EXTRAITS DE PRESSE Où sortir à Paris ? Le guide du soldat allemand Presse écrite Le Figaro littéraire, 16 octobre 2013 Paris sous l'Occupation : Le guide du soldat allemand Par Jacques de Saint Victor Les soldats allemands adoraient Paris et ses plaisirs : magasins chics, restaurants, cabarets… Réédition d'un journal destiné à les informer sur les plaisirs de la capitale. En jetant un dernier regard sur Paris, le 8 août 1944, Ernst Jünger note dans son Journal parisien : « Les villes sont femmes et ne sont tendres qu'aux vainqueurs. » Il songe évidemment à la capitale française. Dieu sait si les Allemands l'ont bien aimée durant la guerre et combien ils ont regretté de devoir la quitter. Jusqu'en 1944, un séjour à Paris était synonyme de vacances et de plaisirs. Le « Grand Paris » a été l'objet de toutes les vénérations, car il faut bien avouer que, pour ceux qui étaient alors du côté du manche, c'est-à-dire quelques collaborateurs et surtout les forces d'occupation, la vie parisienne avait quelque chose de savoureux. Aussi, pour faciliter l'existence de l'occupant, les Allemands ont-ils publié un magazine bimensuel, siégeant sur les Champs-Élysées, notamment destiné, comme l'indique son sous-titre, à savoir « que faire à Paris ? » (Wohin in Paris ?). Une vie rêvée Les éditions Alma ont eu la judicieuse idée d'en publier certains extraits qui permettent de mieux entrer dans le quotidien de ces années 1940-1944. Le Guide allemand de Paris informe ses lecteurs de tout ce qui est intéressant dans la capitale. On y évoque des questions pratiques (le métro, les musées, les courses hippiques, etc.), mais aussi les expositions, les grands magasins chics. Le journal allemand fait les louanges de certains acteurs français, comme Fernandel ou Jean Marais, il apprécie particulièrement les chansons de Piaf, de Trenet et de Maurice Chevalier (« un vrai Titi parisien », en français dans le texte). La culture plus traditionnelle n'est pas oubliée, avec notamment des « anecdotes historiques sur Paris » destinées à capter « l'esprit » de la capitale. Mais ce sont évidemment les cabarets, les théâtres (on vante Les Mouches de Sartre, même si le journal déplore la longueur de la pièce), les Folies Bergère et surtout les restaurants à la mode qui ont les faveurs du guide. Maxim's est notamment très couru. Göring avait songé à réserver l'institution aux seuls Allemands. Il en fut dissuadé par les nazis eux-mêmes. Comment s'amuser à Paris sans les Parisiens ? Arno Breker affirme que jamais avant et après l'Occupation le grand lieu de rendez-vous parisien ne fut aussi brillant. Évidemment, ce guide étrange et fascinant décrit une vie rêvée qui était fort loin du quotidien de la plupart des Parisiens de l'époque. Ce que résume à merveille le mot de Galtier-Boissière à l'occasion du retour des cendres de l'Aiglon aux Invalides : « Les Parisiens qui crèvent de froid préféreraient du charbon à des cendres.» Livres Hebdo, 11 octobre 2013 102 nuances de feldgrau Un best of du Wegleiter, le Pariscope allemand durant l’Occupation. Les Allemands, c'est bien connu, ne laissent jamais rien au hasard. De là à imaginer que, en préparation de l'occupation de Paris, ils mobiliseraient une partie de leurs troupes afin de constituer la rédaction du Wegleiter, le « compagnon de route » du soldat de la Wehrmacht lâché dans le « gai Paris »… Une histoire incroyable mais vraie, ainsi qu'on l'apprend dans Wohin in Paris ? anthologie malicieuse, riche en fac-similés, présentée par notre confrère à Livres Hebdo Laurent Lemire. La collection complète, la seule existante, dormant dans les tours de la BNF. Der Deutsche Wegleiter, quinzomadaire installé 92, Champs-Élysées, juste a côté de la Propagandastaffel, parut du 15 juillet 1940 au 12 août 1944, soit 102 livraisons. Le numéro 103, du 26 août 1944, n'a pu sortir : la veille, le général von Choltitz avait capitulé, gare Montparnasse ! À ses débuts, le journal était modeste, mais il compta ensuite jusqu'à 100 pages : rédactionnel écrit par des soldats allemands, le plus souvent des sous-officiers, la plupart anonymes, et aussi publicité en abondance. Le Tout-Paris collabo (restaurants, théâtres, cinémas, librairies « spécialisées »…) s'étant vite accommodé de la situation. On voit ainsi la Librairie Rive Gauche, située place de la Sorbonne, se proclamer fièrement « die Heimstatte des deutsche Buches in Paris » (le foyer du livre allemand à Paris), Schmit et Cie, décorateur du faubourg Saint Antoine, accrocher de belles croix gammées dans un hall qui fait sa fierté, la Rôtisserie de la reine Pédauque insister sur la qualité de sa bière de Dortmund, ou encore le Palais de Chaillot présenter son programme de concerts avec le soutien des disques Die Stimme seines Herrn (La Voix de son maître). Même si, dès le départ, le ton est donné par Heinz Lorentz en personne, le responsable du service de presse d'Hitler, incitant les soldats allemands qui auraient été mal reçus par les autochtones à les dénoncer à la rédaction, le Wegleiter se veut avant tout pratique : tout