Le développement chinois est-il « durable

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TOPIC
Décembre 2008
Le développement chinois est-il « durable » ?
L’« urbanisation
harmonieuse »
devient le sujet
majeur de
préoccupation
pour les autorités
chinoises.
La population
urbaine n’a cessé
d’augmenter
depuis plus de
vingt ans, …
… et les
infrastructures
suivent.
Les migrations
internes entre
villes et
campagnes
s’intensifient…
590 millions de Chinois vivent aujourd’hui en ville. Ils seront 760
millions en 2020. « L’urbanisation harmonieuse » (selon le slogan récent) devient
le sujet majeur de préoccupation mais aussi la source de nouveaux débouchés
gigantesques.
En même temps, le modèle de développement chinois - et le choix des
réformes engagées depuis vingt-cinq ans - posent des problèmes de plus en plus
aigus. Car les équations actuelles en matière d’énergie, d’environnement, d’eau,
d’équilibre social ne sont tout simplement plus tenables. Multipliées par le nombre
de Chinois, les nouvelles décisions pour un développement durable seront
radicales. Elles ont déjà commencé.
En 1980, 20% de la population chinoise vivait dans les villes (soit plus de
200.000 habitants). En 2008, 45% des Chinois sont urbanisés et le chiffre s’accroit
de 12 millions chaque année. La photographie actuelle recense 36 villes de plus de
2 millions d'habitants (« grandes villes » selon la norme chinoise) et 153 villes
comprises entre 1 et 2 millions. La conurbation de Chongqing, à 3.000 km de la
mer, est la plus importante (30 millions), suivie de Shanghai (17 millions), Pékin
(12 millions) et Guangzhou (Canton : 10 millions). En 2030, 62% des Chinois
habiteront en ville, soit 870 millions. Cette tendance suit d'assez près la proportion
mondiale quel que soit le continent.
D'ores et déjà, on coule autant de béton en Chine chaque année que tout le
patrimoine installé actuel de l'Île-de-France. Les infrastructures suivent : 7.000 km
d'autoroutes nouvelles en 2008 (comme dans les années précédentes), 10 aéroports
majeurs nouveaux, plusieurs ports en eau profonde de taille mondiale, à
commencer par le gigantesque port de haute mer au large de Shanghai. Le paysage
urbain chinois est une forêt de grues où que l'on aille. Dans les années d'ici à 2020,
on créera 40 milliards de mètres carrés construits, 50.000 gratte-ciels, le tout à
l'avenant. Très généralement selon une planification élaborée et bien conduite, pardelà les excès et les spéculations locales en tout genre, dues à la fois à la large
impunité des potentats locaux et de leurs promoteurs affidés et au flou juridique
laxiste des régimes de propriété.
Le problème des vases communicants entre la campagne et la ville est aux
dimensions chinoises. 120 millions de paysans sont des migrants de l'intérieur. Pas
tous le même jour sur la même route, on s'en doute ! Une partie quitte les
provinces de l'intérieur pour tenter de trouver du travail sur la côte, dans les usines
du Guangdong, des provinces qui entourent Shanghai (Zhejiang, Jiangsu) ou, plus
au nord, entre les villes de Pékin, Tianjin et Dalian. D'autres sont directement
aspirés par les lumières de la ville, et viennent envahir les banlieues de Shanghai
ou de Pékin (3 millions dans chaque cas) ou d'ailleurs. D'autres enfin migrent
l'hiver vers les capitales provinciales à la recherche d'un emploi de complément ou
pour de grands travaux (par exemple la récolte du coton dans le Xinjiang).
… et sont tolérées,
à défaut d’être
encadrées.
Le fléau de
l’expropriation
arbitraire, sans
indemnités ni
reclassement,
continue de
s’exercer.
Avec les nouveaux
et les anciens
citadins, on
recense de
faramineux
besoins :
équipements
électriques en tout
genre, marché
automobile etc.
