréquences (33220A-Agilent) puis amplifié 2000 fois (Modèle 20/20c Treck). Le signal de sortie est alors appliqué aux bornes de l’échantillon. Le courant en fonction du champ appliqué est alors mesuré par un multimètre (2000-Keithley). 59 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes a) Matrice passive : polyamide 11 Dans le cas d’une matrice passive, le champ de polarisation ne permettra d’orienter que les dipôles intrinsèques aux nanoparticules de titanate de baryum. L’échantillon préalablement métallisé par pulvérisation cathodique (dépôt d’or par Scanboat-Boc Edwards) est plongé dans un bain chauffant d’huile de Ricin, afin d’éviter les phénomènes de claquage et permettre une répartition homogène de la température. Un champ électrique continu est alors appliqué pendant un temps long (~103s) puis le composite est refroidi sous champ jusqu’à la température ambiante. L’échantillon est alors court-circuité pour éliminer les charges surfaciques. Nous verrons plus loin (Chapitre 4) que la température de polarisation, le champ appliqué et le temps d’application sont des paramètres importants dans ce type de polarisation. b) Matrice active : P(VDF-TrFE) Le caractère ferroélectrique global des composites P (VDF-TrFE)/BaTiO3 est obtenu après l’orientation des dipôles des nanoparticules, mais aussi des dipôles de la matrice. Afin de réaliser cette polarisation, la méthode des champs alternatifs a été utilisée [3], [17], [33]. Un champ électrique alternatif est appliqué aux bornes de l’échantillon. A chaque cycle, le courant est mesuré en fonction du champ appliqué (figure II - 10). L’amplitude du champ de polarisation augmente au fur et à mesure des cycles. Lorsque le champ est supérieur au champ coercitif de la matrice, un cycle d’hystérésis apparaît (figure II - 11). L’amplitude du champ diminue progressivement jusqu’à zéro volt. Le champ coercitif des céramiques ferroélectriques étant inférieur au champ coercitif du P (VDF-TrFE), les dipôles du polymère et des particules ont été orientés. La polarisation des composites P (VDF-TrFE)/nanoBaTiO3 est réalisée à température ambiante et sous vide (p=2.010-4hPa) pour éviter les claquages électriques. 60 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes 0,5 I(A) 0,0 -0,5 -60 -30 0 30 60 E (MV/mm) figure II - 10 Courant mesuré en fonction du champ appliqué pour un copolymère P (VDF-TrFE) 70 : 30 mol. 30 P (mC/m ) 20 2 10 0 -10 -20 -30 -50 0 50 E (MV/m) figure II - 11 Cycle d’hystérésis du copolymère P (VDF-TrFE) 70 : 30 mol. B. Méthodes Afin d’illustrer les différentes méthodes de caractérisation, un exemple d’étude sur les éléments constitutifs des nanocomposites est présenté. I. Analyse calorimétrique diatherme (ACD) L’appareillage utilisé est un calorimètre de Thermal Analysis Instrument (DSC/MDSC 2920). Contrairement au calorimètre à compensation de puissance, la coupelle référence et la 61 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes coupelle contenant l’échantillon sont placées dans la même enceinte thermique. L’échantillon et la référence sont posés sur un disque thermoélectrique de constantan sur des plates-formes surélevées au dessous desquelles se trouvent des thermocouples. Le transfert de chaleur s’effectue ainsi par conduction au travers de la plaque de constantan. Lors d’un balayage en température, les thermocouples contrôlent le flux de chaleur différentiel entre la référence et l’échantillon. dQ ΔT = dt RD Où équation II - 8 dQ est le flux de chaleur, ΔT est la différence de température entre la référence et dt l’échantillon et RD la résistance thermique du disque de constantan. I.1. Matériaux organiques Les matrices utilisées pour élaborer les nanocomposites sont des polymères thermoplastiques semi cristallins, caractérisés par deux types de transitions : La transition vitreuse qui se traduit par un saut de la capacité calorifique. La température de transition vitreuse est généralement définie par le point d’inflexion du saut. La fusion des parties cristallines qui se manifeste par un pic endothermique. La température de fusion est définie par le maximum du pic. L’enthalpie de fusion ΔHf est mesurée en calculant l’aire du pic normalisée à la masse. Cette énergie quantifie la quantité de chaleur nécessaire pour fondre les parties cristallines du matériau. a) Polyamide 11 La transition vitreuse et de la fusion du polyamide 11 sont représentées sur la figure II - 12. Les thermogrammes ont été obtenus après fusion du polyamide à 220°C pendant 5 minutes puis refroidis à -20°C/min. La vitesse de montée en température est de 10°C/min. La manifestation thermique de la transition vitreuse des polyamides aliphatiques est difficile à mettre en évidence [6]. Lorsque le polyamide subit un recuit à une température T=Tg-20°C pendant 100 minutes (courbe rouge), un pic endothermique se superpose à la transition vitreuse de polyamide [35]. Ce phénomène appelé vieillissement physique ou relaxation structurale, est induit par la formation de liaisons physiques secondaires entre les segments de 62 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes chaînes de la phase amorphe durant le recuit. Dans le cas des polyamides le vieillissement physique est lié à la rupture des liaisons hydrogène entre les groupements amide adjacents. La cinétique de formation de ces liaisons est assez lente à température ambiante [35], [36], [37], [38]. La température de transition vitreuse mesurée par ACD après vieillissement physique est de 54°C. Heat Flow (W/g) 1,6 H eat Flow (W /g) Sans vieillissem ent Vieillissem ent 100 m inutes à 45°C 0,4 Endotherm ique 0 50 100 Tem pérature(°C) 0,8 Endo 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 Température(°C) figure II - 12 Fusion du polyamide 11 avant (noir) et après un vieillissement physique (gris) et transition vitreuse du polyamide 11 avant (noir) et après un vieillissement physique (gris) La fusion des parties cristallines du polyamide se situe entre 180°C et 200°C. L’existence d’un double pic de fusion [36], [37] du polyamide a été attribuée à la coexistence de plusieurs phases cristallines ou bien à des disparités en taille des cristaux. L’enthalpie de fusion du pic mesurée est ΔHf = 46,49 J/g et cela indépendamment du recuit. B. Wunderlich [34] a reporté une enthalpie de fusion ΔHf = 44,7 J/g pour le polyamide 11. Le recuit n’affecte donc que la partie amorphe du polymère. En prenant l’enthalpie de fusion ΔH0= 222 J/g estimé par Greco et Nicolaïs [39] on obtient un taux de cristallinité χC = 21%. Cette valeur est conforme aux mesures réalisées par S. Rhee [12] et L.Ibos [6]. 63 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes b) P(VDF-TrFE) La figure II - 13 représente le thermogramme ACD du P (VDF-TrFE) 70 :30 fondu à 200°C pendant 5 minutes puis refroidi à -20°C/min. La vitesse de balayage en température lors de la remonté est de 20°C/min. La température de transition vitreuse des copolymères fluorés est basse et augmente avec le pourcentage molaire d’unités TrFE [40]. Dans le cas du P(VDF-TrFE) 70-30, cette transition est mesurée à Tg = -30°C. Cette température est en accord avec les études menées par G. 1 Transition de Curie 0 -0,016 -1 Flux de chaleur (W/g) Flux de chaleur (W/g) Teyssèdre [40]. Endothermique -0,024 endo -40 -2 -20 Température (°C) 0 90 180 Température (°C) figure II - 13 Transition vitreuse, transition ferro/paraélectrique et fusion du P(VDF-TrFE) 70-30 Les copolymères fluorés de type P(VDF-TrFE) sont caractérisés par une transition ferro / paraélectrique ou transition de Curie qui se manifeste en ACD par un pic endothermique aux alentours de 100°C pour un P(VDF-TrFE) 70-30. Un hystérèse thermique d’environ 40°C sur cette transition est mis en évidence lors du refroidissement de l’échantillon. La fusion du P (VDF-TrFE) apparaît à 150°C. Dans le cas des polymères ferroélectriques le pic endothermique de transition ferro/paraélectrique doit être pris en compte pour le calcul du taux de cristallinité selon l’équation : χ c (%) = ΔH f + ΔH FP *100 ΔH 0 Où ΔHFP est l’enthalpie du pic associé à la transition de Curie. 64 équation II - 9 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes J. Clements et al. [41] ont proposé les enthalpies de fusion des polymères fluorés 100% cristallins, ΔHf = 91.05 kJ/mol pour le P(VDF-TrFE) 70-30. L’enthalpie du pic de transition ferro/paraélectrique mesurée par ACD est ΔHFP=18.5J/g et l’enthalpie du pic de fusion ΔHf=27J/g. Le taux de cristallinité du P (VDF-TrFE) est d’environ 50 %. I.2. Matériau inorganique : Titanate de Baryum L’analyse calorimétrique diatherme est un outil puissant pour l’étude des transitions de phase solide/solide des céramiques piézoélectriques. Plusieurs auteurs [42], [43] ont reporté que cette méthode peut être appliquée à l’analyse de la microstructure du titanate de baryum et à la détermination de la température de transition de Curie de la céramique. F.J. Gotor [43] a mis en évidence que la transition ferro/paraélectrique du BaTiO3 se caractérise par un pic endothermique en ACD. L’enthalpie associée à ce pic représente l’énergie thermique nécessaire pour passer d’une phase quadratique (ferroélectrique) à une phase cubique (paraélectrique). La figure II - 14 présente le thermogramme ACD d’un monocristal de titanate de baryum. La température de transition de Curie du BaTiO3 est de 120°C et l’enthalpie mesurée pour cet évènement thermique est de 278 J/mol. Ces valeurs sont en accord avec celles reportées par Gotor. En déterminant la tétragonalité de ces échantillons par diffraction des rayons X (rapport des paramètres de maille c/a), Gotor a montré une corrélation entre la taille des domaines de diffraction X, la tétragonalité des céramiques et l’enthalpie de transition quadratique / cubique. L’enthalpie de la transition diminue avec la tétragonalité et donc avec le caractère ferroélectrique. 65 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes flux de chaleur (W/g) 0,2 phase cubique paraélectrique Phase quadratique ferroélectrique 110 120 130 Température (°C) figure II - 14 Thermogramme ACD du titanate de baryum monocristallin II. Analyse mécanique II.1. Essais mécaniques en traction A une température donnée, les propriétés mécaniques des polymères peuvent être déterminées en observant la déformation d’un échantillon à vitesse constante. On mesure alors la contrainte résultante soit : σ= F S équation II - 10 Avec F la force appliquée et S la surface. La déformation γ de l’échantillon est définie par : γ = ( L − L0 ) L0 équation II - 11 Dans le cas de solide élastique parfait dit solide de Hooke, la contrainte est liée à la déformation par une relation de linéarité : Pour la traction 66 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes σ = Eγ équation II - 12 Avec E le module de Young (Pa). Les polymères sont des matériaux complexes qui ne sont pas soumis seulement aux lois comportementales de type Hooke. Cette loi n’est valable que dans une zone dite linéaire et réversible de la courbe de contrainte déformation. Au-delà d’un certain seuil, ou seuil de plasticité, le matériau polymère se déforme de manière non linéaire et irréversible en fonction de la contrainte appliquée. Cette manipulation permet donc une étude globale du comportement d’un polymère. Deux types d’essais sont possibles : une analyse globale de l’ensemble des comportements mécaniques à partir d’essais en traction ; une analyse spécifique de la viscoélasticité, par relaxation dynamique en cisaillement. a) Dispositif expérimental L’appareil utilisé lors des mesures de traction est une machine de traction Hounsfield. L’échantillon est fixé par deux mors dont l’un est mobile. Le mors mobile est fixé à une traverse qui se déplace à une vitesse de 0.5mm/min. La mesure de l’allongement revient à mesurer le déplacement du mors supérieur mobile. Les éprouvettes utilisées lors d’étude en traction sont généralement normalisées. Il s’avère difficile de mettre œuvre de tels échantillons à cause de la faible quantité de matière. Afin de réaliser toutefois une étude comparative entre les différents composites, des échantillons de 4 cm*1 cm*1 mm ont été élaborés. b) Polyamide 11 La figure II - 15 représente la courbe contrainte / déformation d’un échantillon de polyamide 11. 67 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes 36 27 18 Contrainte (Mpa) σ (Mpa) 27 9 18 9 0,02 0 0,04 0,06 déformation 0,0 0,5 1,0 1,5 déformation γ figure II - 15 Courbe de contrainte déformation du polyamide 11 Cette courbe est caractéristique d’un polymère thermoplastique semi-cristallin. Le module d’élasticité déduit de la zone linéaire vaut E = 800 Mpa. Cette valeur est inférieure à la valeur généralement relevée pour un polyamide 11 (~ 1 GPa). A partir de 3% de déformation, la contrainte appliquée sur l’échantillon n’est plus linéaire et atteint son seuil de plasticité. La déformation de l’éprouvette jusque là uniforme se localise. Ce phénomène est appelé striction. A partir du seuil de plasticité, l’échantillon ne se déforme que dans les zones de striction. Cette zone de déformation est dite plastique, le matériau se déforme de manière irréversible jusqu’à la rupture de l’éprouvette. La figure II - 15, nous permet de déterminer le seuil de plasticité du polyamide à une contrainte de 36 MPa. La déformation à la rupture de ce polymère est de 170%. II.2. Analyse mécanique dynamique (AMD) Contrairement aux courbes de contrainte / déformation, l’AMD sert par effort en cisaillement à disposer d’une zone de linéarité plus large. 68 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes a) Principe La relaxation mécanique permet de suivre l’évolution du module de cisaillement G lorsque l’échantillon est soumis à une déformation. Un essai dynamique est caractérisé par l’application d’une déformation harmonique de pulsation fixée ω : γ * = γ 0 exp(iωt ) équation II - 13 La réponse de l’échantillon à cette déformation est alors une contrainte harmonique de même pulsation mais déphasée de δ : σ * = σ 0 exp[i (ωt + δ )] équation II - 14 Le comportement du matériau est alors représenté par le module complexe : G * (ω ) = G ' (ω ) + iG " (ω ) équation II - 15 G’(ω) est le module conservatif de l’énergie et G’’(ω) le module dissipatif. Respectivement, ils représentent le comportement du matériau en phase avec la déformation (réponse élastique) et le comportement en quadrature de phase avec la déformation (réponse visqueuse). On utilise aussi tan (δ) le facteur de perte mécanique : tan δ = G" G' équation II - 16 A titre d’exemple, l’annexe A. 2. 8 montre la gamme de déformation définissant le domaine de linéarité pour un échantillon de Polyamide 11. Il convient alors de choisir pour nos expériences une valeur de déformation appartenant à ce domaine de linéarité. b) Dispositif expérimental La totalité des essais mécaniques est réalisé à l’aide d’un rhéomètre à déformation imposée ARES (Advanced Rheometrics Expansion System) de Rhéométrix Scientific®. Le type de sollicitation retenue est la torsion rectangulaire en mode dynamique car elle permet la mesure du moment qui conduit à l’expression d’un module de cisaillement. Un moteur impose à 69 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes l’extrémité inférieure de l'échantillon une déformation de torsion transitoire ou harmonique. Un capteur situé à l’extrémité supérieur de l’échantillon permet de mesurer le couple de torsion C induit dans l'échantillon. Nous déterminons le déphasage δ entre la contrainte et la déformation ainsi que le module de cisaillement G*. Ce système permet de travailler avec des amplitudes de déformation beaucoup plus faibles. Il permet de plus larges gammes de fréquences, avec une meilleure sensibilité que les rhéomètres à contrainte imposée. La gamme de fréquences accessible expérimentalement est comprise entre 10-2 et 100 rad.s-1. La gamme des couples de torsion accessible expérimentalement est comprise entre 2.10-2 et 200 g.m. La gamme de températures accessible expérimentalement est comprise entre -170°C et 200°C. La géométrie de l’échantillon caractérisée par K le facteur de forme est homogène à la contrainte σ*. Le module de cisaillement complexe s’exprime alors comme : G * (ω ) = Kσ * = K C0 θ eiδ (ω ) équation II - 17 Avec C0 le couple mesuré par le capteur au cours de la torsion de l’échantillon et θ l’angle de torsion de l’extrémité de l’échantillon solidaire du moteur. K dépend de la longueur L, de la largeur l et de l’épaisseur e de l’échantillon avec e<<l, et est exprimé par : K= 3L 1 × 3 le (1 − 0,63 e ) l équation II - 18 Avant tout essai mécanique, il est indispensable de déterminer la déformation maximale que les échantillons peuvent subir sans provoquer de déformations irréversibles, tout en s’assurant que la contrainte mécanique résultante reste toujours proportionnelle à la déformation imposée. Pour cela, on soumet l’échantillon à un balayage en déformation à température et fréquence constantes. Cet essai préalable à tout essai mécanique permet de vérifier le domaine de linéarité (gamme de déformation où la loi de Hooke est vérifiée). Les conditions expérimentales sont : • Un balayage en déformation de 0,01% à 1% 70 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes • Une température de 20°C • Une fréquence de 1 rad.s-1 c) Mise en œuvre des échantillons Afin d’effectuer les essais mécaniques, il est nécessaire de fabriquer des échantillons de composite. En plus de ces échantillons de composite, un échantillon de polyamide 11 a été fabriqué dans le but de comparer les propriétés du composite à celles de la matrice seule. Ces échantillons ont été réalisés à l’aide d’une presse à chaud à une température de 220°C pendant 10 minutes. Les moules pour la réalisation de ces échantillons sont des parallélépipèdes de 30 mm de longueur (L), de 10 mm de largeur (l) et de 1mm d’épaisseur. Préalablement chaque échantillon a été déshydraté à l’étuve pendant 30 minutes à une température de 140°C. Afin de pouvoir comparer les modes de relaxation de ces différents composites, le même protocole expérimental a été respecté lors des essais. L’échantillon est refroidi jusqu’à -140°C puis il est chauffé jusqu’à 100°C avec une vitesse de rampe de 1°C.min-1 à une fréquence angulaire constante de 1 rad.s-1. La déformation appliquée lors de la montée en température est de 0,1% pour chaque échantillon. d) Comportement dynamique mécanique du polyamide 11 La réponse mécanique dynamique du polyamide 11 est présentée sur la figure II - 16. Trois modes de relaxation sont enregistrés dans la gamme de mesure explorée. Dans le domaine vitreux, la première relaxation γ (Tγ=-135°C), est associée à la mobilité des groupements CH2 de la chaîne polyamide. Contrairement aux thermogrammes obtenus par analyse diélectrique dynamique, l’intensité du mode γ est supérieure au mode β. Les mesures par analyse dynamique mécanique sont sensibles au volume moléculaire déplacé alors que les mesures diélectriques sont sensibles à la polarité des entités relaxantes. Or les segments aliphatiques de la macromolécule n’étant pas polaires, seule la réponse diélectrique de l’influence des groupements CH2 sur les groupements amide est mesurable. L’origine de la seconde relaxation, dont la température se situe aux alentours de Tβ= -76°C, est généralement attribuée à des mouvements de rotation de groupements amide libres de la phase amorphe [44]. 71 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes La relaxation principale apparaît à Tα= 46°C. Elle est attribuée à la manifestation anélastique de la transition vitreuse. Ce mode de relaxation caractérise le passage d’un état vitreux (G ’= 400 MPa) à un état caoutchoutique (G’ = 100 MPa). α 10 2,0x10 -1 9 G'(Pa) tan δ 1,0x10 γ -1 β 8 10 -100 -50 0 50 100 Température (°C) figure II - 16 Evolution du module de conservation et du facteur de pertes mécaniques du PA11 III. Analyse diélectrique Un matériau diélectrique est un matériau susceptible d’acquérir un moment dipolaire lors de l’application d’un champ extérieur. Les moments dipolaires ainsi créés tendent à s’orienter selon le champ appliqué. III.1. Origine de la polarisation a) Approche macroscopique La capacité d’un condensateur plan composé d’un matériau diélectrique de permittivité diélectrique relative ε est: 72 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes C = εε 0 S équation II - 19 e L’augmentation de la capacité du matériau est liée à l’aptitude du matériau à stocker de l’énergie sous un champ extérieur. → D’un point de vue macroscopique, la polarisation P d’un matériau diélectrique linéaire et isotrope est reliée au champ électrique: → → P = ε 0 (ε + 1) E équation II - 20 b) Approche microscopique Le champ appliqué aux bornes du condensateur est significativement différent du champ électrique agissant sur les entités mobiles qui composent le matériau diélectrique. Le champ → local E local appliqué sur une entité mobile est la somme du champ extérieur appliqué sur le diélectrique et des champs électriques créés par les dipôles des entités voisines. Dans le cas des matériaux uniformément polarisés Lorentz (1909) a exprimé le champ local réellement appliqué sur un dipôle en terme de grandeurs macroscopiques : → → → Elocal P = E+ 3ε 0 équation II - 21 La polarisation macroscopique est la résultante de l’orientation à l’échelle locale des moments → dipolaires permanents ou induits p j . → → équation II - 22 p j = α j E local Où αj est la polarisabilité de l’entité mobile j. La polarisation macroscopique résultante s’exprime alors comme la somme des moments dipolaires de chaque entité et de la concentration dipolaire de l’entité considérée Nj : → → → p j = ∑ N j p j = (∑ N jα j ) E local j j 73 équation II - 23 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes A partir de ces équations, une relation entre la permittivité diélectrique ε (échelle macroscopique) et les polarisabilités αj (échelle locale) a été exprimée par Clausius et Mossoti : ε −1 = ε +2 ∑N α j j j 3ε 0 équation II - 24 c) Origine des différentes polarisations La polarisation totale d’un matériau diélectrique est la résultante des différentes contributions : électronique, ionique, dipolaire, interfaciale et charge d’espace. Chacune des polarisations a un temps d’établissement qui lui est propre. Il est donc possible d’étudier chacun des processus indépendamment des autres. • La polarisation électronique provient de la déformation du nuage électronique entourant chaque atome sous l’effet d’un champ électrique. Cet effet est instantané avec un temps d’établissement t~10-15s. • La polarisation ionique se manifeste, dans le cas de matériaux constitués d’atomes différents, par un déplacement des électrons des liaisons covalentes vers les atomes les plus électronégatifs (t~10-11- t~10-12s). • La polarisation d’orientation ou dipolaire est associée à l’orientation des moments dipolaires permanents selon le champ appliqué. Ce mécanisme s’étend sur un large domaine de temps (t~10-9- t~105s). • La polarisation effet Maxwell-Wagner-Sillars est caractéristique des milieux hétérogènes, où les différentes phases constitutives du matériau ont des permittivités différentes. Les charges s’accumulent alors aux interfaces sous l’application d’un champ. • La polarisation interfaciale est due à la présence de charges libres en excès à la surface des matériaux. Ces deux derniers mécanismes induisent un moment dipolaire macroscopique avec des temps d’établissement long (t>103s). 74 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes III.2. Phénomènes de relaxations La polarisation d’orientation ne s’établit pas de manière instantanée à cause de l’inertie des mouvements dipolaires pour passer d’un état non polarisé à polarisé lors de l’application d’un champ électrique extérieur. Ce retard dans le temps d’établissement de la polarisation d’orientation est appelé phénomène de relaxation diélectrique. Plusieurs équations phénoménologiques permettent de décrire les phénomènes de relaxations. a) Equation de Debye Debye a fait l’hypothèse que la polarisation d’orientation obéit à une équation différentielle du premier ordre: dP or (t ) 1 = − P or (t ) dt τ équation II - 25 Où τ est le temps de relaxation. La permittivité diélectrique en fonction de τ s’écrit : ε * (ω ) = ε ∞ + Δε 1 + iωτ équation II - 26 Soit par les parties réelles ε’ et imaginaires ε’’: équation II - 27 Δε ωτΔε ε " (ω ) = 2 2 2 2 1+ ω τ 1+ ω τ La figure II - 17 représente l’évolution de la permittivité diélectrique en fonction de la ε ' (ω ) = ε ∞ + fréquence. 75 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes εS ε' ε" Δε WD ε∝ ωmax=1/τ Basses fréquences log (ω) Hautes fréquences figure II - 17 Partie réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique de Debye Ce modèle est caractérisé par une réponse diélectrique symétrique dont la largeur à mihauteur du pic de dissipation diélectrique est wD=1.144 en échelle logarithmique et une position en fréquence du maximum du pic à ωmax=1/τ. Cette équation n’est généralement pas applicable aux polymères. En effet, les processus de relaxation dans les systèmes complexes s’étendent sur un domaine fréquentiel beaucoup plus large que dans le modèle de Debye, avec de plus une asymétrie du pic b) Equation d’Havriliak-Negami Afin de tenir compte de la dissymétrie des modes de relaxation, Havriliak et Negami [45], [46] ont proposé une généralisation de l’équation de Debye en introduisant deux paramètres permettant de prendre en compte dissymétrie et largeur du pic. Ce modèle est une généralisation des équations de Cole-Cole et Cole-Davidson [47], [48], [49]. L’équation d’Havriliak-Negami est: ε * (ω ) = ε ∞ + Δε [1 + (iωτ )α HN ]β HN 76 équation II - 28 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Où αHN et βHN sont les paramètres prenant en compte respectivement la largeur et l’asymétrie du pic, avec des valeurs comprises entre 0 et 1. On retrouve bien le modèle de Debye pour αHN et βHN égal à 1. Dans certains cas, il existe plusieurs modes de relaxation et une contribution de la conductivité électrique doit être ajoutée : ⎤ σ0 équation II - 29 ⎥+ i ε ω i= ⎢ 0 ⎣ [1 + (iωτ i ) ] ⎥⎦ Avec n le nombre de modes de relaxation, σ0 la conductivité statique du matériau. La n ⎡ Δε i ε * (ω ) = ε ∞ + ∑ ⎢ α HN i β HN i contribution de la conductivité n’apparaît que sur la partie imaginaire de la permittivité diélectrique, contrairement aux phénomènes interfaciaux qui sont caractérisés par un front à basses fréquences et hautes températures sur la partie réelle de la permittivité. La conductivité et les phénomènes interfaciaux présents dans les matériaux composites, milieux hétérogènes par définition, peuvent à basses fréquences et hautes températures masquer la réponse diélectrique de la matrice. Il est alors nécessaire d’utiliser le formalisme du module diélectrique donné par l’équation [50]: M* = 1 ε * = ε' ε" +i 2 = M '+ iM " 2 ε ' +ε " ε ' + ε "2 2 équation II - 30 Dans ce formalisme, la conductivité et les relaxations de type MWS ne sont plus représentées comme des fronts mais comme des pics définis. III.3. Dépendance en température des temps de relaxation Dans les polymères, la dépendance en température des temps de relaxation dipolaires est liée à la nature de l’entité relaxante mais aussi de la température à laquelle la mesure est effectuée. Deux types de comportements sont alors envisageables. a) Comportement de type Arrhenius Le comportement de type Arrhenius est caractéristique des domaines basses températures et des relaxations associées à des entités relaxantes de faibles dimensions. La dépendance en température du logarithme des temps de relaxation est linéaire : τ (T ) = τ 0 exp( 77 Ea ) RT équation II - 31 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Où Ea est l’énergie d’activation du mode exprimée en kJ.mol-1, (R est la constante des gaz parfaits) et τ0 le facteur pré exponentiel. Plusieurs théories moléculaires permettent de prévoir ce type de dépendance en température des temps de relaxation, citons notamment la théorie des barrières et la théorie des états activés d’Eyring. i) Théorie des barrières En se basant sur la théorie des barrières ainsi que sur la théorie des états activés d’Eyring selon laquelle le mouvement d’une entité relaxante est assimilable à une réaction chimique entre deux corps A et B qui, pour former un corps C, passent par un complexe activé AB* d’énergie plus élevée, la relation suivante est obtenue: τ (T ) = h k BT exp( ΔG ) RT équation II - 32 Où h est la constante de Planck, kB est la constante de Boltzmann et ΔG est la différence d’enthalpie libre entre les états activés et non activés. En exprimant ΔG en fonction de l’enthalpie d’activation ΔH et de l’entropie d’activation ΔS : ΔG = ΔH − TΔS équation II - 33 Le temps de relaxation obéit à l’équation : τ (T ) = h k BT exp( − ΔS ΔH ) exp( ) R RT équation II - 34 En posant : τ = 0 h k BT exp( − ΔS ) R équation II - 35 Nous retrouvons l’équation d’Arrhenius : équation II - 36 Ea ) RT Cette théorie permet de donner un sens physique au facteur pré exponentiel en le reliant à τ (T ) = τ 0 exp( l’entropie d’activation. τ0 contient alors l’information sur le désordre engendré par les mouvements des entités mobiles sur l’environnement moléculaire. L’enthalpie d’activation ΔH traduit les contraintes stériques et électrostatiques de l’environnement sur la mobilité moléculaire. 78 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes ii) Phénomène de compensation Généralement, les paramètres ΔH et ΔS issus de la théorie d’Eyring sont indépendants l’un de l’autre. Cependant dans certains cas une relation de linéarité peut être observée entre ces deux grandeurs ; en 1966, Hoffman , Williams et Passaglia [51] ont proposé une interprétation : c’est le phénomène de compensation basée sur l’étude des relaxations de séquences de paraffines de longueur variable. L’hypothèse principale étant que l’entropie et l’enthalpie d’activation sont liées à la taille de l’entité relaxante. Ils ont ainsi supposé l’existence de n sous entités caractérisées par une enthalpie d’activation ΔH0 et une entropie d’activation ΔS0 : Δ H = n Δ H 0+ Δ H f équation II - 37 ΔS = nΔS 0 équation II - 38 Où ΔH0 et ΔS0 sont, l’enthalpie et l’entropie d’activation d’un groupement CH2 et ΔHf l’enthalpie d’activation d’une extrémité de chaîne. En introduisant la température de compensation : ΔH 0 ΔS 0 On obtient une relation de linéarité entre ΔH et ΔS : équation II - 39 TC = équation II - 40 ΔH = TC ΔS + ΔH f La dépendance en température des temps de relaxation de la théorie des barrières peut alors s’écrire : ⎡ ΔH ⎛ 1 1 ⎞ ⎤ ⎜ − ⎟⎥ ⎣ R ⎝ T Tc ⎠⎦ équation II - 41 τ (T ) = τ C exp ⎢ Avec τC = h k BT exp( ΔH f RTC ) équation II - 42 Lorsque l’enthalpie d’activation augmente (augmentation de la longueur des séquences mobiles), le facteur pré exponentiel τ0 décroît compensant ainsi l’augmentation de la valeur du terme exp(ΔH/RT). 