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Note de l’auteur
Cette sensation. Cette étrange émotion. La première fois que je l’ai senti, c’était
à mon tout premier cours de philosophie. Notre professeur, Pascal Ouellet, nous
faisait lire l’Apologie de Socrate. C’est alors que ce formidable enseignant a fait
référence à la philosophie de Nietzsche. J’ai été d’abord étonné, puis impressionné
par sa pensée. Pascal a continué à parler de Nietzsche aux étudiants pour quelques
minutes. Ces minutes, elles étaient suffisantes pour me donner l’impression de me
faire piquer. Une piqure qui est allée s’injecter dans mon âme. Durant l’entière
discussion, mes yeux sont restés grands ouverts. Quand le cours fut terminé, je
sentais encore cette injection philosophique. Sans exagération, j’avais l’impression
d’avoir pris de la drogue. Lorsque je me levai, ce n’était pas pour quitter la salle,
mais pour poser des questions à Pascal. J’avais besoin d’une autre dose, de plusieurs
autres doses. J’étais donc là, à poser des questions de moins en moins pertinentes.
Je ne voulais pas que cette empreinte parte. Et c’est ce qui est arrivé. L’empreinte
n’est jamais partie.
Durant les six prochaines années, j’ai parcouru l’ensemble de l’histoire de la
philosophie. Partant de Thalès de Milet jusqu’aux plus modernes des philosophes,
j’ai collecté les doses les plus fortes. Et à chaque moment où je retrouvai cette
sensation, on me voyait un sourire aux lèvres. Ce qui m’amusait, c’était
l’admiration. J’avais l’impression de retrouver foi en l’humanité à travers le
philosophe que je lisais. Mais l’humanité ne se compose pas seulement de
philosophes. Il y a ceux qui n’ont jamais lu, ou même entendu parler, de
philosophie. C’est ainsi que m’est venue l’idée de partager la philosophie. La raison
pour laquelle j’ai donc pris un an à écrire ce livre est par seul espoir de déclencher
des sensations. De voir la philosophie couler dans d’autres veines. « Dans le monde,
les choses les meilleures ne valent rien sans quelqu’un pour les mettre en scène »
(Friedrich Nietzsche).
L’un des plus grands obstacles à la véritable compréhension philosophique est