Mais les
problèmes de
pollution remettent
en question le
modèle de
développement
chinois…
Ces migrations sont tolérées, à défaut d'être encadrées. Prudemment, les
autorités n'ont pas aboli le fameux « permis de résidence » (hukou), qui fixe en
principe chacun auprès de son « unité de travail ». On parle depuis dix ans du
démantèlement du système du hukou et on annonce tous les six mois que, cette
fois, la réforme est sérieusement « à l'étude ». Mais ce serait une révolution. Un
paysan migrant, très généralement, ne peut pas transférer son hukou, sauf contrat
de travail formel dans une usine, lequel d'après le nouveau code du travail chinois
de 2008, doit être signé après… dix ans d'emploi effectif ! Il peut être embauché à
la semaine dans le bâtiment ou la restauration, mais il n'a aucun droit : pas d'accès
à l'hôpital local s'il se blesse, pas de possibilité de mettre ses économies à la
banque ou de scolariser ses enfants, s'il les fait venir du village. C'est un moyen
policier comme un autre de contrôler cette masse flottante qu’en chinois ont
nomme « la vague aveugle ». En cas de récession – déjà fort visible dans les
industries exportatrices du sud - le retour à la campagne en aller simple se fait sans
autre forme de procès.
De plus, le monde pur et parfait de l'économie réelle en État de droit, qui
régulerait harmonieusement les flux, ne fonctionne pas comme cela dans le
contexte chinois. Les petits chefs locaux du Parti commettent en toute impunité
toutes sortes d’exactions et d’expropriations arbitraires, au nom de vagues projets
de développement. Le plus souvent sans indemnités ni reclassement des paysans.
La plupart des milliers de manifestations violentes qui surviennent périodiquement
dans le pays ont pour origine la disposition inconsidérée de la terre. Depuis octobre
2008, l’Etat central tente de mettre un peu d’ordre. Les paysans ne possèdent
toujours pas la terre qu’ils cultivent, réputée « propriété collective » au nom d’une
catégorie du droit particulière à la Chine communiste. Mais désormais, ils en ont
légalement un droit d’usage, qu’ils peuvent négocier ou transmettre. C’est un
début, mais insuffisant pour stabiliser des millions de paysans sur lesquels le fléau
de l’expropriation a fondu et va sans doute continuer de s’exercer, et qui ne
pourront faire autrement que de migrer vers des cieux en apparence plus cléments
(voir le joli livre « La promesse de Shanghai » par Stéphane Fière).
Les villes chinoises vont donc s’étendre et encore se densifier, si c’est
possible, avec un boom de l’équipement mais aussi des nuisances. Du côté du
verre à moitié plein, on recense évidemment les faramineux besoins des citadins
anciens et nouveaux, qui soutiennent puissamment le marché intérieur chinois et
l'appareil industriel des entreprises autochtones ou étrangères. Depuis l'an 2000, le
nombre des climatiseurs a été multiplié par trois, et aujourd'hui 84% des ménages
urbains en sont équipés. Sans parler des lave-linges, télévisions, réfrigérateurs,
machines électriques en tout genre, équipements divers de la cuisine ou du salon,
dont les modèles foisonnent. Telle entreprise internationale de verrerie, telle
entreprise de canapés, y trouvent plus que leur compte, pour qui le marché chinois
est le nouvel eldorado. Sans parler du marché automobile, puissamment soutenu
par l'engouement des nouvelles classes moyennes chinoises. Les ventes de voitures
atteignent en 2008 5,3 millions d'exemplaires. Le marché s'est certes tassé de
+27% en 2007 à +8% seulement en 2008 (et sans doute +3% en 2009, récession
oblige), et la concurrence y est féroce, mais c'est la nouvelle frontière des
constructeurs occidentaux ou japonais, dont les perspectives à domicile sont
moroses.
Mais, du côté du verre à moitié vide, le modèle de développement fondé
sur la croissance à tous prix et sur le primat à l’industrie est aujourd'hui sévèrement
remis en question. Aujourd'hui, parmi les 20 villes les plus polluées du monde, 16
d'entre elles sont chinoises. La Chine est passée en 2008 à la première place dans
le douloureux classement mondial des pays émetteurs de CO², devant les ÉtatsUnis. La pollution atmosphérique est devenue intenable. En été, dans le climat
chaud et humide de cette saison, les particules noires font la nuit en plein jour du
côté de Pékin, de Shanghai, et même maintenant de Hong Kong (à cause des
industries du delta de la rivière des perles à proximité).
Demande additionnelle d’énergie d’ici à 2020
En Millions Tonnes Equivalent Pétrole
1150
1200
1000
800
650
650
600
580
480
370
360
400
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IQ
IQ
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D
0
E
200
La demande chinoise de Pétrole
Millions de Barils/Jour
15
10
5
12,5
8,8
4,5
4,1
0
-4,1
-5
-8
-10
2008
CONSOMMATION
2012 (EST .)