79 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Deux diagrammes permettent de mettre en évidence ce phénomène de compensation : Le diagramme d’arrhénius lnτ=f(1/T) : les droites correspondant aux différents temps de relaxation isolés convergent en un point (TC,τC) appelé point de compensation. Ce point correspond au point virtuel où toutes les entités mobiles de taille différentes relaxeraient avec la même cinétique. Le diagramme de compensation lnτ0=f(ΔH) où l’on observe une droite de cœfficient directeur (kTC)-1 et d’ordonnée à l’origine ln τC. L’énergie d’activation d’un mode associé à la transition vitreuse augmente avec la température (T<Tg). La taille de l’entité relaxante augmente donc avec la température. iii) Critère de coopérativité de Starkweather Afin de rendre compte de la coopérativité du processus de relaxation, Starkweather [52] se base sur la déviation des valeurs des enthalpies d’activation mesurées par rapport aux enthalpies d’activations à entropie nulle. Une relaxation est considérée comme non coopérative si l’écart entre l’évolution thermique des enthalpies d’activation mesurées par rapport à la droite d’entropie zéro est faible. Elle sera considérée coopérative si le décrochage est important. Dans le cas des relaxations complexes, les enthalpies d’activation élevées induisent des mouvements de longs segments de chaînes et impliquent des mouvements coopératifs (relaxation principale des polymères). L’équation d’Arrhenius réécrite sous la forme ci-dessous permet de décomposer l’énergie d’activation en deux termes, une enthalpie d’activation à entropie nulle et un terme purement entropique. équation II - 43 kB ) + ln(T ) − ln( f eq )] + TΔSi = ΔH i ( ΔS =0) + TΔSi 2πh Où feq est la fréquence équivalente de sollicitation électrique de l’appareil de mesure. Ea ,i = k BT [1 + ln( 80 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Tα ΔH TΔSi ΔHΔS=0 Température figure II - 18 Variation de l’enthalpie en fonction de la température (cercles) et droite de zéro entropie pour un mode non coopératif (sous vitreux) et un mode coopératif (relaxation principale) La figure II - 18 présente un exemple d’évolution d’enthalpie en fonction de la température pour deux modes de relaxation. Le mode basse température est proche de la droite d’entropie nulle et correspond à un processus localisé. Le mode de relaxation principal décroche de la droite et est donc caractéristique de mouvements coopératifs de la macromolécule. b) Comportement de type Vogel-Tammann-Fulcher A l’approche de la transition vitreuse, la dépendance en température des temps de relaxation dipolaires ne suit plus un comportement de type Arrhénius. La dépendance thermique des temps de relaxation obéit alors à l’équation de Vogel Tammann Fulcher : ⎛ 1 ⎝ (T − T∞ )α f τ (T ) = τ 0 a exp⎜⎜ ⎞ ⎟ ⎟ ⎠ équation II - 44 Avec τ0a facteur pré exponentiel, T∞ est une constante homogène à une température et αf à l’inverse d’une température. A l’instar du comportement de type Arrhenius, plusieurs théories moléculaires ont été proposées afin d’expliquer ce comportement. Ces théories sont principalement basées sur le volume libre et des considérations thermodynamiques. En 1955, Willams, Landel et Ferry [53] ont proposé une loi empirique basée sur l’équivalence temps température afin de rendre compte des phénomènes de relaxation dans la zone de transition 81 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes vitreuse. Le modèle est cohérent avec l’équation W.L.F est généralement applicable aux polymères linéaires dans une zone en température comprise entre Tg et Tg+100°C. i) Théorie du volume libre En 1959, Cohen et Turnbull [54] ont appliqué le concept de volume libre pour expliquer la mobilité des chaînes polymères à l’approche de la transition vitreuse. Il repose sur l’existence d’un volume critique nécessaire pour que le réarrangement des espaces vides autour de l’entité relaxante se produise sans apport d’énergie. Le volume libre est nul au dessous d’une température critique T∞ à laquelle les mouvements sont figés. Lorsque la température augmente, le matériau se dilate, le volume libre augmente jusqu’à atteindre au voisinage de la température infinie la valeur du volume critique. Le réarrangement est alors possible sans apport d’énergie et l’entité moléculaire mise en jeu peut alors relaxer. Dans cette théorie, le temps de relaxation obéit à l’équation WLF ; αf est alors le cœfficient de dilatation de la fraction de volume libre du système. ii) Théorie d’Adam-Gibbs En 1958, une approche thermodynamique a été proposée par Gibbs et Dimarzio [55] puis par Adam et Gibbs en 1965 [56] pour interpréter les relaxations des liquides formant des verres. Selon ces auteurs, un système peut se décomposer en N sous-systèmes équivalents et indépendants. Les sous systèmes soumis à une fluctuation suffisante en enthalpie peuvent se réarranger en une autre configuration indépendamment des domaines voisins (CRR: Région de réarrangement coopératif). Le nombre de motifs z qui constitue ces sous systèmes se réarrangeant de manière coopérative décroît quand la température augmente, à partir d’une valeur finie. La dépendance en température de τ est alors donnée par : ⎛ DT0 ⎝ T − T0 τ (T ) == τ 0 * exp⎜⎜ ⎞ ⎟⎟ ⎠ équation II - 45 Selon Angell [57], le paramètre D peut être défini comme un paramètre de fragilité : plus D est élevé plus le matériau se caractérise par des interactions fortes. En identifiant à l’équation obtenue pour le volume libre: 82 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes T0 = T∞ équation II - 46 La théorie d’Adam et Gibbs donne une signification thermodynamique à la température critique T0 et une signification moléculaire à αf = 1 DT0 équation II - 47 III.4. Spectroscopie diélectrique dynamique La spectrométrie diélectrique dynamique est effectuée sur un spectromètre Novocontrol associé à un analyseur d’impédance Solartron. Les gammes en fréquences et en températures accessibles vont de 10-1 à 106 Hz et de -150°C à 200°C respectivement. Le principe de fonctionnement de cet appareil est basé sur la mesure d’impédance aux bornes d’un diélectrique. Une tension harmonique U(t) de faible amplitude (U0=1.5V) est appliquée aux bornes d’un échantillon placé entre deux électrodes. Cette tension induit un courant I(t) de pulsation ω identique à la tension mais déphasé. Le matériau étudié n’étant pas un diélectrique parfait, le déphasage est différent de π/2. U * (ω ) = U 0 exp( iωt ) équation II - 48 I * (ω ) = U 0 exp( i (ωt + ϕ )) équation II - 49 Avec φ le déphasage entre U(t) et I(t). L’impédance complexe est donnée par le rapport de ces deux grandeurs: Z * (ω ) = U * (ω ) I * (ω ) équation II - 50 L’impédance complexe est reliée à la capacité complexe C*(ω) et à la permittivité complexe du matériau par la relation : équation II - 51 1 * = C ε ( ω ) 0 iωZ * (ω ) Avec C0=ε0S/e. L’impédance complexe ne dépend que de la géométrie de l’échantillon C * (ω ) = (épaisseur e et surface S) et des propriétés diélectriques du matériau. 83 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes a) Matériaux organiques : mobilité moléculaire La spectroscopie diélectrique dynamique est un outil puissant pour l’étude de la mobilité moléculaire dans la phase amorphe des polymères. Chaque mode de relaxation mis en évidence est susceptible d’être lié au mouvement d’entité plus ou moins grande de la macromolécule. i) Polyamide 11 La surface de relaxation diélectrique du polyamide 11 est présentée sur l’annexe A. 2. 9. Cinq modes de relaxation diélectriques sont mis en évidence. Le polyamide 11 est un matériau de faible permittivité diélectrique à température ambiante (ε~2) Modes de relaxation basses températures La figure II - 19 représente le diagramme d’Arrhenius pour les cinq modes de relaxation du polyamide. Les modes de relaxation sous vitreux (figure II - 20) sont de type Arrhenius. 0 10 β1 -1 10 -2 τ(s) 10 α' β2 -3 10 γ -4 10 α -5 10 -6 10 -7 10 6 5 4 1000/T 3 figure II - 19 Diagramme d’Arrhenius du polyamide 11 84 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes -1 10 β1 β2 -2 ε" 10 γ -3 10 -1 10 0 10 1 10 10 2 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquence (Hz) figure II - 20 Contribution basses températures de la partie imaginaire de la permittivité diélectrique du PA11 - Mode de relaxation γ: Ce mode de relaxation est généralement attribué aux mouvements locaux des groupements méthylène (-CH2-) de la phase amorphe [44]. Les groupements méthylène ne sont pas polaires, la réponse diélectrique n’est donc pas liée directement à la relaxation des entités méthylène mais à l’influence des mouvements de faible amplitude des groupements (-CH2-) sur les groupements amide adjacents. L’énergie d’activation de ce mode de relaxation est Ea = 45 kJ/mol pour un temps caractéristique de τ0 = 8.10-18s. La permittivité diélectrique basse fréquence est εs=2,55 et le saut de permittivité moyen associé est Δε = 6.10-2. - Mode de relaxation β1 et β2: L’origine moléculaire de ces modes est communément associée aux mouvements des groupements amide libres dans la phase amorphe. L. Ibos a montré que les modes β sont très sensibles au taux d’hydratation du polyamide. L’énergie d’activation et le temps caractéristique τ0 de chacun des modes β sont présentés sur le tableau II - 2 Les enthalpies d’activation mesurées sont en accord avec celles relevées précédemment par L. Ibos [6]. 85 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Mode de relaxation τ0 (s) Energie d’activation ( kJ/mol) γ 8.10-18 45 +-1 β2 5.10-17 60 +- 1 β1 6.10-23 103+- 4 tableau II - 2 Ea et τ0 des modes sous vitreux (γ, β2, β1) du PA 11 Modes de relaxation principaux Sur l’annexe A. 2. 10 et la figure II - 21 sont présentées la partie réelle et imaginaire de la permittivité pour les modes de relaxation principaux du polyamide 11. Deux modes sont visibles : Le mode α et le mode α’. Mode de relaxation α: Ce mode de relaxation est habituellement attribué à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. Les temps de relaxation déduits de l’équation d’Havriliak-Negami montrent un comportement de type VTF. Les paramètres correspondants sont : - τ0 = 8.10-11 s - T0 = 293K - α = 1,7.10−3 Κ−1 Le paramètre de fragilité calculé est D = 1,9. A ce mode de relaxation est associé une variation moyenne de permittivité diélectrique Δε~3 86 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes ε" α' α 0 10 10 0 10 1 2 10 10 3 4 10 10 5 10 6 Fréquence (Hz) figure II - 21 Partie imaginaire de la permittivité pour les modes de relaxation principaux du PA11 τ(s) 10 0 10 -1 10 -2 10 -3 10 -4 10 -5 10 -6 10 -7 3,0 2,5 1000/T figure II - 22 « Merging » des modes α et α’ Mode de relaxation α’: Tout comme le mode α, le mode α’ est de type VTF. Ce mode de relaxation apparaît comme un épaulement d’un phénomène beaucoup plus intense de type Maxwell-Wagner-Sillars. L’origine moléculaire du mode α’ est attribuée à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse de la phase amorphe contrainte à proximité des cristallites ou à la phase amorphe inter lamellaire. Les paramètres VTF correspondants sont : 87 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes - τ0 = 4.10-11 s - T0 = 212 K - α = 3,8.10−4 Κ−1 Le paramètre de fragilité obtenu est D = 12.4. Le paramètre de fragilité du mode α’ est plus important que le facteur D du mode α. Ceci se traduit par un caractère plus ‘’rigide’’ de la phase amorphe contrainte. En extrapolant les courbes VTF obtenues par ajustement des points expérimentaux, un phénomène de « merging » à basses fréquences est mis en évidence entre les modes α et α’. Les deux modes se rejoignent en une relaxation unique pour un temps τ=3s et une température T=317K (~Tg ACD). ii) P(VDF-TrFE) ε" 10 5 β α 4 10 3 10 2 10 1 Tc 10 ε" 10 0 γγ -1 10 -60 0 Température(°C) 10 60 6 10 Hz 0 -1 10 Hz -1 10 -100 -50 0 50 100 Température(°C) figure II - 23 Partie imaginaire de la permittivité diélectrique du P(VDF-TrFE) 70-30 en fonction de la température Le P(VDF-TrFE) est un matériau très polaire. La permittivité diélectrique de ce polymère est élevée pour un matériau organique ε=8 à 25°C et 1MHz. Plusieurs contributions diélectriques (figure II - 25, A.2.10, A.2.11) sont mises en évidence sur la partie imaginaire de la permittivité. Deux modes anisothermes notés γ et α et une contribution isotherme. Le mode basse température γ s’étend de -90°C à -50°C. Ce mode est de type Arrhenius avec un facteur pré exponentiel τ0=3.10-20s et une énergie d’activation Ea = 68 kJ/mol. Cette 88 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes énergie d’activation est du même ordre de grandeur que l’énergie d’activation d’un mode sous-vitreux mesuré dans différents polymères amorphes ou semi cristallins. Ce mode est attribué aux mouvements localisés de courts segments dans chaîne de la phase amorphe. Le mode principal est noté α et est associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. L. Ibos a relevé un comportement VTF des temps de relaxation caractéristiques de ce mode avec pour paramètres correspondants : - τ0 = 3.10-10s - T0 = 214 K - α = 1,7 10−3 Κ−1 Le paramètre de fragilité obtenu est D = 2,7. Le P(VDF-TrFE) est un matériau ferroélectrique caractérisé par sa transition ferro/parélectrique ou transition de Curie. La transition de Curie de ce polymère fluoré est du premier ordre. La position en température du pic isotherme est 110°C. Par analogie à l’analyse calorimétrique diatherme, ce pic est attribué à la transition ferro/paraélectrique du polymère. L’hystérèse en température typique des transitions de Curie est de 40°C (figure II 24) conformément aux mesures réalisées par analyse calorimétrique diatherme. ε' ΔT=40°C 0 60 120 Température (°C) figure II - 24 Manifestation diélectrique de la transition de Curie du P(VDF-TrFE) 70-30 lors d’une rampe en température montante et descendante 89 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes iii) Conductivité et phénomènes inter-faciaux Les polymères semi cristallins (comme le polyamide 11 et le P(VDF-TrFE)) sont susceptibles de présenter une forte polarisation interfaciale à des températures supérieures à la température de transition vitreuse à cause des inhomogénéités dues aux parties cristallines du polymère [58]. Cette polarisation de type MWS est associée aux charges libres piégées à l’interface entre les cristallites et la phase amorphe [60]. A ce phénomène se superpose, sur la partie imaginaire de la permittivité diélectrique, une composante due à la conductivité du matériau à haute température. Cette composante est identifiable par le coefficient directeur de la courbe ε’’=f(f) égal à -1. La figure II - 25 présente l’évolution de la partie réelle de la permittivité diélectrique en fonction de la température pour le polyamide 11. ε' MWS 10 3 10 2 -1 10 Hz α' α 10 1 6 10 Hz 0 20 40 60 80 100 120 140 Température (°C) figure II - 25 Partie réelle de la permittivité diélectrique en fonction de la température du polyamide 11. La polarisation MWS est un phénomène relaxationnel très intense qui apparaît à basses fréquences et hautes températures. Le saut de permittivité diélectrique associé est 10 à 100 fois supérieur au Δε des modes principaux et peut masquer certains modes. Hammami [59] a montré que le formalisme du module diélectrique peut être utilisé pour étudier les relaxations diélectriques d’un matériau hétérogène. L’évolution de la partie imaginaire de la permittitvité, relative à l’association de la conductivité et à la relaxation MWS du polyamide, est alors 90 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes représentée comme un pic et non plus comme un front. Il est possible de dissocier clairement les différentes relaxations masquées lors de l’étude de la partie imaginaire de la permittivité mais aussi d’étudier la dynamique relaxationnelle du mode MWS. La figure II - 26 représente la surface diélectrique de la partie imaginaire hautes températures du module diélectrique du PA 11. Trois contributions distinctes sont mises en évidence, les modes α et α' (mobilité moléculaire) et le phénomène MWS (phénomène inter facial). figure II - 26 Surface diélectrique de la partie imaginaire du module diélectrique du PA 11 b) Matériau inorganique Le titanate de baryum est une céramique connue pour ses fortes propriétés diélectriques. L’étude par spectroscopie diélectrique dynamique permet une étude des différentes transitions de phases solide/solide du BaTiO3. i) Relaxations solides-solides des nano-BT La surface diélectrique de la partie réelle de la permittivité pour des poudres de nanoparticules de BaTiO3 avec une granulométrie de 300 nm est présentée sur la figure II - 27 ; les trois 91 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes relaxations du premier ordre solide/solide du titanate de baryum sont visibles et caractérisées par un saut isotherme. Comme le caractère ferroélectrique du titanate de baryum est lié à sa phase quadratique à température ambiante, on conclut que même à l’échelle nanométrique le titanate de baryum conserve ses propriétés électroactives. Cependant, une relaxation associée transition du premier ordre se manifeste normalement par un front abrupt. La dispersion en température de ce front dans le cas des nanoparticules de BaTiO3 peut avoir deux explications : figure II - 27 Surface diélectrique de la partie réelle de la permittivité des nanoparticules de BaTiO3 300nm D’une part, la température des transitions de structure cristalline du titanate de baryum évolue avec la taille des nanoparticules [61]. Le profil de la granulométrie des nanoparticules étant généralement de type gaussien, la réponse diélectrique est composée des différentes contributions du premier ordre de chaque taille de particules. D’autre part, les mesures étant réalisées sur des poudres, milieu composite à matrice air, le milieu effectif moyen dans lequel « baignent » les nanoparticules est de permittivité diélectrique inférieure (ε’~16) à ces dernières (ε’~1500 [62]). La différence de permittivité diminue les interactions entre les 92 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes différents dipôles du BaTiO3 diminuant ainsi la coopérativité entre les nanoparticules. La réponse globale est alors composée des différentes contributions plus ou moins coopératives. Une étude de la permittivité diélectrique des nanoparticules de titanate de baryum de 300nm autour de la transition de Curie pour une rampe en température montante et descendante met en évidence un phénomène d’hystérèse caractéristique d’une transition ferro /paraélectrique (figure II - 28). L’évolution de la partie réelle de la permittivité diélectrique en fonction de la taille des nanoparticules est présentée sur la figure II - 29. La permittivité des nanoparticules diminue faiblement pour des tailles allant de 700 nm à 300 nm, puis une diminution brutale apparaît pour les nanoBT de tailles inférieures à 300 nm. ε' ΔT=16°C 60 80 100 120 140 160 180 200 Température (°C) figure II - 28 Hystérèse en température de la partie réelle de la permittivité des nanoBT 300 nm La dispersion en température de la transition de Curie évolue aussi avec la taille des nanoparticules. Lorsque les nanoparticules ont une taille inférieure à 300 nm, la transition ferro/para ou quadratique cubique devient très diffuse jusqu’à être quasi inexistante pour les nanoparticules de 50 nm. Nous avons vu qu’en dessous de 300 nm le rapport c/a (XRD) des nanoparticules diminue de manière très brutale. Plus la taille des nanoparticules sera faible plus une légère variation de la granulométrie entraînera une variation importante de la température de transition de Curie. En dessous de 70 nm, le rapport c/a est très proche de 1, les nanoparticules ne présentent alors plus qu’une faible transition quadratique cubique. 93 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes 18 700 nm 300 nm 100 nm 50 nm ε' 16 14 12 rhomboedrique orthorhombique -150 -100 -50 0 quadratique 50 100 cubique 150 200 Température (°C) figure II - 29 Evolution de la permittivité diélectrique à 1MHz en fonction de la température pour des tailles de particules de 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm III.5. Courants thermo stimulés (CTS) La technique des courants thermo stimulés (CTS) a été mise au point par Bucci et al. [65] en 1964. Cette technique permet de caractériser la structure d’un matériau complexe par l’analyse des relaxations d’entités dipolaires présentes dans le matériau. De part la faible fréquence équivalente de sollicitation des entités mobiles (10-3-10-4 Hz), l’analyse par courant thermo stimulés s’avère être une méthode de caractérisation très sensible et particulièrement adaptée à l’étude de la mobilité moléculaire de chaînes dans les polymères et des transitions solide/solide dans les matériaux inorganiques tels que les céramiques. a) Principe d’obtention d’un thermogramme complexe L’échantillon est porté à une température TP à laquelle un champ électrique continue Ep (environ 1MV/m) est appliqué pendant un temps tp d’environ deux minutes afin d’orienter les dipôles. L’échantillon est alors refroidi jusqu’à une température T0 afin de « figer » cette configuration dans la direction du champ électrique, puis court-circuité pendant un temps t0 (environ 2 minutes) afin d’éliminer les charges surfaciques piégées au cours de la 94 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes polarisation. On enregistre alors le courant de dépolarisation ID correspondant à un retour à l’équilibre des entités dipolaires pendant une montée linéaire en température à une vitesse β de 7°C.mn-1. Les relaxations associées à la mobilité d’entités dipolaires se manifestent en général par des pics, larges et asymétriques, est associés à une distribution des temps de relaxation. b) Principe d’obtention d’un thermogramme élémentaire La méthode des polarisations fractionnées permet de résoudre un thermogramme CTS complexe en thermogrammes élémentaires. A une température TP, le champ électrique continue Ep est appliqué pendant un temps tp d’environ deux minutes afin d’aligner les dipôles. L’échantillon est alors refroidi sous champ sur une fenêtre de 5°C pour « figer » les dipôles relaxants entre TP et TP-5°C, puis court- circuité pendant un temps t0 (environ 2 minutes) afin d’éliminer les charges surfaciques piégées au cours de la polarisation. L’échantillon est alors trempé à une température inférieure à T0 et le protocole normal d’enregistrement CTS est utilisé. En déplaçant la fenêtre de polarisation de 5°C en 5°C, on obtient une série de thermogrammes CTS élémentaires dont la somme correspond au thermogramme global. c) Analyse des thermogrammes élémentaires Comme vu précédemment, la polarisation d’orientation obéit à une cinétique du premier ordre. Sous une vitesse de montée en température linéaire le courant de dépolarisation I (T) s’exprime en fonction de la surface de l’échantillon s, de la vitesse de rampe β et de la polarisation instantanée selon l’équation : I (T ) = − sβ dP(T ) dT équation II - 52 A partir de l’équation II - 44, il est donc possible de déterminer le temps de relaxation en fonction de la température pour chaque processus élémentaire à partir de l’aire du pic de dépolarisation grâce à l’équation : Tf 1 τ (T ) = I (T ' )dT ' qI (T ) T∫ Où Tf est la température à laquelle la polarisation est nulle. 95 équation II - 53 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes La dépendance en température est obtenue sans hypothèse préalable. d) Dispositif expérimental L’échantillon à étudier est placé entre deux électrodes, dans un cryostat. Un pompage en vide secondaire (2,510-5 torr) est réalisé. Le cryostat est alors rempli d’hélium afin de créer une atmosphère inerte. L’hélium étant un bon gaz caloporteur il permet d’assurer une répartition thermique maximale dans l’enceinte. La régulation en température est assurée de -170°C à 200°C. La mesure du courant de dépolarisation s’effectue à l’aide d’un électromètre Keithley de sensibilité 10-16 A. Les échantillons, poudres de céramique ou films polymères sont étudiés dans des cellules formées de deux électrodes séparées par une garde en PTFE. Le diamètre des échantillons est de 6 mm. Les matrices (PA11, P(VDF-TrFE)) et les nanocomposites sont déshydratés pendant 30 minutes à 140°C puis un pompage primaire pendant 5 minutes est réalisé afin d’éliminer toute trace d’eau ou de solvant préalablement à chaque mesure. e) Matériaux organiques i) Polyamide 11 Relaxations basses températures 1MV/m I(A) 5,0x10 ρ β1 -13 β2 0,0 -100 -80 -60 -40 -20 0 20 Température (°C) figure II - 30 Déconvolution d’un thermogramme complexe CTS à basse température du polyamide 11 96 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Le thermogramme CTS complexe basses températures du polyamide 11 est présenté sur la figure II - 30 pour un échantillon polarisé sous un champ Ep = 2 MV.m-1 à une température Tp = 0°C. Une résolution expérimentale du thermogramme a été réalisée afin de pourvoir estimer l’intensité de chaque mode en prenant pour hypothèse que chaque mode pouvait être considéré comme gaussien. Deux types de relaxation sont mis en évidence : les relaxations β dont le maximum se situe avant la température de polarisation et le mode ρ dont le maximum se situe après la température de polarisation. La position en température du mode ρ ne permet pas d’associer ce pic à un phénomène de relaxation global d’une entité relaxante. Ce mode est attribué à un pic de polarisation ou relaxation partielle d’un processus ayant lieu à plus haute température. Le large mode de relaxation β se décompose en deux modes de relaxation. Un mode principal β1 dont le maximum se situe aux alentours de -50°C, et un épaulement β2 d’intensité plus faible vers -80°C. Plusieurs auteurs ont étudié l’influence du taux d’hydratation sur la dynamique relaxationnelle des groupements β [6], [44] par CTS. L Ibos a montré que l’amplitude des modes β augmente avec le taux d’hydratation. Un phénomène d’anti-plastification de ces modes a aussi été reporté. Par analogie aux études par spectroscopie diélectrique dynamique, on peut attribuer l’origine moléculaire des groupements β1 aux mouvements de rotation des groupements amide libres dans la phase amorphe. Ces groupements sont dits libres car ils ne sont pas liés par liaisons hydrogène à un groupement amide voisin. Le mode β2 tire son origine moléculaire des complexes eau amide créés par fixation des molécules d’eau sur les groupements amides par des liaisons hydrogène. La structure fine des modes basses températures du polyamide 11 est représentée sur la figure II - 31. L’étude des thermogrammes élémentaires met en évidence les 2 composantes du mode β. A partir de ces processus de type Debye, les enthalpies d’activation de chacun des processus élémentaires ont été déduites. L’analyse des thermogrammes fractionnés met en évidence une enthalpie d’activation de ces modes à 80kJ.mol-1. L’enthalpie d’activation en fonction de la température a été tracée pour chacun des modes (figure II - 32). Le faible écart par rapport à la droite d’entropie nulle ou « droite » de Starkweather met en évidence le caractère peu coopératif et donc localisé de ces relaxations. 97 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes -13 1,5x10 β1 β2 -13 I(A) 1,0x10 -14 5,0x10 0,0 -100 -90 -80 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 Température (°C) figure II - 31 Structure fine des modes β du polyamide 11 200 ΔH (kJ/mol) 150 100 ΔS=0 50 0 200 210 220 230 240 250 Température (K) figure II - 32 Enthalpie en fonction de la température du pic β du polyamide 11 98 0 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes Relaxations hautes températures -11 3,0x10 -11 I(A) 2,0x10 -11 1,0x10 0,0 20 40 60 Température(°C) figure II - 33 Thermogrammes CTS du mode principal du polyamide 11 pour trois passages successifs (trait plein) et pour un échantillon déshydraté 30 minutes à 140°C Les thermogrammes complexes de la relaxation principale du polyamide 11 sont présentés sur la figure II - 33. L’échantillon a été polarisé à une température de 80°C sous un champ de 0,5 MV/m. Les mesures du courant de dépolarisation ont été réalisées sur une plage en température de 0°C à 100°C. Trois passages successifs (traits pleins) ont été réalisés sur un échantillon initialement conservé à température ambiante. L’amplitude du mode de relaxation principal α et la position en température de son maximum augmente lors de passages successifs. Ce phénomène est caractéristique d’une plastification du mode. Le polyamide étant un matériau hydrophile [5], chaque passage à une température de 100°C déshydrate partiellement l’échantillon. La superposition du 3ème thermogramme et d’un échantillon préalablement déshydraté pendant 30 minutes à 140°C montre que l’échantillon est totalement déshydraté au cours des différents passages. 99 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes -11 3,0x10 I(A) 7 6 1 2 3 4 5 0,0 20 40 60 Température(°C) figure II - 34 Structure fine du mode α du polyamide 11 1 2 -28 τ0(s) 10 3 -38 10 4 5 6 7 -48 10 200 300 ΔH (kJ/mol) figure II - 35 Diagramme de compensation pour le mode α du polyamide 11 (b) La relaxation principale du polyamide 11 est située dans la zone de transition vitreuse du polyamide 11 mesurée par ACD. La figure II - 34 représente la structure fine du mode associé 100 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. Ce mode de relaxation α s'étend sur une gamme en température d’environ 30°C, ce qui est faible comparé aux modes β (~100°C). La variation du facteur pré exponentiel τ0 de chacun des processus de type Debye est représentée sur la figure II - 35 en fonction de l’enthalpie d’activation. Les enthalpies d’activation du mode α sont supérieures à celles des modes β. Les entités mobiles responsables de ce mode sont donc de plus grandes tailles. Un phénomène de compensation est mis en évidence avec un temps de compensation τC=0,18 s et une température de compensation TC=72°C. Avec un temps de compensation proche de la seconde et une température proche de la loi empirique TC=Tg(ACD)+20°C cette relaxation peut être attribuée à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse de ce polymère et donc aux mouvements coopératifs des segments de chaînes de la macromolécule. ii) P(VDF-TrFE) Le thermogramme complexe du P (VDF-TrFE) 70-30 mol est représenté dans l’annexe A. 2. 12. L’échantillon a été polarisé sous un champ de 1 MV.m-1 à une température de 90°C. Deux modes de relaxation sont mis en évidence sur ce thermogramme. Un mode étroit à basses températures noté α et un mode à haute température noté αC. L’origine moléculaire de la relaxation αC est encore mal comprise. Certains auteurs associent la relaxation αC mesurée en CTS à la transition αC mesurée par ACD. Loufakis et Wunderlich [66] ont attribué cette manifestation aux changements de conformation des défauts du cristal. Cependant dans le cas du P (VDF-TrFE) 70:30 mol, la proximité de la transition de Curie empêche toute étude de ce phénomène relaxation. Le pic αC apparait comme un épaulement de la transition ferro/paraélectrique du polymère. La manifestation diélectrique de la transition de Curie du P (VDF-TrFE) mesurée par CTS apparaît à 105°C. Une étude des thermogrammes fractionnés du mode α (A. 2. 13) du P (VDF-TrFE) a été réalisée afin de déterminer l’origine moléculaire de ce processus de relaxation. A partir des processus élémentaires, un phénomène de compensation du mode α est mis en évidence (A. 2. 14). L’enthalpie moyenne est de 175 kJ/mol, les entités mises en jeu lors du processus coopératif de relaxation sont de taille importante. De plus la position en température du pic α (-25°C) coïncide avec la température de transition vitreuse mesurée par ACD. Il est donc raisonnable d’associer cette relaxation à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse du P (VDF-TrFE). Les paramètres de compensation mesurés à partir de l’annexe A. 2. 14, 101 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes sont τC= 5.10-4 s et TC = 38°C. Des valeurs similaires ont été reportées par G. Teyssèdre et al. [40], [67]. IV. Mesures des propriétés électroactives Les matériaux électroactifs utilisés, qu’ils soient organiques (copolymères fluorés), inorganiques (BaTiO3) ou hybrides possèdent, de par leur caractère ferroélectrique, deux propriétés : la pyroélectricité et la piézoélectricité. IV.1. Pyroélectricité La pyroélectricité est caractérisée par une variation de la polarisation rémanente lors d’une variation en température de l’échantillon. Les thermogrammes de pyrocourant sont obtenus en utilisant le dispositif expérimental des courants thermo stimulés. Le courant pyroélectrique est enregistré lors d’une rampe en température. Le courant pyroélectrique Ip(T) correspond à la variation de la polarisation d’un échantillon avec une variation en température. Dans le cas d’une variation linéaire de la température à une vitesse de rampe β, il est possible de déterminer le coefficient pyroélectrique p3(T) : p3 (T ) = I p (T ) βS équation II - 54 L’effet pyroélectrique dans les matériaux ferroélectriques possède trois contributions: - L’effet primaire (direct) du à la variation de polarisation avec une variation en température. - L’effet secondaire induit par la dilatation du matériau. - L’effet tertiaire apparaît lors d’un échauffement hétérogène du matériau. a) P(VDF-TrFE) Les forts cœfficients de dilatation thermique des polymères rendent la composante secondaire de la pyroélectricité dominante. En effet, la pyroélectricité des polymères semi cristallins provient du couplage entre la polarisation des cristallites et la dilatation de la phase amorphe. Les coefficients pyroélectriques des polymères sont donc de signes négatifs [37]. 102 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes 2 -p3 (µC/K/m ) 75 50 25 0 -60 0 60 Température (°C) figure II - 36 Coefficient pyroélectrique du P(VDF-TrFE) 70-30 en fonction de la température La figure II - 36 représente le coefficient pyroélectrique en fonction de la température pour un P (VDF-TrFE) 70-30 préalablement polarisé. Le coefficient pyroélectrique de ce polymère est de 36 µC/K/m2 à température ambiante (25°C). La pyroélectricité est une propriété physique réversible en température tant que la température de Curie du matériau n’est pas dépassée. Cet effet réversible est mis en évidence sur cette figure pour deux passages successifs. b) Titanate de baryum La pyroélectricité du titanate de baryum a fait l’objet de nombreuses études [19], [20]. T.A. Perls a mis en évidence la coexistence d’un effet pyroélectrique secondaire majoritaire et d’un effet primaire minoritaire pour une céramique de BaTiO3 poly-cristalline. 