Préface
La compétitivité au service de la cohésion sociale.
Le Luxembourg a montré qu’il peut se réformer tout en gardant l’essentiel. Le « Plan national pour
l’innovation et le plein emploi », élaboré dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, a été le fruit de
consultations étendues entre le Gouvernement et les partenaires sociaux. Il incorpore les mesures de
l’accord arrêté par le Comité de Coordination tripartite du 28 avril 2006.
Au risque de lasser le lecteur avec les mêmes antiennes, il me paraît pourtant indispensable de
rappeler que la compétitivité est une notion multidimensionnelle qui doit donc être appréhendée dans
toute sa complexité sans céder aux pièges de la facilité sémantique et sans embrasser les positions
partisanes. La compétitivité a été définie, par le CES, comme la capacité d’une nation à améliorer
durablement le niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut niveau d'emploi et de
cohésion sociale tout en préservant l’environnement. Je souligne que la compétitivité n’est qu’un
instrument au service d’un objectif à plus long terme: le bien-être des citoyens.
Le Professeur Bouba-Olga, auteur des « Nouvelles géographies du capitalisme » (Seuil), souligne les
opportunités qu’offre la globalisation. Les pays développés doivent choisir entre deux stratégies
partiellement complémentaires : le défi de l’innovation ou la guerre des coûts. Certes, une économie
développée a intérêt à bien se positionner et à vendre des produits de haute qualité, ce qui permet de
fixer des prix élevés, mais on ne peut éternellement, à mon avis, se désintéresser de la perte de
compétitivité-coût, que traduit la baisse du taux de change effectif réel.
Le classement des pays de l’UE selon l’indicateur synthétique, basé sur plus de 80 indicateurs choisis
avec les partenaires sociaux, attribue au Luxembourg une 5ème place fort honorable. Le classement
sur la dimension sociale est moins glorieux, ce qui suggère qu’il y a encore de la marge pour un
certain rattrapage social. Il faut cependant éviter le syndrome du classement pour le classement. Les
divers benchmarks et rankings constituent certes des indicateurs importants, mais ils ne constituent
pas une fin en soi.
L’embellie conjoncturelle ne doit pas cacher les problèmes structurels comme la diminution de la
diversification de la base de production. La diversification insuffisante de notre tissu d’activités doit
être le souci principal, même si attirer des investisseurs non financiers est une véritable gageure pour
le Ministre de l’Economie et du Commerce extérieur.