PRODUCTION
IMPORTATIONS
… et sont à
l’origine de
nombreuses
maladies graves et
de décès.
La pollution de
l’environnement
est devenue un
sujet obligé de
politique
nationale.
Il y a cinq ans, la circulation à Pékin était fluide. Aujourd'hui, c'est un
encombrement permanent. Entre les émissions des véhicules, celles des centrales
électriques au charbon, et les fumées industrielles, l'absorption par les citoyens
de particules et autres polluants provoque un incroyable surnombre de maladies
graves et de décès, qui a été dûment chiffré par la Banque Mondiale et à peu près
admis par le gouvernement chinois. Certes, Pékin a fait temporairement le
ménage à l’été 2008, pour assurer un ciel clair à ses Jeux Olympiques. On a
imposé des restrictions drastiques de circulation, ainsi que la fermeture de 80%
des usines dans un rayon de 100 km autour de la capitale. Mais on se doute bien
que c'est une mesure temporaire, une manière de reculer pour mieux sauter.
Le développement industriel s'est fait dans un mépris presque total pour
l'environnement. Mais au moins peut-on aujourd'hui en parler. Jusqu'à l'accident
industriel majeur de pollution de la rivière Songhua, dans le nord de la Chine, il
y a trois ans, il était absolument exclus d'évoquer la pollution en Chine, sous
peine d’être gravement « politiquement incorrect ». À la suite du scandale
majeur dans la grande ville de Harbin, abondamment relayé par les 200 millions
d'internautes chinois, le Politbureau a opéré un virage à 180°, en s'emparant du
sujet à son propre compte. Du jour au lendemain le sujet de la pollution est passé
du mode tabou au mode sujet obligé de politique nationale. Les responsables
valsent, les règlements pleuvent depuis cette date. Mais il y a encore loin de la
coupe aux lèvres.
Les «villes du cancer», les «villes du plastique» version poubelle du
monde, les rivières et les lacs encombrés d’immondices, les effluents industriels
Tout un arsenal de sauvages, font aujourd’hui l’objet de reportages exotiques et complaisants,
superbement visuels. Les villes chinoises «normales» sont également
normes
environnementales confrontées à la hausse des déchets, dont sont responsables les nouveaux modes
de consommation citadins. La production de déchets ménagers, estimé par
est à disposition
du Ministère de la l’Ademe à 190 millions de tonnes dans une étude de 2004, augmente de l'ordre
de 10% par an. La moitié seulement des déchets urbains sont traités, à 90% par
protection de
l’environnement,… enfouissement. Le compostage représente 7% des traitements et l'incinération
3%. Le problème est aujourd'hui sérieusement à l'étude au niveau
gouvernemental, et une nouvelle loi sur le recyclage des déchets devrait entrer en
vigueur en janvier 2009.
Le Ministère de la protection de l'environnement (MEP en anglais), qui a
remplacé la SEPA, dispose de tout un arsenal de normes environnementales et de
mesures pour les faire appliquer. Mais les relations entre le MEP et ses bureaux
locaux rendent souvent difficile l'application de ces normes. Les agences locales
… mais leur
chargées de faire respecter les mesures et de gérer le système d'amendes sont très
application sur le
terrain est difficile. dépendantes financièrement des autorités locales. Or celles-ci sont également
très attachées à leurs industries, à commencer par les entreprises publiques
dépendant de la municipalité, dont découlent un grand nombre des emplois
locaux et des recettes fiscales. À cela s'ajoute le manque de moyens et d'effectifs
au sein des bureaux locaux du MEP. Sur le papier, le MEP fait bonne figure. Sur
le terrain, c’est une autre paire de manches.
Le problème de
l’eau est le plus
critique :…
L'eau est sans doute le problème le plus critique qu'ont à affronter les
autorités chinoises, plus encore que la pollution ou la gestion des déchets. Avec
un modèle d’agriculture irriguée hérité des dogmes impériaux anciens repris par
Mao, dont on sait que 70% s’évapore, comment peut-on poursuivre le modèle
sans catastrophe majeure ? Avec un développement réussi, mais anarchique de
l’industrie, dont on sait qu’elle pompe toujours plus d’eau, quelle qu’elle soit,
comment gérer la ressource ? Avec 90% des eaux urbaines polluées,
qu'adviendra-t-il dans les prochaines années lorsque plus de la moitié de la
population chinoise se trouvera dans les villes ? Aujourd'hui les deux tiers des
villes chinoises manquent structurellement d’eau et la consommation en eau par
habitant augmente avec l'élévation du niveau de vie.