103 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes 40 0 2 p (µC/K/m ) 2 p (µC/K/m ) 30 20 -1 -2 10 -140 -70 0 Température (°C) 0 -140 -70 0 70 140 210 Température (°C) figure II - 37 Coefficient pyroélectrique des nanoparticules de BaTiO3 700 nm en fonction de la température La figure II - 37 représente le coefficient pyroélectrique des nanoparticules de BaTiO3 700 nm en fonction de la température. Trois transitions solide/solide sont mises en évidences. Chaque transition étant la résultante d’une déformation structurale de la maille, elle induit une variation de la polarisation intrinsèque à cette maille. Les modes de relaxations correspondent aux transitions rhomboédrique/orthorhombique, orthorhombique/quadratique et quadratique/cubique ou transition de Curie (135°C). Le signe du coefficient pyroélectrique du titanate de baryum n’est pas constant et dépend de la phase cristalline. Le coefficient pyroélectrique des nanoparticules de titanate de baryum 700 nm mesuré sur des poudres (système composite air/particules) est faible en comparaison des coefficients relevés dans la littérature sur des céramiques de titanate de baryum. Les coefficients pyroélectriques du BaTiO3 massif généralement reportés sont de l’ordre de p3 = - 400 µC/K/m2 à température ambiante. IV.2. Piézoélectricité La piézoélectricité est caractérisée par une variation de la polarisation rémanente lors de l’application d’une contrainte. Le coefficient piézoélectrique du P (VDF-TrFE) et des 104 Chapitre 2 : Matériaux et Méthodes nanocomposites est mesuré à l’aide d’un piézomètre (PM 200-Piezotest). Cet appareil permet la mesure directe du coefficient piézoélectrique d33 par application d’une force dans la direction de polarisation de l’échantillon. La fréquence de sollicitation de l’échantillon et la force appliquée peuvent être ajustées sur une gamme de 25 Hz à 300 Hz et de 0,05 N à 0,5 N. La résolution minimale de cet appareil est de 0,01pC/N. Le coefficient d33 mesuré à température ambiante sur un film de P (VDF-TrFE) 70-30 polarisé est de -18 pC/N. Les propriétés piézoélectriques des matériaux organiques sont inférieures à celles des matériaux inorganiques de type BaTiO3 (100 pC/N) et de signe opposés. 105 Chapitre 2 : Références Chapitre 2 : Références [1] M. H. Litt, C-H Hsu, P. Basu, “Pyroelectrity and piezoelectricity in nylon 11”, Journal of applied physics, volume 48 (6), 1977, p. 2208-2212 [2] L.F. Brown, J.L. Mason, M.L. Klinkenborg, J.I. Scheinbeim, B.A. Newman, “Ferroelectric Nylon materials and their feasibility for ultrasound transducers”, IEEE Transactions on ultrasonics, Ferroelectrics and frequency control, volume 44 (5), 1997, p. 1049-1059 [3] B.Z. Mei, J.I. 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Fitzgerald,”Dielectric property of polymeric materials”, American chemical society, Washingyon DC, 1996 111 Chapitre 3 Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 112 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge A.Etude des nanocomposites P(VDF-TrFE) / BaTiO3 700 nm Dans cette partie, l’influence des nanoparticules de titanate de baryum de 700 nm sur les propriétés thermiques et diélectriques du P(VDF-TrFE) 70-30 est présentée. I. Stabilité des nanocomposites I.1. Stabilité chimique La stabilité chimique des nanocomposites P(VDF-TrFE) 70-30/BaTiO3 700 nm a été étudiée par analyse thermogravimétrique avec une vitesse de chauffe de 20°C/min. Les mesures ont été réalisées sur des échantillons d’environ 15 mg. Comme nous l’avons vu au chapitre 2, le P(VDF-TrFE) ne présente qu’une seule zone de dégradation dont le point d’inflexion se situe à 514°C. Elle est associée à la dégradation de la macromolécule constitutive du polymère. Les nanocomposites étudiés ont des taux de charges φ de 7%, 23%, 41%, 69% en volume ce qui correspond à des taux massiques de 20%, 50%, 70% et 87% (annexe A 3 - 1). La gamme en température sur laquelle s’étend la dégradation du P(VDF-TrFE) est ΔT = 66°C. L’évolution de la gamme en température de la dégradation (ΔT) de la partie organique des composites et de la température de dégradation prise au point d’inflexion (Tinflexion) des courbes ATG en fonction du taux de charge en BaTiO3 est représentée sur l’annexe A 3- 2 (a) et (b) respectivement. L’écart en température de la zone de dégradation décroît de manière linéaire avec le taux de charge. La diminution de ΔT est de 46°C pour une fraction volumique de 69% en BaTiO3. La température prise au point d’inflexion de ces courbes n’évolue pas de manière similaire à ΔT. Tinflexion augmente jusqu’à un taux de 21% en volume passant de 514°C pour le P(VDF-TrFE) à 521°C. Au delà, la température Tinflexion diminue jusqu’à atteindre une température proche du P(VDF-TrFE). L’ajout de nanoparticules de 700 nm dans une matrice P(VDF-TrFE) ne modifie pas la stabilité thermique des composites. 113 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge I.2. Stabilité physique L’évolution des propriétés physiques des nanocomposites P(VDF-TrFE)-BT a été étudiée par analyse calorimétrique diatherme passive (ACD). L’influence des nanocharges inorganiques sur les températures de fusion et cristallisation de la phase organique ainsi que sur les transitions ferroélectriques-paraélectriques des composites est mise en évidence. Le même protocole expérimental est utilisé pour tous les composites. L’échantillon est préalablement chauffé à 170°C pendant 5 minutes puis refroidi à une vitesse de 10°C/min jusqu’à -100°C. Une chauffe est ensuite réalisée jusqu’à 170°C à une vitesse de rampe de 10°C/min. Tous les thermogrammes ACD présentés sont normalisés à la masse de polymère constitutif du composite. a) Fusion et cristallisation Les thermogrammes ACD des composites à matrice P(VDF-TrFE) réalisés lors d’une chauffe à 10°C/min et d’un refroidissement à 10°C/min sont présentés sur les figure III - 1a et 3b respectivement. 7% en volume 2 Flux de chaleur (W/g) Flux de chaleur (W/g) -1 69% en volume 41% en volume 1 23% en volume -2 69% en volume -3 7% en volume 140 (a) 41% en volume Endo Endo 0 23% en volum e 160 Température (°C) 120 (b) 140 Température (°C) figure III - 1 Thermogramme ACD des composites P(VDF-TrFE)-BT pour des taux de charges de 7%, 21% 41% et 69% en volume lors (a) d’une montée en température à 10°C/min, et (b) d’un refroidissement à 10°C/min La température de fusion des parties cristallines du P(VDF-TrFE) 70-30 est de 153°C. L’ajout de nanoparticules de BaTiO3 à des taux de charge inférieur à 23% en volume, diminue légèrement la température du maximum du pic de fusion Tf. Au delà de ce taux, Tf augmente de quelques degrés. Le pic associé à la fusion du composite chargé à 69% en volume est 114 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge nettement dissymétrique comparé au P(VDF-TrFE). L’épaulement du pic de fusion est associé à des zones cristallines dont le degré d’ordre est perturbé par le fort taux de particules du composite. La cristallisation des composites à des vitesses de refroidissement de 10°C/min est présentée sur la figure III - 1b. Deux pics sont identifiables sur ces thermogrammes. Le premier pic, dont la température TcBT est de 122°C n’apparaît qu’avec l’introduction des nanoparticules. Elle est attribuable à une transition thermodynamique du titanate de baryum. Le second pic à la température Tcrist = 137°C est attribué à la cristallisation du copolymère fluoré. L’ajout de nanoparticules à des taux de charge inférieur à 23% en volume augmente légèrement la température Tcrist. Pour un taux de 69% en volume, la température diminue. Lors du refroidissement des composites, la proximité entre la transition associée à la phase inorganique et le pic de cristallisation de la phase organique ne permet pas d’étudier l’évolution de l’enthalpie de cristallisation en fonction du taux de charge. Seule une étude de l’enthalpie de fusion peut-être réalisée. L’enthalpie du pic associé à la fusion en fonction de la fraction volumique de titanate de baryum est présentée sur la figure III - 2. L’enthalpie de fusion du P (VDF-TrFE) mesurée est de 27 J/g. L’enthalpie ΔHf varie peu avec la fraction volumique. Une légère diminution de ΔHf est mise en évidence. Les variations en température des transitions de la phase organique reportées ainsi que la diminution d’enthalpie de fusion sont faibles. Les céramiques ont peu d’influence sur la phase cristalline du polymère. 115 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 50 40 ΔH(J/g) 30 20 10 0 0,0 0,2 0,4 0,6 φ figure III - 2 Enthalpie de fusion en fonction de la fraction volumique pour des composites P(VDF-TrFE)BaTiO3 700nm 7% en volume 23% en volume 41% en volume 69% en volume 0,5 Tc2 TC1 Tc1 TC2 Flux de chaleur (W/g) Flux de chaleur (W/g) b) Transition de Curie 0,4 7% en volume 23% en volume 41% en volume 69% en volume Endo Endo 0,3 50 100 60 Température (°C) (a) Température (°C) (b) figure III - 3 Transition de ferro-paraélectrique des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 pour des taux de charges de 7%, 21% 41% et 69% en volume mesurées par ACD lors (a) d’une chauffe à 10°C/min), et (b) un refroidissement à 10°C/min Phase organique La figure III - 3-a présente les transitions ferro-paraélectriques des composites extraits des thermogrammes ACD lors d’une chauffe à 10°C/min. Indépendamment du taux de charge, les 116 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge deux pics de transition de Curie du polymère sont visibles et les particules n’ont pas d’influence sur la température des transitions. Au cours du refroidissement (figure III - 3-b), les pics de transitions de Curie de la phase organique se déplacent vers les basses températures avec un hystérèse thermique de 40°C. Les pics Tc1 et Tc2 sont bien distincts l’un de l’autre au cours du refroidissement. Amplitude Tc2/Amplitude Tc1 1,0 0,9 0,8 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 φ figure III - 4 Amplitude du pic Tc2 normalisée à l’amplitude du pic Tc1 lors d’un refroidissement à 10°C/minute en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm La figure III - 4 présente l’amplitude du pic Tc2 normalisée à l’amplitude du pic Tc1 lors d’un refroidissement à 10°C/min en fonction du taux de charge en BaTiO3. Le rapport entre les amplitudes TC2 et TC1 augmente avec φ. Lors de la cristallisation du copolymère, les nanoparticules favorisent la phase cristalline la plus stable Tc2. A l’instar des enthalpies de fusion, les enthalpies de transition ferro-paraélectrique mesurées lors de la chauffe et du refroidissement diminuent avec la fraction volumique de BaTiO3. Plusieurs auteurs ont reporté que la transition ferro-paraélectrique du P(VDF-TrFE) 70-30 se manifeste en ACD par un double pic endothermique dont l’épaulement est proche de Tc1 = 93°C et le pic principal à Tc2 = 105°C. Gregorio et Botta [1] associent l’existence du double pic de transition de Curie 117 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge du copolymère fluoré à la coexistence de 2 phases ferroélectriques. Une phase cristalline organisée à basse température avec une conformation trans-planaire à la température Tc2 et une phase avec un degré d’ordre inférieur caractérisée par une température Tc1< Tc2 dont la conformation est aussi trans-planaire mais avec des défauts de type gauche. Comme nous l’avons vu au chapitre 2, le taux de cristallinité du composite est calculé à partir des enthalpies associées à la transition de Curie et à l’enthalpie de fusion. 60 58 56 54 52 Χc(%) 50 48 46 44 42 40 38 36 -0,1 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 φ figure III - 5 Taux de cristallinité (χc) des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm en fonction de la fraction volumique La figure III - 5 présente le taux de cristallinité χc des composites en fonction de la fraction volumique. Le taux de cristallinité diminue avec φ. Cette diminution est de 9 % pour un composite chargé à 69 % en volume. 118 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Phase inorganique 69% en volume Flux de chaleur (W/g) Flux de chaleur (W/g) 0,5 41% en volume 23% en volume 69% en volume 0,5 Endo 41% en volume 23% en volume 7% en volume Endo 7% en volume 0 (a) 20 117 Température (°C) (b) 126 135 Température (°C) figure III - 6 Mise en évidence des transitions (a) orthorhombique/quadratique et (b) quadratique/cubique des nano-BaTiO3 dans les composites à matrice P(VDF-TrFE) Les transitions solide-solide du titanate de baryum se manifestent en ACD par des pics endothermiques. Les températures de transitions orthorhombique/quadratique et quadratique/cubique ou transition de Curie sont respectivement de 10°C et 128°C pour le BaTiO3 700 nm. Lorsque la fraction volumique en nanoparticules augmente, ces transitions apparaissent sur les thermogrammes ACD des composites (figure III - 6). 119 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge II. Propriétés diélectriques II.1. Modes de relaxation isothermes figure III - 7 Surface de la partie réelle de la permittivité diélectrique ε’ du composite P(VDF-TrFE)-BaTiO3 chargé en volume à 24% La figure III - 7 représente la surface diélectrique de la partie conservative de la permittivité pour un composite chargé à 24% en volume en titanate de baryum de 700 nm. On distingue deux comportements : Un comportement basses températures pour lequel la permittivité diélectrique varie peu et un comportement hautes températures pour lequel, à basses fréquences, une augmentation importante de ε’ est observée. L’évolution des modes de relaxation isothermes avec le taux volumique de BaTiO3 a été analysée par spectroscopie diélectrique dynamique sur des échantillons de 3 cm de diamètre et d’environ 150 µm d’épaisseur. Un balayage en fréquence de 0,1 Hz à 1MHz sur une gamme en température de -100°C à 140°C a été réalisé. L’analyse de l’influence des nanoparticules sur la permittivité diélectrique ainsi que sur la dynamique relaxationnelle est présentée. 120 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge a) Influence du taux de charge sur la permittivité diélectrique L’évolution de la partie réelle de la permittivité diélectrique ε’ à 26°C en fonction de la fréquence pour les composites chargés est présentée sur la figure III - 8. La permittivité du P(VDF-TrFE) seule est de ε’ = 8 à 1 kHz. La variation en fréquence est faible, évoluant de 6,5 à 1 MHz à 8,8 pour f = 10-1 Hz. L’introduction de nanoparticules de titanate de baryum connues pour leur forte permittivité diélectrique a pour conséquence d’augmenter ε’ du composite avec φ. La permittivité à 1 kHz passe de 8 pour le P(VDF-TrFE) à 18,3 pour 23% en volume de BaTiO3, ε’ = 27 pour 41% en volume et ε’ = 136 pour φ = 61%. P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 61% en volume 250 200 150 ε' 100 30 20 10 0,1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 f (Hz) figure III - 8 Partie réelle de la permittivité diélectrique ε’ en fonction de la fréquence à 26°C pour des composites chargés à 0%, 23%, 41%, 61% en volume Un changement dans le comportement basses fréquences est à noter dès lors que des nanocharges de BaTiO3 sont dispersées dans la matrice fluorée. La variation de permittivité entre 1 MHz et 10-1 Hz est de 2,7 pour le P(VDF-TrFE) à 5,3 pour un composite chargé à 41% en volume et 133 pour le composite chargé à φ = 61%. A l’instar de la partie réelle de ε* 121 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge (ω,T), les pertes diélectriques augmentent avec la fraction volumique. ε’’ passe de 0,119 pour le P(VDF-TrFE) à 0,3 pour 23% et à 5,4 pour 61% en volume. P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 61% en volume 100000 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 61% en volume 100 10000 ε''/ε''1MHz ε'/ε'1MHz 1000 10 100 10 1 1 0,1 1 10 100 1000 f (Hz) (a) 10000 0,1 100000 1000000 (b) 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 f (Hz) figure III - 9 (a) Partie réelle de la permittivité diélectrique ε’ et (b) pertes diélectriques ε’’ normalisées à leur valeur à 1MHz en fonction de la fréquence à 140°C pour des composites chargés à 0%, 23%, 41%, 61% en volume Les matériaux composites et les polymères semi-cristallins sont des milieux hétérogènes. Des phénomènes inter faciaux se manifestent par analyse diélectrique dynamique par une forte augmentation de ε’ à basses fréquences et hautes températures. Pour étudier l’influence des nanocharges sur ces phénomènes, les parties réelle et imaginaire de la permittivité à 140°C normalisées à leurs valeurs à 1 MHz sont représentées respectivement sur la figure III - 9 (a) et (b). La fraction volumique de BaTiO3 influe sur le comportement basses fréquences des composites. Plus le taux de charge augmente et plus la permittivité diélectrique normalisée diminue. La relaxation de type Maxwell Wagner Silars (MWS) se décale vers les basses fréquences avec φ. De la même manière, le comportement basses fréquences des pertes diélectriques est aussi modifié par le BaTiO3. Plus φ augmente plus ε’’ normalisée diminue. La partie imaginaire de la permittivité à basses fréquences et haute température prend en compte deux phénomènes. Une compétition entre les phénomènes inter faciaux responsables de la forte augmentation de ε’ et ε’’ avec φ, et la conductivité visible sur la partie dissipative de la permittivité est mise en place. L’évolution de la pente en ε’’ (log ω) nous permet d’étudier l’influence de la fraction volumique sur le phénomène de type MWS : la pente d’une conduction purement électronique est de -1. La pente à basses fréquences dans le cas du P(VDF-TrFE) est -0,88. Le P(VDFTrFE) est semi-cristallin, un phénomène MWS du à l’hétérogénéité de ce matériau modifie la 122 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge pente en ε’’ à basses fréquences. Lorsque les nanocharges sont dispersées dans la matrice, la pente associée à la partie basses fréquences de ε’’ diminue. Elle passe de -0,88 pour le copolymère à -0,85 pour 23% en volume, -0,8 pour 41% et -0,67 pour 61%. 6 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume ε'/ε'-100°C 5 4 3 2 1 -100 -50 0 50 100 Température (°C) figure III - 10 Partie réelle de la permittivité diélectrique (ε’) normalisée à la permittivité à -100°C à 1 kHz en fonction de la température pour des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm : φ = 0%, 24%, 41% La figure III - 10 présente l’influence du taux de nanocharge sur le saut associé à chaque relaxation de la phase organique. Les sauts sont normalisés à la valeur de ε’ à -100°C et notés Δεnormalisé. Deux manifestations sont mises en évidence. A basses températures, la manifestation diélectrique de la transition vitreuse et à hautes températures, la transition de Curie du copolymère. Plus le taux de charge augmente, plus le Δεnormalisé. associé à chacune des manifestations diélectriques diminue. Une diminution de près de 50% est relevée pour une fraction volumique de 41% en volume. 123 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge b) Influence du taux de charge sur la dynamique moléculaire de la matrice L’évolution de la partie imaginaire de la permittivité diélectrique du composite P(VDFTrFE)-BaTiO3 700nm chargé à 41% en volume est présentée sur la figure III - 11. Aucune manifestation diélectrique associée à la phase inorganique n’est présente. Les relaxations moléculaires observées sont donc principalement gouvernées par la phase organique. Trois modes de relaxation de la matrice thermoplastique sont mis en évidence. Le mode γ dont le maximum se situe à -80°C à 0,1 Hz. Le mode α qui est la relaxation principale associée à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. Son maximum se situe à -25°C à 0,1 Hz. La transition ferro-paraélectrique de la phase organique est caractérisée par un mode isotherme à 100°C. Tc 1000 ε" 100 10 α γ 1 -100 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80 100 120 140 Température (°C) figure III - 11 Pertes diélectriques isochrones entre 100 Hz et 1 MHz pour le composite P(VDF-TrFE)BaTiO3 700 nm chargé à 41% en volume L’ajustement de ε’’(ω) à différentes températures à partir de l’équation de Havriliak-Negami, permet d’extraire les temps de relaxation associés aux différents modes. L’évolution de ces temps de relaxation avec la température est représentée sur un diagramme d’Arrhenius (figure III - 12) pour le P(VDF-TrFE) et les composites chargés à 23% et 41% en volume. 124 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge L’évolution thermique du mode α suit un comportement de type Vogel-Tammann-Fulcher et le mode γ suit un comportement Arrhénius comme montré sur la figure III - 11. Cependant la difficulté d’ajustement de la partie imaginaire de la permittivité par l’équation d’Havriliak Negami à basses températures ne permet pas d’extraire les temps de relaxation du mode α à basses fréquences. Les modes γ et α apparaissent tous les deux de type Arrhénius avec une dépendance linéaire des temps de relaxation τHN en fonction de 1000/T. γ -1 10 Tg -2 10 -3 τ(s) 10 -4 10 -5 10 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume β -6 10 -7 10 5,0 4,5 4,0 3,5 -1 1000/T (K ) figure III - 12 Diagramme d’Arrhenius des composites à matrice P(VDF-TrFE) pour φ = 0%, 23% et 41% L’ajout de nanoparticules de titanate de baryum de 700 nm modifie la mobilité moléculaire de la matrice. Le tableau III - 1 récapitule les paramètres déduits de l’ajustement par l’équation d’Arrhenius pour les différents taux de charges. 125 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Mode γ Mode γ Mode α Mode α Ea (kJ/mol) τ0 (s) Ea (kJ/mol) τ0 (s) P(VDF-TrFE) 57 5.10-17 84 5.10-22 23% vol. 50 2.10-15 97 2.10-24 41% vol. 52 2.10-16 105 2.10-26 Fraction volumique de BaTiO3 700 nm tableau III - 1 Paramètres d’Arrhenius Ea et τ0 du P(VDF-TrFE) et des composites chargés à 23% et 41% en volume de BaTiO3 700 nm Le temps de relaxation τ0 caractéristique du mode γ du P(VDF-TrFE) est de 5.10-17 s pour une énergie d’activation de 57 kJ/mol. Ces paramètres τ0 et Ea sont caractéristiques d’un mode sous vitreux. L’addition de nanoparticules dans la matrice fluorée diminue les énergies d’activation du mode γ de 57 kJ/mol à 52 kJ/mol pour le composite chargé à 41% en volume. Les temps caractéristiques τ0 augmentent de 5.10-17 s à 2.10-16 s pour φ = 41%. Comme pour le mode γ, le mode α est influencé par les nanoBaTiO3. L’énergie d’activation de ce mode augmente avec le taux de charge de 84 kJ/mol pour le copolymère à 97 kJ/mol pour 23% vol. et 105 kJ/mol pour 41% en vol.. Les temps τ0 diminuent avec φ. En effet, le temps τ0 du P(VDF-TrFE) de 5.10-22 s diminue de 4 décades pour 41% vol. Les nanoparticules ne modifient pas la mobilité moléculaire du mode sous vitreux et de la manifestation diélectrique de la transition vitreuse de la même manière. Les énergies d’activation des modes et les temps caractéristiques varient selon le mode de manière opposée avec φ. 126 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge α figure III - 13 Surface du module de perte diélectrique du composite P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm chargé à 41% en volume Comme nous l’avons vu, les polymères semi-cristallins et les composites sont des milieux fortement hétérogènes pour lesquels des phénomènes de type MWS peuvent apparaître. L’introduction du formalisme du module diélectrique permet de résoudre le front en ε’’ (hautes températures et basses fréquences) caractéristique de ce genre de phénomène et il devient alors possible de suivre la cinétique relaxationnelle de la relaxation MWS. Un autre avantage du module diélectrique est de résoudre certains modes de relaxation dipolaire partiellement masqués par le front MWS en ε’’. La surface diélectrique de la partie imaginaire du module diélectrique d’un composite P(VDFTrFE)-BT 700 nm à 41% vol. est présentée sur la figure III - 13. Trois modes de relaxation sont mis en exergue. La première relaxation est associée à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse du copolymère. La seconde relaxation est la manifestation diélectrique de la transition de Curie du P(VDF-TrFE). La relaxation hautes températures et basses fréquences est associée à un phénomène de type MWS typique d’un polymère semi-cristallin. 127 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Le module de perte diélectrique M’’ (ω) et la conductivité σ’(ω)des composites P(VDFTrFE)-BT 700 nm pour trois températures, 26°C, 106°C, 140°C, sont reportés sur la figure III - 14. 0,020 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 26°C 10 -2 10 -3 10 -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 -8 10 -9 σ (S/cm) M" 0,015 0,010 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 26°C 0,005 0,000 10 -1 10 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 10 -10 10 -11 10 -12 10 -13 10 6 -1 10 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 4 10 4 10 6 5 10 5 10 f(Hz) f(Hz) -2 0,020 10 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume -3 106°C 10 -4 10 0,015 106°C -5 10 σ (S/cm) M" -6 0,010 10 -7 10 -8 10 -9 10 0,005 -10 10 -11 10 0,000 -12 10 -13 -1 10 0 10 1 10 2 3 10 10 4 10 5 10 10 6 10 -1 10 0 10 1 10 2 10 -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 -8 10 -9 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 140°C σ (S/cm) 0,020 10 10 6 f(Hz) 0,025 P(VDF-TrFE) 23% en volume 41% en volume 3 10 f(Hz) M" 0,015 0,010 140°C 0,005 0,000 -1 10 0 10 1 10 2 3 10 10 4 10 5 10 10 -10 10 -11 6 10 10 -1 10 0 10 1 10 2 10 3 10 6 f(Hz) f(Hz) figure III - 14 Partie imaginaire du module diélectrique M’’ et de la conductivité σ pour les composites chargés à 0%, 23% et 41% en volume de BaTiO3 700nm pour des températures de 26°C, 106°C, 140°C A 26°C, le module de perte diélectrique ne présente aucun mode de relaxation. La conductivité associée à cette température est dépendante de la fréquence. L’introduction de 128 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge nanocharges dans la matrice modifie peu la conductivité du composite. A 106°C, le mode de relaxation de type MWS apparaît en M’’ à basses fréquences. L’amplitude du mode de relaxation diminue avec le taux de charge. Ceci provient de la forte augmentation de la permittivité diélectrique avec la fraction volumique de charge. Le mode de relaxation de type MWS se décale vers les basses fréquences avec le taux de charge. Le comportement de la conductivité associée change à cette température. A hautes fréquences, la conductivité est toujours dépendante de la fréquence. Cependant, à basses températures, un comportement indépendant de la fréquence apparaît vers 1Hz pour le copolymère et le composite chargé à 23% vol. et à plus basses fréquences pour φ = 41%. A 140°C, le mode de relaxation de type MWS est clairement identifiable quelle que soit la fraction volumique. Lorsque φ augmente, le mode MWS se décale vers les basses fréquences de 3.102 Hz pour le copolymère, à 7 Hz pour le composite le plus chargé. Le mode de relaxation du P(VDF-TrFE) est unique. Lorsque φ augmente, une dissymétrie est mise en évidence. Dans le cas du composite chargé à 23% en volume une contribution basses fréquences s’ajoute au MWS du copolymère. Pour un taux de 41% en volume, la contribution basses fréquences augmente jusqu’à devenir majoritaire. Une contribution associée aux particules est mise en évidence. La conductivité à 140°C est similaire à celle mesurée à 106°C avec un comportement basses fréquences indépendant de la température dans la gamme de fréquences étudiée. La présence de nanoparticules diminue la conductivité à basses fréquences. Le comportement basses fréquences de la conductivité coïncide avec l’apparition du MWS des composites. Il est raisonnable de lier ces deux phénomènes. 129 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge τHN (s) 41% en volume 23% en volume P(VDF-TrFE) 10 -1 10 -2 10 -3 2,58 2,52 2,46 2,40 -1 1000/T (K ) figure III - 15 Diagramme d’Arrhenius du mode MWS déduit de la partie imaginaire du module diélectrique pour le P(VDF-TrFE) et les composites chargés à 23% et 41% en volume Les temps de relaxations extrait de M* (ω,T) par l’équation d’Havriliak-Negami sont reportés sur le diagramme d’Arrhenius de la figure III - 15 pour le copolymère et les composites chargés à 23% et 41% vol. Dans le cas du P(VDF-TrFE), un seul mode de relaxation noté MWS1 est mis en évidence. L’énergie d’activation de ce mode calculée à partir de l’équation d’Arrhénius est de 88 kJ/mol pour un temps caractéristique τ0 = 8.10-15 s. Un deuxième mode noté MWS2 est mis en évidence avec l’ajout de nanoparticules dans la matrice. La dépendance en température des temps de relaxation est de type Arrhenius. Les paramètres sont présentés dans le tableau III - 2. 130 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Fraction Mode MWS1 Mode MWS1 Mode MWS2 Mode MWS2 Ea (kJ/mol) τ0 (s) Ea (kJ/mol) τ0 (s) P(VDF-TrFE) 88+- 2 8.10-15 - - 23% en volume 80+- 2 8.10-14 85+- 4 2.10-13 41% en volume 23+- 1 1.10-6 58+- 3 3.10-09 volumique de BaTiO3 700 nm tableau III - 2 Paramètres d’Arrhenius Ea et τ0 du P(VDF-TrFE) et des composites chargés à 23% et 41% en volume de BaTiO3 700 nm extrait du module diélectrique Les nanoparticules de BaTiO3 modifient la dynamique des modes MWS1 et MWS2. L’énergie d’activation du mode MWS1 diminue avec φ de 88kJ/mol pour le copolymère à 23 kJ/mol pour le composite chargé à 41% vol. Comme les énergies d’activations, les temps de relaxation τ0 diminuent avec la fraction volumique de 1 décade pour φ = 23% et de 9 décades pour φ = 41%. Les paramètres associés à MWS2 diminuent de manière similaire avec la fraction volumique. L’énergie d’activation du mode MWS2 évolue de 85 kJ/mol pour 23% vol. à 58 kJ/mol pour 41% vol. τ0 diminue avec φ de 2.10-13 s pour 23% à 3.10-09 s pour φ = 41%. La diminution des énergies d’activation des modes MWS avec la fraction volumique peut avoir 2 origines : • La première hypothèse est basée sur l’augmentation de la permittivité diélectrique des composites avec φ qui a pour conséquence une augmentation du champ local appliqué sur les dipôles intrinsèques du composite. Il faudra donc moins d’énergie pour orienter les dipôles induits par les hétérogénéités du matériau. • La deuxième hypothèse est une diminution de la taille des macrodipôles avec la fraction volumique. Comme nous l’avons vu, lorsque la conductivité augmente, les charges piégées migrent à l’interface entre les particules et le polymère créant des macrodipôles. Cependant des intéractions entre dipôles voisins peuvent augmenter leur taille. Comme les dipôles sont générés en partie par la présence des 131 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge nanoparticules, l’augmentation de φ induit une diminution de la distance interparticulaire et donc de la taille des dipôles. En conséquence l’énergie d’activation nécessaire pour les orienter diminue. II.2. Modes de relaxation anisothermes L’influence des nano-objets sur les relaxations anisothermes a été suivie par la méthode des courants thermostimulés. Les mesures sont réalisées sur des échantillons d’épaisseurs comprises entre 100 à 150 µm et de 0,5 cm de diamètre. a) Relaxations diélectriques basses températures i) Thermogrammes CTS Les thermogrammes CTS des composites P(VDF-TrFE) BaTiO3 700 nm pour des fractions volumiques φ de 0%, 7%, 23%, 41% sont représentés sur la figure III - 16. Les modes de relaxation observés sont relatifs à la phase organique, chaque courbe est normalisée à la fraction volumique de polymère. Les échantillons sont polarisés à une température Tp = 90°C sous un champ électrique Ep = 1kV/mm pendant un temps tp = 2minutes puis refroidis sous champ jusqu’à Tcc = -100°C et court-circuités pendant tcc = 2minutes. Les mesures sont réalisées lors de la chauffe à une vitesse de rampe en température β = 7°C/min. 132 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge P(VDF-TrFE) 70-30 7% BaTiO3 700nm 23% BaTiO3 700nm 41% BaTiO3 700nm -11 4,0x10 -13 2,0x10 α -11 2,0x10 σ(S/m) σ(S/m) β γγ 1MV/m 0,0 -90 0 Température (°C) 0,0 -90 0 90 Température (°C) figure III - 16 Thermogrammes CTS normalisés au volume de polymère des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm (Ep = 1kV/mm, Tp = 90°C, tp = 2min Tcc = -100°C). Trois modes de relaxations sont mis en évidence sur les thermogramme CTS du P(VDFTrFE). Les modes γ et α sont situés en dessous de la température de polarisation et sont donc associés à des phénomènes de relaxation dipolaire du polymère. La contribution haute température est associée à la manifestation diélectrique de la transition de Curie du P(VDFTrFE). Aucune relaxation liée aux nanocharges n’est mise en évidence. La dynamique moléculaire est gouvernée par la phase organique. Le mode γ est difficilement mis en évidence par CTS. La température de ce mode de relaxation est proche de -80°C. Ce mode est associé aux mouvements localisés de séquences courtes de chaînes de la phase amorphe. Avec l’introduction des nanoparticules de BaTiO3 , le mode γ se décale vers les hautes températures vers -70°C pour un échantillon chargé à 41% vol., soit une augmentation de 10°C. Le mode de relaxation principal noté α est la manifestation diélectrique de la transition vitreuse du P(VDF-TrFE). Cette relaxation dipolaire se manifeste à -20°C par CTS. Pour des taux inférieurs à 23% vol. au voisinage du pic du pic diminue de 3°C. Pour un taux supérieur, 133 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge le mode α se décale vers les hautes températures passant de -23°C pour φ = 23% à -16°C pour σmax mode α (S/m) φ = 41%. 