y est fait pour simplifier la vie du troufion, notamment dans le métro ; léger - spectacles et restaurants occupent l'essentiel du sommaire -, mais aussi culturel. On peut y lire d'excellentes critiques de théâtre, sur La reine morte de Montherlant (1942), Les mouches (1943) et Huis clos (1944) de Sartre - cette dernière très élogieuse, en dépit d'un certain « malaise » -, ou encore, plus mitigée, sur Le soulier de satin de Claudel (1943) : « un spectacle de cinq heures [où] il y a si peu d'énergie, si peu d'action ». Un autre critique de l'époque, français celui-là, avait d'ailleurs ironisé : « Heureusement qu'il n'y a pas la paire ! » On y trouve aussi nombre de saynètes de la vie quotidienne, chez les bouquinistes, dans les loges des concierges, aux carrefours ou le « flic » règle la circulation. Des pages historiques (et de propagande) célébrant le retour des cendres de l'Aiglon, rendues a la France par Hitler en 1940. Ou encore des papiers sur les stars de l'époque, bien actives, Guitry, Mistinguett, Edwige Feuillère ou Maurice Chevalier. Ce qui est stupéfiant, à tourner les pages du Wegleiter, c'est qu'on en vient presque à oublier la guerre. Heureusement, en février 1944, une exposition sur la Waffen-SS, aux ChampsÉlysées, invitant les Français à s'engager dans la LVF, remet les pendules à l'heure. Ce livre, façon originale de revisiter une page sombre de notre histoire, est une vraie découverte. Jean-Claude Perrier Internet Le blog des arts, 9 novembre 2013 Où sortir à Paris ? Surtout ne pas ajouter à la confusion, l’armée nazie était fasciste, son emploi du temps à Paris, on s’en fiche… Le guide du soldat allemand. 1940-1944. Ouvrage collectif, publié sur la recommandation de Corinna von List, et dirigé par Laurent Lemire, journaliste. Il s’agit du « Deutsche Wegleiter » un bimensuel publié sous l’autorité de la Kommandantur. Rien d’innocent dans cette publication. À l’heure de la montée du Front National, soyons prudents. Le danger est réel, de voir revenir les forces brunes. Dans la rédaction figurait un nommé Heinz Lorentz, chef du bureau de presse d’Hitler. Cette publication fait de ses lecteurs, des voyeurs d’une dénonciation qui refuse de dire son nom, de certains artistes qui acceptèrent de jouer ou de faire interpréter leurs œuvres, pendant l’Occupation fasciste. Comment admettre qu’Édith Piaf, Maurice Chevalier, Mistinguett, Lucienne Boyer, Edwige Feuillère, Charles Trénet, ou Django Reinhardt aient accepté de chanter, ou jouer, devant les leaders de l’armée ennemie ? N’oublions pas que la bataille de France, en quarante jours, avait fait 92 000 morts et 200 000 blessés. Comment ne pas être révolté par Jean Giraudoux, Sacha Guitry, Paul Claudel ou Jean-Paul Sartre donnant leurs pièces en spectacle, devant les dignitaires nazis ? Au restaurant chez Laurent, les militaires allemands gradés se donnaient rendez-vous, pour manger d’excellents mets, à un prix modéré (12 marks) avec vin, cognac et café. Avec une remarquable chronologie où figure un événement décisif, le suicide de Pierre Brossolette en mars 1944. La bassesse des planqués de l’arrière facilita la durée de la guerre et l’occupation allemande. Document passionnant, aux effets dangereux, sans un indispensable recul. http://www.blog-des-arts.com/livres/ou-sortir-a-paris-alma-editeur Blog Guerres et conflits, 21 octobre 2013 Ach ! Paris ! Où sortir à Paris ? Le guide du soldat allemand, 1940-1944 Amusant et original. Dans ce volume, vous retrouverez toute l’actualité artistique de la capitale française pendant l’occupation, telle qu’elle était présentée aux soldats allemands. Le Wegleiter für Paris (« Guide allemand de Paris ») commence à paraître dès juillet 1940 et ne disparaît qu’en août 1944. Comme il est à la fois « intimement lié à l’idée que les nazis se font de Paris » et qu’il veut « parler de Paris aux Allemands. Donc de manière allemande, avec un ton allemand », cette présentation nous offre un panorama complet de la « vie parisienne » pendant quatre ans, vue par l'occupant, avec ses a priori et ses déformations. Le volume est organisé en chapitres annuels (1940, 1941, 1942, etc.), qui présentent la traduction d’articles représentatifs dans les différentes rubriques et des fac-similés des numéros correspondants (théâtre, cinéma, littérature, expositions, restaurants, monuments à visiter, opéra, promenades, architecture, etc.). La lecture des chroniques relatives aux nouveaux films ou les comptes rendus des pièces de théâtre sont intéressantes de l’approche par l’occupant de la production intellectuelle et artistique dans la ville-lumière occupée. Un regret : l’absence d’index, car il aurait été instructif d’avoir dans la durée (sans chercher tout au long de l’ouvrage) la présence à la Une de tel artiste ou de tel autre et les commentaires portés sur lui dans la durée. Une plongée dans l’occupation telle que les autorités allemandes ont voulu la présenter à leurs propres soldats. A lire, donc, au premier comme au second degré. http://guerres-et-conflits.over-blog.com/ach-paris