Efficacité énergétique
= consommation d’énergie (en TEP) pour 1.000 $ de PIB
698
700
600
480
500
400
300
195
200
114
122
115
100
0
A
M
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IQ
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Disponibilité d’eau par habitant
Ressources annuelles renouvelables d’eau (en M3)
PEKIN
230 M3
NORD CHINE
700
PENURIE
1000 Seuil de pénurie (FAO)
INDE
1750
CHINE (Global)
2140
France
3370
THAILANDE
6460
10810
VIETNAM
0
2000
4000
6000
8000
10000
... les
ressources en
eau sont très
disparates
d’une région à
l’autre…
La FAO estime à 1.000 M3 de ressources en eau renouvelable par an et par
habitant (nappes phréatiques, rivières, précipitations etc.) le seuil critique de
pénurie en eau. La moyenne chinoise est certes le triple de ce seuil critique, mais
elle recouvre des réalités régionales très contrastées. Dans la moitié sud, au climat
subtropical, pas de problème. C'est d'ailleurs le berceau historique du riz et de
l'irrigation à grande échelle dont la Chine a une maîtrise millénaire. Mais au nord,
c'est une tout autre affaire. La moyenne de disponibilité en eau de la moitié nord du
pays est de 700 M3 par an. Dans la région de Pékin, dans le Shandong, dans le
Nord-Ouest ou dans le Nord-Est, pour 400 millions d’habitants, cette moyenne s'est
effondrée à 200 M3 seulement. Il n'y a pratiquement plus de nappe phréatique sous
Pékin: elle était profonde de 50 m il y a 40 ans, il n’y en aurait plus que 5 m
aujourd'hui.
Par suite de déforestations massives dans le Nord et dans l'Ouest, le Fleuve
jaune, berceau de la civilisation chinoise, ressemble maintenant en été à un oued
africain. Les coupes d'arbres ont libéré le désert jusqu'à 100 km de Pékin.
Aujourd'hui les vents de sable du désert de Gobi recouvrent les villes du nord de la
Chine d'une pellicule jaune dans les tempêtes de printemps. Est-il trop tard ? Les
autorités ont ordonné depuis quelques années la plantation massive de millions
d'arbres, pour tenter de récupérer le terrain perdu… à condition que le désert n'ait
pas définitivement repris ses droits.
… et l’eau
disponible est
très souvent
polluée…
… faute de
sanctions
véritablement
contraignantes.
Autre source de
préoccupation :
les besoins
énergétiques
croissants de la
Chine.
Là où il y a de l'eau, elle est polluée. Aucune rivière, aucune source en
Chine n'est plus aujourd'hui consommable. Depuis quelques années des
investissements publics importants ont été réalisés dans des centrales d'épuration de
l'eau, mais celles-ci sont souvent très mal exploitées. Le taux de recyclage des eaux
usées s'améliore lentement, mais reste encore insuffisant pour les besoins. Même
quand les maraîchers arrosent leurs légumes, ces légumes absorbent des produits
toxiques et des métaux lourds qui se retrouvent dans les repas de tout un chacun. Et
quant au contrôle de la sécurité alimentaire, il y a encore du chemin à faire
lorsqu'on voit le scandale majeur du lait contaminé à la mélamine qui a embrasé
tout le pays au cours de l'automne 2008.
La persistance des problèmes de pollution, et notamment le non-respect des
normes environnementales en vigueur, souffre de l'absence de sanctions
véritablement contraignantes. Certaines entreprises estiment qu'il est moins cher de
payer régulièrement une amende de quelques milliers de Yuans que d'investir dans
un système d’épuration des eaux usées. De nombreuses entreprises chinoises sont
régulièrement épinglées. En 2007, l’autorité de l’environnement (renommée MEP)
a révélé dans un rapport que 87% des 126 zones industrielles inspectées dans onze
provinces n'était pas aux normes et que la moitié des usines de traitement de l'eau
riveraines des quatre plus grands fleuves chinois (et les plus pollués) ne
fonctionnaient pas correctement.