1,6x10 -13 8,0x10 -14 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure III - 17 Amplitude du pyrocourant au voisinage du pic en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm L’amplitude du pyrocourant au voisinage du mode α varie avec le taux de charge. Afin de rendre compte de ce phénomène, ce pyrocourant est représenté en fonction de φ sur la figure III - 17. Cette augmention est monotone avec la fraction volumique de titanate de baryum. Cette évolution montre que la contribution du P (VDF-TrFE) est modeste en comparaison de la contribution des nanoparticules de BaTiO3 puique le pyrocourant est multiplié par 6 pour 41% de charge. ii) Structure fine La méthode des polarisations fractionnées a été utilisée pour étudier la structure fine de la relaxation principale. Les échantillons sont polarisés sous un champ de 1 kV/mm sur une plage en température de 5°C. La vitesse de rampe en chauffe est de 7°C/min. Comme nous l’avons vu au chapitre 2, il est possible d’extraire la dépendance en température des temps de relaxation associés au mode α du copolymère. 134 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge L’enthalpie d’activation du mode α pour différentes fractions volumiques de nanoparticules est reportée sur la figure III - 18. Quel que soit le taux de charge, l’enthalpie d’activation augmente avec la température jusqu’à atteindre ΔHmax puis diminue. Plus le taux de charge est important moins la diminution est forte. La « droite » d’entropie nulle, dite « droite de Starweather » est tracée en pointillés. Plus le taux de BaTiO3 augmente plus l’enthalpie d’activation tend à se rapprocher de la droite de Starkweather. Le mode de relaxation α tend à être de moins en moins délocalisé à mesure que φ augmente. 180 160 ΔH (kJ/mol) 140 120 P(VDF-TrFE) 70-30 7% en volume 23% en volume 41% en volume Droite de Starkweather 100 80 60 -40 -20 0 20 Tmax (°C) figure III - 18 Enthalpie d’activation en fonction de la température prise au maximum du pic de chaque élémentaire du mode α du P(VDF-TrFE) en fonction de la fraction volumique en titanate de baryum 700 nm Sur la figure III - 19 sont reportées les enthalpies d’activations maximales et minimales en fonction de la fraction volumique de BaTiO3. ΔHmax diminue avec le taux de charge de 173 kJ/mol pour 7% vol. à 140 kJ/mol pour une fraction volumique de 23%. Soit une diminution de 20%. L’enthalpie minimale ΔHmin diminue avec φ passant de 105 kJ/mol pour le copolymère à 76 kJ/mol pour un composite chargé à 23% en volume. Il est à noter que les diminutions de ΔHmax et ΔHmin sont toutes deux quasi linéaires avec le taux de charge. La gamme en enthalpie du phénomène de compensation est invariante avec la fraction volumique. La diminution des enthalpies met en évidence une diminution des zones de 135 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge réarrangements coopératifs avec l’augmentation de la fraction volumique de nanoparticules. Ce point sera discuté au cours de ce chapitre. 180 100 160 90 ΔHmin(kJ/mol) ΔHmax(kJ/mol) 170 150 80 140 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure III - 19 Variation d’enthalpie maximale et minimale pour le mode α du P(VDF-TrFE) en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm Les paramètres de compensation τc et Tc déduits de la figure III - 43 en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm sont présentés dans le tableau III - 3. P(VDF-TrFE)-BaTiO3 τc (s) Tc(°C) 100-00 10-5 38 93-03 2x10-5 37 77-23 6x10-5 37.5 59-41 3x10-4 47 136 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge tableau III - 3 Paramètres de compensation, τc et Tc du mode α du P(VDF-TrFE) en fonction de la fraction volumique en titanate de baryum 700 nm Le temps de compensation τc du P(VDF-TrFE) est de 10-5 s. Lorsque des nanoparticules de BaTiO3 sont introduites dans la matrice fluorée, τc augmente avec la fraction volumique. Il double pour seulement 7% en volume de particule, il est multiplié par 30 pour un composite chargé à 41% vol. La température de compensation Tc varie de manière similaire à la température du maximum du mode α des thermogrammes complexes mesurés par CTS. En dessous de 23% en volume, la température de compénsation varie peu. Pour des taux supérieurs, Tc se décale de 10°C vers les hautes températures. b) Relaxations diélectriques hautes températures i) Thermogrammes complexes Le mode de relaxation hautes températures est attribué à la manifestation diélectrique de la transition de Curie du polymère. A l’instar de la manifestation thermique de la transition ferro-parélectrique, cette relaxation se manifeste en CTS par un double pic. Dans le cas du P(VDF-TrFE) l’épaulement se situe autour de Tcurie(1)=105°C et le maximum du pic à Tcurie(2)=110°C. Ces valeurs sont en accord avec celles mesurées par ACD. 137 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 4,00E-011 120 σmax Tc (S/m) Tc PVDFTrFE (°C) 118 116 114 2,00E-011 112 110 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure III - 20 Température du maximum du pic de transition de Curie TcurieP(VDF-TrFE) (rond) et amplitude maximale du pic associé (carré) en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm L’amplitude σmax (Tcurie) et la température du pic associé à la transition de Curie des composites P(VDF-TrFE) - BT sont présentées sur la figure III - 20. La position de TcurieP(VDF-TrFE) augmente de manière linéaire avec φ. Une augmentation de 9°C est obtenue pour un taux de charge de 41% en volume. L’amplitude de la transition ferro-paraélectrique des composites suit la même loi de comportement. En effet, σmax (Tcurie) augmente linéairement avec φ de 1,2x10-11 S/m pour le copolymère à 3,7x10-11 S/m pour φ = 0,23. Les thermogrammes du P(VDF-TrFE) et du composite P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm avec φ=0,23 sont reportés sur la figure III - 21. Les échantillons sont polarisés à Tp = 100°C sous Ep = 1 kV/mm. 2 modes de relaxation sont visibles sur le thermogramme du P(VDF-TrFE). X. Zhang et al.[2] ont mis en évidence que l’amplitude des pics associés à la transition de Curie des copolymères fluorés évolue avec la température à laquelle la polarisation s’effectue. Leur étude montre que plus le polymère est polarisé à haute température, et plus Tcurie(1) et Tcurie(2) deviennent distincts l’un de l’autre. Ceci explique la différence de comportement obtenue entre le P(VDF-TrFE) polarisé à 90°C et 100°C. 138 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge -11 P(VDF-TrFE) 70/30 mol. 23% BaTiO3 700nm σ(S/m) 5,0x10 Tcurie BaTiO3 700nm Tcurie P(VDF-TrFE) 0,0 80 100 120 140 Température (°C) figure III - 21 Thermogrammes CTS du P(VDF-TrFE) et du composite φ = 0,23 (Ep = 1 kV/mm, Tp = 100°C, tp = 2min Tcc = -100°C) normalisés au volume de polymère. Le composite chargé à 23% vol. montre une troisième manifestation diélectrique proche de 135°C. La transition de Curie du titanate de baryum est située à 130°C ; il est donc raisonnable d’attribuer cette relaxation à la manifestation diélectrique de la transition ferroparélectrique du titanate de baryum. 139 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge B. Etude des nanocompsites PA11 / BaTiO3 700 nm Dans cette partie, l’influence du taux de nanoparticules de BaTiO3 700 nm sur les propriétés thermiques, électriques et mécaniques de la matrice polyamide 11 est étudiée. I. Stabilité des nanocomposites I.1. Stabilité chimique La stabilité chimique des nanocomposites PA11 / BaTiO3 700 nm a été étudiée par analyse thermogravimétrique. Les dérivées des pertes de masse, pour les composites chargés à 3%, 12%, 24%, 45% vol., sont présentées dans l’annexe A 3. 3. en fonction de la température. L’amplitude du pic associé à la dégradation diminue avec le taux de charge. Cette diminution est liée à l’augmentation du résidu avec φ. Le polyamide 11 présente deux températures de dégradation. La température associée à la zone de dégradation principale Tdeg1 est 466°C. La seconde dégradation de plus faible amplitude se situe à Tdeg2=490°C. Pour un taux de charge de 3% vol., la dégradation principale se décale de 15°C vers les hautes températures. L’asymétrie du pic indique que la seconde zone de dégradation est toujours présente à la même température. Du fait de la diminution de l’écart entre les deux dégradations pour le composite chargé à 3% vol. et de l’amplitude de Tdeg1 par rapport à Tdeg2, les deux dégradations semblent se superposer. La température de dégradation principale du polyamide augmente jusqu’à 12% vol. Au-delà de φ = 0,12, Tdeg1 diminue jusqu’à 466°C pour le composite chargé à 45% vol. La seconde dégradation, Tdeg2 est invariante jusqu’à 12% vol, puis elle diminue progressivement avec la fraction volumique. Cette diminution de Tdeg2 est de 10°C pour un taux de charge de 45% et se superpose à Tdeg1 pour le composite chargé à 58% vol. La fraction volumique de nanoparticules introduite dans la matrice polyamide modifie l’amplitude de la dégradation Tdeg2 par rapport à Tdeg1. La dégradation Tdeg2 est minoritaire 140 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge pour un taux inférieur à 12% vol. Pour un taux de 24%, les deux dégradations sont d’amplitude équivalente. Pour des taux supérieurs, Tdeg1 est minoritaire et inexistante pour le composite chargé à 58% vol. I.2. Stabilité physique L’évolution des propriétés physiques avec le taux de charge a été suivie par analyse calorimétrique diatherme. L’influence du titanate de baryum sur la transition vitreuse et la fusion du polymère est analysée. Afin de réaliser une étude comparative, chaque flux de chaleur est normalisé à la masse de polymère constitutif du composite. Un vieillissement thermique à 45°C pendant 1 heure a été réalisé pour mettre en évidence la transition vitreuse du polyamide. Les échantillons fondus au préalable à 220°C pendant 5 min. sont refroidis jusqu’à 45°C à -20°C/min. Après vieillissement, l’échantillon est refroidi jusqu’à -50°C à la même vitesse puis la mesure est réalisée à 10°C/min. a) Transition vitreuse Les flux de chaleur normalisés à la masse de PA 11 sont présentés sur la figure III - 22 pour les composites chargés à φ = 0%, 3%, 12%, 24%, et 45% vol. Un saut de capacité calorifique est mis en évidence dans une gamme de température comprise entre 40°C et 60°caractéristique de la transition vitreuse de la matrice. 141 flux de chaleur (arb. unit) Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge me n volu e % 5 4 me n volu 24% e me n volu 12% e e volum 3% en PA 1 1 0,4 0,2 ENDO 30 60 90 Température (°C) figure III - 22 Mise en évidence de la transition vitreuse par analyse calorimétrique diatherme des composites PA11-BaTiO3 700 nm L’évolution du ΔCp normalisé au ΔCp du PA 11 est reportée sur la figure III - 23 en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm. L’introduction des nanoparticules tend à diminuer ΔCp à mesure que la fraction volumique augmente. Cette diminution est de 23% pour un composite chargé à 12% et de 30% pour un composite chargé à 45% vol. La diminution du saut associé à la transition vitreuse est caractéristique d’une diminution du nombre de dégrès de liberté des macromolécules lors de l’introduction de nanoparticules de BaTiO3 dans la matrice. L’encart dans la figure III - 23 montre l’évolution de la température de transition vitreuse Tg en fonction de φ. La température Tg du polyamide 11 est de 52°C. Tg est invariant jusqu’à des taux de 45% vol. de BaTiO3. 142 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 60 100 55 Tg (°C) ΔCp/ΔCp(PA11) (%) 95 90 50 85 45 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ 80 75 70 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure III - 23 Saut de capacité calorifique ΔCp et température de transition vitreuse Tg (encadré) pour les composites PA11-BaTiO3 700 nm b) Fusion et cristallisation La figure III - 24 présente l’analyse calorimétrique diatherme réalisée dans la gamme en température de la fusion du polyamide 11. La fusion du polyamide 11 est caractérisée par deux pics à Tf1=190°C et Tf2=183°C. Le taux de cristallinité déduit de l’enthalpie associée aux pics de fusion du polyamide est χc = 21%. La température du pic de fusion Tf2 est invariante avec le taux de charge. La contribution haute température Tf1 est influencée par la fraction volumique de titanate de baryum. Tf1 ne varie pas pour les faibles fractions volumiques (3%). Pour un taux de 24%, le pic se décale de 3°C vers les basses températures. Au-delà de ce taux, Tf1 augmente tout en restant inférieure à la température de fusion Tf1 du polyamide 11. Le rapport des amplitudes des pics Tf2 et Tf1 évolue avec la fraction volumique. L’amplitude du pic basses températures diminue comparativement à Tf1 jusqu’à un taux de 12% vol. Audelà, l’amplitude de Tf2 augmente jusqu’à un taux de 58% vol. 143 flux de chaleur (arb. unit) Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 58% vol. Tf1 45% vol. 30 25 Χc (%) Tf2 24% vol. 20 12% vol. 15 3% vol. 10 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 φ ENDO 120 PA11 130 140 150 160 170 180 190 200 Température (°C) figure III - 24 Analyse calorimétrique diatherme de la fusion du polyamide et des composites et taux de cristallinité χc (encart) en fonction du taux de charge L’influence de la fraction volumique sur le taux de cristallinité de la phase organique des composites est présentée dans l’encart de la figure III - 24. Comme pour les composites à matrice fluorée, l’ajout de nanoparticules de titanate de baryum a pour conséquence une légère diminution du taux de cristallinité de la phase organique. Le taux de cristallinité χc reste quasiment constant pour les faibles taux (< 40% vol.) avec une diminution de seulement 1% pour φ = 20%. Lorsque la phase inorganique est majoritaire, une diminution plus marquée est relevée avec décroissance de 3% du taux de cristallinité. La diminution de χc avec la fraction volumique est faible. 144 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge c) Transition de Curie La figure III - 25 présente le thermogramme d’ACD réalisé entre 75°C et 175°C. Le polyamide 11 ne présente pas de transition thermodynamique dans cette gamme en flux de chaleur (arb. unit) température. TCurie (BaTiO3 700 nm) 1,2 45% en volume 24% en volume 0,9 12% en volume 3% en volume ENDO PA 11 0,6 100 Température (°C) 150 figure III - 25 Mise en évidence de la transition ferro-paraélectrique des nanoparticules de BaTiO3 700 nm par analyse calorimétrique diatherme pour des composites chargés à 0%, 3%, 12%, 24% et 45% en volume Pour un taux de 3% vol., un léger épaulement est relevé à 130°C. Un pic plus marqué est mis en évidence dès 12% vol. L’amplitude de cette transition augmente avec le taux de charge. La température de ce pic permet de l’attribuer à la transition ferro-pararélectrique ou transition solide/solide quadratique/cubique des nanoparticules de BaTiO3 700 nm. II. Propriétés mécaniques Les propriétés mécaniques des composites PA 11 / BaTiO3 700 nm ont été caractérisées par traction longitudinale et cisaillement dynamique. Dans cette étude, tous les échantillons ont été déshydratés à 110°C pendant 30 minutes sous vide. 145 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge II.1. Traction longitudinale Les courbes contrainte déformation réalisées sur le polyamide 11 et les composites chargés à 1%, 12%, 24% en BaTiO3 700 nm sont reportées sur la figure III - 26. Cette étude a été réalisée à une vitesse de traction de 0,5 mm/min. Comme nous l’avons vu au chapitre 2, cette étude est seulement comparative. 40 σ(Mpa) 30 20 PA11 1% en volume 12% en volume 24% en volume 10 0 50 100 150 Déformation ε (%) figure III - 26 Courbe de contrainte déformation pour des composites PA 11 / BaTiO3 700 nm chargés à 1%, 12% et 24% en volume Les paramètres caractéristiques extraits de la figure III - 26 sont répertoriés dans le tableau III - 4. L’introduction des particules dans la matrice polyamide diminue la contrainte maximale de 36 MPa pour un polyamide, à 25 MPa pour 24% vol. de charges. 146 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Fraction volumique σmaximale (MPa) Déformation Déformation au seuil de plasticité (%) à la rupture (%) PA11 36 57 175 1% 37 37 50 12% 30 12.4 25 24% 25 - 2,49 tableau III - 4 Contrainte maximale (σmaximale), déformation au seuil de plasticité et déformation à la rupture pour les composites PA 11 / BaTiO3 700nm chargés à 1%, 12%, 24% en volume Le seuil de plasticité diminue avec le taux de charge. Ce seuil est de 57 % pour un polyamide 11 et de seulement 12% pour un composite chargé à 12% vol. L’absence de seuil de plasticité pour le composite chargé à 24 % met en évidence un changement de comportement du type ductile vers un état fragile. Une importante diminution de la déformation à la rupture avec le taux de charge est notée. Cette déformation diminue d’un facteur 7 entre le polyamide et le composite chargé à 12% vol., et d’un facteur 70 pour un taux de 23% vol. II.2. Cisaillement dynamique L’évolution de la partie conservative du module en cisaillement G’ en fonction de la température pour des taux de charge de 0%, 3%, 12%, 24%, 45%, et 58% vol. est présentée sur la figure III - 27. 147 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 58% en volume 45% en volume 24% en volume G' (GPa) 1 12% en volume 3% en volume PA 11 0,1 -100 -50 0 50 100 Température (°C) figure III - 27 Module conservatif G’ des composites PA 11-BaTiO3 700nm en fonction de la température Deux relaxations sont mises en évidence sur le thermogramme du PA 11. La première à 80°C, notée β, fait passer G’ de 700 MPa à 450 MPa. Une seconde relaxation, notée α proche de 35°C, est caractérisée par une chute brutale de G’ : de 400 MPa à 70 MPa. Cette relaxation viscoélastique est attribuée à la manifestation mécanique de la transition vitreuse. Dans le cas des polymères semi cristallins, cette transition caractérise le passage de l’état vitreux à l’état caoutchoutique. Afin de rendre compte de l’influence des nanocharges de titanate de baryum sur le module conservatif, l’évolution de G’ dans les domaines vitreux et caoutchoutique est présentée sur la figure III - 28 en fonction de φ. 148 4 2 2 1 0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 G' (caoutchoutique) (GPa) G' (vitreux) (GPa) Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 0 0,6 φ figure III - 28 Evolution de G’ dans le domaine vitreux et caoutchoutique en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm L’introduction de nanoparticules augmente de manière significative la valeur du plateau vitreux G’vitreux : de 450 MPa à 1,49 GPa pour 24% vol., et 3,29 GPa pour 58% en vol. L’évolution de G’vitreux avec φ est linéaire. La valeur du module au plateau caoutchoutique est aussi influencée par les nanoparticules. G’caoutchoutique augmente de 70 MPa pour le PA 11 à 280 MPa pour 24% vol., et 1,57 GPa pour 58% en vol. Cependant l’augmentation de G’caoutchoutique avec φ est diffèrente de celle de G’vitreux . Le module caoutchoutique évolue de manière linéaire avec φ jusqu’à un taux de 23% vol., au delà de ce taux de charge, l’évolution de G’caoutchoutique avec φ s’accentue de manière non linéaire. Cette évolution est attribuée à une restriction de phase de la organique et donc à une diminution du volume libre. 149 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge figure III - 29 G’’ normalisé à Tα et G’’(α)max pour des composites PA 11-BaTiO3 700nm La figure III - 29 présente les pertes mécaniques du mode de relaxation α normalisées à la température T(α)max et à la valeur maximale de G’’max(α). Cette représentation permet d’étudier l’évolution de la dissymétrie du mode α avec la fraction volumique. A mesure que le taux de charge augmente, la largeur du mode α augmente. La partie basse température du mode s’étale vers les basses températures. La partie haute température varie peu pour des taux de charge inférieurs à 24% vol. Au-delà de ce taux, le mode s’élargit vers les hautes températures. Le comportement haute température est modifié par l’ajout de nanoparticules à des forts taux de charge. 150 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge III. Propriétés diélectriques Dans ce paragraphe, l’influence des nanocharges sur la mobilité moléculaire de la phase organique est présentée. L’étude est réalisée par spectroscopie diélectrique dynamique et par analyse des courants thermo stimulés. La fraction volumique des composites varie de 0% à 45% vol. III.1. Modes de relaxation isotherme Les propriétés diélectriques des composites, à matrice polyamide, chargés avec des nanoparticules de 700 nm ont été caractérisées par analyse diélectrique dynamique. Pour éviter des phénomènes de plastification dus à l’adsorption d’eau par la phase organique, les échantillons ont été déshydratés sous vide primaire à 110°C pendant 4h préalablement à toute mesure. L’influence du taux de charge sur la permittivité diélectrique ainsi que sur les pertes diélectriques ont été étudiées. L’évolution de la mobilité moléculaire de la phase amorphe de la matrice est présentée. a) Influence du taux de charge sur la permittivité diélectrique La figure III - 30 présente l’évolution de ε’, isotherme 26°C, pour des taux de charge de 0% à 45% vol en fonction de la fréquence. La partie réelle de la permittivité diélectrique du polyamide 11 est de ε’ = 2,5 à 1 kHz, elle diminue avec la fréquence. 151 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge PA 11 3% en volume 12% en volume 24% en volume 45% en volume 12 10 ε' 8 6 4 2 0,1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 f (Hz) figure III - 30 Partie réelle de la permittivité diélectrique ε’ à 26°C en fonction de la fréquence pour des composites PA11-BaTiO3 700 nm chargés à 0%, 12%, 24%, 45% en volume Le titanate de baryum est connu pour sa forte permittivité diélectrique (ε’ de l’ordre de 1500). La dispersion de nanoparticules dans le polyamide a pour conséquence une augmentation de la permittivité ε’ de 3 pour 3% vol. à 4 pour 12% et10 pour 45%. Le comportement basses fréquences évolue avec φ. La variation de permittivité diélectrique entre 0,1 Hz et 1 MHz est de Δε = 0,75 pour le polyamide. Elle augmente avec la fraction volumique de 1,5 pour 12% vol. à 2 pour 24%. 152 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 1 ε" PA 11 3% en volume 12% en volume 24% en volume 45% en volume 0,1 0,1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 f (Hz) figure III - 31 Partie imaginaire de la permittivité diélectrique ε’’ à 26°C en fonction de la fréquence pour des composites PA11-BaTiO3 700 nm chargés à 0%, 12%, 24%, 45% en volume De même que pour la partie réelle de la permittivité, les pertes diélectriques augmentent avec φ. La figure III - 31, présente l’évolution de ε’’, pour l’isotherme 26°C, en fonction de la fréquence. Les pertes diélectriques du polyamide 11 à 26°C sont de ε’’ = 0,035 à 1 MHz. ε’’ augmente avec φ de 0,042 pour 3% à 0,07 pour 24% vol. Pour le taux de charge le plus important, ε’’ diminue mais il est toujours supérieur au polyamide. L’influence des nanoparticules sur le saut Δεnormalisé est reportée sur la figure III - 32, à l’approche de la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. Les valeurs ont été normalisées à la valeur de la permittivité pour l’isotherme 0°C. Pour une gamme de température comprise entre 0°C et 100°C, l’augmentation de la permittivité diélectrique du polyamide 11 est Δεnormalisé = 3. Pour des taux de charge de 3% et 12% vol., Δεnormalisé est équivalent à celui de la matrice. Au-delà de φ = 12%, Δεnormalisé du saut associé au mode α du composite diminue. Δεnormalisé est égal à 2,2 pour 24% 1,75 pour 45% vol. 153 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge PA 11 3% en volume 12% en volume 24% en volume 45% en volume ε'/ε'0°C 3 2 1 0 25 50 75 100 Température (°C) figure III - 32 Partie réelle de la permittivité diélectrique (ε’) normalisée à la permittivité à 0°C à 1 kHz en fonction de la température pour des composites PA11-BaTiO3 700 nm chargés à 0%, 12%, 24%, 45% en volume L’évolution de la permittivité diélectrique pour un composite chargé à φ = 58% vol. est présentée sur la figure III - 33 en fonction de la température. Tcurie mode α 160 ε' 74kHz 120 1 MHz 80 0 40 80 120 Température (°C) figure III - 33 Partie réelle de la permittivité diélectrique (ε’) en fonction de la température pour le composite PA11-BaTiO3 700 nm chargés à 58% en volume 154 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Pour ce fort taux de charge, deux relaxations sont mises en évidence. La première associée à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse, est notée α. La seconde manifestation n’est mise en évidence que pour des fractions volumiques supérieures à 45% vol. Elle est n’est pas activée thermiquement. La transition de Curie des nanoparticules de 700 nm se manifeste en analyse diélectrique à la température de 130°C. Cet évènement haute température a donc été attribuée à la phase inorganique. Pour des fractions volumiques inférieures à 45%, le comportement diélectrique des nanocomposites chargés est majoritairement gouverné par la phase organique. Au-delà de 45%, une compétition existe entre le comportement de la matrice et des particules. b) Influence du taux de charge sur la dynamique moléculaire de la matrice L’ajustement de la partie dissipative de la permittivité diélectrique par l’équation d’Havriliak Negami pour chaque isotherme permet d’extraire les temps de relaxations τHN associés à chaque mode de relaxation. La figure III - 34 présente le diagramme d’Arrhenius pour les composites chargés à 0%, 12%, 24% et 45% vol. 155 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge MWS 1E-3 0 10 α' 1E-4 -1 τHN (s) 1E-5 τHN (s) 10 1E-5 -2 10 1E-6 1E-6 -3 τHN (s) 10 5,5 5,0 γ 4,5 3,0 -1 2,9 2,8 -1 1000/T (K ) 1000/T (K ) -4 α 10 -5 10 -6 10 PA 11 12% en volume 24% en volume 45% en volume -7 10 -8 10 -9 10 5,5 5,0 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 -1 1000/T (K ) figure III - 34 Diagramme d’Arrhenius des composites PA11-BaTiO3 700 nm : mode γ et α déduits de l’équation d’Havriliak Negami sur ε’’ et le mode α’ et MWS déduit de l’équation HN sur le M’’ Deux modes de relaxation sont mis en évidence. Le mode γ avec un comportement de type Arrhenius, associé aux relaxations des séquences aliphatiques de la macromolécule. Le mode α avec un comportement de type VTF associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse de la matrice. Les paramètres relatifs à la mobilité moléculaire des entités relaxantes déduits du diagramme d’Arrhenius pour les modes γ et α sont présentés dans le tableau III - 5 en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700 nm. 156 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Fraction Mode γ Mode γ Mode α Mode α Mode α Mode α volumique τ0 (s) Ea (kJ/mol) τ0 (s) α (K-1) T0 (K) D = 1/αT0 PA 11 1.10-17 49±1 8.10-11 2.10-3 293±15 1,9 12% 4.10-17 46±0,5 6.10-12 1.10-3 275±10 3,5 24% 8.10-17 42±1 1.10-10 2.10-3 292±3 1,9 45% 8.10-16 38±0,5 7.10-10 3.10-3 308±7 1,03 tableau III - 5 Paramètres Arrhenius du mode γ et VTF du mode α pour le polyamide 11 et les composites chargés à 12%, 24%, et 45% en volume L’énergie d’activation du mode sous vitreux γ du polyamide est de 49 kJ/mol avec un temps caractéristique τ0 de 1.10-17 s. Une fois les nanoparticules introduites, l’énergie d’activation diminue de 46 kJ/mol pour φ = 12% à 38 kJ/mol pour 45%. La diminution de l’énergie d’activation en fonction du taux de charge est linéaire. Le comportement des temps caractéristiques τ0 évolue de manière opposée à Ea en fonction de φ. En effet, τ0 augmente de 4.10-17 s pour 12% à 8.10-16 s pour 45% vol. En ce qui concerne le mode α des composites, le facteur pré exponentiel varie peu avec la fraction volumique de particules. Le paramètre de fragilité D (B/T0) varie peu avec la fraction volumique. Nous ne mettons pas en évidence d’influence des nanoparticules sur la mobilité moléculaire de ce mode. Le polyamide 11 est un polymère semi-cristallin, les hétérogénéités intrinsèques de sa microstructure font apparaître sur la partie dissipative ε’’ à basses fréquences et hautes températures un front de conductivité avec une composante type MWS (pente différente de -1). Ce front masque une partie des relaxations diélectriques de la matrice. Le formalisme du module diélectrique permet de résoudre la composante conductivité et MWS en un mode de relaxation sur la partie dissipative de M*(ω,T). ε’’ et M’’ en fonction de la fréquence sont reportées sur la figure III - 35 pour φ = 24% et T = 80°C. 157 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 0,020 100 MWS α' α 0,018 0,016 0,014 10 ε" M" 0,012 0,010 0,008 1 0,006 0,1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 f (Hz) figure III - 35 Partie dissipative de la permittivité diélectrique ε’’ et du module diélectrique M’’ mesurée à 80°C en fonction la fréquence pour un composite chargé à 24% en volume ε’’ (ω) met en évidence deux modes pour l’isotherme T = 80°C. Le mode α étudié précédemment et un mode α’ qui peut être associé à la mobilité d’une phase amorphe contrainte. La manifestation diélectrique de type MWS est identifiable à basses fréquences. Sur la partie dissipative du module M’’, trois modes de relaxations sont résolus. Les modes α et α’ sont clairement identifiés à une fréquence légèrement supérieure à leur manifestation en ε’’, et on observe le mode noté MWS associé au front basses fréquences et hautes températures sur la partie dissipative de ε*. Les temps de relaxations τHN sont reportés sur le diagramme d’Arrhenius de la figure III - 34. Le mode α’ a un comportement de type VTF et le mode MWS a un comportement de type Arrhenius. L’introduction de nanoparticules de 700 nm dans le polyamide modifie peu la dynamique relaxationnelle du mode α’. Le mode α’ se déplace vers les temps longs à mesure que φ augmente et donc la dynamique relaxationnelle des entités dipolaires du mode α’ est ralentie lors de l’introduction des nanoparticules. Le mode MWS est fortement influencé par 158 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge les nanoparticules. A température constante, la relaxation du mode MWS s’effectue plus lentement à mesure que la fraction volumique augmente. III.2. Modes de relaxation anisothermes L’évolution des modes de relaxation anisothermes a été caractérisée par la méthode des courants thermo stimulés sur des échantillons de 1 cm de diamètre et de 150 µm d’épaisseur. Préalablement à toute mesure, les échantillons ont été déshydratés 30 minutes à 140°C sous vide primaire. Les thermogrammes obtenus ont été normalisés au volume de phase organique. Nous présenterons d’abord les résultats obtenus au dessous de la température ambiante (basses températures) et au dessus de la température ambiante (hautes températures). a) Relaxations diélectriques à basses températures Les thermogrammes CTS des composites PA 11 – BaTiO3 700 nm pour des fractions volumiques de 0% à 24% sont représentés sur la figure III - 36. Les échantillons ont été polarisés sous un champ de 3MV/m (tp = 2 min) à 0°C puis refroidis sous champ jusqu’à 160°C avant d’être court-circuités. Les thermogrammes ont été enregistrés à une vitesse de 7°C/min. -14 2,0x10 σ(S/m) PA 11 BESVO A 3% en volume 12% en volume 24% en volume -14 1,0x10 β2 -150 -100 β1 -50 0 Température (°C) figure III - 36 Thermogramme CTS normalisés au volume de polymère du mode β du polyamide 11 et des composites chargés à φ = 3%, 12%, 24% 159 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Dans la gamme de température -150°C à 0°C un mode de relaxation dont le maximum se situe à -50°C, est mis en évidence pour le polyamide 11. Ce mode de relaxation est noté β1. Un épaulement basses températures (-80°C), associé à la relaxation du mode β2 est visible. Dans les polyamides, les relaxations β sont attribuées aux mouvements de rotation des groupements amides libres dans la phase amorphe (β1) et aux complexes eau-amide créés par liaisons hydrogène (β2). Pour les faibles fractions volumiques φ < 12%, la position en température des modes β varie peu de l’ordre de 3°C vers les basses températures. Au-delà, pour le composite chargé à 24%, les modes se décalent de 12°C. A ce décalage en température est associé une diminution de l’amplitude des modes de relaxation avec φ. L’amplitude diminue de 50% pour 24% vol. de BaTiO3 700 nm. Le thermogramme CTS complexe du mode β du composite chargé à 12% vol. et les élémentaires associés sont présentés dans l’annexe A 3. 4. Les thermogrammes élémentaires suivent l’allure générale du thermogramme complexe. Deux maximas sont mis en évidence. Le premier à -70°C s’aligne sur le maximum β2 et le second à -43°C sur celui de β1. A partir des thermogrammes élémentaires, les paramètres d’activation caractéristiques sont extraits. La figure III - 40 présente l’enthalpie d’activation en fonction de la température du maximum du pic pour chaque processus élémentaire. Le mode β est caractérisé par une variation de l’enthalpie avec la température proche de la « droite » de Starkweather. Le taux de charge n’influence pas l’enthalpie de ce mode. Les valeurs de ΔH proches de la droite d’entropie nulle mettent en évidence le caractère localisé de cette relaxion. b) Relaxations diélectriques à hautes températures Nous nous intéressons à la partie hautes températures du thermogramme. L’échantillon a été polarisé à Tp = 80°C sous un champ EP = 0,5 MV/m pendant 2 minutes puis refroidi jusqu’à 0°C. Après un court-circuit de 2minutes, le thermogramme est enregistré a une vitesse de 7°C/minutes. 160 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge i) Thermogrammes complexes L’analyse par courant thermo stimulés du mode de relaxation principal du polyamide 11, des composites chargés à φ = 3 %, 12 %, 24%, 45 % est présentée sur la figure III - 37. σ(S/m) 5,00x10 PA11 3% en volume 12% en volume 24% en volume 45% en volume -13 2,50x10 -13 0,00 20 40 60 Température (°C) figure III - 37 Thermogrammes CTS normalisés au volume de phase organique pour les composites PA11BaTiO3 700 nm pour φ = 0%, 3%, 12%, 24%, 45% Le polyamide 11 présente un mode de relaxation à 55°C, noté α. La température du maximum du pic α est en accord avec la température thermodynamique de la transition vitreuse mesurée par ACD à Tg = 52°C. Ce mode de relaxation principal est attribué à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. Lorsque la fraction volumique de nanoparticules augmente, le mode α associé à la matrice se décale vers les basses températures. L’amplitude du mode diminue aussi de manière significative avec φ. La température et l’amplitude maximale de la relaxation α des composites PA11-BaTiO3 700 nm en fonction de la fraction volumique sont représentées sur la figure III - 38. 161 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 55 -13 5,0x10 σmax (S/cm) Tα (°C) 50 45 40 0,0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure III - 38 Température Tα (carré) et amplitude maximale σmax ( rond) du mode de relaxation principal des composites PA11-BaTiO3 en fonction de la fraction volumique φ La température Tα diminue de manière linéaire avec φ. Tα évolue de 55°C pour le PA 11 à 45°C pour le composite chargé à 25% et à 40°C pour φ = 45% vol. La diminution de Tα est linéaire avec la fraction volumique de titanate de baryum. L’amplitude du pic σmax diminue aussi avec la fraction volumique. Comme pour Tα avec φ, cette évolution est linéaire. L’amplitude du mode principal est de 5×10-13 S/m pour le polyamide et diminue de 50% pour 24% vol. Au-delà de la température de polarisation, une manifestation diélectrique est enregistrée lorsque la fraction volumique augmente comme représentée sur la figure III - 39. A haute température, un phénomène de conduction apparait. Avec un taux de 3% vol. de nanoparticules le comportement haute température est modifié, un épaulement se dessine. Pour des taux plus élevés, une contribution diélectrique est mise en évidence dès 12% vol. L’amplitude de cette contribution diminue avec la fraction volumique de manière similaire à σmax(α). 162 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge MWS PA11 3% en volume 12% en volume 24% en volume 45% en volume -12 σ(S/m) 5,0x10 Tp α 0,0 40 80 Température (°C) figure III - 39 Thermogramme CTS de la relaxation MWS des composites PA11-BaTiO3 700 nm Lorsque φ augmente, cette contribution se décale vers les basses températures de 102°C pour φ = 12% à 71°C pour 45% vol. L’apparition de ce mode de relaxation au-delà de la température de polarisation ainsi que l’évolution de sa position en température avec la fraction volumique permet de l’associer à la relaxation de charges piégées à l’interface polymèreparticules. Lorsque la conductivité augmente, au-delà de Tα, les charges piégées migrent vers les électrodes de mesures. ii) Structure fine Le thermogramme CTS complexe et les thermogrammes élémentaires de la relaxation α du composite PA11-BaTiO3 700 nm chargé à 24% vol. sont présentés dans l’annexe A3.5. Un champ de 0,5 MV/m a été appliqué. Le maximum du thermogramme complexe coïncide avec le maximum des élémentaires. La figure III - 40 présente l’évolution de l’enthalpie d’activation en fonction de la température du maximum du pic élémentaire pour le polyamide et les composites. Les deux modes sont représentés. La droite en pointillée représente la droite d’entropie nulle. 163 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge 350 PA 11 BESVO A 3% en volume 12% en volume 24% en volume Droite de Starkweather 300 ΔH (kJ/mol) 250 α 200 150 β ΔS=0 100 50 0 200 250 300 Température (K) figure III - 40 Enthalpie en fonction de la température du maximum du pic des composites PA11-BaTiO3 700 nm pour φ = 0%, 3%, 12%, 24% en volume Le mode haute température α diverge de la droite d’entropie nulle, caractéristique de mouvements coopératifs délocalisés. Cependant lorsque la fraction volumique augmente, ΔH maximum diminue. Plus le taux de charge augmente plus la mobilité tend à être localisée. C.Discussion Influence des nanoparticules sur les mécanismes relaxationnels lents Lors de l’introduction de nanoparticules de BaTiO3 700 nm dans une matrice polymère, les temps de relaxation déduits de SDD associés aux modes MWS se déplacent vers les temps longs. Les énergies d’activation associées diminuent. Il a été montré à partir de la figure III 14 que la conductivité basse fréquence et le mode MWS sont liés. Cette contribution est attribuée aux charges piégées aux interfaces des hétérogénéités du matériau. Au delà de Tg, la conductivité de la matrice augmente et les charges libres piégées migrent aux interfaces phase amorphe/phase cristalline et phase amorphe/phase inorganique créant des macro-dipoles [7]. Le titanate de baryum étant un matériau isolant électriquement, la conductivité de la matrice diminue lors de l’introduction de nano BaTiO3. Il faut donc une énergie thermique plus élevée 164 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge afin de faire migrer les charges piégées par les hétérogénéités et donc en raison de l’équivalence temps-température des temps de relaxations plus longs. L’évolution du mode MWS avec la fraction volumique est donc attribuée à une différence de conductivité électrique. L’analyse par courant thermostimulés sur les composites à matrice fluorée a montré l’augmentation de la température de transition ferro/paraélectrique du polymère avec l’augmentation de φ. Le caractère ferroélectrique du P(VDF-TrFE) étant lié à sa phase cristalline, l’augmentation de Tc est liée à une phase cristalline plus stable thermiquement. Cette conclusion est en accord avec les résultats obtenus par ACD sur les composites P(VDFTrFE)-BaTiO3. Evolution de la structure de la phase cristalline Les propriétés physiques des composites sont peu modifiées par l’introduction de nanoparticules de titanate de baryum de 700 nm. Le taux de cristallinité des composites diminue légèrement avec φ. Cette diminution est de 8% pour une matrice fluorée chargée à φ = 69% et de 3% en volume pour des composites à matrice polyamide avec φ = 58%. Nous avons montré sur la figure III - 4 que le rapport des amplitudes des pics ACD associés à la transition de Curie du P(VDF-TrFE) évolue de manière linéaire avec φ, la transition haute température étant favorisée. Cette transition est liée à la phase cristalline. Dans le cas du polyamide, la fusion du polymère a deux contributions associées à des structures cristallines de stabilité différente. Lorsque la fraction volumique augmente, l’amplitude de la phase cristalline basse température diminue comparativement au polyamide. La présence des nanoparticules priviligie la structure cristalline la plus stable. 165 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Changement de comportement La figure III - 41 présente l’évolution de la partie réelle de la permittivité diélectrique des composites à matrice polyamide (a) et P(VDF-TrFE) (b) en fonction du taux volumique de nanoparticules de 700 nm. 100 ε' ε' 100 10 10 0,0 (a) 0,1 0,2 0,3 0,4 φ 0,5 0,6 0,0 0,7 (b) 0,2 0,4 0,6 0,8 φ figure III - 41 Permittivité diélectrique des composites à matrice polyamide (a) et P(VDF-TrFE) (b) en fonction de la fraction volumique de BaTiO3 700nm ajustée par le modèle de Bruggeman Les données expérimentales sont ajustées par le modèle de Bruggeman. Dans les deux cas l’évolution de ε’ est bien décrite par le modèle de Bruggeman jusqu’à des fractions volumiques de 45% environ. A partir de ce modèle la permittivité diélectrique des nanoparticules de BaTiO3 700 nm est calculée à ε’ = 1500. Ce résultat est en accord avec la permittivité diélectrique mesurée sur une céramique frittée par SPS à partir de ces nanoparticules. Pour des fractions volumiques supérieures à 50%, la permittivité diélectrique des composites ne suit plus le modèle de Bruggeman. A ces forts taux la connectivité des composites est modifiée par la présence d’aggrégats de particules responsables d’intéractions dipolaires. Une connectivité de type 0-3 n’est alors plus représentative de la structure du composite qui tend à être décrite par une connectivité de type 3-3. Ce changement de comportement diélectrique est clairement montré sur la figure III - 33 sur laquelle la transition de Curie associée à la phase inorganique est mise en évidence pour φ = 58%. Au niveau mécanique le changement de comportement apparaît pour des fractions volumiques plus faibles. Le passage d’un composite ductile à un composite fragile se fait pour seulement 24% en volume de particules. Par analyse mécanique dynamique, la dissymétrie du mode associé à la manifestation mécanique de la transition vitreuse du polyamide change pour des 166 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge fractions volumiques supérieures à 24%. Ce changement de comportement s’explique par l’augmentation des hétérogénéités fragilisant la matrice pour les forts taux de charge. Interactions physiques L’augmentation du module mécanique conservatif G’ au plateau vitreux est ajustée en fonction de φ par les modèles théoriques de Hashin-Shtrikman et de Kerner. Nous avons vu plus haut dans cette discussion qu’un changement de comportement était mis en évidence pour les composites chargés à φ > 24% vol. dans une matrice polyamide les modèles ne sont donc ajustés que pour les faibles fractions volumiques. La figure III - 42 présente l’évolution du module Gc’ des composites normalisés au module Gm’ de la matrice polyamide en fonction de la fraction volumique. 3,5 PA11-BaTiO3 700 nm Modèle de Kerner Bornes d'Hashin-Shtrickman 3,0 G'c/G'm 2,5 2,0 1,5 1,0 0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 φ figure III - 42 comparaison données expérimentales et modèle de Kerner Nous pouvons constater que les modèles théoriques sous-estiment la variation de Gc’ avec φ. Cette différence entre les modèles théoriques et les données expérimentales dans le domaine vitreux est associée à l’augmentation non linéaire du module conservatif dans le domaine caoutchoutique mis en évidence sur la figure III - 28. Elle est attribuée à des phénomènes d’interactions physiques entre les nanoparticules et la matrice. De tels phénomènes ne sont pas pris en compte dans les approches théoriques de Kerner et de Hashin-Shtriman. Au niveau 167 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge du plateau vitreux, le transfert de contrainte s’effectue entre la phase amorphe et les particules. Cependant pour le plateau caoutchoutique, la phase amorphe est liquide aucun transfert de contrainte entre la phase organique et inorganique n’est possible. L’augmentation du module tire donc son origine de phénomènes d’intéractions, les nanoparticules jouent le rôle de nœud de réticulation physique de la matrice. La diminution du saut associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse mis en évidence par SDD ainsi que la diminution de l’amplitude des thermogrammes CTS des composites polyamides mettent en évidence l’immobilisation d’une fraction de la phase amorphe par l’introduction des nanocharges. Les conclusions extraites de l’étude ACD réalisée sur la transition vitreuse des composites à matrice polyamide sont cohérentes avec les mesures diélectriques. Le saut associé à la transition vitreuse diminue avec l’augmentation du taux de BaTiO3 700 nm incorporé dans la matrice montrant ainsi une diminution de la fraction de phase amorphe dans le composite. L’analyse des thermogrammes élémentaires réalisée par la méthode des courants thermostimulés sur les composites à matrice fluorée met en évidence sur la figure III - 43 une augmentation de τ0 avec la fraction volumique. A basses fréquences, l’entropie du système diminue rendant compte d’une augmentation du degré d’ordre du système. Les nanoparticules de BaTiO3 700 nm influencent peu la mobilité moléculaire de la phase amorphe du polyamide 11. Cependant, pour les composites à matrice fluorée, les temps caractéristiques τ0 du mode α associés à la transition vitreuse du P(VDF-TrFE) mettent en évidence une diminution de τ0 avec φ. La fraction volumique induit donc une légère augmentation de l’entropie du système caractérisant une augmentation de l’hérérogénéité avec la fraction volumique à hautes fréquences. De manière générale ces résultats semblent en accord avec l’apparition de liaisons physiques entre la matrice et les nanoparticules. Les nanoparticules semblent jouer le rôle de « nœud de réticulation physique » du polymère. 168 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Evolution de la structure de la phase amorphe La variation la plus importante observée au cours de ce chapitre concerne la variation de l’enthalpie des modes associés aux relaxations dipolaires de la phase amorphe à l’approche de la transition vitreuse déduit des thermogrammes CTS élémentaires en fonction de φ. Une diminution importante de l’enthalpie maximale et minimale avec la fraction volumique est montrée sur les matrices polyamides et P(VDF-TrFE). La position en température du mode associé à Tg du P(VDF-TrFE) a permis une étude plus fine avec des taux de charges supérieurs aux composites matrice polyamide. Il est intéressant maintenant de comparer les variations concomittantes du facteur pré-exponentiel τ0 et de l’enthalpie d’activation ΔH les figures suivantes montrent respectivement les diagrammes de compensation pour P(VDFTrFE) et PA 11. La figure III - 43 présente l’enthalpie d’activation ΔH du mode α en fonction du temps caractéristique τ0 déduit de la structure fine pour le copolymère et les composites (φ variant de 0,07 à 0,41). -16 τ0(s) 10 -26 10 P(VDF-TrFE) 70-30 7% en volume 23% en volume 41% en volume -36 10 80 100 120 140 160 180 ΔH (kJ/mol) figure III - 43 Temps de relaxation caractéristique τ0 en fonction de l’enthalpie d’activation ΔH du mode α pour les composites P(VDF-TrFE)-BT 700nm avec φ = 0, 0.07, 0.23, 0.41 169 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge Dans le cas du P(VDF-TrFE) τ0 décroît linéairement avec ΔH, caractérisant un phénomène de compensation. La gamme d’enthalpie sur laquelle varie τ0 s’étend de 110 kJ/mol à 177 kJ/mol. La figure III - 44 présente la variation τ0 en fonction de l’enthalpie pour les composites PA11BaTiO3 700 nm chargés à 3%, 12%, 24% vol. -18 10 ΔHmin -28 τ0 (s) 10 -38 ΔHmax 10 PA11 3% en volume 12% en volume 24% en volume -48 10 120 180 240 300 ΔH(kJ/mol) figure III - 44 τ0 en fonction de l’enthalpie pour les composites PA11-BaTiO3 700 nm Les cercles représentent l’enthalpie maximale et minimale atteintes par la relaxation α des différents composites. Un phénomène de compensation est mis en évidence. L’enthalpie maximale du polyamide 11 est de 293 kJ/mol et l’enthalpie minimale de 151 kJ/mol. Lorsque φ augmente, l’enthalpie maximale atteinte diminue. L’enthalpie vaut 279 kJ/mol pour 3% vol. et 246 kJ/mol pour 24% vol. De manière similaire, l’enthalpie minimale diminue avec φ de 146 kJ/mol pour 3% à 125 kJ/mol pour 24% vol. Les paramètres de compensation déduits de τ0 en fonction de ΔH sont τc = 2.10-2s et Tc = 75°C soit Tg + 20°C. Dans le cas des composites à matrice polyamide jusqu’à une fraction volumique de 24%, la présence des particules n’influe pas sur les paramètres de compensation. Comme pour les composites à matrice fluorée, la gamme en enthalpie est invariante avec φ. 170 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge La diminution de l’enthalpie maximale et minimale peut être vue comme la diminution de la taille des régions de réarrangements coopératifs CRR ou domaine de Donth [3] avec l’ajout de nanoparticules comme représenté schématiquement sur la figure III - 45. CRR BaTiO3 700 nm Φ = 3% Cristallite BaTiO3 700 nm Φ = 24% Cristallite figure III - 45 Représentation des régions de réarrangements coopératifs CRR pour φ = 7% et 40% Deux hypothèses peuvent être émises pour expliquer la diminution de la taille des CRR. Le titanate de baryum est un matériau isolant thermiquement. L’ajout de nanoparticules de BaTiO3 dans la matrice va donc modifier la conductivité thermique de la matrice, la rendant de plus en plus isolante à mesure que φ augmente. La cinétique de refroidissement sera alors influencée par la présence des nanoparticules lors de la mise en œuvre des échantillons, les composites se refroidissent donc avec des cinétiques plus rapides que la matrice. Au cours d’une étude menée sur les relaxations dipolaires du polycarbonate, L. Delbreilh [4] a mis en évidence une diminution de ΔHmax avec l’augmentation de la vitesse de refroidissement. La 171 Chapitre 3 : Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction du taux de charge modification de la conductivité thermique du matériau avec φ tend donc à influencer la taille des CRR. Cependant contrairement à notre étude, les temps caractéristiques τ0 ne sont pas modifier par la vitesse de refroidissement. La deuxième hypothèse est basée sur la diminution de la taille des CRR due à l’encombrement des nanoparticules. Vaia et al. [5] ont mis en évidence sur des systèmes Poly(oxide d’éthylène)-Montmorillonite (MMT) une diminution de ΔHmax avec le taux de MMT associée à la création de liaisons entre le polymère et les MMT. La création de liaisons physiques permet d’expliquer l’augmentation du degré d’ordre du matériau à basses fréquences et la diminution de la taille des CRR. Les particules de titanate de baryum (700 nm) sont supposées de taille infinie en comparaison aux dimensions des CRR qui sont nanométriques [6] et même à des taux de 45% en volume, la distance entre les particules est très supérieure à la taille des CRR. 172 Chapitre 3 : Références Chapitre 3 : Références [1] R. Gregorio, M. M. Botta, ‘’Effect of crytallization temperature on the phase transitions of P(VDF-TrFE) copolymers’’, Journal of polymer science pat B: Polymer physics, Volume 36, 1998, p. 403-414 [2] X. Zhang, Z. Peng, H.L.W. Chan, C.C. Choy, “Thermally stimulated current of BaTiO3/P(VDF-TrFE) 0-3 ferroelectric composites”, 10th International symposium on electrets, 1999, p. 407-410 [3] E. Donth, ‘’ Dynamic or configurational approach to the glass transition?’’, Journal of non-cristalline solids, Volume 307, 2002, p. 364-375 [4] L. Delbreilh, ‘’ Etude de l’hétérogénéité et de la métastabilité de phases amorphes de polymères par analyse des transitions et des phénomènes relaxationnels lents’’ Thèse université de Toulouse, 2004 [5] R. Vaia, B. Sauer, O. Tse, E. Giannelis, ‘’Relaxations of confined chains in polymer nanocomposites: Glass transition properties of poly(ethylene oxide) intercalated Montmorillonite’’, Journal of polymer science : Part B polymer physics, Volume 35, 1997, p. 59-67 [6] A. Saiter, N. Delpouve, E. Dargent, J.M. Saiter, ‘’Cooperative rearranging region size determination by Temperature modulated DSC in semi-cristalline poly(L-lactide acid)’’, European polymer journal, Volume 43, 2007, p. 4675-4682 [7]F. Kremer, A. Schönhals,”Broad band dielectric spectroscopy”, Springer, Berlin, 2003 173 Chapitre 4 Transitions et relaxations dans les nanocomposites en fonction de la taille des particules 174 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Au cours de ce chapitre l’influence de la taille des nanoparticules sur les propriétés physiques, mécaniques et diélectriques des nanocomposites PA11-BaTiO3 sera discutée. Les particules utilisées ont une granulométrie de 50 nm, 100 nm, 300 nm et 700 nm. I. Observation de la dispersion L’étude de l’effet de taille sur les propriétés des nanocomposites et la détermination de la fraction volumique à partir de laquelle ils ne peuvent plus être considérés comme de connectivité 0-3 sont primordiaux. Un changement de l’état de dispersion des nanocharges influe sur les propriétés mécaniques mais aussi électriques des composites. 700 nm 300 nm 100 nm 50 nm figure IV - 1 MEB des composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm Afin de rendre compte de l’état de dispersion des composites en fonction de la taille des particules, une étude par microscopie électronique à balayage (MEB) a été réalisée sur des 175 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules cryofractures de composites. La figure IV - 1 présente les images de MEB réalisées sur des composites PA 11-BaTiO3 chargés à 12% vol. en nanoparticules de BaTiO3 avec différentes granulométries. Pour des tailles de particules de 300 nm et 700 nm, la dispersion est homogène à l’échelle nanométrique. Pour des tailles de particule plus faibles, l’encombrement de la matrice en nanoparticules augmente. Bien que la dispersion reste homogène pour les faibles tailles à φ = 12 %, une densification est mise en évidence sur la figure IV - 1. La figure IV - 2 présente la dispersion des particules de 100 nm et 300 nm dans le PA 11 pour une fraction volumique de 24%. A ce taux, l’état de la dispersion des particules de 300 nm est homogène. Pour les nanoparticules de 100 nm nous observons des phénomènes d’agglomération pouvant induire des zones de fragilité mécanique dans la matrice et des interactions entre nanoparticules pouvant influer sur les propriétés diélectriques. 100 nm 300 nm figure IV - 2 MEB des composites PA11-BaTiO3 chargés à 24% en volume pour des tailles de particules de 100 nm et 300 nm Pour obtenir des propriétés thermiques, mécaniques et diélectriques intéressantes, il est nécessaire de conserver des états de dispersion acceptables. Les composites retenus sont donc ceux ayant une fraction volumique inférieure à 24 %. 176 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules II. Stabilité des nanocomposites La stabilité chimique et physique des composites a été suivie par analyse thermogravimétrique et par analyse calorimétrique diatherme. Le taux de charge des nanocomposites est fixé à 12% vol. L’influence de la taille des particules sur ces propriétés est étudiée. Les nanoparticules utilisées ont une granulométrie de 700 nm, 300 nm, 100 nm, et 50 nm. II.1. Structure chimique L’analyse thermogravimétrique des nanocomposites pour différentes tailles de particules de BaTiO3 est présentée sur la figure IV - 3 à fraction volumique constante. dM/dT (%/°C) 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 0,8 0,0 420 440 460 480 500 Température (°C) figure IV - 3 Dérivée par rapport à la température de la perte de masse pour les composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm La dérivée de la perte de masse par rapport à la température montre un pic correspondant à la dégradation de la phase organique. La taille des nanoparticules augmente la température de dégradation Tmax et donc la stabilité thermique du composite. La dégradation d’un composite 177 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules PA 11-BaTiO3 chargé en particules de 300 nm s’effectue à 480°C et passe à 490°C pour des particules de 100 nm. Les composites réalisés avec des particules de 50 nm ont une stabilité thermique moindre, caractérisée par un déplacement de Tmax de 18°C vers les basses températures par rapport aux composites réalisés avec des particules de 100 nm. Notons que quelle que soit la taille des particules, la température de dégradation des composites est supérieure à la température de dégradation du polyamide 11. Les particules augmentent la stabilité thermique des composites. Le composite chargé en particules de 100 nm est le plus stable avec une augmentation de 24°C de la dégradation du polyamide. La forme des pics évolue avec la taille des particules. Les composites chargés en nano objets de 300 nm et 700 nm présentent deux dégradations avec un épaulement haute température. Le composite chargé en particule de 100 nm possède un pic caractéristique d’un phénomène de dégradation unique. La largeur à mi-hauteur des pics diminue avec la taille des particules jusqu’à une taille de 100 nm passant de ΔT = 37°C pour des tailles de particules de 700 nm à ΔT = 34°C pour 100 nm. Les composites chargés en particule de 50 nm ont une dégradation plus étalée en température avec une largeur à mi-hauteur de ΔT = 43°C. L’hétérogénéité du matériau composite chargé à φ = 12 % en particule de 50 nm est plus importante que celle des composites chargés en BaTiO3 de 100 nm, 300 et 700 nm. II.2. Structure physique L’évolution des propriétés physiques des nanocomposites PA 11-BaTiO3 chargés à 12 % vol. en fonction de la taille des particules a été caractérisée par analyse calorimétrique diatherme. Les échantillons ont été fondus à 200°C pendant 5 minutes puis refroidis à 20°C/min jusqu’à 45°C. Afin de mettre en évidence la transition vitreuse des composites, un vieillissement de 1 heure à 45°C a été réalisé préalablement à toute mesure. Le thermogramme a été enregistré de -50°C à 200°C à 10°C/min. Toutes les mesures on été normalisées à la masse de phase organique. 178 Flux de chaleur (W/g) Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules 1,4 Tcurie Tg PA 11 e 700 nm 0,7 12% en volum e 300 nm 12% en volum ENDO e 12% en volum 100 nm e 50 nm 12% en volum 0 80 160 Température (°C) figure IV - 4 Analyse calorimétrique diatherme du PA11 et des composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm Les thermogrammes ACD pour des tailles de particule de 50 nm, 100 nm, 300 nm et 700 nm sont reportés sur la figure IV - 4. Indépendamment de la taille des particules, trois transitions thermodynamiques sont mises en évidence : La transition vitreuse, la fusion du polyamide et la transition de phase cristalline quadratique-cubique des nanoparticules. a) Transition vitreuse La transition vitreuse des nanocomposites en fonction de la taille des nanoparticules est présentée dans l’annexe A.4.1. La température de transition vitreuse Tg est indépendante de la taille des particules. La Tg du composite chargé avec des particules de 50 nm est de 53°C soit une variation de moins de 1°C par rapport à la Tg du polyamide 11. L’influence de la taille des nanoparticules de BaTiO3 sur ΔCp est présentée sur lafigure IV 5. Les valeurs sont normalisées au saut ΔCp du polyamide 11. ΔCp diminue de 13 % pour les composites chargés à 12% vol. avec des nanoparticules de 700 nm, de 21 % pour des 179 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules particules de 300 nm et 28 % pour 100 nm. Pour les particules de taille inférieure, 50 nm, le saut associé à Tg augmente jusqu’à 80% du ΔCp du polyamide 11. L’influence de la taille des particules sur la phase amorphe de la matrice est donc maximale pour les particules de 100 nm. 1,0 ΔCp/ΔCp (PA11) 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0 100 200 300 400 500 600 700 Taille des nanoparticules de BaTiO3 (nm) figure IV - 5 ΔCp associé à la transition vitreuse normalisé au ΔCp du polyamide pour les composites PA11BaTiO3 en fonction de la taille des particules L’invariance de la température de transition vitreuse avec la taille des particules et la diminution de ΔCp associée est en accord avec les résultats reportés par Fragiadakis et Pissis [1] dans le cas de composite PDMS/Silice. Les degrés de liberté de la macromolécule diminuent lors de l’introduction de particules dans la matrice. Fragiadakis associe cette diminution à l’interaction du polymère avec la surface des nanoparticules créant une interphase amorphe d’épaisseur 2 à 3 nm. b) Fusion et cristallisation L’analyse calorimétrique diatherme réalisée dans le domaine en température de la fusion est présentée sur la figure IV - 6. Les composites étudiés sont chargés à 12% vol. avec des particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm et 700 nm. Sur cette figure, la courbe du polyamide 11 est aussi reportée. Deux pics de fusion sont mis en évidence. Le pic haute température noté 1 180 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules sur la figure IV - 6 se situe à 189,7°C pour une taille de particule de 700 nm. La température de fusion du pic 1 évolue peu avec la fraction volumique. En effet, le décalage maximal relevé n’est que de 0,5°C pour une taille de particule de 300 nm. La valeur de T1 diminue en fonction de la taille jusqu’à 300 nm puis augmente à nouveau. Un changement de comportement est mis en évidence à 300 nm. L’influence de la taille des particules est plus marquée sur la fusion basse température, notée 2. La température T2 associée à la fusion de la phase cristalline la moins stable est reportée sur la figure IV - 6. La valeur de T2 pour le polyamide 11 est de 183°C. Lorsque la taille des particules diminue, la température T2 augmente elle est égale à 186°C pour une taille de particules de 50 nm. L’amplitude A2 de la fusion basse température par rapport à l’amplitude A1 de la fusion haute température évolue avec la taille des nanoparticules. Un changement de comportement est mis en évidence pour des particules inférieures à 300 nm. En dessous de cette taille, le rapport A2/A1 diminue indiquant que la phase cristalline la plus stable est privilégiée. Une seule fusion est observée pour 300 nm. Pour des tailles inférieures, le rapport A2/A1 augmente à nouveau mettant en évidence la création de zones cristallines de moindre stabilité thermique. 