Encore une autre source de préoccupations: la Chine est aujourd'hui le
deuxième pays consommateur d'énergie au monde. Le développement de l'industrie
et l'élévation du niveau de vie de la société chinoise ont fait croître
considérablement sa consommation, de 10% par an en moyenne au cours des
dernières années. Et l'on tremble en pensant que, rapporté à l'ensemble de la
population chinoise, la consommation énergétique par habitant est encore la moitié
de la moyenne mondiale ou encore un cinquième de celle des pays de l'OCDE. Au
train où va la croissance chinoise et l'augmentation du PIB par habitant, dont
chacun se réjouit, l'équation énergétique chinoise ne va pas tarder à devenir un
problème mondial d'une ampleur insoupçonnée.
La Chine, par exemple, consommait il y a six ans 4 millions de barils/jour
de pétrole. Elle en consomme aujourd'hui 8 millions, pour une production locale
moitié moindre. Si chaque Chinois consommait un jour autant qu'un Américain, ce
qu'à Dieu ne plaise, la Chine absorberait 90 millions de barils/jour de pétrole, alors
que la planète n'en produit aujourd'hui que 83 millions ! C'est une utopie, dira-t-on,
mais l'ambition de développement à marches forcées de la Chine, selon le même
modèle que l'Occident a suivi depuis cent ans, ne laisse pas de doute sur les défis à
moyen terme en matière d'énergie. Ou alors il faudra changer de modèle de
développement: autre utopie.
Les solutions :
la recherche de
sources
alternatives
d’énergie…
… et une
meilleure
gestion de son
utilisation.
Le charbon
reste la
principale
source
énergétique,…
… ce qui n’est
pas sans poser
quelques
problèmes.
La recherche de
sources
d’énergie
alternatives et
moins
polluantes est
À plus court terme, la Chine s'est lancée avec vigueur dans deux directions :
la recherche de sources alternatives d'énergie, et une meilleure gestion de son
utilisation. Rapporté à 1.000 US$ de PIB - ce qui rend la comparaison
internationale valide- la consommation énergétique totale de la France et de l'ordre
de 100 tonnes- équivalent-pétrole (TEP). Celle de la Chine atteint 700 TEP. La
Chine gaspille donc massivement. Quand par exemple on calcule de plus près,
industrie par industrie, on observe que les aciéries ou les cimenteries chinoises
consomment entre 20 et 40% de plus d'énergie que leurs consœurs occidentales par
unité produite. De même le gaspillage en ville rend l'efficacité énergétique
désolante.
L'heure est donc à tenter, comme l’Occident l’a fait depuis 30 ans,
d'optimiser la consommation énergétique. C'est une tâche capillaire et de longue
haleine, dont on sait qu'elle ne produit pas d'effets rapides. Mais comme toujours en
Chine, un problème est aussi source d’opportunités. Un grand enthousiasme s'est
emparé de certaines entreprises chinoises, qui se sont vivement porté sur ce
créneau. Une entreprise comme Beijing Shenwy Thermal Energy Technology
Company, fondée en 1995, est devenue leader en matière de création et de
production de chaudières qui réduisent de 30% l'utilisation d'énergie pour l'industrie
lourde. Cette entreprise a vu ses ventes quadruplées dans les deux dernières années.
Les energy-services companies (ESCO) se multiplient rapidement sur un businessmodel d’économies d’énergie de leurs clients.
La Chine est malade de son charbon. 70 % de l'énergie chinoise est produite
à partir de ce fossile, dont la Chine regorge. En revanche pour les autres sources
d'énergie, le problème est pendant. L'énergie nucléaire ? Elle ne représente que 1%
de la production et, si toutes les tranches sont construites, représentera moins de 4%
de l'électricité chinoise en 2020 (contre plus de 80% en France aujourd'hui).
L'hydroélectricité ? Malgré le pharaonique barrage des Trois Gorges, elle ne
représentera que 10% des besoins énergétiques chinois. La Chine augmente son
parc de centrales électriques chaque année de l’équivalent de toute la capacité
installée anglaise. Mais elle continue à le faire massivement à partir du charbon.
Elle n’a pas beaucoup le choix.