3 endo χc (%) Flux de chaleur (W/g) 28 26 24 2 PA 11 22 20 0 200 400 600 Taille des nanoparticules de BaTiO 3 (nm) 800 1 PA11 1 2 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 171 180 189 Température (°C) figure IV - 6 Fusion mesurée par ACD du PA11 et des composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm et (encadré) taux de cristallinité des composites PA11-BaTiO3 chargés à φ = 12% en fonction de la taille des particules 181 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules L’évolution du taux de cristallinité en fonction de la taille des particules est présentée dans l’encadré de la figure IV - 6. Une légère augmentation de χc avec la diminution de la taille des particules est observée. χc passe de 21% pour des particules de 700 nm à 25% pour 300 nm et 26,5% pour 50 nm. Les nanoparticules de petite taille jouent le rôle de germe de cristallisation. c) Transition de Curie Les thermogrammes ACD des nanocomposites PA 11 - BaTiO3 (12% vol.) dans la gamme de température de la transition de Curie du BaTiO3 sont présentés sur la figure IV - 7 pour des Flux de chaleur (W/g) particules de 50 nm à 700 nm. PA 11 12% en volume 50 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 700 nm 1,0 PA 11 700 nm volume n e % 2 1 00 nm volume 3 12% en ENDO e 12% en volum 100 nm e 12% en volum 50 nm 0,8 110 120 130 140 150 Température (°C) figure IV - 7 Analyse calorimétrique diatherme des composites PA11-BaTiO3 chargé à 12% en volume autour de la transition de Curie des nanoparticules pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm Comme nous l’avons vu précédemment au chapitre 3, les composites chargés avec des particules de 700 nm présentent un pic endothermique associé à la transition de phase solidesolide quadratique-cubique : la transition de Curie du titanate de baryum. Ce pic est centré autour de 130°C pour les particules de BaTiO3 700 nm. Un pic endothermique est mis en 182 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules évidence pour les composites chargés avec des nanoparticules de 300 nm. Un décalage de 3°C vers les basses températures est observé pour les composites chargés avec du BaTiO3 de 300 nm. Associé à la diminution de Tc, l’enthalpie du pic diminue sensiblement avec la taille des particules. Les composites chargés avec des particules de tailles inférieures à 300 nm ne présentent pas de pic caractéristique de la transition solide-solide du titanate de baryum. L’évolution de cette transition avec la taille des nanoparticules est attribuée à la phase inorganique. L’enthalpie de transition quadratique-cubique est liée à la phase cristalline du titanate de baryum, la phase quadratique diminue avec la taille des particules. III. Propriétés mécaniques III.1. Traction longitudinale Le comportement mécanique statique des nanocomposites à matrice polyamide a été caractérisé par un test mécanique en traction. Les courbes contrainte/déformation des échantillons pour des taux de 12% et 24% vol. et des tailles de 100 nm, 300 nm et 700 nm sont présentées sur la figure IV - 8. figure IV - 8 Contrainte déformation des composites PA11-BaTiO3 chargés à φ = 12% et 24% pour des tailles de particules de 100 nm, 300 nm, 700 nm 183 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Les composites chargés à 12 % vol. présentent un seuil de plasticité quelle que soit la taille des particules. La contrainte maximale et la déformation au seuil de plasticité sont indépendantes de la granulométrie. L’allongement à la rupture diminue avec la taille des particules de 25 % pour des composites PA11-BaTiO3 700 nm à 13 % pour des particules de 100 nm. La contrainte à la rupture est de 27 MPa et est indépendante de la granulométrie du BaTiO3. Les composites chargés à 24% en volume ont un comportement mécanique de type fragile quelle que soit la taille des nanoparticules. La contrainte et la déformation à la rupture de ces composites dépendent peu de la granulométrie. La déformation à la rupture est de 3% environ pour une contrainte de 25 MPa. Le passage d’un comportement ductile à un comportement fragile est lié à l’augmentation des hétérogénéités pour les forts taux de charges due à des phénomènes d’agglomération. Le caractère plus ductile du composite chargé avec des particules de 700 nm montre que ce matériau est le plus homogène. La diminution de la taille des particules induit une densification importante avec des zones de fragilité. III.2. Cisaillement dynamique L’évolution des propriétés mécaniques des nanocomposites à matrice polyamide a été étudiée par spectroscopie mécanique dynamique sur des échantillons chargés à 12% vol. avec des particules de 100 nm, 300 nm et 700 nm. Les échantillons ont été déshydratés à 110°C pendant 30 minutes sous vide primaire, afin d’éviter les phénomènes de plastification dus à l’absorption d’eau. L’évolution du module conservatif G’ pour des composites est présentée sur la figure IV - 9. 184 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules 1500 900 PA 11 12% en volume 100 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 700 nm G' (MPa) 800 G' (MPa) 1000 700 200 100 G' vitreux G' caoutchoutique 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Taille des particules (nm) 500 -50 0 50 100 Température (°C) figure IV - 9 Module mécanique conservatif G’ en fonction de la température et de la taille des nanoparticules (insert) des composites PA11-BaTiO3 avec φ = 12% pour des tailles de particules de 100 nm, 300nm, 700nm. Une relaxation viscoélastique est mise en évidence. Elle est associée à la manifestation mécanique de la transition vitreuse. Le domaine en température sur lequel cette transition s’effectue est constante quelle que soit la taille des nanoparticules. Deux comportements différents sont mis en évidence. L’encadré de la figure IV - 9 présente l’évolution du module vitreux et du module caoutchoutique en fonction de la taille des nanoparticules. Dans le domaine vitreux, le module conservatif G’ augmente de manière linéaire avec la taille des nanoparticules de 736 MPa pour 100 nm à 856 MPa pour des particules de 700 nm. En ce qui concerne le module caoutchoutique, il n’est pas influencé par la taille des particules. La figure IV - 10 présente la partie dissipative du module mécanique G’’ en fonction de la température. Deux modes de relaxation sont visibles. Un mode basse température associé aux relaxations mécaniques des complexes eau - amide dans la phase amorphe noté β. Le mode haute température est la manifestation mécanique de la transition vitreuse noté α. La position en température du mode α varie peu. Afin de rendre compte de l’évolution de la symétrie des 185 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules modes avec la taille des particules, les encadrés de la figure IV - 10 présentent les modules conservatifs normalisés à la valeur maximale et à la température du maximum pour les modes β et α. Pour les composites réalisés avec des particules de 100 nm et 300 nm, la symétrie du mode β est analogue à celle du polyamide. Pour des particules de tailles supérieures (700 nm), le mode s’élargit. En ce qui concerne le mode α la symétrie n’est pas modifiée pour des composites réalisés à partir de titanate de baryum 100 nm. Pour des nanoparticules de taille supérieure, un élargissement du mode vers les basses températures est mis en évidence. La symétrie de la partie haute température du mode est inchangée quelle que soit la taille des particules. Comme nous l’avons vu pour le module G’, les nanoparticules n’ont d’influence que sur le module vitreux des composites ; ceci explique la dissymétrie de la partie basse température du mode α. 250 1,0 G" (MPa) G"/G" max G"/G" max 200 1,0 0,5 0,5 150 -20 -10 0 10 20 0,0 -50 β 100 50 α PA 11 12% en volume 100 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 700 nm 50 0 -100 0 T-Tmax (°C) T-Tmax (°C) -50 0 50 100 Température (°C) figure IV - 10 Module mécanique dissipatif G’’ en fonction de la température des composites PA11-BaTiO3 avec φ = 12% pour des tailles de particules de 100 nm, 300nm, 700nm. Un point important est l’augmentation du module G’’ avec la taille des nanoparticules. Les nanoparticules de titanate de baryum transforment une partie de l’énergie mécanique en énergie électrique ce qui a pour conséquence une augmentation des pertes mécaniques avec la 186 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules fraction volumique. L’augmentation des pertes G’’ avec la taille peut-être expliquée par une augmentation des propriétés piézoélectriques avec la taille des nanoparticules. Ce point sera discuté plus en détail au chapitre 5. IV. Propriétés diélectriques IV.1. Modes de relaxation isothermes L’influence de la taille des nanoparticules sur la dynamique relaxationnelle des nanocomposites PA 11-BaTiO3 chargés à 12% en volume a été caractérisée par analyse diélectrique dynamique. Les échantillons ont une épaisseur d’environ 150 µm et un diamètre de 3 cm. Préalablement à toute mesure, les échantillons ont été déshydratés pendant 4h à 110°C sous vide. a) Influence de la taille des particules sur la permittivité diélectrique La figure IV - 11 présente l’évolution en fréquence pour l’isotherme 26°C de la partie réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique des composites à matrice polyamide pour différentes tailles de nano-BaTiO3. 6 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm ε' ε" 5 0,1 4 3 0,1 (a) 1 10 100 1000 f(Hz) 10000 100000 1000000 0,1 (b) 1 10 100 1000 f(Hz) 10000 100000 1000000 figure IV - 11 Partie réelle (a) et imaginaire (b) de la permittivité diélectrique à 26°C des nanocomposites PA 11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm La partie réelle de la permittivité des composites varie peu sur la gamme de fréquence étudiée. La variation de ε’ mesurée entre 1 MHz et 0,1 Hz est de 1. La valeur de la 187 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules permittivité diélectrique du composite chargé à 12 % de particules de 300 nm est de ε’ = 4 à 1 kHz. A cette fraction volumique, la taille des particules influe peu sur la valeur de la permittivité diélectrique. Cependant, à basses fréquences la permittivité diminue avec la taille des particules de titanate de baryum. La partie imaginaire de la permittivité, figure IV - 11-b, montre un mode de relaxation attribué au mode β du PA 11 ainsi qu’un front basses fréquences associé aux relaxations dipolaires du mode α apparaissant à plus haute température (~50°C pour 0,1 Hz). La valeur de ε’’ diminue avec la taille des particules. La figure IV - 12 présente l’évolution de la partie réelle de la permittivité mesurée à 1 kHZ en fonction de la température pour les composites chargés à 12% en volume. 12 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 10 ε' 8 6 4 0 20 40 60 80 100 Température (°C) figure IV - 12 Evolution thermique de la partie réelle de la permittivité diélectrique à 1 kHZ des nanocomposites PA 11-BaTiO3 (φ = 12%) pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm Ces thermogrammes montrent clairement qu’à basses températures, ε’ est indépendant de la taille des nanoparticules. Entre 60°C et 80°C, est observée la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. Le saut associé à cette transition diminue avec la taille des particules de Δε = 7,3 pour le composite chargé en particules de 700 nm à Δε = 3,4 pour 100 nm et à Δε = 2,85 pour 50 nm. La figure IV - 12 montre que le comportement hautes températures des composites évolue avec la taille des objets incorporés. Un front est mis en évidence pour les 188 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules particules de 700 nm et 300 nm qui disparaît pour les particules de 100 nm et 50 nm. Comme pour le polyamide 11, ce front est attribué à une relaxation de type MWS. La figure IV - 13 présente l’évolution de la partie réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique mesurée à une température de 100°C. 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 100 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 100 ε" ε' 10 1 10 0,1 0,1 (a) 1 10 100 1000 f(Hz) 10000 100000 1000000 0,1 (b) 1 10 100 1000 f(Hz) 10000 100000 1000000 figure IV - 13 Partie réelle (a) et imaginaire (b) de la permittivité diélectrique à 100°C des nanocomposites PA 11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm A 100°C, trois relaxations sont mises en évidence sur le spectre de la partie réelle et imaginaire de la permittivité. Les deux transitions hautes fréquences sont attribuées aux entités dipolaires de la phase amorphe (mode α) et amorphe contrainte (mode α’). A 100°C, le mode α apparaît à 1 MHz et le mode α‘ entre 10 Hz et 100 Hz selon la taille des particules. Le front à basses fréquences mis en évidence sur ε’(f) est la manifestation diélectrique d’un phénomène de type MWS. A cette température, la permittivité diélectrique diminue avec la taille des particules indépendamment de la fréquence. L’amplitude du front associé au phénomène MWS diminue de manière significative avec la taille des particules (figure IV 13-a). La permittivité mesurée à 0,1 Hz associée à cette relaxation diminue de ε’ = 100 pour un composite chargé en BaTiO3 300 nm à ε’ = 15 pour des particules de 100 nm. 189 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules b) Influence de la taille des particules sur la dynamique moléculaire de la matrice La figure IV - 15 présente l’évolution à 1 kHz de la partie imaginaire de la permittivité des composites pour différentes tailles de particules. α 1 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm β 0,1 ε" γ 0,01 -90 0 90 Température (°C) figure IV - 14 Evolution de la permittivité diélectrique dissipative mesurée à 1 kHz pour les compositesPA11BaTiO3 pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm Deux modes de relaxation sont clairement identifiés. Le mode basses températures, noté γ est associé à la mobilité moléculaire des séquences aliphatiques du polyamide. Le mode haute température α est la manifestation diélectrique de la transition vitreuse de la matrice. Un troisième mode de relaxation se dessine à -10°C et est associé aux relaxations dipolaires des complexes eau-amide (mode β). La position en température du mode β est invariante avec la taille des nanoparticules. La position en température du mode γ diminue avec la taille des nanoparticules. Le mode γ apparaît à -68°C pour un composite chargé avec des particules de 700 nm à -75°C pour 50 nm. A l’instar du mode γ, la température à laquelle apparaît le mode α diminue légèrement de 70°C à 1kHz pour des particules de 700 nm à 64°C pour du BaTiO3 de 50 nm. La plastification des modes α et γ peut s’interpréter par une augmentation du volume libre du polymère avec la diminution de la taille des nanoparticules. 190 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Pour déterminer la dynamique relaxationnelle des modes α et γ en fonction de la taille des nanoparticules introduites dans la matrice polyamide, les spectres des parties imaginaires ont été ajustés par l’équation d’Havriliak-Negami. Les temps de relaxations τHN sont présentés sur le diagramme d’Arrhénius de la figure IV - 15. 3 10 2 10 1 10 α τHN (s) τHN (s) -1 10 γ -4 10 0 10 τHN(s) -5 10 -2 10 -3 10 -4 10 -6 10 5,5 5,0 2,97 -1 1000/T (K ) -5 2,88 -1 1000/T (K ) 2,79 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 10 -6 10 -7 10 5,5 5,0 4,5 4,0 -1 3,5 3,0 1000/T (K ) figure IV - 15 Diagramme d’Arrhenius des composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 700 nm, 300 nm, 100 nm, 50 nm et temps de relaxation déduits des thermogrammes CTS fractionnés du composite PA11-BaTiO3 700 nm Le mode γ des composites à matrice polyamide s’étend sur une gamme en température comprise entre -90°C et -50°C. Ce mode de relaxation a un comportement de type Arrhenius quelle que soit la taille des nanoparticules. A température fixe, lorsque la taille des particules diminue, les temps de relaxation diminuent. Le mode α des composites possède un comportement de type Vogel-Tamman-Fulcher. Ce mode s’étend sur une gamme en température comprise entre 60°C et 90°C. Les temps caractéristiques du mode α évoluent de la même manière que les τHN du mode γ. La figure IV - 15 met en évidence que plus la taille des particules diminue plus la cinétique relaxationnelle du mode α se décale vers les temps courts. 191 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Les modes γ et α on été ajustés par respectivement les équations d’Arrhenius et de VTF, les paramètres d’ajustement sont présentés dans le tableau IV - 1. Taille Mode γ Mode γ Mode α Mode α Mode α Mode α (nm) τ0 (s) Ea (kJ/mol) τ0 (s) αf (K-1) T0 (K ± 10 K) D = 1/αT0 275 3,5 700 nm -17 -12 4.10 46±1 6.10 1.10-3 300 nm 1.10-16 42±1 1.10-13 6.10-4 246 7 100 nm 5.10-16 40±1 4.10-20 1.10-4 157 39 50 nm 6.10-16 39±1 6.10-17 3.10-4 206 17 tableau IV - 1 Paramètres Arrhenius du mode γ et VTF du mode α des composites chargés à 12% pour des tailles de particules de 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm L’énergie d’activation Ea du mode γ diminue avec la taille des particules de 46 kJ/mol pour le composite chargé en BaTiO3 700 nm à 39 kJ/mol pour des particules de 50 nm. Associée à l’évolution de l’énergie d’activation, les temps τ0 augmentent avec la diminution de la granulométrie. Cette augmentation est d’environ une décade entre des composites chargés en particules de 700 nm et 50 nm. Les temps caractéristiques τ0 déduis de l’ajustement VTF du mode α diminuent avec la taille des particules de 6.10-12 s pour des particules de 700 nm à 6.10-17 s pour 50 nm. De manière similaire est associée la diminution de αf et de T0. αf diminue de 1 décade et T0 de 75°C entre 700 nm et 100 nm. Le facteur de fragilité D = 1 / (αT0) augmente de manière significative avec la diminution de la taille des nanoparticules. Cette augmentation est maximale pour un composite chargé en particules de 100 nm. L’augmentation du facteur D avec la diminution de la taille des nanoparticules va dans le sens de l’augmentation d’interactions entre les phases organique et inorganique. En effet, à volume constant, la surface spécifique des nanoparticules augmente lorsque la granulométrie des particules diminue induisant une plus grande surface de contact entre le polyamide et le BaTiO3. 192 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules IV.2. Modes de relaxation anisothermes L’évolution des relaxations anisothermes avec la taille du BaTiO3 introduit dans la matrice a été suivie par la technique des courants thermo stimulés. Les échantillons ont été déshydratés pendant 30 minutes sous vide primaire à 140°C. L’influence des nano objets sur les relaxations dipolaires du mode associé à la transition vitreuse (α) est présentée. Tous les thermogrammes sont normalisés à la fraction volumique de polymère. a) Evolution de l’amplitude des phases amorphes souples et rigides L’évolution des modes de relaxation dipolaire des composites à matrice polyamide chargés en particules de 300 nm sera discutée dans un premier temps. Puis, l’influence de la taille des particules sur les relaxations hautes températures sera montrée. Les échantillons sont polarisés à Tp = 80°C pendant un temps tp = 2 minutes. L’échantillon est refroidi jusqu’à une température de Tcc = 0°C et court-circuité 2 minutes. Le thermogramme complexe est enregistré à une vitesse de chauffe de 7°C/min. La figure IV - 16 présente les thermogrammes CTS complexes normalisés des composites PA 11BaTiO3 300 nm pour des fractions volumiques de 3 %, 12 %, 24 % vol. Pour les trois taux de charge, deux modes de relaxation sont mis en évidence, un mode basses températures noté α et un mode hautes températures noté α’. 193 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules 1,50x10 -12 3% en volume 300 nm 12% en volume 300 nm 24% en volume 300 nm α σ(S/m) α' 0,00 20 40 60 80 Température (°C) figure IV - 16 Thermogrammes CTS complexes des composites PA11-BaTiO3 300 nm pour φ = 3%, 12%, 24% en volume (E = 0,5 V/µm, Tp = 80°C, Tcc = 0°C, β = 7°C/min) Le mode α est associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. L’amplitude maximale σαmax du mode α diminue avec la fraction volumique de 1,39.10-12 S/m pour 3% vol. de BaTiO3 300nm à 1.10-12 pour 12 % vol. Pour un taux de charge de 24 % vol., ce mode apparaît comme un épaulement d’une relaxation plus intense. La température du maximum Tαmax du mode α diminue avec φ de 51°C pour le composite chargé à 3 % vol. à 48°C pour 12 % et 35°C pour 24 % vol. Le mode α’ évolue avec la fraction volumique. La température Tα’max diminue avec φ de 70°C pour le composite chargé à 3 % vol. à 60°C pour φ = 24 %. L’amplitude du mode α’ est constante quelle que soit la fraction volumique. Cependant le rapport entre l’amplitude du mode α et α’ évolue avec φ. Afin de comparer les amplitudes respectives de ces deux modes, les thermogrammes CTS ont été ajustés par des distributions de Gauss. La figure IV - 17 présente l’ajustement des modes α et α’ pour des composites PA11-BaTiO3 300 nm chargés à φ = 3% et φ = 24%. 194 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules -12 1,0x10 -12 1,40x10 24% en volume 300 nm σ(S/m) σ(S/m) 3% en volume 300 nm 0,00 0 (a) 20 40 Température (°C) 60 80 0,0 0 (b) 20 40 Température (°C) 60 80 figure IV - 17 Ajustement des thermogrammes CTS par des fonctions gaussiennes pour les composites PA11BaTiO3 300 nm chargés à φ = 3% (a) et 24% (b) L’amplitude de α est supérieure à celle de α’ pour un composite avec φ = 3 % vol., et le mode α’ devient majoritaire quand φ = 24 % en vol. L’ajustement par des fonctions gaussiennes nous permet de déterminer l’évolution du rapport σαmax/σα’max déduits des thermogrammes CTS. Les résultats sont reportés sur la figure IV - 18 en fonction de la fraction volumique de particules de 300 nm. σαmax/σα’max diminue quasiment linéairement avec la fraction volumique de 2,7 pour 3 % vol. à 0,14 pour 24 %. A mesure que le taux de charge en nanoparticules de 300 nm augmente, la phase α’ est privilégiée sur la phase α. L’origine dipolaire de la phase α’ sera discutée plus loin dans ce chapitre. 195 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules 3 σα/σα' 2 1 0 0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 φ figure IV - 18 Rapport de l’amplitude du mode α par rapport au mode α’ en fonction de la fraction volumique pour les composites PA11-BaTiO3 300 nm L’influence de la taille des particules sur les relaxations dipolaires hautes températures est présentée sur la figure IV - 19. Les échantillons étudiés sont des composites chargés à 12% en volume pour des diamètres de 100 nm, 300 nm et 700 nm. La courbe du polyamide est aussi représentée. α PA 11 BESVO A 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm -14 2,0x10 σ(S/cm) α' -14 1,0x10 σ(S/cm) 2,00E-015 1,00E-015 40 60 Température (°C) 20 40 60 Température (°C) figure IV - 19 CTS des composites PA11-BaTiO3 chargés à φ = 12% pour des tailles de BaTiO3 de 100 nm, 300 nm, 700 nm (E = 0,5 V/µm, Tp = 80°C, Tcc = 0°C, β = 7°C/min) 196 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Pour le polyamide et le composite PA11-BaTiO3 700 nm, un seul mode de relaxation est mis en évidence à 50°C. Ce mode, noté α, est attribué à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse du PA 11. Pour des particules de taille inférieure, un mode α’ est enregistré. Pour les composites 300 nm, le mode α est prédominant. Pour les composites 100 nm, le mode α’ devient majoritaire. La température sur laquelle la relaxation α est centrée, diminue avec φ de 50°C pour les composites 700 nm à 42°C pour 100 nm. L’amplitude σαmax du mode α diminue avec la fraction volumique de 1,7.10-14 S/cm pour 700 nm à 1.10-15 S/cm pour 100 nm. La chute de l’amplitude du mode α au profit d’un mode haute température est cohérente avec l’hypothèse d’une phase amorphe contrainte à l’interface polymère/BaTiO3. Une fraction de phase amorphe du polyamide est en interaction avec la phase inorganique. b) Résolution expérimentale des phases amorphes souples et rigides L’annexe A4.2. présente le thermogramme CTS complexes et la structure fine des modes hautes températures du composite PA11-BaTiO3 100 nm chargé à 12 % vol. Deux modes sont étudiés. Les maxima des thermogrammes élémentaires correspondent à ceux du thermogramme complexe. A partir de la structure fine, les paramètres d’activation sont extraits. 197 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules V. Discussion 1 - Phénomènes relaxationnels lents Afin d’étudier les relaxations hautes températures en fonction de la taille des nano-BaTiO3, le formalisme du module diélectrique a été utilisé. La figure IV - 20 présente le module de pertes diélectriques M’’ en fonction de la fréquence pour différentes tailles de particules. M" 0,06 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm MWS 0,03 α' 0,00 0,1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000 f(Hz) figure IV - 20 Partie dissipative du module diélectrique M’’ à 100°C des composites PA 11-BaTiO3 pour des tailles de particules de 700 nm, 300 nm, 100 nm, 50 nm Deux modes de relaxation sont relevés sur les spectres M’’(ω). Le mode hautes fréquences noté α’ est attribué à la mobilité moléculaire d’entités dipolaires d’une phase amorphe contrainte. Le mode basses fréquences noté MWS est attribué aux hétérogénéités du matériau. Lorsque la taille des particules de BaTiO3 diminue, les modes α’ et MWS se décalent vers les basses fréquences, i.e. de deux décades pour des composites chargés en particules de 700 nm et 50 nm. 198 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules L’amplitude du mode α’ est invariante quelle que soit la taille du BaTiO3 incorporé. En revanche, l’amplitude M’’(MWS) associée aux phénomènes interfaciaux augmente lorsque la taille des nanoparticules diminue. L’amplitude de ce mode est fonction du rapport ε’’/ε’’2+ε’2 ; l’augmentation de l’amplitude de M’’(MWS) est donc due à la forte diminution de ε’ basses fréquences avec la diminution de la taille des nanoparticules. La dynamique des deux modes a été suivie en ajustant le module de perte diélectrique par l’équation d’Havriliak-Negami. Les temps de relaxation calculés sont présentés sur la figure IV - 21. α' -2 0 10 MWS 10 -1 10 -3 τ (s) τ (s) 10 -4 10 -5 10 -2 10 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 2,8 (a) -3 12% en volume 700 nm 12% en volume 300 nm 12% en volume 100 nm 12% en volume 50 nm 10 2,6 -1 1000/T (K ) 2,8 2,4 (b) 2,6 2,4 -1 1000/T (K ) figure IV - 21 Diagramme d’Arrhenius du mode α’ (a) et MWS (b) déduit de l’ajustement par l’équation d’Havriliak Negami en module pour les composites PA11-BaTiO3 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm chargés à 12% en volume Le mode α’ a un comportement de type VTF. Le déplacement de ce mode vers les basses fréquences quand la taille des particules diminue rend l’ajustement plus difficile. Les temps de relaxation se décalent vers les hautes températures. Le mode MWS a un comportement de type Arrhenius. Les temps caractéristiques de ce mode se décalent vers les hautes températures à mesure que la granulométrie des particules introduites diminue. Le tableau IV - 2 présente les paramètres d’ajustement des modes MWS et α’. L’énergie d’activation du mode MWS diminue avec la taille du BaTiO3 de 126 kJ/mol pour le composite PA11-BaTiO3 700 nm à 98 kJ/mol pour des particules de 50 nm. Le temps caractéristique du mode Arrhenius MWS diminue de 4 décades entre les composites réalisés à 199 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules partir de particules de 700 nm et de 50 nm. Les coefficients τ0 du mode MWS associé aux hétérogénéités du composite augmentent lorsque la taille des particules diminue. Quand à l’énergie d’activation de ce mode, elle diminue avec la granulométrie. Les relaxations de type MWS et la conductivité sont deux phénomènes différents, cependant il a été montré au chapitre 3 qu’ils étaient liés. En effet, le mode MWS est associé aux charges libres qui migrent, lorsque la conductivité augmente, à l’interface entre la phase organique et inorganique. Plus le composite est isolant et plus le temps d’établissement du phénomène MWS est long. 2- Evolution de l’extension des phases amorphes souple et rigide Pour la transition vitreuse ou sa manifestation diélectrique, les figure IV - 5 et figure IV - 12 montrent une diminution de ΔCp, du saut Δε, et de l’amplitude du mode mesurée par CTS quand la taille des nanoparticules décroît. L’augmentation de la surface spécifique des nanoparticules conduit à un plus grand nombre d’interactions entre les phases inorganique et organique. A mesure que la taille diminue, une fraction plus importante de la phase amorphe interagit. La figure IV - 6 révèle que le taux de cristallinité augmente quand la taille des nanoobjets diminue avec pour conséquence une baisse de la fraction de phase organique amorphe. Néanmoins, la faible variation du taux de cristallinité (3 à 4%) ne permet pas de rendre compte d’une diminution de 30% du ΔCp à Tg et de 50% du Δε associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse entre des composites chargés en BaTiO3 de 700 nm et 50 nm. C’est le développement d’une phase amorphe inactive sur ΔCp et Δε - la phase amorphe rigide qui est donc la plus probable. La figure IV - 13 montre une diminution des valeurs de ε’(ω) et ε’’(ω) avec la taille des nanoparticules. Cette diminution est mise en évidence au-delà de la manifestation diélectrique de la transition vitreuse probablement à cause du grand différentiel entre les valeurs de permittivité du BaTiO3 et du polyamide en dessous de Tg. Au-delà de Tg, et à cause des hétérogénéités des composites (MWS), les permittivités diélectriques réelle et imaginaire des phases organique et inorganique sont du même ordre de grandeur et l’influence du BaTiO3 sur le polyamide devient quantifiable. 200 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Afin d’expliquer la diminution à température donnée de ε’ et ε’’ quand la taille des nanoparticules diminue, des céramiques ont été frittées par la méthode du « Spark Plasma Sinterring » (SPS) à partir des poudres de nanoparticules de 700 nm, 300 nm et 100 nm. Cette technique permet de limiter la croissance des grains lors d’un frittage rapide. Les parties réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique de ces céramiques sont présentées dans l’annexe A 4 . 3. Nous observons une diminution de ε’ (T) et ε’’ (T) pour une taille des grains décroissante. La chute des propriétés diélectriques avec la taille des particules est donc inhérente à une diminution des propriétés intrinsèques aux nanoparticules. Le module mécanique au plateau vitreux diminue avec la taille des nanoparticules. L’hypothèse de la croissance d’une phase amorphe rigide concomitante à la décroissance de la taille des nanoparticules explique l’évolution observée qui est cohérente avec la décroissance de ΔCp et Δε. Les profils des thermogrammes CTS ont été ajustés par des fonctions gaussiennes pour étudier l’influence de la taille des particules sur l’amplitude des modes α et α’. La figure IV 22 met en évidence deux modes de relaxation: le mode α, le mode α’. Pour le composite 700 nm ainsi que pour le polyamide le mode α’ est masqué par la conduction. Les composites avec des particules de taille inférieure à 700 nm présentent deux pics distincts. La température du mode α’ déduit de l’ajustement est invariante avec le taux de charge. -14 -14 3,0x10 3,0x10 PABT 9010 700nm σ(S/cm) σ(S/cm) PA 11 BESVO A 0,0 0,0 0 20 40 Température (°C) 60 80 0 20 40 Température (°C) 201 60 80 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules -14 1,50x10 PABT 9010 300nm PABT 9010 100nm -15 σ(S/cm) σ(S/cm) 2,50x10 0,00 0,00 0 20 40 60 80 0 Température (°C) 20 40 60 80 Température (°C) figure IV - 22 Ajustement des thermogrammes CTS par des fonctions gaussiennes du polyamide 11 et des composites PA11-BaTiO3 chargés à φ = 12% pour des particules de 100 nm, 300 nm et 700 nm L’ajustement par des fonctions gaussiennes nous permet de déterminer l’évolution du rapport de l’amplitude du mode α (σαmax) par rapport à α’ (σα’max) en fonction de la taille des particules. L’évolution de σαmax/σα’max est reportée sur la figure IV - 23. σαmax /σα’max évolue de manière linéaire selon le logarithme de la taille des particules. Par extrapolation, on calcule que pour des tailles de particules d’environ 4 µm, l’amplitude des modes α et α’ est similaire au polyamide 11. Il est intéressant de noter que cette taille de particules (4 µm) est proche des dimensions d’un cristallite de polyamide. 8 7 PA11 BESVO A 6 σα/σα' 5 4 3 2 1 0 100 1000 Taille des particules (nm) figure IV - 23 Rapport de l’amplitude du mode α par rapport au mode α’ en fonction de la taille des particules pour les composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume 202 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules Dans le cas des composites PA 11-BaTiO3, l’origine moléculaire de la relaxation α’ est attribuée à la mobilité d’entités dipolaires d’une phase amorphe contrainte par des interactions entre le polyamide et les particules de BaTiO3. La dépendance de l’amplitude de ce mode avec la taille des nanoparticules est cohérente avec cette hypothèse. L’augmentation de la surface spécifique avec le BaTiO3 est susceptible de créer plus d’interactions entre le polymère et les charges. Par CTS, une équivalence taille des particules/taux de charge est relevée. Le comportement diélectrique du mode α’ par spectroscopie diélectrique dynamique et par courants thermo-stimulés montre que lorsque la taille des nanoparticules augmente et se rapproche de la taille des cristallites, la dynamique relaxationnelle associée à la phase amorphe contrainte est semblable à celle d’un polymère semi-cristallin. 