Comme on le sait, les centrales au charbon sont très polluantes, même si de
nouvelles techniques permettraient de faire des centrales propres. Mais très
généralement, les autorités provinciales répugnent encore à payer 10 ou 20% de
plus pour que leurs centrales aient les équipements nécessaires pour désulfurer le
(mauvais) charbon chinois et piéger le CO². La Chine était absente du protocole de
Kyoto, car dans le camp des pays pauvres à l’époque. Elle sera un acteur très
surveillé de la conférence mondiale de Copenhague, fin 2009. S’engagera-t-elle sur
des objectifs chiffrés lourds ? Les mettra-t-elle en pratique ? Questions pour
l’instant ouvertes.
La recherche de sources d'énergie alternatives et moins polluantes est
devenue un sport national: projets très ambitieux de liquéfaction du charbon (Coal
to Liquid), construction de centrales supercritiques, projets de biomasse, nouveaux
barrages, champs d'éoliennes, énergie solaire. Pour encourager ce mouvement, les
entreprises s'engageant dans le secteur du développement durable et des énergies
renouvelables bénéficient depuis le 1er janvier 2008 d’une fiscalité avantageuse.
Parallèlement le gouvernement central soutient les fonds d'investissement qui se
portent vers les industries économes en énergie. Les subventions autrefois
accordées aux entreprises gourmandes ont été supprimées. Les cadres locaux ne
devenue un
sport national.
Cette tendance
est source
d’opportunités :
développement
de fermes
d’éoliennes, …
… ou encore
production de
cellules
photovoltaïques
pour l’énergie
solaire.
sont plus uniquement notés sur leurs bons résultats économiques, mais également
sur la performance de l'efficacité énergétique dans leur juridiction. Mais il est très
difficile de la mesurer, sans standards adéquats. C’est donc une bonne intention,
faute de mieux.
Les énergies renouvelables sont un nouveau Graal des entrepreneurs
chinois. Les projets d’éoliennes sont particulièrement prisés par, car ils permettent
de gagner facilement les fameux crédits carbone, qui ont pris leur essor en Chine.
Fin 2006 on recensait une centaine de fermes d'éoliennes, produisant 2,64 GW,
principalement dans le grand ouest semi-désert. L'objectif chinois est d'atteindre
5 GW de capacité d'ici à 2010, et 30 GW en 2030. En 2006, la Chine était déjà le
sixième producteur mondial d'énergie éolienne. Les acteurs mondiaux sont d'ores et
déjà présents sur ce marché, comme Areva ou encore l'Indien Suzlon (via
l'entreprise allemande RePower System). Mais des acteurs locaux arrivent
également à percer sur ce marché. C'est notamment le cas de Goldwind Science &
Technology, basée dans le Xinjiang, leader dans ce secteur en Chine avec 33% de
part de marché, et qui a racheté en janvier 2008 le constructeur allemand de
turbines Vensys Energy.
La Chine est également devenue le premier exportateur mondial de cellules
photovoltaïques pour l'énergie solaire. L'un des leaders de ce secteur, Suntech (ou
Wuxi Shangdu), qui a reçu une subvention la Banque Mondiale en 2002, est
aujourd'hui coté à la bourse de New York et est devenu l'un des dix leaders
mondiaux pour la production de cellules photovoltaïques. Il n'est pas rare de voir
sur les toits des villes chinoises des chauffe-eaux solaires de cette marque. Mais le
coût élevé de l'énergie solaire est encore prohibitif. Si des percées technologiques
majeures devaient voir le jour dans les années qui viennent dans ce domaine, nul
doute que l'énergie solaire décollerait, et avec elle un certain nombre d'entreprises
chinoises qui surveillent ce domaine de très près.
Le développement chinois est-il «durable» ? Un mélange «aux
caractéristiques chinoises» d’autorité impérieuse en haut, de compromis et de
compromissions en bas, de mots d’ordres sur les thèmes imposés où le
En Chine,
«développement scientifique» est le slogan actuel, d’un formidable sens du
s’ouvre donc
business, de la conscience aigue que le modèle de «l’usine du monde» se termine
une période
plus tôt que prévu dans les convulsions de la récession occidentale, d’une étonnante
nouvelle, où
l’environnement et intacte pulsion vitale, tout cela à la fois ouvre une période nouvelle, où
et l’énergie vont l’environnement et l’énergie, pour de bonnes et de mauvaises raisons, vont devenir
la nouvelle frontière.
devenir la
nouvelle
Bonne année 2009 «du buffle» où le terme chinois de crise (weiji), prendra
frontière.
tout son sens : danger, mais aussi opportunité, temps du rebond.
HEC Eurasia Institute
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