3- Evolution de la dynamique de la phase amorphe rigide [3,4] Le mode α’, attribué aux phases amorphes contraintes, évolue de manière opposé au mode α. Sur la figure IV - 25, les temps de relaxation se décalent vers les temps longs à température constante. L’entropie d’activation associée à ce mode augmente quand la taille des nanoparticules diminue. Le paramètre de fragilité D diminue avec la granulométrie du titanate de baryum. Le mode α’ est de plus en plus « fort » au sens d’Angell [5] à mesure que la taille des nano-objets diminue. A mesure que la taille des particules est proche de la taille des cristallites du polyamide, les temps de relaxation associés au mode α’ se décalent vers les temps de relaxations longs lorsque le taux de charge augmente (figure IV - 25). Associé à ce phénomène, le comportement des temps de relaxation du mode α’ évolue d’un caractère VTF à un comportement Arrhenius. Ceci traduit le passage d’un caractère « fragile » à « fort » à mesure que φ augmente. Les courants thermo stimulés sur la partie haute température, figure IV - 16, des composites PA 11-BaTiO3 chargés en particules de 300 nm met en évidence deux modes de relaxation, les modes α et α’. Afin d’étudier l’origine de la relaxation dipolaire α’ le composite PA 11203 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules BaTiO3 300 nm chargé à 24 % vol. a été polarisé à deux températures différentes sous 0,1 V/µm. Les températures de polarisation sont 80°C et 100°C. Les thermogrammes obtenus sont présentés sur la figure IV - 24. La température de polarisation ne modifie pas la température à laquelle la relaxation α’ s’effectue. De manière similaire, l’amplitude de α’ n’est pas modifiée par la température de polarisation. Cette relaxation n’est donc pas attribuable à des charges piégées qui migrent vers les électrodes lorsque la conductivité augmente, mais parait associée à des relaxations dipolaires de la phase organique. -12 3,0x10 Tp=80°C E=0.1V/µm Tp=100°C E=0.1V/µm -12 I(A) 2,0x10 -12 1,0x10 0,0 30 60 Température (°C) figure IV - 24 Thermogrammes CTS du composite PA11-BaTiO3 300 nm chargé à 24% en volume sous E = 0,1 V/µm pendant 2 minutes à 80°C et 100°C Afin de confirmer l’origine dipolaire de la relaxation α’, l’amplitude maximale en fonction du champ appliqué est présentée dans l’annexe A 4 . 4. La dépendance en température linéaire de Imax permet d’attribuer le mode α’ à une relaxation dipolaire associée à la matrice polyamide. Le mode α’ a un comportement de type VTF. Les temps caractéristiques de ce mode de relaxation augmentent avec la diminution de la taille des inclusions de 3 décades entre les 204 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules granulométries de 700 et 300 nm. De manière similaire, le paramètre VTF αf augmente de 3,3.10-4 K-1 pour des particules de 700 nm à 6.10-4 K-1 pour 50 nm. La température T0 déduite de l’ajustement VTF augmente avec la diminution de la taille des particules de 208 K pour 700 nm à 271 K pour 50 nm. Le paramètre de fragilité D du mode α’ diminue de 14,4 pour un composite chargé en BaTiO3 700 nm à 6 pour 50 nm. Taille des Mode Mode particules MWS MWS (nm) Mode α’ Mode α’ Mode α’ Mode α’ τ0 (s) α (K-1) T0 (K) D = 1/αT0 τ0 (s) Ea (kJ/mol) 700 nm 5.10-19 126 5.10-12 3.10-4 208 14,4 300 nm 2.10-18 119 2.10-10 4.10-4 229 9,8 100 nm 8.10-17 107 1.10-9 5.10-4 243 7,9 50 nm 2.10-15 98 5.10-9 6.10-4 271 6 tableau IV - 2 Paramètres Arrhenius du mode γ et VTF du mode α’ et MWS des composites chargés à 12% pour des tailles de particules de 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm La figure IV - 25 présente l’évolution des temps de relaxation caractéristiques du mode α’ des composites PA 11-BaTiO3 300 nm chargés à 0, 12 % et 23 % en vol. 205 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules 1000 Polyamide 11 12% en volume 300 nm 24% en volume 300 nm Tg ACD 100 10 τ(s) 1 0,1 0,01 1E-3 1E-4 1E-5 3,0 2,7 2,4 -1 1000/T (K ) figure IV - 25 Diagramme d’Arrhenius du mode α’ déduit de l’ajustement par l’équation d’Havriliak Negami en module pour les composites PA11-BaTiO3 300 nm pour φ = 0% 12%, 24% Dans la gamme 80°C/150°C le mode α’ du polyamide 11 possède un comportement de type VTF. Lorsque la fraction volumique de BaTiO3 300 nm augmente, l’évolution thermique du mode de relaxation tend vers un comportement de type Arrhenius. Les courbes en pointillés représentent les ajustements de type VTF. Les trois courbes se rejoignent à environ 45°C à 10 Hz. La température définie par extrapolation est proche de la température de transition vitreuse du polyamide 11 (52°C). De manière générale, la taille des nanoparticules influe peu sur la mobilité moléculaire du mode sous vitreux γ et de la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. En revanche, la cinétique des phases amorphes contraintes est ralentie lorsque la taille des nanoparticules diminue. 4- Evolution de la dynamique de la phase amorphe souple La figure IV - 26 reporte les temps de relaxation τ0 en fonction des enthalpies d’activation du mode α pour le composite PA11-BaTiO3 100 nm. Un phénomène de compensation est mis en 206 Chapitre 4 : Transitions et relaxations en fonction de la taille des particules évidence. L’enthalpie d’activation associée à cette relaxation est comprise entre 130 kJ/mol et 270 kJ/mol. Les paramètres de compensation sont calculés : un temps de compensation τc = 8.10-2 s et une température de compensation Tc = 72°C (soit Tg (ACD) + 20°C). Nous reportons sur la même figure les résultats obtenus pour les composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% vol. avec des particules de 700 nm, 300 nm et 100 nm. Un phénomène de compensation est mis en évidence indépendamment de la taille des objets, pour le mode α. Les paramètres de compensation ne sont pas modifiés par la taille des particules. La gamme d’enthalpie d’activation associée à cette relaxation est invariante de la granulométrie du BaTiO3. -24 τ0 (s) 10 -34 10 12% en volume 700nm 12% en volume 300nm 12% en volume 100nm -44 10 120 160 200 240 280 ΔH (kJ/mol) figure IV - 26 Temps caractéristiques τ0 en fonction de l’enthalpie déduits des thermogramme CTS de structure fine du mode α des composites chargés à φ = 12% pour des tailles de particules 100 nm, 300 nm et 700 nm. La longueur des séquences de chaînes mises en jeu n’évolue pas avec le diamètre des nanoparticules. La taille des régions de réarrangements coopératifs (CRR) n’est pas influencée par la taille des nano-objets. 207 Chapitre 4 : Références Chapitre 4 : Références [1] D. Fragiadakis, P. Pissis, “Glass transition and segmental dynamics in poly(dimethylsiloxane)/silica nanocomposites studied by various techniques”, Journal of non crystalline solids, Volume 453, 2007, p. 4344-4352 [2] C. A. Solunov, ‘’Cooperative molecular dynamics and strong/fragile behaviour of polymers’’, European polymer journal, Volume 35, 1999, p. 1453-1556 [3] “Order in the amorphous state of polymers” édité par S. E. Keinath, R. L. Miller et J. K. Rieke, Plenum Press, 1985. [4] “Thermal Analysis” par B. Wunderlich, Academic Press, 1990. [5] C.A. Angell, R.D. Bressel,” Fluidity and conductance in aqueous electrolyte solutions. An approach from glassy state and high-concentration limit”, Journal of physical chemistry, Volume 76, 1972, p. 3244-3253 208 Chapitre 5 Propriétés électroactives 209 Chapitre 5 : Propriétés électroactives A.Etude des nanocomposites à matrice active P(VDF-TrFE) / BaTiO3 700 nm Dans cette partie, l’influence des particules de titanate de barium de 700 nm sur les propriétés électroactives des composites à matrice P(VDF-TrFE) est analysée. Au cours de cette étude, la matrice et les particules sont polarisées dans la même direction. Les deux phases du composites sont ferroélectriquement actives. I. Polarisation La polarisation des nanocomposites est réalisée à température ambiante et sous vide primaire pour éviter les phénomènes de claquage électrique. Un signal triangulaire est appliqué aux bornes de l’échantillon préalablement métallisé à l’or. Le courant est mesuré au cours de la polarisation. La figure V - 1 présente le courant mesuré au cours des différents cycles de polarisation ainsi que le courant en fonction du champ appliqué pour un composite P(VDFTrFE)-BaTiO3 700 nm chargé à 41 % vol. 0,3 0,3 0,2 0,2 0,1 I(mA) I(mA) 0,1 0,0 0,0 -0,1 -0,1 -0,2 -0,2 -0,3 -0,3 0 (a) 50 100 150 t(s) 200 250 -40 300 (b) -20 0 20 40 E (kV/mm) figure V - 1 Courant mesuré pour un composite P(VDF-TrFE)-BaTiO3 avec φ = 41 % en fonction (a) du temps d’application de la polarisation (b) du champ appliqué 210 Chapitre 5 : Propriétés électroactives La dépendance non linéaire de I(E) est cohérente avec le caractère non ohmique du phénomène étudié. C’est la caractéristique d’un matériau ferroélectrique. A partir de la courbe I(E), nous obtenons la polarisation en fonction du champ appliqué pour le composite chargé à φ = 41 %. Le cycle d’hystérésis caractéristique du matériau ferroélectrique est montré sur la figure V - 2. Le champ coercitif de ce composite est de 30 kV/mm. Préalablement à toute mesure, les échantillons sont courts-circuités pendant 5 minutes afin d’évacuer les charges P (arb. unit.) piégées en surface lors de la polarisation. -50 -40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40 50 E (kV/mm) figure V - 2 Polarisation en fonction du champ appliqué pour le composite P(VDF-TrFE)-BaTiO3 avec φ = 41% Au cours de ce protocole de polarisation, les deux phases organique et inorganique sont polarisées dans la direction du champ. II. Propriétés pyroélectriques L’influence des nanoparticules sur les propriétés ferroélectriques du P(VDF-TrFE) a été caractérisée à partir des coefficients pyroélectriques des composites chargés en particules de 211 Chapitre 5 : Propriétés électroactives BaTiO3 700 mn. Ces mesures ont été réalisées après polarisation des composites suivant le protocole défini précédemment. Les propriétés pyroélectriques des nanocomposites à matrice fluorée chargés en titanate de baryum de 700 nm ont été étudiées sur une gamme en température comprise entre -70°C et 60°C. Les échantillons ont une épaisseur d’environ 150 µm. Des électrodes en or de 1 cm de diamètre ont été déposées. Afin d’éliminer les charges piégées lors de la polarisation ainsi que les phénomènes de relaxation dipolaire, les échantillons sont portés à une température de 60°C. Consécutivement à ce premier passage, les pyrocourants sont enregistrés de -60°C à 60°C. II.1. Dépendance en température des pyrocourants La figure V - 3 présente l’évolution du coefficient pyroélectrique p3 du P(VDF-TrFE) en fonction de la température. Comme nous l’avons vu précedemment, l’activité ferroélectrique des polymères est principalement gouvernée par des effets de volume. La dilatation du polymère avec la température induit une augmentation de la valeur absolue de p3 de -15 µC/K/m2 à -80°C à -55 µC/K/m2 à 60°C. Deux changements de comportement du pyrocourant sont observés en fonction de la température. 2 -p3 (µC/K/m ) 50 Tgu 40 Tα (CTS) 30 20 -60 -40 -20 0 20 40 Température (°C) figure V - 3 Pyrocourant du P(VDF-TrFE) en fonction de la température 212 60 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Le premier est mis en évidence sur le thermogramme à -20°C. Cette température correspond à la température de relaxation du mode α associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse. En dessous de Tα le polymère est vitreux avec une mobilité moléculaire réduite, le coefficient de dilatation du polymère varie peu avec la température. Au dessus de Tα, le P(VDF-TrFE) est « liquide », la mobilité moléculaire du polymère augmente. Au delà de la température Tα’ = 20°C, le coefficient p3 augmente de manière plus importante. Ces températures sont cohérentes avec celles mesurées par L. Ibos[1] et G. Teyssèdre [2] sur le P(VDF-TrFE) 75-25 et le PVDF. Dans le cas du PVDF, G. Teyssèdre attribue la température Tα’ à la libération de mobilité de la phase amorphe contrainte par la présence des zones cristallines. La dépendance en température du coefficient p3 peut être exprimée par la relation : p3 (T ) = p3, 0 + α T équation V - 1 avec p3,0 le coefficient pyroélectrique à 0°C et α la pente de la courbe p3(T) dans la gamme en température considérée. A partir de l’équation V - 1, les paramètres α et p3,0 sont extraits pour les trois domaines et présentés dans le tableau V - 1. p3,0 varie peu avec la température choisie. Le paramètre α augmente de 0,07 pour T < Tα à 0,49 pour des températures supérieures à Tα’. T (°C) -α (µC/K2/m2) -p3,0 (µC/K/m2) T < Tα 0,07 21,3 Tα < T < Tα’ 0,3 26,6 T > Tα’ 0,49 24,3 tableau V - 1 Valeurs de p3,0 et α déduites de l’équation V - 1 pour le P(VDF-TrFE) L’augmentation du paramètre α peut être expliquée par les effets de volume au niveau des différentes transitions. 213 Chapitre 5 : Propriétés électroactives L’évolution des pyrocourants en fonction de la température pour les composites chargés à 0 %, 7 %, 23 % et 41 % vol. est présentée sur la figure V - 4. 2 -p3 (µC/K/m ) 60 P(VDF-TrFE) 7% en volume 23% en volume 41% en volume 40 20 -40 -20 0 20 40 60 Température (°C) figure V - 4 Pyrocourants des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm pour φ = 7 %, 23 % et 41 % L’introduction des nanoparticules diminue l’activité pyroélectrique des nanocomposites dans le domaine en température considéré. A 30°C, p3 évolue de -40 µC/K/m2 pour le P(VDFTrFE) à -30 µC/K/m2 pour φ = 7% et -10 µC/K/m2 pour φ = 41%. Une transition est mise en évidence à 15°C sur les thermogrammes des composites. L’amplitude de cette transition augmente avec la fraction volumique de titanate de baryum 700 nm. La diminution du pyrocourant des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm avec la température est due au fait que le pyrocourant des nanoparticules contrebalance l’augmentation du pyrocourant de la matrice. Au-delà de 50°C, le pyrocourant des nanoparticules change de signe. Les coefficients p3 des phases organique et inorganique s’ajoutent, il en résulte une augmentation du coefficient α au-delà de cette température de 0,59 µC/K2/m2 pour le P(VDF-TrFE) à -0,95 µC/K2/m2 pour 23% vol. et -1,97 µC/K2/m2 φ = 41%. 214 Chapitre 5 : Propriétés électroactives L’évolution de l’activité pyroélectrique est gouvernée par la différence de signe du coefficient pyroélectrique des nanoparticules et de la matrice. II.2. Influence du taux de charge Le coefficient p3 des composites mesuré à 30°C en fonction de la fraction volumique est présenté sur la figure V - 5. Comme nous l’avons vu, l’activité pyroélectrique diminue avec l’augmentation du taux de BaTiO3. p3 expérimental -10 p3 théorique 2 p3 (µC/K/m ) -15 -20 -25 -30 -35 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure V - 5 Coefficient pyroélectrique à 30°C des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm La loi de mélange modifiée [3], [4] permet de rendre compte de l’évolution du coefficient pyroélectrique avec φ suivant l’équation : p3 = α c LEφp c + α p (1 − φ ) p p équation V - 2 où αp et αc sont les coefficients de polarisation de la phase inorganique et organique, LE le coefficient de champ local appliqué sur les céramiques. pc et pp les coefficients pyroélectriques du BaTiO3 et du P(VDF-TrFE). Le coefficient de champ local LE est défini par: EC = 3ε E 0 = LE E 0 2ε + ε C 215 équation V - 3 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Avec ε et εc les permittivités diélectriques respectivement du composite et des céramiques, Ec le champ appliqué sur les particules et E0 le champ appliqué sur le composite. En supposant que les phases organique et inorganique soient complètement polarisées, les coefficents αp et αc sont pris égaux à 1. La permittivité du BaTiO3 700 nm a été prise égale à 1500. L’ajustement des points expérimentaux par ce modèle présenté sur la figure V - 5 permet de déterminer la valeur du coefficient pyroélectrique des nanoparticules à 30°C. Le coefficient p3(BaTiO3) extrait de ce modèle est 210 µC/K/m2, il est de signe opposé aux coefficient pyroélecrique du P(VDF-TrFE) Ces valeurs sont cohérentes avec celles reportées par Chan et al. [3]. II.3. Facteur de mérite pyroélectrique Il est nécessaire de connaître le facteur de mérite de ces matériaux pour les utiliser comme capteurs infrarouges ou de températures. La réponse en tension d’un détecteur soumis à un gradient de température ΔT s’écrit [1] [5]: ΔV = p3e ε rε 0 ΔT équation V - 4 Avec e l’épaisseur du film, εr et ε0 la permittivité relative du matériau. Le facteur de mérite est défini par F = p3 / εr. La baisse du coefficient pyroélectrique et l’augmentation de la permittivité diélectrique du composite a pour conséquence une diminution de la capacité de détection avec φ dans le P(VDF-TrFE). Les céramiques ont des coefficients pyroélectriques plus importants que les polymères. Mais les fortes permittivités diélectriques de ces matériaux leur procurent un facteur de mérite F, et donc une capacité de détection, à épaisseur constante inférieure aux polymères et aux composites. 216 Chapitre 5 : Propriétés électroactives III. Propriétés piézoélectriques Les propriétés piézoélectriques des composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 ont été caractérisées par la mesure du coefficient piézoélectrique d33. Ce coefficient correspond à l’activité piézoélectrique mesurée suivant la direction de polarisation de l’échantillon. III.1. Influence du taux de charge L’évolution du coefficient piézoélectrique mesurée à température ambiante en fonction de φ est présentée sur figure V - 6. -4 d33 expérimental -6 d33 théorique d33 (pC/N) -8 -10 -12 -14 -16 -18 -20 0,0 0,1 0,2 φ 0,3 0,4 figure V - 6 Coefficient piézoélectrique en focntion de φ mesuré à température ambiante pour les composites P(VDF-TrFE)-BaTiO3 700 nm Le coefficient d33 du copolymère fluoré est de -18 pC/N. Comme pour le coefficient pyroélectrique, l’activité piézoélectrique diminue lors de l’introduction de nanoparticules de 14 pC/N pour φ = 7% à -6 pC/N pour 41% vol. de BaTiO3 700 nm. La loi de mélange modifiée [3] rend compte de l’évolution du coefficient piézoélectrique avec φ suivant l’équation : 217 Chapitre 5 : Propriétés électroactives d 3 = α c L E φd c + α p (1 − φ ) d p équation V - 5 En prenant les mêmes hypothèses que pour le cofficient p3, le coefficient d33 des nanoparticules calculé à partir de l’équation V - 5 et des données expérimentales, est de 110 pC/N. Cette valeur est cohérente avec les valeurs d33 de la littérature d’une céramique de BaTiO3. III.2. Facteur de mérite piézoélectrique La constante de voltage g33 = d33 / ε0ε est l’équivalent du facteur de mérite F pour les applications de type capteur de force. De manière identique à F, le coefficient g33 diminue avec la fraction volumique (diminution de d33 et forte augmentation de ε). Le coefficient g33 des polymères et des composites est supérieur à celui des céramiques (g33(BaTiO3) = 0,07 pC/N et g33(P(VDF-TrFE) = 2,11 pC/N). 218 Chapitre 5 : Propriétés électroactives B. Etude des nanocomposites à matrice passive PA11 / BaTiO3 Au cours de cette partie, l’influence de la taille et de la fraction volumique de nanoparticules sur les propriétés ferroélectriques des composites à matrice polyamide sera étudiée. Seule la phase inorganique des composites PA 11-BaTiO3 est ferroélectriquement active. Les propriétés pyroélectriques et piézoélectriques des nanocomposites PA 11-BaTiO3 sont étudiées. L’influence du taux de charge ainsi que de la taille des céramiques de titanate de baryum sont présentées. Les échantillons ont été chauffés préalablement à 40°C afin d’éliminer les charges piégées lors du processus de polarisation. Les propriétés électroactives des nanocomposites sont dues à la phase inorganique, la phase organique est paraélectrique. I. Polarisation Le polyamide 11 est un polymère semi-cristallin suceptible d’être ferroélectrique. Pour aquérir cette propriété, il doit être étiré et polarisé sous fort champ, i.e. 150 kV/mm. Le champ coercitif des nanoparticules étant beacoup plus faible, de l’ordre de 3 kV/mm, l’application d’un champ continu ne rendra que la phase inorganique active. Contrairement aux composites à matrice fluorée, la polarisation s’effectuera par application d’un champ électrique continu aux bornes de l’échantillon métallisé. Trois paramètres gouverneront la polarisation : le champ appliqué, le temps d’application et la température. Afin d’éviter le claquage électrique, la polarisation s’effectue dans un bain d’huile de Ricin dont la tenue au champ électrique est supérieure à l’air. Préalablement à la mesure, les échantillons sont courts-circuités pendant 5 minutes afin d’évacuer les charges de surface. I.1. Champ appliqué et temps de polarisation La figure V - 7-a présente l’évolution du coefficient piézoélectrique du composite PA 11BaTiO3 700 nm chargé à φ = 45 % en fonction du champ appliqué. La température de polarisation est de 100°C. Le coefficient d33 augmente et atteint un plateau pour un champ de 3 kV/mm. Cette valeur est équivalente au champ coercitif de la céramique de BaTiO3. 219 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Le coefficient d33 est tracé en fonction du temps de polarisation à 100°C sur la figure V - 7-b. A l’instar de l’augmentation de d33 avec le champ, d33 atteint une polarisation maximale pour un temps de 15 minutes. Le temps optimal nécessaire pour polariser le composite est invariant avec la taille des nanoparticules. 1,2 1,0 d33/d33 max d33 /d33 MAX 1,0 0,5 0,8 0,6 d33 100 nm d33 300 nm d33 700 nm 0,4 0,2 0,0 0,0 0 (a) 2 4 6 E(kV/mm) 8 10 0 12 (b) 5 10 15 tP (min) 20 25 30 figure V - 7 Coefficent piézoélectrique normalisé à la valeur maximale du composite PA11-BaTiO3 700 nm en fonction (a) du champ appliqué et (b) du temps de polarisation à 100°C pour φ = 45% L’orientation des dipôles d’une céramique est quasi-instantanée en comparaison du temps de polarisation nécessaire pour orienter les dipôles dans les composites. La polarisation des composites semble gouvernée par la phase organique. I.2. Température de polarisation Un des paramètres importants est la température à laquelle l’orientation des dipôles intrinsèques à la phase inorganique est réalisée. La figure V - 8 présente l’évolution, du coefficient d33 en fonction de la température de polarisation pour un composite PA 11-BaTiO3 700 nm pour φ = 45% avec un champ de 3,3 kV/mm pendant 30 minutes. Le coefficient piézoélectrique est de 1 pC/N lorsque la température de polarisation est inférieure à 30°C. Pour des températures de polarisation comprises entre 30°C et 70°C, le coefficient d33 augmente fortement de 1 pC/N à 5 pC/N à 70°C. Au-delà de cette température de polarisation le coefficient piézoélectrique est constant. 220 Chapitre 5 : Propriétés électroactives CTS polyamide 11 (arb. unit) d33 (pC/N) 6 -11 3,0x10 4 2 0 20 40 60 80 0,0 100 Tp (°C) figure V - 8 Coefficient piézoélectrique en fonction de la température de polarisation du composite chargé à 45% en volume de BaTiO3 700 nm et CTS du mode α du polyamide 11 Afin de comprendre ce phénomène, le thermogramme CTS complexe du polyamide 11 est présenté sur la figure V - 8. Un mode de relaxation est mis en évidence dans la gamme en température sur laquelle le coefficient d33 augmente fortement. Comme nous l’avons vu précedemement, ce mode de relaxation a été attribué à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse du polyamide. Pour obtenir des coefficients ferroélectriques optimums, il est nécessaire de polariser au-delà de Tg. I.3. Mécanismes de polarisation La piézoélectricité des composites est un phénomène macroscopique liée à l’orientation des dipôles intrinsèques des particules. Plusieurs phénomènes peuvent expliquer l’augmentation des propriétés électroactives lors de la polarisation à hautes températures. 221 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Les nanoparticules sont dispersées dans la phase amorphe de la matrice. L’augmentation de la mobilité moléculaire de celle-ci, i.e. au dessus de la température de transition vitreuse, permet une légère orientation des nanoparticules dans la direction de polarisation des composites. Le temps d’établissement et la température à partir de laquelle les composites sont polarisés à saturation peuvent être expliqués : par l’augmentation de la permittivité au-delà de Tg et l’apparition de phénomènes interfaciaux. Les relaxations de type MWS sont caractérisées par une augmentation conséquente de la permittivité diélectrique du milieu. Or le champ local appliqué aux particules dépend de la permittivité diélectrique du composite. Plus la valeur de la permittivité du composite est élevée plus le champ appliqué aux particules est proche du champ appliqué aux bornes de l’échantillon. Le champ requis pour polariser les composites devient alors proche de celui nécessaire pour polariser les céramiques (~ 3 kV/mm). Les temps de polarisation caractéristiques d’un matériau organique montrent que l’augmentation de d33 au-delà de Tg est fortement influencée par ce phénomène de type MWS. II. Propriétés pyroélectriques II.1. Dépendance en température des pyrocourants Le pyrocourant d’un composite PA 11-BaTiO3 700 nm chargé à 12% vol. est présenté sur la figure V - 9. 222 Chapitre 5 : Propriétés électroactives 3 er 2 1 balayage ème 2 balayage ème 3 balayage 2 -p3(µC/K/m ) 1 0 -1 -2 -3 -40 -20 0 Température (°C) 20 40 figure V - 9 Pyrocourant du composite PA11-BaTiO3 700 nm avec φ = 12% lors de 3 passages successifs Le coefficient pyroélectrique p3 est de 0,5 µC/K/m2 à -10°C et de 3 µC/K/m2 à 15°C. Au-delà de cette température, le coefficient p3 diminue et change de signe à 22°C. Les nanoparticules sont responsables de la pyroélectricité de ce composite. Le maximum de p3 est atteint à 15°C, lors de la transition orthorhombique/quadratique du titanate de baryum. Sur cette figure les pyrocourants enregistrés lors de 3 balayages successifs, sont représentés. Les trois thermogrammes se superposent mettant en évidence le caractère réversible de la pyroélectricité. L’évolution des pyrocourants pour des fractions volumiques de 12%, 24% et 45% est présentée sur la figure V - 10-a. 223 Chapitre 5 : Propriétés électroactives 5 2 -p3(µ C /k /m) - 0,1 8 - 0,2 12 18 2 6 p3 MAX (µC/K/m ) 2 -p3(µC/k/m ) - 0,3 T em pé rature (°C ) 0 -5 3% en volume 700nm 12% en volume 700 nm 24% en volume 700 nm 45% en volume 700 nm 6 4 2 0 -10 -30 0 30 Température (°C) (a) 0,0 (b) 0,1 0,2 φ 0,3 0,4 figure V - 10(a) Coefficient pyroélectrique en fonction de la température des composites PA11-BaTiO3 700 nm chargés à φ = 12%, 24%, 45% et (b) p3max en fonction de la fraction volumique Le taux de charge augmente la valeur du coefficient pyroélectrique des nanocomposites de 3 µC/K/m2 pour φ = 12% à 5,3 µC/K/m2 pour 24% et à 8,3 µC/K/m2 pour 45% vol. La température de transition de phase cristalline orthorhombique/quadratique augmente avec la fraction volumique de 12°C pour φ = 12% à 14,5°C pour φ = 24% et à 17,5°C pour 45% vol. Ce décalage est dû à une meilleure définition du pic de transition avec l’augmentation du taux de BaTiO3 700 nm. L’évolution du coefficient pyroélectrique en fonction de la fraction volumique est présentée sur la figure V - 10-b. Le coefficient p3 augmente de manière linéaire avec φ. La loi de mélange modifiée, appliquée aux composites où seule la phase inorganique est ferroélectrique décrit l’évolution du coefficient pyroélectrique avec φ suivant l’équation : p 3 = α c L E φp c équation V - 6 Les nanoparticules sont polarisées à saturation, le coefficient αC est pris égal à 1. Le champ local appliqué aux nanoparticules lors de la polarisation est donné par l’équation V - 3. La permittivité diélectrique du composite à hautes températures est importante due aux hétérogénéités de ces matériaux. Pour une polarisation à 80°C, le champ local appliqué sur les particules est du même ordre de grandeur que le champ appliqué aux bornes de l’échantillon. 224 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Les échantillons n’ont pas subi de traitement thermique avant la procédure de polarisation. Il est donc difficile de connaître la valeur du coefficient du champ local lors de l’orientation des dipôles intrinsèques aux nanoparticules. Si nous supposons que le coefficient pyroélectrique des particules est pc = 210 µC/K/m2, que le champ local varie peu avec φ, l’ajustement des données expérimentales de la figure V - 10-a par l’équation V - 6, donne un coefficient de champ local LE = 0,1. La permittivité diélectrique d’un processus MWS est pour le polyamide 11 d’environ ε‘= 100, le rapport LE théorique est en accord avec le coefficient LE extrait de l’ajustement par la loi des mélanges modifiée. II.2. Facteur de mérite pyroélectrique L’évolution du facteur de mérite en fonction de la fraction volumique est présentée sur la figure V - 11. 0,8 2 F = p3 MAX/ε (µC/K/m ) 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 BaTiO3 0,1 0,0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 φ figure V - 11 Facteur de mérite F = p3 / ε en focntion de la fraction volumique pour les composites PA11BaTiO3 700 nm Le facteur F augmente jusqu’à un taux de 12% vol. La valeur de F pour φ = 12% est de 0,7 µC/K/m2. Il n’est donc pas nécessaire de charger la matrice à des taux supérieurs à 12% vol. pour obtenir une détection optimale. 225 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Le facteur de mérite des composites à matrice polyamide est supérieur aux céramiques de titanate de baryum limitées par la forte valeur de leur permittivité diélectrique. Le facteur F des céramiques est de 0,13 µC/K/m2. L. Ibos[1] a montré que le coefficient pyroélectrique du PA 11 à 20°C est de 8,7 µC/K/m2. Le facteur F de ce polymère est donc de 3,5 µC/K/m2 à 20°C. Ce résultat pour le PA 11 est nettement supérieur au facteur de mérite des composites. Cependant les difficultés de mise en œuvre ainsi que les champs de polarisation nécessaires pour rendre ce polymère ferroélectrique restreignent son utilisation. Par contre ces composites ont de faibles champs de polarisation (environ 50 fois moins importants que le PA 11) et une mise en œuvre aisée. A partir de l’ équation V - 4 il est possible de déterminer la réponse en tension d’un détecteur réalisé à partir d’un composite PA 11-BaTiO3 chargé à 12% vol. et soumis à un gradient de température ΔT. Pour une épaisseur de film de 100 µm, et un facteur de mérite F = p3/εr = 0,7 µC/K/m2, la réponse en tension estimée du composite est de 7,9 V/K. Cela constitue une sensibilité satisfaisante pour la plupart des applications. III. Propriétés piézoélectriques L’évolution des propriétés piézoélectriques en fonction de la fraction volumique et de la taille des nanoparticules est présentée. Les mesures sont réalisées sur les échantillons de composite PA 11-BaTiO3 après les mesures de pyrocourants afin d’éviter toute charge piégée lors de la polarisation. III.1. Influence du taux de charge La figure V - 12 présente l’évolution du coefficient piézoélectrique mesuré dans la direction de polarisation en fonction de la fraction volumique de charge en titanate de baryum de 700 nm. 226 Chapitre 5 : Propriétés électroactives 6 d33 (pC/N) 5 4 3 PA 11 2 1 0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 φ figure V - 12 Coefficient piézoélectrique d33 en fonction de la fraction volumique pour les composites PA11BaTiO3 700 nm Le coefficient piézoélectrique des nanocomposites est lié à la phase inorganique. Il est donc de signe positif. Le coefficient d33 augmente linéairement avec la fraction volumique de 0,16 pC/N pour 3% vol. à 2,6 pour 24% et 5,5 pC/N pour 45%. Le coefficient piézoélectrique du PA 11 est de 2 pC/N. La valeur de ce coefficient est atteinte pour des composites chargés à 15% vol. de BaTiO3 700 nm. Selon l’équation V - 5, la loi des mélanges modifiée permet de déterminer le coefficient de champ local LE appliqué aux nanoparticules à partir de la courbe d33 (φ). Le coefficient d33 des nanoparticules est pris égal à 110 pC/N et le coefficient d33 du polyamide 11 égal à 0. Le paramètre LE des composites supposé constant est d’environ 0,11. Cette valeur est en accord avec le coefficient LE déduit des mesures de pyrocourants. 227 Chapitre 5 : Propriétés électroactives III.2. Influence de la taille des particules L’influence de la taille des nanoparticules sur les propriétés piézoélectriques des composites à matrice polyamide est présentée sur la figure V - 13. 6 700 nm 300 nm 100 nm d33 (pC/N) 5 4 3 2 1 0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 φ figure V - 13 Coefficient piézoélectrique des composites PA11-BaTiO3 en fonction de φ pour des tailles de particules de 100 nm, 300 nm, 700 nm Le coefficient piézoélectrique augmente linéairement, pour les trois tailles de particules, avec φ. A taux de charge constant, i.e. φ = 45 %, le coefficient piézoélectrique diminue avec la taille des nanoparticules de 5,5 pC/N pour des particules de 700 nm à 4,5 pC/N pour du BaTiO3 300 nm et à 1,6 pC/N pour 100 nm. La matrice polyamide est paraélectrique, la diminution des propriétés piézoélectriques des nanocomposites avec la taille des inclusions est due à la diminution du caractère ferroélectrique des nanoparticules avec leur taille. 228 Chapitre 5 : Propriétés électroactives III.3. Facteur de mérite piézoélectrique La figure V - 14 présente l’évolution du coefficient g33 en fonction de φ pour les composites chargés en particules de 700 nm, 300nm et 100 nm. 700 nm 300 nm 100 nm 60 40 -3 g33(10 Vm/N) 50 30 PZT 20 Barium titanate 10 0 0,0 0,1 0,2 φ 0,3 0,4 figure V - 14 Coefficient de voltage piézoélectrique g33 = d33 / εε0 en fonction de la fraction volumique pour des composites PA11-BaTiO3 avec des tailles de particules de 100 nm 300 nm et 700 nm Le coefficient g33 atteint un palier pour 20% vol. de particules pour les trois tailles de particules. g33 diminue avec la taille des particules. Cette diminution est attribuée à la diminution du coefficient piézoélectrique d33 avec la granulométrie. Les composites chargés en particule de BaTiO3 700 nm et 300 nm ont un g33 supérieur aux céramiques de PZT et de titanate de baryum. En circuit ouvert, la réponse en tension d’un matériau piézoélectrique dont la force est appliquée dans la direction de polarisation de l’échantillon est donnée par [5]: ΔV = g 33 X 3e 229 équation V - 7 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Avec X3 la force appliquée dans la direction de polarisation de l’échantillon (épaisseur) et e l’épaisseur du composite. Le pouvoir de détection par effet piézoélectrique des composites est donc supérieur à celui des céramiques piézoelectriques. Pour un composite PA 11 - BaTiO3 chargé à 12% vol. et de 100 µm d’épaisseur sur lequel est appliqué une contrainte de 1 N/cm2, la tension générée par effet piézoélectrique est V = 40 mV. C.Discussion 1- Compétition entre les phases férroélectriques organiques et inorganiques La diminution de l’activité pyroélectrique et piézoélectrique des composites avec la fraction volumique dans les sytèmes céramiques/polymères que nous observons, est en accord avec diverses études [3], [6]. Ce phénomène s’explique principalement par la différence de signe des coefficients ferroélectriques des phases organique et inorganique. La contribution de la phase inorganique contrebalance celle de la phase organique lorsque les deux phases sont polarisées dans la même direction. L’utilisation de ces composites n’est pas pertinente pour la plupart des applications. Pour pallier cet inconvénient, certains auteurs [7], [8], [9] ont proposé une méthode de polarisation permettant d’accroitre les propriétés intrinsèques de ces composites. Le concept est basé sur la différence de température de Curie des deux phases constitutives. La transition ferro-paraélectrique du BaTiO3 est centrée autour de 130°C, celle du copolymère à 100°C. Il est possible de polariser seulement la phase inorganique ou les deux phases simultanément, i.e. on polarise respectivement à T > Tcurie(copolymère) ou à T < Tcurie(copolymère). La polarisation des particules et du polymère est réalisée dans des directions opposées. Chan et al. [9] ont montré que l’application de ce protocole de polarisation à des systèmes composites permet d’augmenter les propriétés piézoélectriques du P(VDF-TrFE). 230 Chapitre 5 : Propriétés électroactives 2- Incidence de la phase organique sur les propriétés électroactives La phase organique a un rôle au niveau de la polarisation des nanocomposites : c’est au dessus de la température de transition vitreuse que l’on obtient les conditions optimales de polarisation. L’augmentation de la mobilité moléculaire de la phase amorphe conduit à une meilleure orientation des dipôles intrinsèques aux nanoparticules. Le saut de la permittivité diélectrique associée à cette transition permet une augmentation du champ local appliqué sur les nanoBaTiO3, ce qui a pour conséquence une diminution du champ de polarisation nécessaire pour donner des propriétés optimales aux nanocomposites. L’observation de la variation en température du coefficient pyroélectrique montre deux discontinuités au voisinage des relaxations α et α’. La pyroélectricité des polymères est gouvernée majoritairement par des effets de volume, l’augmentation de la mobilité moléculaire au-delà de la relaxation α autorise une plus grande mobilité des dipôles intrinsèques aux zones cristallines ; le coefficient pyroélectrique augmente. Au-delà de la relaxation α’, la libération de la mobilité des séquences en interaction avec les zones cristallines accroit d’autant plus le coefficient pyroélectrique. La phase organique joue un rôle dans l’électroactivité des composites car c’est elle qui détermine les conditions de polarisation optimale des composites à matrice passive mais aussi l’évolution des propriétés pyroélectriques et piézoélectriques des composites à matrice active. 3- Incidence de la phase inorganique sur les propriétés électroactives Dans les nanocomposites à matrice P(VDF-TrFE) l’incorporation des nanoparticules entraine une décroissance de l’activité pyroélectrique au voisinage de 15°C. Afin de déterminer l’origine de cette transition une étude par courants thermostimulés sur les nanoparticules de BaTiO3 700 nm est réalisée. Une polarisation sous un champ de 1 kV/mm à 80°C a été effectuée afin d’aligner les dipôles intrinsèques aux particules dans le sens du champ. Trois transitions sont mises en évidence sur la figure V - 15. La première transition, à -70°C, est associée à la réorientation des dipôles lors du changement de phase cristalline rhomboédrique/orthorhombique. Une seconde transition à 15°C, est associée au 231 Chapitre 5 : Propriétés électroactives réarrangement cristallin de la phase orthorhombique/quadratique. Ces trois phases cristallines non centrosymétriques permettent au titanate de baryum d’être ferroélectrique entre -140°C et 130°C. La dernière transition à 130°C, révèle le passage de la phase quadratique vers la phase cubique. Cette dernière est centrosymétrique, donc non ferroélectrique. Cette transition est dite transition de Curie des nanoparticules. Un fort changement de signe du pyrocourant est mis en évidence à 50°C. 0,00E+000 -10 I(A) 1,0x10 I(A) -4,00E-012 -8,00E-012 -70 0 Température (°C) 0,0 -140 -70 0 70 140 Température (°C) figure V - 15 Pyrocourant des nanoparticules de BaTiO3 700 nm polarisées sous 1 kV/mm à 80°C pendant 1h Sur la figure V - 15, la transition à 15°C est donc la transition orthorhombique/quadratique des nanoparticules de BaTiO3. Au-delà de 50°C, un changement de comportement du pyrocourant est mis en évidence. La pente de p3 augmente avec la fraction volumique. La diminution des propriétés électroactives des nanocomposites à matrice polyamide est principalement due à la chute des propriétés électriques des particules avec leur taille. L’analyse calorimétrique diatherme des nanoparticules de BaTiO3 est présentée sur la figure V - 16. 232 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Endothermique Heat flow (arb. unit) 0,4 700 nm 0,2 300 nm 100 nm 50 nm 110 115 120 125 130 135 140 Temperature (°C) figure V - 16 Analyse calorimétrique diatherme des particules de BaTiO3 de 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm Pour les nanoparticules de 300 nm et 700 nm un pic endothermique est mis en évidence. Ces pics caractérisent la transition ferro-paraélectrique du titanate de baryum associée à la transition de phase cristalline quadratique-cubique. La température de Curie des particules de 700 nm est de 130°C. Elle diminue de 3°C pour des particules de 300 nm. L’enthalpie de la transition de Curie diminue avec la taille des nanoparticules de 0,7 J/g pour les nanoparticules de 700 nm à 0,5 J/g pour 300 nm. Les particules de tailles inférieures (100 nm et 50 nm) ne présentent plus de pic. Par ACD, les nanoparticules ne présentent les caractéristiques ferroélectriques qu’au-delà de 100 nm. Suzuki [10] a montré que la limite de détection de la transition de Curie par ACD était de 100 nm ce qui est cohérent avec nos mesures. L’enthalpie de la transition de Curie des nanoparticules est liée à la « quadraticité » de ces dernières [11]. Les nanoparticules de granulométrie inférieure à 100 nm présentent dont une structure cristalline cubique. Afin de vérifier les résultats obtenus par analyse calorimétrique diatherme, une étude des poudres de BaTiO3 a été réalisée. La figure V - 17 présente une étude par diffraction des rayons X des nanoparticules de BaTiO3 de 700 nm, 300 nm, 100 nm et 50 nm. 233 Chapitre 5 : Propriétés électroactives 35 5 0n m 1 00 n m 3 00 n m 7 00 n m 30 25 20 15 10 5 0 44 4 4. 5 45 4 5. 5 46 4 6. 5 2 th e ta figure V - 17 Diffraction des rayons X (DRX) des nanoparticules de BaTiO3 Deux comportements distincts sont mis en évidence sur cette figure. Les nanoparticules de 50 nm et 100 nm présentent un seul pic de Bragg localisé à 45,2° ce qui correspond au plan (200) de la phase cubique des nanoparticules. Les particules de 300 nm et 700 nm présentent deux pics de Bragg localisés à 44,8° et 45,2° et correspondent respectivement aux plans (002) et (200) de la phase quadratique. Les paramètres de maille cristalline a et c des nanoparticules de BaTiO3 obtenus à partir des données DRX sont présentés dans le tableau V - 2. 234 Chapitre 5 : Propriétés électroactives a (Å) BaTiO3-cubique c (Å) c/a (ratio) 4.006(2) 1 BaTiO3 – 50 nm 4.008(2) 1 BaTiO3 – 100 nm 4.008(6) 1 BaTiO3 – 300 nm 3.9917(2) 4.033(5) 1.0104 BaTiO3 – 700 nm 3.9931(4) 4.036(4) 1.0108 3.99095(29) 4.0352 1.0111 PCPDF -79-2263 BaTiO3-quadratique PCPDF -81-2203 tableau V - 2 Paramètres de maille cristalline a et c déduits des mesures de DRX Les résultats de DRX sont cohérents avec ceux d’ACD ; ils mettent en évidence une structure cristalline cubique pour les particules de 100 nm et 50 nm, et quadratique pour les particules de granulométrie supérieure à 300 nm. Comme la phase quadratique est responsable de la ferroélectricité du titanate de baryum, seules les particules supérieures à 300 nm sont électroactives. Ce résultat ne permet pas d’expliquer la légère activité piézoélectrique des nanocomposites chargés en particules de 100 nm (figure V - 13). Afin de déterminer de manière plus précise la structure cristalline des nanoparticules, une étude par microscopie électronique en transmission haute résolution (METHR) a été réalisée. Elle est présentée sur les figure V - 18-a et b pour les nanoparticules respectivement de 50 nm et 100 nm. Les figure V - 18-a et b présentent l’étude haute résolution d’une nanoparticule de BaTiO3 50 nm caractéristique d’un monolithe. La distribution de la taille des nanoparticules est homogène autour de 50 nm. A partir de ces images de METHR, une transformation de Fourier du réseau cristallin permet de déduire la phase cristalline de ces nanoparticules. Le titanate de baryum de 50 nm a une structure cristalline cubique à l’échelle nanométrique. 235 Chapitre 5 : Propriétés électroactives figure V - 18 HRTEM des nanoparticules de (a) et (b) 50 nm et (c) et (d) 100 nm L’étude METHR des nanoparticules de 100 nm est présentée sur la figure V - 18-c et d. Les nanoparticules ont une distribution granulométrique homogène autour de 100 nm. La coexistence de deux phases cristallines est mise en évidence pour cette granulométrie. Une morphologie de type « core-shell » est présente avec une phase majoritaire en périphérie des particules et une phase minoritaire au centre des nanoparticules. La transformation de Fourier réalisée sur le réseau cristallin permet d’attribuer à la phase cristalline située au centre de la particule une structure quadratique, donc ferroélectrique, et en périphérie une phase cristalline cubique paraélectrique. Une phase intermédiaire est mise en évidence (ligne blanche de 2-3 nm) pour laquelle la composition est entre cubique et quadratique. Les mesures réalisées par METHR ont montré que la transtion quadratique-cubique apparaissait pour des tailles de particules comprises entre 50 nm et 100 nm en accord avec les études de Yan et al. [12]. 236 Chapitre 5 : Propriétés électroactives Ces résultats sur la coexistence des phases cristallines quadratique et cubique sont en accord avec les résultats obtenus par plusieurs auteurs. T. Hoshina et al. [13] ont mis en évidence par DRX une structure composite des nanoparticules de BaTiO3 avec une structure interne quadratique, une phase intermédiaire composée d’un gradient de quadraticité et une surface de structure cubique. Ces auteurs suggèrent une taille critique de nanoparticules en dessous de laquelle les nanoparticules ne sont plus ferroélectriques d’environ 20 à 30 nm. Nos données expérimentales ont montré une structure cubique pour les nanoparticules de 50 nm, la taille critique est donc comprise entre 50 nm et 100 nm. Nos données expérimentales sont en faveur du modèle « core-shell » proposé par T. Hoshina et al. [13], S. Malbé et al. [16], S. Wada et al. [14] [15] comme présenté sur la figure V - 19. Cubique Quadratique c/a Gradient de quadraticité 1 r figure V - 19 Gradient de quadraticité d’après Hoshina et al., Malbé et al. et Wada et al. [13], [15], [16] T. Hoshina a mis en évidence l’évolution de la phase quadratique par rapport à la phase cubique en fonction de la taille des nanoparticules. Le rapport entre la phase quadratique et cubique diminue avec la taille des nanoparticules. Comme le caractère ferroélectrique est lié à la phase quadratique ; il diminue avec la taille des particules. Ceci est conforme à l’évolution du coefficient piézoélectrique en fonction de la taille des nanoparticules mis en évidence dans notre étude pour les composites à matrice polyamide. Cependant les résultats de T. Hoshina sont déduits de mesures DRX et très peu d’études mettent en évidence le caractère « coreShell » des nanoBaTiO3 par MET. 237 Chapitre 5 : Références Chapitre 5 : Propriétés électroactives [1] L. Ibos, Thèse Université de Toulouse, 2000 [2] G. Teyssèdre, Université de Toulouse, 1993 [3] H.L.W Chan, M.C. Cheung, C.L. Choy, ‘’Study of BaTiO3/P(VDF-TrFE) composites’’, Ferroelectrics, Volume 224, pp. 113-120, 1999 [4] T. Furukawa, K. Ishida, E. Fukada,” Piezoelectric properties in the composite systems of polymers and PZT ceramics”, Journal of applied physics, Volume 50 (7), 1979, p.4904-4912 [5] Technical manual, ‘’Piezo Film Sensors’’, 1999 [6 ] Q.Q. Zhang, H.L.W Chan, Q. Zhou, C.L. Choy, ‘’PCLT/P(VDF-TrFE) 0-3 nanocomposite thin films for pyroelectric applications’’, Material research innovation, Volume 2, 1999,pp. 283-288 [7] K. Lam, X. Wang, H.L.W. Chan, ‘’Piezoelectric and pyroelectric properties of BiNaBaTiO3/P(VDF-TrFE) 0-3 composites’’, Composites, Volume 130, 2005, pp. 1-5 [8] H.L.W Chan, S.T. Lau, K.W. Kwok, C.L. Choy, ‘’PZT/P(VDF-TrFE) nanocomposites hydrophones for ultrasonic measurements’’, IEEE ultrasonics symposium, 1998, pp. 611-614, [9] Y. Chen, H.L.W. Chan, C.L. Choy, ‘’Pyroelectric properties of PbTiO3/P(VDF-TrFE) 0-3 nanocomposite films’’, Thin solids films, Volume 323, 1998, pp. 270-274 [10] K. Suzuki, K. Kijima, ‘’Phase transformation of BaTiO3 particles synthesized by RFplasma CVD’’, Journal of alloys and compounds, Volume 419, 2006, pp. 234-242 [11] F. Baeten, B. Derks, W. Coppens, E. 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TSURUMI, “Origin of ultrahigh dielectric constants for barium titanate nanoparticles”, Journal of Korean physical society, Volume 51, 2007, p. 878-881 [16] S. Malbe, J.C. Mutin, J.C. Niepce, “ Distribution des paramètres de mailles cristalline dans des échantillons pulvérulents de BaTiO3 ”, Journal de chimie physique, Volume 89, 1992, p. 825-843 239 Conclusion 240 Conclusion L’objectif de ce travail de thèse a été de définir des nanocomposites ferroélectriques hybrides alliant ductilité et propriétés électroactives acceptables. Deux solutions technologiques ont été analysées: l’utilisation d’une matrice thermoplastique passive (polyamide PA 11) dont la structure est stabilisée par liaisons hydrogène pour la première et une matrice active (poly(vinylidène fluoride trifluoroéthylène P(VDF-TrFE)/ 70-30), structurée par liaisons électrostatique, pour la seconde. Les nano-objets sont des nanoparticules de titanate de baryum (BaTiO3). Les problèmes récurrents dans les nanocomposites sont liés à la compréhension de l’influence de la fraction volumique et de la taille des nanoparticules sur la structure physique de la matrice polymère. Il s’y ajoute ici les contraintes liées à l’optimisation des propriétés mécaniques mais aussi pyro et piézoélectriques. La matrice passive PA 11 a été choisie pour ses propriétés mécaniques inhérentes à une structure physique triphasique (phase cristalline, phase amorphe souple et phase amorphe rigide). Une attention spécifique a été accordée à l’évolution de cette structure à la suite de l’introduction des nanoparticules. La matrice active P(VDF-TrFE) a, contrairement à la matrice précédente, une température de transition vitreuse inférieure à l’ambiante. L’analogie des lois de comportement dynamique (compensation) montre que c’est la structure vitreuse et pas la nature des liaisons physiques, qui est déterminante. Parmi les céramiques sans plomb, BaTiO3 possède, à l’état massif, un coefficient piézoélectrique intéressant, spécifique de la phase quadratique. Cependant, les mesures de Diffraction des Rayons X réalisées sur les nanoparticules de BaTiO3 ont montré une diminution de la phase cristalline quadratique (ferroélectrique) en faveur de la phase cubique (paraélectrique). Une structure cristalline complexe, de type « core-shell » avec un cœur quadratique et une écorce cubique a été mise en évidence pour la première fois par Microscopie Electronique en Transmission Haute Résolution (MET HR). En deçà d’une taille critique, la valeur de la ferroélectricité des particules, liée au rapport phase quadratique/phase cubique devient inutilisable. De ce fait, l’optimisation de la fraction volumique des nanoparticules a été effectuée avec des particules de 700 nm 241 Conclusion Les propriétés diélectriques et mécaniques des nanocomposites sont modifiées de façon sélective suivant la fraction volumique de BaTiO3: la partie réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique augmentent avec φ. L’évolution de ε’ avec la fraction volumique est bien décrite par le modèle de Bruggeman jusqu’à φ = 45 %. Au-delà de cette fraction volumique, la densification et l’agrégation des nanoparticules modifient la connectivité des composites et donc leurs propriétés diélectriques. Le module mécanique conservatif G’ augmente également avec φ. Cette croissance, supérieure à celle prévue par les modèles de Hashin et Shtrickman, pourrait également s’expliquer par un phénomène d’agrégation. Lorsque la fraction volumique devient trop importante l’évolution du comportement final de ductile vers fragile est observée. L’évolution concomitante de la mobilité moléculaire n’est pas modifiée à l’état liquide. Par contre, à l’état vitreux, une évolution significative de la dynamique dans la phase amorphe souple est observée: la diminution de l’amplitude de variation de l’enthalpie d’activation dans la loi de compensation révèle une diminution significative de la taille des domaines de réarrangement coopératif. Cette variation de la nanostructure de la phase amorphe souple, observée à la fois dans les nanocomposites à matrice PA 11 et P(VDF-TrFE), explique l’augmentation de leur fragilité. L’évolution des propriétés macroscopiques en fonction de la taille des nanoparticules a été analysée. Pour un taux de 12% en volume, le saut ΔCp et la variation du module viscoélastique diminuent avec la taille des nanoparticules. Ces résultats indiquent une décroissance de la phase amorphe souple qui est confirmée par les spectres SDD. L’analyse du phénomène de compensation montre que la taille des CRR de cette phase souple est indépendante de la taille des particules. Parallèlement, une relaxation CTS haute température, caractéristique de la phase amorphe rigide, est observée avec une amplitude croissante lorsque la taille des particules décroît. Cette évolution structurale qui peut être définie par la proportion de phases amorphes souple et rigide, explique l’évolution de la fragilité relative des nanocomposites : plus la phase rigide est importante, plus grande est la fragilité L’activité pyroélectrique et piézoélectrique des nanocomposites à matrice P(VDF-TrFE) résulte de la contribution des phases inorganique et organique. Cependant, comme le coefficient piézoélectrique du polymère a un signe opposé à celui du BaTiO3, les deux contributions s’opposent, limitant ainsi l’intérêt de cette solution pour les applications. Pour 242 Conclusion les nanocomposites à matrice PA11, les propriétés électroactives sont dues essentiellement à la phase inorganique. L’augmentation de la fraction volumique entraîne une croissance linéaire des coefficients pyro et piézoélectrique bien décrite par la loi des mélanges modifiée. A fraction volumique donnée, le coefficient piézoélectrique d33 diminue en même temps que la taille des nanoparticules; cette évolution s’explique par la décroissance de la phase quadratique mise en évidence par l’étude de la nanotexure des particules BaTiO3. La taille de 700 nm correspond à une optimisation des propriétés fonctionnelles. Même si les coefficients piezoélectriques des nanocomposites hybrides restent modestes, leur faible permittivité permet d’atteindre les meilleurs facteurs de mérite. D’un point de vue technologique, cette étude a montré que les nanocomposites chargés en BaTiO3 de granulométrie supérieure à 300 nm et dont la fraction volumique n’excède pas 12% en volume sont les plus pertinents. A ce taux de charge, le comportement mécanique des nanocomposites reste ductile, et les propriétés électroactives correspondent à un facteur de mérite piézoélectrique de 4×10-2 Vm/N i. e. supérieur aux performances de BaTiO3 massif. En terme de perspectives, L’existence d’une nanotexture type « core-shell » pour les BaTiO3 limite les propriétés intrinsèques de ces objets. Des études ont montré que cette structure interne était très dépendante de la voie de synthèse choisie. Les progrès de la chimie douce devraient permettre de pallier cet inconvénient. L’utilisation de nanoparticules à haut facteur de forme est susceptible de changer la connectivité de ces composites et d’augmenter ainsi leurs performances électroactives. L’augmentation de la permittivité diélectrique conservative des composites avec l’introduction des BaTiO3, fait augurer des avancées intéressantes. La compréhension du rôle des nano-objets et de leurs interfaces multiples dans l’optimisation de la permittivité diélectrique nécessitera des études complémentaires. 243 Annexes 244 Annexes Annexe Chapitre 2 100 100,0 60 99,6 40 masse (%) masse (%) 80 99,2 98,8 20 98,4 100 200 300 Température (°C) 0 300 600 Température (°C) A.2. 1 Analyse thermogravimétrique du polyamide 11 100 101 60 40 masse (%) masse (%) 80 100 20 99 100 0 200 300 Température (°C) 300 Température (°C) A.2. 2 Analyse thermogravimétrique du P(VDF-TrFE) 70-30 245 600 Annexes 100 masse(%) 80 60 40 20 0 400 600 Tem pérature(°C ) A.2. 3 Figure 1 Mesure des résidus par analyse thermogravimétrique des nanocomposites à matrice polyamide 11 100 masse(%) 80 60 40 20 0 400 600 Tem pérature(°C ) A.2. 4 Figure 2 Mesure des résidus par analyse thermogravimétrique des nanocomposites à matrice et P (VDFTrFE) 246 Annexes Matrice Masse volumique -3 (g.cm ) P (VDF-TrFE) Polyamide 11 Fraction massique Fraction volumique mesurée φmassique déduite φvol 2 1.05 0 0 0.2 0.07 0.5 0.23 0.7 0.41 0.87 0.64 0 0 0.2 0.03 0.5 0.12 0.7 0.24 0.87 0.45 A.2. 5 Fractions volumiques et fractions massiques en nanoparticules des nanocomposites Matrice Fraction massique Masse volumique Fraction volumique φmassique mesurée (g.cm-3) déduite φvol Polyamide 11 0 1.05 0 0.2 1.15 0.024 0.5 1.67 0.12 0.7 2.18 0.22 0.87 3.49 0.41 A.2. 6 Masse volumique et fraction volumique de particules pour les composites PA11/nanoBT taille des particules (nm) taux de charge (% volume) 700 1 1.5 2 12 22 41 57 300 2 12 22 100 12 22 41 50 12 A.2. 7 Echantillons de composite réalisés pour les essais mécaniques 247 Annexes 8 5,0x10 8 4,5x10 120 8 G' (Pa) 80 8 3,5x10 40 8 3,0x10 8 2,5x10 0 8 2,0x10 -1 -1 3,0x10 6,0x10 Déformation (%) A.2. 8 Mise en évidence du domaine de déformation linéaire A.2. 9 Surface de relaxation diélectrique du polyamide 11 248 -1 9,0x10 Couple (g/cm) 4,0x10 Annexes α' 10 ε' α -1 0 10 10 1 10 2 3 10 4 10 10 5 6 10 10 Fréquence (Hz) A.2. 10 Partie réelle de la permittivité pour les modes de relaxation principaux du PA11 -1 10 Hz Tc 1 1,2x10 0 8x10 ε' ε' α 10 2 0 4x10 0 Température (°C) -80 0 6 10 Hz 80 Température (°C) A.2. 11 Partie réelle de la permittivité diélectrique du P(VDF-TrFE) 70-30 en fonction de la température 249 Annexes I(A) 1,00E-011 -10 5,00E-012 I(A) 1.0x10 αc α 1,50E-011 -90 0 T(°C) T(°C) 0.0 -90 0 90 Température(°C) A.2. 12 Thermogramme CTS du P(VDF-TrFE) 70:30 mol. -12 2,0x10 I(A) 6 7 5 4 1 0,0 -60 -40 2 3 -20 0 Température (°C) A.2. 13 Structure fine du mode α du P (VDF-TrFE) 250 20 Annexes 1 2 3 4 5 τ 0 (s) -27 10 6 7 -37 10 120 160 ΔH (kJ/mol) A.2. 14 Diagramme de compensation associé du mode α du P (VDF-TrFE) 251 Annexes Annexes Chapitre 3 100 69,0% volum ique Masse(%) 41% volum ique 23% volum ique 50 7% volumique Δ T=66°C P(VDF-TrFE) 490 560 Tem pérature(°C ) A.3. 1 Analyse thermogravimétrique des nanocomposites P(VDF-TrFE)/BaTiO3 700nm pour des fractions volumiques allant de 0 à 64% en nanoparticules. 70 540 60 530 Tinflexion (°C) ΔT(°C) 50 40 520 510 30 500 20 490 0,0 (a) 0,1 0,2 0,3 0,4 φ 0,5 0,6 0,7 0,0 (b) 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 φ A.3. 2 (a) Gamme en température ΔT de la dégradation de la macromolecule et (b) température du point d’inflexion associé Tinflexion 252 Annexes PA 11 3% 2 dM/dT (%/°C) dM/dT (%/°C) 0,14 1 12% 0,07 24% 0,00 400 500 Température (°C) 45% 58% 0 400 500 Température (°C) A3.3. Dérivées des pertes de masse déduites par analyse thermogravimétrique des nanocomposites PA 11 / BaTiO3 700 nm pour le PA 11 et des fractions volumiques de 3%, 12%, 24%, 45% et 58% en volume -13 I(A) 4,0x10 -13 2,0x10 -90 -80 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0 Température (°C) A3.4. Thermogramme CTS du mode β du composite PA11-BaTiO3 700 nm (rouge) chargé à 12% en volume et thermogrammes élémentaires associés 253 Annexes -11 I(A) 1,0x10 0,0 20 40 60 Température (°C) A3.5. Thermogramme CTS complexe (gras) et élémentaires associés du mode α pour un composite PA11BaTiO3 700 nm chargé à 24% en volume 254 Annexes Annexe Chapitre 4 Flux de chaleur (W/g) 1,2 PA 11 me 700 nm 12% en volu me 300 nm 12% en volu me 100 nm 12% en volu ENDO me 50 nm 12% en volu 0,0 0 50 100 Température (°C) A.4.1. Transition vitreuse mesurée par ACD du PA11 et des composites PA11-BaTiO3 chargés à 12% en volume pour des tailles de particules de 50 nm, 100 nm, 300 nm, 700 nm -12 I(A) 4,0x10 0,0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Température (°C) A4.2. Thermogrammes CTS complexe et structure fine du composite PA11-BaTiO3 100 nm à φ = 12% 255 Annexes 700nm 300nm 100nm ε'' ε' 100 1000 10 700nm 300nm 100nm -150 -100 -50 0 50 100 150 Température (°C) 1 -150 -100 -50 0 50 100 150 Température (°C) A4.3. Partie réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique des céramiques frittées par SPS à partir des particules de 700 nm, 300 nm et 100 nm -11 1,0x10 -11 I(A) 1,5x10 5,0x10 -12 0,0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 E (kV/mm) A4.4. Amplitude maximale du mode α’ par CTS pour un composite PA11-BaTiO3 300 nm pour φ = 24% 256 Résumé L’objectif de ce travail de thèse est de réaliser une étude comparative de nanocomposites hybrides ferroélectriques. Deux matrices thermoplastiques ont été utilisées : le polyamide 11 et le poly(vinylidène fluoride trifluoroéthylène) 70-30. Les nano-objets introduits sont des nanoparticules de titanate de baryum (BaTiO3). Nous nous intéresserons tout particulièrement à l’influence des nanoparticules sur les propriétés physiques des composites en fonction de la taille des inclusions et de leurs fractions volumiques. L’évolution des propriétés pyroélectrique et piézoélectrique des nanocomposites en fonction du caractère électroactif ou non de la matrice est discutée. Dans le premier chapitre de ce mémoire, des éléments de rappel sur la ferroélectricité des polymères et des céramiques ainsi que sur la notion de connectivité des phases dans un composite sont présentés. Les composites étudiés sont de connectivité 0-3 ; une attention particulière est portée aux modèles phénoménologiques permettant de décrire les propriétés physiques de ces matériaux. Le deuxième chapitre est consacré à la présentation des techniques expérimentales utilisées ainsi qu’à la description du protocole d’élaboration des nanocomposites. La stabilité chimique et la structure physique des matériaux constitutifs des composites ont été analysées par Analyse Thermogravimétrique (ATG) et Analyse Calorimétrique Diatherme (ACD). Les propriétés mécaniques statique et dynamique de la matrice polyamide ont été suivies par des essais en traction et en cisaillement dynamique. Les propriétés diélectriques des matrices ont été caractérisées par Analyse des Courants Thermo Stimulés (CTS) et Spectrométrie diélectrique dynamique (SDD). L’influence de la fraction volumique φ de BaTiO3 700 nm sur les propriétés des composites est présentée dans le chapitre 3. Cette étude est réalisée avec les deux matrices. D’un point de vue mécanique, l’introduction de ces nanocéramiques a pour conséquence une forte augmentation du module G’ ainsi que de G’’. Lorsque la fraction volumique devient trop importante l’évolution d’un comportement ductile vers fragile est constatée. Les nanoparticules de BaTiO3 influencent peu la mobilité moléculaire de la phase amorphe. La diminution du saut ΔCp mesuré par ACD et la diminution de l’amplitude du mode associé à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse mis en évidence par CTS indiquent une interaction à l’interface polymère/nanoparticules. L’introduction de BaTiO3 700 nm augmente la partie réelle et imaginaire de la permittivité diélectrique. L’évolution de ε’ avec φ suit le modèle de Bruggeman jusqu’à φ = 45%. Au-delà de cette fraction volumique, la densification importante et les phénomènes d’agrégation modifient la connectivité des composites. L’évolution des propriétés mécaniques et de la mobilité moléculaire de la matrice polyamide en fonction de la taille des nanoparticules sont présentées au chapitre 4. Une fraction volumique pour laquelle l’état de dispersion est indépendante de la taille des nanoparticules est choisie, i.e. 12% vol. Le saut ΔCp diminue avec la taille des nanoparticules. Une relaxation à haute température est mise en évidence par CTS lorsque la taille des particules diminue. L’évolution de l’amplitude de cette relaxation par rapport à la manifestation diélectrique de la transition vitreuse permet d’attribuer cette relaxation à la phase amorphe à l’interface organique/inorganique. La SDD met en évidence une forte influence de la taille des nanoparticules sur la phase amorphe contrainte lorsque celle ci est inférieure à 300 nm. Le chapitre 5 est consacré à l’étude des propriétés électroactives des composites à matrice thermoplastique en fonction du taux de charge et de la granulométrie du BaTiO3. L’activité pyroélectrique et piézoélectrique diminuent avec la fraction volumique. Ceci s’explique par la différence de signe des coefficients de la phase organique et inorganique. Dans le cas des composites PA11-BaTiO3 seule la partie inorganique est responsable du caractère ferroélectrique. Les propriétés pyro/piézoélectrique augmentent avec la fraction volumique mais diminuent avec la taille des particules. A partir des mesures de Diffraction des Rayons X (DRX) réalisées sur les nanoparticules de BaTiO3, une diminution de la phase cristalline quadratique (ferroélectrique) au détriment de la phase cubique (paraélectrique) a été mise en évidence. L’observation par Microscopie Electronique en Transmission Haute Résolution (MET HR) des BaTiO3 montre une structure cristalline plus complexe, de type « core-shell », le cœur quadratique et l’écorce cubique. La diminution de la ferroélectricité des particules est liée à celle du rapport phase quadratique/phase cubique.